[côte entre Geresh et Thaar] Le bleu de l'eau [libre]

On était le troisieme jour de la deuxième ennéade du mois de Favrius, Eanwen Riba s'était levée aux aurores. Elle avait enfilé sa tenue de pêche qui avait un peu prit la poussière dans le coffre à vêtement au milieu des tenues de tus les jours et des robe de soirées mondaines. Elle rangea brièvement sa chambre avant de rejoindre son équipe de pêcheurs qui partait pour la matinée. Sur le trajet il y eu peu de mots prononcés quelque banalités sur le temps qui passe et la météo à venir. L'aubergiste ne leur en voulait pas ils n'avaient pas l'habitude de l'avoir avec eux et celà les mettait mal à l'aise.  Cependant ils se détendirent au fur et à mesure que la matinée passait voyant que la patronne n'était pas un monstre bien qu'elle n'ait rien perdu de son adresse au harpon. Certains se permirent une ou deux blagues sur lesquelles Eanwen rebondit aisément créant aisnsi un peu plus de lien avec ces employés qui assuraient en grande partie la réputation des bon repas à base de poissons frais du Crin d'écume.

Quand ils eurent suffisamment de poisson pour les deux jours venir ils chargèrent la calèche dans laquelle ils étaient venus. La rouquine les regarda faire pensive.

"Partez sans moi je vous rejoindrais plus tard faites passé le mot  Aliénor que je suis absente pour la journée et que comme d'habitude elle prend les reines en mon absence"

Ils acquiescèrent tous avant de prendre la route pour le Crin d'écume. Quand à Eanwen elle s'assit un instant sur la plage de galet son harpon  côté d'elle, elle regardait l'horizon. Elle se frotta le visage avec ses mains non sans  grimacer parce qu'elles sentaient le poisson mais ce n'était pas grave. Elle était fatiguée et il faut le dire encore un peu chamboulée de ce qu'elle avait découvert une ennéade plus tôt. Elle avait découvert un monde ou les enfants crèvent de faim chaque jour alors qu'à quelques pas de l des banquets opulent se font tous les quartes matins pour une raison ou pour une autre. Elle avait compris dans quel monde injuste elle évoluait. Elle repensa à Mousse sur les épaules de Viliam à leur sourire et surtout celui du bandit. Elle se surpris à sentir ses joues devenir rouge quand elle repensait au semi-elfe. Elle revoyait son sourire se décomposer au moment où les gardes les avaient croisés. Puis cette mine soucieuse quand elle lui avait demandé des explications puis enfin ce sourire en coin quand elle avait rencontré la vieille dame dont elle ne se rappelait pas le nom.  Elle resta ainsi le regard perdu dans l'horizon à se repasser cette journée qui devait être une journée joyeuse et qui fut en fait une prise de conscience monumentale pour la jeune femme.

Comment elle l'avait trouvé là, assise au bord de l'eau, elle n'en avait aucune idée. Pourtant, son cœur s’allégea lorsqu'elle vit la crinière rousse de la gérante du Crin d’Écume.

-Eänwen… ?

La jeune femme dont la voix venait de briser le silence, s’était approchée à pas timides. Le visage émacié, le regard fuyant, elle se tenait un poignet avec l’autre. L’aubergiste reconnaitrait-elle l’ancienne servante de feu seigneur de Baaz’hima ? Elle n'avait pas beaucoup changé, depuis un an. Quoi que ses vêtement étaient salles et abimés, ses sandales usées, à un point que le prince n'aurait jamais accepté. Pour son image à lui bien entendu...

Pourtant elle osa faire un pas en avant. Elle semblait perdue.

-Pardonne moi... Je ne savais pas à qui m’adresser. Ni où aller.

Après tout, la rousse avait toujours été gentille avec elle. Elle ne l’avait jamais maltraitée, avait toujours cherché à l’accommoder au mieux et lui permettre de garder le sentiment d’accomplir le devoir de son maitre.

Elle fut tirée de ses pensées par une voix féminine. Une voix qui apparemment connaissait son nom ce qui la fit sursauté légèrement. Puis elle tourna la tête en direction de la dite voix pour y trouver de grands yeux bleus surmonté d'une crinière blonde. Les deux ensemble lui rappelait vaguement quelque chose. Elle ne savait pas encore quoi alors elle se contenta de lui sourire avant de se relever et de s'approcher. La jeune femme avait l'air totalement perdue alors Eänwen lui pris doucement les mains les serrant légèrement comme pour la rassurer sur le fait que tout allait bien.

