La couronne et l'hirondelle [Pv Lilli]

M'est avis que j'avais bien fais de partager ma couche avec la petite domestique du château.
La demoiselle m'avait appris que la cour se cherchait un nouveau maître d'arme depuis quelques temps et que les souverains semblaient s'inquieter un tantinet de l'absence de propositions.

Une aubaine pour moi, donc. Je cherchais à me mettre un pied à l'étrier afin d'approcher la société que je convoitais et l'éventuelle obtention de ce poste me permettrait d'avoir un accès à la cour, même petit. Si j'arrivais à cela, je ne doutais pas de pouvoir me créer ma chance. Les femmes étaient nombreuses au château et représentaient pour moi tout autant d'opportunités (et de possibilités de troussages en règle, par le fait).

Ce matin là, je m'étais vêtu de la façon que j'avais jugée la plus adéquate. Pantalon de cuir noir, bottes montantes, gilet de cuit noir aux ornements dorés et chemisette bleue. Mes mains étaient gantées de noir elles aussi et bien évidemment, ma fidèle rapière au fourreau battait contre ma cuisse. Ma crinière couleur d'argent était retenue en un catogan à l'aide d'un ruban de soie bleu nuit. Elegance un jour, élégance toujours.
Il ne me fallut que quelques minutes pour convaincre les gardes de ma bonne foi avant qu'ils ne me fassent entrer dans le château par la petite porte. Et tandis que nous faisions les mêtres qui nous séparaient de la cour où se retrouvaient les soldats et leurs supérieurs qui me verraient peut-être devenir le leur, je laissais mes pensées vagabonder librement.
Je n'avais jamais vu la Sa Majesté la reine, ni même le roi. Les derniers évènements qui les avaient touchés avaient dû être douloureux et je gageais qu'il leur était difficile de régenter pareil royaume avec le coeur alourdi par la douleur.

Pourtant, on disait de la reine qu'elle restait superbe malgré l'épreuve. Et il me fallait avouer que son époux continuait de mener Diantra d'une main assurée. La marque des grands, où la seule chose qui leur restait pour tenir debout ? Je ne pouvais le dire et de toutes façons, là n'était pas mon rôle.
Je me proposais de mettre mon art à leur disposition uniquement parce que j'avais quelque intêret dans la question. Aprés, je n'étais pas plus fidèle à la couronne qu'a mes partenaires. Quoique je restais assez chauvin, mais plus envers l'ensemble de notre race qu'envers un simple trône.

La voix grasse d'un des garde me tira de mes pensée alors que je foulais le pavé de la grande cour, que je trouvais désespérement vide.

- Restez içi, monsieur. J'm'en vais quérir quelqu'un.

- Faites l'ami, faîtes....

Je le chassais presque d'un petit geste de la main, mon regard ayant capté quelques séants qui passaient à un bout de la cour en pouffant tandis que leurs regards se posaient sur moi. Je connaissais ce genre de rire..... "Je suis une pucelle éffarouchée, mais je suis prompte à perdre l'hymen si tant est qu'on sache délier rapidement mon corset".
Foutredieu. Je leur adressais un sourire purement intéréssé, me mettant de côté une collation de détour de couloir.
Mais j'aspirais à mieux. Un peu de compétition, une femme qui saurait me dire non. Je décidais de prendre mon mal en patience, partant du fait que je ne trouvais pas pareille compagne au château.
Et j'attendais aussi qu'on vienne à moi, pour savoir à quelle sauce j'allais être mangé.

Lilianna fut tirée du pays des songes comme tous les jours , par le départ silencieux de Trystan. Et comme tous les jours , bien qu'il se fasse aussi silencieux que possible , Lilianna ouvrait les yeux. Son corps réagissait aussi vivement que son esprit à l'absence de son époux. Alors , elle se levait , allait l'embrasser , puis retournait se coucher pour une ou deux précieuses heures. C'était ainsi tous les jours , et elle ne s'en plaignait pas. C'était mille fois mieux que les mois durant lesquels ils avaient été séparés. Désormais , tout allait bien pour eux deux. Ils n'avaient plus à craindre qu'on découvre qu'ils avaient partagé la même couche avant d'être mariés. Seules quatre personnes étaient au courant , et la seule capable de tout révéler avait péri , comprenant que Trystan n'était pas du genre à laisser sa réputation et celle de sa compagne être ternie. Et Ariane , Astéride et Veldrin avaient la confiance du couple. Il n'y avait donc rien à craindre de la part de ses trois là. Le couple vivait de nouveau dans une bulle de bonheur , bien loin des problèmes du royaume. La nuit.

Parce que le jour , tous deux s'occupaient des affaires de la cour. Surtout Trystan d'ailleurs. Il arrivait qu'elle ne le veut pas de toute la journée , tant il était occupé. Il y avait des dizaines de choses à gérer. Lilianna , elle , avait décidé de s'occuper des affaires concernant les femmes et les enfants en particuliers. Elle ne supportait pas la situation de certaines femmes qui étaient traités comme des marchandises. Comme elle , avant qu'elle ne rencontre Trystan. Même si c'était ardu , elle n'hésitait pas à prendre des femmes battues ou terrifiées sous son aile. Pour ça elle avait l'appui de Trystan , qui ne supportait pas non plus ce genre de choses. Certains allaient vite comprendre à respecter leurs femmes... Les enfants de Diantra aussi , avaient besoin d'elle. Lilianna avait parlé à Trystan d'un projet naissant dans son esprit. Celui de créer des orphelinats gérés par des personnes de confiance , comme sa propre mère. Parce qu'elle ne supportait pas non plus qu'on s'en prenne aux enfants...

« Votre altesse ? »

Elle sursauta soudainement , n'ayant pas réalisé qu'un garde royal avait frappé , puis été entré. Elle releva la tête des documents qu'elle était en train d'étudier. Des lettres , qu'elle repoussa d'un geste de la main. Le garde se tenait devant le pas de la porte , et semblait attendre qu'elle lui demande de parler. D'un signe de la tête , Lilianna lui donna la parole. Il s'éclaircit la voix , comme s'il était géné de la déranger.

« Un homme s'est présenté pour le poste de Maître d'Armes , Ma Dame. »
« Ce genre d'affaire n'est-elle pas attachée à mon époux ? »

Le garde fit une drôle de tête , puis reprit contenance. L'espace d'un instant , elle crut avoir gaffé. A moins que... Non , il n'était tout de même pas "impressionné" par elle ? Elle n'avait rien d'effrayant ! Et puis il n'allait pas être pendu pour avoir posé les yeux sur elle... Le respect , d'accord , mais parfois , ça en devenait franchement ridicule.

