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 Par-delà les confins des sphères étoilées

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Ameanor Sindënellë
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MessageSujet: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeMar 28 Fév 2023 - 23:19


Fin de la 6ème énnéade du mois de barkios
D'Alëandir vers les Monts Telion

Le mois de Barkios avait entamé son dernier tiers lorsqu’Ameanor avait enfin fixé dans son esprit un projet qui se devait d’être un terreau fertile d’où la vie pourrait de nouveau s’épanouir. Ce serait comme une bouffée d’air frais, raccrochant les idées passées aux intérêts nouveaux. Une telle chose ne pouvait se concevoir dans l’enceinte d’une place marquée par le malheur, seul l’extérieur sauvage donnerait l’espace nécessaire à ce qui devait soigner le Souffle. Mais seul un fou s’aventurerait dans les profondeurs des forêts d’Anaëh seul, et de l’aide serait nécessaire. Une perspective qui n’enchantait guère le mage solitaire, qui aurait voulu faire son chemin seul avec sa dulcinée. Néanmoins, c’était une chose nécessaire, d’autant plus pour protéger son aimée. Aussi, en ce début de matinée, le thaumaturge se retrouvait devant les portes de la caserne d’Alëandir. Lui-même n’aurait pas cru cela possible, chercher de l’aide dans un milieu aussi éloigné de ses prérogatives, de sa manière de vivre. Et pourtant, il n’avait guère le choix.

Avant de pénétrer la bâtisse, et de se lancer dans une entreprise qui le mettait profondément mal à l’aise, le mage de lumière s’arrêta et mis ses mains dans le dos. Il leva alors le regard au ciel, croisa un soleil encore timide, s’étant levé depuis pas plus d’une heure. Le bleu du ciel était émaillé de quelques nuages cotonneux se mouvant paresseusement. Mais ce n’étaient pas eux que le mage cherchait du regard, mais la lune qui se remplissait lentement, encore visible à cette heure tardive. Ses cratères profonds et son argent étaient des présences réconfortantes, rappels que, finalement, le monde évoluerait toujours sur des temps insaisissables, même par des êtres à la longévité des elfes. Un léger sourire s’afficha alors sur le visage fatigué d’Ameanor, incapable d’effacer les cernes profonds de ses yeux. Encore une fois, la nuit avait été courte, émaillée de grondements dans le noir. Néanmoins, ce fut avec une certaine assurance, bien que d’un pas raide et rapide, que le mage passa enfin la porte de la caserne.

Il déboucha sur une cour intérieure où l’heure matinale ne semblait pas effrayer d’athlétiques soldats dans leur entraînement. Quelques exclamations se faisaient couvrir par le son de l’acier frappant le bois, des flèches s’enfonçant dans la paille. Alors, d’antiques images qu’Ameanor croyait perdues dans les limbes ressurgirent. Celles de l’acier frappant l’acier. L’odeur du feu chauffant le fer. Le son du soufflet faisant voler des braises dans le ciel. C’était son père, des siècles plus tôt, tout afféré à son art. Symbole d’un temps de paix, brûlé par les appels de guerre et de destruction. Des lances et des épées s’entrechoquant, des souvenirs de l’angoisse d’un elfe autrefois solide remontaient. Sa lente glissade de la production d’outils du quotidien, aide de l’ouvrier pacifique, vers la construction d’outils de mort revenait devant les yeux du mage, comme le sentiment d’abandon lorsqu’il crut que ce dont ses deux fils avaient besoin était le sacrifice de leur père, là où ils ne demandaient que de l’avoir présent, avec eux.

Un instant, Ameanor vacilla, sentant la chaleur du feu sur son visage. Il secoua la tête pour se reprendre, et chasser les images du passé, prémices d’un mal bien plus grand. Son malaise s’était amplifié, et il était clair à présent qu’il était bien loin de son élément. Plus raide qu’auparavant, le mage chercheur s’adressa d’un ton sec à un soldat non loin. Il fut mis en attente quelques instants après avoir demandé une entrevue avec une figure d’autorité. Alors, l’on vint le chercher pour le mener vers son but.

Le soldat laissa Ameanor avec un elfe un peu plus grand que lui. Si le scientifique maintenant une bonne forme, il n’avait pas les muscles souples et solides du capitaine devant lui. L’expérience se lisait (littéralement) sur le visage balafré de l’elfe aux yeux d’un gris foncé qui le toisait désormais. Mais ce qui marquait le plus était la chevelure sa chevelure de feu, suffisante à elle seule pour colorer le personnage qui détonnait alors avec le bleu et le noir dont était vêtu le mage aux cheveux d’argent et aux yeux étoilés. Il était impossible de nier qu’un certain charisme comme une certaine autorité émanait du personnage, mais ces premières sensations ne faisaient que cacher une terrible réalité, qui, même nécessaire, n’en provoqua pas moins un frisson dans le dos d’Ameanor : cet elfe vivait pour ôter la vie.

- Enchanté de vous rencontrer, dit-il alors, regardant légèrement au-dessus de son vis-à-vis, et avec un ton distant qui désignait cette phrase comme un simple échange de politesse. Je me nomme Ameanor Sindënellë, mage de lumière, scientifique et astronome. Après une courte pause, il reprit. Je me permets de vous déranger en ce début de matinée, car j’ai un projet, primordial pour certains confrères et pour moi-même, qui nécessite votre aide, si vous le permettez, bien entendu.

Mon projet demande que je me déplace avec une aide jusqu’aux Monts Telion, au plus proche des sommets de ces montagnes.
La voix de l’astronome s’était faite plus chaleureuse, plus passionnée. Son regard avait cessé de vagabonder pour trouver celui de son interlocuteur, brillant d’un intérêt nouveau. Ses mains quittèrent son dos et se mirent à illustrer ses dires, pointant des directions et appuyant les conclusions. Voyez-vous, je travaille sur un sort nouveau, qui pourrait me permettre de voir l’invisible, d’afficher ce que nul être n’est assez sensible pour voir. Des millions de lumières nous entourent, mais sont brouillées dans ce monde saturé… Et c’est encore plus vrai pour celles qui nous viennent du ciel. Mais, pour réellement essayer ce sort, j’ai besoin d’éviter toute pollution, que ce soit nuageuse ou lumineuse, ou même dû au simple trajet de la lumière dans le ciel. Ce dont j’ai besoin, c’est de hauteur. Une hauteur que seules des montagnes peuvent m’offrirent. En outre, je travaille avec une collègue, Anardîl Idräsil, sur un projet d’envoi de message entre cités par l’intermédiaire de la lumière. Pour mener à bien un tel projet, nous n’aurons d’autres choix que de manipuler la direction de la lumière en changeant sa propriété en certains points de l’espace. Et ces points doivent se trouver en hauteur. Ainsi, je cherche aussi à prospecter un endroit propice à la mise en place d’un avant-poste nous permettant de mener à bien un rituel sur lequel je travaille, dont le but est d’inscrire une magie particulière dans le temps. Je pourrais vous donner plus de détails quant à la destination, suite à mes recherches préliminaires, si vous acceptez de m’aider, bien sûr.

Le mage passionné se tut de nouveaux quelques secondes. Il avait exposé ses motivations avec honnêteté, mais il n’avait pas tout dit. Chacune des raisons qu’il avait exposées était vraie, mais la plus importante manquait. Voir le croissant d’ombre céleste, par-delà même les confins du ciel, s’échappant du regard des astronome depuis des millénaires, ne leur donnant qu’un aperçu fugace de sa traîne d’ombre les nuits les plus claires était un objectif qu’Ameanor chérissait depuis longtemps, mais pas suffisant pour se lancer dans une telle entreprise. Finalement, le vrai but de cette expédition tenait en un seul mot : Mìririen. Ce but n’était autre que de s’éloigner des places du malheur et nourrir l’étincelle mourante d’une passion de vivre s’effilochant au cours des années sombres, grâce à de nouvelles couleurs, de nouveaux jours dans une expérience de l’inconnu. C’est pourquoi Miririen viendrait, bien plus que simplement pour ses talents de dessins, ses capacités à reproduire l’image du ciel que le mage peut afficher, ou que pour la prospection de plantes ou de roches aux teintes bigarrées, ingrédients de teintures toujours plus exotiques. Le regard du thaumaturge changea alors, devenant soudain plus perçant. Il cherchait le moindre signe d’hésitation, le moindre tic sur le visage du capitaine, n’importe quel mouvement pouvant dénoter du moindre doute.

- Dites-moi alors, vous serait-il possible d’escorter deux elfes, ma femme et moi-même, jusqu’à ces montagnes et leurs hauteurs ?
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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeMer 1 Mar 2023 - 18:45


Aegden avait été assez surpris lorsqu’il avait vu un soldat lui amener au détour d'un couloir un autre elfe qui n’avait visiblement rien à voir avec ce monde et qui semblait même bien mal à l'aise. Mais quoi qu’il en soit, il l’écouta patiemment, casque sous son bras et armes à sa ceinture et dans son dos.

Il semblait curieux d’ailleurs, lorsque fut mentionné certains projets de l’astronome. La pointe de ses oreilles s’était haussée, et ses yeux reflétaient l’attention sincère qu’il portait à son interlocuteur.

-eh bien j’avoue que je suis plutôt surpris. Finit-il par répondre. Je ne suis pas sûr de comprendre de quoi vous parlez par ''voir l’invisible’'… Ajouta-t-il en frottant pensivement sa joue. Mais j’ai déjà eu vent des projets de Heri Anardîl. Je ne vous cache pas que j’y vois aussi un sacré intérêt si elle réussit à mener ses recherches à bien. En plus de ça, à l’occasion, j’aimerais effectuer quelques vérifications dans la zone. Une simple formalité. De sa main libre il désigna un couloir. Mais plutôt que de discuter en restant plantés là, venez avec moi.

Après avoir veillé à ce que le scientifique suive ses pas, il le mena jusqu’à un bureau plus apte à la discussion. La pièce n'était pas bien grande, mais ordonné avec un soin tout particulier. Calmement, le soldat posa son casque sur le bureau à l’ordre impeccable au centre de la pièce, tandis qu’il proposa à son interlocuteur de s’asseoir sur l'une des chaises. Lui en revanche, s’appuya dos contre l’encadrement de la fenêtre qu’il venait d’ouvrir et lui fit face, faisant mine de chercher à en savoir plus sur cette singulière demande.

-Vous m’avez dit seulement deux personne. Reprit-il alors. Votre femme est-elle aussi une académicienne ? Je précise le but de ma question : j’aimerais savoir si ce genre d’expédition vous sont familières ou non. Je préfère que vous soyez certains de savoir dans quoi vous vous lancez. Ajouta-il avec un léger sourire.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeJeu 2 Mar 2023 - 23:23


Tout dénotait d’un monde qui était inconnu à Ameanor. Que ce soient les exclamations et les chocs dans la cour, les salutations strictes et disciplinées des subordonnés ou même le mobilier utilitaire croisé dans les couloirs du bâtiment, alors que mage et soldat allaient trouver le calme dans un bureau dont l’ordre impeccable illustrait une discipline inconnue au chercheur volatil. Les étagères poussiéreuses emplies d’innombrables manuscrits traitant de choses aussi futiles qu’indispensables n’avaient pas leur place ici, de même que les cartes étoilées qu’aimait observer l’astronome. C’était un monde où la simple beauté de la compréhension des lois de l’univers n’avait pas sa place, un monde qui ne percevait pas la beauté et la complexité que pouvait posséder un simple petit rayon de lumière croisant une minuscule particule et s’échappant alors dans toutes les directions de l’espace.

Mais c’était un monde nécessaire, pourtant, à la survie de ce que chérissait Ameanor. Et, au moins, son interlocuteur s’était montré tout à fait poli et bienveillant. Ce qui n’était pas rien, au vu des divergences d’intérêts : là où le scientifique était enjoué par l’observation de l’invisible, qualifié d’inutile par certains, c’était les à-côté pratiques qui avaient particulièrement attirés l’attention du commandant. Soit, au moins semblait-il adhérer au projet ! Et c’était déjà suffisant. Alors, par civilité, le mage s’assit sur le fauteuil désigné, croisa ses jambes, le dos contre le dossier et le bras droit soutenant son menton, appuyé contre son bras gauche serré à son torse. Visiblement plus à l’aise, il Plongea son regard dans celui du commandant avant de reprendre.

- À vrai dire, heru… ? Ameanor fit une courte pause pour laisser son interlocuteur répondre. Je ne suis pas vraiment académicien moi-même. Si vous voulez tout savoir, c’est bien la première fois que je m’y rends depuis plus de six siècles que je pratique la magie. Mais passons les détails. Non, mon épouse n’est pas « académicienne », reprit l’astronome en appuyant sur ce dernier mot. C’est une artiste, une peintre talentueuse. Une véritable virtuose des couleurs, je dirais même, et, en tant que tel, elle est toujours à la recherche de nouveaux matériaux pour créer de nouvelles nuances. Sa présence est nécessaire pour m’aider à coucher sur le papier les observations que je compte révéler, et l’expédition en elle-même l’attire pour les nouvelles perspectives qu’elle ouvre sur son art.

Passons maintenant à votre seconde question, continua Ameanor en dépliant ses jambes et en prenant appui sur ses cuisses. J’ai vécu de longs siècles en dehors des murs de Quatrième-Saison, la cité de ma naissance. Nous nous en étions éloignés autant pour nous rapprocher de la flore que pour prendre de la distance avec les lumières des bâtiments, et, ainsi, trouver un ciel nocturne plus pur. Mon épouse comme moi-même sommes habitués à vivre éloignés de la ville, dans un territoire plus sauvage, comme nous sommes habitués à de longues marches et excursions dans les collines escarpées du sud de Quatrièmes-Saison. Néanmoins, nous ne nous sommes jamais vraiment éloignés de la ville. Nous vivions dans ses faubourgs, à moins de dix kilomètres de ses portes, et avons toujours soigneusement évité les endroits comportant un danger trop grand. C’est bien pour cela que je viens aujourd’hui quémander votre aide, d’ailleurs…

Baissant le regard et soupirant, le thaumaturge fit une nouvelle pause. Une fugace envie lui vint d’expliquer à cet elfe trop empêtré dans le monde matériel toutes les merveilles de l’invisible. De lui montrer les forces cosmiques qui entouraient l’univers, bien plus grandes et insondables que l’existence éphémère de la vie dans son immensité. Mais il effaça bien vite cette idée, qui n’amènerait nulle part. Il releva de sa chaise et commença, par automatisme, à faire les cent pas dans la pièce, les mains dans le dos.

- Je note tout de même que mon projet a soulevé votre intérêt. Laissez-moi donc vous le préciser un peu plus. J’aimerais me diriger vers une vallée se trouvant approximativement au centre des monts Telion. Elle a été nommée Aicassërinan, puisqu’elle est entourée par plusieurs des pics les plus hauts de cette chaîne de montagne. Parmi ces pics, le mont Aira, tirant son nom des buissons solides sur ses pentes aux fruits rouge-orangé, m’intéresse particulièrement. Tout d’abord, il culmine à environ 3500 mètres, ce qui en fait l’un des plus hauts de la chaîne, mais surtout, les livres indiquent que son sommet est relativement peu escarpé, comme sa pente est. L’Aicassërinan, qui se situe entre 2100 et 2600 mètres, de hauteur, donne directement sur cette pente et me parait tout à fait adaptée pour la mise en place d’un premier avant post. Le pic, quant à lui, serait parfait comme lieu de rituel, et comme endroit où tester mon sort et observer le ciel. Mais avant de lancer une campagne plus conséquente, et équipée pour la construction, je préfère voir l’endroit par moi-même afin de juger de la faisabilité du projet. Pour ce qui est d’organiser notre petite expédition, je crains de devoir m’en remettre à votre expertise, n’hésitez donc pas à m’indiquer ce qui nous serait utile. Comme je vous l’ai dit, je n’ai aucune expérience des profondeurs des forêts d’Anaëh, termina Ameanor en stoppant son va-et-vient continu et en plongeant de nouveau ses yeux dans ceux du commandant.
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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeSam 4 Mar 2023 - 20:50



-Aegden Orian. Répondit-il à la question sous entendue du mage. Pardonnez mon impolitesse.

