Déchirée au coeur [Privé]

Ce contact, ce contact si doux et si voluptueux… Il sentait presque la peau d’Ashenie contre la sienne. Il sentait son souffle, son cœur, ses larmes, tout se qui constituait sa protégée… Ses yeux gris trahissaient que trop bien ses sentiments, et il le savait… Il savait qu’à partir de ce soir, il ne pourrait poser les yeux sur elle sans que ses sentiments ne refassent surface… Il savait qu’il venait de tomber dans les pièges de l’amour, et non comptait d’y tomber, il y avait sauter avec un sourire ! S’il n’était pas occupé par la douleur d’Ashenie, il aurait pu se maudire lui-même, mais à ce moment précis, tout se qui lui importait était de faire cesser ces pleures… D’une voix douce, il lui chuchota :

Il n’y a rien à pardonner, rien… La mort d’un être cher est la chose la plus dur dans une, quel que soit le moment, quel que soit le rang sociale, quel que soit la puissance…
Dame Ashenie, je n’ai peut-être pas le verbe de vos courtisant, je n’ai peut-être pas leurs bonnes manières, leurs fortune et leurs possession. Je n’ai peut-être pas leur armée, mais mes paroles et mes sentiments restent sincères… Je vous protégerai de tout se qui est en mon pouvoir et bien plus encore… Laissez-moi insuffler la flamme qui brule dans mon cœur au votre, laissez-moi vous faire prendre goût à la vie… Laissez-moi-vous protéger…

Pour accentuer ses paroles, il attrapa les mains d’Ashenie. Si elle, elle n’était pas capable de rester accrocher à lui, lui y resterai. Tout un symbole. Doucement, il laissa ses mains remonter le long des bras de sa protégée, caressant la soie comme s’il caresserait sa peau. Ses doigts remontèrent jusqu’aux épaules de la jeune femme, glissèrent le long de son cou. Avec tendresse, il déplace le visage d’Ashenie face au sien, et déposa son front contre celui de celle qu’il aimait. Ses yeux à eux seuls trahissaient son envie de l’embrasser, mais ils montraient aussi la véracité de ses paroles, sa réelle envie de prendre soin de celle qu’il tenait dans ses bras…

Après une hésitation il glissa sa main dans son haut et y extirpa son médaillon. Avec attention, il fit remonter le collier sur sa tête et la fit passer directement autour du cou d’Ashenie. Elle s’y était agrippée au plus fort de son désespoir… Un instant, il baissa les yeux vers le médaillon qui pendait maintenant autour du coup de future duchesse et il reprit d’une voix calme :

Ce médaillon est la seule trace de mon passé. Il représente tout ce que j’ai. Prenez en soin. Il vous rappellera que quoi qu’il se passe, et où que vous soyez, je suis et serai toujours dans l’ombre pour veillez sur vous…

Ashenie sombrait dans l’espièglerie des fées, usant et houspillant les atours de la vertu, çà et là, sous la rudesse d’une épreuve intarissable. Son visage de porcelaine semblait se morceler davantage à chaque instant, gardant l’unité de l’honneur sous la bannière d’une éclatante beauté, trônant au-delà des émois par un éclat ensoleillé. Envolée dans la pureté d’un regard nocturne, elle était froide, étrangement froide. Son teint rosé soulignait la fraicheur qui animait son corps, et la fébrilité de son être face aux mouvements, flux et reflux, de la marée du monde.

La voix de SaYoLe pénétrait lentement l’acropole de la rose fragile, dont les pétales ondulaient sous la glace du monde, frissonnant d’une absence de chaleur intense. Éclipse du diable dans les mains de SaYoLe, la petite damoiselle De Sephren ensorcelée des charmes et des artifices les plus voluptueux gisait entre ses doigts. La voix de SaYoLe éliminait les torpeurs diverses, chassait les songes et la glace. Elle n’était plus banquise, mais d’une douceur incroyable, dévolue même à une inhabituelle constellation envoûtante et propice aux abords de l’extase.

