[Politique Elfico-Naine] Sur le fil. (Elfes&Nains)

La noirelfe s’était faite petite, si on peut le dire, au beau milieu du convoi nain, puisqu’elle savait sa présence ne tenir qu’à sa capacité à ne pas faire de bêtise. D’autant qu’elle chérissait l’opportunité qui lui avait été offerte, alors aujourd’hui, il lui paraissait inconcevable de causer du tort aux siens.
Le camp fut atteint la veille de cette entrevue entre les forgerons nains et elfes, aussi, elle s’était trouvée une place dans la tente de bavettes du Zagazorn ayant fait le déplacement.

Assise sur une caisse de bois accolé à l’une des tentes, la noirelfe flatte l’encolure de Non, assis sagement à ses pieds. Encore que « sagement » soit un bien grand, disons que l’animal est trop occupé à tenter de décider après quoi ou qui se mettre à courir. T’sisra lui jette machinalement un bâton qu’il s’empresse d’aller chercher et de rapporter, un jeu qui le canalise et l’empêche de faire trop de sottises.

- Comment qu’il s’appelle ?

- Non.

- Pardon ? La naine ne saurait dire si elle dérange ou si son oreille la trahit.

- Il s’appelle « Non ». Élabore la noirelfe en mimant les guillemets. Parce qu’il ne fait que des bêtises, alors à force de lui dire non, il a fini par répondre à ce nom.

La naine est secouée d’un rire et s’approche pour venir caresser l’animal. Non s’empresse de relâcher son petit bout de bois pour se rouler sur le dos en espérant plus de grattouilles.

- Drôle de clebs !

- Il vient d’Ithri’Vaan, il vivait dans la savane.

- Quel âge il a ?

- Moins d’un an. Il était tout petit quand je l’ai trouvé. Un tout petit chiot.

- Ça doit le dépayser sacrément nos belles montagnes !

- Sans aucun doute. Et encore, il a même pris le bateau et vu la mer ! Ajoute la nécromancienne dans un sourire. C’est un sacré périple pour un chien de savane, cela va sans dire. Et peut-être bientôt la neige, la vraie, qui sait ?

Le regard de la noirelfe délaisse le jeune chien pour la grande tente au centre du camp. C’est là-dessous que se déroulent les discussions, que se jouent les négociations. Elle dégage une mèche de cheveux lui traversant le visage et commence à taper du pied nerveusement.

- J’espère que tout le monde en sortira de bonne humeur.

- Ou au moins pas d’humeur massacrante !

- Au moins, oui. Ça serait pas mal !

Tes yeux retenaient des larmes se refusant à couler. Les Ondurs avaient encore largement le temps de changer d’avis, et le plus difficile restait à faire, mais pour l’instant, ils avaient dit oui. Et chaque fois que ton éponge humide te griffait la peau, tu étais forcé de t’en remettre à l’évidence. Le visage que tu leur avais montré là-bas, sous les pans de la tente principale du campement, n’était pas le tien. Ou du moins, pas dans son entière vérité. Face à eux tu t’étais contenté de sourires et de soupirs. Face à eux tu avais haussé puis baissé le regard, sans même laisser à ton cœur l’autorisation de s’emporter. Tu t’étais fait seul médiateur en l’absence du gouvernant de tes vis-à-vis, et naturellement, tu t’étais appliqué à garder contenance. Tant que tu étais là-bas, tu n’avais même pas eu besoin d’y penser. Tu avais parlé avec vérité, comme les mots te venais. Tu t’étais présenté à eux comme cela te venait. Aujourd’hui, tu commençais à jouer les jeux d’intercession avec une véritable aisance… Mais là… là maintenant… chaque fois ton éponge humide te griffait la peau, tu étais forcé de t’en remettre à l’évidence. Tu tremblais.

Malaxer ses propres nœuds n’est jamais réellement apaisant, seulement les tiens s’étaient tellement serrés que ton soulagement était le même que si tes mains avaient été celles de ton épouse. En étalant l’huile à la surface de ta peau, tu avais en boucle revécu le moment où vous vous étiez finalement levés, et aviez quitté la table pour vous diriger vers ce qui vous servirait de quartiers pour ce soir. En humant l’odeur légèrement sucrée de l’huile au teint d’or tu n’avais eu de cesse de repenser à cette soudaine cécité.L’étrange sensation de ne plus rien voir autour de toi, alors que tes yeux grands ouverts te rendaient compte des images t’entourant avec plus d’acuité que jamais. Et pour quoi ? Tu ne voulais pas voir. Tu voulais seulement un instant pour toi. Une occasion de souffler. De te débarrasser de l’armure, tant au sens propre que figuré, et de digérer ce qu’il venait de se passer.

