Le Deal du moment :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : ...
Voir le deal

 

 Faites entrer l'accusé ! [Libre]

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Haldren
Ancien
Ancien
Haldren


Nombre de messages : 1234
Date d'inscription : 19/12/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : ~1050 ans
Taille
: 2m
Niveau Magique : Archimage.
Faites entrer l'accusé ! [Libre] Empty
MessageSujet: Faites entrer l'accusé ! [Libre]   Faites entrer l'accusé ! [Libre] I_icon_minitimeVen 27 Avr 2018 - 14:54


Sixième ennéade de Verimios, 10ème année du Onzième Cycle

Ce ne fut pas sans un profond émerveillement qu'Haldren "Hecil" Baenfere, autrefois Triumvir de l'Elda, passa les murailles d'Alëandir et pénétra dans la plus sainte des cités elfes d'Anaëh. La beauté des lieux dépassait ce que racontait les légendes, et même un natif du Puy habitué à la splendeur de l'artisanat drow ne pouvait rester de marbre face à ce mariage mirifique entre la civilisation et la Nature. Beaucoup de drows depuis de nombreux cycles rêvaient de passer ces murailles, en général à la tête d'une armée de conquérants avides de sang et prêts à répandre la terreur au milieu de leurs frêles cousins, mais Haldren n'était pas un drow au sens habituel du terme.

Tout du moins il ne l'était plus.

Sa peau guère plus foncée que celle de certains habitants de la cité et ses yeux d'émeraudes auraient quasiment pu le faire passer de loin pour un elfe. Il fallait s'approcher de plus près, regarder les traits de son visage et sa musculature, admirer sa crinière où se mêlaient mèches blanches et noires, l'écouter parler lorsque son accent naturel lui revenait, le regarder se mouvoir, pour constater que le gaillard ne possédait pas vraiment le physique d'un natif d'Anaëh. Le corps d'Hecil rappelait celui d'un hybride, ou plutôt celui d'un drow issu des tréfonds cauchemardesques de l'Elda. Curieux mélange pour le moins que ce nouveau venu, si semblable et en même temps si différent des habitants d'Alëandir.

Juché sur un farïa à la robe soyeuse, simplement vêtu de bottes salies par un long voyage et d'un pagne dans lequel seul un couturier expert aurait pu reconnaître les derniers restes d'une tenue d’apparat de mage du C'nros, Haldren regardait tout autour de lui sans qu'aucune haine ni aucune colère ne brille dans son regard. Le voyage depuis Yutar avait pourtant été éprouvant, s'ajoutant à une longue liste d'épreuves depuis bien des ennéades. La première épreuve après Yutar avait été de chevaucher le farïa, expérience se finissant par des chutes cul par dessus tête sous les rires moqueurs de ses compagnons, jusqu'à ce qu'il réussisse enfin à assurer son assiette sur l'animal. Mais la véritable épreuve restait les chaines invisibles qu'il portait : car Haldren était prisonnier. Prisonnier volontaire certes, mais prisonnier malgré tout.

Devant lui chevauchait Halyalinde, sa geôlière du moment depuis qu'elle l'avait arraché de force à l'emprise de Loethwil. Les autres elfes qui les accompagnaient ignoraient quant à eux quasiment tout de son histoire, si ce n'est qu'il devait se rendre au temple de Kÿria. En chemin, Haldren était resté poli mais peu disert malgré les tentatives de ce sempiternel bavard de Denial d'engager la conversation. Épuisé et mal nourri depuis son voyage dans les terres stériles, l'ancien eldéen en avait profité pour reprendre quelques forces et méditer sur son sort, tout en analysant soigneusement la structure du piège magique posé par Loethwil sur son torse et qui lui transpercerait le cœur d'un pic de glace en cas d'utilisation d'une magie trop prononcée.

Sa surprise avait été totale l'avant-veille en réalisant qu'aucun piège n'imprégnait en réalité son torse. Que dalle ! De simples traces d'un sortilège destiné à lui donner une sensation nauséeuses pour le persuader de la véracité de la menace. Loethwil s'était bien joué de lui par un habile coup de bluff en profitant de ses peurs et des méthodes qu'un drow aurait utilisé. Cela avait laissé Hecil songeur, se demanda pourquoi le noss avait agit ainsi, au risque de le braquer contre des chaînes imaginaires. Mais qui pourrait jamais comprendre les profondes motivations de celui qu'autrefois on appelait Estiam ? Avait-il voulu lui montrer la sensation d'impuissance que les victimes des mages ressentaient ? Repoussant pour l'instant cette question dans son esprit, il talonna sa monture pour s'approcher de sa geôlière et lui demanda à voix basse pour que leurs compagnons n'entendent pas :.


Ma dame ? Avant que je ne sois jeté dans les prisons du temple, je voulais vous poser une question.

Merde, le regard de glace d'Halya n'aidait pas à entamer la discussion, mais Haldren avait sincèrement besoin de connaître la réponse afin de mieux comprendre les répercussions de ses actes passés ou à venir au sein de la société elfique.

Ne voyez ni ironie ni provocation dans mes paroles, mais... pourquoi exactement voulez-vous ma mort ? Pour vous venger de la souffrance que je vous ai causé à Eraïson ? Ou parce que vous pensez que je risque de recommencer ?

