Un navire sur le départ {Equipage-Prométhée}

Rapide, efficace, solide et parfait. Quant il s’agissait de son travail le maître charpentier Aldebrand agissait toujours d’après ces quatre critères, agir autrement aurait été un crime. Son maître lui avait inculqué tout son savoir et une manière de travailler qui faisait la réputation des ingénieurs navals de Meca. A présent il mettait tout son savoir faire au service de son nouveau foyer : le Prométhée. Le brick tanguait doucement dans son mouillage, au gré des vents furieux de l’océan d’Eris. Après avoir passé plusieurs ordres à l’inspecter de fond en comble le marin en était venu à l’aimer véritablement. Assurément ce navire avait une âme, avec ses courbes fines profilé pour la course, son gréement solide et sa coque en forme, une merveille navale. Aldebrand avait vérifié l’état de chaque pièce du navire, notamment le mât et la quille qui avaient le plus de chance de se briser en cas de grain.

Il alluma sa pipe fétiche et tira une longue bouffée de son tabac favori, il l’avait bien mérité après tout et l’occasion s’y prêtait. Un appareillage ce n’était pas n’importe quoi, pour le vieux marin cela avait toujours constitué un cérémonial propice aux augures et superstitions. Il sourit à cette pensée, l’objectif de la Marine Marchande était d’éradiquer toute trace d’influence divine et bizarrement certains se retrouvaient à implorer un quelconque Dieu des mers pour pouvoir revenir un jour sauf sur la terre ferme. Aldebrand n’avait jamais cru en ces fables, bien sur il était superstitieux, il ne croyait qu’en la solidité du pont qui était sous ses pieds et à la rapière qui pendait à sa ceinture.

Ayant laissé sa cape de voyage dans la cale du navire, près de son hamac, il était à présent en tenue de travail les manches retroussés laissant apparaître deux bras puissamment bâti et parcouru de cicatrices. Malgré le froid ambiant il suait à grosse goute alors que ses mains rugueuses et craquelés tenaient entre leurs mains un rabot qui faisait des va et vient régulier sur une longue planche de bois de cèdre. La planche viendrait doubler l’intérieur de la coque pour la protéger du raclement des fonds marins et l’attaque des vers marins. Concentré sur son travail il ne prêtait aucune attention à l’agitation extrême qui l’entourait. Les hommes couraient et criaient de toutes parts, poussant des caisses, faisant rouler des tonneaux, levant des voiles, traînant des cordages. Tout le monde était en proie à une effervescence typique d’un départ.

Les préparatifs seraient bientôt terminés, les marins et dockers de Meca étaient les meilleurs. Ce n’était pas de la vantardise que de dire cela, c’était la vérité. Sur tous les océans de Miradelphia, nul n’égalait la force maritime de Meca et le maître charpentier était fier d’appartenir à cette élite. D’un dernier coup de rabot il termina le profilage de la planche et passa une dernière fois la main sur son ouvrage, autant pour enlever les copeaux que pour sentir son œuvre. Son maître lui avait apprit cette manière particulière de traiter le bois. On ne travaillait pas le bois, c’était lui qui acceptait de se plier à vous ou encore qui se révélait à vous. C’était une alchimie que le vieux marin n’était pas encore certains de comprendre ou encore posséder, il savait juste que le bois était vivant. Sa main noueuse parcourus les lignes de la planche et satisfait il cria un ordre à ses deux apprentis :

-Oy ! Allez me porter ça dans la cale ! Je m’occuperai moi-même de la fixer ! Ne cognez pas le bois et ne le placer pas de façon à déstabiliser l’équilibre centrale de la quille !

Les deux jeunes hommes en question arrêtèrent leur ouvrage pour se plier à ses ordres. Ceux-là resteraient à terre, ils étaient encore trop inexpérimenté pour monter à bord. Dans un autre pays ils auraient été reconnus comme des génies mais à Meca ils étaient encore considérés comme bons qu’à faire les coupes du bois ou à ramener les troncs. Il avait déjà été à leur place et savait la frustration qu’ils devaient ressentir mais on en passait toujours par là. L’excellence ne s’atteignait pas d’un claquement de doigt.

Fourbu il releva sa vieille carcasse et détendit son dos alors qu’il tirait sur sa pipe pour en humer le goût épicé de son contenu. Il s’accorda enfin de regarder l’agitation et sourit. Tout ceci sentait l’aventure et la gloire. Enfin il vit le capitaine du navire qui fixait avec fierté l’animation ambiante. Aldebrand ne pouvait qu’à peine comprendre ce qu’elle devait ressentir mais il n’était pas de son ressort d’y penser, veiller à ce que son vaisseau soit le meilleur était son unique préoccupation.

/hrp petit post, mais aucune idées :s /

Ulrich resta un instant sans rien dire à son commandant, à vrai dire, que pouvait-il dire? Il se contenta d'hocher légèrement sa tête, son visage toujours aussi fermé qu'à son habitude. Il allait obéir et faire "s'activer l'équipage".A l'inverse de bon nombre de second, il n'hurla, ne cria pas une seul fois, il savait que chaque marins ici savait ce qu'ils faisaient et pourquoi ils le faisaient, ainsi, nul besoin de rappeler quoi que se soit à ces hommes, il préfèra au contraire allez vers l'avant du navire, , près de la proue plus exactement. Prométhée, c'était la première vfois qu'il allait prendre la mer avec ce vaisseau, il ne ressentait pourtant rien, ni envie, ni crainte, non, il avait l'impression de le connaître depuis une éternitée...Et pourtant.Caressant de sa main caleuse le bois rude du navire il soupira et fixa une nouvelle fois l'horizon attendant que le paysage défile au grès des mouvement de vent.