« C'est que sa Majesté est en pleine réunion , votre Altesse. »
« Oh et bien dans ce cas... »

Elle allait elle même rencontrer ce prétendant au titre de Maïtre d'Armes. Elle se leva , et suivit les deux gardes qui avaient entrepris de l'escorter. Lilianna portait une longue robe écarlate , avec un corset cousu de dorires fines. Les longues manches de sa robe étaient elles aussi parsemées de décors dorés , ce qui conférait à Lilianna un vrai port de Reine , auquel elle n'arrivait toujours pas à s'habituer. Elle avait l'impression d'être encore la petite Comtesse fiancée au Prince... Enfin , elle finirait par s'y habituer. Elle arriva dans la cour , escortée. Dès qu'elle poibta le bout de son nez , ce fut un balet de bourbettes et autres politesses. Le genre de choses que Lilianna ne supportait pas , tant c'était hypocrite. Elle répondit d'un gracieux hochement de tête. Ne jamais en faire trop , lui avait conseillé Trystan.

Elle se trouva en face de l'inconnu , après que les gardes l'aient annoncée. Evidemment , il n'avait pas dû comprendre qui elle était en la voyant traverser cette cohue de nobles agglutinés par petits groupes. Elle retint un soupir. Lilianna posa ses yeux violets sur l'inconnu , qui était plutôt charmant. Mais à côté de son ténébreux de mari , il avait l'aur bien fade... Pour le moment. Elle sourit doucement et le salua.

« C'est vous , qui demandez le poste de Maître d'Armes de la cour ? Qu'est ce qui vous fait penser que vous êtes à la hauteur de ce rang ?»

Aucune amertume ni suffisance dans sa voix. Juste des questions légitimes.

Mon regard vagabondait sur les demoiselles -et les dames- présentes dans les environs. La plupart étaient d'une banalité affligeante. Personne ne leur avait dit qu'un trop plein de bjoiu et de poudre était rapidement à-même de les desservir ? En bref, je ne voyais rien qui était susceptible de m'interesser. Il ne fallait pas croire que je me retrouvais au lit avec n'importe qu'elle femme. Exciter ma convoitise n'était pas forcément chose facile et je ne m'amusais pas à me commettre avec des femmes de petites vertues aux cuisses trop largement ouvertes. Quel interet de parcourir des places publiques alors que la plupart des rues discrète présentaient plus d'intêret ?

Durant un moment, je crus que j'allais regretter mon arrivée ici. Si la cour était si pauvre en fruits à croquer, je m'y ennuierais rapidement.
A un moment, il y eu comme un léger mouvement de foule. Et que je te courbette à tour de bras, flattant une tenue où une coiffure.... Je soupirais, lassé des habitudes des femmes entre elles. D'une sphère sociale à l'autre, elles n'avaient que trop souvent les même manies même si aucune des deux parties ne l'aurait avoué. Tournant la tête, je ne cherchais pas à apercevoir l'objet de ces réactions. J'avais d'autres préoccupations qui me demandaient plus que de m'interesser à une quelconque icône de cour royale.
Je finis par lever les yeux vers le ciel, trouvant l'immensité bleue soudainement attirante.

Je sentis bien quelques mouvements à mon côté, mais je n'esquissais pour le moment aucun mouvement. La voix douce qui parvint à mes oreilles fût caresse, mais me fit tout de même tiquer légèrement.

"C'est vous qui demander le poste de Maître d'Armes de la cour ? Qu'est ce qui vous fait croire que vous êtes à la hauteur de ce rang ?"

Un petit soupir accompagna ma réponse que j'octrôyais sans même un regard.

- Ce qui me fait croire que je suis à la hauteur ? L'ensemble des personnes présentes ici, vous y compris, qui vivent au château mais qui ne sont pas capable de commencer leurs phrases par un simple "bonjour". Alors je me dis que si la maîtrise des lames vaut celle de la politesse, je pourrais bien vous enseigner une chose où deux. Et salutations, tout de même, Dame.

Aprés tout, elle m'avait peut-être salué mais sans considérer le fait que je ne la regarde pas, non ? Pour ma part, je n'appellais pas ça un salut. Toutefois, je me décidais à mettre un peu d'eau dans mon vin, bien que ma voix ne fût pas agressive et hautaine, mais plutôt amusée. Je me tournais donc enfin vers elle, m'inclinant élégamment sans toutefois me montrer excessif.

- Je me présente rarement le premier, mais je ferais une exeption pour ce regard qui est le vôtre. Soren de Scylla.

Nulle flatterie inutile, je pensais ce que je venais de dire. Un regard pourpre, voilà qui n'était pas courant. Remarquez, il était à parier qu'elle n'avait pas souvent vu un regard à la couleur de la lune. Nous aurions au moins un sujet de conversation. Une bien jolie femme, bien que ma préférence aille aux brunes. Dommage, mais par désagréable à l'oeil pour autant.

- Pardonnez ma question, mais je ne pensais pas que le Roi enverrait une de ses suivantes à ma rencontre... A moins que le poste de Maître d'Arme ai perdu de son prestige ?

Son aspect lui conférait certes une apparence plus altiére que le rôle que je lui avait prêté, mais son port un peu hésitant me faisait penser qu'elle portait un costume trop grand pour elle. Et de toutes façons, ma question n'était pas une pique. Le roi avait sûrement quelques femmes de confiance, et c'est dans ce sens que j'avais usé du terme de suivante.

Rien qu'à l'attitude de cet homme , Lilianna regretta de s'être déplacé. Elle avait beau être habitué à ce genre de personnes , ce n'était jamais très agréable de devoir rester polie alors que votre instinct vous souffle de leur coller une bonne gifle. Toujours est-il qu'elle avait appris , comme toutes les femmes , à rester courtoises. Les femmes ne pouvaient se permettre de telles choses. Quoiqu'elle même avait bien giflé le Conseiller du roi , qui s'était amusé à la déprécier. Evidemment , on ne dira pas qu'ensuite elle en est tombée amoureuse. Et qu'ensuite elle a appris qu'il était Prince. Enfin , on ne précisera pas qu'elle a fini par l'épouser... Lilianna haussa un sourcil , légèrement... sceptique , quand à la réponse qu'il lui offrit , sans pourtant la regarder. D'accord. Il voulait jouer au plus fort , visiblement. Les deux gardes qui l'accompagnaient échangèrent quelques murmures indignés. Pourtant , Lilianna ne put s'empêcher de sourire. Ce n'était pas sans lui rappeler sa rencontre avec Trystan... A ceci près que lui avait été un minimum plus courtois que ce jeune homme. Lilianna soupira.

« Vous avez terminé , c'est bon ? »

Elle lui offrit un regard et un sourire moqueur. Qu'il ne croit pas s'avancer en terrain conquit... Parce que ce n'était absolument pas le cas. Ce poste ne serait pas offert à n'importe qui. Et certainement pas à un beau parleur comme il semblait l'être...

« Si vous aviez dénié baisser les yeux , vous auriez vu que je vous ai salué avec le respect que je ne vous doit pas. »

Il n'avait sans doute pas idée des paroles qu'il prononçait à son égard. Elle n'était pas n'importe qui tout de même. Même si le titre de Reine lui importait peu au final , elle ne doutait pas que cet homme ne respecterait pas plus une reine qu'une paysanne , même si au fond , chaque femme mérite d'être respectée. Elle croisa les bras , alors qu'il la saluait finalement. Alors qu'il était penché , Lilianna leva les yeux au ciel. Cette entrevue serait sans doute animée , et elle craignait de ne pas avoir la même patience que Trystan. Qui lui , savait comment gérer ce genre... d'individu. Et il savait se montrer à ce point froid et cassant qu'on ne cherchait en général pas sa compagnie. Mais ce genre de personne ignorait sans doute quel époux formidable il était. Ils l'ignoraient , et ne le sauraient jamais. Seule Lilianna avait le droit à sa tendresse et à son amour , n'en déplaise à certaines demoiselles jalouses.