Halya était-elle guidée par la justice ou par la vengeance ? Une drow aurait trouvé la question facile et répondu avec assurance que la vengeance constituait en elle-même une forme de justice devant Meingal, mais l'opinion d'une elfe traumatisée par la bataille d'Eraïson valait plus pour Hecil que toute autre réponse qu'il entendrait par la suite.
Revenir en haut Aller en bas
Halyalindë
Ancien
Ancien
Halyalindë


Nombre de messages : 1722
Âge : 97
Date d'inscription : 17/12/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 480ans (né en 531)
Taille
: 1m96
Niveau Magique : Non-Initié.
Faites entrer l'accusé ! [Libre] Empty
MessageSujet: Re: Faites entrer l'accusé ! [Libre]   Faites entrer l'accusé ! [Libre] I_icon_minitimeVen 27 Avr 2018 - 17:48


Les premiers jours, Halya avait eu beaucoup de mal à ne pas révêler à Hiel, prêtre de Kÿria et ancien militaire de son état, quelle était la véritable nature de Haldren. Le plus gros problème était que le jeune elfe la connaissait suffisament pour voir que quelque chose la mettait dans tous ses états. Elle passait avec une facilité déconcertante d'une neutralité qui ne lui ressemblait pas à une colère à peine contenue et se tenait souvent isolée, observant ses camarades comme si l'un d'eux risquait de se changer en grenouille à tout moment. Elle mangeait peu, dormait encore moins et Löss, la vétéran qui portait un masque de bois blanc pour cacher toute la partie gauche de son visage, brûlée à Eraison, lui disait avoir vu à plusieur reprise les énormes loups de l'ex-protectrice roder plus près du camps qu'ils ne l'avaient jamais été.

Avec le temps, il avait fini par lacher prise, la gardant à l'oeil sans plus lui poser de question. Heureusement, la bonne humeur communicative de Denial avait éviter que tout cela ne devienne vraiment insupportable. Le bougre avait retrouvé à Yutar ses deux jeunes frères disparus pendant le Voile pour rejoindre les Noss et semblait parfaitement imperméable à la tension qui existait autour de lui.

Lorsqu'Alëandir apparue enfin, Halya n'aurait pas sû dire si c'était un soulagement ou une tension supplémentaire. Dans l'avenue qui remontait vers l'esplanade des Cinq, leurs montures nerveuses poussaient de petites stridulations mais les elfes faisaient  instinctivement attention à la présence des Faïra, leur adressant des regards et des sourires bienveillants en prenant garde à ne pas les serrer de trop près malgré quelques coins bondés.

Les habitants de la capitale elfique n'en avaient pas la moindre idée, mais l'ambience à la fois paisible et active de leur cité n'avait rien à voir avec ce qu'on trouvait dans les villes hors d'Anaëh. Il n'y avait ni crasse, ni misère, ni violence. Ce qui changeait plus encore était cette impression diffuse de sécurité et de bienveillance. La simple idée même qu'un crime soit comis était absente. Les vendeurs quittaient des yeux leurs étales, les montures n'étaient pas attachées, et il suffisait de réfléchir un instant pour savoir que les portes ne devaient pas souvent avoir de clef. Si des enfants chapardaient une pomme ou un mirroir de verre, ce n'était certainement pas pour échapper à leur condition mais par jeu. Ils se feraient copieusement tirer les oreilles, on leur expliquerait qu'il fallait toujours demander avant de prendre et on les ramenerait chez leurs parents ou ils dormiraient dans de grands lits douillets après un repaas chaud et une histoire du soir.

Certes, il manquait la musique, la beauté et la présence du Grand Chêne pour qu'halya soit comblé mais cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pris autant de plaisir a simplement baigner dans cette quiétude paisible. Après ce qu'elle avait vu à Yutar, elle se rendait plus facilement compte de l'importance de préserver cette fragile inconscience.

Elle se détendait imperceptiblement lorsqu'Haldren se porta à sa hauteur. Elle se raidit instantanément et lui lança un regard glacial... Qui ne s'arrangea pas avec la question qu'il lui posa.

- Pas ici. "
répondit-elle tout juste. La rue était trop bondée pour se lancer dans ce genre de débat... Et elle avait besoin de mettre de l'ordre dans ses idées.

Quelques minutes plus tard, Hiel, Löss et Denial bifurquaient vers la demeure qu'ils occuperaient durant leur séjour à la capitale. Depuis le Voile, plusieurs batisse avaient été abandonnées par leurs habitants ou s'étaient à moitié effondrée. La plupart avaient été réaménagées pour accueillir les voyageurs des autres cités, permettant à l'aile des invités du Trône Blanc d'être un peu moins surpeuplée.

Halya et Haldren poussèrent de leur côté jusqu'à l'esplanade des Cinq. Les façades de temples aussi différentes dans l'esthétique que dans la taille donnaient sur le large espace dégagé. L'Harmalaïca serait pour plus tard, cette fois, ils s'arrêtèrent près de la porte du plus grand des édifices pour mettre pried à terre. Bien que sa charpante soit en pierre, on avait du mal à la distinguer tant elle se mêlait habilement à la profusion de végétation. A l'intérieur, le sol était couvert d'une herbe rase et dense d'un vert soutenu.

Halya respira a fond et ralentit dès le premier mètre de la grande nef. Des elfes et des prêtres discutaient à voix basse répartis en petits groupes. Après être allé prévenir un prêtre qu'elle demandait humblement une entrevue avec la Main à propos d'une affaire qui découlait de ce qui s'était récemment passé à Yutar, elle retourna auprès d'Haldren. Ils leur faudrait attendre, elle n'avait donc d'autre choix que de revenir sur la question qu'il lui avait posée plus tôt. Elle tenta de ravaler la haine latente qu'elle éprouvait envers le drow et lui fit face, l'invitant d'un geste a avancer comme s'ils étaient deux fidèles venus se recueillir dans le calme de ce sanctuaire.

