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 Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]

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Adonia Ypsilantis
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MessageSujet: Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]   Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] I_icon_minitimeMer 20 Mar 2024 - 16:51

Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] U1k8



Cinquième jour de la troisième ennéade de Barkios, de l'an XXI

   N'est-ce point en écoutant le tumulte de la rue que l'on peut en saisir sa fièvre ? Pour la jeune femme s’aventurant hors de son antre en de si rares occasions, la cité grouillante de milliers d'âmes est une entité criarde dont les battements de cœur martèlent son crâne. Oui, songe-t-elle avec amertume. C’est ainsi qu’elle se figure cette chose que ses souvenirs ont à peine eu le temps de conserver dans sa prime jeunesse ; lorsqu'elle voyait. Les scènes de vie se jouant tout autour,– tandis qu’elle avance dans la cohue au sein de sa litière –, lui sont désormais proscrites et elle ne peut que produire un effort d’imagination pour se les représenter. Les interminables rues prennent ainsi l'apparence d'artères, encombrées et empreintes d’odeurs, où se rejoignent des centaines d’autres veinules façonnant une immense toile. L’image est tout aussi fascinante qu’inquiétante, puisqu’elle ignore encore si ce fameux tumulte est plus habité par la joie ou la colère. Celui qu'elle est venue visiter saurait assurément lui en procurer la réponse pour apaiser ses craintes. Car qui d’autre de plus apte à pouvoir donner la température que celui en charge de veiller à ce que cette dernière n'atteigne jamais l'ébullition ?   
   Accompagnée de quelques féaux affiliés à sa maisonnée, elle distingue à travers les soieries de sa fenêtre, leurs silhouettes se mêlant à celles des passants. Parmi eux, le plus proche, dont l'odeur parvient même à imprégner les tissus, se nomme Goustan, leur capitaine. Son paterfamilias lui est tout aussi inconnu que son passé prenant l’aspect du voile couvrant ses yeux. On murmure seulement que ce taciturne janissaire aujourd’hui dévoué à son frère n’était autre qu’un reître de bien peu de foi dont les faits d’armes auraient raison des intestins les plus endurcis. Cet homme devenu désormais son ombre n’est guère le plus avare en mots, préférant lui aussi les silences. Sa présence est toujours discrète, mais sa fragrance finit toujours par le trahir ; un mélange de sueur, d’acier et de sang.   
   « Nous serons bientôt arrivés, sayyida, entend-elle en provenance de ce capitaine au timbre plus grave qu’aucun autre à sa connaissance.
   — Bien, répond-elle assez fort pour que sa voix, plus fine, lui parvienne jusqu'aux oreilles. Lorsque nous y serons, tu enverras un homme quérir celui que nous sommes venus rencontrer. Qu’il me présente et fasse état du motif de ma venue, afin que notre hôte se rappelle de quoi revêt cet entretien.
   — Cela sera fait ainsi, sayyida, » affirme Goustan en semblant agiter l’une de ses mains en direction de ses hommes composant l'escorte.
   Lorsque le convoi s’arrête enfin, elle entend la demande émise par l’un de ces derniers. Ayant été annoncée à l'avance par un vélin précisant le motif de sa visite, la convocation est confirmée et l'attente s’ensuit. Cela lui laisse encore un peu de temps pour observer les échos bruyants de cette rue où se trouve l’un des chefs-lieues du Guet. Il serait possible de croire qu’avec la présence des hommes préposés à l’ordre, le calme serait présent. Nenni, le tumulte semble ici bien plus assourdissant qu’en d’autres endroits de la cité. Que le commandant vienne avant que ses oreilles finissent de la trahir comme ses yeux l’ont déjà fait. Et qu’il lui confesse, céans, que cette agitation est toute aussi normale que les senteurs de chairs brûlées lui rappelant celles du bûcher funèbre de ses parents.



Dernière édition par Adonia Ypsilantis le Jeu 21 Mar 2024 - 11:17, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]   Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] I_icon_minitimeMer 20 Mar 2024 - 23:34





En amont ...

Ferme comme un roc, il patientait, tandis que les minutes s’égrainèrent et se cumulèrent sans que ne point à l’horizon la silhouette de leur maîtresse. Les paluches mariées à son dos, inquisiteur de regard, il scruta l’ensemble de son escadron, avare de la moindre peccadille à leur reprocher. Une mine éreintée, un bâillement ravalé, un harnachement gauchement revêtit ; il tint au-dessus de leurs chefs une épée de Damoclès, prête à les oblitérer de son tranchant au moindre impair. Hahh c’est qu’il n’entendait pas à rire, le Goustan! La tâche qu’on lui avait afféré n'en était pas des moindres : son maître et ami de longue date lui avait confié la sécurité de son auguste sœur, qui d’ailleurs, se retrouvait désormais par l’entremise de son lien de parentèle à être plus près du conseil de Thaar qu’elle ne le fût jamais. Dès lors, ils durent se déposséder de leurs mauvais plis et cela était d’autant plus vrai, considérant l’importance de leurs primes sorties en public. Adonia, encore préservée du tumulte politique, avait bonne presse, mais elle était futile l’idée de croire qu’elle serait sauf de tous dangers.

Postés au-devant du grand hall d’entrée, les traîneurs de sable formaient un corridor de part et d’autre de l’allée, au bout duquel Goustan faisait le pied de grue, dans l’espoir d’apercevoir l’ombre de la Voilée. Après s’être fait suffisamment désirée, elle leur fit enfin honneur de présence, cheminant au travers la flopée de garde desquels les échines, mêmement que leurs regards, s’abaissèrent en toute déférence.


« Sayyida. » trouva-t-il pour salutation seule que cette appellation toute simplette, mais suffisamment respectueuse. Plus de mots eurent été vains, car ils emboitèrent le pas aussitôt qu’elle fût parée, laissant en leur sillage le cacophonique cliquetis de tous leurs harnois et de leurs aciers. Le concerto suffisait pour déblayer les allées de tout bouchon de pedzouille ; de crainte de voir le reflet du soleil se refléter sur plat de leurs lames, personne n’osait faire obstacle à la Voilée. Comme la trainée d’une robe de mariée, les hommes d’armes pastichèrent les pas de leur maîtresse, la main sagement posée contre le pinacle de leurs armes. La curiosité des badauds piquée au vif, une fois qu’Adonia sembla à peu près acclimatée à ce trop plein d’attention, Goustan pressa le pas d’une bonne foulée, afin de rejoindre parfaitement la dextre d’Adonia.


Maintenant ...