Le monde militaire était un petit monde. Rare étaient les elfes dont le visage de leur commandant leur était assez inconnu pour que les insignes ne suffisent pas à l’identifier. Les longues présentations étaient devenues obsolètes par habitude. En plus, il avait supposé que l’elfe savait qui il cherchait en venant ici, d’où cette petite impolitesse.

Ensuite le scientifique continua sans plus d'interruption. D'ailleurs, Aegden ne put empêcher un bref rictus amusé effleurer le coin de ses lèvres en voyant l'homme se mettre à faire les cent pas, pris dans ses élans. Comme quoi, mages, milliaires, ils n'étaient pas si différents au fond.

-Vous semblez bien renseigné sur la région. Il hocha de la tête. Je suis impressionné.

Se détachant de son appui, il s'approcha d'une étagère, aussi strictement rangée que le reste. Saisissant un vélin et une craie, il étala la première sur le bureau, révélant une carte de la région. Avec la craie,il entoura le pic et la vallée qu'Ameanor visait.

-Sachant qu'il vous faudra certainement vous ménager un peu, et que vous visez une zone qui doit être accessible facilement pour le futur, prenons large. Nous en aurons pour une petite ennéade. Si vous le voulez bien... Il désigna une autre zone près de ce qui était indiqué comme l’un des carrières principales de la cité, puis un autre point un peu plus au nord au pied des monts. Comme je vous l’ai dit, j’aimerais moi-même profiter de cette expédition pour passer par ces deux points. Ça nous fera faire un détour de quelques heures à peine. Quoi qu’au moins nous y croiserons d’autres elfes.

Son regard revint soutenir celui de son interlocuteur tandis qu’il recroisa ses bras contre son torse.

-Si ce petit compromis vous convient, alors il ne reste plus qu’à déterminer quand est-ce que vous voulez mettre ce projet à exécution. J’ai seulement besoin d’un peu de temps pour prévenir qui de droit de mon côté et m’assurer que mon absence ait un minimum d’impact. Ensuite, eh bien nous serons libre de partir.
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Ameanor Sindënellë
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeDim 5 Mar 2023 - 12:20


Tandis que le commandant fouillait dans les étagères, un furtif sourire s’afficha sur les lèvres d’Ameanor. Il lança quelques mots rapidement avant que son interlocuteur ne trouve l’objet de son désir.

- Chercher le savoir - ancien comme nouveau - est mon métier, après tout. C’était bien la moindre des choses que de me renseigner sur l’expédition que je voulais monter.

Le vis-à-vis du mage ne tarda pas à trouver la carte qu’il cherchait et à l’étendre sur son bureau. Gardant ses mains ans le dos, le scientifique suivi alors le mouvement de son vis-à-vis et se pencha sur la carte posée sur la table. Il examina rapidement les points désignés par le soldat et hocha légèrement la tête. Ils n’étaient pas bien éloignés du chemin vers la vallée, et, de toute manière, ne feraient que sécuriser le trajet. D’un certain côté, ces points de passage pourraient même porter un intérêt particulier pour l’un des objectifs de cette mission. Si celle-ci portait ses fruits, ces camps à visiter pourrait très bien servir de jalons pour ceux qui monteraient l’avant-poste nécessaire à la mise au point du rituel final qui intéressait Anardîl autant que l’armée.  

- Je n’ai pas d’objections sur les détours que vous demandez, heru. Après tout, c’est bien vous qui me faites une fleur aujourd’hui, je vous dois bien cela. Ameanor se redressa et se frotta le menton avant de continuer. Je peux vous proposer un départ au premier jour de la huitième énnéade, à l’aube. J’ai moi-même encore beaucoup à préparer, que ce soit pour le voyage en lui-même ou sur la mise au point de mes travaux magiques.

Après avoir reçu l’assentiment d’Aegden, le mage prit congé et quitta la caserne. Un travail conséquent l’attendait, avec une limite de temps qu’il n’était pas habitué à devoir respecter. Mais la petite discussion qu’il eut n’avait fait que nourrir encore plus son désir d’effectuer ce véritable pèlerinage dans les montagnes, et il en tira une force nouvelle, bien que temporaire, pour s’extirper des ténèbres visqueuses qui ne cessaient de l’entourer.


Enfin, le jour fatidique arriva. C’était le premier jour de la huitième énéade, et l’heure du départ était déjà passée. Ameanor et Míririen s’étaient tous deux préparés avant l’aube, mais ni l’un ni l’autre n’avait eu le cœur de raccourcir les au revoirs qu’ils firent à leur fille, laissée à l’académie le temps d’une courte énnéade que durerait le voyage. Les jours précédents avaient été chargés, et bien trop peu de temps avait été dévolu à la famille. Un temps bien court pour une famille réunie depuis si peu, et avec un passif aussi pesant que douloureux. Aussi, le temps que les deux parents avaient passé avec leur dernier enfant s’était allongé, étendu à plusieurs dizaines de minutes alors que l’aube s’était déjà levée.

L’aube s’était alors levée depuis près de quarante minutes lorsque le couple se présenta enfin, main dans la main, aux portes de la cité. À première vue, c’était un bien étrange duo qui sortait de l’enceinte de la cité. D’un côté, un elfe aux cheveux d’argents et aux yeux d’un turquoise froid constellé d’étoiles grises, et, de l’autre, une elfe à la peau aux teintes plus dorée, aux cheveux d’or chatoyants et au regard d’ambre chaleureux. L’austérité de l’expression du visage d’Ameanor jurait avec l’ouverture amicale des traits de son épouse. Même la manière de marcher du mage, le dos particulièrement droit, le pas rapide dénotant d’une certaine rigidité, contrastait avec la grâce des mouvements de Míririen. D’aucuns pourraient s’amuser à voir ici la nuit au côté du jour, la lune marcher avec le soleil. Néanmoins, les regards emplis d’une tendresse que le couple s’échangeait ne mentaient pas. Les siècles et les épreuves n’avaient pas émoussé l’amour profond qu’ils partageaient, et qui leur avait fait prononcer les vœux d’éternité plus de deux siècles auparavant.

Ameanor ne paraissait pas très différent du jour où Aegden l’avait rencontré. Sa tenue, similaire, comportait son habituel par-dessus bleu placée sur sa tenue de couleur noir ajustée à son corps, et changeait principalement par les solides bottes de cuir à ses pieds. Il avait tout de même quelques attirails pour son voyage. Porté en bandoulière, de son épaule droite à son flanc gauche, un étui cylindrique était à son dos, comportant de nombreuses cartes du ciel. De même, un sac aussi porté en bandoulière son épaule gauche à son flanc droit, un sac recouvrait son étui, contenant le strict nécessaire pour le voyage - une partie de ce qu’il fallait pour monter une petite tente, quelques rations séchées, et des habits imperméables au cas où -. En outre, un nécessaire de calligraphie dans une boite de bois était accroché à sa ceinture, sur sa gauche, comme divers instruments de bronze pour l’aider à observer et cartographier le ciel, placés, eux, à droite.

Au côté du mage, Míririen, portait une tenue qu’elle utilisait autrefois pour vadrouiller aux alentours de Quatrième-Saison, bien différente de ce qu’elle utilisait en ville. Elle n’avait pas l’une de ses habituelles robes, mais une chemise d’un bleu sombre, aux manches longues décorées de tiges feuillues et fleuries en fil d’or, ainsi qu’un pantalon noir ajusté se finissant sur des bottes de cuir. Ses longs cheveux blonds, bien souvent attachés en coiffures sophistiqués, étaient simplement rassemblés en une tresse lui arrivant au bas du dos. Sous cette tresse, porté aussi en bandoulière de droite à gauche, un sac contenant le même nécessaire que celui d’Ameanor. À sa ceinture, sur sa gauche, un petit sac de cuir protégeait des fioles de verre de formes diverses, tandis que quelques outils de petite taille étaient accrochés à sa gauche - petite faucille, piochette de quelques centimètres, couteau à champignon muni de brossette et une paire de gants de cuir fin, d’une couleur oscillant entre le bleu nuit et le violet foncé -. Visiblement, les deux elfes s’étaient un minimum préparé pour l’aventure qui les attendait.

- Salutations, heru Aegden, dit Ameanor quand le couple arriva au niveau des soldats qui les attendaient, en baissant légèrement la tête et lâchant la main de sa dulcinée. Je m’excuse pour notre retard, nous avons été retenus par une personne d’une importance inestimable, reprit-il alors, une vague de mélancolie dans son regard. Il désigna sa conjointe avant de reprendre. Laissez-moi vous présenter mon épouse, qui nous accompagnera dans ce périple.

- Míririen Orontë, enchantée de vous rencontrer, heru, continua l’artiste avec un ton affable et une voix douce et chantante, tout en effectuant une gracieuse révérence. Le sourire sincère et splendide qui se dessinait sur son visage illuminait son regard et aurait suffi à cacher les cernes profonds sous ses yeux qu’elle partagerait avec son mari, ainsi que la pointe de mélancolie en leur fond, aux observateurs les plus distraits. Permettez-moi de vous remercier personnellement de votre aide, commandant. Elle nous est inestimable, et qu’une personne comme vous prenne de son temps précieux pour simplement aider deux compatriotes est un acte d’une grande générosité tout à votre honneur. Un jour, peut-être, pourrions-nous vous rendre la pareille… Míririen lança un rapide regard en direction du soleil avant de reprendre. Mais je crains que nous ne nous aillions déjà mis en retard, nous ne devrions pas traîner plus avant de nous mettre en route. Ouvrez donc la route, heru Aegden, nous vous suivrons au mieux de nos capacités.  
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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeJeu 9 Mar 2023 - 18:43


-Je vous en prie Heri. Nul besoin de me remercier, je ne fait que mon devoir. Le commandant posa son point sur son cœur et inclina la tête en réponse à sa révérence.

Contrairement au couple, Aegden n’avait lui pas changé depuis le jour où Ameanor était venu demander son aide. Il portait la même élégante armure de cuirs sombres et de tissus blancs, rehaussés des symboles stellaires de l’armée royale. A son dos un baudrier soutenait sa lance dont le bois finement ouvragé venait étrangement épouser la lame blanc-bleutée, comme si l’un et l’autre ne formaient qu’une seule et unique pièce. Quant à ses cheveux roux, il les avait simplement ramenés en une stricte tresse que son casque achevait de maintenir. Mis à part le sourire de reconnaissance sincère offert à la dame, il était pour le moment difficile de déceler ce qui pouvait lui traverser l’esprit.

A côté de lui, paisibles, il y avait trois équidés, dont deux portaient déjà des selles et filets rudimentaires tandis que le dernier qui avait relevé la tête à l’arrivé du duo n’avait qu’une selle on ne pouvait plus basique, sans même d’étriers et absolument aucun filet.

-Bien vous avez raison, il vaut mieux que nous profitions au maximum du jour. En selle. Lança-t-il.

Après avoir aidé l’un, puis l’autre à grimper sur leurs montures respectives, il monta à son tour sur le dos de son mathandil, celui à l'équipement le plus léger. Ce dernier en profita pour venir piquer un fruit dans le propre sac du soldat. Ravit l’animal ébroua son long cou avant de tourner son mufle vers son cavalier comme s’il le narguait d’avoir gagné cette fois-ci. Aegden réprima un sourire amusé avant de reporter son attention sur ses camarades.

-Nous restons sur les routes dans un premier temps, c’est le plus pratique. Pour le reste, serrez vos jambes et accrochez-vous et ça devrait aller. Vailimo guidera vos chevaux ne vous en faites pas. Allons-y.

Le brève impulsion de ses jambes fut plus que suffisante pour faire comprendre à sa monture qu’il était temps. Un souffle amical plus tard, il se lança au pas sur le chemin devant eux, et comme Aegden l’avait fait remarquer, l’instinct grégaire des deux chevaux ne tarda pas à les faire suivre la marche.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeSam 11 Mar 2023 - 13:19


L’imperturbable commandant monta avec aisance sur son destrier, tandis que le couple l’observait non sans une pointe d’inquiétude. C’était, d’un certain coté, amusant de penser qu’en sept siècles d’existence, ni l’un ni l’autre n’avait monté un cheval. Mais, à vrai dire, jamais ils n’en avaient eu le besoin, restant toujours dans les faubourgs de Quatrième-Saison, et profitant des ressources infinies de la nature aux lisières des terres sauvages. Ainsi, non, sans mal, Míririen et Ameanor se hissèrent sur les chevaux placides qui leur étaient assignés. Les montures suivirent le pas du destrier d’Aegden tandis que leur cavalier se maintenait sur leur dos comme ils le pouvaient – c’est-à-dire, mal -. Enfin, le voyage débutait, dans un mélange d’excitation et d’appréhension.

Mais, bien vite, la réalité des longs trajets s’imposa au trio, et l’ennui se fit ressentir. Et la douleur aux cuisses et au dos que ressentaient le mage et sa dulcinée n’aidaient en rien à apprécier la promenade bucolique et les arbres colorés qui défilaient au bord du chemin. Pendant la première heure, le couple marié s’échangea quelques mots, parlant doucement, mais bien vite le silence se fit roi, uniquement brisé par le chant des oiseaux, le vent dans les arbres et les craquements du bois provoqué par la vie dans la forêt. Alors que les heures s’écoulaient, Ameanor, crispé sur son équidé, se mit à annoter quelques pensées et réflexions sur une tablette de cire lorsqu’il réussissait à trouver un meilleur équilibre. Míririen, elle, sembla s’en sortir mieux que son époux. Sa posture n’avait rien de parfaite, mais elle était plus souple et, d’instinct, elle réussissait à contrôler quelque peu le cheval calme qu’on lui avait fourni. Fidèle à ses habitudes, elle n’avait pu s’empêcher de s’approcher du commandant aux cheveux de feu pour lancer une conversation.

- J’imagine que c’est loin d’être la première fois que vous prenez la route, heru Aegden. Nous avons passé tant de temps dans les terres de Quatrième-Saison, mon époux et moi-même… Parfois, je me prends à imaginer toutes ces terres inconnues qui nous entourent, des plaines de la Péninsule aux plus hauts sommets de Zagazorn, continua l’artiste, d’une voix pensive et levant les yeux au ciel. Tant de couleurs et nuances qui me sont inconnues. Dites-moi, êtes-vous déjà sorti d’Anaëh ? Avez-vous déjà vu des merveilles de terres inconnues ?

Le regard ambré de Míririen portait un intérêt sincère, quand bien même elle avait lancé la conversation pour briser le silence les entourant. Après tout, même après les difficiles décennies passées, son cœur restait attaché à la beauté et la perspective de la nouveauté suffisait, pour le moment, à éloigner la douleur lourde et sourde de la peine qu’elle partageait avec son amour.

Le soleil continua sa course pendant encore un long moment, se partageant entre attente et conversation, sous le son monotone des sabots foulant la terre. Mais, enfin, les arbres s’écartèrent autour des trois elfes, et la terre fit place à la roche creusée. La carrière, première étape d’un long voyage, leur apparut. L’endroit était grand, rappelant, d’une certaine manière, les immenses bâtiments de pierre de Quatrième-Saison. Míririen mit pied à terre et aida Ameanor à en faire autant, tandis que le commandant partait faire son office. Le couple préféra rester à l’orée de la carrière le temps que la tâche du soldat soit terminée.

Les conjoints regardèrent s’éloigner leur protecteur. L’endroit était paisible, malgré les bruits des pioches creusant la roche et les pas des soldats qui patrouillaient. Paisible, il l’était peut-être trop même. Une forme de silence pesant l’habitait, le silence de la nature. Pas un oiseau ne chantait et les fourrées étaient d’un calme surnaturel. Cherchant à s’occuper pour oublier cela, l’artiste elfe demanda une grande feuille à son cher et tendre et sorti un fusain. Prenant appui sur une roche relativement plate, elle se mit à dessiner la carrière dans laquelle le soldat s’enfonçait, inscrivant un moment de vie loin de la citée que partageait travailleurs et soldats dans un monde fait de pitons rocheux et de crevasses profondes.