- Je ne pense pas que tu puisses comprendre, ni même que tu resteras inofensif bien longtemps, mais soit. Tu as le droit de savoir après tout. Tu a tué des centaines des notes à Eraison, mais ce que tu as fait aux trois personnes qui étaient dans cette cave ce jour là à été aussi grave pour l'Anaëh. A cause des séquelles que tu m'as infligé, j'ai tué plusieurs personne innoncentes, mais cela n'est rien à côté de ce qui en a résulté pour Estiam et Neraën. " Elle parlait d'un ton dont elle s'efforçait de maintenir la neutralité. " Neraën est celui qui a brisé la gemme que tu utilisais. Son état est devenu si instable qu'il a détruit l'esprit de plusieurs personne et pendant qu'il était soigné ici même, la Cité sur laquelle il était sensé veillé a sombrée dans la guerre civile. Quant à Estiam... Il a sombré dans la magie et la rancoeur et j'ai été trop bête pour m'en appercevoir à temps. Il s'est peut être libérer de tout ça, mais ça a été au pris de trois milliers de morts. Alors que se passera-t-il la prochaine fois qu'il ne pourra supporter une injustice ? " Elle soutint le regard du drow, constant avec une violente crampe à l'estomac que ses iris étaient aussi vertes que les siennes. " En tant qu'elfe je ne souhaite pas ta mort. Que je le veuille ou non, tu es un enfant de Kÿria, comme nous tous. Et j'ai voué ma vie à la défense d'Anaëh et de tous ceux qui ne pouvaient pas se défendre seul. D'expérience, j'ai peur que tu ne sois une menace bien plus grande qu'Elda dans l'immédiat.

Elle s'était cramponnée sans y prendre garde au pommeau de l'une de ses deux épées. L'épée drow qu'elle avait gardée était toujours à l'arrière de la selle de son faïra. Oui, cet homme lui faisait peur, et ce n'était pas pour rien. Mais elle savait d'expérience que la peur, la haine et la colère étaient de mauvaise conseillères. Elle se força a lâcher son arme.

- Mais j'ai trop combattu. Et j'ai trop de haine à ton égare pour pouvoir prétendre ne te vouloir aucun mal. Estiam et Neraën sont deux de mes plus proches amis. Je connaissais certaines de tes victimes d'Eraison depuis des centaines d'années. Certains d'entre eux m'avaient sauvé la vie plus d'une fois. " Le visage sans vie d'une certaine archère lui revint en mémoire et son regard se fit plus dur. " Les elfes... Les Taledhels ne font pas dans l’exécution sommaire, sinon nous ne vaudrions pas mieux que ceux qui détruisent le monde sans se rendre compte qu'ils en font partie. Les fuyards drows nous ont poussé à abattre toutes leurs patrouilles car ils ne rendent jamais les armes, mais ce n'est pas notre façon de faire.

Les Noss étaient différents... Et elle les avait sans doute trop idéalisés.

- Je ne peux pas m'empêcher de vouloir ta mort, par vengeance et par crainte de ce que tu pourrais encore faire à ceux qui me sont cher. Mais je ne suis pas capable de juger tes actes avec bienveillance, c'est pour ça que je t'ai amené ici. Et je n'irai pas contre la sentence qui te sera imposer, même si c'est le pardon total qui t'es accordé. " Elle hésita un moment avant d'ajouter. " J'ai aussi une question à te poser. Est-ce que tu éprouve le moindre remort pour ce que tu as fait jusqu'ici ? Que ce soit aux elfes ou à d'autres ? "
Revenir en haut Aller en bas
Haldren
Ancien
Ancien
Haldren


Nombre de messages : 1234
Date d'inscription : 19/12/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : ~1050 ans
Taille
: 2m
Niveau Magique : Archimage.
Faites entrer l'accusé ! [Libre] Empty
MessageSujet: Re: Faites entrer l'accusé ! [Libre]   Faites entrer l'accusé ! [Libre] I_icon_minitimeVen 27 Avr 2018 - 20:51

Des remords ?

Haldren eut un sourire triste en regardant l'elfe tandis que ces mots si peu fréquents dans la culture drow franchissaient ses lèvres. Assis tous les deux dans le hall du temple de Kÿria, attendant leur rencontre avec la Haute Prêtresse dans une atmosphère de paix à nulle autre pareille, l'heure se prêtait bien aux confidences.

Ce serait tellement réducteur d'avouer que je suis rongé par le remords et de clore ce chapitre de mon existence. Mais cela ne rendrait pas à Estiam son insouciance, à Neraën sa santé mentale, ni à vous la paix intérieure. On peut hurler son remords jusqu'à la fin des temps, cela n'efface pas les actes commis.

A cet instant l'ancien eldéen paraissait fatigué, usé. Pour une elfe comme Halyalindë ayant rencontré bien des siens fortement âgés, Haldren devait présenter certains symptômes du mal de l'éternité, cette dépression mortifère saisissant souvent les elfes ayant vu passer plus d'un cycle. Plus terrible et impitoyable qu'une lame, plus insidieuse qu'une maladie, cette malédiction des êtres éternels frappait ceux ayant défié trop longtemps les ravages du temps, comme si la mort finissait par se lasser d'attendre sa proie.

Je suis âgé de plus d'un millénaire, Halyalindë. Et au cours de mon existence j'ai accompli bien des actes dont je ne suis pas fier, participé à bien des guerres où les massacres jalonnaient le chemin de nos armées. Tous ces morts... toute cette souffrance... croyez-vous que j'y sois insensible ? Pendant des siècles j'ai combattu au service d'Uriz à travers tout Miradelphia et des centaines d'humains, de drows ou d'elfes sont morts par ma main. Mais jamais je ne prenais plaisir dans ces tueries, jamais je n'infligeais de souffrance gratuitement ou pour satisfaire un vulgaire instinct sadique. Eraïson est... différent, et aucun autre moment ne pèse aussi lourdement sur mes épaules que ce jour là.

Pourquoi s'épanchait-il ainsi, révélant à une ennemie en puissance les secrets de son cœur ? Peut-être tout simplement parce qu'il ressentait le besoin de parler, de tout avouer fusse à quelqu'un qui le haïssait. Sans doute ne le comprendrait-elle pas, sans doute croirait-elle à de nouveaux mensonges destinés à enrober de cruelles intentions, mais Haldren se sentait trop fatigué pour jouer au double langage. Avec un soupir désabusé, il reprit son histoire.

Tout à commencé dix ans plus tôt, à Ellyrion. Y étiez-vous ? Avez-vous vu le Nœud magique se former, lorsque les Veilleurs sont intervenus pour réparer la trame de l'univers que le déchaînement des sortilèges déchirait sous nos yeux ? C'était terrible et magnifique à la fois... j'ai... été connecté au Nœud... l'espace d'un instant... et j'ai vu... l'éternité... le pouvoir... la capacité à changer le monde... à imposer un nouvel ordre des choses... à réparer ce qui était cassé... ce que les Dieux refusaient de corriger, les mortels le pourraient.

