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 La fille de l'assassin [Solo PNJ Guilin]

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Zaahrian Las'Danir
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MessageSujet: La fille de l'assassin [Solo PNJ Guilin]   La fille de l'assassin [Solo PNJ Guilin] I_icon_minitimeLun 7 Sep 2020 - 17:52


4ème jour de la 6ème ennéade,
Karfias,
An 18 du 11ème cycle

Le soleil de l’après-midi éclairait brillamment la cour de la maison de Zaahrian ou la demeure Las’danir si on devait lui donner un nom. L’endroit était paisible et plutôt silencieux malgré la présence d’esclave s’affairant ici et là à leurs tâches. C’était une grande maison, pas aussi splendide que les palais des Princes marchands, mais assez vaste pour montrer que Zaahrian était aisé. Le propriétaire des lieux ne recevait jamais d’invités et c’était d’autant plus vrai qu’il était absent depuis près de deux mois. Parti gambader joyeusement chez les elfes, il avait laissé sa maison à la disposition de Guilin avec pour seule instruction de ne pas bouger de là. L’assassin lui avait juré qu’il allait revenir et que, cette fois, il allait lui écrire. Zaahrian avait tenu sa promesse et les missives étaient arrivées à un intervalle assez régulier. Dans chacune d’elle, il narrait ses aventures avec une candeur qui rappelait celle d’un enfant. Dans les dernières lettres, il avait même inclus quelques phrases en elfique. Guilin ne pouvait pas les lire, mais Zaahrian avait promis de lui apprendre dès son retour. Le retour était prévu pour bientôt. La fin de l’hiver approchait et il avait promis de revenir au début du printemps. Guilin n’allait pas l’admettre, mais il s’ennuyait.

Guilin avait profité de l’absence de Zaahrian pour se remettre de la terrible épreuve qu’il avait traversée. Malgré l’insistance de son ami, il s’était montré avare de détails dans le récit de son aventure. Zaahrian était loyal au-delà de tout ce que l’on pouvait imaginer et s’il apprenait l’identité des responsables, il n’hésiterait pas un instant à le venger. Or, il était peut-être le plus doué de tous, mais ça serait aller à une mort certaine. Guilin avait donc gardé le silence à la grande frustration de Zaahrian. Il pouvait supporter ses enfantillages, mais il ne pourrait pas supporter de le voir mort. Les ennéades avaient donc passé. Il avait repris du poids et ses blessures avaient guéries ne laissant que de pâles cicatrices derrière. La plus visible était certainement celle sur son visage. Si un côté était encore séduisant, l’autre portait la marque d’un couteau qui barrait l’orbite et descendait jusqu’à sa mâchoire. L’œil était encore là, mais il avait pris une teinte laiteuse et Guilin ne voyait rien de plus qu’un peu de lumière. Avant, il était un excellent archer, mais il avait dû réapprendre péniblement au prix de plusieurs flèches égarées et brisées. Guilin était persévérant et il consacrait une partie de ses journées à réapprivoiser son arc et à compenser son handicap. Ce jour n’était pas une exception et c’est pourquoi il était perché sur le toit, son arme à la main. Les tuiles cliquetèrent entre elles lorsqu’il changea de position. Guilin n’essayait pas d’être discret. Le visage concentré, il plissa les yeux afin de mieux voir sa cible. Il avait placé un pantin d’entraînement dans un coin de la cour et, de là où il se trouvait, il ne disposait qu’un d’un angle très étroit pour l’atteindre. Même avec ses deux yeux, le tir aurait été compliqué, mais Guilin n’était pas de ceux qui cherchaient à se faciliter la vie. Il prit son arc, encocha une flèche et banda la corde. L’arme craqua légèrement. Il prit une profonde inspiration. Une fois, deux fois et à la troisième, il retint son souffle et décocha la flèche. Elle rata sa cible et alla plutôt se fracasser contre une colonne. L’assassin souffla bruyamment par ses narines. Il prit aussitôt une autre flèche et recommença. Cette fois, il décala légèrement son alignement. Il tira. La flèche fila dans les airs pour aller se ficher dans la tête du mannequin avec un « tonk » parfaitement audible rapidement suivi d’un bruit de porcelaine fracassée et des cris apeurés d’une femme. Guilin bondit de son perchoir et descendit sans effort dans la cour où il trouva une esclave. Elle n’avait pas été blessée par la flèche, mais elle l’avait surprise, lui faisant échapper le plateau qu’elle transportait. Apparemment, elle venait lui apporter son repas, mais le poisson et les légumes gisaient maintenant au sol à travers des éclats de porcelaine, de même que la carafe de vin.

« J’ai donné comme instruction d’éviter la cour lorsque je m’entraîne. » Ce n’était pas vraiment un reproche, mais plutôt le rappel d’un fait. Le regard de la jeune femme allait de la flèche plantée dans la tête du mannequin aux vestiges du repas. Elle se précipita pour le ramasser.

« Je sais! Je suis désolée… Je… Je venais vous apporter votre repas... »

Guilin vint l’aider sans dire un mot.

« Oh non, laissez! C’est moi qui ai été maladroite... »

Il avait beaucoup de mal à se montrer dur avec les esclaves. Il comprenait comment ils pouvaient se sentir. Ainsi, il essayait au mieux de se montrer juste en sachant que les libérer n’était pas forcément la meilleure chose à faire. Plusieurs d’entre eux n’avaient tout simplement nulle part où aller et risquaient un destin bien plus tragique dans les rues de la cité que dans le confort de cette maison.