« Eh bien , maître de Scylla , j'espère que vous maniez mieux les armes que les mots. Sachez que cet place ne sera pas attribuée à n'importe quel impudent. »

Visiblement , Lilianna n'était pas très encline à lui donner le poste. Il n'avait encore rien prouvé , sinon qu'il parlait plus vite qu'il ne réfléchissait. Les deux gardes prirent soudain un air effaré. Et Lilianna eut l'air... Surprise. Pas outrée, surprise. Une suivante du roi ? Bon sang ! Avant de se présenter à la cour , il aurait dû se renseigner un minimum sur les nouveaux souverains de Diantra ! Lilianna soupira , faisant mine d'être désespérée. La voix grave du garde de droite la fit soudain sursauter.

« C'est à la Reine que tu t'adresses , espèce d'avorton ! »

Bon eh bien , si certaines personnes n'avaient pas fait attention à la scène , c'était fait... Lilianna ne comprenait vraiment pas pourquoi tant de femmes voulaient la couronne. C'était un poids , et rien d'autre. Si elle portait la couronne , c'était simplement parce que ne pas la porter l'aurait séparé de Trystan. Et être à ses côtés , ça valait toutes les couronnes du monde... Enfin... Lilianna reporta son attentionsur Soren , le regard dur. S'il voulait le poste , il allait devoir prouver sa valeur , parce qu'elle serait intransigeante.

Les femmes, vraiment....
A vrai dire, cette entrevue ne démarrait pas sous les meilleurs auspices, tout au moins pour moi. Je l'avais écouté me parler avec une attention qui lui était toute acquise, faisant fi des deux lourdeaux qui l'accompagnaient et qui se sentirent obliger de commenter ma première réplique, comme ci celle çi les avaient choqués. Allons bon. Un peu de nouveau dans les convenances, et voila qu'enflaient rumeurs et préjugés. Remarquez, c'était quelque chose dont j'étais coutumier, mais plutôt dans le bon sens du terme. Mis à part peut-être chez quelques père et amis de conquêtes, mais comme le disait l'adage, on ne faisait pas d'omelette sans casser quelques oeufs.
Dont acte.

Le "respect qu'elle ne me devait pas", avait elle dit ? La demoiselle s'engageait sur une pente savonneuse si elle partait sur un tel sujet avec moi. Mais plutôt que de lui lancer une répartie cinglante comme un coup de fouet, je la laissais enchaîner.
Et voilà qu'elle soupirait et croisait les bras en levant les yeux au ciel. Foutredieu. Un manque d'éducation de ce genre avait le mauvais goût d'attiser quelque peu mon instinct de prédateur. Certes, je lui accordais volontiers le fait qu'elle soit venue à ma rencontre et que celle çi soit mal partie. Pourtant, je ne tolerais pas l'irrespect, chose dont je ne faisais absolument pas preuve puisque je lui avais simplement rendu la monnaie de sa pièce du tac-au-tac, chose qu'il l'avait sûrement un peu défrisée.
Les femmes....

Si je maniais mieux les armes que les mots ? Foutredieu ! La jeune femme avait un certain toupet de continuer à emprunter encore et toujours cette route. Parfait, j'aimais cela. Un petit affrontement de cet acabit me changerait un peu et aurait le mérite de me faire croire que quoi qu'il puisse se passer, je ne sois pas venu pour rien.

- Pour voir l'étendue de mes talents, qu'ils soient de langue où armés, il vous faudra me prouver que vous valez la peine que je vous offre une quelconque démonstration, demoiselle. Dégainer inutilement serait une perte de temps pour vous et moi.

Qu'elle ne croit pas qu'il serait si facile de m'évincer sous le prétexte de quelques pauvres paroles et attitudes. Je n'étais pas un de ces hypocrites mielleux de la cour, courbant le dos pour éviter le bâton et lécher les royaux escarpins de Leurs Majestés dans l'attente de quelques faveurs.
Ma phrase finie, un petit sourire en coin se dessina sur mes lèvres.
Avant qu'elle ne puisse toutefois me répondre, la voix grave de l'un des gardes la devança tandis qu'elle soupirait tout en se composant un masque d'indignation.

"C'est à la reine que tu t'adresse, espèce d'avorton !"

J'avouais qu'a la suite de cette révélation, je marquais une pause de digestion, le temps d'être bien sûr d'avoir bien saisi tout ce que le type m'avait dit.
Moi, un avorton ? Foutredieu !

- Que les choses soient claires entre nous : je vous dépasse d'une bonne tête et ne vous ai pas insulté. Le terme que vous avez employé est donc hors de propos. Mais recommencez et je m'occupe de vous raser de près. Ceci est également valable pour votre compagnon ici présent.

Le ton sec et dur fit son petit effet, puisque le garde victime de mes foudres et de mon regard assassin resta littéralement bouche bée, tandis que je rapportais mon attention sur celle qu'il convenait d'appeller...

- Ma reine, donc ? Je comprends mieux cette insistance à vouloir me remettre à ma place, à présent. Nous sommes mal partis....

Je laissais planer le doute sur mes paroles durant un instant, prenant un air désolé avant de m'approcher d'elle.

- ...Car vous ne vous êtes pas présentée à moi, me semble t'il. L'intervention de votre garde ne compte pas. Une femme telle que vous doit être capable de me donner son nom, n'est il pas ?

Peut-être poussais-je un peu loin le bouchon, oui. Elle était reine, et moi rien et je pouvais rapidement me retrouver au fond d'un cachot humide sur un seul mot d'elle. Sans compter que Trystan ne passait clairement pas pour une crème. Mais si elle avait assez de jugeote, elle verrait rapidement que mon ton n'avait rien d'insultant. De plus, j'avais baissé la voix de quelques octaves pour que cette conversation ne passe pas par les oreilles qui trainaient dans la petite cour alors qu'elles étaient braquées sur nous.
Je ne cherchais pas non plus à la mettre dans une situation délicate et me rendait parfaitement compte que vue de loin, la scène donnait un effet parfaitement contraire à ce qu'elle était.
Car j'avais ponctué ma remarque d'une courbette largement hypocrite, qui passerait pour de la soumission et de l'excuse. En bref, Lilianna gardait la face devant ses sujets tandis que je semblais apprendre subitement le respect.

Mais en "coulisses", ma langue continuait de faire son office, jouant sur les mots pour ne jamais dépasser une certaine limite qu'il me fallait tenir. Je ne craignais pas la mort où la punition, mais je craignais que mon art se perde avant que je n'ai pû le transmettre. Prudence donc, cette femme là avait plus de jeu que je n'en avais.
Pour le moment.