Les paroles du prisonnier étaient hachées par l'émotion alors qu'il revivait cette journée désormais lointaine où tout avait basculé pour lui. Sa voix portait un peu plus qu'au début et quelques prêtres qui discutaient plus loin leur jetèrent un regard surpris, mais Haldren continua comme si de rien n'était.

Alors je me suis plongé dans les secrets des Nœuds avec une folie qu'aujourd'hui seulement je réalise. Plus rien n'importait pour moi que de goûter à nouveau à la source des univers, peu m'importait le coût à payer pour y arriver ! La catastrophe d'Eraïson ne comptait pas plus qu'une expérience ratée, j'en voulais plus. Plus ! Toujours plus ! Le pouvoir me brûlait les veines et j'en devenais dépendant, prêt à détruire le monde s'il le fallait pour réussir enfin à m'unir à cette source, à ressentir de nouveau ce qui s'était passé à Ellyrion. D'une certaine façon, Uriz m'a fait un cadeau en me brisant pour avoir osé me dresser face aux Dieux eux-mêmes... il m'a ouvert les yeux sur ma folie.

Une larme perla à l'orée de l’œil d'Haldren. Remords ? Regrets ? Au fil des siècles, peu nombreux étaient ceux pouvant se targuer d'avoir vu une larme couler sur la joue du sévère Ditronw Da're.

Vous avez peur de moi, Halyalindë ? Sans doute avez-vous raison. Vous disiez également avoir craindre ce qu'est devenu Loethwil... pardon, Estiam. A Eraïson puis à Yutar, il a goûté au pouvoir magique dans son état le plus pur et ce nectar vous dévore telle une drogue. Moi aussi j'ai peur de lui, peur de ce qu'il va subir ou faire subir aux autres avant de comprendre quel est le prix à payer pour ce pouvoir.
Revenir en haut Aller en bas
Halyalindë
Ancien
Ancien
Halyalindë


Nombre de messages : 1722
Âge : 97
Date d'inscription : 17/12/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 480ans (né en 531)
Taille
: 1m96
Niveau Magique : Non-Initié.
Faites entrer l'accusé ! [Libre] Empty
MessageSujet: Re: Faites entrer l'accusé ! [Libre]   Faites entrer l'accusé ! [Libre] I_icon_minitimeSam 28 Avr 2018 - 2:39


... Il était à Ellyrion.

Le sourire de sa mère quand elle avait ordonné à l'archerie de dégager une sortie la poignarda au cœur.

Il avoua être l'auteur de milliers de crimes...

Et il versa une larme.

Une unique larme.

Plus elle en apprenait sur lui, plus les sentiments qu'il lui inspirait étaient confus. Sa colère ne semblait pas cesser d'augmenter, sa soif de sang réclamait toujours plus celui de cet immonde bâtard... Mais ce qu'elle avait de juste et de noble fondait comme neige au soleil.  

Ce qu'il disait sur Estiam... Sur la puissance corruptrice de la magie... Elle l'avait vu à l’œuvre en tant qu'Aigle. Elle ne voulait pas croire qu'Estiam en était à ce point. Elle ne voulait pas le croire, mais ce jour là, près des ruines de Yutar, elle avait du se rendre à l'évidence. Il avait changé. Il disait avoir subit une renaissance, être en paix avec son passé... Il fuyait son passé. Il l'oubliait de façon fort confortable et se complaisait dans un pouvoir toujours plus fort. Il y avait déjà les bases de cette dérive lorsqu'il était venue la voir au cloître. Cela ne s'était certainement pas arrangé depuis. Elle doutait que ce ne soit que ça, mais elle ne pouvait nier que ce que disait le mage noir avait un certain échos en elle.

Tout comme la posture qu'il avait en parlant des regrets.

Et c'était d'autant plus dur à accepter que son discours apparent renfermait plus de sagesse que celui de bien des elfes... Ce salopard n'aurait pas put être stupide et sadique ?! Elle le haïssait d'autant plus que son apparence prenait les traits des sylvains. Une caricature venue jusqu'ici pour singer leur mode de vie et leurs façon de penser. Elle hocha malgré tout la tête, la mâchoire douloureuse a force de serrer les dents. C'était soit ça, soit elle passait à tabac son voisin sans sommation.

- Je... comprends. " se força-t-elle a articuler.

Elle n'approuvait ni ne pardonnait, mais elle écoutait et elle comprenait. Elle allait même jusqu'à le reconnaitre... On ne pouvait lui en demander plus.

Le silence s'installa de nouveau. Long et étrangement paisible, seulement troublé par la faune minuscule qui peuplait les lieux et les murmures à voix basses des personnes présentes. Halya les regardait passer sans les voir. Elle avait finit par s'asseoir à même l'herbe, le dos appuyé contre un mur tapissé de vigne. Sa longue oreille semblait suivre les déplacements du drow... ou peut-être de l'ancien drow, mais ne semblait pas éprouver le besoin de le garder dans son champ de vision.

- Le piège d'Estiam a-t-il diminué depuis notre départ de Yutar ? "
demanda-t-elle soudain après près d'une heure de silence. Une fois la réponse obtenue et une convenable surprise exprimée, ils retombèrent dans leur mutisme.

Jusqu'à ce que les murmures s'intensifient. Les prêtres s'écartèrent et tous adressaient à la nouvelle venue des saluts respectueux. Une silhouette haute et longiligne s'avançait, pieds nus, vers les deux visiteurs à la mine sombre. Halya se releva rapidement et courba humblement l'échine. La prêtresse qui venait d'arriver n'était pas mieux habillée que les autres, sa robe blanche et verte orné d'une grande main stylisée était même plus simple que certaines des tenues qu'ils avaient tous sous les yeux. Une couronne de feuilles de vignes et de fleures d'été qui semblaient pousser à même le bois était posée sur la cascade de cheveux d'un châtain délavé qui lui tombait au creux des reins. Son visage âgé et son sourire bienveillant faisaient rayonner une paire de petits yeux vert pâle.