Défaire ton chignon et te peigner avait été l’occasion d’un amusant constat, qui avait finalement terminé d’arracher tes pensées à la situation, pour les envoyer à ton épouse. Tu n’avais jamais porté tes cheveux aussi longs. Habituellement, il suffisait que tes boucles commencent à t’effleurer le milieu du dos pour que tu songes à les tailler. Peut-être étais-ce le souvenir d’avoir été chauve, l’envie de voir s’allonger ces moments partagés avec ton épouse et de ta fille, qui aimaient – pour la première – les coiffer et – pour la seconde – imiter sa mère, ou peut-être étais-ce un peu des deux, mais voilà longtemps que tu ne l’avais pas fait. Et maintenant la grossière tresse en laquelle tu les avais arrangés après avoir fini ton soin te chatouillais allègrement le fessier. Alors l’espace d’un instant tu n’avais eu qu’une hâte, de rejoindre Elorëa, pour pouvoir joyeusement te vanter d’à quel point les cheveux d’Ada étaient longs, pour l’entendre dire que ça faisait longtemps qu’elle avait des yeux pour le voir.

Tu quittes les quartiers privés qui t’ont été attribués en soupirant d’aise. Revigoré, déjà, par ces quelques dizaines de minutes passées seul avec toi-même ; accueillant ensuite la fraîcheur de l’alizé Nordique contre ta peau ; mais surtout déroulant enfin complètement tes épaules, libéré de la contrainte de ce faux-toit trop bas. Là tu marches, sans réel but, si ce n’est de profiter des bruits de la vie du campement, et des Chants nouveaux que sont les Voix anciennement perdues du Lörn.

S’il n’y avait pas eu cette toute récente entrevue, alors à poser les yeux sur ces lieux on aurait pu croire qu’Anedhels et Ondurs n’avaient jamais connu la guerre. Elfes et Nains travaillaient ici ensemble sans grande appréhension. Les dépêchés de chaque peuple semblaient même commencer à personnellement se connaître, tant et si bien qu’à l’occasion, une oreille indiscrète avait vite fait d’entendre des conversations qui n’étaient destinées à personne d’autre qu’à leurs participants. Ici, la kyanite pendue à ton tour-de-bras n’attirait que peu les regards, car ici, il n’était plus étonnant de voir des elfes.

Ce qui restait étonnant tout de même – et tes Frères et Soeurs du campement n’avaient eu de cesse de le murmurer – c’était la présence d’une drow. D’une drow qu’ils avaient choisi – en dehors des quelques théories souvent désobligeantes quant aux raisons de sa présence – d’ignorer pour ne pas s’offusquer, et ne pas risquer d’offusquer des Ondurs qui de leur côté, avaient chacun à leur manière, chacun avec un récit un peu différent, avient tenté de justifier la présence de l’Eldéenne parmi eux. Mais aussi approximatif qu’il fut, le conte de « celle qui fut adoptée par l’un des leurs, puis trouva Molgrünn » était assez familier pour que tu devines de qui il s’agissait avant même que tes yeux ne se posent sur celle dont tu avais en réalité déjà croisé le regard moins d’une heure plus tôt.

- T’sisra! ta voix, allant chercher le Khazalide par réflexe, se fait témoin à la fois de ta joie et de ta lassitude C’est vrai que tu m’avais dit avoir été adoptée par un Dawi, mais j’avoue que je n’aurais jamais vraiment imaginé te voir parmi eux. tu soupires, et invite de tes bras ouvert la drow à échanger une accolade C’est Nisétis ou la guerre cette fois-ci?

Tu lui souris, ne t’attendant presque pas à ce qu’elle réponde. Comme d’habitude elle doit avoir ses raisons. Et si tu n’avais pas vu Harald partir, comme d’habitude, tu te serais attendu à ce qu’elle le connaisse personnellement comme elle semblait connaître tous les dirigeants de ce continent.

La tenue du moment:

La noirelfe délaisse Non et sa recherche d’attention lorsqu’elle entend son nom. Elle se fend d’un sourire et rend, ou plutôt essaye de rendre, l’accolade qu’on lui offre. Perchée sur la pointe des pieds, elle se contente de quelques tapes dans le dos de l’elfe.

- Ni l’un ni l’autre. Je crois. Elle recule de deux ou trois pas et observe Artiön des pieds à la tête. Tu es allé te faire écarteler en Péninsule ou tu manges seulement beaucoup trop de soupe ?

Non vient renifler les chevilles du géant elfique pour enfin lui aboyer dessus. T’sisra se baisse dans un rire et le prend dans ses bras avant de revenir à Artiön.

- On pourrait dire que c’est le Linoïn, cette fois-ci. Elle laisse l’un de ses index à Non qui se met à le mâchouiller. Alors, je suis venue voir les taledhels. Leurs forgerons en tout cas. Elle marque un instant de pause et jette un œil aux alentours. Harald a pu me faire venir, à titre personnel bien sûr. Ma présence n’a pas grand-chose à voir avec vos délibérations.

T’sisra laisse paraître un nouveau sourire alors que l’attention de Non vient de se fixer sur on ne sait trop quoi. Elle finit par le lâcher à une coudée du sol et le bougre détale sur l’herbe à toute allure pour se jeter sur un bout de bois.