« Sayyida, me permettez-vous de vous entretenir de quelques mots ? » Sa voix empreint de politesse et de manières contrastât plus fort que de raison avec le timbre de sa voix et le pesant de sa charpente. Il se râcla la gorge, comme s’il chercha les mots justes à lui faire entendre, de sorte à lui faire grâce de son expression gauche habituelle. « Le chef du Guet n’a pas pour réputation de délier la langue en tout charité. Il est de ceux qui fait profiter l’information au plus offrant … Aussi bien comprendre que si nous … Enfin, vous, allez lui formuler requête, il vaudrait mieux ne pas se présenter à son chevet avec une besace pauvre de toute forme de négoce. Peut-être ne pas lui faire l’étalage de vos franches intentions pourrait être une approche plus … prudente. »

Leur marche s’acheva une fois qu’ils pénétrèrent dans l’enceinte du Guet, s’attirant au même titre que le bas peuple l’intérêt des grivetons. Une fois que le convoi fût bien arrêté, qu’Adonia fût correctement cerclée par ses hommes-de-fer, Goustan s’avança et s’adressa à la première bleusaille qu’il vit. « Apportez-nous séance-tenante à votre maître, limier, nous avons audience avec lui. » L’ordre lancé, bien que le rustre fût démuni du droit de le formuler, en eût carrément la carrure pour l'exiger. De ce genre d’ordre qu’on exécute sans questionner, pour le bien fait de sa santé. Goustan se retourna vers sa maîtresse et lui tint à peu près ce langage : « Le chef du Guet nous attends, sayyida. »



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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]   Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] I_icon_minitimeJeu 21 Mar 2024 - 11:28


Parmi les nombreuses commanderies que le Guet avait établies au sein de la Cité des Cinq Sens, le seul endroit où l'on était susceptible de retrouver Gorben restait la caserne principale, le siège officiel de l'organisation, la Kasbah. Ses épais murs de grès avaient été érigés sous la conduite des Drows, alors que le Guet n'existait même pas encore, et étaient faits pour rester. C'est aussi leur longévité qui pérennisaient toute sorte de graffitis effectués à la faveur de la nuit, et ce depuis des siècles. Çà et là, sur le grain vieilli de la pierre, des obscénités de toutes les langues et de toutes les nations reflétaient le caractère multicolore de Thaar, mais aussi la misère qui pouvait y régner en dehors des Soieries. Parties génitales, insultes vieillies et mal orthographiées, un véritable florilège sociologique, une histoire intime de la ville et de ses habitants. Mais aussi la preuve que le Guet, bien que craint, n'était guère aimé.

Lorsque le cortège des Ypsilantis s'arrêta dans la cour, ils purent observer en partie pourquoi la populace n'appréciait guère ses valeureux protecteurs. Ils avaient beau avoir un équipement standardisé et à la hauteur de leur statut officiel, les miliciens du Guet n'arrivaient guère à faire disparaître leurs dégaines de soudards derrière ces capes et ces armures ornées. L'un avait le visage couture du mercenaire, l'autre la croix des vaches qu'on inflige aux balances... Tous reflétaient la véritable identité du Guet : derrière le strasse, la bassesse.

Aussi, lorsqu'on l'apostropha comme le dernier des loufiats, le milicien Eshmir offrit son visage le plus méprisant et son air le plus crâne à Goustan. Le soudard avait certes l'air impressionnant, ici, le soldat se sentait chez lui, dans la tranquille sécurité de son milieu, avec quinze de ses amis occupés à faire les matamores pour impressionner la galerie. La plupart ignoraient à qui ils avaient affaire, cependant, et le risque de l'incident était réel. Néanmoins, Eshmir finit par s'exécuter de mauvaise grâce. C'était toujours la même chose avec les bleus : gonflés d'orgueil d'appartenir à leur clique, ils en faisaient des montagnes pour se prouver qu'ils étaient les plus gros durs du coin. Rien de plus que des caïds de petite envergure, noyés dans un fatras d'autres qui constituaient les sbires les plus dispensables, mais parfois les plus utiles du Guet.

A mesure qu'Adonia Ypsilantis évoluait dans le dédale de la caserne, guidée par Eshmir, elle pouvait sentir comme une désagréable sensation lui piquer la nuque, de celles que l'on croit ressentir lorsque quelqu'un nous épie. Pourtant, mis à part les quelques gardes occupés à faire le pied de grue, personne ne semblait l'observer. Le ressenti était pourtant bien là : comme si quelque chose, quelque part, dans l'ombre d'une alcôve, étudiait avec attention la silhouette voilée de la jeune femme.

Ils furent menés, elle et son chien de garde, jusqu'à l'entrée béante de la salle de commandement. A l'intérieur, outre les gardes attendus, le luxe tapageur de l'endroit jurait avec le reste de la Kasbah, dénuée de toute fioriture. De nombreux bas-reliefs figurant des scènes de l'Histoire, comme la destruction de Nisétis, la dévastation d'Ellyrion ou celle de Naelis. Ces peintures grandiloquentes et aux thèmes apocalyptiques agrandissaient encore la salle, dont le plafond à caissons aux motifs dorés couronnait la majesté. Et de sous ce ciel de luxe, la silhouette de Gorben Bayezid, assis sur son siège curule à côté d'une grande table sur laquelle étaient posés rafraîchissements, mets froids et fruits de saison. Dans son dos, raide comme une statue, une grande et fine demi-drow semblait veiller sur Gorben tel un dogue hiératique. De sous ses cheveux d'un blanc pur, des yeux froids fixaient les nouveaux arrivants.

Le Bayezid lui-même était assis, accoudé et deux doigts sur sa barbe. Ses yeux étaient rivés sur la Voilée, qui venait d'entrer après s'être faite annoncer par les sentinelles. Il y avait quelque chose d'insondable dans ce regard brun et brillant. Et que pouvait bien cacher cet énigmatique sourire en coin, lorsqu'elle avait passé le pas de la porte ? Se relevant de son siège, Gorben se tint droit avant de faire une révérence à Adonia, suivi par la même servilité de la drow en arrière de lui.

- Heureuse rencontre, gracieuse hôte. Je vous souhaite la bienvenue au sein de la Kasbah. Venez donc, asseyez-vous, étanchez votre soif et votre faim. En ces murs, vous êtes une bien trop prestigieuse invitée pour que je commette l'affront de vous faire attendre.

Tout en parlant, le chef du Guet désigna à la fois un siège en vis-à-vis du sien, d'égal raffinement, et la table où reposaient mets et boissons, avec un petit esclave au teint frais de jeunesse préposé au service, et qui attendait le moindre ordre avec une innocence toute enfantine. Gorben observa ensuite Goustan, puis U'zshina, signifiant qu'il n'était pas contre la présence du mercenaire derrière sa dame, au même titre qu'il avait le sien derrière lui. En cette occasion, par ailleurs, si Goustan eut fait dériver son regard sur la demi-drow, il put dès lors se rendre compte que celle-ci le fixait lui, à présent.

Se rasseyant une fois son hôte installée, Gorben réajusta son grand caftan à motifs et sa ceinture d'or. Puis il reprit la parole, les bras le long des accoudoirs.

- J'ai côtoyé vos parents en quelques occasions, lors de festins et réceptions. Des gens charmants. Leur disparition m'a beaucoup ému, mais je pense, non plus que vous. Mes plus sincères condoléances, à vous et votre auguste frère.