Ameanor, lui, resta encore quelques minutes à observer la carrière. Il était plus nerveux, bien qu’il ne souhaitât pas expliquer pourquoi. En effet, l’ambiance était d’autant plus pesante pour le mage qu’il voyait les énergies magiques, d’habitude en rayons colorés, comme une brume laiteuse faite de poussière, rampant sur le sol et dévorant lentement les elfes occupés à creuser la roche. Rarement il n'avait vu la magie s’étaler de la sorte, et un profond malaise l’habitait. Néanmoins, puisque rien ne se passait, il sortit son astrolabe et se mit nerveusement à calculer la position du soleil, plus pour s’occuper qu’autre chose. Finalement, il replaça son outil porté en pendentif dans sa toge et sorti un autre papier couvert de note de manière chaotique. Pendant plusieurs minutes, il y griffonna de nouveaux calculs prévoyant la position des étoiles à différentes heures de la nuit à l’endroit où son rituel devait avoir lieu.

Mais un bruit sourd provenant de la forêt fit sursauter le mage et vint briser la maigre concentration que sa nervosité lui avait laissée. Quelques instants après, un nouveau bruit plus feutré venant de derrière lui se fit entendre. C’était comme un rapide frottement contre le bois, le bruit que ferait l’écorce qui se déchire. Rationalisant la chose comme n’étant qu’un simple animal de passage, sans pour autant réussir à maîtriser son cœur battant, Ameanor se retourna et découvrit quatre profondes entailles sur le côté d’un arbre à la lisière des bois. Le mage se calma rapidement, et s’approcha pour les observer de plus près. Pas de doutes, dans ces rainures, quelques trace rouges indiquaient du sang. Plus loin, à quelques dizaines de pas dans la forêt, la magie prenait des formes de petites boules de lumières pourpres, denses et brillantes.

L'astronome alla rejoindre son épouse et la sortie de son œuvre en posant une main sur son épaule. Il lui indiqua les traces de griffes sur l’arbre et s’en approcha de nouveau. D’un accord partagé avec le regard, les deux elfes s’enfoncèrent alors dans les fourrées particulièrement silencieuses, poussés par une curiosité malsaine et sans attendre un soldat qui ne manquerait, pourtant, pas de passer par ici dans son chemin de ronde. Ils n’eurent pas à aller bien loin avant d’attendre l’origine des boules lumineuses qu’avait vues Ameanor, tournoyant autour d’une scène à laquelle ni l’un ni l’autre ne s’attendait.

Sur le sol, un corps de cerf était allongé. Ses quatre membres, coupés net, étaient éparpillés autour de lui, et sa tête manquait. Son ventre était déchiré, et ses boyaux tout comme ses organes étaient étalés sur le sol, beignant dans des flaques rouges dont l’apparence indiquait que l’animal venait probablement de mourir, expliquant ainsi qu’il n’avait été trouvé par les soldats aux aguets. Seul son cœur manquait, formant un trou béant dans la cage thoracique défoncée violemment de l’animal.

Ameanor eut un hoquet de surprise et de dégoût, retenant des remontées provenant de son estomac. Son cœur se mit à battre la chamade, le sang lui monta à la tête et il attrapa le bras de Míririen, qui était comme paralysée devant l’impossible.

- Míririen, il ne faut pas rester là ! Viens, vite !

Il la tira alors et parti en trottinant rejoindre la carrière. Les deux elfes s’y enfoncèrent cette fois, afin de rejoindre le commandant qui terminait sa tâche. Rien n’avait changé ici, les elfes travaillaient sans incident et seule leur voix venait rompre le silence pesant de la nature tandis que les brumes de magies, toujours aussi profondes serpentaient entre soldats et ouvriers. Essoufflé, et avec une inquiétude dans le regard, Ameanor héla alors son escorte.

- Heru Aegden, je crois que vous devriez venir voir quelque chose, là-haut, dit-il alors en désignant la direction de laquelle le couple venait. Je ne crois pas que ce soit normal… Cet endroit est malsain.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeSam 11 Mar 2023 - 21:39


-J’imagine que c’est loin d’être la première fois que vous prenez la route, heru Aegden. Nous avons passé tant de temps dans les terres de Quatrième-Saison, mon époux et moi-même… Parfois, je me prends à imaginer toutes ces terres inconnues qui nous entourent, des plaines de la Péninsule aux plus hauts sommets de Zagazorn. Tant de couleurs et nuances qui me sont inconnues. Dites-moi, êtes-vous déjà sorti d’Anaëh ? Avez-vous déjà vu des merveilles de terres inconnues ?

Aegen avait laissé échapper un rire très discret. Si elle savait… Sans qu’il ne puisse s’en empêcher, il eut une pensée pour sa femme autrefois prêtresse d’Itrhi'Vaan, maintenant Clerc de l’Académie. L'espace d'un toute petite seconde, avant qu'il ne mette ce sentiment tout au fond de son Souffle, elle lui manqua soudain terriblement alors qu'il n'étaient partis que depuis quelques petites heures.

-Eh bien.... Répondit-il comme si de rien n'était. J’ai vu les rivages de Thaar en 17. Et j’ai participé à la guerre de Naëlis d’il y a deux ans. Un nouveau sourire amusé. Mais pour ce qui est de ''merveille'', croyez-moi, Anaëh reste inégalée sur tous les plans.

Mais si l’ambiance semblait légère en ce début de voyage, elle ne tarderait pas à s’alourdir au détriment de leur volonté.

Arrivés aux abord de leur première étape : la carrière, Aegden s’était éloigné quelque minutes, s’adressant en privé à l’officier responsable de la sécurité de l'endroit. Provoquant un soulagement que le lancier ne cachait qu’à peine, son camarade lui assura que tout allait bien et ce depuis de longues ennéades. C’était comme si le chaos du début du mois n’était plus qu’un mauvais souvenir.
Mais pourtant…

Dans l’air, Aegden reconnu soudain la sensation oppressante qu’il ne connaissait que trop bien, et le soldat à ses cotés grimaça au même moment. Nul temps de s’interroger quant à l’origine de cette sensation. Ameanor et son épouse couraient soudain vers eux, affolés.

-Montrez-moi.

Aussitôt dit, aussitôt fait….L'elfe s'approcha de la zone puant le sang frais, s'agenouilla près du cadavre mutilé, examinant les blessures qui semblaient terriblement précises. Trop pour un animal normal.

-Caporal vous êtes certain qu’il n’y ait aucune activité dans la zone ?
-Affirmatif. Soupira l’autre elfe qui avait suivi le mouvement. Rien. Pas même parmi les mages.
-Et la symphonie ?

L’officier grimaça et haussa les épaules. A son air penaud, le lancier compris qu’il n’en savait rien, le pauvre homme ne l’entendant probablement pas consciemment.

-Ce ne sont pas les Ornedhels. Aucun ne laisserait autant de ressources gâchées comme ça et s’ils avaient voulu vous faire peur, ils l’auraient fait autrement. Il refit face au couple laissé un peu en arrière. Vous n’avez rien vu d’autre, rien entendu ?  Puis son ton se voulu plus doux, malgré ses traits un peu plus fermés. Il n'avait pas envie que les deux pauvres civils passent le reste du voyage à frémir au moindre bruit. Il ne s’agit peut-être que d’une créature particulièrement vicieuse. Les Phish Oura sont connu pour ça. Dans le doute, je vais faire envoyer des oiseaux à la capitale et du renfort dans la région. Restons jusqu’au zénith, soit quelques heures de plus.  S’il ne se passe rien, nous repartirons quand les renforts seront arrivés. Nous devrons simplement dormir à la belle étoile plus tôt que prévu.

Il espérait simplement que ces découvertes macabres ne les suivraient pas. Quand à faire demi tour, si le mainyth l'avait envisagé un instant, il devenait pourtant d'autant plus crucial pour lui d'atteindre le camps militaire plus au nord et de s'assurer de leur sureté.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeDim 12 Mar 2023 - 13:00


Ameanor acquiesça en silence à l’hypothèse du commandant. Il n’en était pas convaincu, mais la raison appelait à rationaliser ce qui s’était passé, et l’échec de l’expédition à peine commencée serait un crève-cœur pour celui qui ne voyait que des échecs autour de lui. Il répondit néanmoins avec un ton plus calme et serein.

- Vous devez avoir raison. Il y a des traces de griffes sur un arbre, non loin, probablement laissé par le Phish Oura. Il ne nous aurait pas attaqué simplement parce que l’activité armée ici est trop importante, et aurait constitué un risque trop grand pour lui.

Amener un raisonnement logique était apaisant. Mais, en son for intérieur, le mage doutait toujours. Il se souvenait du bruit derrière lui, qu’il avait tu aux soldats. Pourquoi donc un animal qui voulait rester discret aurait-il fait cela ? Et ces énergies magiques en boules lumineuses dont il n’avait pas parlé non plus et qui avaient maintenant disparu… C’était peut-être simplement une coïncidence, espérait-il. La panique n’amènerait, de toute manière, rien de bon.

N'ayant plus rien à faire devant cette scène macabre, le couple rejoignit la carrière où l’activité des ouvriers n’avait cessé. Ils commencèrent par attendre simplement, chassant la panique de leur cœur. Mais les minutes s’allongèrent et devinrent heure. Alors, Míririen sortit de nouveau son esquisse et continua de tracer ombres et lumières avec son fusain. De son côté, Ameanor dessina un sort dans le ciel. Devant lui, une lumière diffuse apparue. De cette lumière, un cône parti vers le haut, devenant de plus en plus intense alors qu’il se rétrécissait à son sommet. De la pointe la plus brillante, un faisceau fin comme un cheveux, mais particulièrement brillant, partait vers le bas. L’image persista alors que le mage avait terminé son incantation. Celui-ci sorti un papier et prit des notes, observant le cône s’élargir en plusieurs dizaines de minutes, perdant de sa brillance. Le faisceau en faisait de même, diffusant lentement dans l’air, avant que toute lumière ne semble perdue dans les rayons du soleil de l’après-midi.

Les heures défilèrent, mais, enfin, les renforts appelés par Aegden arrivèrent. Rien ne s’était passé pendant l’attente, aucun événement étrange ou macabre. Le son des oiseaux se faisait même de nouveau entendre, et l’atmosphère semblait moins pesante. Les trois elfes en expédition purent alors décider de reprendre la route. Tandis que le gradé donnait ses directives, l’astronome et l’artiste se firent aider à monter leurs chevaux avant d’enfin quitter la carrière maudite.

L’ambiance restait néanmoins tendue, sur le chemin. Tous étaient aux aguets, surveillant les fourrées pour trouver toute trace anormale. Pourtant, les heures défilaient encore sans que rien ne vienne briser la monotonie des arbres qui défilaient. Le couple civil, peu habitué aux longs trajets dangereux, perdit de sa concentration et en vint à discuter ensemble, allégeant l’atmosphère et oubliant les dangers d’une forêt sauvage.

Enfin, alors que le ciel prenait des teintes orangées et que le soleil venait se frotter à la cime des arbres, le groupe de voyageur prit la décision e s’arrêter. Le commandant dénicha une petite clairière aux abords de la route et la désigna comme endroit de bivouac pour cette nuit. Ameanor et Míririen sortirent de leur sac le nécessaire pour monter une petite tente commune, laissant le soldat s’occuper du feu. Ils étaient tout deux heureux que le chemin soit enfin terminé, leurs cuisses comme leur dos les faisaient souffrir et leur fatigue était bien plus grande que s’ils avaient marché toute la journée. La nuit n’en restait pas moins redoutée, puisqu’elle appartenait aux ténèbres cherchant sans relâche à faire plonger les Souffle dans un gouffre sans fin.

Ayant quelque temps pour se reposer avant de manger, Míririen se porta aux abords du camp et s’allongea au sol, observant des petites fleurs aux pétales bleutées. De son côté, Ameanor porta son regard vers la lune déjà visible bien que le soleil ne soit pas entièrement disparu. Après quelques minutes, il se retourna pour voir que son épouse avait disparu. Il ne fallut cependant pas longtemps pour qu’il ne la retrouve, assise sur une branche basse d’un arbre non loin, plus imposant que les autres, balançant ses jambes d’avant en arrière. Avec un petit sourire, il alla la rejoindre, passant son bras autour de sa taille alors qu’elle posait sa tête sur son épaule. Les deux amants restèrent ainsi, en silence, contemplant le soleil disparaître au travers des arbres. Quand il fut parti, le couple rejoignit le soldat auprès du feu réconfortant pour manger quelques rations séchées.

Alors, l’heure du repos arriva. Aegden exposa ses plans que ni le mage, ni la peintre ne contestèrent. Le thaumaturge aurait préféré que son protecteur soit le plus reposé possible, mais il savait probablement mieux que lui ses limites. Aussi, les époux laissèrent leur gardien seul auprès du feu en rejoignant leur petite tente.

De nouveau, Ameanor se retrouva plongé dans le noir. Un noir profond. Un noir terrifiant. Seule une petite main tendue scintillait faiblement devant lui. Mais il avait beau tendre le bras autant qu’il le pouvait, il manquait toujours quelques millimètres pour que ses longs doigts n’attrapent la main enfantine. Et le noir se densifiait. Il avalait peu à peu le bras tendu, avançant sur le bras, atteignant le poignet, remontant jusqu’aux petits doigts implorants. Alors, vint le grondement sourd. Puis la chute. La peur. L’échec. Et les ténèbres finirent leur festin, ne laissant qu’une luciole seule dans le noir.

Mais, cette fois, le Souffle en peine ne se réveilla pas. Il chuta, encore et toujours. Il s’enfonça dans la pénombre jusqu’à ce qu’une lueur rougeâtre apparaisse. Devant le mage, se trouvait un immense cœur battant, pulsant du sang vermillon autour de lui. À chaque pulsation, son Souffle s’arrachait de son corps. À chaque mouvement de l’organe, du sang volait sur ses mains. Et, en dessous, une silhouette devenait de plus en plus nette.

Ameanor se réveilla alors en sursaut. Une gouttelette de sueur coulait sur son visage. À sont coté, sa dulcinée dormait d’un sommeil agité. Après avoir repris son souffle et passé sa main sur son front, il embrassa la joue de Míririen et sorti de la tente, découvrant un splendide ciel étoilé et dégagé au-dessus de lui. Il n’avait pas dormi plus de quatre heures. Le mage soupira en rejoignant son protecteur. Il posa sa main sur son épaule pour lui signaler sa présence et lui fit un sourire qui ne put effacer la douleur de son regard.

- Je pense que vous pouvez aller vous reposer, heru. Je ne dormirai pas plus cette nuit.

Alors, le regard du scientifique se porta au ciel, et ses yeux s’arrêtèrent sur une lune ronde, parfaitement lisse, immuable dans le ciel, comme fixée par quelques mécanismes inconnus. Véritable fleur du mal à l’origine d’un spleen profond là où seule l’élévation était aspirée. Avec un nouveau soupir, Ameanor se détourna de cette marque de souffrance pour croiser un petit astre verdoyant. Étrange astre errant que celui-là, unique de par sa couleur, à l’origine de son nom, la Nandhellë, la forêt du ciel, mais dont les mouvements de va-et-vient au cours de l’année s’incorporaient dans un cercle parfait autour de l’astre du jour. Sa trajectoire était similaire, bien que plus lente, qu’un autre astre errant brillant d’un blanc pur si intense qu’il était le premier visible au crépuscule, et le dernier, à l’aube, lui faisant porter le nom de tireressëa, le veilleur solitaire. Non loin, se trouvaient les deux étoiles brillantes, de rouge et de bleu, symbolisées aux mains des époux par une bague. Ces deux étoiles continuaient leur balai, en un mouvement immuable, sans que le malheur des vivants ne les émût.