« Faites simplement attention. Je ne voudrais pas vous blesser par accident. »

Elle hocha timidement la tête. Elle était de celles qui ne semblaient pas impressionnées par la cicatrice qui barrait son visage, mais comme toutes les esclaves, elle n’osait pas le regarder dans les yeux. Parfois, il avait l’impression qu’elle essayait de le séduire, mais avec une esclave, c’est impossible de savoir si c’était sincère ou simplement une façon pour elle d’essayer d’améliorer son sort. Guilin tendit la main pour prendre un morceau de porcelaine au même moment où voulut faire la même chose et ils se touchèrent. L’assassin la vit clairement tressaillir et une teinte rosée se répandit doucement sur ses joues.

« Ce soir, vous pouvez venir dans ma chambre… si vous voulez. » Il n’allait pas la forcer et il n’en avait pas vraiment envie non plus. Pourquoi lui demander dans ce cas? Guilin en avait besoin et si elle était partante pour lui offrir ce bref moment… La tête baissée, elle acquiesça avant d’oser lever les yeux sur lui. Le sourire qu’elle avait sur les lèvres était suffisant pour le convaincre qu’elle en avait envie. Guilin ne dit rien et se releva plutôt alors qu’il entendait des bruits de pas venir vers eux. C’était Joran, un homme d’un âge assez avancé, mais encore solide sur ses jambes. Il était un esclave aussi, mais il avait suffi d’une conversation pour que Guilin comprenne qu’il était bien plus éduqué que les autres qui servaient cette maison. L’assassin avait donc décidé de le retirer des tâches manuelles pour l’employer à la gestion. Il avait déjà occupé ce poste par le passé et, jusqu’à maintenant, il se montrait parfaitement efficace, bien plus que l’actuel propriétaire de la maison.

« Qu’est-ce qui se passe? »

Si l’expression sur le visage de la jeune femme montrait qu’elle était tout à fait disposée à partager son lit, celle de Joran montrait plutôt qu’il y avait un problème et qu’il ne savait pas trop comment s’en occuper.

« Pour tout dire, je ne sais pas trop moi-même. » Commença l’homme avec un accent que Guilin n’arrivait toujours pas à identifier. « Il vaut mieux que vous veniez voir. »

C’était une petite fille. Une petite fille maigrichonne pour être plus précis avec ses cheveux blond sale, des yeux bleu gris que Guilin avait déjà vus quelque part et un air de défis sur le visage qui lui était tout aussi familier. Il avait du mal à juger, mais elle ne devait pas avoir plus de cinq ans et elle avait les oreilles légèrement en pointe. Quelque chose se tordit dans son estomac, mais il ne laissa rien paraître sur son visage alors qu’il s’agenouillait pour se mettre à la hauteur de l’enfant. Son regard ne quitta pas celui de Guilin même si l’incertitude semblait grandir en elle à mesure que le silence perdurait.

« Qui es-tu et que fais-tu ici? » Demanda enfin Guilin. Pour la deuxième question, il avait déjà une petite idée, mais pour la première…

« Mon nom est Aia. Mon papa vit ici. »

« Et qu’est-ce qui te dit que ton papa vit vraiment ici? »

« C’est maman. »

Aia était visiblement négligée. Il était plus que probable qu’elle ait passé toute sa vie dans la rue. Sa mère était sûrement une prostituée qui n’avait pas le luxe d’être dans une maison close et qui s’était résolue à vendre ses charmes aux passants. Elle avait sûrement croisé la route de Zaahrian et était tombée enceinte. Une femme comme elle ne pouvait pas être certaine de l’identité du père avant que l’enfant ait suffisamment grandi. Aujourd’hui, il n’y avait aucun doute possible même si Guilin peinait à y croire. Zaahrian ne couchait pas avec les femmes. Il ne cachait pas son attirance pour les hommes alors comment c’était arrivé. L’assassin lui avait confié avoir traversé une période difficile après la mort de son père et sa disparition. Il avait passé deux années à boire au point qu’il n’était pas trop certain de ce qu’il avait fait pendant cette période. Du coup, l’explication la plus plausible c’est qu’un soir, il avait bu et il était tellement ivre qu’au moment de croiser la mère d’Aia, le fait qu’elle soit une femme n’avait pas fait de différence pour Zaahrian. Il devait être vraiment saoul. Encore étonnant qu’il ait pu arriver à quelque chose… Enfin, clairement il y était arrivé, car le résultat se tenait sous ses yeux.

« Ton père n’est pas là. Il est absent et il ne sera pas là enfant un moment. Il a dit qu’il reviendrait au début du printemps, mais avec Zaahrian, c’est toujours une surprise. »

Guilin se releva pour s’adresser à l’intendant, mais c’est ce dernier qui parla en premier.

« Êtes-vous vraiment certain que c’est sa fille? »

Il avait posé la question prudemment. Peu d’esclaves oseraient remettre en doute les décisions de leur maître, mais Joran était confortable et connaissait la limite à ne pas franchir. Guilin était peu expressif, mais il était juste et sensible aux opinions des autres.

« Ils ont les mêmes yeux et sans doute la même couleur de cheveux une fois qu’ils seront lavés. Et puis, Zaahiran... » Il s’interrompit à la recherche de ses mots. «  Zaahrian est le genre de personne qui choisit sa famille. Les liens de sang n’ont pas vraiment d’importance à ses yeux. Enfin, oui c'est important pour lui, mais s'il décide que c'est sa fille, alors c'est sa fille. C'est tout. Je ne peux pas remettre Aia à la rue et si c’est vraiment sa fille, il a le droit de savoir. Il décidera ce qu’il faut faire à son retour. En attendant, on va bien la traiter. Elle a besoin d’un bain, de vêtements propres ainsi que de nourriture. On verra dans les prochains jours si elle est trop demandante et qu’il faut trouver une nourrice afin de s’occuper d’elle. »

De son côté, Guilin voulait essayer de trouver sa mère. Il ne savait ce qu’il en ferait, peut-être la ramener ici et lui offrir une position dans la maison. Elle n’acceptera probablement pas, car les femmes comme elles sont généralement trop fières pour accepter la charité. Peut-être que de savoir que sa fille est en sécurité lui est suffisant. En tout cas, il va essayer parce qu’Aia a tout de même besoin d’elle.