Tout en échangeant ces banalités à demi-sincères, Gorben passa subrepticement son ongle de pouce entre son anneau et la peau sous celui-ci. Là, son esprit grandit dans la pièce, comme une ombre s'allongeant alors que le soleil baisse, et sonda l'environnement, cherchant encore à éviter d'entrer en contact avec Adonia, mais ne cherchant pas non plus à se montrer très discret. Puis, soudain, un affleurement, une caresse. Légère, comme un doigt passant sur une fine couche de papier. Ce faisant, son regard restait rivé sur la jeune femme, guettant sa réaction. Ce n'était pas une intrusion à proprement parler, et comme aimait parfois le faire Gorben. Ce léger frisson n'était qu'une alarme spirite, une signe de reconnaissance, guère plus que comme sentir une légère brise effleurer sa peau. C'était presque une manière de se saluer. Et de signifier, indirectement : je sais que tu sais, et maintenant toi aussi.
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Adonia Ypsilantis
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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]   Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] I_icon_minitimeJeu 21 Mar 2024 - 16:41








   Dans les enceintes royales et les ruelles urbaines, dans l'obscurité des recoins et la lumière des salles, la prudence est une compagne fidèle, enseignant à soupeser chaque mot, à considérer chaque geste, à sonder les profondeurs de l'âme humaine avec la délicatesse d'un orfèvre sculptant son chef-d'œuvre. Ces dernières paroles, gravées dans son esprit comme un dogme sacré, résonnent dans ses pensées, tandis que le fidèle de son aîné, termine de lui prodiguer ses ultimes conseils. Des consignes avisées et sages, telles que celles que prodiguerait son frère s'il s’était tenu à ses côtés en cet instant même. Car l'ombre de ce dernier plane sur ses arrières et elle se sait, dès lors, observée par une mire invisible où règne inquiétude et perplexité quant à ses capacités. Sont-elles justifiées ? Se révéleront elles exactes ? Est-ce parce qu'elle ne contemple plus le monde de la même manière qu'elle est incapable de le maîtriser, autrement, avec ses propres perceptions ? Ici, ami, oublie les préceptes qui furent enseignés à ton si cher maître ; car tu penses être dans un lieu fait de pierre et de sable, alors que tu pénètres la demeure d’une entité pouvant te faire oublier ce qu’est la pierre, le sable et même celui que tu sers avec tant de ferveur… songe-t-elle à lui confesser.

   Mais elle préfère accueillir volontiers les justes instructions et acquiescer poliment, afin d’éviter de mentionner les autres atouts dont elle dispose, distincts de ceux de son aîné. Car si les paroles qu'elle porte ne revêtent pas la même autorité que celles d'un prince, elles pourraient néanmoins se draper d'une toute autre essence aux nuances multiples. Après tout, n'a-t-elle pas pénétré les murs d'une forteresse invisible, là même où le prestige de son hôte brille bien au-delà des limites de ce lieu imprégné d'une odeur d'urine et de lamentations d'une foule en quête incessante de justice ? Elle le ressent, assurément. Car un frisson s'insinue insidieusement le long de sa nuque, comme une salutation et une invitation à s'aventurer dans la vaste cour où les ombres, innombrables, semblent avides de broyer la sienne et celles de ses compagnons. Faisant fi, silencieuse et agile, elle avance et suit le chemin, le regard portant au loin et les yeux en quête de repères.

   Les parfums, en ce lieu, sont si nombreux qu'elle peine à les distinguer tous. Ici se mêlent les senteurs de la terre battue, flagellée par la vigueur du jour, puis celles du cuir, maintes fois malmené par le tranchant de l'épée, au point qu'il semble avoir recouvré son essence animale avant d'être tanné. Le chemin, aux côtés de son capitaine, paraît interminable. Les ombres semblent s'étirer à l'infini dans ces couloirs où l'obscurité étend inexorablement son empire. Elle devient encore plus dense lorsqu'ils sont finalement guidés jusqu'à la tanière de l'homme qui consent à les recevoir. Le picotement à sa nuque s'estompe légèrement, tandis qu'une voix, presque aussi grave que celle de son protecteur, résonne dans la vaste pièce. Un léger sourire se dessine alors sur ses lèvres. Elle sait, oui. Elle réalise qu’elle vient de pénétrer le palais d’un pair, qu’elle n’est point chez elle et que ce dernier, sous couvert de mondanités, esquisse lui aussi l’ombre d’une risette. Elle n’a pas besoin de le voir pour le savoir. Car même le soldat, à ses côtés, serait bien en peine de le déchiffrer. Oui je sais, concède-t-elle en sentant un frisson lui parcourir l’échine jusqu’à ses mains tenant fermement la canne.

   « Votre hospitalité, sayyid, me touche profondément, répond-elle calmement. Je vous suis reconnaissante pour votre aimable accueil et vos paroles empreintes de sincérité. En ces instants sombres, vos condoléances sont comme une lumière dans l'obscurité, apaisant quelque peu le poids de notre peine. Mes parents, en effet, étaient des êtres chers, et leur souvenir résonne toujours dans mon cœur avec une douceur teintée de tristesse. Je vous remercie de votre sollicitude et de votre générosité. Soyez ainsi assuré que vos paroles réchauffent mon cœur en ces heures difficiles, et qu’elles sauront trouver le même écho dans l’esprit de mon cher frère Heracle. Il est désormais celui en qui se portent toutes les attentions et espoirs de notre lignée meurtrie ; celui devant perpétuer l’héritage légué telle une bannière devant être brandie sur les pavés sacrés de cette cité en ce jour couverts du sang de nos parents ».

   Aveugle aux splendeurs du monde, mais éveillée aux Arts de l'esprit, elle ressent l'éther enrober son âme tandis qu'un frisson de plus l'envahit. L’onde sybilline de son hôte cherche à s'immiscer dans sa tête que son imagination façonne en un serpent insaisissable se glissant entre ses pas. Elle peut sentir son venin, entendre son syrigma strident cherchant à percer son crâne, toucher sa peau recouverte d'écailles aussi impénétrables que les desseins des cieux. Soudain, des battements d'ailes résonnent à ses oreilles et des plumes viennent caresser son visage. Le rapace, gracieux et vorace, se pose à ses pieds et transperce le corps écailleux du reptile de ses serres. Ce tableau fugace ne dure qu'un instant, mais lorsque son visage luisant se relève lentement vers son hôte et que sa main relâche la canne, ses lèvres cessent également de remuer. Elle ne peut le voir, le distinguer dans cette brume opaque, mais lui le comprend. Il sait qu’elle l’observe avec la même ténacité, et que ses yeux d’ivoire plongés dans les siens pourraient être les reflets de ses pensées, « Ô alter, si tu veux sonder mon esprit, prépare-toi à affronter les tempêtes de mon âme, à épouser ma cécité et voir le monde comme moi je le vois. Prends garde, car là où tu cherches la lumière, tu pourrais te perdre à jamais dans les ombres plus noires qu’une nuit sans fin ».

   « C’est à ce propos que je viens vous rencontrer, sayyid, souffle-t-elle comme une brise calme et furtive. Loin de moi l’intention de vous décerner le rôle d’aruspice, mais bien celui de garant de la sûreté de tous. Que ferions-nous, oui, noble commandant, sans la présence des vôtres assurant l’ordre dans nos rues ? Je viens ainsi, vers vous, dans l’espoir fertile de mettre la lumière sur la tragédie ayant recouverte ma famille, de l’ombre du deuil et.. de l’infâmie. Car il s’agit bien ici de cela, n’est-il pas ? Lorsque deux époux, unis depuis des décennies, sont retrouvés sans vie en deux lieux différents de la même nuit, est-il encore permis de dire qu’il s’agit d’un malheureux hasard ou ressentez-vous également les effluves âcres et rances d’une cabale ? »

   Les mots sont pesés, choisis avec soin et prudence, selon les conseils avisés de son commensal lorgnant sans-doute l’entretien avec vigilance.  