- Rassurez vous, je sais que cette place ne s'acquière pas si facilement. Demandez le gentimment et je vous offre une démonstration de ce qu'il vous plaira de voir, ô ma reine.....

Nouvelle courbette, nouveau ton de voix toujours bas mais un peu plus piquant. Nouveaux sous-entendus légers plus où moins volontaires. Restait à savoir ce qu'il en sortirait.

Heureusement que Lilianna n'était pas du genre à profiter du pouvoir que lui conférait son titre de Reine... Parce que ce charmant jeune homme commençait doucement à lui chauffer les oreilles , bien qu'elle ne laissa rien paraître. Elle n'avait pas l'intention de perdre la face devant lui , et devant ceux qui étaient désormais ses sujets. Elle avait bien l'intention de faire ses preuves , quoi qu'il lui en coûte. Elle ne se laisserait pas aller à la colère. Si autrefois elle aurait eu tendance à vite s'éloigner de cet impudent , ce n'était plus le cas. Oh , ce n'était pourtant pas l'envie qui lui manquait ! Elle se retint de soupirer. Il y avait décidément beaucoup trop de personnes qu'elle ne supportait pas. Vraiment , Trystan avait un sacré mérite. Il était habitué à ce genre de personnes depuis bien des années déjà. Elle , elle les avait évité le plus possible. Mais désormais , elle était plongée dans un monde duquel elle ne pouvait pas s'échapper. Elle était contrainte , forcée à s'y habituer. Sans quoi elle serait broyée. Et elle n'avait pas du tout envie que Trystan soit toujours obligé d'être derrière elle. Elle ne voulait pas être un poids pour lui...

Du coup , elle gardait la tête haute et faisait de son mieux pour imposer son autorité. Hélas pour elle , Soren ne semblait pas prompt à se laisser faire... Bien. La discution serait donc vive et animée. Qu'à cela ne tienne ! Il voulait jouer ? Eh bien , les dés étaient lancés ! Ses mots eurent le mérite de la faire rire. Un rire cependant légèrement moqueur.

« Je dois reconnaître que vous n'avez pas la langue dans la poche ! Mais vous devriez faire attention à ce que vous dites. Ce n'est pas moi qui doit valloir la peine que vous dégainiez. »

Parce qu'elle , elle n'avait jamais touché à une épée de toute sa vie... Nul doute qu'elle serait bien incapable de la soulever ! Mais si elle en était incapable , ce n'était pas le cas des hommes du château... Bon nombre d'entre eux avaient besoin d'un homme ayant les capacités nécessaires. Mais pour le moment , cet homme n'avait rien prouvé du tout. Mis à part qu'il semblait s'être présenté à la cour sans savoir vraiment qui étaient les souverains de Diantra. Visiblement , il n'avait pas non plus apprécié devoir se présenter le premier. Et en plus , il avait eu le toupet de lui demander pourquoi le roi envoyait une de ses suivantes. Piquée au vif , Lilianna avait écarquillé les yeux. Définitivement , il ne savait pas qui elle était... Mais avant qu'elle ait pu répliquer , un de ces gardes l'avait... hmm , présentée de manière assez... directe. Les yeux violets de Lilianna allèrent du garde à Soren. Et la réponse de celui ci l'étonnant légèrement. Il ne se prenait vraiment pas pour n'importe qui !

« Il suffit ! Si vous voulez vous battre , allez donc ailleurs ! Nous n'avons pas besoin d'un combat de coqs ici ! Est-ce clair ? »

Ses yeux lançaient des éclairs , aussi bien à Soren qu'aux deux gardes. Evidemment , elle ne pouvait pas blâmer le garde d'avoir voulu remettre le jeune homme à sa place , mais elle ne voulait pas que cela tourne au conflit. C'était hors de question. Déjà parce qu'elle craignait de ne pas savoir comment gérer un conflit. Ensuite , parce que les hommes avaient bien d'autres problèmes à gérer que des combats stupides... Remarquez , au moins , maintenant il savait qui elle était. Peut-être serait-il un peu plus courtois... Ah non. Il voulait encore savoir son nom. Les pauvres gardes semblaient sur le point de craquer. Ca ne se faisait pas , de demander ainsi son nom à la Reine. N'était-il pas censé le savoir ?

« Je suis Lilianna Fiiram , Reine de Diantra et épouse du Roi Trystan. »

Satisfait ? Il avait son nom. Voulait-il son âge peut-être ? Elle décroisa les bras. Lilianna haussa un sourcil. Voilà qu'il faisait des courbettes... Ca sentait l'hypocrisie à plein nez... Mais les apparences laissaient penser qu'il s'était enfin rendu compte de la personne à laquelle il s'adressait. Mais Lilianna n'était pas dupe... Ce ne serait pas très malin de sa part de penser une telle chose. Elle avait plus de pouvoir qu'il n'en aurait jamais. Un seul de ses mots avait plus d'impact que tous les siens réunis. Pourtant il continuait à faire preuve d'une impertinence dissimulée. Qu'elle le lui demande gentiment ? Et puis quoi encore ?! Il se moquait vraiment d'elle ! C'était incroyable ! Franchement ! Elle retint un juron de justesse , mais son visage avait perdu de sa couleur. Il la poussait doucement sur ses retranchements et ce n'était pas une bonne chose du tout.

« Avant de vous demander une démonstration , je voudrai que vous me disiez pourquoi vous désirez ce poste en particulier. Si ce que vous me direz me semble de bonne foi , alors nous irons converser ailleurs , afin de régler certains détails. Vous devrez aussi rencontrer mon époux , pour être sûr que vous pouvez obtenir ce poste. Je ne suis que la Reine , après tout. »

La situation avancait. A tâton certes, mais elle avançait tout de même.
Il me fallait continuer sur ce chemin tout en considérant la nouvelle teinte de son visage, qui trahissait son agacement. Pas que cela me pose un quelconque souci, mais la situation devait continuer de m'appartenir si je voulais en tirer quelque chose de vraiment concluant. Le poste de Maître d'Arme, donc. Lilianna devait donc penser qu'elle restait maîtresse de la situation et je devais user de malice pour jouer en sa faveur à elle.
Pour une fois que je m'interessais à une femme pour autre chose qu'a une éventuelle ouverture de cuisses.... Tss.

- Parfait. Maintenant que nous nous sommes présentés l'un à l'autre en bonne et dûe forme, nous pouvons vraiment débuter cette discussion, Dame Fiiram.

Difficile pour moi de l'appeler "Ma Reine" autrement que de façon ironique. Je décidais donc de la nommer par son nom, signe de respect. De plus, ma voix livrait facilement que je n'étais ni amer ni moqueur. C'était là son nom, alors que diable ! Si elle s'indignait de celà, je finirais par penser qu'elle ne voyait pas plus loin que sa couronne.
Je décidais de ne plus m'attarder sur les réactions des gardes, qui n'avaient de toutes façons pas leur mot à dire dans cette histoire. Je ne considérais plus qu'elle, reine de Diantra.