- Vous avez demandé à me voir, ma fille ?
- Oui, Bienveillante Main. Nous avons besoin de vous entretenir d'une question d'importance qui ne peux concerner le Trône Blanc.

La Haute-Prêtresse posa les yeux sur l'accompagnateur de la rouquine et lui sourit paisiblement avait de pousser ses oilles à se redresser. Elle les entraina dans les profondeurs du temple sans poser plus de question, jusqu'à ce qu'ils débouche dans une sorte de minuscule cour intérieure au centre de laquelle ondoyait un petit plan d'eau éclairé par un puits de lumière à ciel ouvert.

- Que puis-je pour vous, Heri Halyalindë ?

Ce n'était pas la première fois que les deux femmes se rencontraient. En plus de leurs anciennes relations en tant que Protectrice et dirigeante du Culte, l'Ardamirie avait aussi demandé son concours lorsque les séquelles d'Eraison avaient été diagnostiquées sur son Souffle.

- Je suis ici en tant que simple membre du Peuple. Je demande humblement à ce que l'homme qui m'accompagne soit gardé et jugé par le Culte en sa qualité d’Égaré voulant retrouvé ses racines.
- Si vous demandez un jugement, ne devriez-vous pas vous en remettre au Haut-Conseil ?
- Pas pour ce cas...

Il n'y avait pas d'animosité dans l'échange respectueux des deux elfes, mais la Haute-Prêtresse ne serait pas complaisante pour autant. Le respect de l'ordre et des prérogatives de chacun était primordiale pour que chacun puisse assumer sa charge avec la plus grande efficacité possible.

- La question est trop grave pour nous limiter à un simple jugement politique. C'est en tant que Main gauche de la Mère que je vous demande assistance. "
la prêtresse fronça les sourcils. " Cet homme était il y a encore quelques mois un drow. Celui-là même qui est à l'origine du rituel immatériel d'Eraison... Et il prétend qu'il a pris conscience de ses actes et renoncer au culte eldéen pour retrouver sa nature elfique. "

Si elle avait put contrôler sa haine jusque là, sa dernière phrase crachait son mépris. La haute Prêtresse passa par plusieurs expressions, de la surprise à la crainte, avant de retrouver un visage plus neutre, bien que dépourvu de toute accusation.

-Sait-il parler notre langue ?
- Oui."

Se détournant de la sylvaine, elle observa l'homme qu'on venait de lui indiquer.

- Dit-moi, comment souhaites-tu que je te nommes ? Et pourquoi voudrais tu renier les dieux de ton peuple pour adorer notre Mère ?
Revenir en haut Aller en bas
Haldren
Ancien
Ancien
Haldren


Nombre de messages : 1234
Date d'inscription : 19/12/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : ~1050 ans
Taille
: 2m
Niveau Magique : Archimage.
Faites entrer l'accusé ! [Libre] Empty
MessageSujet: Re: Faites entrer l'accusé ! [Libre]   Faites entrer l'accusé ! [Libre] I_icon_minitimeSam 28 Avr 2018 - 17:49


L'hybride était resté fort discret durant les premiers échanges entre sa geolière et la Haute-Prêtresse, jugeant que la politesse imposait de la retenue venant d'un inconnu tout juste arrivé à Alëandir. Halyalindë connaissant la maîtresse des lieux, mieux valait lui laisser faire les présentations, même si cela ne se présenterait pas forcément à son avantage, l'elfe ne manquant pas d'appuyer sur l'histoire Eraïson avec toute la subtilité d'une tonne de briques (et paf ! Prends ça dans les dents, Halya !). Lorsque la Haute-Pretresse se tourna enfin vers lui pour lui demander comment l'appeler, Haldren répondit :

Il y a peu je vois aurais répondu que je suis Haldren Baenfere des Primas Sanguis, ancien Ditronw Da're, ancien Obok Senger du Vème ost et Triumvir du Puy d'Elda. Mais désormais ces titres ne veulent plus rien dire pour moi. Loethwil m'a surnommé "Hecil", l'Egaré... et j'aime bien ce nom.

En tout cas, l'ancien eldéen ne cherchait pas à cacher ses distinctions, que l'on pourrait pourtant considérer comme autant de défauts aux yeux des elfes. Mais Hecil ne voulait pas minimiser son passé ou se retrancher derrière des semi-vérités. Ce chemin parsemé d'épines sur lequel il s'était engagé après sa rencontre avec Kÿria ne'autorisait pas la tricherie. Si Haldren avait dupé, manigancé et truqué les dés pendant des siècles, en ces circonstances précises Hecil refusait de s'abaisser à de tels procédés. La vérité et uniquement la vérité, même si cela lui coûtait cher au final. Restait la seconde question, plus importante encore : pourquoi vouloir adorer Kÿria en lieu et place des dieux du panthéon drow ?

Parce que la Mère ne ment pas.

Ces quelques mots ne signifiaient pas forcément grand chose aux yeux des elfes qui vivaient depuis toujours dans les bras aimant d'une déesse ne considérant pas ses enfants comme de vulgaires pions sacrifiables, mais pour Haldren cela résumait toute l'histoire de sa vie religieuse. Il entreprit donc de donner plus d'explications afin de ne pas se limiter à une formule lapidaire et au fond insuffisante comparée aux enjeux politiques qu'il savoir devoir déclencher en Anaëh par sa seule présence.