« Je sors… J’en ai pour quelques heures. Il ne devrait pas avoir de problèmes. »

Il passa à côté de la petite et alors qu’il s’apprêtait à franchir le pas de la porte, Guilin s’arrêta pour se retourner vers l’intendant.

« Essayer quand même de la garder à distance des objets pointus. Quand vous lui aurez trouver une chambre, regarder bien sous le matelas et derrière les meubles. Zaahrian à la fâcheuse tendance à cacher des armes partout. »
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MessageSujet: Re: La fille de l'assassin [Solo PNJ Guilin]   La fille de l'assassin [Solo PNJ Guilin] I_icon_minitimeJeu 15 Oct 2020 - 0:06

Retrouver la mère d’Aia dans les rues de Thaar revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin. Trop pressé de quitter la maison, Guilin n’avait même pas pensé à demander son nom. C’était pourtant la première chose à laquelle il aurait dû penser. Certes, il n’était pas trop tard. Il pouvait encore revenir sur ses pas et questionner la petite, mais en faisant ça, il risquait aussi de lui donner de faux espoirs. Cette femme venait d’abandonner sa petite fille. Elle avait probablement de bonnes intentions, mais les bonnes intentions ne justifiaient pas tout et ne rendaient certainement pas acceptable un abandon aux yeux de Guilin. Si elle avait frappé à la porte avec sa fille, il l’aurait aidé. Il lui aurait donné une chambre et tout le confort nécessaire en attendant le retour de Zaahrian et ce dernier ne l’aurait probablement pas jeté à la rue, surtout pas la mère de sa fille, peu importe ses sentiments pour elle. Elle avait choisi la fuite, soit par couardise ou pour une raison qui échappait totalement à Guilin. Lui-même avait grandi sans parents. Ce qu’il était advenu d’eux, il ne le savait pas. Il ne pouvait pas dire s’ils ont été tués, s’ils l’ont abandonné ou si on l’avait kidnappé, laissant un berceau vide à être découvert par une mère. Il n’était qu’un bébé lorsqu’il s’est retrouvé dans les griffes de Daeron. Il n’avait donc aucun souvenir d’eux. Il ne connaissait pas non plus leurs noms et le seul indice sur leur apparence physique venait de son reflet dans le miroir. Il était un demi-elfe et le sang sylvain coulait fort dans ses veines, c’était tout ce qu’il pouvait dire. Certains pourraient penser qu’on ne peut pas vraiment s’ennuyer de quelque chose que l’on a jamais connu, mais Guilin se questionnait souvent sur l’identité de ses parents. Par conséquent, si peu de choses arrivaient à l’émouvoir, certains événements venaient tout de même toucher des cordes plus sensibles que d’autres. Il n’était pas certain de ce qu’il allait lui dire s’il la retrouvait, mais contrairement à Zaahrian, Guilin pardonnait nettement moins facilement les gens qui le décevaient.

Guilin partit du principe qu’elle ne devait pas être loin. Elle venait tout juste de déposer Aia sur le pas de la porte de Zaahrian. Ils étaient dans les beaux quartiers, un peu en périphérie, mais encore assez près des belles demeures pour qu’une femme comme elle ne passe pas inaperçue. Enfin, c’est ce qu’il pensait, mais c’était une belle journée et il y avait du monde. Il y a toujours du monde à Thaar, la question ne se posait même pas. Guilin marchait parmi les gens, essayant de capter leur regards, mais il devint vite évident qu’il ne savait pas trop ce qu’il cherchait. Pourquoi s’infligeait-il ça? Parce que c’est ce que Zaahrian aurait fait. Il n’aurait pas hésité une minute et il se serait lancé dans cette quête insensée pour retrouver une femme qui ne voulait probablement pas être trouvée. Il était comme ça Zaahrian, un chevalier sans armure. Le pire c’est qu’à chaque fois qu’il tendait la main pour aider quelqu’un, il n’arrêtait pas de se plaindre. Il se mettait dans des situations incroyables et jurait à chaque fois qu’il ne recommencerait pas. Malgré tout, il le faisait encore, parce que c’était la chose décente à faire et surtout parce que c’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour laver le sang sur ses mains. Ça, il en avait beaucoup. Si tout semblait les opposer de prime abord, il y avait une chose qui les unissait au-delà de tout le reste, Daeron. Daeron voulait avoir de l’influence à Thaar et si tu n’as pas la fortune nécessaire pour devenir un Prince Marchand, tu t’arranges pour devenir indispensable. C’est ce qu’il a fait, mais là où il aurait pu se contenter de recruter des adultes, il voulait s’assurer de la loyauté sans faille de ses ouailles. En les prenant dès le berceau, il pouvait dès le plus jeune âge modeler leur esprit et en faire des armes parfaites. Il avait réussi avec Guilin, mais pas avec Zaahrian. Il en fit un assassin hors pair, mais il n’a jamais réussi à briser entièrement sa personnalité. Finalement, Daeron fit le faux-pas de trop et son arme se retourna contre lui. Guilin lui en avait voulu pour ça. Il avait perdu son point de repère aussi destructeur qu’il pouvait être, mais Zaz lui avait promis qu’il n’allait jamais le laisser tomber. Ils étaient frères et il allait l’aider. De toute façon, ils avaient besoin de l’autre pour vivre. Guilin était pour Zaahrian une sorte d’éminence grise qui le forçait à ralentir et à réfléchir avant d’agir. À l’inverse, le blond lui apprenait à s’ouvrir aux autres et à vivre. Guilin sentait en lui des dommages qui ne pourraient pas être réparés, mais Zaahrian agissait comme un baume sur ses blessures. Il était aussi un emmerdeur de premier ordre, mais ça ne serait pas son frère s’il ne l’était pas.