- Comment vont les choses de ton côté ? Ta famille va bien ? Demande-t-elle avant de s’empresser de continuer avec un air moqueur. Et Virin n’est pas là ? J’imagine que son dos se refuse à toi désormais. Tiens d’ailleurs, je me disais, hier au soir, qu’il serait fort sympathique de se réunir entre vétérans de Naélis un jour ou l’autre. Non ? Enfin je dis ça…

Elle conclut dans un haussement d’épaules, puis croise les bras et recule encore d’un pas pour pouvoir regarder son interlocuteur dans les yeux sans avoir à trop lever la tête.

Ah ! Le Zagazorn ! La « Terre des Sagas », en traduction littérale. Terres ancestrales ayant vues naître nos pères et nos mères ; nos aïeux ; nos ancêtres ; et les divinités qui, selon notre cosmogonie et nos psaumes, naquirent dans les souterrains de ce monde, tout comme nous. Et, tout comme nous, ils naquirent de la main du Père, aujourd’hui maudit. De la première forge, chacun avec un but précis, et des missions à réaliser auprès des Nains. Ikthor, le Puissant, premier né de la forge ancestrale, qui donna aux Nains la force du combat ; Yaron, le Scribe, second né de ladite forge, qui enseigna les runes, l’éther et l’esprit ; Rodmin le Tressé et Lirgan l’Hirsute, les jumeaux. Troisième et quatrième nés de la première forge, qui apportèrent aux Nains l’esprit de construction et d’ingénierie, et les savoirs des minerais et des métaux. Smedan, l’Artisan, qui apporte ensuite l’art de la forge ; Girdon – loué soit-il – le Ripailleur, qui apporta aux Nains l’opportunité de se détendre, de philosopher et d’apprécier la fête dans toutes ses splendeurs ; Heidum, le Fortuné, le septième fils de la forge ancestrale, le plus fallacieux des demi-dieux qui apporta aux Nains l’amour de l’or, de la fortune bâtie à la force des bras.

Pardonnez-moi… Je suis toujours rêveur et emprunt d’une grande et immense fierté dès lorsque je reviens parmi les miens, après avoir passé de longues ennéades dans des contrées éloignées. Oh, oui ! Que je suis fier d’être Nain ! Que je suis fier d’être un représentant du peuple troglodytes du Nord de ce monde !

Mais, par Girdon, je suis ô combien heureux de pouvoir dire que, lorsque je quitte les terres du Zagazorn, c’est pour rencontrer les représentants les plus intelligents, les plus érudits, les plus puissants et les plus intéressants du monde, toutes races confondues. Avec eux, je communie, à travers l’alcool, la boustifaille et l’esprit, offrant nos plus grands festins et nos meilleures cuisines, nos alcools les plus forts… Et les discussions les plus philosophiques ! Tel Girdon, le Ripailleur, j’offre aux Nains, aux Elfes et aux Humains ayant œuvré de longues et harassantes journées, la joie de la Ripaille, en guise de réponse !

Et aujourd’hui ne fait point exception. A peine étais-je revenu de Péninsule, où j’avais rencontré la très agréable Dame Solange, Comtesse douairière d’Odélian, et le très affable bien qu’agréable Archibald, Comte de Missède. Après avoir dîner avec eux, philosophé avec eux, et amoindri les barrières qui séparent nos deux peuples, me voici de retour, depuis quelques ennéades.

Mais voilà ! A peine était-je revenu que j’entends une nouvelle importante : Nains et Elfes se rencontraient à nouveau dans le Lörn, pour une discussion artisanale des plus importantes. Immédiatement, comme transit par une pensée spontanée ancrée dans mon esprit par la forte pogne grasse et pleine de bière de Girdon lui-même, je voulu m’y rendre avec les fidèles, et deux caravanes pleines de victuailles. Puis, abandonnant ma taverne familiale, mes fils, ma fille et ma tendre épouse, je repris la direction du Lörn.

J’y arrivais… Mais trop tard ! La discussion avait eu lieu, l’entrevue était terminée. Je voyais ça et là les Elfes et les Nains reprendre quelques activités, communes ou non. Mais surtout, je pouvais sentir l’atmosphère détendue… Apaisée… Et… Comment dire… Vous savez, avec cette étrange sensation de satisfaction du travail bien fait, de la mission accomplie, de l’ouvrage que d’aucun dirait dantesque, terminé avec brio, et ce, malgré les statistiques alarmantes. Les deux peuples avaient-ils œuvrés dans la paix et l’harmonie ?

J’appris bien plus tard que oui ! Ou presque… Un vieil ancêtre, archiruniste, avait fait des siennes lors des discussions, marmonnant, râlant… Créant une tension qui, m’a-t-on dit, aurait presque pu faire avorter cette rencontre pourtant historique. Mais un jeune forgeron, déjà légendaire, avait su être plus intelligent, plus philosophe aussi… Et voilà : l’entente pouvait continuer.

Nous arrivâmes donc, alors que tous les participants reprenaient déjà leurs activités là où ils les avaient laissés. Mais ce fut avec joie que je ne vis ni foyers, ni feux de camps, ni ateliers de boucher ni cuisinier attablé à peler les pommes de terre. Ils n’avaient donc pas encore mangé !