Pendant un cycle j'ai servi fidèlement les intérêts d'Uriz... Calimenthar, si vous préférez. Les drows le considèrent comme leur Père, leur Protecteur, Celui qui les rend plus forts et les aide à surmonter les épreuves. Mais ce ne sont que des mensonges et cette révélation a brisé mes croyances, les bases mêmes de mon existence. Plus j'évoluais dans les sphères du pouvoir drow, plus je m'interrogeais : pourquoi cette guerre éternelle contre les elfes ? Quel intérêt ? La guerre doit avoir un but politique, or nous autres drows n'en avons jamais eu. La vengeance est un sentiment que je peux comprendre, mais l'Exode remonte à huit cycles et aucun des protagonistes de l'époque ne foule encore le sol de Miradelphia. Je sentais un malaise en entendant les prêtres justifier nos massacres par les trahisons de nos cousins d'Anaëh... cet argument spécieux me paraissait cacher une autre réalité.

Hecil ignorait si ses paroles allaient lui valoir un châtiment exemplaire ou un pardon, et au fond il s'en fichait totalement. La Haute-Prêtresse voulait savoir ce qu'il en était ? Très bien, il ne lui cacherait rien de son histoire.

Mes premiers doutes naquirent après Ellyrion, alors que nous aurions du pénétrer en Anaëh pour finir ce conflit. Mais le Karkiik Glenn... le commandant en chef des armées... fut alors exécuté par le Gardien de Calimenthar. C'était... de la folie ! Ça n'avait aucun sens ! Cela a plongé l'Elda dans la guerre civile dont nous avons mis huit années à nous remettre. En fouillant dans notre histoire, j'ai pris conscience que chaque période de stabilité au Puy s'est achevée par un acte violent mêlant de près ou de loin les prêtres... comme si notre propre panthéon voulait éviter la stabilité. Je me suis alors demandé si la violence de notre race n'était pas causé par Calimenthar lui-même dans sa folie destructrice de nous mener dans une bataille perpétuelle et sans fin. Et ce fut pareil au Zagazorn, lorsque Calimenthar a éveillé le volcan sous Kirgan. Quel Dieu provoque ainsi de la mort de ses fidèles ?

La chute de Kirgan avait à l'époque profondément troublé le Ditronw Da're qui appréciait les dawis pour leur force et leur courage. L'apocalypse déclenchée dans leur capitale par un Père jaloux l'avait ébranlé, les récits de quelques survivants rencontrés par la suite puis sa propre exploration des ruines le laissèrent incrédule sur les raisons du carnage.

Mais le Père de l'Elda n'aime pas ceux qui remettent en cause ses préceptes. Il m'a châtié... banni... promis aux tourments éternels des prisons de Glace. A chaque instant j'entendais son rire moqueur sous mon crâne, et aussi loin que je courrais je savais qu'il se tenait juste derrière moi avec le même sourire qu'un chat face à une souris. Désespéré, j'ai renié Calimenthar et je me suis poignardé en plein cœur. Un coup sec, précis, un geste désespéré d'ultime rébellion contre ces chaines que je ne supportais plus. Et alors... Elle est apparue pour interrompre mon geste.

La voix de l'hybride contenait un quasi-émerveillement.

La Mère m'a donné le choix... continuer dans mon errance ou accepter son amour. C'est... vous ne pouvez pas comprendre ce que cela représente pour moi... après tout ce que j'ai fais au service de Calimenthar... elle m'a offert une seconde chance... elle n'a même rien exigé de moi, Elle m'a laissé libre de choisir... Elle ne m'a pas caché les épreuves qui m'attendaient... le risque d'être tué à vue par les elfes... la haine que mes actions passées soulevait en Anaëh... mais cela ne comptait pas... enfin j'avais trouvé une divinité qui ne mentait pas et qui pardonnait. En Calimenthar j'avais un dieu que je vénérais par crainte. Mais désormais je vénère Kÿria par amour.

Haldren se tut, laissant les deux elfes digérer ses paroles.
Revenir en haut Aller en bas
Halyalindë
Ancien
Ancien
Halyalindë


Nombre de messages : 1722
Âge : 97
Date d'inscription : 17/12/2014

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 480ans (né en 531)
Taille
: 1m96
Niveau Magique : Non-Initié.
Faites entrer l'accusé ! [Libre] Empty
MessageSujet: Re: Faites entrer l'accusé ! [Libre]   Faites entrer l'accusé ! [Libre] I_icon_minitimeDim 29 Avr 2018 - 16:10


La Haute Prêtresse n'interrompit pas une fois l'étrange hybride que le sort - et une pair d'elfes à la santé mentale réputée bancale - avait poussé jusqu'à elle. Elle ne montrait aucun signe d'agacement, d'impatience ou de dégoût. Ce qui se passait dans sa tête et dans son cœur y restait soigneusement cloitré. Lorsqu'il parla de l'amour de la Mère envers ses enfants, elle esquissa même un sourire attendrit.

Cette femme n'avait jamais été présente sur aucun théâtre de guerre mais cela faisait dix ans qu'elle composait quotidiennement avec les séquelles profonde que cette dernière laissait dans l'ensemble de la population. Elle n'avait jamais considérer les drow comme des cousins des elfes mais plutôt comme la plus grande erreur de leur histoire. D'un autre côté, elle n'en avait jamais vu jusque là. Pas vivant du moins. Ils étaient des ennemis éthérés et absolus. L'idée qu'ils puisse se délivrer de leur inextinguible soif de destruction n'avait jamais été débattue ni même lancé. Le culte avait assez à faire avec son peuple pour ne pas s'occuper de celui des autres. Il était aussi, et la Main plus que toute autre, fervent défenseur de l'autarcie d'Anaëh. Les autres cultures, chaotiques et irrespectueuses, ne pouvaient à ses yeux que blessé l'harmonie et la paix des Cités.

Et voilà qu'un homme surgissait du folklore entourant les daedhels pour lui parler de leur Uriz et de la Mère. Elle ne connaissait pas un seul des titres qu'il disait avoir porté et ne comprenait en rien leur porté, mais elle saisissait que cela avait du être important dans la société dont il était issu.

- Alors tu es l'un de Ses enfants, Hecil. La Mère n'attend pas qu'on la vénère. Elle attend qu'on L'aime et qu'on aime son monde de façon inconditionnelle. Jusqu'à ses plus infimes créatures. "

Tout en parlant, la prêtresse s'approcha pour saisir les mains de son hôte. D'un geste maternel, elle lui caressa la joue, l'observant d'un regard doux malgré toute l'horreur qu'il venait lui révéler.

