Une chasse à l'or et à la gloire [Eylohr - Adélina]

En ce début d’après-midi, le soleil était au rendez-vous et le ciel dégagé annonçait un calme plat sur l’Eris. C’était le jour idéal pour prendre la mer, pour lever les voiles et ainsi marquer son destin.

Caleb avait fait passer le mot auprès des siens et de son nouvel allié Eylohr, le temps était venu de partir chasser et ainsi de montrer à tous que cette alliance nouvelle pouvait réaliser de grandes choses.
L’information avait été trouvée quelques jours plus tôt par un marchand en provenance de Thanor. Un peu ivre, il avait donné toutes les indications nécessaires pour remonter la piste et ainsi se saisir d’une cargaison fort intéressante. Un navire certes bien équipé et protégé, mais dans lequel des souverains ainsi que de nombreuses marchandises de luxe se trouvaient. C’était un navire vaanie sur le retour, prenant la Thanorite pour revenir vers Thaar après avoir écoulé au mieux les biens présents dans ses cales. Un vrai trésor.
Il n’en fallait pas plus pour le Rokvenha pour se décider à le désigner proie et ainsi mettre en pratique pour la première fois les compétences de l’équipage allié dirigé par Eylohr.

Après un repas, les deux équipages s’étaient donnés rendez-vous sur les quais, les dernières directives données ils ont embarqué sur leur navires respectifs et manoeuvraient afin de prendre le large. La cible se trouvait près des côtes péninsulaire, probablement vers le nord pour l’heure et il fallait l’intercepter à peu près vers Erac, alors pour être sûr de ne pas le rater, les forbans se dirigeraient plus au sud et remonteraient la voie maritime sous pavillon vaanie aussi pour ne pas éveiller les soupçons.

La première transaction avait été faite ; l’entente avait été signé ; des rencontre entre les deux équipages furent faites et des relations nouées… Et l’ordre, ensuite, avait été donné.

Sur la Thanorite – cette voie navigable maritime – se trouvait, disait-on, un navire inattaquable en temps normal par un simple navire pirate, mais soudainement devenu envisageable depuis cette alliance bien venue. Il était, disait-on, très bien armé et disposait de cales pleines de denrées, d’or, de métaux et autres objets précieux que les Nains du Zagazorn et ceux des Sables s’échangeaient, se vendaient ou se promettaient – allez savoir comment cette race faisait commerce. L’attaquer aurait été impensable, mais le Rokvenha avait un plan. Et surtout, il était l’heure pour les deux capitaines de se jauger dans le feu de l’action.

Le plan fut évidemment accepté bien rapidement par tout l’équipage. Et, alors que les deux navires naviguaient côte à côte dans la pénombre ambiante, tous étaient remontés à bloc. Le froid obligeait les pirates à se couvrir plus que d’ordinaire, mais cela permettait aux combattants de se donner plus d’airs dangereux et d’apparaître tels des êtres infernaux, inhumains. Eylohr s’était couvert le corps en entier d’un manteau de cuir avec des lanières pendantes taillées en biseaux et cloutées d’acier, avec une capuche vissée sur sa tête, et un masque de cuir imitant un visage cerclé de sutures, lui donnaient une aura monstrueuse. Oui, il faisait peur… Et les autres également. Et tout cela était voulu.

« Aujourd’hui ! » Criait-il, soudainement, comme s’il se sentait transit par une énergie débordante et une inspiration criminelle renouvelée. « Nous scellons notre alliance avec c’fou d’Rokvenha, en attaquant un navire qu’on n’aurait jamais pu s’permettre d’attaquer avant ! C’navire est plein d’or, d’armes et d’trucs et bibelots clinquants qu’on pourra r’vendre en c’faisant une fortune ! On va être riches l’gars ! Et on va être craints ! Parce qu’un tel navire… Ouais… ça va s’savoir bin’ vite ! Alors butez moi l’premier fils de pute qui s’présente à vous ! Et j’vous promet une prime pour ça ! HAHA ! »

La nuit était tombée depuis quelques heures, le brouillard commençait peu à peu à s’élever de la surface de l’Eris et les navires mécans, naviguant alors de conserve, continuaient de fendre les flots. Au loin, à quelques nœuds, on distinguait tout juste quelques lumières vacillantes qui disparaissaient par moment, masquées par l’épaisse brume. Il était maintenant temps de s’élancer, de prendre en chasse la proie tant convoitée.

Le plan que le Rokvenha avait donné à Eylohr était fou et manquait d’éléments, mais il avait su convaincre le capitaine de lui faire confiance, en lui promettant une prise à la hauteur du risque. Le plan ? En ce qui concernait l’Abyssale, attendre le signal - qui serait bien assez évident - et intervenir rapidement. Pour le reste, Rokvenha s’était bien gardé de donner les détails.