Ainsi donc, elle cherchait à connaître les raisons que me poussaient à prétendre à ce poste.... J'avais heuresement réfléchit à la question avant de me présenter. Je n'étais pas bête et je savais parfaitement que mes raisons profondes n'étaient pas les bonnes et qu'elles ne sièraient pas à la cour. Il me fallait donc broder en me montrant convaincant. Me relevant finalement d'une de ces révérences cérémonieuses qui donnaient le change sur le petit manège auquel je me livrais, j'entrepris de lui répondre, prenant une voix depuis laquelle ne percait aucune félonie, aucun mensonge.
Tout mon art était là et je doutais qu'elle me perce à jour.

- Question légitime si il en est. Je ne cherche qu'a mettre ma lame au service du trône, Ma Dame. Le combat est un art à transmettre. D'aucun vous diraient qu'il ne sert qu'a tuer et ceux là n'auraient certainement pas tort, puisque la mort est une finalité.... Moi je vous répondrais que le combat prends le sens que lui donne la main qui le propage. Ainsi j'enseignerais non pas comment tenir une arme, mais pourquoi la tenir. La nuance est là. Former des soldats humains et lucides, pas seulement des bêtes de guerre mues par une quelconque soif de sang où de reconnaissance.

En guise de mensonge, je lui avais plutôt servi une vérité détournée. Je pensais vraiment les paroles pensées quant à l'utilité de transmettre mon art, même si le mettre au service du Trône n'était pas une procession de foi mais bel et bien un objectif servant mes interets personel. Peut-être cela me donna t'il un peu plus de crédibilité ?

Je sortis lentement ma rapière de sa gaine sous l'oeil méfiant des gardes. La lame étincella au soleil tandis que je continuais sur ma lancée.

- Cette rapière n'a jamais porté le coup de grâce. Son acier n'est pas rougi de sang, et pourtant Il est émoussé, signe d'usage. Comprenez vous ce que cela signifie ? Je suis en vie sans avoir à tuer, pourtant j'en suis capable... C'est cela que je veux enseigner.

Savoir se faire respecter sans pour autant ouvrir des corps en deux à tours de bras.... Je considérais cela comme une déviation de la guerre. De la guerre propre, qui ne prendrait ni enfant, ni mari, ni frère.

- Je suis conscient que cela est naïf, peut-être utopique. Pourtant, je vous prie de croire que si je vous mets cette arme en main et vous apprends comme s'en servir, vous apprendrez vite. Et surtout, vous apprendrez correctement. Homme où femme, qu'importe la lame, tant qu'elle est mue par de bonnes mains ? Ne voudriez vous pas pouvoir défendre votre roi l'arme à la main sans pour autant vous souiller d'hémoglobine ?

Je baissais la lame que j'avais tendue vers le ciel, séparant nos deux visage grâce à la garde de mon arme. A présent, nous avions nos regards plongés l'un dans celui de l'autre et le mien scintillait de cette flamme qui m'animait toujours lorsque je parlais de l'art qui était le mien. Une flamme sincère et ardente. Que j'aurais aimé rencontrer celui où celle qui partagerait cette flamme, ce brasier ! Peut-être avais-je un moment pensé que je trouvais au château cette perle rare, si je parvenais à y mettre un pied ?

Enfin , elle percevait le respect dans sa voix. Et cette fois ci , Lilianna osait espérer que ce respect n'était pas feint. Quoiqu'il semblait plus respecter son nom que son titre. Eh bien soit ! Peu lui importait au fond , la manière dont il la nommait , tant qu'il restait courtois... Derrière elle , les gardes se dandinèrent légèrement , comme ne sachant plus vraiment s'ils devaient rester là ou s'en aller. Leur conscience leur dictait de s'en aller , et de laisser ce petit plaisantant faire ces courbettes. Mais leur devoir leur ordonnait de rester avec Lilianna. Déjà parce qu'elle n'était pas bien épaisse la Reine. Elle donnait l'impressun qu'une étreinte trop forte la briserait. Mais plus encore , il craignait surtout la réaction du roi s'il devait arriver quoi que ce soit à sa femme. Oui , au final c'était pour cela qu'ils restaient. Par crainte. Ils ne préféraient pas imaginer la réaction de Trystan s'il devait arriver quoi que ce soit à Lilianna. Donc , ils continueraient à se dandiner nerveusement jusqu'à ce que la Reine décide de s'en aller. Et ils espéraient qu'elle ne discuterait pas longtemps...

Pendant que les gardes semblaient penser aux choses les plus importantes de leur vie , Lilianna écoutait avec beaucoup d'attention la réponse à sa question. Elle se dut de revoir son jugement... En réalité , il savait très bien manier les mots. Au point qu'elle ignorait qu'il lui mentait... Et vraisemblablement , elle ne s'en rendrait pas compte. Au fur et à mesure qu'il parlait , Lilianna semblait devenir statue. Pas un mouvement , pas un mot , elle écoutait et avec une attention non feinte. Il fallait bien que cet homme prouve que ce poste était à lui et à personne d'autre. Après tout , il fallait être digne de remplacer maître Conrad. En réalité , Lilianna était sceptique à cause d'un seul point. Sa jeunesse. Comment un homme , visiblement aussi jeune pouvait-il avoir la patience et la technique nécessaire à l'apprentissage des armes ? Là était la vraie question... Mais le scepticisme de Lilianna s'envola bien vite...

Parce que même si en réalité il mentait , il disait la vérité. Elle sursauta légèrement lorsqu'il tira sa rapière de son fourreau. La lame étincella au soleil , et Lilianna recula d'un pas pour ne pas être aveuglée par son éclat. Les paroles qui accompagnèrent le geste eurent le don de surprendre Lilianna. Il n'avait jamais tué avec cette lame ? Etonnant. Les deux gardes échangèrent un regard. Lilianna posa ses yeux sur la lame , puis sur Soren. Elle avait tout à coup l'impression de se trouver en face d'une personne différente que celle qui lui avait fait perdre patience un peu auparavant. Ses mots étaient justes. On pouvait se défendre sans pour autant prendre des vies. Voilà quelque chose qu'elle n'avait pas envisagé. Cependant...

« J'espère toutefois que vous n'envisagez pas une telle clémence face aux drows qui auront massacrés les princesses de Diantra. »

Non , pas de pitié pour ces êtres... Elle se souviendrait trop longtemps de l'expression morte de Lelyan , alors qu'elle vivait sans ses filles. Elle se souviendrait trop longtemps , du fantôme qu'était devenu Ultuant... Lilianna frissonna , puis elle posa un regard dur sur Soren. Puis elle soupira.

« Bien... Vous semblez... Vous semblez taillé pour ce poste. Ce n'est cependant pas à moi que vous enseignerez votre art. Ce genre de chose n'est pas pour moi... Pourtant , je souhaiterai vous voir à l'oeuvre. Juste histoire de vérifier vos compétences , si vous n'y voyez aucun inconvénient. »

Je n'étais pas sans me douter que la tragédie des princesses finirait par venir sur le tapis. Et si j'étais apte à plaisanter où me montrer léger sur bien des sujets même difficiles, je ne me refusais à prendre la mort à la légère. Celle de Père fût une épreuve pour moi, bien qu'elle fût sûrement moins douloureuse que celle des héritières potentielles du trône. Nous avions tous des blessures à porter, dont la profondeur diffèrait simplement.
Mon regard ne trésaillit toutefois pas et avant de répondre à Lilianna, je pesais chacun des mes mots, cherchant à me faire comprendre sans la blesser bien involontairement.