- Tu as du beaucoup souffrir...

Derrière l'épaule de la femme de foi, Halya se raidit à s'en bloquer le dos. Pour ne pas saisir le pommeau de son arme, elle s'obligea à croiser les bras, les doigts cramponnés à sa chemise de lin beige. Elle avait les yeux vrillés sur le visage d'Haldren, la compassion que l'elfe lui démontrait. La Prêtresse manipula un instant les mains du mage, observant leurs coutures et leurs lignes en expliquant de la même voie gonflé d'empathie... Et d'un soupçon de fierté qui n'aidaient en rien Halya à se calmer.

- La Mère nous apprend que toutes les créatures du monde forment un grand tout. Blesser autrui, nous blesse en retour. Détruire une vie nous change à jamais. Que quelqu'un d'aussi perdu que tu l'étais puisse avoir le courage d'essayer de s'en sortir m'emplit de joie, fils. "

Il n'était PAS un fils de Kÿria. Il ne l'était plus. Depuis bien longtemps ! Les phalanges de la guerrières avaient blanchies, elle s'était éloignée de quelques pas, détournée de cette scène qui faisait bouillir son sang... Mais elle ne voulait pas partir... Elle avait besoin de savoir.

- Cependant, si une mère excusait toujours tout à ses enfants, ils n'apprendraient rien. Le mal que tu as commis nous a impacté d'une telle façon que je ne peux prendre sur moi de t'absoudre entièrement. Je ne suis pas certaine non plus que tu comprennes encore toute l'étendue des dégâts et j'ai beau ne jamais prendre parti politiquement, je ne peux ignorer que le dernier drow repenti à être arrivé jusqu'ici à trompé puis tué notre roi pour devenir celui des sombres. Le Trône Blanc...
- Je vous en prie, Bienveillante Main. Ne mêlez pas son sort à la décision du Trône Blanc ou du Haut Conseil.

La femme couronnée de fleur se tourna, expriment une innocente surprise. La guerrière avait toujours la mine sombre et le regard meurtrier, tenant l'un de ses bras contre son flanc comme si elle n'arrivait pas à lâcher prise. Elle jeta un coup d'oeil au mage noir. Elle hésitait à parler devant lui de leurs dissensions internes, mais son intervention même les rendaient manifestes. Elle continua donc pour la Haute-Prêtresse.

- De toute façon, cet homme sera condamné à mort sans cérémonie pour des raisons politiques. Dans le meilleur des cas, ce sera la fin de toute ça. Mais il y a plus de chance que les choses dégénèrent. L'unité que représente le Haut Conseil est déjà fragilisée. Ardamir n'y a plus ni Conseiller ni ambassadeur, ni représentant. Eteniril n'est plus écouter et Daranovar remet de plus en plus en questions ses décisions. Les egos des Protecteurs sont trop fort pour pouvoir être mis en sourdine sur ce point. Si les Cités ne sont pas unanimes - et elles ne le seront pas - nous courrons à l'éclatement de notre royaume, voir à la guerre civile. Dans les deux cas, Anaëh sera plus vulnérable que jamais.

Au fur et à mesure de son explication, son regard avait bifurqué sur Haldren. Elle avait pensé l'amené au Palais pendant un temps. Elle aurait mis son bras à couper que les Protecteur l'auraient mis à mort et cela ne pouvait que l'apaiser... Mais cela n'aurait pas été plus juste que de l'abattre dès Yutar. Pire, elle ne pouvait pas risquer la stabilité d'Anaëh pour une vengeance injustifiée.

- C'est pour ça que je vous demande de vous occuper personnellement de ce... cet homme.


Après un moment de silence, la Prêtresse acquiesça.

- Il faudra que j'y réfléchisse. Mais en attendant, ta présence ici ne sera pas rendue publique. Nous te trouverons une chambre ici même, Hecil, et pour tous, tu seras un hybride venu des terres mortelles. Tu vivras parmi les prêtres et seras accompagné par eux comme les membres les plus fragiles de notre peuple. Je n'ai pas encore décidée comment aura lieu ton jugement ou qui le prononcera en dernier lieu, mais pour ton bien comme pour le leur, tu devras rencontré plusieurs des personnes que tu as blessé par le passé. " Son sourire était aimant et encourageant. Elle savait parfaitement que ce serait difficile... A commencé par la première sur sa liste étant donné les circonstances. Elle se tourna vers Halyalindë avec la même expression " Vous pouvez nous laisser, Heri.
- Mais il pourrait...
- D'après ce que vous avez dit et ce qu'il a lui même raconté, s'il avait voulu me tuer, nous ne serions déjà plus de ce monde, ni l'une ni l'autre.
- ... Que la Mère vous entende, Bienveillante Main.

Alors qu'Halyalindë se penchait pour saluer une dernière fois, le contact de la Haute-Prêtresse lui fit relever la tête.

- Vous avez fait preuve d'une grand magnanimité en menant cet homme jusque à moi. Vous avez bien agi, la Mère le sait. Prenez le temps de vous libérer de cette colère, vous le méritez. "
L'ardamirie tenta de lui offrir un sourire. Elle était touchée par les paroles de cette femme qui représentait tant dans leur culture, mais ses boyaux étaient trop crispés pour qu'elle arrive à en profiter réellement. Ses yeux verts accrochèrent une dernière fois ceux d'Haldren.

- Je repasserai te voir. "
dit-elle simplement. Le ton rendait évident qu'il ne s'agissait pas d'une visite de courtoisie mais elle n'ajouta rien,  quittant l'endroit d'un pas raide et rapide qui lui ressemblait bien peu.

La Haute Prêtresse secoua légèrement la tête avant de se retourner vers son hôte. Seule, elle ne semblait pas ressentir plus de peur, de haine ou de répulsion que précédemment. Elle lui offrit même son bras.