Quelques minutes s’écoulèrent sans que le mage ne quitte le ciel du regard avant que Míririen ne sorte à son tour de la tente, elle aussi privée d’un sommeil réparateur par ses songes. Rejoignant Ameanor, elle suivit son regard pour tomber sur des étoiles qu’elle connaissait bien, après tant d’années de vie commune.

- Heureuse famille que celle-là, que rien dans l’existence ne pourrait séparer, susurra-t-elle alors.

Un sourire nostalgique apparu alors sur le visage du mage. Sa main gauche se porta à l’astrolabe qu’il portait en pendentif, et en fit tourner le cadran avec rapidité et précision, tandis que sa main droite se tendit vers le ciel, reliant les étoiles entre elles avec de gracieux mouvements de poignet. Les deux étoiles de bleu et de rouge se mirent alors à grandir peu à peu. Elles prirent lentement la forme d’un cerf de lumière bleu et d’une biche rougeoyante. Les deux animaux éthérés semblèrent descendre du ciel tout en avançant l’un vers l’autre, et faisant une boucle au-dessus du couple, avant de continuer leur chemin et de recommencer, inlassablement, leur danse. Tandis que les sabots luminescents des animaux touchaient le sol, les astres de vert et blanc se mirent à grandir à leur tour. L’un prit la forme d’un colibri au vert chatoyant, tandis que l’autre se dessina comme une hirondelle au ventre d’un blanc pur. Les deux oiseaux descendirent du ciel, tournant l’un autour de l’autre, parfois plongeant en piqués, d’autres planant paresseusement. Ils finirent par survoler les deux cervidés, dansant toujours l’un avec l’autre. Alors, le colibri se posa sur un bois du cerf, qui alla rejoindre Míririen, baissant la tête en révérence devant elle. Mais l’hirondelle ne s’arrêta pas. Elle fit un dernier tour, puis s’élança pour rejoindre les étoiles, royaume de l’infini.

La scène s’effaça lentement, laissant les deux elfes s’asseoir auprès du feu, à contempler sa chaleur bienveillante, capable pourtant d’exploser en une tourmente sans fin.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeMar 14 Mar 2023 - 21:18


Longtemps, Aegden observa le jeu de lumière produit par ses camarades, l’esprit divaguant entre milles pensées personnelles. Il y eut une lueur presque mélancolique, l’espace d’un instant, le coin de sa bouche se tordant en une moue désabusée.

Cependant, comme plus tôt, il n’en fit pas part à la petite assemblée qui se réunissait bientôt devant le foyer crépitant. Il se contenta d’un bref soupir, et d’une caresse sur le museau du mathandil couché contre lui, qui lui donna un coup de museau amical. L’animal sentait probablement la peine qu’il gardait cachée au fond de son cœur.

-C’est une sacré belle magie que vous maitrisez. Fit-il alors, sur le ton de la discutions cordiale avant de lever le nez vers les myriades d’étoiles qui teintaient le firmament.

Il tendit finalement la main, désignant une constellation bien plus petite que les autres, un peu isolée dont le regroupement des cinq petites leurs blanches formaient elles-même une étoile un peu plus grande.

-Lorsque mon fils est né, c’était la première constellation qui brillait dans le ciel. Celle que je me souvient avoir aperçue en tout cas. Coïncidence voulant que nous l’avions nommé Elben quelque temps plus tôt. Un sourire lointain étira ses lèvres, pris qu'il était dans ce précieux souvenir. Peut être trouvera-t-il le même genre de vocation lorsqu’il sera en âge…Mais soudain, il sembla revenir sur terre et baissa le regard vers le couple. Je m’égare, pardonnez moi. Rit-il à demi.

traduction:
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeSam 18 Mar 2023 - 10:04


- Il n’existe pas de meilleur moyen, de mon opinion, de faire discuter les Souffles que par l’entremise des symboles portées par la lumière. Et quoi de plus doux que la beauté crée uniquement pour ce qu’elle est ? Répondit Ameanor au commandant qui avait pris place au côté du feu, contre sa puissante monture. Il n’avait pas quitté le feu du regard, emprisonné dans une profonde mélancolie que le silence de la nuit ne faisait qu’accentuer, incapable de constater le souffle de tristesse qui était passé sur son interlocuteur. À son coté, Míririen regardait dans le vide, perdue dans son monde interne, ou luttant contre ses propres démons, qui donc aurait pu le dire ?

- C'est peut être là un essence fondamentale de notre art que de n'être parfois que simplement beau. Le soldat sourit.

Finalement, l’astronome suivit la main d’Aegden qui désignait une petite constellation brillante de bleu et de blanc qui, lentement, s’effaçait à l’horizon ouest. La mention d’un enfant avait fait apparaître un sourire au coin e sa bouche, un sourire plus porteur de peine que de joie.

- Ah, l’étoile de Karfias, la Reine des Solstices. D’autres constellations devaient être visibles dans le ciel, mais celle-là est particulièrement brillante, surtout au vu de sa petite taille. Cela ne m’étonne guère qu’elle vous ait marqué. D’ici quelques jours, elle ne sera plus visible du tout dans la nuit, et nous ne la retrouverons qu’au crépuscule, à l’approche du prochain solstice. Le ciel étoilé est un refuge pour les êtres égarés, je souhaite pour votre petit Elben qu’il y trouve la même paix que moi, continua Ameanor, en plongeant son regard dans son vieil ami, le Naehld, qui pointait vers l’Etoile du Nord. Mais ne vous excusez pas, je peux vous assurer que je comprends la place que prend votre enfant dans votre cœur, termina le mage en croisant le regard du soldat.

- Nous avions nous-même deux filles, reprit Míririen, dont le visage légèrement souriant affichait une forme de bonheur nostalgique. Que la vie est douce, avec ces petits êtres ! Mais que la peine est grande, lorsqu’ils viennent à vous manquer… Votre métier doit être un bien lourd fardeau, lui qui vous éloigne de votre sang.

- Petit colibri, petite hirondelle… Lança en un souffle Ameanor, plongeant de nouveau son regard dans le feu tandis que son épouse perdait toute trace de sourire et posait une main sur son genou. Des flammes dans la nuit, qui brûlaient et consumaient, irradiant de la chaleur destructrice de la tourmente, pour, finalement, ne laisser que des cendres s’envolant dans les ténèbres.

- C'est un lourd fardeau en effet. Mais dans les moments de doute je garde dans mon Souffle les raisons pour lesquelles je fait tout ça et pour lesquelles je continue. Sa naissance était ma plus grande joie et il est ma plus grande fierté. Mais quelque part, cela pourra surement vous paraitre étrange, mais ça n'a fait qu'accentuer mes convictions quand à mon devoir. Son regard se perdit à son tour dans le petit brasier. Mon fils prend le temps de grandir sans s'inquiéter de la guerre ou des bêtes sauvages, comme des milliers d'autres. Ma peine n'est pas chère payée contre la vision de son monde en paix.

- Parfois, ce que désirerait un enfant, c’est simplement un père présent, répondit doucement Ameanor, les yeux toujours braqués vers le feu. Comment bien grandir, privé de ceux qui nous sont chers ?

- Pardonnez mon époux, heru, continua Míririen avec un sourire chaleureux. Nous vivons des temps sombres qui ne semblent jamais vouloir se terminer. Je puis comprendre votre point de vue, comme Ameanor en d’autres circonstances. Mais je pense parler pour nous deux quand je dis que je ne peux adhérer à ces pensées. L’enfance de nos petits est si courte… Elle passe en un clin d’œil, et définira les elfes qu’ils seront. Ils ont besoin e notre amour et de notre présence, plus qu’Anaeh a besoin d’une lame supplémentaire. Après un court silence, l’artiste se prit d’un léger rire cristallin. Mais qui suis-je donc pour émettre de tels jugements ? J’ai déjà eu suffisamment tort par le passé, une nouvelle fois n’est pas exclue. Je vous souhaite tout de même de ne pas rater les plus belles années de votre fils, car, parfois, c’est tout ce qu’il vous reste pour les siècles à venir.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeSam 25 Mar 2023 - 21:03


-Sans doute. Le soldat répondit avec une froideur nouvelle dans la voix, malgré la neutralité de ses traits. Enfin, les choses sont  ce qu'elles sont. Fit-il mine de clore un sujet qui lui devenait fort déplaisant. Vous devriez profiter de ce qu’il reste de la nuit. Demain la journée va être encore longue.

De toute évidence, il ne souhaitait pas continuer le débat qui venait de se lancer. Ils n’avaient pas daigné obtempérer, mais Aegden n’isista pas et les laissa en paix, comme ils en firent de même et ainsi s’en fut de la soirée, jusqu’à ce que le soldat tombe lui-même de sommeil, pour quelques heures à peine.
Par-delà les confins des sphères étoilées B4a3b910

Le lendemain, il avait agi comme si rien ne s’était passé. Il ne semblait pas particulièrement joyeux, ni au contraire de mauvaise humeur. Levé à peine l’aube apparue, il avait rempli son rôle, dispersé les branchages, réunit leurs matériels, veillé au bien être des montures, jusqu’à ce que le couple soit prêt à son tour à repartir.

Les heures de voyages se firent alors longues et monotones, alors que silencieux, Aegden veillait au-devant du groupe à leur sécurité. Rien en sortait de l’ordinaire, et c’était à peine si l’élément le plus impressionnant du jour fut un simple lepiscornin fuyant le bruit des sabots en traversant leur sentier.

-Nous avons encore une petite heure avant d’arriver au camps. Finit-il par lancer par-dessus son épaule alors que le soleil poursuivait sa course. Pourtant pour des néophytes, rien n'indiquait qu'ils approchaient de leur but. La forêt était toujours aussi dense et épaisse autour d'eux, quoi que peut être s'espaçait-elle vaguement, et le sol devenait-il un peu plus pierreux. Là bah vous pourrez vous reposer un peu plus confortablement.
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Ameanor Sindënellë
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeVen 31 Mar 2023 - 22:36

Le silence se fit sur le petit camp tandis que le commandant coupait court à la discussion. Ne répondant à ses encouragements à retourner dormir qu’avec un léger signe de tête, le couple resta un instant à compléter les flammes dévorer le bois, avant de peu à peu céder à la noirceur. Au bout d’un long moment, Ameanor se leva en soupirant, et s’éloigna vers la lisière de la forêt, ses mains jointes dans son dos. Son regard se perdit dans les étoiles alors que sa dulcinée le rejoignit, entourant sa taille de ses bras. Les heures défilèrent sans un autre mot, sans que la fatigue ne soit suffisante pour rappeler le couple meurtri à un sommeil réparateur. Et ce ne fut que lorsque le soldat partit finalement chercher quelques heures de repos que les deux elfes quittèrent le ciel du regard, pour surveiller les environs et garder l’endroit tour à tour, tandis que l’autre vaquait à ses occupations.

Quand le jour pointa, brisant la quiétude de la nuit rythmée par le bruit des insectes par de puissants rayons aveuglant, le commandant sorti de sa tente pour reprendre son devoir avec résolution et professionnalisme. Il n’avait pas dormi plus de quelques heures, pas plus que le couple qui l’accompagnait. Mais cela n’empêchait nullement ses mouvements d’être aussi rapides que précis, et il ne fallut qu’une petite poignée de minute pour que toute trace du bivouac ne disparaisse du regard de tous ceux qui n’était pas pisteurs de métier. Alors, il prit la tête du groupe en enfourchant sa puissante monture pour le mener vers les montagnes tant recherchées.

Pendant une longue heure, le silence fut pesant. Le soldat était occupé à sa tâche, et les époux, perdus dans leurs pensées. La nuit avait été longue et douloureuse, et le jour précédent n’avait pas manqué d’émotion. Pourtant, alors que le temps défilait et que la lumière amplifiait, le cœur d’Ameanor semblait s’ouvrir, comme s’il cherchait à accepter un peu plus de la chaleur qui l’avait abandonné depuis si longtemps. Était-ce la perspective du futur proche qui enjouait son être ? Ou bien simplement la paisible atmosphère dans laquelle le petit groupe avançait qui cherchait à soigner le Souffle ? Le renouveau était-il vraiment à portée de bras ?

Le visage du mage s’ouvrait à mesure que le pas des chevaux les menait vers les monts Telion. Des échanges joyeux commencèrent à se faire entendre entre sa moitié et lui-même. Des petits rires cristallins de Míririen se firent entendre alors qu’elle racontait les pérégrinations internes de Filecthel à l’astronome quant à son choix d’entrer dans l’académie. C’était un instant vivifiant, comme coupé du temps lui-même, coupé de l’histoire qui avance implacablement, sans fléchir. Le moindre détail servait à retourner dans une enfance partagée dont l’ancienneté se fondait désormais au présent, jusqu’au petit animal à la fourrure d’un jaune pétant passant au-devant des montures, provoquant quelques éclats de Míririen lorsqu’elle remémorait à son comparse les souvenirs de jeunesse dans les prairies autour de Quatrième-Saison.

Mais leur protecteur, sortant de son mutisme imposé par son devoir de surveillance constante, ramena le couple qui batifolait à la réalité en indiquant que leur destination était proche. Les deux elfes remercièrent Aegden avant de retourner à leur simple enthousiasme passager. La dernière heure de voyage ne fut pas plus mouvementée que les autres, et toute trace d’inquiétude vis-à-vis des événements de la veille avait quitté les deux civils. Même lorsque la palissade de bois apparu au détour de la route, l’expédition conserva ses airs champêtres tant elle avait été calme.

Pourtant, les quelques dizaines de soldats présents dans l’avant-poste étaient bel et bien aux aguets. Le regard acéré de certains trahissait l’expérience qui manquait aux autres, et il ne semblait pas permit qu’il relâche leur attention, tant sur les alentours que sur les agissements de leurs camarades. L’endroit devait néanmoins être calme pour que tant de recrue se trouvent ici.

- Je pense que vous avez à faire ici, dit alors Ameanor tandis que les trois elfes en expédition pénétraient l’enceinte. Il nous reste tout de même du temps à passer avant que la nuit ne tombe, et Míririen a entraperçu quelques plantes intéressantes aux abords du camp. Je préfère voir avec vous s’il nous est permis d’explorer les abords proches de l’avant-poste, vous êtes l’autorité sur ce lieu et le meilleur connaisseur de la vie sauvage de la région, après tout.

- Faites, vous n’avez pas besoin de m’accompagner, en effet, répondit Aegden en acquiesçant. En revanche vous feriez mieux de laisser quelqu’un vous accompagner. Pas que les environs soient particulièrement plus dangereux ici qu’ailleurs mais on n’est jamais sûrs de rien. Allez demander à l’un des soldats en faction devant la porte, je crois que l’un d’eux meurt d’envie de se dégourdir les jambes... Nous nous retrouverons au coucher du soleil pour partager le diner.

Sur ces mots, Míririen, plus à l’aise avec autrui qu’Ameanor, héla un jeune soldat proche de l’entrée du camp qui avait l’air de s’ennuyer ferme pour lui proposer la micro aventure qui pourrait égayer sa triste journée. Sans trop d’hésitation, celui-ci accepta. Ainsi, les deux époux, suivis de leur protecteur temporaire, s’éloignèrent de la palissade de bois, laissant derrière eux le général aguerri. Míririen guida le groupe vers sa trouvaille, une longue liane enroulée autour d’un arbre épais. Assez régulièrement espacé, des fleurs ressemblant à des Lys en plus allongées pendaient. La base de leur pétale était d’un bleu si foncé qu’il touchait à l’indigo. Ce bleu se dégradait sur la longueur des pétales pour prendre des teintes turquoise à leurs pointes, qui tranchaient avec la pourpre des pistils de la plante. Avec grâce, elle enfila ses gants de cuir et attrapa la petite faucille à sa ceinture. Elle sépara alors délicatement une fleur de sa liane et la plaça dans un petit contenant en verre récupéré de son sac, qu’elle s’attacha à la ceinture. Alors, elle demanda une feuille à son amant et se mit à reproduire la plante devant en d’élégants traits de fusain.