Bien vite, Guilin se rendit compte qu’il ne cherchait plus. Il marchait simplement dans les rues sans avoir un but en particulier. De toute façon, elle pouvait être n’importe où et il lui était impossible de garantir qu’il ne lui ferait aucun mal s’il devait la trouver. Il était agacé et le mieux qu’il pouvait faire c’était de se changer les idées avant de rentrer. Donc, il marcha, tournant ici et là au gré de ses envies. Il traversa les marchés et les échoppes en restant sourd aux appels des vendeurs. Parfois, ses narines captaient une odeur alléchante d’épices et de viandes qui lui rappelait qu’il n’avait toujours pas mangé. Après tout, son repas avait fini sur le sol. Peut-être qu’il allait s’arrêter, mais pas tout de suite. Éventuellement, il fit son chemin vers l’un des quartiers pauvres de la ville. Là, les taudis s’entassaient les uns sur les autres et des familles entières vivaient souvent dans une seule pièce. Il y avait des enfants partout, tous aussi sales et misérables les uns que les autres, tous très semblables à Aia. On le regardait avec méfiance, mais dans les yeux de certains, l’assassin reconnaissait l’éclat de la convoitise. Guilin était mieux habillé que tout le monde ici. S’il avait une arme à sa ceinture, il devait aussi y avoir une bourse et le désespoir était assez grand pour prendre le risque. Guilin posa la main sur le manche de sa dague et continua son chemin.

C’est dans une rue comme celle-là qu’Aia était venu au monde. Si sa mère voulait lui donner une chance dans la vie, ce n’était pas ici qu’elle allait la trouver. Les plus chanceux arrivaient à trouver du travail à la journée, en général mal payé et dangereux. Les autres se tournaient vers la mendicité, le vol ou la prostitution. Enfin, certains se résignaient à se vendre comme esclave dans l’espoir d’avoir de meilleures conditions de vie. Parfois, ils avaient de la chance, mais le prix restait lourd à payer. Tu cessais d’être une personne pour devenir un objet soumis aux désirs et volontés d’un maître. Guilin l’avait déjà vécu et il fera tout ce qui était en son pouvoir pour être certain que ça ne lui arrive plus.

En tournant au coin d’une rue étroite, une odeur le saisit soudainement à la gorge. Ces taudis ne sentaient déjà pas la rose, mais au-dessus de la crasse et des excréments, flottait celle indéniablement reconnaissable de la mort. Les narines de Guilin frémirent. Quelqu’un ou quelque chose était mort depuis un certain temps déjà et personne n’avait pris la peine de faire disparaître le corps. Le semi-elfe n’eut pas de mal à en trouver l’origine. C’était un chien. La gueule de l’animal était grande ouverte, ses babines retroussées sur de longues canines jaunâtres. Ses yeux avaient complètement disparu, dévorés par les asticots. D’ailleurs, un nuage dense de mouches flottait autour de la carcasse dans un bourdonnement incessant. Si près de l’animal, l’odeur était suffocante et lui brûlait la gorge, mais il ne pouvait s’empêcher d’être fasciné par le spectacle. Il pouvait voir la peau frémir sous l’action des insectes venue se repaître. D’ici peu, il ne restera que quelques touffes de poils et les os. Même après la mort, la vie n’abandonnait pas totalement le corps. Elle était différente, certes, mais ça restait quand même la vie. Ça montrait aussi que la mort de l’un pouvait être une bénédiction pour d’autres.

Guilin finit par lever les yeux. Il était resté là déjà trop longtemps et commençait en sentier un léger élancement au niveau des tempes. Alors qu’il reprenait son chemin, il la vit. C’était une femme largement enceinte qui l’observait depuis la porte de son taudis. Elle avait un visage plutôt ingrat où oscillaient méfiance et curiosité.

« Perdu? »

« Je cherche quelqu’un. » Répondit simplement Guilin en s’approchant de quelques pas tout en veillant à conserver une bonne distance entre elle et lui. Elle ne semblait pas dangereuse, mais ici, les apparences sont souvent trompeuses. Il n’avait pas envie de se faire avoir.

« Ça m’aide pas beaucoup. »

« C’est une femme. Je ne connais pas son nom, mais elle a une fille du nom Aia. La gamine est haute comme ça. » Il fit un geste avec sa main. « Elle a les cheveux blonds et les yeux gris. Elle est plutôt maigrichonne. »

La femme gloussa de rire. « Tous les enfants ici sont maigres! »

Guilin remarqua qu’il lui manquait plusieurs dents dans la bouche.

« Vous la connaissez? »

Elle ne répondit pas tout de suite. Visiblement, elle était en train d’analyser ses options. Ici, les informations se monnayaient d’une façon ou d’une autre. Guilin n’aura pas de réponses sans y laisser quelque chose, mais l’assassin n’était pas non plus vraiment disposé à négocier. Le mal de tête né plus tôt semblait vouloir persister.

« P’têtre que oui, p’têtre que non. J’ai quoi en échange? »

« L’affaire est importante et je n’ai pas envie de négocier. Alors, répondez à ma question honnêtement et peut-être que je serai moins tenté de vous ouvrir le ventre de la même façon qu’on éviscère un poisson. Ça fera un marmot de moins dans cette ville et ça vous évitera d’en pondre d’autres. Croyez-moi, je sais quand quelqu’un ment... »

Glaciale, voilà comment était Guilin. Il avait parlé calmement sans dire un mot plus fort que les autres, une voix presque caressante et c’était probablement ça qui rendait la menace plus efficace encore. La femme le comprit alors qu’elle croisait convulsivement ses bras sur son ventre rebondi. Guilin l’observait toujours sans bouger, le visage parfaitement impassible, tellement différent de Zaahrian…

« J’connais pas de fille qui s’appelle Aia. Laissez-moi tranquille! »