- La pitié peut briser encore plus qu'un coup de bâton, Ma Dame. Mettre à genoux les drows et les plonger dans la honte pourrait s'avérer plus efficace qu'un bain de sang. Toutefois, je ne suis pas sans comprendre vos mots et leurs sens, et même si je ne puis prétendre partager votre douleur, il me semble possible de.... De l'envisager. Ainsi j'enseignerais comment les tuer si vous le demandiez.

Aprés tout je l'avais dis, la mort n'était rien de plus qu'une finalité du combat, une finalité tout court. Ce qui était à craindre n'était pas la Faucheuse elle-même, mais plutôt la douleur que son action engendrait. Le comprendrait elle seulement si je venais à lui expliquer ? Je ne le savais pas et de toutes façons le sujet n'était pas là.

Ses yeux pourpres ne cessèrent d'être sur moi tandis qu'elle soupirait et enchainer, disant vouloir mesurer l'étendu de mes talents. Le vif du sujet donc, car je ne perdais pas de vue qu'on ne pouvait enseigner sans maîtriser. D'un geste lent, je remis ma rapière au fourreau et finis par répondre.

- Me voir à l'oeuvre ? Fort bien, je m'attendais à ce genre de demande, Dame. Dites moi ce que vous attendez de moi et je m'y plierais. Un exercice ? Un duel ?

Excité ? N'allez pas croire ça. Je voulais simplement savoir ce qu'il me faudrait faire pour enfin pouvoir prouver ma valeur, enfin pouvoir tutoyer la cour royale. Ce poste me sortirais de la boue de l'anonymat et porterait mon nom un peu plus haut, me guidant vers une ascension sociale que j'espérais rapide et sans tâche. N'étais ce pas pour cela que j'avais fait tout cela, allant jusqu'a titiller l'égo de la Reine elle-même ?
Mon regard redevint malicieux et mon sourire fier alors que je la contemplais.

- Vous avez, il est dommage que vous ne teniez pas à apprendre l'art de l'épée. J'aurais eu... Plaisir à devenir professeur de Sa Trés Gracieuse Majestè aux yeux pourpres !

Je la titillais gentimment. Curieusement, mon instinct me criait que je n'obtiendrais aucune faveur sulfureuse de cette femme. Pourtant, je ne pouvais m'en empêcher... Plus que l'acte sexuel lui-même, j'aimais le jeu qui précédait, même si celui çi était définitivement stérile. Et puis le plaisir de s'adresser ainsi à la femme la plus importante de tout un royaume... Non vraiment, j'aimais cela.

Les regards des uns et des autres étaient posés sur la Reine et le jeune homme à la langue bien pendue auquel elle s'adressait. Pour la plupart des nobles dans la cour , c'était de la curiosité malsaine. Tous voulaient voir de quoi cette jeube femme était capable. Saurait-elle être aussi intransigeante que l'était son mari ? Saurait-elle gagner le respect ? Ce genre de questions trottaient dans la tête de nombreuses personnes. De plus , de nombreuses femmes cherchaient à savoir ce qu'elle pouvait bien avoir de plus qu'elles. Pourquoi elle ? Bon nombre d'entre elles avaient essayé de séduire le nouveau Roi , alors qu'il était encore Duc. Et manque de chance , il était tombé dans les bras d'une petite comtesse jusque là effacée. Aucun ne savait qu'il s'était prit une paire de gifles. Parce que la petite comtesse effacée était une vraie lionne , lorsqu'on osait la prendre pour ce qu'elle n'était pas. Mais puisqu'elles ne savaient pas... Qu'avait-elle de plus ?

Lilianna ne flanchait pas , elle restait campée sur ses positions. S'il voulait le poste , il fallait qu'il prouve son talent. Et surtout , qu'il ne soit pas clément envers ceux qui avaient bien faillit ruiner tout un peuple. Que ce serait-il passé , si Trystan n'avait pas été là ? S'il n'y avait pas eu un Prince pour sauver le royaume ? Lilianna avaient ses yeux couleur lavande posés sur Soren , et son regard n'était nullement hésitant. Si il avait l'intention de prendre les drows en pitié , ce n'était même pas la peine de rester. Lilianna décrocha son regard de celui de Soren , avant de soupirer doucement.

« La honte ne nous débarrassera pas d'eux. La honte ne ferait qu'augmenter leur haine à notre égard. Faire plier un drow , c'est s'assurer de la vengeance de dix autres. Pour avoir brisé la famille royale , et pour avoir brisé bien des familles , ces êtres ne méritent pas la pitié. Seule la mort leur va bien. J'aimerai que vous enseigniez comment se défendre , et comment donner la mort. La guerre est là. Les drows ne sont pas cléments , alors nous ne le serons pas. »

Peut-être était-ce étrange , d'entendre un tel discours sortir de la bouche de Lilianna. Mais ses paroles ne manquaient pas de sens. Les drows devaient payer pour le massacrer des princesses , pour le massacre du peuple. Combien d'innocents avaient perdu la vie sans savoir pourquoi ? Trop... Les Hommes essuyaient les coups et se relevaient. C'était ainsi. Ils oubliaient , mais ne pardonnaient pas. La haine des drows était bien là , même logée dans les coeurs les plus innocents... Avec un nouveau soupir , elle lui demanda de montrer l'étendue de ses talents. Il remit sa rapière au fourreau , tardant légèrement à lui répondre. Elle ne s'en inquiéta guère , attendant patiemment sa réponse. Quelques hommes c'étaient intéressés à la scène et dans certains d'entre eux montaient de se mesurer à ce beau parleur. il y avait parmi eux quelques soldats, qui savaient manier l'épée à merveille. Et parmi ces soldats , quelques membre de l'Ordre du Lys d'Or , ayant juré sur leur vie de protéger la famille royale. La nouvelle famille royale. Des hommes contre qui il ne serait pas aisé de combattre...

« Si vous parvenez à tenir tête à un de mes meilleurs chevaliers , le poste est à vous , avec tous les avantages qu'il offre. »

Avant qu'elle ne désigne un de ces chevaliers , elle vit son attitude changer légèrement. Elle vit son sourire se faire fier , presque arrogant... Elle vit son regard se faire malicieux. Elle n'aimait pas qu'on la regarde ainsi , mais elle était habituée à ce genre de regard. Aussi ne dit-elle rien. Cependant , elle ne put s'empêcher d'hausser les sourcils , alors qu'il insistait sur le fait qu'il aimerait l'entrainer. Lilianna secoua la tête , catégorique. Elle ne tiendrait aucune arme dans la main.