Alors, quand la caraque vaanie est finalement en vue, le capitaine forban fait signe à sa Seconde de mettre en marche la suite de son plan d’attaque. Rapidement, le “Second Souffle” s’écarte de la caraque aux voiles cramoisies, disparaissant à son tour dans les ténèbres de la nuit. De là, les mécans commencent alors à éteindre les flammes des lampes, une à une, avant de se retrouver totalement plongés dans l’obscurité la plus totale. L’inquiétude peut se lire sous les capuches des marins, mais pas sur le visage de leur capitaine qui, lui, se tient à la proue, le regard fixé sur les quelques flammes encore perceptibles de sa proie.

Après un grand écart dans sa voie, le boutre reprend alors son cap vers la caraque et cette fois-ci, c’est “La Bulle” qui entre en jeu, aidant alors les voiles du navire à se gonfler davantage pour lui donner de la vitesse et ainsi rattraper son retard. Les yeux de Caleb suivent la caraque, qui peu à peu se retrouve sur son parallèle. Finalement, il ferme les yeux et sourit, lançant d’un signe de main le reste de la manœuvre.

Le navire mécan fait un virage serré sur le côté, bien aidé par le mage pour maintenir une allure surnaturelle et fonce alors à toute vitesse vers le bateau tant convoité.
Toujours debout à la proue, les yeux figés devant lui, Rokvenha sourit et écarte les bras en signe d’abandon, comme s’il laissait à cet instant Eris être la seule maîtresse des prochains évènements.

Puis soudain, un bruit étrange, strident et surnaturel perce le silence de la nuit. Un cri qui se fait entendre à plusieurs reprises - et qui remonte jusqu’au pont de l’Abyssale - Puis… à nouveau le silence durant quelques secondes, interminables, pesant et tout d’un coup.

Le choc est brutal, même dans l’obscurité, on voit la caraque faire un large écart de côté, manquant presque de chavirer, le craquement du bois résonne encore dans un échos à la surface de l’océan. Le signal est donné, l’attaque est lancée.

Dire qu’elle appréciait être sur le navire à ce moment présent aurait été un pur mensonge. Généralement, elle appréciait le temps qu’elle passait en mer - notamment avec le Capitaine - et leurs désagréments lors de cette fameuse soirée n’avait rien changé. Adélina était au côté de Caleb - pour le meilleur et pour le pire. Elle avait fait une promesse devant Eris et elle ne comptait guère la briser. D’ailleurs, ce voyage était bien différent, il était un supposé apprentissage pour la jeune femme, une façon quelque peu malsaine de lui faire ouvrir les yeux quant à la provenance de la marchandise qu’elle revendait. Adélina ne s’était jamais cachée, mais le voir de ses yeux était nécessaire dans l’esprit du Capitaine - bien qu’elle ait déjà assisté à l’un de ces fameux sanglants abordages alors qu’elle était sa prisonnière. Ce soir-là, une certaine excitation s’était emparée de l’équipage. Tous semblaient s’être vêtu d’un manteau noir, le prêtre du navire marquant leurs visages de multiples vévés. Adélina et son cousin ne furent guère une exception. Ce soir-là, alors que tout était calme, les deux êtres se trouvaient sur le pont, armés, prêts à jouer leurs rôles dans cet abordage. La nordienne ajusta la voile à l’aide d’un autre forban lorsque le signal fut donné, puis s’accrochant tant bien que mal au navire avant l’impact. Malheureusement pour elle, ce dernier fut si violent qu’elle ne put se retenir assez, heurtant assez violemment l’un des membres de l’équipage du Second Souffle. Ce dernier bougea à peine alors que sa stature assez imposante accusa le choc. Il se retourna rapidement, avant qu’un sourire orne ses lèvres, regardant la jeune femme sur le pont alors qu’elle tenait sa tête - complètement étourdie.



«Ca va l’rose? » Sans attendre une quelconque réponse, le forban attrapa la jeune femme par la taille pour la remonter comme une plume. Il la maintient ainsi un moment, attendant avec une certaine impatience que la tête de cette dernière arrête de tourner. D’ailleurs, la rose posa sa main sur sa tempe, tentant tant bien que mal de reprendre ses esprits. Puis les cris vinrent. D’abord de terreur, puis d'excitation. Les hurlements bourdonnaient dans ses oreilles alors que la jeune femme secoua plusieurs fois la tête pour reprendre ses esprits, semblant réaliser. Puis, elle observa la scène qui semblait au ralenti devant elle. Le forban remarqua son expression et la relâcha rapidement avant de ricaner. « P’tain! T’as pris une de ses saloperies d’plongeon! Faut faire gaffe la rose! S’rait dommage d'abîmer ton jolie p’tit cul!  » Sans demander son reste, ce dernier tourna les talons pour rejoindre rapidement les attaquants, joignant son cri aux autres. Aubry la rejoint finalement, il lui demanda si elle était blessée, mais ses paroles ne semblaient pas être captées par la nordienne. Adélina avait son regard rivé sur la scène qui se déroulait devant elle, semblant chercher le capitaine des yeux.