« Ô joie ! Béni soit Girdon ! Ils n’ont pas encore mangé ! » Hurlais-je, de plaisir, mes fidèles se bouchant presque les oreilles alors que nous garions à peine les trois chariots. « N’ayez craintes, mes amis ! Nous sommes là ! La boustifaille est là ! Girdon soit béni ! »

A peine ai-je senti le chariot diminuer de vitesse, que je me jetais dehors ! Aidé de mon bâton de marche, je pu m’empêcher de choir bien maladroitement et garder ainsi la tête haute. Le chariot, lui, continuait doucement sa route. Son blindage d’acier le rendait lourd et peu manoeuvrable ; les piques qui dépassaient des roues, de l’armature et de certaines fenêtres blindées, le faisait ressembler à un porc-épique. Aussi large qu’une route carrossable, il était semblable à un char de guerre sorti tout droit de songes cauchemardesques… Mais j’y étais en sécurité.

J’approchais soudainement d’un gigantesque Elfe bien peu vêtu, et d’une Drow, petite en comparaison. Approchant l’un et l’autre sans craintes et sans préjugés, je leur offris un large sourire bien visible malgré ma barbe rousse et blanche, mes pommettes, rosées encore par le vin de tout à l’heure, se réhaussant pour matcher la rousseur de ma chevelure.

« Mes amis ! Mes amis ! » Dis-je, me stoppant en haletant. Les quelques mètres courus presque en rouler-bouler auront eu raison de mes efforts pulmonaires. « Ma fille ! Mon fils ! » Dis-je, tentant de m’acheter un peu de temps pour reprendre mon souffle. « Je suis le Père Lünn, du clan Fût-de-Chêne ! Je suis le prêtre de Girdon le Ripailleur ! Je viens vous apporter l’art et la joie de la Ripaille et de la philosophie, en félicitation de vos discussions historiques de ce jour ! Une offrande, une félicitation, un cadeau ! Comme le fit jadis Mogar le Père, aux Nains des premiers temps, lorsqu’il forgea Girdon pour permettre aux Nains de ripailler après de dures journées harassantes ! Avez-vous faim ? Soif ?! »

Le Linoïn… c’était donc là sa lubie actuelle. La chose faisait sens. Tout juste un peu plus que Nisétis, et définitivement plus que Molgrünn. Le Linoïn relevait après tout autant de votre histoire que de la sienne, pour le meilleur, mais dans ce cas surtout pour le pire. Il faut dire qu’il t’était arrivé d’y penser, à l’idée qu’il pourrait un jour venir à l’idée aux Eldéens de s’intéresser à ce qu’il reste de leur ancien foyer, de la même manière que vous vous intéressez à ce qu’il reste de vos anciennes contrées. Et s’il devait être une Eldéenne pour mener la charge sur ce front, tu aimais autant que ce soit elle.

Ton regard fait de réguliers va-et-viens entre le chien et la drow. Sa pulse n’est plus exactement la même. Quelque chose en elle est légèrement changé. Mais au moins, constater que son amour des bêtes désobéissantes à quatre pattes est intact t’aura arraché un gloussement. Ça et le fait qu’elle soit – comme son grand ami Nakor – toujours une grande adepte de la stratégie de communication du « enchaîner mille questions sans attendre que son interlocuteur ait répondu à la première. ».

- Alors, premièrmeent, mon épouse et les enfants vont bien. un sourire lumineux se dessine sur ton visage rien qu’à penser à eux J’ai juste beaucoup de choses à gérer en ce moment, alors ils ne m’ont pas beaucoup vu ces derniers temps. Dès que j’ai un moment vraiment à moi, j’essaie de le passer avec eux, alors

Tu poses les mains contre tes hanches, et lèves le menton au ciel un instant en réfléchissant au reste des sujets survolés par la drow.

- Sinon oui, j’ai pris « un peu » de poids depuis la dernière fois. tu prends une grande inspiration, puis laisses lourdement retomber ta poitrine avant de continuer Longue histoire, mais pour faire court, réduit en pièces par une Wyverne et remis sur pieds par un dragon. J’y ai gagné une seconde jeunesse, littéralement. Et ça.

Tu te retournes, fais passer ta tresse par-devant ton buste, et lui offres ton dos. Ton dos qu’après qu’elle l’ait observé, elle connaîtra mieux que toi-même. Car en réalité, bien que tu aies vu la tête de dragon tracée par les habitants du Sanctuaire se parsemer d’écailles d’or, tu n’as pas eu l’occasion de la voir s’en couvrir, ni de voir ces mêmes écailles commencer, telles des tâches de rousseur, à parsemer le reste de ton dos.
Par contre, l’écaille enchaînée à la tête du focaliseur éternellement accroché entre tes omoplates, tu ne la connaissais que trop bien. Et celle-là, en faisant bien attention, T’sisra, elle aussi Vitaliste, pourrait certainement en sentir le léger poids sur la trame, mais surtout, sur ta pulse.