Elle battit en retraite à l’intérieur de la maison et ferma la porte. Elle disait vrai, Guilin le savait. De toute façon, la probabilité qu’elle connaisse réellement Aia et sa mère était faible. L’assassin décida de ne pas s’attarder plus longtemps ici.
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MessageSujet: Re: La fille de l'assassin [Solo PNJ Guilin]   La fille de l'assassin [Solo PNJ Guilin] I_icon_minitimeMar 3 Nov 2020 - 0:51

Guilin repoussa autant que possible le retour à la maison, multipliant les détours et les arrêts en chemin. Il se sentait stupide, stupide de redouter la présence de cette gamine. Il ne savait pas exactement pourquoi, mais elle suscitait chez lui des sentiments négatifs, quelque chose qui s’apparentait à de la jalousie. Pendant un moment, un infime instant, il envisagea de la faire disparaître. Ça serait facile, ce n’était qu’une enfant sans défense, mais avant même d’avoir entièrement formulé cette pensée dans son esprit, il savait que c’était impossible. D’abord pour une raison pratique : trop de personnes connaissaient maintenant l’existence de l’enfant. Même s’il arrivait à terroriser suffisamment tous les esclaves de la maison pour qu’ils se taisent, le risque que l’un d’eux finisse par tout dévoiler était trop grand. Il ne pouvait pas tous les tuer non plus. C’était trop de corps à disparaître et il doutait d’arriver à trouver une explication satisfaisante pour justifier à Zaahrian un renouvellement complet de son personnel de maison. Ensuite, il ne pouvait pas lui faire ça. Il avait le droit de la voir et de peut-être connaître cette joie. Sans avoir l’absolue certitude qu’Aia était bien la fille de son frère, il était indéniable qu’elle lui ressemblait. Il devait donc laisser la chance à Zaahrian de la rencontrer et de faire son choix. Il sera certainement terrifié. Il refusera peut-être même d’y croire, mais il lui sera difficile de nier la ressemblance. Guilin savait aussi qu’à partir de ce moment, Zaahrian pourrait entrer en guerre contre le monde entier afin d’assurer un avenir paisible à cette petite fille. La vie de l’assassin deviendrait une monnaie d’échange qu’il n’hésiterait pas à sacrifier pour elle. Il était déjà capable de le faire pour les personnes qui lui sont chères, alors pour son propre sang... Zaahrian lui avait raconté ce qu’il avait fait suite à la mort de son père et sa propre disparition. Il avait la certitude de n’avoir plus rien à perdre, alors il était foncé tête première dans cette forêt afin de tuer l’elfe responsable de la mort d’Halandarin. C’était peut-être ça qu’il redoutait le plus, perdre son frère à cause d’une gamine qui avait tout de la petite emmerdeuse. Méritait-elle tous les sacrifices que son père serait prêt à faire pour elle? Il savait que vouloir la mort d’un enfant était horrible, mais il avait du mal à ressentir la honte qui arrêterait la main de toute personne normalement constituée. Il comprenait pour c’était horrible et le sentiment était là, mais il était engourdi, étouffé par l’enseignement déviant de Daeron. Il ne fallait pas s’arrêter à l’identité de la personne à éliminer, mais plutôt aux conséquences que sa mort entraînerait ou, dans ce cas, préviendrait. Guilin ne le fera pas pour toutes ces raisons et pour bien d’autres encore, mais cette pensée resta en lui sans doute par culpabilité.

Il finit par s’arrêter pour manger, réalisant que son mal de tête persistant ne venait pas de sa rencontre avec le chien, mais plutôt par son estomac vide. Assis au fond d’une taverne, il mangea en silence décourageant d’un seul regard tous ceux qui seraient tentés de l’approcher. Guilin n’avait pas envie de discuter, préférant ruminer ses sombres pensées. Les dernières lueurs du jour paraient le ciel de couleurs éclatantes lorsque Guilin arriva au port. Il marchait maintenant depuis des heures et la fatigue se faisait sentir dans ses jambes. Malgré l’heure tardive, le port grouillait encore d’activité. Les équipages profitaient des derniers moments de clarté pour vider les cales ou les remplir. Guilin s’avança vers les quais en évitant les débardeurs et les énormes tonneaux qu’ils faisaient rouler. Il pouvait sentir l’alcool à travers les effluves de poissons. Les navires arborant une multitude de pavillons colorés tanguaient doucement sous l’effet de la marée. Le spectacle était plutôt joli, paisible. Il allait se trouver un endroit où il pourrait admirer le coucher du soleil lorsqu’un petit attroupement attira son attention. Sur l’un des quais, cinq ou six hommes discutaient avec animation autour d’une forme étendue sur le sol. Ce sont les nombreux regards lancés en direction du port qui convainquirent Guilin de s’approcher. Il y avait manifestement un problème. Il constata bien vite que la forme au sol était un tas de vêtements mouillé. Non, c’était une femme.

« Il y a un problème? »

Ils étaient cinq. Trois d’entre eux étaient des matelots à en juger par leur habillement. Chacun avait des mains aussi larges que des assiettes. Leur attention était tournée vers un homme mieux habillé, mais au visage buriné comme quelqu’un qui a passé beaucoup de temps au soleil. Ce devait être le capitaine. Il avait un regard vif et intelligent et l’attitude générale de quelqu’un qui n’est pas facilement impressionnable. Le cinquième se démarquait des autres. Il portait des vêtements couteux, mais défraichis sans doute par le voyage en bateau. Son visage était jeune et la moustache blonde qu’il arborait ne faisait rien pour cacher le fait qu’il était tout juste un homme. Un fils de marchand faisant le voyage seul peut-être pour la première fois et qui se trouvait confronté à une difficulté qu’il n’avait pas prévue et qui en était visiblement fâché.

« Cette garce a décidé d’en finir en se jetant du quai devant le bateau. » Cracha-t-il, son teint délicat s’empourprant un peu plus à chacune de ses paroles.