   « Je viens à vous, commandant du Guet, noble Bayezid, dont l’aura traverse les murs de ce palais, avec la plus grande déférence en vos qualités. Car je n'ignore point que s'il puisse exister un homme capable de lever le voile entourant ce drame, celui-ci ne pourrait qu'être fait de la même voix puissante et de cette même odeur qu'est la vôtre ; celle de la connaissance et de l'élévation, de surcroît ».

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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]   Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] I_icon_minitimeVen 22 Mar 2024 - 13:38

Gorben se doutait bien que la jeune héritière venait l'entretenir à propos de ses défunts parents. En Ithri'Vaan, les assassinats étaient monnaie courante, surtout ceux de gens fortunés et influents, en compétition perpétuelle avec d'autres requins de leur tempérament. Néanmoins, là, à présent, il se fichait de feux Ypsilantis comme d'une guigne. Ce qui l'intéressait le plus, c'était de découvrir l'étendue des pouvoirs spirites de cette nouvelle praticienne dont il affleurait seulement le potentiel. Ses douces caresses spirites rencontrèrent fort vite une défense cohérente, et d'une originalité qui confirma qu'il avait affaire à quelqu'un de sérieux. En règle général, la plupart des esprits agressés érigent des remparts de fortune, brouillons, informes...

Adonia, en revanche, avait usé du procédé de transmutation. Changer la masse intentionnellement informe de ses sondes vagabondes en quelque chose de plus représentatif, à-même d'être repoussé. Changer la substance de l'informe au concret, et user de ce concret pour le bannir. Satisfait de cette petite inspection, Gorben ne vint pas plus avant lui titiller l'esprit. Un détail vint tout de même l'interroger. La forme huante envoyée repousser sa sonde, bien que dûment représentée, avait un flou qui rappelait certains souvenirs arriérés de ses anciennes victimes.

La damoiselle était aveugle. Et en conséquence, ses souvenirs visuels se brouillaient, pourrissaient, s'étiolaient... Ses yeux voilés racontaient cette histoire, et mille autres.

- Il est vrai que je suis un être sensible à la flatterie. Cependant, nul besoin d'autant pour vous assurer de mon allégeance : votre frère siégeant à présent au Conseil, elle lui est toute acquise, comme à tous les nobles Princes-Marchands.

Soudain, l'esclave infantile à droite se raidit, comme piqué par une guêpe. Ses yeux s'éteignirent un instant, fixant le lointain, avant qu'il ne sursaute à nouveau, et ne se saisisse de deux coupes qu'il remplit d'un vin coupé d'eau. Il tendit ensuite le premier récipient à Adonia, avec une servilité de bon aloi, et se dirigea vers son maître avec la seconde, que ce dernier saisit avec délicatesse. De sous ses doigts, elle pouvait sentir le métal froid mais ouvragé, l'or constellé de gravures bucoliques typiques de la région natale du Bayezid. Il prit une lampée du vin léger, avant de reprendre.

- En ce qui concerne la disparition de vos regrettés parents, elle ne saurait être plus voilée de mystères, il est vrai. Et les coïncidences pavent les rues menant aux complots, mais gare aux impasses. Si vous avez des raisons de penser à une conjuration, alors soit. Avant de rendre un verdict, il faut enquête, et à cela, je puis donner mon concours officiel... comme officieux.

Son regard brilla d'une lueur plus étrange.

- Gardez cependant en tête que mon aide, si volontaire et bénévole puisse-t-elle être, serait autrement plus efficace si j'y trouve moi aussi mon compte.

Ainsi allaient les choses, en Ithri'Vaan. De sous leurs airs sophistiqués et grandiloquents, les pontes de la région n'étaient qu'une vile caste de ploutocrates intéressés, de maquignons glorifiés. Même la plus noble quête de la justice avait un prix, ici. Et même après de larmoyantes et fort sincères condoléances, le marchandage prenait place, aussi abruptement qu'une première saillie.
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Adonia Ypsilantis
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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]   Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] I_icon_minitimeVen 22 Mar 2024 - 22:22


Les mots sont des échos, graves et austères, se frayant un chemin jusqu’à ses oreilles attentives et légères. Il ne fait plus aucun doute qu’elle est entrée dans une autre cour que celle jouxtant les fenêtres de sa chambre. Et ici, derrière les murs lisses de son palais, le monde semble en tout point différer des milliers de choses qu’elle a pu lire et apprendre par le passé. Étonnamment, pourtant, ce ne sont pas les textes de lois prônant les notions de justice qui alimentent ses pensées, mais les souvenirs d’une discussion avec celui qui l’a initié aux Arts, Kaelthar. Tandis qu’elle écoute son hôte, attentivement, elle songe ainsi aux récits cerclant ce dernier. Elle se remémore chacune des phrases entendues avec précision et se retient d’exprimer le moindre trouble lorsque l’ombre devient si vaste que celle-ci semble vouloir la consumer. Qui est-elle à ses yeux ? Une élève frôlant seulement du doigt un domaine dans lequel il excelle ; une enfant venant quérir l’aide de celui détenant toutes les clés… Elle n’est rien, ou si peu. Une infirme, une femme et surtout, oui surtout, une sœur venue parler au lieu et place d’un frère qui aurait assurément bien plus excellé qu'elle dans cet art du négoce. Car n’est-ce pas là ce que cet homme l’adjoint de faire en l’invitant à rejoindre, à son tour, cette macabre danse dont la mesure n'est encore qu'une chimère ? Si vous saviez, maître Bayezid. Ô oui, si vous saviez… songe-t-elle en avalant, par respect, une goutte du nectar aviné.
   « Il est si rassurant d’ouïr de votre bouche que votre allégeance s’est transmise à notre famille à l’instar de cette couronne ceignant aujourd’hui le crâne de mon aîné. Je vous perçois ainsi, commandant, comme le dogue dévoué veillant sur son troupeau et dont la vue perce l’obscurité pour parer à toutes ces menaces tapies dans l’ombre, prononce-t-elle, calmement. Le poids d’une telle responsabilité pèse sur vos épaules et je vois, oui je vois malgré la pénombre, ces dernières luttant pour ne point s’affaisser. Que le mal m’en coûte d’imaginer ce qu’il adviendrait sans cette présence ; de terribles choses, cruelles et mortelles, assurément. Je n’ose imaginer, car cela repousserait les limites de ce que mon esprit serait capable de concevoir…  Pour une si lourde tâche, il paraît ainsi évident que la récompense soit à la hauteur des attentes et sustentent le berger comme le fidèle protecteur. Mais… »
   Elle caresse de nouveau, du bout des doigts, les motifs finement ciselés du calice d'or avec une grande minutie. Les gravures paraissent si exquises, semblant refléter une richesse incomparable. Voici donc les marques du raffinement, du penchant pour les belles choses ? Sans aucun doute. Aurait-elle pu injustement penser que l'homme à la tête du Guet serait dénué d'élégance et de finesse, tel un Goustan éternellement rivé à ses côtés ? Il est clair que le commandeur n'est point taillé dans la même roche, et que cette dernière semble briller d'une telle intensité que ses rayons parviennent à percer le voile obscurcissant ses yeux.
   « … Qu'adviendrait-il si le corps du berger gisait sans vie, ses entrailles éparpillées dans une mare de sang ? s'interroge-t-elle avec une politesse exquise. Vers qui se tourneraient alors tous les regards si les loups demeuraient si adroitement dissimulés dans l'ombre des bois, insaisissables à toute vengeance ? »
   Ses yeux fixent encore une fois le seul point brillant un peu plus que tous les autres dans la pièce.
   « Je ne suis qu'une sœur préoccupée du destin de son frère et inquiète de le voir embrasser la voie tracée par nos aïeuls. Je ne suis qu'une âme instruite, ayant parcouru tous les ouvrages avant que l'obscurité ne décide de lui en interdire l'accès, et... Je ne suis que la fille d'une mère emportée par le poison, celle-là même qui, d'un couteau, chercha à percer sa gorge pour y laisser pénétrer l'air. Je ne suis que la fille d'un père trahi par la dague, si rudement frappé que l'eau de la mer s'infiltra pour y mêler son sel, souffle-t-elle, avec froideur. Mais sachez, noble commandeur, que je suis aussi déterminée et apte à dévoiler la vérité. Pour ce dessein, je tends mon oreille vers vous, vous enjoignant à me révéler comment devenir le gardien vénéré, non point l'accusé, défaillant dans son noble devoir de veiller à la sécurité envers ses maîtres. Permettez-moi donc de vous le demander, n'y aurait-il pas ici un terrain propice à notre entente ? lui demande-t-elle en esquissant un sourire aimable. Qu'espère donc un homme dont les verres sont déjà d'or et dont le titre ferait assurément rêver les cœurs les plus ambitieux ? Dites-le moi, oui. Éclaircissez cette ombre pour me révéler la meilleure façon de vous aider à trouver vous aussi votre compte. Car je gage que dans ce jeu à somme non nulle nous pourrons peut-être tous deux y trouver quelques gains ».