Après que tu aies jugé lui avoir laissé assez de temps, tu lui fais face à nouveau, et penches la tête sur le côté avant de reprendre.

- Pour le reste... tu joues de tes pectoraux puis contractes biceps puis triceps droits, tirant dangereusement sur le bijou qui trône à ton bras L’entraînement continue de porter ses frui…

Une soudaine agitation dans le campement attire ton attention, et à voir le personnage qui en est à l’origine, tu sens que le temps de la tranquillité arrive à sa fin.

- On en reparle en détails une autre fois si tu veux.

Et comme dit comme fait, l’agitation se sera rapidement dirigée vers vous. Tu y es habitué, à force. C’était là l’une des discrètes conséquences lorsque l’on était aussi visible que toi, et dans votre cas, la présence de T’sisra, seule Daedhelle à des centaines de kilomètres à la ronde n’aidait pas. Pour qui se décidait à héler le passant vous étiez les cibles les plus voyantes.
Tu croises les bras, accueillant le nouvel arrivé avec le même sourire que celui qu’il vous offrît en se présentant. Et la surprise ne te fut que d’autant plus agréable quand il se dévoila prêtre du Ripailleur, à la recherche de quelques Souffles avec qui partager le repas.

- En voilà un qui parle mon langage tu jettes un coup d’oeil à la Daedhelle Artiön tu te désignes d’une main contre ta potrine Et elle c’est T’sisra. tu pointes la drow du pouce Et effectivement, je ne serais pas contre un bon repas. Surtout si joyeusement proposé.

Votre dernière matinée de voyage avait été longue, et entrés dans le vifs du sujet avec les Ondurs à peine arrivés sur place, vous n’aviez pas vraiment eu le temps de manger. Bien sûr, en dignes Dawis, vos hôtes vous avaient offert le couvert au cours des parlementations, mais ni ta suite, ni celle des Ondurs n’avait vraiment eu le coeur de se servir durant des discussions aussi tendues. Et si jusque-là tu n’avais pas pris le temps d’y penser, maintenant que l’on te rappelait l’existence de ton estomac, la faim te reprenait. Et L’Indomptable seul sait ce que tu es capable d’avaler lorsque tu as réellement faim.

La discussion s’était terminée bien faite, ayant finalement été celui avec la tirade de la fin. Toutefois, j’avais trouvé qu’elle s’était terminée abrutement. Chacun avait été renvoyé dans ses quartiers, et en était resté là. Yggdar, qui s’était tenu, s’en vint rentrer chez lui. Pour ma part, je restais. Nous avions été conviés pour la nuit, et il me semblait peu courtois de moi aussi reprendre la route. Je brûlais de revenir à mon Clan, ou de savoir ce qu’il en était des rochers repris du volcan lors de l’expédition. Mais j’étais aussi curieux de voir comment elfes et nains semblaient vivre ensemble.

Mon espace privé était très rudimentaire. Un lit pour dormir et de quoi se laver, se raser. Rien d’autre, alors je sortais de la tente et j’entrepris de me balader dans le camp, réfléchissant à l’entrevue qui venait de se produire. Finalement, un petit surplomb m’accueilla dans mes réflexions. J’entrepris de sortir ma pipe et de fumer un petit peu, revenant à la réalité.

Le bruit d’un chariot qui s’approchait me fit tourner la tête. Un dawi en sauta et se précipita vers deux elgis (celui qui semblait se présenter comme leur souverain et ami de Harald, et un autre bien plus petit). Il semblait enthousiaste et survolté. Suffisamment pour attiser ma curiosité, et pour me rapprocher des miens.

“Baruk mon ami! Je suis Thordril Hargrund, Fils de la Fournaise! Quel vent t’amène ici, toi et tes compagnons?”

« Artïon ! » Répétais-je, bienheureux. « T’sisra ! » A nouveau, pour m’encrer des noms et identités de celui et celle qui ne proviennent pas de nos terres et qui, pourtant, méritent tout mon respect. « Mon fils, ma fille ! » Leur dis-je, aussitôt qu’un Nain, cette-fois, se présente à moi avec une légende que je connais déjà. « Et toi aussi ! Tu es mon fils ! Car toute et tous, sur ces terres, vous êtes les enfants du Ripailleur, mais vous ne le savez encore point ! »

Bienheureux, je fais signe à mes Fils de descendre et de préparer au triple gallot, les affaires et la cuisine. Tous les trois s’activent : l’un prépare les affaires, descendant le garde-manger, sortant les carcasses, préparant celles-ci pour que soient prélevés les côtes, les côtelettes, les lardons et les pièces de porcs, de veaux, de bœufs et d’agneaux ; l’autre sortant quelques volailles déjà préparées et marinées, qui ne demandaient plus qu’à être cuites ; l’autre encore sortant les alcools des coffres runés, dans de petits panaches de volutes glacées

« Avez-vous donc faim, mes enfants ?! »

Portée par son désir d’enfin pouvoir s’épancher avec un vieux camarade, elle revient bien vite sur terre alors qu’intervient un nain lui semblant presque trop jovial. Elle l’observe de pied en cap tandis qu’Artiön fait les présentations. Elle se contente d’un signe de tête et d’un sourire en guise de salutation à celui qui, de toute évidence, orchestre la ripaille à venir. Et visiblement, personne ici n’y couperait.

- Faim ? Et bien… Oui, pourquoi pas. Son attention revient au souverain des elfes. J’imagine qu’on parlera des détails une autre fois, en effet. J’espère que vous n’avez rien contre les invités à quatre pattes, Père Lünn.

T’sisra porte deux doigts à ses lèvres et siffle le jeune chien qui s’arrête tout net et la regarde avant de détaler à nouveau. Elle reste coite un instant, hausse les sourcils puis les épaules.

- Bon. Le dressage n’est pas mon fort visiblement. La daedhelle laisse échapper un rire. Mais, est-ce qu’on n’irait pas chercher les autres avant ? Fait-elle en désignant d’un geste vague de la main les elfes qu’elle aperçoit. Pendant que vous… Mettez tout ça en place, maître Lünn.

Les doigts de la noirelfe se referment sur le poignet d’Artiön, tandis qu’elle l’entraîne, ou plutôt qu’elle l’incite à l’accompagner en tirant sur son bras.

- Au moins, ils ont l’air de bonne humeur. Souffle la noiraude dans un sourire en avançant à grands pas vers les forgerons et le reste de la délégation elfique. Salutations, Lünn nous invite à manger. Lance-t-elle dans elfique étonnement fluide. Voulez-vous… Mmh… Elle claque des doigts plusieurs fois à la recherche du mot. Venir avec nous ?

Son regard passe sur les uns et les autres, jusqu’à ce Non surgisse et vienne lui rapporter un nouveau bâton beaucoup trop grand pour lui. Elle se penche et soulève le chien tout en prenant le bout de bois qu’il semble si fier de lui avoir ramené.

- C’est pour moi ? Demande-t-elle en agitant le bâton. Et bien, je vais garder ça… Quelque part.

De son coté, lorsqu’ils furent sortit de la table des négociation, Hêdirn savoura pleinement sa victoire, seul ou presque. La lame d’acier Véladrien dans le creux de sa paume, il l’avait observée longuement, admirant chacun de ses reflet vert-bleutés, chaque signes délicatement gravé à sa surface, repensant à tout ce qu’elle représentait pour lui.

Elle était leur passé et elle était son présent. Désormais, ils n’étaient qu’à un pas de récupérer leur héritage et d’entamer un futur de légende. Et ce futur de légende, cette lame dans ses mains, il le construirais.

Mais soudain, au-delà du vacarme dont un étrange nain semblait être l’origine, une daledhelle vint à son tour les interpeler. Pire, elle semblait agir comme si elle faisait partie de ce groupe. Son humeur changea, de fier il sembla interloqué, voir effrayé... Peut être aussi en colère. Une drow venait souiller son moment de liesse, dans un lieux à la symbolique bien trop forte.

D’un mouvement de recul sur la défensive, le forgeron Ardamiri jeta un regard un peu perdu vers les gardes eux pas plus inquiétés que ça. Sa main se serra sur le manche de son marteau à sa ceinture. Une bien piètre défense, mais l’artisan n'était pas un combattant.

Aller chercher les autres. Aller chercher les autres… les autres…
Tu contiens ton sursaut et dissimules tes réticences. Tu te laisses guider par la daedhelle, réfléchissant déjà à ce que tu dirais à ceux qui immanquablement, constateraient d’un mauvais œil sa présence. Mais peut-être ce campement était-il le meilleur endroit pour introduire celle-qui-trahit-les-siens à tes Frères. N’était-elle pas elle aussi Ongrumthrong ? Plus que cela, n’avait-elle pas été – si tu te souviens bien – adoptée par l’un d’entre eux ?

À Naélis la question ne s’était pas posée, parce qu’à Naélis vous étiez relativement loin de chez vous. Là-bas elle n’était qu’une Doeben parmi d’autres, que la sympathie d’une figure connue en la personne de Nakor permettait de facilement introduire aux étrangers que vous étiez. Mais ici, sur des terres qui furent vôtres, comment pourrais-tu la présenter, l’Eldéenne en qui tu as somme toute confiance, à tes Frères, sans leur rappeler le triste souvenir de Telrunya ?
Telrunya… aujourd’hui tu le comprends mieux. Il y a deux siècles, tu avais été l’un de ses plus grands détracteurs. Tu avais été de ceux qui accusaient avec le plus de véhémence la folie derrière sa décision de faire entrer parmi vous celui qui deviendrait son assassin. Il y a deux siècles, tu refusais de comprendre pourquoi votre Aran avait-il tant tenu à garder Tebryn auprès de lui. Et aujourd’hui tu avais T’sisra.