La tactique était osée : attaquer une caraque avec un navire plus petit pour le forcer à présenter son flanc à l’Abyssale, qui viendrait, à son tour, éperonner le navire cible sur son autre flanc dans une seconde attaque surprise. Rokvenha devait être fou, et ou extrêmement inspiré par quelques forces violentes et terribles, pour pouvoir penser à un tel plan dans de telles conditions. D’aucun dirait que tout ceci était pure folie… Attaquer un tel navire, avec une telle protection, au beau milieu de la nuit… Même les armadas Péninsulaires n’osent faire de telles manœuvres, de peur d’heurter un récif, de ne point pouvoir correctement estimer l’ennemi, ou de ne point pouvoir faire face aux manœuvres adverses telles que désirées, et laisser l’ennemi fuir à la faveur de l’obscurité. Mais Rokvenha voulait le faire ainsi. Il allait le faire ainsi. Il allait tout tenter de nuit, pour prendre le dessus sur ce navire diablement défendu… Afin de sceller l’accord entre les deux navires pirates dans le feu, l’acier, le sang et les larmes.

Lorsque le sifflet strident retentit, Eylohr le su alors : l’attaque débutait. Très vite, les chandelles et les flammèches des brasero et des torches de pont du navire cible, se mirent à chanceler sous l’assaut de l’éperon du Second Souffle. Voyant que le début de cette tactique dangereuse était efficace, et observant ainsi la manœuvre forcée de flanc du navire victime qui, poussé par la force du navire du Rokvenha, offrait son flanc à l’Abyssale, le capitaine hurla toute sa folie à l’instant :

« EN AVAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANT ! »

Si sa voix n’avait point le timbre du sifflet ni la capacité d’instiller la terreur en une seule note, comme pu le faire l’instrument du Rokvenha, elle avait le mérite d’être suffisamment forte, rauque et audible, pour pouvoir rajouter, après cette touche de surnaturel, une touche plus humaine. Cela rendrait alors tangible aux pauvres victimes devant lui, la mort qui allait s’abattre de toute façon sur eux.

Ni une, ni deux, l’Abyssale fonça à toute allure, poussé par le vent dans ses voiles gonflées jusqu’à presque se déchirer sous les assauts venteux. A la proue, debout sur une proéminence de bois sous laquelle trônait une sculpture, Eylohr était là, debout, accroché de toutes ses forces aux cordages tendus à en rompre. Lorsqu’arriva le choc de l’éperon, il manqua de choir, mais sa force n’avait d’égale que sa volonté. Il pu voir de ses propres mires, s’enfoncer l’éperon d’acier au-dessus, et juste en-dessous, de la ligne de flottaison. La pièce métallique entra dans le bois comme le couteau dans une motte de beurre un peu trop réchauffée, et le choc, ensuite, fit si impressionnant, que plusieurs hommes de l’équipage adverse furent projetés par-dessus les bastingages.

Sans crier plus d’ordres que cela, Eylohr dégaina son épée courbe, et se lança à l’assaut du navire ennemi. Aussitôt, Christophe fit ses traditionnelles cabrioles depuis les mâts jusqu’à ceux de l’adversaires, sautant sur la vigie avec une agilité féline impressionnante. Ariana et Ulysse, eux, firent dans une autre mesure : à l’aide de grappins, ils arraisonnèrent le navire et sautèrent par-dessus les bastingages, se lançant à l’assaut de ces pauvres erres offerts en pâtures sur l’autel d’une alliance flibustière sanguinaire.

Là, dans l’obscurité la plus totale, le Second Souffle vogue à une vitesse folle, aidé par “La Bulle” qui force les courants d’air à gonfler les voiles et à garder toujours la meilleure prise au vent. Le boutre vient d’effectuer son visage, se retrouvant maintenant perpendiculaire à la caraque vaanie et ainsi, fendant le brouillard et les flots se dirige vers ce navire sans donner l’impression de vouloir cesser sa course effrénée.

Si l’inquiétude peut se lire sur les visages de quelques forbans, tous se tiennent prêts, connaissant alors la suite des évènements à venir et faisant pleinement confiance en leur capitaine, le Rokvenha, le Fidèle de la Médée.
Bien que sa stratégie paraisse pure folie, le mécan se tient confiant à l’avant du navire, ses hanches collées au bastingage, les bras levés et tenant ses deux lames jumelles et courbées et le sourire aux lèvres. Son regard est d’abord rivé sur sa proie, puis se ferme alors, gardant toujours sa posture.

Rokvenha s’en remet à Elle, s’abandonnant à sa foi, comme lui a conseillé la Médée : Aveuglément. Il s’y abandonne pleinement et de son plein gré en attendant l’impact final et le début des hostilités.
Derrière lui se tiennent ses hommes, parés à prendre d’assaut la caraque, certains resteront sur le pont - comme Adélina et Aubry - afin de continuer les quelques manœuvres nécessaires au maintien du boutre. Pour les autres, les armes aux clairs chacun se tient prêt à déferler sur le pont ennemi et à prendre ce qu’ils désirent.