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Gorben Bayezid
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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]   Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] I_icon_minitimeDim 24 Mar 2024 - 11:50

Le Bayezid aurait pu tiquer lorsqu'elle usa du mot dogue, parangon de servilité pour lequel il n'était pas sûr d'apprécier la comparaison. Il continua néanmoins d'écouter ce que la jeune héritière avait à dire plutôt que de s'en offusquer, après tout, c'était elle qui venait requérir son aide, point l'inverse. Sa gêne passagère ne se traduisit que par un léger rictus, et son pouce caressant son index. Homme fier, il gardait en tête chaque insulte proférée, en cela fort semblable au peuple des montagnes du Zagazorn. Sa mémoire absolue était d'une grande aide pour cataloguer les nombreux manquements à sa personne. En certaines circonstances, les ressortir au bon moment avait un sel particulier, une saveur de revanche dont il appréciait le piquant sur la langue.

Il est vrai que les loups rôdaient, tout autour de Thaar. Gorben ne s'était jamais vu autrement que comme l'un des leurs, cependant. La nature-même de son travail était la déprédation, l'opportunisme. Sous des apparences de bienveillance, il était peut-être l'une des pires crapules de la Cité, maître d'une milice foisonnante et corrompue subordonnée au plus offrant. Il était entre chien et loup, mais ses crocs tendaient à s'allonger. Aussi, pour conclure cette métaphore d'Adonia, Gorben prit une légère inspiration avant de prononcer :

- Sans berger pour le nourrir, ce n'est pas des loups dans les bois dont j'aurais le plus à craindre...

Cette phrase fit écho à d'anciennes lectures sur l'implosion du IVème Ost d'Elda. Comment faute d'un maître absolu, la plupart s'étaient fait leur propre capitaine et s'étaient taillés fiefs et domaines à la pointe de l'épée. Certes, le Puy les avait depuis largement mis au pas, ou Thaar elle-même en avait fait ses vassaux. Mais le destin de Sol'Dorn s'était révélé lorsque le roi des Drows eut rendu l'âme. Lorsqu'un vide avait appelé à se remplir. Quand les loups aux orées avaient vu le chien se faire l'un des leurs, et dévorer le corps encore chaud du berger...

- Mais votre question, elle, est légitime. Qu'espère donc un homme dont les verres sont déjà d'or ?

Après avoir de nouveau trituré son anneau d'argent, le spirite étendit ses sondes, présentant une vision à Adonia : celle d'un magnifique palais cuisant sous le soleil estival, au pied duquel s'étendaient rosiers, oliveraies, et des myriades d'ouvriers agricoles. Cette vision était à la fois dans et hors de la salle, comme deux plans s'imbriquant mais ne se mêlant pas. Ce qui devait être le plus vivifiant, cependant, c'était la qualité de ce souvenir. Là où les yeux agonisants d'Adonia ne voyaient que des ombres, la vision à côté de ces masses physiques informes était pleine de couleurs, de contrastes, d'un grain particulier. C'était comme de mettre des bésicles à un myope.

La vision gagnait en qualité, alors que Gorben y abandonnait d'autres détails, comme la senteur de la terre frappée de soleil, celui des rosiers en fleur et de leur puissant arôme, et de l'huile d'olive grasse. Pousserait-il jusqu'à y immiscer le goût, ou était-ce déjà trop intime ? Le bassin du Nahl était terre de senteurs, mais aussi de saveurs. Le Bayezid, au sein de son palais mental, se faisait clerc et ressassait sans cesse sa jeunesse sous les oliviers, étendant son influence spirite au travers de la salle pour englober Adonia et la subjuguer de ces exquises sensations. C'était comme si elle pouvait ressentir le textile de soie des robes portées par feu Bayez, la terre séchée par l'ardent soleil s'effritant sous ses doigts, le raclement d'un strigile le long de son bras gorgée d'oléolat...

Mais alors que les sensations se faisaient d'une intensité presque vivante et concrète, Gorben cessa de les alimenter, et elle finirent par s'évanouir dans l'ombre, comme de l'eau s'écoulant d'une cruche percée. Seule Adonia avait pu vivre cette expérience sensorielle, et même si Uz'shina se doutait bien que son maître usait de son Art, Goustan devait être bien ignare à ce sujet. Une fois les souvenirs de son enfance arrachés à la contemplation de sa jeune locutrice, Gorben se renfonça dans son siège et fit passer une de ses jambes sur l'autre, coudes sur les accoudoirs.

- Comme vous le constatez, je n'ai jamais manqué de rien. Ma soif n'a rien de matériel, bien que ce gobelet entre vos mains en dise le contraire. Vos parents m'avaient caché que vous étiez si versée dans les arts spirites... mais un bijou n'est-il pas fait pour être porté ? Nous autres psychonautes nous cachons bien trop à mon goût afin de ne pas gêner nos pairs.