Le capitaine jeta un regard de biais à son employeur avant de reprendre d’un ton nettement plus courtois.

« Tout ce qu’on a entendu c’est le bruit de quelqu’un qui tombe à l’eau. Le temps qu’on la retrouve dans cette eau trouble, il était déjà trop tard. Avec ces vêtements gorgés d’eau, elle a coulé comme une pierre. »

Il haussa les épaules. Cette femme s’était jetée à l’eau, parce qu’elle voulait mourir. Elle n’avait pas essayé de remonter à la surface. Elle avait laissé l’eau l’avaler complètement. Guilin se pencha sur le corps. Ses cheveux lui cachaient la moitié du visage. Délicatement, il les écarta et dévoila du même coup une oreille délicatement pointue.

« Quelqu’un aurait une lampe ou une torche pour faire un peu de lumière. »

Il y eut un peu d’agitation et une lampe fut apportée. Guilin la pencha près du corps et éclaira le visage de la morte. Elle était décédée depuis peu, mais il était déjà difficile de deviner à quoi elle pouvait ressembler de son vivant. Elle n’était pas repoussante ou particulièrement effrayante, mais elle avait cet aspect étrange qui donnait froid dans le dos à la majorité des gens.

« C’est une semi-elfe... » Commenta le jeune marchand. « Vous la connaissiez? »

Guilin leva sur lui un regard neutre du genre de ceux que l’on fait à quelqu’un venant de dire quelque chose de particulièrement stupide sans pour autant le dire de vive voix.

« Ce n’est pas parce que je suis un semi-elfe aussi que je les connais tous. »

Il se redressa en essuyant ses mains sur son pantalon.

« J’étais à la recherche d’une femme qui correspond à cette description. Elle a laissé sa fille à la maison d’un ami en disant qu’il en est le père. »

« Ah! On ne peut pas espérer mieux d’une catin! »

Un autre regard. Soit ce jeune homme essayait vraiment fort de gagner le respect de son équipage, soit il était juste stupide. La réponse devait se trouver quelque part entre les deux.

« La fille est assez vieille pour qu’on puisse effectivement voir une ressemblance entre elle et mon ami, le genre qui ne laisse place à aucun doute. Je pense qu’elle a abandonné la fille parce qu’elle était désespérée et elle a décidé d’en finir. »

Ce n’était rien pour améliorer l’opinion de Guilin envers elle, bien qu’il soit impossible de savoir hors de tout doute si c’était bien là la mère d’Aia sans faire voir le corps à la fillette. Il ne le fera pas. Il avait déjà passé beaucoup trop de temps sur la question. Si Zaahrian décidait de tenter sa chance à son retour, il allait lui raconter l’histoire de cette femme et il y avait de fortes chances qu’il arrive aux même conclusions que lui.

« Vous avez alerté la garde? »

« Oui, j’ai envoyé un garçon avertir les surveillants du port. Je crois qu’ils approchent. »

Le capitaine fit un signe de la tête. Guilin se retourna. Des hommes armés venaient vers eux. L’un d’eux guidait une mule tirant une charrette.

« Je vous laisse entre leurs mains. »

Guilin tourna les talons.

« Attendez! Si vous avez la fille, vous pourrez peut-être récupérer le corps… »

« Non, il y a déjà une gamine qui pleure pour une mère qui l’a abandonné. Mieux vaut que ça reste comme ça. »

Il les salua d’un signe et s’en alla. Quand le capitaine et le marchand expliquèrent aux gardes ce qui était arrivé, ils furent particulièrement intéressés par Guilin et la petite fille. Toutefois, quand ils voulurent le questionner sur son implication dans cette histoire, ils ne le trouvèrent nulle part. C’était comme s’il s’était évaporé. Finalement, ils n’eurent pas d’autre choix que de ramasser le corps et de le disposer dans une fausse commune avec tous les autres morts anonymes de la journée.
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MessageSujet: Re: La fille de l'assassin [Solo PNJ Guilin]   La fille de l'assassin [Solo PNJ Guilin] I_icon_minitimeDim 31 Jan 2021 - 12:57

Quelque part au printemps...

Un sac à l’épaule, un homme de haute taille remontait les rues de Thaar en direction des beaux quartiers et de ses maisons fastueuses. Il était d’humeur joyeuse, marmonnant pour lui-même les paroles d’une chanson particulièrement grivoise sans se soucier qu’on puisse l’entendre. Zaahrian était enfin de retour dans la ville qu’il chérissait tant. Le voyage l’avait épuisé, mais la simple vision de son chaos perpétuel avait suffi à le revigorer. Il n’était plus dans l’Anaëh aussi paisible que mortel que les elfes affectionnaient tant. Autour de lui s’élevaient les rires gras et le bruit incessant des conversations coupé ici et là par le bêlement d’une chèvre ou le chant d’un coq que l’on amenait au marché. Ici, le silence n’avait que peu d’emprise, même aux petites heures de la nuit. Là où les elfes voyaient un exemple de décadence et de débauche, Zaahrian y voyait sa maison et il ne la changerait pour rien au monde. Il était impatient d’apprendre tout ce qui s’y était passé durant son absence. Dans une ville comme Thaar, les drames ne manquaient jamais, mais il espérait quand même qu’on ne se soit pas trop amusé sans lui. Il aperçut enfin la rue qui menait jusqu’à sa maison et il pressa le pas. Il pensait au repas copieux et débordant d’épices qui l’attendait sûrement. La nourriture des elfes n’était pas spécialement mauvaise, mais Zaahrian n’avait jamais eu autant envie de manger une énorme pièce de viande juteuse, rôtie juste à point et parfaitement assaisonnée. Il en avait l’eau à la bouche.