« Je ne suis pas faite pour les armes. Mais je suis sûre que d'autres demoiselles demanderont bientôt vos services... »

Y avait-il un sous entendu dissimulé dans cette phrase ? Oh que oui ! Avec un sourire légèrement moqueur , Lilianna se détourna un instant de lui , demandant à un des membres du Lys d'Or de s'approcher. L'homme lui obéit tout de suite , sans même une hésitation. Lilianna ne put s'empêcher d'offrir un sourire à cet homme qui ne vivait que pour protéger la couronne et ses représentants. L'homme était grand , un bon mètre quatre-vingt dix , avec une carrure impressionnante. L'élite des soldats...

« Eh bien , Maître de Scylla je vous serai gré de vous mesurer à lui. N'espérez pas vous en tirer trop facilement cependant , cet homme est un de nos meilleurs guerriers. »

Sur le plastron du soldat , brillait un Lys d'Or.

Spoiler:

Je trouvais un peu facile d'accabler les drow d'être à l'origine de tout les maux frappant Diantra. La petite reine aurait mieux fait d'ouvrir les yeux sur les fondements pourris de sa propre cour plutôt que de tenter de vouloir comprendre les rouages de la guerre. Les exactions des soldats humains n'avaient parfois rien à envier à celles des drow. Je le savais, car je fréquentais bien des endroits courus par toutes les classes sociales et j'avais entendu toutes sortes de récits à faire rougir de honte la souveraine au regard couleur lavande.
Je ne perdais pas de vue les meutres des enfants d'Ultuant, pourtant combien d'enfants drow avions nous tué, nous humains ?

Enfin bref. Ce dialogue serait trés sûrement stérile si nous venions à en débattre, car au vu de la lueur dans ses yeux, je comprenais qu'elle ne lâcherait rien de ses positions. Et je gageais que certaines vérités pourraient lui être difficile à avaler. Le temps la promettait sûrement à ce genre d'épreuve, mais pour l'heure je ne comptais pas me faire l'une d'elle. Toutefois, je répondis, cherchant à mettre un terme à cette discussion qui ne nous plaisait pas, à elle comme à moi.

- A votre guise. Je dispenserais l'enseignement que vous jugerez bon. Mais de grâce, ne me demandez pas d'aller à l'encontre des mes idéaux. Où je laisserais cette place à un plus barbare que moi, tout simplement.

Ainsi donc, elle voulait que je me mesure à l'un de ses meilleurs chevaliers ? Fort bien. Il me tardait de découvrir le niveau de la cour, d'autant plus que l'homme qui s'avanca semblait plus aguerri et expérimenté que moi. Ce n'étais pas ma première fois, mais le sigle de son blason me mit de suite en garde. Le Lys d'Or... L'heure n'était clairement plus aux galéjades. Je connaissais la réputation du Lys et je me demandais légitimement si je parvenais à prouver que je méritait la mienne. Mais loin de moi l'idée de reculer où de me sous-estimer. Je connaissais parfaitement mon niveau. Restait à connaître celui de l'homme qui me faisait à présent face.

J'échangeais un regard dur avec mon opposant avant de m'adresser à Lilianna sans quitter les yeux du Lys.

- Mes services ? J'aurais eu plaisir à vous en faire profiter, Ma Dame. Mais soit, je me contenterais de combler vos courtisanes de mes bons soins.

Lentement, je dégainais ma rapière avant d'en porter la garde au niveau de mon visage, alors que le Lys m'imitait. Salut poli de deux duellistes prêts à en découdre. Reculant de deux pas, nous finîmes tout deux par nous mettre en garde. La sienne était militaire mais refletait un certain style personel, alors que la mienne, droite comme la justice, une main dans le dos et la rapière inclinée vers le bas était inédite.

- L'un des meilleurs ? C'est heureux, j'aurais pensé voler ma victoire si vous m'aviez opposé à un autre. Veuillez reculer à présent, Ma Dame. Notre ami et moi maîtrisons certes nos lames, mais dans le feu de l'action, un mauvais coup est rapidement parti.

J'attendais que la souveraine daigne obéir, tandis que je sentais la tension monter doucement dans la cour où les yeux étaient à présent rivés sur le Lys et moi. Nul doute que ma peau ne valait pas cher.... Mais la rapière de l'Hirondelle ne faillirait pas aujourd'hui. Je ne me permettrais pas d'échouer si près de l'avancement de mon but.

Et puis ce fichu Lys ne devait certainement pas valoir cette femme au masque qui m'avait bléssé quelques semaines auparavant....
La reine était donc suffisemment écartée pour que nous gagnions assez d'espace. Normalement, un duel à la rapière n'en prenait pas tant, mais mon style était un peu plus.... Grandiloquent que les autres.
Le Lys porta le premier assaut. Frontal, une attaque à la pointe de l'arme. J'esquivais de peu et dévias de ma propre lame, mais il fût assez rapide pour se dégager et rencontrer une fois encore mon acier. Foutredieu, le bougre me valait largement en vitesse ! Nous partîmes dans un entrechoquements de lames, où la ferraille tintait bruyemment sous le ciel clair.

Notre bougre préférait les attaque frontales, cherchant à percer ma garde. Mais face à mes coups principalement transversaux, il ne parvenait pas à la passer et nous passions nos échanges à annuler le coup de l'autre. Frustrant.
Soudain je reculais et placais ma rapière vers l'arrière, foncant sur lui dans ce qui aurait pût être une grossière initiative, mais la suite prouva le contraire.
Alors que le Lys placait un coup horizontal pour me stopper, je fis quelque chose à quoi il ne s'attendait probablement pas : Je fis un demi tour sur moi-même en fléchissant les genoux, tout en faisant rapidement changer mon épée de main. Le coup fût malheureusement trop vif et assez mal calculé pour que je ne face que déchire son pantalon, mais il avait au moins eu le mérite de faire bondir en arrière mon assaillant, me laissant le temps de me relever en vitesse pour me diriger vers lui dans un nouvel assaut.

Ils en arrivaient à la démonstration... Si d'abord les mots échangés avaient été plus ou moins conventionnels , il s'agissait maintenant pour Soren de prouver sa valeur. Et il avait intérêt à n'avoir pas menti sur ses capacités. Car alors , plus jamais la cour de Diantra lui ouvrirait ses portes... Si Lilianna ignorait tout du maniement des armes , elle savait néanmoins reconnaître un bon combattant. Plus jeune , son père lui avait expliqué , avec à peu près la douceur d'un barbare , comment reconnaître un bon , voire un excellent combattant. Evidemment , il ne lui avait pas enseigné cela sans arrière pensée. Il fallait que sa fille soit capable de distinguer un faible d'un fort... Qu'elle soit capable d'entretenir une discussion sur le sujet... Tout ce qu'il lui avait appris avait un but purement intéressé. Faire de sa fille un trésor , à vendre au plus cher... Mais au moins , Lilianna avait retenu cette leçon là. Elle les avait toutes retenues. Parce qu'Edward ne supportait pas l'ignorance. Parce qu'il ne supportait pas la médiocrité... Il ne supportait rien d'autre que le pouvoir en réalité...