Gorben sentait, au-delà de ces yeux débiles et de cette frêle silhouette, un potentiel ô combien prometteur. Voilà ce qui l'avait toujours intéressé : avancer dans sa quête spirituelle. L'Esprit plutôt que la matière.
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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]   Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] I_icon_minitimeDim 24 Mar 2024 - 23:13


Un feu, flamboyant et de plus en plus préoccupant, crépite dans l'âtre de sa psychée. Les flammes s'élèvent, rougeoyantes aux éclats dorés, et se propagent avec bien plus d’ardeur qu’elle n'aurait pu l’imaginer. A-t-elle suffisamment alimenté ce brasier, ou devrait-elle désormais s'abstenir ? En son enfance, elle prenait plaisir à repousser les limites jusqu'à ce que l'incendie menace de tout embraser. Face à l'accusation de pyromanie, elle répondait avec calme et sérénité, qu’elle cherchait simplement à déterminer le moment à ne point dépasser afin de pouvoir en informer les intéressés. La leçon fut retenue, tout comme la correction qui rougit sa joue si ardemment que la trace l’accompagna durant un temps. Elle n’eut pourtant jamais de cesse, toute sa jeune et courte vie durant, d’atteindre les limites pour en connaître la gravité et surtout, toujours parer à ce que dans l’avenir, cela ne se reproduise plus. Il lui semble, dès lors, vivre l’un de ces moments d’expérience et agir en simple et curieuse élève désireuse d’en découvrir plus. A propos de qui ? De cet homme lui faisant face et dont les avertissements à son encontre furent sans-doute plus nombreux que les braises d’un feu. Ne pouvant se faire qu’une image mentale de son hôte, les pièces s'alignent et les zones d'ombre s'estompent au gré des mots et... de cette ultime invitation à explorer les recoins les plus intimes de son esprit.
   Que penser de cette vision ? Quelle réflexion tirer, sinon qu'elle s'est sentie irrésistiblement attirée, comme si des flammes envoûtantes l'avaient ensorcelée au point qu'elle aurait pu y plonger ses mains en dépit des dangers. N'a-t-elle pas ressenti cette chaleur réconfortante ? N'a-t-elle pas savouré chaque parcelle jusqu'à vouloir aspirer la moelle de l'os ? Le retour à cette humble pièce, à des lieues du faste du Palais, est une dure réalité qui la contraint aussitôt à réprimer sa frustration. Comme un sucre en appelle un autre, elle peine à réfréner le désir d'y retourner... Dès lors que cette idée a germé dans son esprit, elle réalise que celui qu’elle est venue rencontrer n’est point seulement une petite bûchette, mais le fourneau tout entier. Les présentations sont ainsi faites et l’ombre d’un regret commence lui aussi à s’insinuer petit à petit dans sa tête peinant encore à refaire surface.
   « Connaissiez-vous si bien mes parents qu’ils vous auraient confié mon goût prononcé pour l’étude des arts ? lui demande-t-elle, calmement en recouvrant quelque peu ses aises. Ignoriez-vous que mon maître était Kaelthar l’Ancien et qu’il servait depuis ma maisonnée ? Vous, dont le nom résonne tant et si fort dans les hautes sphères, je crois vous connaître bien mieux que vous à mon sujet. Et bien que je ne puisse m’en plaindre, tant ma faible aura semble si pâle en comparaison de la vôtre, je m'étonne non seulement de vos liens avec ma famille, mais aussi du fait que ces derniers n'aient jamais laissé échapper un seul mot à votre égard ».
   Bien que ce ne soit pas tout à fait exact, cela ne saurait pour autant revêtir l'apparence d'un mensonge. Car il est vrai que le nom du commandeur a parfois été murmuré par d'autres que son unique maître des arts ; guère en mieux, à n’en point douter, puisque s’il est aussi clair et convenu que le feu brûle, il est tout aussi acté que l’homme à la tête du Guet est celui dont les mains sont les plus souillées de la cité.
   « Pour ma part, je n'ai aucun souci à le confesser, avoue-t-elle à demi-mot. Il m'arrive parfois de me rendre au dispensaire des Miséricordieux, accompagnée de mon magister. Là-bas, nous œuvrons à soulager les plus affligés, dans l'espoir sincère d'apaiser leurs tourments par des interventions bienveillantes. Permettez-moi donc... »
   Sa main serre plus fermement sa canne, ses doigts caressant les rainures de l'objet avec une légèreté troublée. Loin, à des lieues du somptueux Palais, les murs de la pièce semblent se refermer autour d'eux, les transportant vers une salle où les corps vivants de vingt lépreux sont entassés pêle-mêle. L'odeur est insupportable, nauséabonde, capable de faire défaillir la plus robuste des âmes. Les mains décharnées, privées de doigts, tentent de s'agripper à quelque chose, à n'importe quoi. Certains visages sont découverts, révélant l'horreur indicible qui les habite. Leur douleur, leur terreur et leur colère d'être enfermés dans une pièce sans fenêtre semblent palpables. Ils sont tels qu'elle les imagine lors de ses visites, offrant un bref répit à leur souffrance. Cette nouvelle pensée, aussi courte qu'abrupte, s'estompe enfin, et l'odeur du vin remplace dès lors celle de la pourriture donnant à ce premier un arrière-goût différent.
   « Mon humble demeure est bien moins somptueuse que la vôtre, sayyid, lui sourit-elle en sentant perler sur sa joue une goutte de sueur. Mais à présent, je saisis. Oui, commandeur Bayezid, je discerne l'objet de vos attentes et je serais fort enchantée de poursuivre cette conversation, en tête-à-tête, vous et moi. »
   Une autre pensée lui traverse l'esprit alors qu'elle sent l'ombre de son capitaine s'approcher. Elle l'interrompt pourtant dans son élan en levant simplement la main.
   « Attendez-moi derrière cette porte, murmure-t-elle au fidèle de son aîné avant de songer une nouvelle fois à lui dire, Je me trouve ici dans l'endroit le plus sûr de la cité, là où même les loups les plus féroces n'oseront jamais s'aventurer. Mais n'est-il pas nécessaire de descendre dans les abysses les plus profonds si l'on souhaite découvrir la véritable nature du sol ? Surtout lorsque ce dernier détient peut-être le secret à l'origine de toutes ses insomnies...

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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]   Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] I_icon_minitimeMar 26 Mar 2024 - 1:33





Il avait conquis la place forte de l’air d’entrainement, sobre de toute caponnerie. Avec l’assurance et la fierté du plus imposant paon, en dépit du nombre incalculable de briscards qui en foulait le sable battu, rien ne semblait être à même d’écorcher son aplomb. Et cela était fort véridique, du moins, jusqu’à l’instant premier ou son gros orteil foula le carrelage de l’enceinte du baraquement. Alors là, une sensation le tenailla aux intestins : désagréable, piquante, harassante, le plongeant petit à petit dans un marasme tel qu’il n’en avait jamais vécu au paravent. Son regard quittait l’ombre d’Adonia, fréquemment, cela au profit de chaque recoin qui se présentaient à eux le temps de leur marche, dans l’espoir vain, peut-être, de trouver la raison de son malaise. Son tambour sanguin s’emballa tout doucement, crescendo, sans qu’il n’en comprenne le pourquoi du comment. Ses lèvres commencèrent à crier soif, sa gorge s’assécha comme happé par le chaud soleil du solstice d’été et sa patte, moite à outrance, tâtait toujours le pommeau de son acier. Non, rien n’allait et il eût souhaité secrètement, que le chef du guet brille par son absence, retenu par l’urgence d’une affaire de dernière minute.