Ameanor contemplait tendrement son aimée, profitant de ce simple instant de beauté et de tranquillité, qui s'allongeait tandis que le soleil préparait son plongeant dans les cimes arboricoles. Pourtant, alors que les fleurs prenaient forme sur le papier, le mage fronça les sourcils. Une sensation désagréable, pesante, l’envahissait. Il y avait quelque chose d’étrange dans l’atmosphère qu’il avait du mal à définir. Cela faisait-il longtemps que la forêt était si silencieuse ? N’entendait-il pas des oiseaux, auparavant, ou simplement quelques craquements de branches ? Le silence était-il aussi pesant, quelques minutes plus tôt ? Le scientifique se mit à regarder autour de lui, mais il ne voyait rien, même le vent semblait vouloir arrêter de faire bouger les plantes autour de lui. Mais… Était-ce une petite boule de lumière violacée qu’il venait de voir du coin de l’œil se dissiper ? Il ne pouvait en être sûr. Il posa néanmoins une main sur l’épaule de Míririen, qui n’eut pas besoin de plus qu’un regard pour comprendre que quelque chose n’allait pas. Elle rangea ses effets avec calme, et les époux firent signe au soldat de les ramener vers le camp. Une fois atteint, Ameanor s’éloigna seul pour retrouver le commandant.

- Heru, je pense que nous devrions redoubler de vigilance cette nuit, dit alors l’astronome, un air inquiet. Je ne fais peut-être que m’affoler, et je dois bien dire que je déteste me baser sur des pressentis en dehors de toute raison, mais j’ai la sensation que quelque chose ne va pas.
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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeSam 8 Avr 2023 - 11:30

-Avez-vous vu quelque chose Ameanor ?

Bien qu’il restait calme, le commandant ne cacha pas son inquiétude face au paroles soudaines du mage et à la peur qui dansait soudain dans ses yeux.

L’homme à ses côtés, responsable du camp, ne dit rien, mais eut le même genre de réaction. Il fronça les sourcils et observa l’échange en silence. Tous deux venaient de passer quelques minutes à discuter de la situation actuelle. Les choses ne semblaient pas inquiétantes, mais il avait malgré tout dû mettre en avant une activité anormale des gobelins de la région. Depuis l’étrange phénomène cosmique, les vicieuses petites créatures semblaient avoir eu un regain d’énergie et les pièges se multipliaient, les groupes se faisaient un peux plus imposants…

Aegden avait, lui, en tête la macabre découverte du cerf, le jour précédent. Le phénomène avait-il recommencé ? Si oui, qui ou quoi en était responsable et pour quelle raisons ?

-Plus que vu quelque chose, j’ai ressenti les mêmes choses que lorsque nous étions dans la carrière, répondit Ameanor en s’adressant aux deux soldats. Le même silence pesant, comme si la nature elle-même ne voulait plus s’exprimer. Et, hier, les énergies éthériques s’agençaient d’une manière particulière que j’ai cru reconnaître ici. Peut-être est-ce là simplement mes sens qui me jouent des tours depuis la scène de la veille, et je déteste me fier à des sensations plutôt qu’à des faits établis, mais il vaut probablement mieux que vous soyez au courant. Des choses inhabituelles se sont-elles déroulées ici depuis peu ? Termina le mage en s’adressant au responsable du camp.

Le soldat se tourna vers son supérieur, qui acquiesça à sa question muette, puis son attention revint au mage.

-Les gobelin se montrent plus agressifs ces temps-ci Heru. Mais nous n'en sommes pas à les repérer si près du camps. Il ne sont pas une menace que nous ne savons pas gérer. Il désigna les alentours. D'où la présence de nos jeunes ici. Peut être l'un d'entre eux se sera-t-il sentit développer un peut trop de courage.

-Quoi qu'il en soit il n'est peut être pas de mauvais ton de renforcer un peu notre vigilance. Aegden avait reprit.  Demandez à votre commandant de vous envoyez quelque renforts. Je vous enverrais quelques un de mes hommes aussi si nécessaire. Puis il fixa le luminomanscien. Je vous recommande de rester à l'intérieur, Heru Ameanor. J'ai conscience que ce n'est pas votre...environnement de prédilection, mais je n'aimerais pas que l'incident d'hier se reproduise. Et si vos sensations se reproduisent dans la soirée, n'hésitez pas à me le dire.

- Ne vous en faites pas, au vu des circonstances, je ne prévoyais pas de sortir du camp, répondit alors l’astronome en levant une main. J’ai plutôt l’impression que quelque chose veut jouer avec mes nerfs, si ce ne sont pas eux qui me jouent des tours… Merci, commandant, d’avoir pris le temps de m’écouter. Je crois qu’il est temps que je prenne congé.
****

Il le laissa donc partir, après un dernier hochement de tête reconnaissant des information qu'il s'était efforcé de lui donner. Cependant, il avait bien remarqué la détresse dans lequel l'homme semblait être et s'il insista pas sur le moment, elle resta dans un coin de son esprit.

Alors quand la nuit tomba et que des petits groupes de soldat se formèrent ça et là, partageant la chaleur de quelques braséro, discutant et riant de leur journée tranquille, Aegden lui fit signe au mage, resté en retrait.

-Ameanor, je peux vous parler une seconde ? Lui demanda-t-il avec une certaine douceur, histoire de ne pas non plus l'inquiéter.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeMer 12 Avr 2023 - 19:17


Ameanor quitta les deux officiers pour rejoindre son épouse, qui observait la fleur de différentes nuances de bleu posée dans son contenant de verre. Elle était occupée à compléter son croquis, arrêté net avant d’être terminé par les inquiétudes du mage. Pendant quelques minutes, ce dernier la regarda travailler, se demandant si elle se plongeait dans cet état pour fuir l’inquiétante réalité ou simplement si sa passion dévorante occultait tout le reste. Mais peut-être n’avait-il pas lieu de s’inquiéter, en réalité. L’astronome ne savait plus quoi penser, perdait-il la raison ? Devenait-il incapable de distinguer le rêve de la réalité ? La forêt d’anaëh avait toujours été aussi magnifique que dangereuse, peut-être ses appréhensions jouaient-elles avec ses propres démons, créant des visions et des sensations qui n’avaient pas lieu d’être.

Finalement, le mieux qui restait à faire était d’essayer de faire autre chose. Ainsi, Ameanor s’isola quelque peu et commença les mouvements caractéristiques de son astrolabe indiquant qu’il manipulait les énergies magiques. Il avait sorti des notes parfaitement incompréhensibles aux profanes, couvertes de plus encore de calculs que celles sur lesquelles il traçait les mouvements des astres. Des traits se suivaient, se recoupaient, ondulaient en se séparant et se recombinant pour s’éteindre ou s’accroître. Et, entre chaque petit sort, dont les effets invisibles n’étaient détectables que par le mage lui-même, il barrait des fausses pistes ou en approfondissait d’autres.

Ces va et viens continuèrent un long moment, jusqu’à ce que le mage se retrouva à observer pensivement ses parchemins, comme plongés dans une réflexion longue de plusieurs dizaines de minutes. Un mouvement le perturba néanmoins dans sa concentration, et il vit le signe que lui faisait le commandant.

- Bien sûr, Heru. A-t-on des problèmes ? Répondit alors Ameanor en se relevant pour se mettre au niveau de son protecteur.

- Non. Tout va bien.

Le soldat lui adressa un sourire rassurant avant de lui désigner d'un geste un endroit un peu plus en retrait., loin du doux brouhahah de l'activité nocturne du camps. Là, il s'appuya simplement contre un rocher, d'une façon qui le faisait paraitre plutôt détendu. Il tenait même dans ses mains une petite bouteille dont le parfum laissait penser qu'il s'agissait d'un certain alcool parfumé, sans doute emprunté à un des groupes de soldat non loin histoire de détendre un peu l'atmosphère. Il la lui tendit en plus d'une petite tasse de bois.

- J'aimerais simplement entendre votre vision des choses quand à la suite de notre voyage et la façon dont vous appréhendez la suite. Expliqua alors le commandant. Vous semblez tendu et, je tient à ce que ça soit clair : si jamais vous voulez renoncer, je ne vous en tiendrais pas rigueur, sachez le. Nous sommes au bon endroit pour décider de tout ça.

L’astronome suivit son compatriote avec un air néanmoins troublé. Le commandant semblait détendu - et profitait d’une boisson probablement subtilisée aux réserves du camp, et destinée aux célébrations -. Et les oreilles du mage se baissèrent alors que le soldat suggérait la possibilité d’abandonner l’expédition. C’était ce qu’Ameanor redoutait, mais c’était une option entièrement proscrite dans son esprit. Mais, peut-être son protecteur devait en savoir un peu plus avant de continuer leur chemin. Aussi, l’astronome accepta la boisson tendue, rempli sa tasse qu’il descendit d’une traite sans même en apprécier le goût, plus pour se donner du courage que pour se détendre. Alors, il poussa un long soupir, profitant de la chaleur de l’alcool descendant dans sa gorge.

- Je ne souhaite en aucun cas avorter cette expédition, heru Aegden. Les enjeux sont trop importants pour moi pour que je l’abandonne aussi facilement. Mais je vous en prie, pardonnez mon état. J’ai conscience que je ne rends pas facile la vie autour de moi. Peut-être devrais-je vous mettre au courant de certaines choses à mon égard, continua le mage en baissant les yeux vers sa tasse vide. J’ai… J’avais deux filles, deux jumelles. L’une d’elles est morte entre mes bras, sans qu’aucun de mes pouvoirs ne soit suffisant pour l’aider. C’était il y a vingt années, mais ce jour me hante toujours. Le scientifique, un air pathétique, fit une pause en contemplant toujours le fond de sa tasse vide. Je ne suis pas habitué à m’éloigner des cités, et je ne m’attendais pas à rencontrer une scène telle que celle d’hier. Et j’ai du mal à maîtriser mes émotions exacerbées par le passé, mon anxiété n’en est que décuplé. Pourtant, cette expédition doit continuer, pour moi-même au moins si ce n’est pour la science.

Avec douceur, Aegden posa une main amicale sur l'épaule d'Ameanor.

-Veuillez pardonner mon indélicatesse Heru. Il avait l'air sincèrement affecté par l'état du mage et sa voix était à l'image de son geste. En temps que Père je ne peux qu'imaginer la peine qui est la vôtre. Ses doigts se serrèrent un peu sur son épaule. Je vous connais peu mais de ce que j'ai pu observer vous n'êtes pas genre à si facilement renoncer alors tenez bon Ameanor. Je suis certain qu'aux côté de la Gardienne, votre fille est fière de vous et de ce que vous accomplissez. Tout comme votre seconde fille et votre femme le sont aussi certainement. Après une dernière tape amicale il se recula, osant un bien timide sourire. Avoir le courage de s'éloigner de chez soit est un acte bien moins anodin que beaucoup voudraient vous le faire croire. Ma proposition n'avait pas pour but de vous faire culpabiliser soyez en sûr. Je vais être honnête je ne m'attendais pas non plus à ce que nous avons vu hier et je n'aurais aucun mal à croire que cela ait pu vous perturber. J'ai d'ailleurs pris la peine de demander à ce qu'un camarade vienne avec nous demain. Les soldats en faction ici connaissent mieux les alentours et les évènements récents que moi. De cette façon, vous n'aurez pas besoin de veiller avec autant d'attention que la nuit précédente.

Ameanor remplit de nouveau sa tasse, presque à ras bord, et la but d’une traite, cherchant un semblant de réconfort dans la sensation de chaleur qui irradiait son œsophage. Mais ce piètre remède ne suffisait pas plus que l’étreinte bienveillante du soldat compatissant. Il avait mal, car, pour un père qui a perdu son enfant, c’est toujours le premier jour.

- Ne vous excusez pas, Aegden. Vous ne saviez pas, et j’ai choisi de vous en parler de moi-même, répondit-il alors en tendant la bouteille à son vis-à-vis pour partager le vice de la boisson là où il ne pouvait partager la douleur de la peine. J’aimerais que vous ayez raison, mais si vous connaissiez les ombres de mon cœur, votre discours serait bien différent. Le mage poussa un soupir et baissa de nouveau le regard. La vérité est que nul de mes accomplissements ne pourra jamais apporter quelque réconfort que ce soit. J’ai déjà échoué, échoué à la seule et unique chose qui importait vraiment. L’astronome secoua la tête en se réservant un verre d’alcool. Je… Je suis désolé. Vous n’avez pas besoin de ça… Et merci, Aegden, vous êtes quelqu’un de bien, continua-t-il en relevant les yeux, avec un sourire empreint de mélancolie. Des paires de bras supplémentaires ne seront effectivement pas de trop. Sachez que votre attention me touche vraiment, même si mon état ne vous le montre pas.
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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeDim 23 Avr 2023 - 11:58


Doucement, Aegden vint se saisir de la bouteille que l'autre lui tendait, bien qu'il ne se servit pas et la garda dans sa main. Il voulait simplement éloigner la boisson dont le mage semblait soudain ne plus savoir se passer.

-Je suis conscient de ne pas être l'interlocuteur le plus doué pour trouver les bon mots que vous pourriez avoir, mais ne vous excusez pas de me parler pour autant. Sourit-il avec la même douceur. Ça fait partie de mon travail et je le fait de bon cœur alors pas de ''vous n'avez pas besoin de ça '' d'accord? Le sermonna-t-il gentiment. Nous allons encore passer quelques temps à voyager ensembles et c'est une bonne chose de nous connaitre un peu mieux je crois.

-Peut-être est-il temps d’être tout à fait honnête avec vous, alors, répondit Ameanor en fuyant momentanément le regard du commandant. Il y a vingt ans, je me suis perdu. Je n’avais plus la force de continuer, je n’avais plus la force de vivre, je ne faisais que survivre. Et, lorsque Míririen décida de partir pour Alëandir, pour essayer de mettre de la distance entre nos tourments et notre dernière fille, je n’ai pas pu la suivre. Malgré plus de six siècles de vie commune, malgré nos vœux d’éternité, je n’avais pas la force de remonter le gouffre dans lequel j’étais plongé. Ce n’est que récemment que j’ai pu trouver la force d’accepter un maigre espoir, alors que le temps finissait de briser Míririen. Mon propre mal a alors cessé de me cacher celui que je faisais aux autres, il fallait que je fasse quelque chose pour que l’envie de vivre lui revienne. Le mage regarda de nouveau son interlocuteur, une lueur inquiète dans les yeux. S’il arrivait quoi que ce soit à Míririen, c’est une moitié de moi-même qui s’effondrerais. Rien que l’imaginer me terrifie… Vous aurez alors peut-être déjà compris que mon véritable but dans cette expédition ne se trouve pas dans ses objectifs scientifiques. C’est une tentative désespérée de ramener la flamme de la vie dans le cœur de mon épouse, comme dans le mien. Je… Continua-t-il en baissant de nouveau les yeux. Je suis désolé de ne pas avoir été honnête avec vous dès le départ.

-Eh bien...Quelque part l'objectif reste louable. A nouveau, le soldat tenta un timide sourire, essayant de rassurer son interlocuteur bien pâle. Et j'imagine que vous ne m'avez malgré tout pas mentit quant à vos objectifs scientifiques n'est-ce pas? Si c'est le cas, alors je n'ai pas à vous interroger ou vous juger sur votre vie personnelle Heru. Tout ce que je vous demande à présent c'est d'effectivement être honnête quand à la suite. Que vous vouliez renoncer ou non, et ce qui importe à notre expédition, ça j'ai besoin que nous soyons clairs là dessus. Le reste, il vous appartient ou non de m'en faire part. J'apprécie connaitre mes compagnon de route, mais je n'exige d'eux rien qu'ils ne soient déjà volontaires de me dire. Un silence passa avant qu'il n'ajoute. Quoi qu'il en soit, vous semblez avoir une bien basse opinion de vous Ameanor, pourtant, votre femme et vous semblez sur la bonne voie. Il y a des chances pour que les choses n'aillent qu'en s'améliorant durant ce voyage, ne croyez vous pas?