- Je vais te conduire à Soeur Rëlinwe. Elle te trouvera une chambre et s'occupera de t'obtenir des habits et tout ce qu'il te faut d'autre. En attendant tu peux me poser toutes les questions que tu veux. "

Revenir en haut Aller en bas
Haldren
Ancien
Ancien
Haldren


Nombre de messages : 1234
Date d'inscription : 19/12/2009

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : ~1050 ans
Taille
: 2m
Niveau Magique : Archimage.
Faites entrer l'accusé ! [Libre] Empty
MessageSujet: Re: Faites entrer l'accusé ! [Libre]   Faites entrer l'accusé ! [Libre] I_icon_minitimeLun 30 Avr 2018 - 13:48

N'ayant pas dans l'immédiat d'autres questions, le nouveau venu fut guidé jusqu'à sa chambre, une pièce certes spartiate mais fonctionnelle qui donnait sur l'Iaun. Un lit, une table et de quoi écrire, un broc d'eau pour se laver... rien de très luxueux comparé à l'extravagance des palais de l'Elda ou du Puy, mais Hecil s'en contenta de bonne grâce. Une tenue de cadet (cependant sans la main verte de Kÿria) attendait sur le lit et il l'enfila, vaguement conscient que se balader en pagne au beau milieu du temple pouvait manquer de la rigueur morale nécessaire en un lieu sacré.

Plusieurs jours passèrent ainsi dans un calme relatif. La Haute Prêtresse ne semblait pas presser de rendre le jugement, comme si elle observait le comportement de Hecil dans un environnement qui ne lui serait pas familier. L'ancien eldéen s'installa donc dans une sorte de petite routine rythmant sa nouvelle vie. Levé dès les premières lueurs de l'aube, il se rendait dans l'Iaun pour participer aux prières avec d'autres fidèles ainsi que les prêtres. La curiosité ne semblait pas être une des caractéristiques premières en ce lieu, aussi il fut bien accueilli et appris rapidement les paroles des prières qu'il entonnait à l'unisson des autres. Se retrouver ainsi main dans la main avec les autres priants à chanter les louanges de la Mère le changeait totalement des cérémonies plus lugubres ou cruelles auxquelles le Puy l'avait habitué.

Le reste du temps, il le passait majoritairement en méditation près de l'Orchal Galadh où parfois des échos fugitifs de musique parvenaient jusqu'à son oreille, comme durant l'une de ses premières transe aux frontières de l'Annon lorsque l'elfe et le drow avaient dansé de concert sous les arbres millénaires. Hecil nota d'ailleurs que ses nuits demeuraient paisibles, quasiment sans être de nouveau entrecoupées par ces transes, comme si ces dernières s'étaient surtout révélées utiles durant les premières ennéades et s'effaçaient peu à peu depuis. A d'autres moments, l'hybride assistait aux cérémonies quotidiennes, toujours au dernier rang comme s'il ne se sentait pas encore vraiment chez lui.

Un matin qu'il réfléchissait sur les ressemblances cachées entre les cultures elfes et drows tout en observant des ouvriers réparer l'une des rares arches de pierre du sanctuaire, l'hybride vit arriver deux jeunes elfes qui jouaient et se couraient après comme de jeunes chiots un peu foufous. Nulle trace chez eux de la rigueur que très tôt on inculquait aux jeunes drows, on sentait au contraire toute l’insouciance de la jeunesse lorsque la vie entière s'offre à soi. Hecil se rappela les avoir déjà vu la veille, apparemment ces deux jeunes enfants jouaient souvent dans le coin.

Eut-il alors une intuition ? Son regard couvait sereinement la scène lorsqu'il vit un des ouvriers en haut de l'arche perdre l'équilibre alors qu'il cherchait à positionner un lourd chapiteau délicatement sculpté de motifs végétaux. L'elfe se rattrapa de justesse... mais fut obligé dans ce mouvement de lâcher la prise sur ce qu'il tenait... le chapiteau en équilibre instable chuta... au moment où les deux enfants passaient en jouant au chat juste en-dessous.


Attention !

Hecil et les ouvriers crièrent en même temps mais il était trop tard. Le chapiteau fondait sur les deux petits et la scène se serait probablement finie en drame si la main de l'hybride n'avait jaillit vers l'avant en projetant une décharge d'énergie magique. Happé par un vortex d'Ombres, le chapiteau disparut l'espèce d'une fraction de seconde avant de réapparaître quelques mètres plus loin où il finit sa chute en s'enfonçant lourdement dans le sol sans blesser personne.

Aussitôt prêtres et adeptes accoururent pour réconforter les deux enfants qui regardaient avec stupéfaction le lourd chapiteau et le mystérieux hybride inconnu. L'agitation dans ce sanctuaire habituellement apaisé attira jusqu'à la Haute Prêtresse qui vint se faire raconter l'histoire. Elle se tourna alors vers Hecil avec un doux sourire.


Heureusement que vous avez eu de bons réflexes.
Les parents de ces enfants sont-ils donc inconscients de les laisser jouer près d'un site de travaux ?
Leurs parents sont morts, Hecil. C'était un couple de mage talentueux et aimants, morts à Eraïson lors du rituel drow. Nous avons recueilli ces orphelins mais hélas nous ne pourrons jamais remplacer la perte qu'ils ont subi.

La Main le quitta alors pour s'en retourner à ses occupations, laissant derrière elle Hecil qui affichait une rougeur gênée sur son visage.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Faites entrer l'accusé ! [Libre] Empty
MessageSujet: Re: Faites entrer l'accusé ! [Libre]   Faites entrer l'accusé ! [Libre] I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Faites entrer l'accusé ! [Libre]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Faites entrer les accusés ! [Lucrèce, Nicolaï, Aureane]
» Ne faites pas les choses a moitié - Hyène Ahët'kha / libre
» Avant d'entrer en lice... [PV: Siegfried]
» Faites tomber les chaînes (PV)
» Faites place je passe!

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: ANAËH :: Terres d'Alëandir :: Alëandir-
Sauter vers: