Sombres mystères (Yggdar)

T’sisra s’était éloignée des regroupements elfes et nains voilà déjà quelques minutes déjà, profitant que l’assemblée ici réunie fut occupée par les bonnes denrées du fidèle de Girdon. Elle avait fait mander le vieux grincheux, la soldate qui fut chargée de transmettre l’invitation n’en eut pas l’air ravie, mais ainsi étaient les choses. Cette dernière s'en était allée prévenir le runiste que la noiraude l’attendait à la sortie du campement.

- Salut l’ancien ! Le hèle-t-elle en passant la tête au travers des pans de sa tente avant d’entrer complètement. Y a l’Ongrumthrong du Clan Brise-Os qui vous cherche, elle a dit qu’vous vous apprécieriez sa compagnie le temps d’une balade. Et de… Elle plisse le front pour se remémorer les paroles exactes que la nécromancienne avait prononcées. De se remémorer les bons souvenirs d’Almis, qu’elle a dit. C’est ça. Elle a dit que ça vous intéresserait.

La tresse salue le runiste et quitte sa tente derechef, craignant de froisser le caractère du vieux bougon et de prendre une dégelée.

De son côté, la noirelfe marche dans l’herbe aux abords du campement. Elle lance un bout de bois à Non qui s’amuse beaucoup trop pour son propre bien. Plusieurs fois, le chien trébuche, tombe, roule dans l’herbe et, toujours, il se remet à courir aussitôt, la langue pendante aux quatre vents en direction du bâton. Ou plutôt de n’importe quel bout de bois qu’il peut fièrement rapporter à sa maîtresse. Maîtresse qui s’amuse bien trop de voir l’animal se défouler avec autant de maladresse et parvenir à y trouver son compte malgré tout.

La rencontre avec les artisans Elfes n’avait pas été de tout repos pour l’ancien. Ce que demandaient les Elfes était, pour lui, et selon lui, une insulte et une chose inavouable, infaisable, impensable. Donner aux Elfes les outils de pouvoir travailler à nouveau l’Acier Véladrien était autant une mauvaise idée qu’un aveu de faiblesse ; un couperet que les Nains plaçaient eux-mêmes au-dessus de leurs nuques, attendant que les Elfes ne décident de soulager leurs épaules du poids de leurs caboches. Tout cela à cause de la volonté d’un souverain décidément trop ouvert aux autres…

Depuis la fin des discussions, Yggdar était retourné dans sa tente, confortable, chaude et grande, et s’était planté dans une chaise à bascule qu’il affectionnait tout particulièrement. Sur un petit guéridon à sa droite, se trouvait sa blague à tabac, une petite tige de bois avec, d’un côté, une forme arrondie et de l’autre, une petite tête broussailleuse, utilisée pour pouvoir nettoyer et bourrer le tabac dans la tête de pipe. Il avait utilisé, cette fois, une herbe obtenue auprès des disciples de Girdon pour ses propriétés psychotropes et ses effets sur l’organisme.

Détendu musculairement parlant, apaisé dans sa caboche, Yggdar se balançait d’avant en arrière, dodelinant comme le ferait un enfant pour s’apaiser face à un cauchemar odieux. De sa pogne gauche, Yggdar creusait doucement le sol à l’aide de sa canne forgerunée, qu’il faisait doucement rouler dans la terre… Tout allait bien… Jusqu’à-ce qu’une bavette n’entre.

T’sisra Do’Ath était là. Et elle désirait se balader et… Se remémorer les souvenirs d’Almis. Almis l’Insoumise ; Almis, et les Mares Noires… Ces choses dégoûtantes, inquiétantes, surprenantes, et aux auras de peurs et d’incompréhensions. Almis était définitivement maudite, et Yggdar et T’sisra étaient deux témoins privilégiés de ce qu’il s’était produit là-bas, voilà des années maintenant.