- Non, bien sûr, mes objectifs scientifiques sont bien réels. Ils n’arrivent simplement qu’en seconde position. Vous connaissez déjà tout ce qui importe réellement à cette expédition, je pense, et j’espère que vous comprenez à quel point il est important pour moi de la compléter. Ameanor poussa un nouveau soupir, détournant le regard pour quelques instants. Je suis désolé, mon histoire est bien pathétique pour quelqu’un qui a connu les affres de la guerre. Et pourtant, parfois, je n’ose plus espérer que les choses ‘améliorent, car qu’importe la hauteur où nous réussissons à difficilement nous hisser, la chute semble toujours guetter, et amène à des profondeurs obscures dont il semble toujours plus difficile de s’extirper. Le mage releva la tête et croisa le regard de son interlocuteur, affichant un sourire partagé entre triste nostalgie et une légère lueur d’espoir, perdue dans les entrelacs de son être. Mais je dois continuer à lutter, ne serait-ce que pour Filecthel, elle mérite la vie que sa sœur n'a eu le doit de continuer. Après un bref silence, l’astronome reprit. Merci, Aegden, pour votre sollicitude. J’espère, un jour, avoir la capacité de vous rendre la pareille.  

-Ne vous en faite pas pour moi. Le sourire du commandant s'était fait plus sincère. Continuez de lutter pour votre fille et votre femme, Ameanor, c'est un combat qui en vaut la peine.

Soudain, le mouvement des soldats au loin qui commençaient à organiser leurs rondes nocturnes attira son attention.

-Bon, je crois qu'il est temps de chercher un peu de repos. Ajouta-t-il alors, faisant mine de laisser le mage enfin prendre congé de cette conversation sans doute difficile pour lui. La nuit est déjà bien avancée et demain on atteindra la montagne, ça risque d'être fatiguant.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeMer 26 Avr 2023 - 22:01


Un sourire sans conviction accompagna les derniers mots du commandant. Il avait raison, la journée suivante serait éprouvante, et, bien qu’Ameanor redoutait ce moment, il était l’heure de trouver du repos. D’un petit signe de main, il prit congé de son interlocuteur, en le remerciant une nouvelle fois de ne pas abandonner ce projet qui lui importait tant, puis il rejoignit sa dulcinée, qui l’accueilli avec un sourire chaleureux.

Évidemment, elle savait. Nul mot n’avait besoin d’être dit, un échange de regard suffisait. Avait-elle aperçu son mari au loin, discutant avec le commandant ? Ou sa simple absence avait-elle été suffisante pour qu’elle fasse cette hypothèse ? Ce qui importait réellement était qu’elle voyait la maigre ouverture de son amant comme une chose positive, lui qui, si solitaire, portait toujours ses fardeaux seul. Le couple échangea quelques accolades, et prit rapidement un maigre repas et ne chercha pas plus à partager sa soirée avec d’autres elfes. Ils décidèrent d’aller se coucher, car le grand moment de l’expédition approchait, et ils devaient être prêts pour lui.

Par-delà les confins des sphères étoilées Fotora11

Pourtant, quand le soleil s’éleva dans les airs et que le matin vint, ce ne furent ni l’excitation, ni l’impatience qui se lisaient sur Ameanor. Le mage était blême et son visage paraissait plus vieux qu’il ne l’avait jamais été. Son mutisme ne faisait qu’appuyer l’angoisse de son regard, soutenu par des cernes violacés, démontrant que la nuit avait été particulièrement éprouvante. Míririen indiqua néanmoins qu’il fallait continuer le chemin. Elle avait un regard inquiet qui ne trompait pas : elle était particulièrement préoccupée, mais il n’y avait pas de réelle alternative à continuer l’expédition. Elle était tout de même particulièrement tactile avec Ameanor en ce moment, serrant son bras contre elle, caressant ses cheveux, essayant par tous les moyens d’éclairer les ténèbres qui avaient pris possession de l’astronome.

Aussi, le groupe reprit la route sur leurs montures, mais à quatre cette fois. Les préoccupations du mage avaient été prises au sérieux par Aegden, qui avait préféré appeler quelques renforts pour le reste de la route. Alors, les uns aux aguets, les autres dans un silence pesant que Míririen essayait en vain d’égayer, le voyage continua.

Mais alors que le soleil s’approchait lentement de son zénith, les pentes montagneuses commencèrent à se faire particulièrement sentir. Le chemin que le groupe suivait jusque-là s’effaçait progressivement. Bien vite, il fut remplacé par des sentiers tracés par des animaux habitués à l’endroit, plongeant dans la broussaille et aboutissant de temps à autre sur une falaise bien trop abrupte pour qu’elle ne soit praticable. Les elfes décidèrent alors de descendre de leur monture, et de continuer à pied tout en cherchant des chemins propices à faire passer les équidés.

Nombreux furent les tours et détours afin de chercher des sentiers plus simples pour les quadrupèdes. Les monts Télion n’étaient pas les plus hauts, mais ils n’en restaient pas moins sauvages et difficiles d’accès. Pourtant, l’expédition se poursuivait en toute quiétude, sous un soleil splendide, égayé par le chant des oiseaux et des insectes. Ameanor semblait reprendre vie peu à peu. Son regard s’illuminait alors que son teint reprenait des couleurs. Peut-être que de reprendre la route à pied aidait, comme l’attestait son pas sûr, agile et rapide, virevoltant au côté de Míririen. De fait, le couple paraissait maintenant dans son élément, traversant la végétation comme deux enfants jouant entre les arbres. C’était, en réalité, le doux souvenir du Coromitinwë qui remontait, de cette demeure de grâce perdue dans la colline, de cet écrin de douceur dans un océan de peine. Un paradis de verdure découvert en vadrouillant dans la nature aux alentours du Quatrième-Saison.

Finalement, après maints efforts, la végétation sembla s’écarter quelque peu alors que s’entendait le gargouillis de l’eau dans le lointain et que le soleil se frottait à la cime des arbres. L’Aicassërinan. La vallée tant recherchée. Le trajet n’avait pas été de tout repos, bien que cette journée ait été dépourvue du moindre danger, au point de donner l’impression que les précautions supplémentaires étaient bien superflues. Mais, enfin, la belle et tranquille vallée faisait place aux pentes couvertes de conifères que le groupe traversait depuis des heures. Elle était traversée de deux rivières, se transformant ici et là en petits torrents, et se croisant en son centre. Ces rivières avaient comme creusé un long croissant relativement peu accidenté dans les murs de roches plus ou moins abrupts, et le sol quelque peu rocheux entourant les cours d’eau laissait rapidement place à de la belle herbe verte et grasse parsemée d’arbres et de buissons.

Le petit groupe était arrivé légèrement à l’est de la vallée, plus proche du pic recherché, mais un long chemin restait à faire pour l’atteindre. Ameanor pointa du doigt dans la direction de la pointe est de la vallée, montrant un haut pic à une dizaine de kilomètres de leur emplacement qui les dominait d’environ un millier de mètres. Sa pente paraissait néanmoins relativement douce, bien que couvertes de divers conifères. Malgré l’été qui arrivait à grands pas, le sommet de la montagne était couvert de neige.

- Le mont Aira, notre destination ! Déclara alors le mage d’un ton enjoué. Nous devrions nous dépêcher, mon sort ne pourra prendre forme que pendant la nuit. Les secrets de la voûte céleste ne peuvent se révéler sous l’éblouissante lumière du soleil ! L’astronome se retourna vers le commandant, une pointe d’inquiétude s’installant dans son excitation soudaine. Pensez-vous que nous pourrions essayer d’atteindre le sommet de la montagne avant la nuit ? Ou préféreriez-vous attendre la nuit prochaine ?
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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeSam 6 Mai 2023 - 20:51


-Si nous nous dépêchons nous y parviendrons peut-être. Répondit calmement Aegden tout en notant le ton enjoué du mage. Voilà qui faisait bien plus plaisir que sa mine fatiguée de la veille. Mais nous n’en seront que plus fatigué en l’atteignant alors, c’est vous qui voyez. Si nous marchons vite, nous y seront pour le couché du soleil, soit deux bonnes heures de marche.

Le soldat préférait que les deux civils choisissent leur propre rythme tant qu’ils le pouvaient. D’autant que maintenant qu’un autre elfe les accompagnait, ils pouvaient se permettre d’un peu pousser leurs capacités puisqu’ils pourraient passer des nuits plus complète. Cependant, Aegden ne souhaitait les forcer en rien.

Malgré son ton léger, le lancier ne quittait pas les abords de leur sentier du regard et ne s’était pas retourné vers ses interlocuteurs tandis qu’il leur répondait, gardant une main dans l'encolure de son mathandil qui marchait à ses cotés.

Sans qu’il ne le montre au couple, les évènements rencontrés durant leur voyage l’inquiétaient et il ne pouvait oublier la catastrophe qui avait secoué la carrière quelque temps plus tôt. Il se montrait donc particulièrement attentif. D’autant que les gobelins n’étaient certes pas dangereux en eux même, mais vicieux, ils pouvaient vite devenir eux aussi une sacrée peste dans les environnement aussi accidenté et propice aux embuscades que celui sur lequel ils s'aventuraient.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeLun 8 Mai 2023 - 11:34

- Alors dépêchons-nous, répondit Ameanor avec enthousiasme. Si nous marchons rapidement et que nous atteignons le sommet pour la tombée de la nuit, je pourrais commencer le sort. Il faudra bien compter deux heures alors, et… Il s’arrêta dans sa phrase, la main de Míririen s’était posée sur son épaule. Elle le regardait avec un petit sourire désolé. Oui, bien sûr, tu as raison, comme toujours, Míririen. Ce ne serait pas raisonnable de se trouver là-bas, épuisé, et encore moins d’y pratiquer la magie, continua-t-il avec un soupir. Il vaut mieux s’approcher de la montagne ce soir, et y monter un camp. Nous pourrons explorer la vallée demain et monter la pente en fin d’après-midi pour que j’y prépare mon sort.

La déception se lisait sur le visage d’Ameanor, mais il n’en gardait pas moins une forme d’excitation inconnue par ses compagnons auparavant. Certes, il était plus sage d’attendre encore un peu, mais le mage se trouvait plus proche que jamais d’une réalisation qu’il rêvait de faire il y a bien longtemps. Et la beauté naturelle de l’endroit semblait égayer d’autant plus le couple, rappelant les pentes de la colline où ils avaient élu domicile.

Pendant encore quelque temps, le groupe continua son chemin, suivant une rivière qui s’écoulait bruyamment en rapide ici et là, vers les pentes de l’imposant mont Aira, dont la cime blanche semblait titiller les voûtes célestes. Enfin, en un endroit que le noble commandant jugeait propice, le cortège s’arrêta pour monter un petit camp pour la nuit alors que le ciel s’emplissait du rouge précédant le crépuscule. Ameanor aida comme il le pu au début, mais face à l’habitude des deux soldats, il se résolut rapidement à se mettre de côté puisqu’il semblait plus gêner qu‘autre chose. C’est alors qu’il se rendit compte que sa dulcinée manquait à l’appel. Elle s’était, au début, éloignée pour observer quelques plantes épineuses poussant entre les rochers, non loin de la rivière, mais elle n'était toujours pas revenue.

Ne faisant qu’un signe aux soldats pour dire qu’il ne s’éloignait ni trop loin ni trop longtemps, Ameanor prit alors quelques distances. Il n’eut pas à attendre longtemps avant de trouver celle qu’il cherchait – étant donné les circonstances, personne ne voulait se trouver à une trop grande distance des autres, surtout lorsque lesdits autres avaient des armes pour défendre le groupe -. Néanmoins, la retrouver n’offrit guère de réconfort à l’astronome. Míririen était debout, immobile, en lui tournant le dos. Elle regardait dans le vide, sans bouger. Ameanor savait pertinemment ce que cela signifiait.

Míririen était une elfe très sociable, et se montrait presque toujours souriante et joyeuse. Mais Ameanor savait bien qu’il ne s’agissait que d’une façade, d’un masque qu’elle s’était tissé depuis sa plus tendre enfance. Dans l’intimité ou la solitude, ses peurs, ses peines et douleurs se libéraient et éclipsaient son déguisement mondain. Et, en cet instant, le mage voyait la Míririen qu’il avait retrouvée dans le noir de sa maison, en Alëandir, l’elfe que le temps avait lentement brisé, celle que les ténèbres essayaient d’ensevelir sous une chape de sentiment de vide profond et d’inutilité illusoire.

Tout d’abord, le mage resta comme paralysé, les oreilles basses. Puis, lui vint une idée que la paix des lieux nourrissait. Après quelques minutes de réflexion, il sortit son astrolabe, un sourire aux lèvres, et commença à peindre la toile d’un jour qui restera toujours aussi magique. Alors, la nuit se fit autour de lui et de Míririen. Les étoiles d’une autre période de l’année se mirent à briller dans le ciel, et le sol s’effaça pour prendre la forme d’une surface paisible d’un lac bien connu. Sous les pieds de ceux qui marchaient dessus, des cercles concentriques se formaient et semblaient faire s’envoler des petites gouttelettes luminescentes. De grands rayons argentés apparurent ici et là, autour desquels des feux-follets turquoise semblaient danser. Comme s’il marchait sur l’eau, Ameanor rejoignit son épouse et se colla alors contre son dos, posant ses mains sur son épaule et respirant son odeur florale toujours caractérisée par une touche de lavande. Après quelques secondes à regarder les feux follets tournoyer autour des rayons, celle-ci se retourna, un sourire triste sur les lèvres, et quelques sillons sur ses joues indiquant que des larmes y avaient séché.

Sans mot dire, Míririen se serra contre son amant et entoura ses bras autour de son cou, tandis qu’il enroulait les siens contre sa taille. Et ils se mirent à lentement danser, avançant d’avant en arrière, serrés l’un contre l’autre, au rythme d’une musique imprégnée dans leur mémoire six siècles auparavant, entouré de petite gouttelettes d’eau luminescente qui s’envolaient à chaque pas.

- Tout est toujours si difficile, Ameanor, dit alors Míririen et plongeant son regard dans celui de son époux. J’ai peur… J’ai peur d’être seule. J’ai peur de ne plus réussir à avancer.
- J’ai peur, moi aussi, répondit l’astronome en attrapant la main gauche de Míririen et en la plaçant entre eux deux, collées contre leur poitrine. J’ai peur, mais je sens, je sais que je veux être avec toi.
- Je me sens tellement seule, parfois…
- Je suis si désolé, Míririen, répondit le mage en baissant le regard vers le sol. Je n’avais pas le droit, et je n’ai toujours pas le droit de faire ce que je t’ai fait. Si tu savais à quel point je me hais. Je me hais pour avoir échoué, je me hais pour tout le mal que je t’ai fait.
- Alors laisse-moi te donner l’amour que tu ne peux plus te donner, continua Míririen en posant sa main droite sur la joue d’Ameanor et cherchant son regard. Laisse-moi t’aimer comme au premier jour, et aime-moi comme à ce premier jour.
- Je n’arrêterais jamais de t’aimer encore plus chaque jour, Míririen. Ameanor plongea son regard dans celui de Míririen, puis les deux elfes s’embrassèrent langoureusement, profitant d’un instant hors du temps. Si adh an-uir, finit-il par dire alors que leurs lèvres se séparaient.
- Si adh an-uir, répondit Míririen, les yeux brillants.

Alors, la magie s’effaça peu à peu, remplaçant l’eau par la roche et les lumières mystiques par celle de la lune d’une nuit qui venait à peine de commencer.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeMar 9 Mai 2023 - 21:33




-On devrait peut-être pas les laisser faire autant d’étincelles…Souffla discrètement le soldat à son commandant en voyant le petit spectacle du couple. Ça va nous attirer des créatures à tous les coups.

-Ils ne sont pas loin de nous. Aegden lui répondit avec un air contrit. Et puis je crois que ces deux-là ont pas mal de choses à se dire, on devrait les laisser pour cette fois…

Alors, à voix basse, les deux militaires s’efforçaient de trouver d’autres sujets de conversation, afin de ne pas capter d’avantage une scène aussi intime et personnelles que celles du couple plongé dans un lointain passé. Le sujet se porta rapidement sur leurs chemins respectifs, le milicien était après tout curieux de savoir comment s’en sortait celui qui avait autrefois été son supérieur direct.
Mais alors qu’il s’apprêtait à répondre, un mouvement du côté du couple attira brusquement le regard du commandant.