« Enfin… Je jure de ne plus bouger avant l’année prochaine. Minimum. »

La maison était toujours à l’endroit où il l’avait laissée et semblait inchangé à un ou deux détails près. Deux gardes en surveillaient l’entrée… Zaahrian était raisonnablement certain qu’il n’y en avait pas lorsqu’il était parti. En tout cas, il ne se souvenait pas d’avoir payé pour ça. Les deux gardes avaient vu Zaahrian et il observaient d’un œil méfiant l’assassin, ne sachant pas s’ils avaient devant eu une menace potentielle ou pas. S’ils savaient qu’ils étaient la seule chose qui séparait Zaahrian d’un bon repas, ils n’auraient plus aucun doute.

« Ça c’est nouveau. » Dit-il enfin après un moment de silence à fixer tour à tour les deux hommes. S’ils étaient d’une carrure semblable, l’un était nettement plus jeune que l’autre avec un visage stupide accentué par un léger strabisme à l’œil gauche. « C’est sûrement une idée de Guilin. Il n’y a que lui pour penser à ça. C’est qu’il a toujours été le plus prudent de nous deux, voyez-vous. Bon, ça me prouve au moins qu’il est toujours en vie sinon il n’y aurait plus personne pour vous payer... »

Sans plus de cérémonie, Zaahrian s’avança vers l’entrée, pour être aussitôt arrêté par les gardes.

« Vous ne pouvez pas entrer sans vous être identifié. Ordre du maître... »

Zaahrian se figea et son regard s’assombrit, devenant positivement meurtrier. Évidemment, Guilin avait pris le contrôle des lieux durant son absence. Pour eux, il était le maître. Zaz devait rectifier ça.

« De tous les trucs stupides que vous pouviez faire, dire ou même penser, ceci est certainement le plus stupide de tous. C’est MA maison, idiot! C’est MOI le maître ici et si vous ne dégagez pas maintenant, je… je vais être très méchant. »

Il y avait assez de venin dans la voix de Zaahrian pour faire reculer les deux hommes d’un pas. Sa main s’était machinalement refermée sur sa dague. Il n’avait pas la patience pour gérer ça. Les hommes d’armes échangèrent un regard et c’est le plus jeune qui bredouilla.

« Vous êtes Zaahrian, le Zaahrian Las’danir? »

« Exact! Pour ta clairvoyance, tu mérites une augmentation! »

Le visage du jeune homme s’éclaira.

« Vraiment? »

« Non, mais comme tu viens de te sauver la vie, ça viendra forcément un jour ou l’autre. Maintenant, si vous voulez bien, il y a la moitié d’une carcasse de porc qui m’attend à l’intérieur… Et de la bière. Des litres et des litres de bière. »

Il écarta les deux hommes qui n’opposèrent aucune résistance, trop sonnés par cette rencontre hors du commun. Pourtant, Guilin les avait avertis que ça pourrait arriver. Il avait brossé un portrait rapide du personnage, mais aucun d’eux n’avait cru qu’il disait vrai. À leurs yeux, Zaahrian Las’danir tenait de la légende. Visiblement, même les légendes étaient susceptibles aux sautes d’humeur.

« J’ai vu votre statue au marché! Elle est très ressemblante! »

« Hum? Oui, j’avoue qu’ils ont plutôt bien réussi cette partie. » Répondit Zaahrian sans prendre la peine de se retourner tout en se donnant une tape sur le fessier désignant la partie en question dont il était satisfait. « Mais ils auraient pu faire mieux pour le nez. »

Ce n’était peut-être que le printemps, mais le soleil tapait déjà bien fort sur la ville. À l’intérieur de la maison par contre, l’air y était plus frais, plus agréable. Le vestibule était désert, mais ça n’avait rien d’étonnant. Ils étaient peu à y vivre et les invités se faisaient encore plus rares. Il ne voulait pas que des inconnus mettent leur nez dans ses affaires. L’assassin devait ameuter ses troupes, annoncer la bonne nouvelle de son retour et, à ses yeux, il n’y avait qu’une seule façon de procéder. Zaahrian inspira profondément, renversa la tête vers l’arrière et rugit.

« JE SUIS RENTRÉ! »

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MessageSujet: Re: La fille de l'assassin [Solo PNJ Guilin]   La fille de l'assassin [Solo PNJ Guilin] I_icon_minitimeSam 6 Fév 2021 - 21:51

Silence.

« Surtout, ne vous laissez pas emporter par votre bel enthousiasme. Vous pourriez vous faire mal... »

Zaahrian posa son sac sur le sol. Soudainement, la fatigue reprenait le dessus sur lui. Il sentait les effets du voyage dans tout son corps, mais c’était surtout ses jambes qui le faisaient souffrir. Il n’avait pas du tout l’envie de rester debout plus longtemps, alors il s’étendit sur le plancher de marbre, les bras en croix et ferma les yeux.

Il n’eut pas à attendre bien longtemps. Des bruits de pas venaient vers lui, de petits pieds nus sur le plancher de pierre. Un enfant? Il n’y avait pas d’enfant quand il est parti. Zaahrian ouvrit les yeux et vit une fillette penchée vers lui. Elle était jeune, pas plus de cinq ans peut-être, avec des cheveux blonds emmêlés et le devant de sa robe taché par un fruit qu’elle a mangé. Il sentit son estomac se tordre comme s’il comprenait quelque chose que sa tête n’arrivait pas encore à analyser. Ce n’était pas la première fois qu’il avait ce genre de sensation et, en général, ça n’augurait rien de bon. C’est comme si un détail vital lui échappait sans savoir ce que c’était.

« Pourquoi es-tu couché sur le plancher? » Demanda-t-elle d’une voix fluette.

« Parce que j’ai mal aux pieds, aux jambes, au dos et que j’envisage sérieusement de ramper jusqu’à mon lit s’il le faut. »

Il referma les yeux. Un instant plus tard, il entendit une autre série de pas venir vers lui. Cette fois, la démarche était feutrée, féline. C’était le pas de quelqu’un habitué à se déplacer sans faire de bruit. Ça ne pouvait être que Guilin.