Grognant profondément et longuement comme le ferait un ours depuis les profondeurs de sa grotte, Yggdar n’offre aucune réponse. A la place, il réfléchit… Réfléchit encore… Et souffle des nasaux, comme s’il abandonnait déjà le combat face à ses propres pensées. Son égo, son orgueil, et surtout, son hypocrisie. Lui qui avait tant combattu pour que les runistes abandonnent leurs habitudes de tout garder pour eux, pour pouvoir favoriser le partage des connaissances et l’apprentissage de celles-ci, et qui disait vouloir apprendre de tous, et de partout, et qui refusait ensuite d’entendre quoi que ce soit venant d’un être qui ne serait pas un Nain… Il était un hypocrite, oui. Mais il était vieux… Alors, il avait le droit.

Finalement, il redressa sa vieille carcasse. Regardant la tête de pipe, il fut satisfait de savoir qu’il lui restait suffisamment de quoi fumer pour les heures à venir, mais, au cas-où, il enfonça sa blague à tabac dans sa toge, avant de repartir. Claudicant, il avançait toutefois avec assurance, grâce à sa puissante canne forgerunée. Il sortit de la tente… Puis, très vite, repéra la Noire-Elfe qui se trouvait non loin. Il se planta devant elle, finalement, plaçant sa canne devant lui, reposant ses deux pognes dessus.

« Teh… » Pestait-il, sans pour autant offrir sa traditionnelle mine grimaçante, ses habituelles expressions blessantes. « Almis, hein. Qu’est-ce qu’t’aurais à m’redire à ce sujet ? T’y es quand même pas retournée ?! »

La daedhelle glousse et secoue la tête face aux premières paroles de l’ancien. Elle commence à marcher dans les herbes folles des étendues lantaises, entraînant avec le vieux grognon dans son sillage.

- Non, je ne suis pas retournée là-bas. Ne vous en inquiétez pas. De toute manière, je leur serai plus d’une grande aide. Elle glisse sa main dans sa besace et en tire un rouleau de vélin soigneusement ficelé par une cordelette en paille. Mais vous, vous pourrez, probablement, faire avancer les recherches, ou tout du moins aider ceux qui sont versés dans le domaine.

T’sisra ralentit l’allure, quand bien même, elle ne marchait déjà pas très vite. Elle se tourne vers le dawi et plonge son regard dans le sien.

- J’ai vu l’autre côté. Pendant un temps que le temps ne peut expliquer. J’ai vu le paradoxe d’un monde similaire au nôtre en constante transformation. À la fois immuable et en évolution. J’ai vu ses habitants qui ne cherchent qu'à détruire tout ce qui vit, j’ai marché sur certains d'entre eux tant ils sont immenses. J’ai voyagé dans des lieux où le haut et bas sont des concepts vide de sens, où ni la faim ni la soif n’existe. La chaleur est absente et pourtant il ne fait pas froid. Son regard file vers les chaînes de montagnes découpant les cieux au Nord. J’ai appris que ce que nous avons découvert là-bas, sous le Temple, n’est pas unique. Et de ce que j’en sais, il s’agit d’une porte dont il vous faut absolument en comprendre le mécanisme. Vous devez être capables de choisir quand l’ouvrir et quand la maintenir close. Ce que nous avons mis en place lors de... L’incident... Est précaire. Son regard revient au nain. Ce monde essaye de… Déborder ? De se déverser dans le nôtre. Il y a trop de vie en jeu à Almis pour que rien en soit fait.

L’eldéenne se fend d’un sourire et dépose avec douceur une main amicale sur l’épaule vieux runiste.

- Je suis désolée de vous mettre ça sur les épaules, mais je ne savais pas vers qui me tourner. À part vous, Yggdar.