T’sisra ne serait jamais ta conseillère militaire comme Telrunya l’avait été pour ton prédécesseur. Même s’il n’en tenait qu’à toi T’sisra ne se verrait jamais offrir les clefs qu’avait reçu Tebryn. Même convaincu qu’elle n’est pas de la même trempe que le deux fois traître, tu ne saurais t’y résoudre. Il était encore trop tôt pour que tu n’offres entièrement ta confiance en un Noirelfe sans que La Mère en personne ne t’y appelle. Seulement, tu étais bien obligé de le reconnaître, T’sisra te donnait envie de voir venir un jour où tu le pourrais. Un jour peut-être où d’autres comme elle seraient assez nombreux pour que la peau de cendre et les yeux rouges ne soient qu’un autre des habits du peuple Anedhel, quitte à ce qu’à la manière de celle qui vous oppose aux Ornedhels, il ne subsiste les braises d’une guerre intestine.

- Hêdirn ! Ne t’inquiète pas, tout va bien. tu lèves le poignet auquel la daedhelle est innocemment toujours accrochée Gardez votre calme tu lances en direction des autres T’sisra est… disons qu’elle est plus Ondur que Daedhelle. Son chez elle est là-bas dans le Nord. tu soupires lourdement, réalisant qu’il se demanderaient probablement comment tu pouvais le savoir On s’est rencontré à Thaar il y a quelques années, et elle a été instrumentale à la victoire de Naélis contre Elda. C’est... tu roules des yeux et offres un sourire contrit ...ce n’est pas nécessairement une bonne chose, mais c’est une amie du magicien Nakor.

Si cette dernière indication n’était en aucun cas utile à Hêdirn, elle fit au moins mouche auprès des traducteurs. Chez tous ceux qui tenaient des rôles important dans les sphères politiques et la diplomatie d’Anaëh, le nom de Nakor était un spectre tristement connu. Le manque de politesse, et les délirantes frasques – souvent au bord de ce que l’on pourrait qualifier de psychoses – du mages étaient presque devenues légende. Seulement s’il n’était pas apprécié pour sa convivialité ou son respect du protocole, à Nakor devait-on au moins reconnaître son optimisme aveugle et sa – quoique maladroite – sincère bienveillance.

Que la drow fasse effectivement partie de l’étrange escorte de l’étrange sorcier rendait sa présence ici finalement beaucoup moins étrange.

Haletant, je m’étonne moi-même d’avoir été capable de dire autant de mots et prononcer autant de phrases, alors que ma respiration sifflantes témoigne de mon manque de condition physique. Le fait de ne point m’exercer, de ne me déplacer qu’en caravane, et fumer à outrance et de manger pour dix, n’aide point ce genre d’exercice intense… Mais ainsi allait la vie ! Ikthor s’occupe des combattants, qui mangent mais restent en bonne forme ! Moi, je festoie ! Et l’énormité de ma bouée graisseuse est un signe de mon assiduité religieuse !

« Bien ! » Dis-je, alors qu’Artiön et T’sisra m’assuraient de leur faim grandissante. J’offre aux deux une légère inclinaison du buste, en signe de respect ! Je les apprécies bien, ces deux-là ! « Occupez-vous ! Nous allons commencer la cuisine ! »

J’expire longuement, poussant sur mon poitrail pour expirer l’entièreté de l’air de mes poumons afin de reprendre une bouffée d’air frais, le plus longtemps et le plus profondément possible. J’ai besoin de reprendre mon souffle oui… Mais l’excitation est trop grande ! Tout ce petit monde est prêt à communier ! Des Nains, mais aussi des Elfes et une Drow ! Girdon, le demi-dieu le plus ouvert d’esprit d’entre tous, devrait être fier aujourd’hui ! En son nom, nous communierons, trois races ensembles !

Je me retourne vers mes Fils. Ces derniers, qui n’ont point revêtus leurs armures étant donné la sureté du voyage depuis le Brissalion, sont aisément visibles : ils portent de belles tuniques de lins couleur ocre et blanche, avec des tâches des anciens banquets qui ne purent être éliminées lors des lavages. Salir ces blouses de graisse, d’alcool et de nourriture, est souvent le signe d’une communion réussie !

« Kongrim ! Tu es aux sauces ! Nous allons êtres nombreux : il nous faut des sauces forestières, une sauce marinière et des sauces fromagères ! Tu es un fameux saucier, alors tu as toute ma confiance ! » Ordonnais-je, distillant mes ordres et l’organisation du banquet à venir. « Rodnar ! Tu es aux légumineux et accompagnements ! Patates, haricots verts et rouges, frongols et champignons, ails, oignons, ciboulette… Bref, l’assaisonnement et les accompagnements n’ont aucuns secrets pour toi ! Voilà ta mission ! » Poursuivais-je. « Ödiin ! Toi, tu vas m’aider avec la viande ! Et tu seras ensuite aux alcools ! Il nous fait un grand tapis de braise pour faire griller la viande, et un feu sous le grand chaudron ! Il faudra ensuite mettre les fûts en perce ! »

Mes directives ne laissent place à aucune discussion, et pour cause : mes Fils savent ce qu’il faut faire, et moi, je connais leurs zones d’appétences. Aussitôt, je noue correctement la ceinture de ma tunique au-devant de mon ventre bedonnant, et y glisse un torchon qui me servira grandement ! Agrippant un couteau de boucher, je me dirige vers une des potences dressées par Ödiin, à laquelle pend un cochon entier. Bien que lourd, nous autres Nains, possèdons la force musculaire nécessaire pour le soulever… Et l’allonger sur la table de découpe.