"Il n'y a pas de mal que se passe t il ? Tu as besoin de moi ?"

En étant plus près d'elle son visage lui revint. Elle avait mit le temps pour la reconnaitre mas elle la remettait c'était une des servante du feu Ethirëlon. Elle lui caressa la joue, un geste de tendresse pure et dure. Elle se rappelait le comportement de son maître avec elle. Elle n'avait pas due voir de belles choses depuis la disparition de celui ci à en juger par son apparence.

"Comment es tu arrivée jusqu'à moi ma douce?"

La voix de l'aubergiste était d'une douceur rare elle s'inquiétait vraiment de ce qu'avait cette jeune femme et pourquoi et surtout comment était elle arrivée à elle. Elle espérait que sa situation était légitime car elle avait peur qu'un potentiel tortionnaire la retrouve et que aussi forte soit elle elle ne puisse rien faire face à un maitre voulant récupérer son "bien". Si elle était une femme libre celà serait bien plus simple. Elle pourrait bien plus facilement l'aider sans risquer quoi que ce soit.

-Je suis resté à Baaz’hima. Expliqua-t-elle. Quand…Quand le seigneur Nas’Olen a été tué. Elle trembla. «tu vas être soupçonnée », « tout le monde pensera que c’est toi » disaient les autre. « C’est évident. Tu le détestait et tu le servait si mal »… Elles ont toujours été jalouse de ma place. Elle renifla. Je la leur aurait donné avec joie…Elle baissa le regard comme ayant honte de ses paroles. Mais j’avais peur qu’elle aient raison, alors j’ai fui avant que le guet ne vienne. Ensuite, j’ai trouvé un travail, dans la cité. Je sais rien faire de plus que de servir. Alors j’ai trouvé un travail de serveuse dans une taverne. J’ai tout avoué à mon employeur bien sûr. Au début ça allait, mais plus le temps passait plus il m’en demandait. Des petits services c’était peux demander pour un toit et la sécurité.  Il me menaçait de tout révéler et j’avais peur tu comprends. Mais c’est devenu trop. Finalement, il ne me payait plus, c’était moi qui devait payer son silence.  Et ça n'a encore plus suffit. Alors j’ai encore fuit.

Elle releva ses yeux vers l’aubergiste.

-Je croyais que toi aussi, tu étais morte. Dame Aerianna, Le Prince...Tous ont disparu. Mais il n’y a pas longtemps j’ai entendu parler du Crin d’Écume. Je ne savais pas où aller. .. Tu avais été si gentille avec moi autrefois… Alors… Elle vint serrer ses bras contre elle. J’ai marché.

-Je…Le regard d’Elsbeth, car tel était son nom, s’illumina de milliers de perles et elle osa étirer un sourire, sans doute le premier depuis bien longtemps. Merci. Souffla-elle en hochant la tête, l'air de chercher à retenir le moindre mot et la moindre instruction. Merci. Je le rendrais, je le promet.

Elle n’en demandait pas tant. A vrai dire elle n’avait aucune idée de ce qu’elle demandait. Jusqu'ici, elle avait agi par automatisme, se guidant par la force du peu de chose qu'elle connaissait. Elle ignorait si l'aubergiste ne lui indiquerait simplement pas une autre direction, ou si elle se souviendrait même d'elle. Peu lui avait importé en marchant.

Bien sur son esprit quelque peu aliéné par les années de tâche répétitive imaginait déjà comment elle pourrait au mieux contenter cette femme qui lui offrait bien gracieusement une place en son établissement. Et bien entendu, ça ne lui venait même pas à l'idée de chercher à obtenir un traitement de faveur. Cela n'existait pas vraiment pour les servantes du palais de Baaz'hima. Ou bien cela finissait souvent mal.

Mais elle fut sincèrement surprise lorsqu’elle lui proposa simplement de contempler les eaux calmes devant elles. L’espace que quelques secondes, elle se tu, et s’exécuta.

-Est-ce que tu fais ça souvent ? Finit-elle par demander, alors qu’elle ne détacha pas son regard fasciné des discrètes vagues. C’est apaisant…