« Veux-tu bien me dire ce que tu fais coucher ainsi sur le sol? »

« Je voulais te faire parler. » Rétorqua Zaahrian en ouvrant les yeux. Guilin était penché sur lui, affichant la même mine renfrognée qu’il lui connaissait si bien. Il lui avait manqué.

« Il dit qu’il a mal et qu’il veut ramper jusqu’à sa chambre », ajouta la petite à l’intention de Guilin. Ce dernier, qui regardait toujours le blond, haussa un sourcil. Zaahrian grimaça.

« On peut toujours compter sur les enfants pour révéler les détails embarrassants. »

Il se redressa, sentant quelque chose craquer dans son dos.

« Tu peux m’expliquer pourquoi elle est là? Je ne me souviens pas d’avoir accueilli des gamins avant mon départ… Ne me dis pas que tu t’ennuyais de moi à ce point! »

Le regard de Zaahrian alla de Guilin à la jeune fille. Une fois encore, son estomac se noua. Il avait toujours eu une affinité particulière avec les enfants. Guilin croyait que c’était parce qu’il était encore lui-même un gamin à bien des égards. En vérité, Zaz appréciait leur simplicité. C’était facile d’émerveiller un enfant avec une bonne histoire et un rien piquait leur curiosité.

« Si seulement... »

Zaahrian se remit péniblement sur ses pieds, prenant du même coup la peine de regarder Guilin d’un peu plus près.

« Regarde-toi un peu! Tu as l’air en grande forme! Aussi beau qu’avant, même avec l’œil. Ça te donne un air séduisant dangereux dont les femmes raffolent... et moi aussi d'ailleurs. »

« Je vais le prendre comme un compliment. »

« C’en est un, tu peux me croire. »

« Séduisant? »

« Va voir ta mère, elle va t’expliquer. »

« Je ne sais pas elle est où... »

« Ah? »

L’assassin croisa le regard de Guilin qui affichait maintenant une expression étrange. En fait, il avait l’air de quelqu’un qui souhaitait dire quelque chose sans savoir comment s’y prendre.

« Tu peux aller voir ton père dans ce cas. » Reprit Zaahrian, plus doucement, mais sans regarder la petite fille.

« Il vit ici, mais je ne sais pas qui c’est. »

Il ouvrit la bouche, pointant lentement le doigt vers Guilin. La réaction de celui-ci fut immédiate et explosive.

« Mais non, Zaahrian! C’est ton portrait craché, tu ne le vois pas!? »

« Impossible! Tu sais très bien que... » Il s’arrêta. Ce n’était pas totalement impossible. « Elle… »

Il se tourna vers la petite fille qui regardait maintenant les deux hommes. Elle était si petite, si délicate. Zaahrian s’agenouilla. Il avait complètement oublié sa douleur. Il posa ses deux mains sur ses épaules pour mieux la regarder. Elle semblait si fragile. S’il serrait un peu trop fort, il allait lui broyer les os. Elle avait les cheveux blonds, une couleur très semblable à la sienne, mais le plus frappant c’était ses yeux. Il les connaissait par cœur. C’était ses yeux, ceux-là mêmes qu’il voyait tous les jours dans le miroir. La même couleur, la même forme, les même longs cil, le même éclat qui promettait des bêtises à venir. D’un geste rapide, il la souleva de terre et l’amena avec lui jusqu’à une glace qui décorait le vestibule. Ainsi, père et fille admirèrent ensemble le reflet qui y apparaissait. Quant à Guilin, il regardait la scène, silencieux, mais en proie à une multitude de sentiments contradictoires. Il était content pour Zaahrian, mais il avait peur de ce que ça signifierait peut-être pour lui à l’avenir. Aurait-il un jour le courage de dire ce qu’il avait failli faire? Sans doute pas. Il allait mourir avec ce secret.

« C’est moi ton père. » Souffla Zaahrian d’une voix qui lui sembla incroyablement lointaine. « C’est quoi ton nom? »

« Aia... »

« Aia… Aia Las’danir. Ça ne sonne pas trop mal...  Enfin, ça pourrait être pire.»

Il laissa le miroir pour regarder Guilin.

« Tu savais... »

« Dès que j’ai posé les yeux sur elle. Elle te ressemble, autant physiquement que pour le caractère. »

« Eh bien… j’espère qu’en vieillissant, elle ne me ressemblera pas trop. Je suis incroyablement séduisant, mais ma tête n’irait pas du tout pour une fille.. »

Guilin s’étrangla de rire.

« Ne ris pas, c’est très sérieux… Et si elle était aussi jolie que moi… J’veux dire, l’équivalent féminin de ma tête… Je vais avoir la moitié de la ville à surveiller! Et peut-être plus… Qu’est-ce que je vais faire? Mais arrête de rire! »

Il riait à gorge déployée, mais malgré ses inquiétudes, Zaahrian aussi avait envie de rire. Il avait envie de rire, de pleurer, de hurler. Il tremblait des pieds à la tête, signe que ses nerfs avaient été mis à rude épreuve. Il ne savait pas encore s'il devait être heureux ou pas. La seule chose dont il ne doutait pas, c'est qu'Aia était bien réelle et qu'elle avait besoin de lui.

« Jeune fille, je vais mettre quelque chose au clair dès maintenant. Je suis ton père et, comme tu le découvriras assez vite, je suis doté de certains talents que je n’hésiterais pas à mettre en pratique si la situation l’exige. Si je dis que je peux faire quelque chose, crois-moi, j’en suis parfaitement capable. »

« Tu peux grimper aux murs? »

« C’est facile ça... »

« Jongler? »

« Jongler? »

« On a vu un jongleur dans la rue hier. »

« Est-ce que lancer des couteaux avec une précision meurtrière ça compte? On va dire que oui...»
Fin
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