[Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren

La nouvelle joie de vivre d'Anaëlle était contagieuse et Efren lui répondait avec un sourire aussi radieux que le sien. Elle déclara elle-même être heureuse et, s'il n'avait jamais pu le constater de ses propres yeux, il entendait à sa voix qu'elle semblait différente de la jeune servante qu'il avait côtoyé jusqu'alors. Tout semblait avoir changé depuis leur premier baiser... Peut-être même un tout petit peu avant car il l'avait entendu rire pour la première fois alors qu'elle écrasait la neige sous ses pieds. A bien des égards, elle était encore une enfant mais l'adolescent savait que ce n'était pas tout à fait vrai. Elle avait connu tant de violence et d'horreur qu'il était impossible qu'elle le soit totalement.
En revanche, son histoire avait créé des manques dans ses apprentissages. Elle n'avait connu que la peur et la souffrance, les autres émotions lui étaient presque étrangères et elle ne savait donc pas les gérer. Elle les vivait, tout simplement, se montrant des plus expansives. Elle qui voulait dissimuler leur relation, il se demandait si elle parviendrait à ne pas se trahir elle-même sans le fuir toute la journée.

-Soit la plus naturelle du monde avec moi. J'adore te voir comme ça... Quémanda-t-il avec tendresse.

Les yeux vermeil d'Efren luisaient de bonheur tandis qu'un doux sourire illuminait son visage. C'était la première fois de sa vie qu'il ne se posait pas la moindre question et ne pensait pas au lendemain. Enfin si... Comment ne pas y penser après leur conversation ? Mais il ne s'était jamais projeté aussi loin et jamais dans une telle quiétude. Il s'imaginait dans cette maison pleine de fleurs et d'animaux, avec elle... et il était serein quant à l'avenir.

Anaëlle vint se blottir contre lui, conservant la main sur sa joue, il la serra tendrement pour lui partager son bien-être et son affection. Les secondes défilèrent et c'était comme s'ils se trouvaient dans une petite bulle de verre, totalement isolés du monde extérieur et même du temps. Il ferma les yeux et s'imprégna de ce moment. Il sentait battre le cœur d'Anaëlle contre le sien. Sa main caressait le dos de la jeune fille dans un doux frottement de tissu. Les cheveux de la belle se mêlaient à ses doigts qui avaient migré derrière sa tête. Son odeur chatouillait ses narines, lui apportant un peu plus de bien-être.
Finalement, la belle servante se redressa. C'était vrai qu'il n'y avait plus un bruit. Cela faisait longtemps qu'Efren n'était pas veillé aussi tard mais il ne ressentait aucune fatigue. Il aurait pu rester là toute la nuit... Mais il leur fallait bien un peu de repos. Son expression toujours tendre, il hocha simplement la tête.

-D'accord.

Elle devait aller se coucher. S'il pouvait traîner un peu au lit demain, elle ne le pourrait pas. Cependant, il doutait de parvenir à plonger dans un long sommeil. Il le fuirait sans doute un moment avant de finalement sombrer de fatigue puis il se réveillerait aux aurores sans parvenir à fermer l’œil une minute de plus et se lèverait.

S'il s'éveillait assez tôt, il pourrait peut-être croiser Anaëlle quand elle irait s'occuper de Louise ?

L'idée germa mais fut mise de côté alors que la jeune fille lui soumettait une requête. Il étira un nouveau sourire amoureux et amusé.

-Même si j'avais quelque chose de prévu, je n'hésiterai pas une seconde à l'annuler pour toi. Deuxième leçon demain soir, suivi d'un moment comme celui-là...

Il avait prononcé ces derniers mots un peu plus bas avant que son front ne se pose sur celui de sa petite amie, la regardant toujours dans les yeux. Il se ferait un plaisir de lui donner un autre cours et les minutes de tendresse qu'ils échangeraient ensuite ne feraient qu'ajouter à son bonheur.
Le tout jeune couple finit par se lever et ils se dirigèrent main dans la main vers la porte. Là, Efren retint Anaëlle un petit moment supplémentaire. Ils ne se verraient pas avant plusieurs heures et ne pourraient sans doute pas s'approcher avant le soir. Ils firent donc le plein de baisers et d'étreintes, profitant et partageant leur affection mutuelle. Mais la jeune fille devait bien partir tôt ou tard... L'adolescent demeura derrière la porte afin qu'on ne le voit pas depuis le couloir et il observa sa petite amie disparaître de son champ de vision après un dernier "bonne nuit". Mais même une fois seul, son sourire ne le quitta pas. Il était heureux... Tellement heureux. Ses lèvres s'étirèrent plus encore alors qu'il visualisait le visage de sa bien-aimée, non pas parce qu'il se l'était créé dans son esprit... mais parce qu'il l'avait gravé dans ses souvenirs. Cette journée avait été si belle et cette soirée... Tout simplement magnifique. Il avait la sensation qu'il pourrait aller loin avec Anaëlle. Très loin...