Quelque chose avait changé… Quelque chose avait évolué, depuis la dernière fois qu’Yggdar et T’sisra s’étaient entretenus, voilà des années maintenant. Quelque chose, autant chez lui que chez elle…

Chez lui, la vieillesse n’avait fait que s’accentuer. S’accentuer tant dans ses articulations, que dans sa psyché ; tant dans son physique, que dans son éloquence ; tant dans son attitude que sa vision des choses. Une vieillesse, qui avait rendue accrue l’aigreur d’un monde en perpétuelle évolution. Et qui, donc, avait accentuer se besoin impérieux de redorer le blason des runes, et d’en refaire la maison des savoirs, du partage et de la sauvegarde des connaissances magiques. Malgré la vieillesse, et les vicissitudes de l’âge et des déceptions, Yggdar avait continué d’œuvrer : appelant les runistes à se réunir à Molgrunn, pour finalement rallier le cri et l’appel de Wyrgar, lors de la redécouverte de l’entrée de l’antique Gransalle de Kirgan.

Chez elle, point de vieillesse. Du moins, point de prime abord ; point de visu ; point de corps ni d’esprit. Mais sans doute une évolution de la vie liée davantage par les expériences noires et sombres, que par le passage du temps. Elle n’était plus dans le doute, ni le manque d’assurance de celle qui se sait sur un territoire allié qui ne l’accepte encore point réellement. Aujourd’hui, elle parlait avec assurance, de manière directe et sans aucun faux-semblant.

« Hum… »

D’une pogne – celle qui pouvait se délier de la stabilité de sa canne aux runes forgées, la légendaire Tharkùnarozn, il prit le vélin tendu par Azkalkol et le garda, un instant. Et surtout, il écouta. Il écouta les récits de celle qui, d’après elle, était allé de l’autre côté. De l’autre côté du monde connu, de l’autre côté de la lumière, des couleurs, de la chaleur et de la vie.

« Une porte… ? Répétait-il, tant pour lui-même que pour être sûr que T’sisra avait bel et bien utilisé ces mots-là. « Vers un monde distordu, destructeur, qui veut déborder sur le nôtre ? » Répétait-il enfin, pour pouvoir s’assurer de sa propre compréhension, et surtout… Comprendre l’étendue d’un tel avertissement. D’une telle menace. « Un danger imminent… Mais, par Yaron, qu’est-ce que je peux y faire ? Je n’suis pas forgeur de runes d’antimagie, ou de lumière… Et nous sommes si peu nombreux, aujourd’hui. Comment as-tu pu les combattre ? »

L’eldéenne entend bien les tourments et l’impuissance dans ces explications. Mais ce sont les yeux rieurs et avec un fin sourire sur les lèvres qu’elle répond aux inquiétudes de l’ancien.

- Les ombres de ce monde sont tangibles. Leur chair fuligineuse peut être tranchée, brisée ou écrasée. Elles sont bien différentes de celles que nous avons affrontées lors de l’incident. Les doigts de la noirelfe caressent machinalement le pommeau de sa lame. Et j’avais aussi la possibilité de créer de la lumière. Et puis... À un certain point, je n’ai plus été seule de l’autre côté.

Dans une dernière pression sur l’épaule du nain, elle recule finalement pour s’assoir sur une petite rocaille sortant de terre. Son regard file dans la vague quelques instants puis revient se planter dans celui du runiste.

- Le système que nous avons mis en place à Almis a fait ses preuves jusque-là. On peut raisonnablement penser que nous avons du temps afin d’étudier les autres possibilités. Ce qu’il faut faire, compte tenu du danger que représente ce portail. Cela vous laisse le temps nécessaire pour réunir des runistes capables de plier l’ombre ou la lumière à leur volonté, le feu est, dans une certaine mesure, tout aussi utile. Et je ne doute pas qu’à plusieurs, vous trouverez le moyen de comprendre le fonctionnement de cette porte. Oubliez ce que nous avons appris durant l’incident, rassemblez les pièces du puzzle, reprenez l’étude avec un regard neuf. Elle marque un instant de pause. Personne ne s’attend à ce que vous trouviez seul la solution, mais tout le monde attend de vous que vous soyez sage et clairvoyant, assez pour choisir parmi les plus capables et organiser les recherches. Voyez cela comme... Elle se tapote le menton et soudain une étincelle passe dans son regard. Un grand chantier. Le maître d’œuvre ne taille pas chacune des pierres, il orchestre, conseille, oriente, écoute, change, ajuste... Vous êtes un Archiruniste, qui de mieux placé pour un tel travail ? Dans un haussement d'épaules accompagné un sourire discret, elle le désigne de la main comme pour corroborer ses propos. Pour ce que ça vaut, moi, je crois en vous.