Quelques instants avant l’impact, Rocaille se saisit d’un étrange objet en métal. Un crâne orné de quelques babioles de bois et à l’aspect à la fois sinistre et étrange. Le Colosse, tout en tenant son marteau d’une main, porte l’objet à ses lèvres et y souffle à plein poumon. Si l’apparence était déjà dérangeante, le son qui en émane l’est davantage. Une sorte de cri sinistre et froid s’élève du pont et vient percer le silence de la nuit et de l’océan. Ce cri angoissant s’élève à plusieurs reprises et atteint les deux navires à portée.
Si pour Eylohr et les siens, il est le signal, pour les vaanis, c' est leur perte. Le signe de leur mort prochaine et de la Tempête à venir.

Le bruit strident s’estompe alors et résonne encore en échos sur les vagues de l’Eris. Les mécans l’ont appelé aussi à participer à cet instant de gloire et de richesse. Peut-être voudra-t-Elle y poser un regard et contempler ses Fils et Filles dans leur macabre dessein.

Le silence retombe, mais il est lourd pour l’équipage vaani qui se demande encore ce que peut être l’origine d’un tel bruit. Néanmoins, ils n’ont pas le temps de s’organiser que la réponse vient à eux par le biais d’un choc brutal, les secouant.

Le boutre lancé à pleine allure s’écrase contre la coque de la caraque. Caleb le sait, l’impact ne fera guère de gros dégâts au navire, même si son éperon s’enfonce bien plus que la normale dans le bois craquant. Non, le but est tout autre, faire chavirer ce dernier de son cap et présenter l’autre côté de la coque à l’Abyssale, pour que ce dernier fasse les dégâts.

L’impact est une réussite, Rokvenha toujours à la proue de son navire, ouvre et écarquille les yeux juste avant l’impact. Une gerbe de flamme s’élève quand les lanternes sont balancées. Le Capitaine est projeté vers l’avant, ayant anticipé le choc quelque peu et se retrouve alors directement sur le pont ennemi.

La réception n’est pas parfaite et le mécan, à genou, se redresse lentement. Devant lui les hommes d’Ithri’Van l’observent, incrédules, mais ce qui les tirent de leur stupeur, c’est la vision cauchemardesque d’autres Souffles, tout aussi sombres et aux allures de sauvages, qui se dressent un à un derrière le nouvel arrivant. Une vision sinistre pour eux, car entre les flammes, le bois craqué et l’agitation des vagues, ses individus ressemblent davantage à des esprits malfaisant qu’a de véritables mortels et à peine les ont-ils remarqué, qu’ils se mettent à déferler telle la marée sur le navire.

Les forbans se ruent alors par divers moyens sur la caraque. Les grappins s’accrochent au bastingage, d’autres profitent de la proximité des deux navires pour n’effectuer qu’un saut. Les ombres envahissent le navire et hurlent leur rage.

Dans la cohue, Rokvenha se redresse et abat le premier homme qui lui fait face, d’un coup de sa lame. Le pauvre bougre n’a pas eu le temps de s’armer à son tour, toujours marqué par l’horreur et la surprise. Le mécan avance et sa voix s’élève au-dessus des cris. “Abattez-moi ça !!” Il désigne le château défensif se tenant vers l’arrière du navire, sur lequel les archers commencent à décocher leurs flèches. A ses ordres, certains archer encore présent sur le Second Souffle tournent leurs arcs et flèches en direction du château et tirent en rafale, des hommes armés de marteaux et de lames s’y dirigent aussi, cherchant à y grimper le plus rapidement possible.

La surprise permet aux mécans de prendre l’ascendant, mais elle est de courte durée. Cependant, la seconde vague arrive, encore plus brutalement que la première et prend cette fois-ci les vaanis de dos. Eylohr et ses hommes s’enfoncent à leur tour dans la coque - faisant bien plus de dégâts que Caleb - et eux aussi déferlent sur le pont, prenant les quelques défenseurs présents à revers.

La bataille fait rage, du moins, les premiers instants. Car en dessous, dans les ponts inférieurs se préparent les renforts et les hommes embauchés pour la sécurité qui n’étaient pas de garde. Bientôt le nombre sera équivalent, voir supérieur du côté des défenseurs et les mécans doivent impérativement se débarrasser des premiers opposants avant d’accueillir leurs renforts.

L’assaut était d’ores-et-déjà sanglant. A peine étaient-ils arrivés sur le pont supérieur du navire, que des volées de flèches et des coups d’épées firent leurs ravages sur le navire Vaanie. Devant Eylohr – qui toisait la plupart des marins Vaanies d’au moins une tête de plus – les coups d’épées circulaires tranchaient chaires, membres et vies, faisant choir sur le pont déjà glissant des embruns salés d’une mer de difficile, des cadavres encore chauds laissant échapper leurs flux vitaux. Très vite, au lieu du sel et de l’eau, coulaient de petits ruisseaux de sang chaud, devenant, au fur et à mesure, véritables rivières rougeoyantes témoignant du massacre en cours.

Tous faisaient leur part. Mais bien vite, l’énormité du navire attaqué se rappela à eux. Pourquoi devaient-ils être deux navires pirates pour pouvoir y faire face ? Parce qu’ils étaient nombreux, parce qu’ils possédaient un château défensif. Eylohr abandonna rapidement sa folie destructrice en comprenant que, s’ils fonçaient tous tête baissée, ils seraient sans doute bientôt massacrés. D’autant que des ponts inférieurs s’élevaient la plainte du bois travaillant sous le poids de dizaines de Souffles armés jusqu’aux dents prêts à quitter leurs couches pour s’attaquer aux assaillants, dehors. Et d’ailleurs, bien vite, les escaliers menant vers l’intérieur du navire vomirent leurs guerriers du plus profond de leurs entrailles jusqu’au pont supérieur, se jetant alors dans la bataille avec férocité.

Levant les yeux au ciel, Eylohr vit Christophe – le plus agile de tous les êtres humains sans aucun doute – aller de cordage en cordage depuis les mâts de l’Abyssale jusqu’à ceux du navire cible. Là-haut, il était en train de combattre la vigie, et quelques autres marins parmi les moins forts mais les plus habiles, qui s’élançaient de filets en filets pour tenter d’aider les troupes en contrebas. « Œil-Griffon » comme il se faisait appeler, déployait là tous ses atouts, toutes ses forces et toutes ses qualités.

Tel un oiseau voltigeur, il sautait et passait par-dessous ou dessus les têtes et les pieds de ses adversaires, bondissant, usant de sa force athlétique dynamique pour pirouetter et cabrioler, atterrissant alors derrière eux pour leur planter l’estoc pointu d’une lame acérée dans le dos. Déjà, un premier puis un second cadavre tombèrent depuis ces hauteurs. Le premier chuta non loin du Rokvenha, s’écrasant contre le bastingage, manquant presque de se couper en deux tant ses côtes se brisèrent dans la chute. Le second, lui, s’éclata au sol, le crâne explosant, tant la force de la chute était grande.

Mais Christophe était enfin en place. Depuis le mât le plus proche du château défensif, il avait accès à cette zone qu’il pouvait arroser des flèches qu’il trouvait à ses pieds. L’archer qu’il avait tué avait lâcher son arc et une partie de son carquois, offrant alors moins d’une dizaine de flèches à l’excellent Griffon, qui pourrait alors attaquer d’en haut.

Reportant son attention sur le pont supérieur, Eylohr pu voir son second, Ulysse, comprendre dans l’ordre impérieux du Rokvenha qu’il fallait agir vite, très vite. Aussi entreprit-il d’escalader la façade à l’aide de l’un des grappins. Sa force physique, impressionnante, lui permit de gravir une partie du château à la seule force de ses bras. Grimpant encore et encore, il pu ensuite atteindre le haut des créneaux de bois pour se rendre compte que les marins, là-haut, étaient encore nombreux. Il lui fallait sauter et combattre… Ou attendre que les archers fassent suffisamment de travail pour lui permettre de se jeter dans la bouche du monstre. Nul doute, toutefois, que les victimes continueraient à s’amonceler ça et là alors jusqu’à-ce que tous finissent massacrer… Ou qu’un vainqueur se tienne sur les cendres du vaincu.

Les forces défensives s’amenuisent peu à peu sur le pont, mais sous les pieds des mécans, la caraque gronde et bientôt de ses entrailles viendront s’échapper par ses gueules un nombre encore inconnu de renfort.

Les combats font rage, le sang coule et se mêle à l’eau salée de l’Eris. Mort et Sel, une odeur bien connue du Rokvenha dont la coque du boutre dégage pareil parfum. Au centre de la caraque, les corps s’entassent, d’autres - moins chanceux s’ils sont encore en vie - passent par-dessus le bastingage et disparaissent à tout jamais dans les abysses. La mort est partout et les combats semblent interminables.
De nombreux mécans tombent sous les coups de leurs opposants, mais leurs frères et sœurs les vengent avec toute la rage et la sauvagerie qui leur sont connues. Rien ne semble entacher la détermination des forbans qui continuent de se jeter au combat sans hésiter, ils comprennent que leurs efforts pour s’emparer du pont seront bientôt payants.

Rokvenha est au cœur de la mêlée. Ses lames jumelles courbées tranchent dans les chairs et tracent une voie sanglante vers son succès. Le sang lui recouvre maintenant une bonne partie de son manteau et de son visage, lui donnant un air encore plus sauvage et barbare qu’avec la simple présence des vévés. Son regard est démentiel, il rit et hurle tel un fou pour qui l’odeur du sang et de la mort est un carburant et un exultant. Rien ne semble l’arrêter, alors qu’il progresse en direction de la cabine du capitaine à la recherche de celui qui dirige ce navire pour l’abattre au plus vite - se doutant que le moral des troupes serait ainsi frappé -
Rien, sauf une douleur vive que lui remonte son système nerveux. Une douleur aux sensations froides tout d'abord, puis rapidement réchauffée, le tout accompagné d’une impression d’humidité.

Caleb se tourne et ses yeux se posent sur une flèche logée dans son flanc, légèrement orientée vers son dos. Si c’est grave ? Il n’en sait rien, car l’adrénaline des combats et sa violence semblent prendre le dessus sur ses instinct à ce moment-là. Hébété par cette blessure, il relève la tête et voit alors que le château n’est toujours pas tombé, que des archers continuent de faire pleuvoir la mort sur les insulaires. D’ailleurs, il remarque même que d’autres lui font face et viennent déjà d’encocher leur prochaine salve. Ils le visent, comprenant peut-être qui il est - ou cherchent-ils simplement à défendre la cabine de leur capitaine -.
Ils le visent et tirent alors. L’acier des flèches se reflète un instant et filent dans la direction du capitaine qui a tout juste le temps d’attraper la première chose qui lui passe sous la main pour se mettre à l’abri derrière.
Des craquements, des souffles courts. La main du Rokvenha se défait lentement de sa prise et il remarque ce qui lui a servi de bouclier. Un gamin, mécan. Le forban libère le col du garçon, qui se retourne vers lui. Le regard du blessé semble le questionner, mais aucune peur ne se lit sur son visage. Caleb le lâche, comme s’il n’était qu’un vulgaire bout de bois et le laisse terminer son agonie en silence. Il vaut mieux ce pauvre homme que le capitaine, mais malgré ses airs détachés, Rokvenha compte bien faire payer au centuple la perte de chacun des siens.

Alors qu’il va hurler ses directives à nouveau, il remarque que les mécans arrivent finalement sur le château et prennent à parti les différents archers. Croqueuse est d’ailleurs de ceux-là. Agile, elle grimpe en s’aidant des grappins déjà en place et arrive au sommet avant de se contorsionner pour éviter les frappes à son encontre. Les dagues de la sang-mêlée tournoient dans l’air et, en compagnie des autres pirates, achèvent la menace et les dernières véritables défenses de ce navire.


Alors que les combats perdent rapidement en intensité, au vue du nombre décroissant d’ennemis. Les mécans se positionnent alors en direction des portes qui se trouvent à la proue et la poupe. D’abord ils décident de les coincer en la barricadant, pour éviter que trop de renforts ne surgissent en flux continue, puis peu à peu, ils se mettent en place.

“Eyl !” Hurle alors le Rokvenha, la flèche toujours présente dans son flanc droit. “Occupe toi d’la poupe ! Ça va sortir d’un coup mon gars tiens toi prêt !” Puis il fait signe aux hommes du Second Souffle de se placer en demi-cercle, face à la porte.

La tension est palpable, pourquoi les vaanis ne sortent plus et semblent attendre ? Ont-ils décidé de se barricader aussi et de tenir leurs positions dans l’attente éventuelle d’un abandon de la part des pirates ? Impossible de savoir, mais étrangement, le silence retombe sur le pont du navire, le calme avant de nouveau la tempête.

Dans le même temps, Caleb, laissant Rocaille se charger des hommes, décident d’aller à la cabine du capitaine. D’abord il toque et y colle son oreille, puis finalement, se tournant vers les quelques combattants qui l’accompagnent, hausse les épaules et leur fait signe de défoncer la porte. Après quelques coups bien placés de masse, le bois craqué s'écrase et le Rokvenha jette un coup d'œil à l’intérieur. Les bougies sont éteintes, mais le désordre régnant dans la pièce laisse penser que quelqu’un s’y est caché et à tenté d’emporter avec lui des affaires rassemblées à la hâte.

Le Fidèle de la Médée sourit, puis la douleur le rappelle un instant, comme un signal d’alerte, un avertissement. Au même moment où il porte la main à son flanc, essayant d’éviter au mieux la flèche toujours plantée, deux énormes bruits secs se font entendre de part et d'autre du navire. Les portes s’écrasent contre leurs battants et les guerriers lourdement préparés déferlent à leur tour en hurlant leur rage.

Les combats reprennent. Rocaille intercepte le premier sorti de la porte par un énorme coup de marteau de guerre en pleine poitrine, le faisant tomber à la renverse sur ses camarades de derrière. Le reste des guerriers marins se ruent alors à la rencontre des derniers défenseurs, tentant de les empêcher de sortir en trop grand nombre, les bloquant dans ce goulot d’étranglement que sont la porte et les escaliers menant aux cales inférieurs.