La carcasse, déjà éviscérée et dépouillée de sa peau, s’offrait à moi dans toute sa splendeur. Dans de grands mouvements et de forts coups de hachoir, je découpe les pattes, puis brise les côtes. Dépiautant l’animal tué la veille en préparation de cet évènement, je prépare les pattes, les cuisses, les côtes, le lard, la poitrine… Qui seront ensuite mis à griller sur la grille offerte aux flammes et aux cendres.

Le temps passe, et les odeurs naissent et se mélangent. Les viandes sont saignantes et savoureuses ; les volailles sont dodues, et cuites à point ; l’accompagnement est lavé, épluché, assaisonné, parfois grillé ou parfois cuits en chaudrons, agrémentés tantôt de piments pour relever les plats ; tantôts d’épices ; tantôt de marinade ; tantôt de bouillons. Des futs des bières noires, brunes, blondes et fruitées, sont mis en perce dans de grands coups de marteaux sur des robinets d’acier ! Ödiin jongle entre la surveillance des cuissons et la préparation des alcools, tandis que les plus fins d’entre eux attendent dans leurs coffrés runés de runes de glaces. Certains verres, runés eux aussi, sont mis à disposition mais leur faible nombre les rends d’autant plus précieux aux yeux de Lünn. Nul doute que les êtres les plus honorables et éminents de cette rencontre, bénéficieront de ces verres runés.

Enfin, l’heure était à la communion ! La table était dressée, l’alcool frais, les assiettes disposées… Nous sommes prêts à servir !

« A TAAAAAAAAAAAAAABLE ! »

Son oreille parvient à saisir quelques-uns des mots prononcés par Artiön, mais, à son grand regret, le tout lui semblait être une mélasse de palabres dont elle peinait à discerner quoique ce soit. Encore, que le nom de Nakor lui fait hausser un sourcil. Elle finit par lâcher le poignet de son camarade et fait signe au forgeron qu’elle ne possède aucune intention hostile à son encontre.

La situation lui arrache un sourire en coin. Voilà bien longtemps qu’elle n’avait plus eu à en affronter une comme celle-ci. Son sourire s’élargit, car le maître de la forge, quand bien même il tient une épée dans sa main, s’empresse de chercher le manche de son marteau de l’autre.

- Je suis, commence-t-elle par dire en portant une main sur sa poitrine, T’sisra Do’ath. Je suis… Amitié ?

Dans un haussement d’épaules, elle interroge Artiön du regard, tout se maudissant de ne pas avoir plus d’effort plus tôt pour apprendre cette langue. C’est que tôt ou tard le destin l’aurait exigée.

- C'est bien comme ça qu’on dit ? Demande-t-elle en oliyan à son imposant camarade. Je comprends plus que je ne sais parler, et encore, il me faut bien avouer que je ne comprends pas grand-chose encore. Alors… Je te laisse imaginer le peu de choses que j'arrive à baragouiner. Même si je connais certaines phrases par cœur!

Non commence à se débattre, elle se penche et le laisse sauter au sol. L’animal repart à toute vitesse, filant entre les jambes des elfes tout en jappant joyeusement. La noiraude suit le chien du regard et se pince les lèvres en invoquant intérieurement des puissances supérieures pour qu’il n’aille pas faire une regrettable bêtise.
Puis son intérêt se porte à nouveau sur le forgeron. Elle se fend d’un sourire avenant et lui tend une main amicale. Ses traits laissent paraître qu’elle n’ignore sa peur, alors elle ose un tout petit pas vers l’avant.

- Comment tu t’appelles ?

-Je ne comprend pas quelle folie te prend Aran, de répéter encore les erreurs du passé et de croire à tout ces mensonges. Encore. Hêdirn avait l’air sous le choc, autant que si le Daranovan lui avait mis une claque. Mais je n’y participerais pas. Pas ici.

Son regard s’en alla sur la drow qui tendait une main vers lui. Derrière eux, le nain fraichement débarqué les invitait à manger – bien qu’il ne comprenne pas sa langue, son langage corporel et les réactions alentours ne laissaient place qu’à l’évidence...-  Malheureusement, tout l’appétit de l’Ardamiri s’en était vu soudainement coupé.

-Nous somme sur les terres de nos ancêtres, morts pour tout ce qu’ils ont reniés. Et aujourd'hui nous nous apprêtons à récupérer notre héritage. Perdu à nouveau à cause d’eux. Sa présence même ici est une insulte quand bien même n'est-elle pas une menace.

Il fit un nouveau pas en arrière, prêt à s’éclipser pour de bon pour la soirée, sa liesse désespérément envolée.