L’attitude de l’ancien tranchait drastiquement, presque dramatiquement, avec celle de la jeune. Tous deux étaient des maîtres des arcanes, à leurs manières. Tous deux représentaient une expression de la magie, tantôt maîtrisée par le cœur, tantôt maîtrisée par l’insufflation magique au travers de runes savamment écrites. Dans les deux cas, la manipulation de l’éther était maîtrisée depuis des lunes… Mais recélait encore bien des secrets.

« Par la barbe de Yaron… »

Alors qu’il invoquait sa déité tutélaire, l’unique qu’il avait constamment prié dans sa vie et qu’il prierait jusqu’au seuil de la mort, Yggdar prit dans sa pogne valide – aux côtés du parchemin donné par la jeune noiraude – le chapelet qu’il portait constamment au cou – lorsqu’il n’était point derrière sa forge. Durant quelques secondes, il manipule les billes de bois du chapelet, avant de les laisser choir à nouveau dans l’intimité de sa chemise de lin.

« Pas unique… Où sont les autres ? » Répétait-il, les yeux perdus dans le vide. Finalement, doucement, il déplia le vélin et le regarda de haut en bas, de gauche à droite, devant et derrière. Dans son entièreté. « Qu’est-ce que cela représente ? »

T’sisra hausse les épaules, d’un geste des mains, elle exprime son ignorance. Puis, après quelques instants de silence, elle vient à se pincer l’arrête nasale.

- Le plan des ombres est vaste, les repères y sont quasi inexistants. En trouver un est une chance, le retrouver demande d’être plus chanceux encore. Un même chemin peut mener à une infinité d’endroits qui sont aussi différents que semblables. Je ne peux expliquer comment, mais je sais que cette porte n’est pas unique. Tout ce que je peux faire, c’est vous encourager à comprendre son fonctionnement. À apprendre la verrouiller et la déverrouiller lorsque vous le souhaiterez.

La daedhelle désigne le vélin de l’index, puis se redresse et vient se poster aux côtés de l’ancien. Elle désigne les quelques croquis à mesure qu’elle explique.

- Ce sont des constructions. La première est tour, vue de l’extérieur, elle est bien plus petite que son intérieur. C’est là-bas que j’ai débarqué dans ce monde, depuis Thaar. Je ne suis pas passée par un portail similaire à ce que nous avons vu à Almis, j’ai été prise dans un rituel malgré moi. Elle marque une pause et désigne l’autre dessin. Cet obélisque est la seule autre construction que j’ai vue de l’autre côté. Elle désigne les écrits en bas de pages. Et ça, ça concerne ce que j’ai vu des créatures peuplant cet autre plan, ce que j’ai perçu de leur monde, ses effets sur moi… C’est peu, mais… C’est mieux que rien. Ça intéressera peut-être des runistes versés dans l'étude de l'Ombre.

Yggdar écoutait. En son esprit, quelque chose semblait se transformer pour prendre forme une autre chose. L’esprit étriqué, austère et renfermé de cet être qui était à la fois fier, rustre et hypocrite sur bien des aspects, ne semblait plus être stimulé que par la partie découverte, compréhension scientifique et l’imminence d’un danger que seuls les runistes pourraient empêcher.

Après tout… N’était-ce point là une des essences des runistes depuis la création des Nains ? Depuis que Yaron aura offert aux créations de Mogar, dans le Monde du Dessous, la maîtrise de l’éther, des runes, et de la magie. Compiler les savoirs éthérés liés aux runes ; assurer leurs maîtrises, leurs développements, leurs apprentissages aux générations futures qui seront les maîtres runistes de demain… Voilà, l’essence des runistes. Et les archirunistes, de par leur rôle, se doivent d’assurer autant le respect des lois et des codes tacites des runistes, que de mettre leurs connaissances, maîtrises, et expertises au service de la population du Zagazorn.