-Attention !

Son cri résonna dans la clairière alors que dans le dos du couple qui s’en retournait vers eux s’érigea une paroi de vent glacé qui bloqua une épaisse masse dont les contour ne se distinguait pas dans la nuit. Dans les ténèbres quelque chose recula brusquement et sembla disparaitre derrières les branches se fondant dans leur obscurité.

-Revenez au centre !

Aegden et son camarade se tenaient soudainement en alerte, l’un faisait tourner son arme dans ses mains, l’autre armant la corde de son arc.

Autour d’eux l’atmosphère était devenue glaciale, et Aegden savait qu’Ailagos et la brume de givre qui venait entourer sa lame n’en était pas seule responsable. Il siffla rapidement et fit un cercle poing fermé à l’attention de son mathandil, qui comprit l’injonction en s’ébrouant. Du bout du museau, il poussa les autres chevaux les forçant à s’approcher du feu.

-Tu as vu ce que c’était ?
-Non. J’ai cru voir un loup ou un Phish Oura je n’en sait rien…
Il le sentait, au fond de son cœur, le rythme tranquille et quasi imperceptible était devenu un tambour de guerre. La sylve était inquiète de l'étrange prédateur qui rodait tout près.
-Tu crois que…

Le soldat ne finit pas sa phrase, mais Aegden comprit pourtant ce qu’il lui demandait. Cette créature était-elle de leur monde où était-ce l’un de ces monstres formés par une quelconque volonté d’Elenmàr ?
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeJeu 11 Mai 2023 - 23:13


Ameanor et Míririen profitaient encore de la paix de la nuit, les corps collés l’un contre l’autre, leur front se touchant et leurs yeux plongés dans la contemplation de l’autre. Les temps d’après le Voile étaient si difficiles à porter… Et pourtant, en ces quelques secondes, il n’y avait qu’eux. Comme six siècles plus tôt, il n’y avait que les grands yeux ouverts de ces deux Souffles qui se mélangeaient en un. Le spectre de la grâce venait se matérialiser à nouveau dans le monde d’Ameanor.

Le vent jailli et en un instant, le monde sembla voler en éclats.

Tout semblait se passer si vite, comme si en une seconde, tout sens commun avait disparu. Mais à la fois si lentement, s’étirant en une éternité où chaque battement de cœur se faisait ressentir. Des cris fermes, mais inquiets, des armes qui se levaient, un sifflement, les chevaux qui s’activaient… Ameanor et Míririen, étaient perdus et affolés. Jamais ils n’avaient connu de véritable danger ; jamais ils n’avaient vu une arme sortie, prête à se battre. Environ en même temps, se tenant fermement la main, le couple couru pour rejoindre le centre du camp, derrière les soldats aux aguets. Étaient-ce les circonstances qui faisaient paraître le monde si silencieux ? Était-ce la panique qui faisait battre le cœur d’Ameanor si irrégulièrement ?

- Aegden, que se passe…

Le mage s’arrêta net dans sa phrase. Il plaça une de ses mains à son cœur et se baissa comme s’il avait un point de côté. Son souffle était devenu plus irrégulier, et bruyant. Une image, nette, se formait dans sa tête à chaque battement d’un cœur qu’il sentait pourrir en lui. Une griffe, soir, suintante, qui s’approchait. Une gueule, garnie de croc et de ténèbres, qui s’ouvrait. Míririen se pencha immédiatement sur son époux, inquiète.

- Ameanor, que se passe-t-il ? Il voyait un trou béant dans sa poitrine. Du sang vermeil s’y écoulait. Aegden, fait quelque chose ! Cria-t-elle avec une voix empreinte d’effroi en se retournant vers le commandant.

Dans les arbres, légèrement à l’est, un puissant bruit de grattement contre l’écorce se faisait entendre, lent et régulier.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeJeu 25 Mai 2023 - 19:08

Dérangé par tant de pénombre, Aegden tentait bien quelques assaut de sa lance, projetant quelques lames glaciales dans ce qui lui semblait trop sombre pour être naturel mais jamais il ne semblait faire mouche. En tout cas aucune bête ne rendait ni cri ni coup. Finalement, Aegden se permit un bref coup d’œil en arrière, lorsque la femme hurla sa panique. Aemanor était au sol, visiblement en état de choc. Pourtant il n'y avait pas de sang, et les deux soldats étaient sûrs de ne pas avoir laissé de brèche à leur défense.


-Couvre moi. fit-il rapidement à son compagnon qui se tint arme prête à tirer.  Mis tirer où et sur quoi ...?

Nulle blessure n'expliquait l'état du mage lorsque le commandant plia les genoux à sa hauteur. Tout semblait indiquer que le mal dont il souffrait était dû à la terreur de la situation. Entre ses dents, Aegden laissa échapper un bref juron. Il ne manquait plus que cela.

-Aegden ! L'archer lui lança un regard inquiet et rapidement ils se comprirent. Ils ne pouvaient rester ici à la merci d'une bête. Encore moins avec deux civils en panique sur les bras.

-En selle. 

Avec fermeté mais sans violence, Aegden souleva soudain Aemanor, le portant dans ses bras comme un enfant. Il siffla brièvement son mathandil qui s'approcha. Un geste des doigt suffit à lui faire comprendre la demande muette de son compagnon et il plia ses fines jambes pour laisser son cavalier grimper sans lâcher son fardeau.

De son coté l'archer avait reculé avec précaution sans pour autant lâcher les ombres du regard. Il s'était contenté de quelques brefs gestes vers la dame et d'un ''venez avec moi'' avant qu'il ne la fasse monter à cheval, devant lui. Aussitôt furent-ils en selle, attrapant au passage les brides des deux autres montures, qu'il se mirent à galoper dans la pénombre, guidé par la lumière de leurs simples torches.  Aegden menait la marche, l'archer la fermait. Cela dura quelques minutes qui semblèrent une éternité avant qu'il n'atteignent une nouvelles clairière, dégagée et sans recoin où se cacher pour une quelconque créature.

Alors, seulement lorsqu'ils se sentirent en sécurité, Aegden se permit d'a nouveau déposer Ameanor à terre et se penchant à son niveau, lui demanda d'une voix douce:
    
-Est-ce que ça va aller Heru ? Il n'y a plus de danger, respirez.

En était-il certain ? Non. Les deux elfes avaient-il à le savoir? Pas plus. 

Le noir. Il n’y avait que l’ombre et les ténèbres. Une main douce contre sa chair, des éclats de voix et de la panique. Mais le noir, toujours plus intense. Quelque chose approchait. Quelque chose le soulevait. Des pas ? Des sabots ? Tout était si confus. Seule l’obscurité semblait immuable.

Les sons se firent plus clairs. Les mouvements s’arrêtaient et des formes et des silhouettes rougeâtres se dessinèrent dans les ténèbres qui tournaient au gris. Une main familière s’accrocha à la sienne. Une voix inquiète essayait de le faire réagir.

Mais, même si le cœur du mage semblait se calmer, et que son souffle plus régulier était moins fort, il n’en semblait pas en meilleure santé. Ses yeux ouverts semblaient regarder dans le vide, et sa respiration était rauque et difficile. Dans son monde, une silhouette ombrageuse et trapue avançait. Il voulait crier, il voulait prévenir et il posa sa main libre sur le bras d’Aegden. Mais sa voix n’était qu’un chuchotement semblant lui provenir d’ailleurs.

- Des roches qui se brisent.

Plus loin, une corniche s’effondra, attirant pour une demi-seconde l’attention des elfes. Mais la chose avançait, toujours plus vite.

- Des cris dans le noir.

Míririen poussa un cri aigu de peur et de surprise. Un monstre aux allures d’un loup immense courrait à une vitesse surnaturelle vers l’archer venu en renfort. Celui-ci ne flancha pas, et avec une extraordinaire agilité et rapidité, décocha une flèche qui vola droit au cœur de la bête. Et qui la traversa, comme si elle s’enfonçait dans un nuage de fumée. Avec son étonnement, le soldat failli ne pas réussir à se dégager de la trajectoire de la créature oscillant entre ombre et matière qui sautait vers lui, les crocs prêts à claquer. Mais l’adversaire ténébreux ne semblait pas vouloir s’acharner sur sa première proie. Son objectif était clair, et ses yeux rougeoyants fixaient l’astronome au sol.

- Des cœurs qui s’emballent.

La respiration d’Ameanor se fit de nouveau plus forte, et son cœur recommença à battre irrégulièrement alors que d’un regard paniqué, il attrapait la manche de Míririen à ses côtés.

-Bon. Aegden grogna, fixant un instant Ameanor puis la bête. D’instinct il se plaça entre les deux, de manière à ce que la créature soit forcée de lui prêter son intention pleine et entière. Tu veux te battre, saleté, tu va devoir te mesurer à quelqu'un d'autre que lui. 

Un mouvement de lance suivit, projetant une violente lame vers la créature pour la forcer à reculer d'avantage. Puisque fuir ne fonctionnait pas, et qu'il ne connaissaient pas cette chose, plutôt que de l'attaquer brutalement, les deux soldats s'étaient accordés en une position de défense des deux civils. Si elle cherchait à les contourner, le lancier se déplaçait aussi, l'archer le couvrant en retrait.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeMer 7 Juin 2023 - 22:52

L’air tranchant vola jusqu’à la bête, qui fit, cette fois, un bond de côté pour l’esquiver avec une agilité et une rapidité surprenante compte tenu de sa taille. Son corps se densifia néanmoins au plus proche de la lame qui le frôlait. Son attention n’était plus sur le mage, encore agrippé au bras de son aimée. Son souffle s’était calmé, mais ses yeux, affolés, continuaient de regarder le vide, alors que son visage blanchissait à vue d’œil. Le monstre, oscillant toujours entre ombre et matière, essaya d’abord de contourner le nouveau venu par de rapides mouvements, mais les deux soldats, alertes et bien entraînes, réussissaient toujours à se repositionner afin de le bloquer.

Alors, avec une forme de calme terrible, les deux yeux écarlates de la chose se plongèrent dans ceux d’Aegden. Il ne semblait pas bouger, mais le commandant pouvait le voir humer, fouiller à la recherche d’une proie. Non, il ne le voyait pas, il le sentait plutôt, à travers son regard.

-Tu ne me fait pas peur.

Le soldat grimaça devant la créature, retroussant ses lèvre dans une expression de colère. Une douleur explosa violemment dans son crâne et son genou flancha l’espace d’une brève seconde. Il croisa le regard du loup, et il pouvait jurer y apercevoir une lueur de jubilation malveillante briller.

Alors, le soldat serra les dents, et sans dévier son regard du monstre força sur ses jambes pour se relever.

La bête sembla surprise, mais l’elfe ne lui laissa pas le temps de revenir à la charge. Un cri de rage suivit un assaut de son arme contre la créature. La lame traversa l’ombre, mais la brume blanchâtre, elle, laissa une trace tangible sur la créature qui laissa à son tour échapper une expression de sa colère. Elle recula vivement, et l’elfe fit tourner la hampe de sa lance dans sa main, profitant se de bref répit avant un nouvel assaut. Le vent se levait et sifflait avec rage autour des deux combattants.

La haine. C’était la seule chose que laissait passer le regard de braise de la créature de noirceur. La lance avait frappé le flanc du monstre, et, alors que le monstre se retirait, le commandant pu apercevoir un peu décharnée et un flanc qui semblait appartenir à un cadavre. De la blessure, une pourriture noirâtre suintait. Mais, bien vite, l’ombre tourbillonnante reprit forme et cacha de nouveau la chair pourrie. Était-ce le vent, qui avait tranché la chair, ou la lame de la lance avait-elle trouvé un chemin tracé par le déchaînement mystique ? Nul, ici, ne pouvait le dire. Il n’en restait pas moins que l’ignoble monstre ne semblait ressentir aucune douleur, uniquement de la haine.

Le vent hurlant autour des deux combattants semblait néanmoins rétrécir les ombres, comme les confiner au plus près de la créature. Seule sa tête apparaissait encore comme un concentré de ténèbres immuable, illuminé par son regard sanguinaire. Et sa gueule, immense, s’ouvrit, alors qu’elle se lançait dans une succession rapide de bons de côté, alternant de gauche à droite tout en se rapprochant de son adversaire dans le but de confondre son adversaire, avant de se jeter sur lui, les crocs suintants et les griffes en avant.

Lorsqu’elle bondit, ce fut le moment qu’Aegden attendait, bas sur ses appuis, son regard ne déviant pas de sa cible. La lance avait tournée deux fois dans sa main. Elle tourna une troisième fois et s’abattit devant lui convoquant à nouveau le mur qui avait une première fois protégé le couple de la bête alors qu'elle se projetait sur lui.

Le mur de vent sembla chasser l’ombre, et, pour une fraction de seconde, le soldat pu croire à sa victoire. Mais des griffes décharnées, bien solides et dénuées du nuage d'ombre qui les entourait auparavant firent leur apparition. Les patte mutilées et pourries, mais bien physiques, désormais, traversèrent, prêtes à s’enfoncer dans la chair du flanc de son adversaire. Elles furent suivies, dans leur lancée, par une gueule paraissant beaucoup moins diffuse. Les ombres s’étaient comme cristallisée, prenant la forme de l'obsidienne, en cette endroit, contrastant avec le corps cadavérique qui continuait de traverser le vent mystique.

Ne lui laissant pas le temps de se reprendre, le soldat fit encore tourner l'arme dans sa main et dans un sifflement, fendit le crâne devenu cristal devant lui. Le vent cessa finalement, et le calme sembla revenir , alors qu'il fit un pas en arrière, attendant presque que la créature se relève.

Il laissa encore une dizaine de seconde avant de se retourner et s'agenouiller vers son protégé, faisant fit de la fatigue qui commençait à peser lourd sur ses propres épaules.

-Heru, vous allez bien?

Le soldat découvrit Ameanor allongé, dans les bras de sa bien-aimée, elle-même accroupit au sol. Elle le serait contre elle, se balançant légèrement d’avant en arrière, comme si elle berçait un corps inanimé. La tête du mage était sous le menton de son épouse, dont les joues présentaient de larges traces humides. À chaque vas-et-viens, elle suppliait dans un murmure. Plus rien ne semblait exister autour d’elle, hormis cet être, dans ses bras, qui avait les yeux fermés et une respiration si lente, si faible…

Alors qu’arrivait le commandant et qu’il s’enquérait de l’état de santé de son protégé, nulle réponse ne vint. L’elfe était livide, et l’albâtre de sa peau ne faisait que ressortir encore plus les profondes poches bleutées sous ses yeux fermés. Pourtant, un pouls se faisait encore sentir, et la respiration qui s’était emballé une poignée de seconde plus tôt semblait désormais calme et paisible. Míririen releva légèrement la tête, plongeant ses yeux rouges encore larmoyant dans ceux du protecteur. Tout indiquait la panique la plus totale, la détresse d’une personne complètement démunie. Elle était terrifiée, et restait sans voix. Pourtant, elle sentit une main faible et tremblante se poser sur la sienne.

- Yaulë ? Dit alors Ameanor en un murmure, tandis que ses yeux s’ouvraient péniblement.
- Elennya… Répondit alors Míririen en lâchant un sanglot sonore.

De nouvelles larmes surgirent de ses yeux, tant de joie que d’un relâchement d’une pression intenable. Elle serra son amour contre elle du plus fort qu’elle put, dans un mélange de soulagement et de gratitude. Après une bonne minute, la peintre relâcha son étreinte, lançant au soldat un regard en larme, mais illuminé d’un soulagement profond.