C’était une vision horrifique. Une vision qui ne lui était malheureusement pas nouvelle. La bataille faisait rage sur le navire estréventins. Les mécans se jetant sur leurs victimes, qui, pour une fois, se défendaient avec une habileté et une férocité surprenante. Ses mains se joignirent, se serrant l’une contre elle alors que ses jointures devinrent banche. Son regard balayant le pont de l’ennemi, tentant d'apercevoir le Capitaine. Puis, elle entendit les mots qui lui glacèrent le sang.


«L’Cap’taine est blessé ! »


Le coeur de la jeune femme se serra alors qu’elle entendit les mots qu’elle redoutait. Caleb… Ses muscles semblèrent se tendre, son inquiétude se transforma alors que son regard se resserrer. Elle tourna les talons, attrapant son arc et les flèches non loin et s’approcha de la rambarde. Bandant son arc d’une main experte, elle visa la tour. Tirant le premier souffle qu’elle vit. La flèche toucha l’un des archers qui visaient l’équipage plus bas. Ce dernier s’effondra alors qu’elle retendait de nouveau son arc. Si elle n’était pas experte à l’épée, au moins, toutes ces années à accompagner son père et Aubry à la chasse avait finalement payé. Elle recommença son manège, profitant de la cohue plus bas pour attaquer leurs flancs. Son cousin l’imitant, les deux nordiens purent rapidement abattre quelques pauvres hommes avant qu’ils ne se fassent repérer. La jeune femme évita du justesse une flèche tiré par l’un des archers avant que ce dernier ne se fasse abattre par son cousin. Les mécans rejoignirent finalement les archers, les engageant dans un corps-à-corps. La rose eut finalement un moment pour expirer, on aurait dit qu’elle avait retenu son souffle pendant ces longues secondes, emprisonnant cette énergie, cette urgence d’agir. Alors que les prunelles azurées balayèrent rapidement le pont à la recherche du capitaine. « Aubry! Les portes! » S’exclama-t-elle alors que les portes s’ouvraient en laissant une nouvelle vague déferler sur les mécans. Le chevalier tourna rapidement son attention sur les estréventins avant de se remettre à tirer avec sa cousine, tentant tant bien que mal de protéger les mécans.

La conquête du château défensif était chose faite. Dans cette attaque, plusieurs pirates furent tués ou cruellement blessés, alors que les archers pouvaient tirer dans toutes les directions avant d’user de piques et de dagues pour contrer les assaillants grimpants, ou ceux venant du haut. S’ils étaient aussi d’excellents bretteurs, les pirates restaient amoindris lorsqu’il aura fallu se rendre dans le fameux château. En haut, ils étaient libres de mouvements… En dedans, tout était restreint. Mais cela restait comme se battre dans les cales et ponts inférieurs d’un navire : tous, au moins, y étaient habitués.

Le château vidé de ses occupants, la victoire n’était point acquise. Car, alors que les hurlements cédaient doucement, la voix rauque et tonitruante du Rokvenha sommant Eylohr de se rendre face à la porte de la poupe du navire, réveilla les instincts de l’équipage de l’Abyssale. Christophe restait en haut : ses aptitudes athlétiques et gymnastiques étaient bien plus appréciables depuis les hauteurs, l’arc et les flèches étant une de ses nombreuses aptitudes. Ulysse, lui, descendit du château une fois celui-ci conquis et, rejoignant Eylohr, se plaça là où on l’attendait.

Il ne ferait aucun doute que des nuées de guerriers et autres marins allaient sortir des ponts : les bruits des clous des bottes et des souliers faisaient un bruit dantesque sous le pont, semblable à celui d’une gigantesque ruche en activité qui gronderait depuis un mur.

« Aller l’gars ! Tenez l’coup ! Si ces enfants d’salops sortent pas d’là, on les cramera bin’ vite ! » Dit-il, sachant que si les ponts inférieurs étaient audibles depuis le dehors, ils étaient eux aussi audible des ponts inférieurs. Il reprit, moins fort cette-fois. « Laissez leur d’quoi sortir… On les massacrera ici, ce s’ra plus simple qu’dans c’foutu escalier de merde ! »

Puis, ils se mirent en position… Attendant… Attendant… Jusqu’à-ce qu’arrivent les assaillants hurlants, remontés à blocs et, sans doute, préférant mourir debout et en plein air plutôt que massacrés sans justice sur une île déserte, ou dans leur couche, en bas. L’appel du désespoir sans doute…

C’est alors qu’entra Ariana dans cette danse macabre. La jeune femme, remontée, affichait ce regard de braise que d’aucun qualifierait de folie furieuse. La combattante était une force de la nature, même étant donné son petit gabarit. Mais le plus flamboyant la concernant – outre sa beauté – était son caractère : impulsive et sanguine, elle tolérait très mal la frustration, ce qui expliquait pourquoi elle était devenue la Quartier Maître d’Equipage.