Regardant le vélin que les longs doigts blancs et effilés de T’sisra animaient de légendes orales, Yggdar n’avait plus la moindre once de méchanceté, de velléité ou de racisme en lui. Curieusement… Il se sentait impuissant, pour la première fois depuis bien des années, sans doute même des siècles… Il avait besoin d’aide… Il avait besoin d’être guidé… Il avait besoin de rassembler. Depuis qu’on lui offrit l’honneur de l’archirunisme, c’est bien la première fois qu’un tel enjeu s’offrait à lui… Un combat l’attendait… Aux enjeux d’une cruelle importance.

« Les runes de l’ombre sont bien plus rares que ceux de lumière… Emprunter leurs foutues caboches ne sera point facile… » Dit-il, réfléchissant à la vitesse de la lumière, ses mires allant de gauche à droite sans arrêt. « Il est impossible de tenter d’envoyer qui que ce soit dans ce plan, via notre porte à Almis… Ce serait… Suicidaire, enfin… Cela nous aiderait mais cela serait un… Non, impossible de sacrifier qui que ce soit, je refuse… » Enchainait-il, trahissant alors l’importance de ses réflexions et la fulgurance de celles-ci. « Verrouiller cette porte me semble plus important qu’apprendre à l’ouvrir. Même en sécurité. Il va falloir que j’apprenne à forger les runes de l’ombre. »

La daedhelle se redresse en entendant les paroles du dawi, elle fronce les sourcils puis les arque en se fendant d’un sourire. Elle retourne s’assoir sur la rocaille et plonge son regard dans celui de l’archiruniste avec un air taquin.

- Allons... Nul besoin de s’inquiéter outre mesure. Vous avez du temps. Certainement pas pour vous tourner vers une autre des écoles de l’Art et la maîtriser, mais assez pour vous entourer de personnes qui la maitrisent déjà. Dans un gloussement, son regard se perd finalement dans le vague un bref instant, comme arrêtée dans le flux de ses pensées. Et puis... Rien ne dit qu’un ombromancien soit en mesure de comprendre seul non plus. Ces portes nous dépassent. Nous ne savons ni qui les a construites, ni comment, ni pourquoi. Ceci n'a pas vocation à reposer sur les épaules d'un seul érudit. C'est un mystère qui nous dépasse. Tous. C'est trop... Complexe. Sophistiqué.

La noirelfe croise les bras et fronce les sourcils à nouveau, perdue dans quelques réflexions. Elle finit par prendre une profonde inspiration et pousser un long soupir.

- Je n’ai rien vu de comparable. Jamais. Et je ne suis pas certaine qu’il existe d’autres monuments d’un tel acabit non plus. Mais c'est une possibilité. Elle hausse les épaules et secoue la tête. Cela soulève tant de questions sur notre monde que c'en est vertigineux. Elle glousse nerveusement. Tout ce que nous pouvons faire, c’est s’attarder ce qui, pour le moment, est à notre portée. Et peut-être que d’autres pistes se dévoileront alors ? Qui sait ?

« Non, non… L’aide de Yaron lui-même nous est indispensable pour cette œuvre… Il nous faudra prier… Et nous référer à lui… Car nous n’y arriverons pas seuls… Même ces foutus Elgis n’pourraient pas répondre à tout cela, par ma barbe ! »

Yggdar reprenait visiblement du poil de la bête. Il réfléchissait avec une telle ardeur, planifiait d’ores-et-déjà tant et tant de choses, qu’il se perdait déjà entre ce qu’il pensait, ce qu’il prévoyait, et ce qu’il voulait. Reprenant alors un peu de son éternelle attitude colérique, froide et hautaine… Il semblait même rajeunir ! Et pourtant, à travers son regard, l’on devinerait aisément l’inquiétude liée à la réalisation d’un tel ouvrage… A un tel défi… Face à un tel danger.

« Je n’sais pas vers quoi, ni où on se dirige… Mais par le barbe de Yaron et toutes les divinités… J’me laisserais pas faire ! »