Nom d’une pute à pine, se répéta le pas si dur à cuire, alors qu’il pénétra dans le vaste centre de commandement. Les sueurs froides s’arrêtèrent de s’écouler de sur son front et son état se stabilisa, mais aux tréfonds de ses tripes, persista ce je-ne-sais-quoi d’harassant. Il y avait en cet endroit un mal, ou une force supérieure, intangible, que même le plus coupant des aciers ne saurait pourfendre. Et pour un homme de son expérience, dont les sabatons avaient foulés plus de cadavres qu’un cimetière pouvait en dénombrer, l’impossibilité de percevoir le danger et à fortiori, de pouvoir le voir saigner, le rendait extrêmement vulnérable. Sans que ce fût volontaire, le dogue se posta à peu près au même endroit que la drow, c’est-à-dire dans l’ombre de son maître, paré à toute éventualité.

Ses lèvres étaient restées muettes, cousues et interdites, mais ses esgourdes furent toutes ouïes. L’échange n’avait rien de curieux et même, sembla avoir emboîté la roulière dans laquelle il la crut impossible d’échapper. Ils allaient s’échanger quelques formelles banalités, elle allait lui demander un service, lui allait demander rétribution en retour et elle … elle … était une rose plus piquante encore qu’il ne l’eût cru. Ses menaces, bien qu’elles fussent joliment emballées et parfumées par son adroite allégorie, n’en restait pas moins une promesse nauséabonde de représailles. Saupoudrer de la vanille et du nougat sur de la merde, ça a quand même des chances d’être interprété comme de la merde.

Ses élucubrations prouvaient qu’il ne pouvait être autre que ce qu’il était : un reître, tout simplement, qui n’avait autre talent que celui d’oblitérer ses ennemis et de rudoyer quiconque se dressait devant ses maîtres. Car le voilà bien hébété, lorsqu’il constatât tout le calme que préserva Gorben, ne tenant pas plus compte des allusions de sa maîtresse que de sa propre présence. Sa confiance et ses airs supérieurs devaient cacher quelque chose, à moins que …

Son attention s’abaissa un instant sur Adonia, qui étrangement, laissait percevoir quelques mimiques involontaires. Sa poigne s’était resserrée contre le pinacle de sa canne, sa respiration avait changée, cela mêmement que la sienne alors qu’ils s’apprêtèrent à rejoindre la grand-salle. Et derechef, la piquante sensation de tantôt se raviva de plus belle, atteint certainement par quelques relents spirites. On entendit un pas claquer lorsqu’il s’approcha d’elle en se déracinant de sa position, bien qu’il fût arrêté net par sa maîtresse.


« Attendez-moi derrière cette porte », lui avait-elle chuchoté sereinement, visiblement forte de certitude qu’il n'en vienne à regimber un ordre aussi simple. Pourtant, ce fût le cas.

« J’ai bien peur que cela ne soit possible, sayyida. » Il poireauta qu’elle capte son attention, puis surenchérit, cette fois en rappelant son aplomb d’arrivée. « L’entrevue est terminée, sayyida. Partons céans : votre frère vous patiente. » Sa poigne s’était raffermie contre le pommeau de son épée, prêt à en découdre comme jamais. Je lui percerai un deuxième cul au niveau du poitrail avant qu’il ne prononce le moindre maléfice, songeât-il dans l’espoir qu’Adonia obtempère sans en faire de cas.



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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]   Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] I_icon_minitimeDim 31 Mar 2024 - 11:30


Toute une harmonie était en train de s'établir au sein de la salle où s'étendaient les influences des deux spirites. Après des premiers contacts à tâtons, comme deux amants se découvrant pour la première fois, cette sensation de compréhension mutuelle amena un doux équilibre, à défaut de relâcher leurs défenses. Une tranquille concorde dont la parfaite cohésion éclata soudain comme une bulle de savon.

Le reître fit un pas. Ce ruffian à l'hygiène déplorable et à l'âme terne et brisée en mille morceaux d'avoir trop tué, dont Gorben pouvait sentir la peur avec la même acuité que s'il avait humé le parfum d'une femme à-même le cou... Il fit un pas en avant, un ordre fut lancé, et une épée prête à être dégainée. Le visage de Gorben se raffermit, tandis qu'il pouvait sentir derrière lui la silhouette d'Uz'shina se raffermir, comme un félin paré à bondir sur sa proie, maîtrisant cette envie pressante d'agripper un poignard et de suriner ce verrat.

Ce soudain changement d'atmosphère se fit ressentir, car pour Goustan, les murs de la salle semblaient commencer à rétrécir. Là où auparavant la lumière des hautes torches semblaient irradier, elles apparaissaient comme de vieux tisons à l'agonie. Et Gorben...

Gorben fixait intensément le mercenaire.

Dans son palais mental, néanmoins, la silhouette spirite du magicien ne perdait pas son temps. Filant au travers de vastes corridors, il agitait une sorte de sceptre d'or, un bâton de commandement faisant se lever les étendards de centaines de légions. Des brigades entières d'hommes en armures noires commencèrent à déferler depuis le palais, se ruant au-devant du danger dans un silence de mort. Ils chargeaient un géant, une immense silhouette menaçante et prégnante, dont le bras était armé, prêt à frapper. Les sombres soldats se jetèrent sur ce bras, s'en saisissant tant bien que mal, véritable marée noire cherchant à immobiliser l'immense serpent musclé brandissant la lame. Le géant était fort, il était grand, mais devant lui, les hordes ne cessaient d'augmenter, le noyant sous leur masse désormais informe.

Gorben était tout concentré sur Goustan, son pouce triturant son anneau d'argent presque maladivement tandis qu'il tentait de convaincre le mercenaire que son bras était tant assailli qu'il en était immobilisé. Simple précaution cependant, car la solution ne viendrait pas de lui, mais bien de sa délicieuse invitée. C'est d'ailleurs à elle qu'il s'adressa, ses yeux froids toujours rivés bien dans ceux de la malheureuse escorte.

- A votre chenil manque indubitablement un ou deux maîtres-chiens, sayyida. Depuis quand les serviteurs parlent-ils avant les maîtres ?

