[Thaar] C'était deux assassins, un voleur et une moule (Zaz, Léonie)

Le fait est que Dante n'a pas besoin de faire les poches de personne pour survivre et payer ses affaires. Le fait est que, on sort peut être le gars du Nid, mais on ne peut pas sortir le Nid du gars. Et l'humain est fier de ses origines merdiques.

Et, pendant que le mignon s'engueule relativement avec le tavernier, il termine et se relève, regardant l'intérieur de son butin… Des quatre bourses, il en soupèse deux qu'il garde dans sa main, vidant sans aucun remord les deux autres dans la sienne.

Et c'est une Léonie fuyant avec un chaudron de moules, répandant le bouillon au passage, qui le recroise.

Calmement, sans un mot, Dante lance les deux bourses au tenancier qui les réceptionne d'un geste leste. Manifestement, il est habitué aux bagarres même s'il fait son farouche. Mais ce n'est pas grave, le mercenaire s'en fout. Il recoit assez de fric de quoi réparer en masse les préjudices subits, il a juste maintenant à fermer sa grande gueule et à ramasser les trou du culs. Sans un mot, il ramasse son matériel. En client poli et bien élevé. Il s'arrête un court instant devant la table, contemplant le poisson a demi dévoré et les légumes saccagés. Posément, il ramasse le linge contenant le poisson fumé et salé. Au moins il n'aura pas tout perdu.

Sur une dernière œillade de miel et de vert radioactif sur le marchand et sa fille, la mâchoire serrée, Dante incline légèrement la tête en un au revoir manifeste adressé plus particulièrement sur la donzelle qu'il couve d'un regard aussi intense que bref avant de quitter sans un mot, en client bien élevé, son paquetage sur l'épaule, la cape en travers du bras et l'arc à a main, piétinant sans remord ni délicatesse les corps jonchant l'entrée. L'air marin lui fouette le visage, l'odeur d'iode lui remplit les poumons. Mais même s'il inspire profondément, Dante ne laisse filtrer aucun son.

La bonne nouvelle c'est qu'il a arrêté de pleuvoir. Finalement il pourra aller manger son ragoût chez la Veuve. Un hennissement l'accueille alors sur le spectacle des deux en train de s'en aller. S'immobilisant un court instant, il ne fait que lever un sourcil, soulignant la pâleur de ses iris.

Alors c'est ça? On bastonne et après on fuit comme des voleurs?

Avec une lenteur délibérée, sans rien dire pour ne pas plomber l'ambiance jouasse, l'estreventin se tourne vers sa monture piaffante et renâclante.