Mais revenons en à nos deux combattants. Lilianna , désireuse de le voir faire ses preuves , avait décidé de lui offrir un adversaire de taille. Elle avait donc choisi un représentant de l'ordre du Lys d'Or. Les meilleurs guerriers de l'Armée. Ceux qui avaient venduleur âme à la couronne. Des hommes qui avaient tout le respect de Lilianna. Elle en avait rencontré quelques un , personnellement. Il fallait reconnaître que ces hommes avaient une sacré préstence... Et surtout , ils savaient se battre. L'homme à qui elle avait demandé était donc un de ces membres. Très grand , et visiblement fort. Il devait avoir dans les quarantes années , et son visage dur reflétait très bien ce qu'était l'ordre. Dureté et impartialité...

Lilianna s'écarta de plusieurs pas , comme le lui demandait Soren. Il est vrai que rester près de ces deux là , ce n'était guère une bonne idée... Et puis , si elle ne s'était pas éloignée , ses gardes s'en seraient chargés , quitte à la charger sur leurs épaules. Lilianna croisa alors ses bras sur sa poitrine , se faisant très attentive au combat de démonstration qui allait avoir lieu sous ses yeux. Elle entendit quelques demoiselles glousser et se rapprocher d'un peu plus près. Dans le fond , Lilianna plaignait ces filles. Les pauvres vivaient dans un monde bercé d'illusions... Elle tomberaient bien vite de leurs petits nuages. Lilianna secoua la tête doucement , puis reporta son attention sur Soren et le soldat. Le premier coup fut porté par le Lys. Les lames s'entrechoquant firent sursauter Lilianna. Voilà pourquoi elle ne se voyait pas du tout porter une arme... C'était trop violent pour elle. Et elle n'avait pas les forces nécessaires pour cela...

Lilianna fut tout de même surprise par Soren. Il se débrouillait fort bien. Il fallait avouer que Lilianna avait pensé que ses mots étaient dans un brouillard de mensonge. Mais il se battait vraiment très bien , et avec pas mal de finesse. Le Lys attaquait de front , mais ne parvenait pas à transpercer les défenses de l'escrimeur. Lilianna sursauta presque lorsque le pantalon du soldat se déchir , sous un coup de Soren. Bien... Sauf que cette petite estafilade ne semblait pas avoir été appréciée du tout par le Lys. Ce dernier décida alors d'attaquer avec la force brute. Il frappait le plus fort possible , cherchant aussi à passer au travers des défenses de Soren. Il cherchait à le fatiguer , et aussi à lui faire croire que toute sa technique reposait sur sa force , ce qui était faux... Le Lys se décala d'un pas , évitant adroitement un coup. Puis , il frappa la main qui tenait l'épée. Avant de se baisser pour porter un coup censé atteindre la poitrine. Lilianna observait , attentive au plus haut point...

[ Désolée , pas douée en combat >< ]

"Toujours elles reviennent, les hirondelles".
Le Lys avait découvert ma botte secrète, le fondement primaire de ce que je nommais pompeusement "mon art". Le style de l'hirondelle. Fluide, rapide et implacable, comme le retour à chaque printemps de ces oiseaux dont j'avais emprunté le nom pour ces raisons. Sans ce coup, il était évident que j'aurais dû m'incliner devant l'expérience et l'endurance de mon adversaire. Cette garde de Diantra ne volait certainement pas sa redoutable réputation et j'étais heureux d'avoir pût croiser le fer avec l'un d'eux dans des conditions telles que celles-çi. Cela mettait le point sur mes faiblesses, que j'aurais à coeur de travailler pour toujours me surpasser.

Me relevant doucement, j'observais la reine venir vers son "champion". Tiens, elle ne lui offrait pas le même visage qu'a moi. Ah, ces femmes.... Traitez les en dehors de leur rang, et vous perdrez leurs sourires. Pour l'instant, il m'importait peu. J'avais gagné le combat et mon poste légitimement et j'avais de quoi être fier. Tout de même, j'en étais à me demander si elle m'aurait envoyé moi aussi me faire soigner avec tant de compassion qu'elle l'avait fait pour lui...... Non, en fait non. J'en doutais fortement. Curieusement, cette pensée m'amusa jusqu'a ce que le Lys croise mon regard, baissant la tête en signe de respect. Chose que je lui rendis bien volontiers pour lui signifier qu'il avait pour de bon toute mon estime. Le respect envers un loyal adversaire était une chose à laquelle je tenais.

Durant quelques instants je le regardais s'éloigner alors que la voix quelque peu froide de la Souveraine me ramenait à la réalité. Je rangeais ma rapière au fourreau tout en l'écoutant, non sans avoir pris le soin d'en essuyer la lame à l'aide d'un mouchoir.

« Eh bien... Il me semble que vous venez de gagner le titre de Maître d'Armes du château. Vous prendrez vos fonctions dès aujourd'hui. Mes gardes vous emmèneront jusqu'à vos nouveaux appartements. »

Je m'inclinais légèrement sans la quitter des yeux.

- Merci, ma Dame. J'aurais espéré que cette victoire m'accorderait le plaisir de vous voir m'accompagner jusque mon nouveau chez moi... Quelle désillusion !

Dans les rangs de la foule qui nous entourait, une petite rumeur se mit à courir. De l'indignation, quelques rires etouffés, des gloussements de jouvencelles, de la colère.... L'effet Soren, ni plus ni moins. Je me relevais doucement, exposant mon torse dévoilé par la déchirure de mes vêtements. Même sa Glaciale Majesté sembla y porter de l'attention, même si elle tentait de se montrer indifférente. Mais y poser les yeux, n'est ce pas déjà montrer qu'on s'y interesse ? Une petite victoire pour moi, qui ajouta une petite dose de bonne humeur supplémentaire à mon humeur.

« Oh et allez vous rhabiller , avant qu'une horde de demoiselles en furie se jette sur vous. »

- De fait, je voudrais éviter que vous ne soyez tentée d'imiter ces donzelles. Mais si vous le permettez, je me passerais de la compagnie de vos gardes pour trouver le chemin de mes appartements.

En effet, je m'étais reculé jusqu'a la hauteur de deux jeunes femmes qui n'hésitèrent à se rapprocher de moi, signifiant clairement qu'elles me serviraient d'escorte. Agréable idée, non ? J'allais m'éloigner, mais je me devais une dernière révérence.
Et là, avec un respect non feint, je m'inclinais de la meilleure des façons face à Lillianna de Diantra, reine des hommes. J'étais allé jusqu'a baisser le regard, chose que je ne faisais que de trés rares fois.

- Merci, ma Reine.

Le ton était clair, franc et sans hypocrisie aucune. Et le simple fait que je l'appelle enfin par son titre prouvait bien que ma reconnaissance n'était pas fictive. Quelques secondes s'écoulèrent avant que je ne me redresse enfin, dardant mes yeux couleur de lune dans le regard lavande.

- Au plaisir, ma Dame.

Me tournant vers mes deux compagnes improvisées, je m'adressais à elles tout en finissant par percer la petite foule qui était là pour prendre la direction des murs du château.

- Alors mesdemoiselles, si vous me montriez le chemin de ma couche, hm ?


[En ce qui me concerne, c'est terminé ! Merci pour ce RP, ô ma Reine ^^]