Par chez lui, les mauvais dogues, lorsqu'ils montraient leurs crocs aux mauvaises personnes, étaient punis afin de ne plus recommencer...
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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]   Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] I_icon_minitimeDim 31 Mar 2024 - 13:09


L’intercession de son chaperon ôte toute la crédibilité glanée à la force de son esprit depuis le début de la rencontre. L’inquiétude s’est entendue dans le timbre grave de sa voix où s’est également mêlée une pointe d’agressivité et de défi à l'égard du seul maître des lieux. Le silence faisant aussitôt suite à cette cavalière intrusion ne lui laisse aucun doute sur le duel opposant cette fois-ci son champion au pair dont elle pensait enfin avoir suffisamment suscité l’attention. N’est-il point conseillé, depuis la tendre enfance, de ne jamais laisser une main traîner lorsque deux animaux cherchent encore à s’apprivoiser ? Bien ignorante de ce qu’il se trâme dans l’esprit du janissaire chargé de sa protection, il lui est également impossible de prédire qu’elle sera la réaction de ce dernier et s’il pourrait mal agir. Ses quelques menus espoirs, concernant le commandant, seraient ainsi mis aux oubliettes de l’histoire, et il ne lui resterait plus que ses yeux débiles pour pleurer. Faut-il pour autant asséner tous les coups à son garde, seulement coupable d’avoir senti les relents d’arcanes ? Leur hôte n’est assurément point le plus exempt de torts, qui à défaut d’avoir balayé d’un revers de pensée toutes ses dernières questions, s’est lui-même précipité tel un prédateur vorace dans la tête du seul homme possédant l’entière confiance de son aîné. La dernière question, provocante à souhait, la met ainsi suffisamment à mal pour la rendre quelque peu nerveuse et soucieuse quant à ses chances de pouvoir continuer l’entretien. Luttant de toutes ses forces pour garder le contrôle et conserver une certaine stoïcité, elle pose sa main sur celle, bien plus âgitée, de son protecteur prêt à dégaîner. Elle s’épargne de devoir lui répondre, acquiesçant par un simple toucher à la requête émise par ce dernier. Il est temps, oui, mon ami, songe-t-elle en esquissant un léger sourire empreint de fatigue.
   « L’homme ici présent et dont la main tient fermement la garde de son glaive, n’est guère plus pourvu d’une telle épithète, l’informe-t-elle, en s’aidant de sa canne pour se relever du fauteuil. Mais il dit vrai, et si je ne puis voir l’expression actuelle de son visage, l’intonation de sa voix est suffisante pour me rappeler à mes responsabilités. Car, au risque de devoir vous le répéter une nouvelle fois, ma parentèle est désormais disparue, et il nous faut encore, le Prince et moi, organiser les préparatifs des futurs adieux que nous donnerons bientôt dans notre palais situé à Feldorn. Il me semble d’ailleurs, si ma mémoire d’enfançonne est exacte, que ce dernier pourrait assurément vous procurer quelques agréables impressions, à tel point ses murs et ses jardins ressemblent aux vôtres. »
   Une dernière pression sur sa canne accompagnés de quelques murmures presque imperceptibles et l’image du domaine de Rahmini se dessine entre elle et le spirite. Il lui faut bien puiser dans des souvenirs datant de sa prime jeunesse pour lui proposer une promenade entre les oliviers et les vignes. La tableau s’obscurcit légèrement lorsque le jour décroît et que les derniers rayons ardents recouvrent le paysage dans de magnifiques teintes. Elle se rappelle, soudainement, d’un coin protégé et à l’écart, dans ce jardin aux milles couleurs et senteurs. Oui, elle visualise et projette au même instant un petit havre de paix à l’abri de tout et dans lequel, petite, elle aimait aller jouer. C’est ainsi que l’on aperçoit soudainement une petite fille, seule, assise non loin du bord de la falaise, et adressant ses prières pour que la Voilée ne finisse point par lui ôter les deux choses les plus indispensables et précieuses pour continuer d’assister à de tels spectacles.
   « Vous saurez désormais où me retrouver, commandeur Bayezid. Voyez cela comme… une invitation, qui nous permettra, j’en suis certaine, de reprendre là même où il nous aura fallu mettre un terme à cette première rencontre ».
   Exténuée, elle se retient au bras de son capitaine pour prendre congés.
   « Je vous remercie humblement d'avoir bien voulu me recevoir. J'espère que cet échange vous aura permis de trouver en ma requête, quelques sources d'intérêts. Il est certain que l'assassinat d'un couple de Princes Marchands, dont la notoriété dépassait les murailles de la cité, devrait vous aider à percevoir l'importance que pourrait revêtir l'arrestation et la condamnation des commanditaires ».
   À moins, bien-sûr, que vous fassiez vous même partie des instigateurs, termine-t-elle de penser. Dès lors, maître des Arts, il me faudra veiller à vous ôter la couronne du Guet ceignant votre crâne, pour vous en mettre une nouvelle, faite d'épines cette fois-ci...

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MessageSujet: Re: Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle]   Les grands esprits se rencontrent [PV Gorben - Pnj Heracle] I_icon_minitimeLun 1 Avr 2024 - 12:43


Gorben fut surpris de voir Adonia se lever et prendre congé, en lieu et place de l'anathème auquel il se serait attendu pour son garde ayant fauté. Il aurait même pu être froissé, si elle n'avait pas mis formes et politesses dans sa prise de congé, assez pour lui sauver la face et montrer que malgré ce petit revers malheureux, la courtoisie était toujours de mise entre eux. Aussi, maintenant son sort encore quelques secondes, il répondit à son invitée, mais les yeux toujours rivés sur Goustan :

- Je comprends votre obligation, bien qu'elle me peine. J'aurais souhaité m'entretenir plus longtemps avec vous, et vous offrir bien plus qu'une gorgée de vin.

Une fois la phrase dite, Gorben rompit le contact visuel avec Goustan, et par la même, se retira de son palais mental en cessant de triturer son anneau. Les marées noires fondirent comme du goudron, et le mercenaire retrouva toute sa mobilité. S'il s'avérait qu'il souhaite cependant se ruer sur Gorben, derrière lui se trouvait encore la très attentive Uz'shina, froide et hiératique, prête à bondir dans la bataille.

Bayezid trouva néanmoins les souvenirs d'Adonia fort terne. Il semblaient si abîmés, si anciens, si voilés... Leur triste lustre contrastait avec la qualité des siens. Le seul qui trouva grâce à ses yeux était la petite falaise. Celui-ci était particulier, il pouvait le sentir. Quelque chose de très personnel, de marquant, qui avait un lustre bien différent car, bien que voilé, le souvenir reluisait d'un grain divergent. Etait-ce le son des vagues qui bruissait presque comme dans l'un de ses propres souvenirs ? Ou encore la ferveur se dégageant des suppliques de l'enfançonne ? Et là, une idée naquit dans l'esprit de Gorben. Un défi. Une épreuve. Et peut-être même la fameuse réponse à la question qui lui brûlait les lèvres depuis tant d'années...

Avec un signe de tête courtois, le commandant du Guet se leva doucement et indiqua la porte d'un geste de la main.

- Ce fut un plaisir de vous recevoir, sayyida. Soyez assurée que toutes mes pensées sont dirigées vers vous et votre famille endeuillée. Nous reprendrons cette discussion lorsque je pourrai voir de mes yeux vos jardins de Feldorn, et que nous déterminerons ce que je peux faire pour votre frère... et ce que vous pouvez faire pour moi.

Après quelques derniers échanges, la princesse et son gardien prirent définitivement congé et laissèrent alors Gorben et Uz'shina dans un silence de crypte. Les deux amants restèrent ainsi longtemps, l'un plongé dans une intense méditation, l'autre attendant simplement qu'il prenne la parole. Au bout de quelques minutes, le Bayezid déclara soudain.

- Prends quelques hommes. Tu sais ce qu'il te reste à faire.

Uz'shina semblait regarder ailleurs. Mais elle tourna finalement la tête vers Gorben, hocha la tête, et sortit de la salle à grandes enjambées, main sur la garde de son épée. Le commandant se rassit, prit une dernière gorgée de vin coupé, et alors qu'il lâchait son calice ouvragé, deux petites mains étaient déjà en-dessous pour le récupérer...
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