Dès lors que l’escalier se mit à vomir les marins retranchés depuis les ponts inférieurs, Ariana quitta sa position et se jeta, hurlante et telle une furie, au milieu de la mêlée. Au passage, elle récupère une lourde chaîne courte en maillons, qu’elle jette au dernier moment sur les marins qui l’assaillent. Cette surprise est efficace : le poids de la chaîne oblige les hommes atteints à soit lâcher leurs armes pour encaisser le choc avec la jeune femme, soit à encaisser et ce poids, et l’assaut d’Ariana. Car cette dernière n’était point bête : en lançant la chaîne, elle s’assurait que les estocs s’abaissent et, en se jetant contre eux, qu’ils chutent en arrière, plus ou moins nombreux.

Et la chose fonctionna, du moins en partie. Trois marins côtes à côtes reçurent l’assaut de plein fouet. Désarçonnés et déséquilibrés, ils chutèrent en arrière mais furent rapidement récupérés par leurs camarades, paqués comme de véritables sardines. Ariana profita de ce temps mort pour frapper de sa lame, donnant de l’estoc et de la taillade. Le sang coulait déjà, et Ariana, telle une furie, donnait autant de la voix qu’elle donnait de la mort.

Alors que les portes vomissent un flux constant d’hommes en arme, qui crient de toute leurs forces pour se donner courage dans la mêlée. Sur le pont, découpés en deux groupes dos à dos, se tiennent les mécans qui à leur tour se ruent dans la mêlée.

Le nombre est inégal, même divisé par deux, mais par chance l’étroit goulet que forment les escaliers endigue quelque peu la propagation des ennemis. Le rapport de force est pour l’instant à l’avantage des forbans, mais tend peu à peu à s’inverser à mesure que les mercenaires vaanis remontent des cales.

Le chaos est total sur la caraque. Rokvenha se défait d’un jeune combattant à l’aide d’une riposte rapide et meurtrière, puis observe la scène d’horreur qui se joue devant lui. Bien que la nuit soit noire, il voit les éclats de métal resplendir sur les torches et d’innombrables étincelles vacillantes ; Flèches, épée, hache et tant d’autres sont engagées dans une danse sanglante. Autour de lui tombent des camarades, des frères, mais aussi des inconnus qui n’ont rien demandé. Il tourne sur lui-même, semble chercher, mais la cohue sur le pont devient un rapide malaise ambiant qui étouffe son esprit.
La douleur le ramène à lui, instinctivement, sa main vient chercher son flanc et ses doigts passent autour du bois de la flèche toujours incrustée. Impossible de la retirer maintenant et risquer de se vider de son sang. Il doit lutter, lutter contre la douleur, lutter contre sa gêne car face à lui, encore, reviennent des guerriers estreventins prêts à l’achever.

Les horreurs des combats durent encore de longues minutes, une éternité pour ceux qui s’y trouvent. Les marins voyant leur nombre réduire peu à peu reculent jusqu’au centre du pont et tiennent encore sous les vagues incessantes. Les corps s’entassent à leurs pieds et le sang mélangé à l’eau salée commence à rendre les planches de bois poisseuses et glissantes.
Les efforts semblent vains, les marins se pensent en sous effectifs, acculés. Ils bataillent, jurent et maudissent à tout va, faisant pleuvoir des coups violents et rageurs. S’ils doivent mourir, alors ils le feront avec panache et l’Impétueuse les accueillera avec bonté dans son royaume Abyssale.
Ce soir, ils ripailleront tous ensemble et culbuteront les sirènes.

« C’est de la folie… » Murmura son cousin alors qu’il arrêta finalement de tirer, bientôt imité par sa cousine. Les archers avaient rapidement été éliminés, ne restait plus que les combattants qui déferlaient toujours sur le pont. La jeune femme baissa son arme à son tour, cherchant toujours du regard le Capitaine. Elle lâcha un râle de frustration, presque de rage alors qu’elle ne put l'apercevoir avant d’attraper l’un des cordages se hissant sans problème sur le bastingage. D’un bras, cette dernière se retenait, alors que les vagues faisaient tanguer les deux navires encastrés l’un dans l’autre, alors qu’elle cherchait Caleb de nouveau. Pendant un instant, elle eut l’impression que le temps allait au ralenti. Les cris, les hurlements ne l'atteignait plus… Qu’un bourdonnement incessant, alors que son regard analysait la scène. Son souffle se ralentit, alors que cette violence ne semblait plus la déranger. Finalement, elle trouva ce qu’elle cherchait. Le capitaine avançait, attaquait alors qu’une de ses mains tenait fermement l’une de ses côtes, là où une flèche s’était logée. Adélina devint blême, sentant son sang quitter son visage pendant une seconde, se sentant impuissante devant ce sinistre théâtre où elle ne pouvait qu'être spectatrice.