- Aegden ? Continua doucement le mage en tournant le regard. Il paraissait aussi faible que sa voix, et il put à peine soulever son bras alors qu’il semblait vouloir toucher le commandant, comme s’il voulait s’enquérir qu’il était bien réel. Je vous ai vu… Ses crocs sur votre gorge… Je ne sais plus, tout est tellement confus…
- Tout va bien, elennya, répondit alors Míririen en caressant les cheveux d’argent de son époux. Repose-toi. Aegden va bien, il t’a… Il nous a tous sauvés.

Plus loin, l’archer semblait appeler à l’attention de son supérieur. De la fumée s’échappait de la tête détruite de l’étrange créature. Elle semblait se dissoudre dans l’air, disparaître comme du bois qui se transforme en fines cendres. Bien vite, l’obsidienne en morceau disparu, et il ne resta, au sol, qu’un cadavre de loup sans tête, décharné et décomposé. Si quelqu’un arrivait maintenant, il aurait pu jurer que cette carcasse inanimée gisait et pourrissait ici depuis des ennéades, comme si le monstre d’ombres n’avait jamais été autre chose que ce corps putréfié.

Les heures avaient défilé. Le groupe s’était éloigné pour monter un nouveau campement, soutenant le mage qui ne semblait présenter comme séquelles qu’une fatigue intense, et des souvenirs extrêmement confus de ce dont cette douloureuse soirée avait été remplie. La nuit était bien installée, lorsque le commandant vint rejoindre le thaumaturge et sa dulcinée qui prenait soin de lui, près du feu.

- Je ne sais pas quoi dire pour vous remercier, Aegden, déclara alors Ameanor. Sa voix était encore très faible, mais il avait repris des couleurs. Sans vous, je serais mort. Et Míririen… Il secoua la tête. Il ne voulait pas même y penser.
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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeMar 27 Juin 2023 - 22:00


-Ne vous en faites pas. Répondit-il en se posant non loin. Il semblait quelque peu préoccupé, mais difficile de ne pas le comprendre…Et puis malgré tout il souriait quand même au mage. Il n’y a rien à dire, vous êtes tous les deux saufs, c’est ce qui m’importe.

D’un regard il chercha malgré tout à évaluer l’état de fatigue du couple. Ils étaient déjà éreinté par le voyage, mais cette attaque les avait tous épuisés.

-S’il vous faut du temps de repos, nous pouvons toujours ajouter quelques heures à notre expédition. Un jour si besoin. Je doute que ce…monstre, refasse surface d’ici là et au cas où, nous enverrons un message au camps demain. Je peux en profiter pour prévenir d’éventuel délais si vous le souhaitez

- Pour ce que je voulais faire, nous devons attendre la nuit, de toute façon, répondit le mage d’une voix fatigué. La soirée avait été éprouvante, bien que d’une manière différente de celle du soldat. Autant nous reposer demain, dans la journée, et partir au soir pour grimper le pic. Vous avez raison, je doute que cette chose ne revienne. Le mage marqua une courte pause, avant de se retourner vers le commandant, une nouvelle curiosité dans le regard. Puis-je me permettre de vous demander de regarder votre lance d’un peu plus près ? Je… Ne me souviens pas réellement de ce qui s’est passé, tout est assez confus… Mais votre arme semblait briller particulièrement ? La chose en avait peur.

-J'imagine qu'il y a une explication magique derrière ce phénomène. Il n'y avait pas tellement réfléchit à vrai dire, se contentant d'utiliser ce qui semblait marcher contre la créature. Mais je vous avoue ne pas être en mesure de vous la fournir.

Avec précaution, il récupéra son arme, posée à ses cotés alors qu'il était assis à même le sol. Son regard s'égara un instant sur les délicates gravures qui parcouraient tout le long de la hampe dont le bois venait enserrer la lame blanc-bleutée. Désormais inactive, elle n’émettait plus la brume glaciale de quelques instants plus tôt. Il la tendit, pointe vers lui, au mage.

-Il s'agit de magie élémentaire. De vent. Précisa-t-il. Peut être n'en aura-t-il pas plus fallu pour dissiper les ombres et l'effrayer assez.

- J’imagine que la magie n’est, effectivement, pas étrangère à ce qui vient de se passer. Mais je pense que vous vous doutez bien que les créatures de la forêt sont loin de mon expertise.

Ameanor passa une main sur la lame de la lance. Gardant le silence une bonne minute, il se concentrait sur l’arme, sentant les subtils signes de la trame enchaînés à l’objet, alors qu’il était désactivé. De sa vie, jamais il n’avait approché d’un tel objet -et, jamais n’avait-il désiré une telle possession, d’ailleurs-. C’était, néanmoins, une expérience grisante. La manière que la magie avait de vibrer, même imperceptiblement, autour de l’objet dénotait d’une finesse et d’une maîtrise extraordinaire. C’était le testament d’un ancien, laissé au monde sous la forme d’un objet mélangeant l’exquis et la destruction.

- C’est une arme magnifique, Aegden. Prenez-en soin, car vous tenez là la mémoire de son créateur, qui y a mis tout son temps et son art. Mais je pense que je n’ai pas vraiment à vous dire ça, vu comme vous l’avez manié ce soir. Je suis heureux, en tout cas, que vous en soyez le possesseur.

Avec déférence il hocha la tête.Sentir que ses compatriotes lui faisaient confiance, et se sentaient en sécurité à ses cotés avait beaucoup de valeur pour le soldat. Bien plus qu'un titre, c'était une preuve tangible de l'accomplissement de sa mission.

-Vos paroles me touchent plus que vous ne l'imaginez Ameanor. Cette lame porte en effet une histoire bien singulière et...Eh bien, sachant cela et la considérant, comme vous le dire comme la mémoire de son créateur et de ce soldat, je ne peux qu’espérer être digne de la tenir aujourd'hui entre mes propres mains, et que de là où il repose maintenant, celui qui la portait autrefois approuve de voir ainsi son héritage utilisé. Que vous le pensiez m'es précieux.Un nouveau discret sourire s'afficha sur son visage.Cet homme venait vraisemblablement de votre protectorat d'ailleurs, la coïncidence est amusante de vous avoir croisé alors que mes recherches occupent une bonne partie de mon temps libre.
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MessageSujet: Re: Par-delà les confins des sphères étoilées   Par-delà les confins des sphères étoilées I_icon_minitimeLun 3 Juil 2023 - 21:13

Ameanor afficha un bref sourire empreint de fatigue. Son protectorat… Oui, il est vrai que Quatrième-Saison devait être son foyer, et pourtant, jamais ne s’était-il senti plus chez lui qu’en-dehors des murs de cette cité. Contrairement à l’artiste qui avait laissé à la postérité une œuvre à la fois complexe et d’une simplicité remarquable, d’une particulière élégance destinée à la plus grande brutalité, le mage de lumière laisserait-il un jour une quelconque trace ? Ou serait-il destiné à s’effacer comme sa présence avait lentement disparu de sa propre cité ?

- Que notre rencontre se fasse à Alëandir est un bien étrange hasard alors, répondit finalement le thaumaturge en chassant de son esprit ses tristes questionnements. Car j’ai rassemblé un bon nombre de documents dans mon ancienne demeure, traitant tant de magie que des cieux, de la lumière que d’autres sciences, vivantes ou historiques. Mais qui aurait donc osé vous diriger en cet endroit de malheur, dans cette ville ? Finit-il en un souffle. Un bref silence fut alors coupé par un bâillement d’Ameanor. Pardonnez-moi, je me sens particulièrement épuisé. J’ai la sensation d’avoir porté avec moi un poids qui vient à peine de me quitter…

Sur ces mots, la conversation se termina. La nuit avançait, et le noir était devenu profond, car de grands nuages cachaient les astres nocturnes. La journée avait été éprouvante pour tous, et pourtant, les deux soldats veilleraient encore cette nuit, laissant à Ameanor et à son épouse des heures de repos dont ils espéraient, cette fois, profiter. Bien vite, les deux elfes se retrouvèrent dans leur tente. Là, ils s’allongèrent l’un contre l’autre, rejoignant leur front et enlaçant leurs mains. Alors, le mage ferma ses yeux étoilés et sombra dans les ténèbres du sommeil, accompagné d’un « ne m’abandonne jamais » susurré à son oreille par la douce voix de celle qui, toujours, resterait sa lumière.

Longue et courte fut tout à la fois cette nuit. Courte, tout d’abord, car Ameanor se réveilla avec les premiers rayons estivaux. Son cœur battait la chamade et son soufflé était rapide. Mais ses yeux s’ouvrir sur ceux de Míririen, qui avait une main sur sa joue. Longue, avait été cette nuit, car ce réveil sortait le mage d’une torpeur agitée. Les souvenirs lui en étaient aussi flous que les heures précédentes son sommeil. Des impressions, des images, des couleurs. Il n’y avait qu’une chose qu’il voyait encore clairement, qu’il ressentait même. C’était cette lourde pesanteur dans son cœur. Cette présence qui ne voulait pas le laisser en paix dans ces courtes heures de répit. Nulle fuite, nul combat ne pouvait la faire disparaître. Toujours, elle restait présente, mais toujours, elle restait loin, insaisissable, comme une faible lueur dans l’horizon. Ce sommeil agité avait éveillé Míririen, qui, de toute manière, avait eu bien du mal à dormir, toujours inquiète après les durs événements de la veille. Et, désormais, c’était son réconfortant regard d’ambre que croisait Ameanor. Il lui sourit alors. Aujourd’hui était un jour nouveau. Aujourd’hui était le jour où il achèverait ce pourquoi cette expédition était partie. Et il le ferait avec elle, avec l’amour de sa longue vie, celle avec qui il avait partagé son cœur plus de six siècles.

Le couple sortit alors de leur tente, main dans la main. Le sourire de Míririen semblait autant briller que le soleil levant, là où les poches sous les yeux d’Ameanor étaient encore particulièrement visibles, et où l’on pouvait toujours distinguer le poids que portait son Souffle aux tréfonds de son regard. Les deux elfes, pourtant, montraient la même détermination en rejoignant les deux soldats. D’une certaine manière, c’était symboliquement l’avenir de ces deux êtres, liés dans l’éternité pour le meilleur et pour le pire, qui se jouait là.
Après un rapide petit-déjeuner, les quatre elfes se mirent d’accord sur le déroulement de la journée à venir. Ameanor devait travailler sur son sort, et, potentiellement, encore se reposer. Mais il restait fort à faire, car là n’était pas le seul but de l’expédition. La matinée servirait alors aux soldats et à Míririen pour cartographier rapidement la vallée, y trouver les meilleurs emplacements pour y monter un véritable avant-poste, y repérer les espèces endémiques afin d’estimer l’autonomie qu’il pourrait avoir. Ce ne serait que survoler le sujet, au vu du temps disponible, bien sûr, mais ce serait très certainement suffisant pour le moment. L’ascension de l’imposant mont Aira devrait prendre place dans l’après-midi, afin que les elfes puissent profiter de la nuit à venir. Elle ne serait pas de tout repos, car, même si la pente, dont la moitié était couverte d’arbres et de buissons, de ce pic paraissait relativement peu escarpée, il y avait un bon millier de mètre à grimper, dont un tiers environ était recouvert du blanc des neiges éternelles.

Bien vite, s’écoula la matinée, tant pour Ameanor, occupé dans ses calculs, que pour Míririen, gambadant dans la vallée avec son escorte, traçant sur du papier de rapides schémas d’une main expertes et y insérant les indications du commandant, versé dans l’art de l’exploitation des terres sauvages et la création de campements militaires. Finalement, un peu avant que le soleil n’atteigne son zénith, l’heure était enfin venue.

Les premières heures furent les plus simples. Protégé du soleil par les arbres, aidés par les branches, les elfes avancèrent rapidement de sentiers de sanglier en petits ravins. Malgré quelques tours et détours, le sommet se rapprochait rapidement. L’excitation de cette grimpée semblait pousser Míririen, qui virevoltait sur les chemins avec l’agilité et la grâce d’un félin. Plus lourd était le pas d’Ameanor, visiblement encore affecté par les précédents événements. L’on pouvait voir qu’il était moins rapide, moins assuré que lorsque les elfes avaient grimpé jusque la vallée. On aurait presque pu le croire vieillit physiquement par la douloureuse rencontre. Mais il était déterminé, et, toujours, le bras de son épouse venait le soutenir quand son pas venait à défaillir. Et, même lorsque les choses se compliquèrent alors que les pentes se dégarnissaient et que la neige et la glace remplaçaient la roche, le mage ne voulut pas s’arrêter. Comme l’indiquaient les atlas qu’il avait consultés, cette ascension ne demandait aucun matériel d’alpinisme, et il était toujours relativement simple de trouver une gorge à suivre pour atteindre le sommet visé. Mais ce n’était pas non plus un chemin tout tracé et les elfes devaient régulièrement d’entre-aider pour grimper une petite corniche ou faire demi-tour après qu’un chemin s’arrête brusquement sur un gouffre impraticable. Et, toujours, Míririen prenait note afin que le retour en soit facilité.

Enfin, les quatre elfes atteignirent le sommet. Leur marche éreintante avait débuté avant le milieu du jour, mais le soleil était déjà en train de sombrer maintenant. Quelques heures de repos bien mérité leur étaient néanmoins allouées avant que l’œuvre d’Ameanor puisse commencer. Des heures dont le couple profita, assis, à simplement regarder le soleil disparaître dans les nuages sous eux, libérant l’argent des étoiles de sa prison orangée si brillante. Cette fois, le moment était venu.

Ameanor s’assit en tailleur et sorti son astrolabe, ouvrant son clapet d’un doigt. Ses yeux regardaient le ciel, dans une zone constellée d’étoile qui ne semblait n’avoir rien de particulier. Pourtant, ce fut en cette direction qu’il tendit le bras. Et les cliquetis de son instrument d’astronomie se firent entendre alors que la trame s’agitait autour de lui.

Mais rien ne se passa. Les secondes devinrent minutes. Les minutes se suivirent, mais toujours rien. Pourtant, Ameanor était toujours à son œuvre, imperturbable. Míririen s’était assise derrière lui, regardant le ciel, au-dessus de la tête de son amour.

- Vous devriez venir ici, dit-elle alors doucement à l’attention de leur protecteur si dévoué. Asseyez-vous et regardez simplement dans cette direction.

Alors, il put constater les prémices de l’art du mage. Le ciel paraissait comme un peu grossit, en regardant dans cette direction. Les étoiles paraissaient légèrement plus brillantes. Et, tandis que les minutes passaient, elles semblaient l’être de plus en plus. Le sort était invisible de toute autre position, car il ne créait rien, il redirigeait. Il additionnait. Et, comme le soldat pouvait le voir, alors que le ciel se mouvait dans la nuit et que l’image restait immobile, le sort replaçait les rayons à la position où ils devaient être à une certaine heure, suivant les nombreux et savants calculs faits en préliminaires par le maître de la lumière.

Le temps s’écoula lentement. Les heures se succédèrent, sans jamais que les cliquetis de l’astrolabe ne faiblissent. De la sueur pouvait même se voir lentement couler sur le visage du mage qui donnait toute son énergie pour continuer son sort. Et ses efforts ne furent pas vains. Car, enfin, des subtiles lumières apparurent là où il ne semblait pas en exister dans le ciel. L’on aurait pu croire à des artefacts, au début, mais non, c’était bien réel. Une longue traînée en un arc de cercle apparue lentement dans le ciel reconstruit par le sort du mage. Et, avec le temps, elle sembla briller de plus en plus fort, s’élançant d’un pic voisin comme une voie sacré, brillant de bleu et d’argent.

Spoiler:

- Cette traînée d’ombre et de lumière qui nous attend, là-haut, toujours présente par-delà les confins des sphères étoilées, susurra Míririen, répétant ce qu’elle avait mille fois entendu, mais qu’elle voyait pour la première fois. Alors, sortant une nouvelle feuille, elle reproduisit ce que le ciel révélait enfin. Cette immense traîne de lumière semblait la voie du renouveau, celle que le couple avait tant cherché. Il ne tenait plus qu’à eux de l’emprunter, et de laisser derrière eux les ténèbres de la perte et de la douleur.
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