Les murmures de SaYoLe intensifiaient, et promettaient les merveilles condamnables et outrageuses d’une aurore nouvelle, terni par l’idéal de la Bonté matriarcale. Des conversions indignes, que la dame ne devait pas ouïr davantage, et qui, pourtant, ne paraissaient qu’affection sincère. Quoi que le verbe de SaYoLe fut des plus outrageux, la damoiselle restait porcelaine et cristal, trop déchirée pour comprendre toute la subtilité du feu qui les entouraient, dangereux et embrasant même les idéaux. Intacts dans la prison de glace, elle se laissait porter…

Les mains de SaYoLe la rattrapaient, et la conviaient jusqu’à lui. Leurs visages de frôlaient, se touchaient. Les yeux d’Ashenie se fermaient, et le vide se faisait. Enfin, la voix de l’homme la berçait à nouveau, tandis qu’un poids léger venait alourdir son cou frêle. Ses yeux bicolores se découvraient sous les rideaux tirés de ses cils. Sa voix cristalline s’élevait lentement, tandis que l’une de ses mains se portait à sa joue meurtrie. L’autre agrippait doucement le pendentif. Belle et délicate, une musique s’épandait dans les airs, légère et envoûtante, chant sirénien des plus délicats. Ingénue, son visage se marquait d’une douceur magique..

« - Pourquoi… ? »

Les mots s’ajoutaient au silence. Quoi que la question était simple, elle n’en était pas moins ambigüe ; et son sujet différait : la mort ? L’amour ? Le passé ? La garde ? Rien n’était prononcé. Interrogeait-elle toutes les paroles de SaYoLe ?

Pourquoi quoi ? Parce que ?! SaYoLe n’avait pas vraiment saisit la nature même de la question de sa jeune protégée. Elle lui parlait de son père, du médaillon, de son amour, de sa gifle ?... Il n’en avait pas la moindre idée. Quel voulait-elle ? Il ne pouvait pas se permettre de rater sa réponse. Aussi, après un léger silence, il recula doucement, les yeux fixés sur le médaillon qui pendait autour du coup d’Ashenie et répondit d’une voix calme :

Contrairement à vous, je ne crois pas en un dieu ou en un pouvoir supérieur, car si je croyais en la fatalité ou la destiné, je ne pourrai pas protéger correctement les gens sous ma responsabilité. Je pense que tout se qui arrive est souvent le résultat d’un être vivant, d’un Homme comme vous et moi.
Les paroles, les actions sont dicté par les cœurs des gens. Leurs résultats n’en sont que la lecture que l’on peut en faire…

Il savait très bien qu’il avait répondu à coté, mais c’était la réponse qui lui était venue sur le coup. Il ne se voyait pas encore capable de justifier son amour pour elle ou son envie de la protégée, et encore moins ce geste de se séparer du médaillon qui ne l’avait pas quitté depuis prêt de 15 ans

La main d’Ashenie caressait sa joue, et tentait d’effacer la marque que SaYoLe y avait laissé. Encore douloureuse, la peau brûlait sous le contact, et semblait exprimer toute la fragile candeur de la petite poupée de Cristal. Le geste avait réveillé en Ashenie cette obéissance marquée à la dignité, travaillée dans cette mécanique inculquée depuis l’enfance. Amoindrissant le geste de SaYoLe sous la douleur, elle ne parvenait pas à l’effacer… Ses yeux se levaient douloureusement sur SaYoLe, et se perdaient lentement dans ses traits. Création enfantine du néant, elle succombait aux gestes de la souffrance, et laissait s’envoler le papillon illusoire de la torture…

Son front s’était séparé du sien, par le recul de l’homme, et leur douceur commune se brisait. Doucement, sa main enlevait le médaillon de son cou, bercée par la voix de SaYoLe. Calme, elle emportait la damoiselle sur une barque au cœur d’une mer affective, loin des astres de la douleur et du reste du monde. La poupée de cristal voyait son visage se refléter dans un ciel pacifié, et doux. Lentement, sa voix ingénue s’élevait, semblable au murmure du vent dans les roseaux, et au chant d’un rossignol gracieux et dévolu.

« - En ce cas, SaYoLe, que dois-je lire de votre don… ? Pourquoi déroberais je à vos mains la délicate relique d’un passé qui vous appartient ?...
SaYoLe, je ne désire nullement posséder un pan de votre histoire, qui, si elle m’enivrera de votre présence constante, me rattachera à la culpabilité…
La même qui me lie à la mort de mon pauvre père… Pourquoi, SaYoLe.. Pourquoi ?! Aurais-je offensé les dieux, pour être martyr humaine de leurs courroux… Je ne veux pas.. je ne veux plus…»

Les larmes roulaient de nouveau sur le blizzard de son visage. Perles de cristal câlines, elles n’étaient plus que le témoignage tendre d’une tristesse dignement vécu. Les chimères s’effaçaient, et les fées sonnaient leur retraite. Les coloris brumeux enivraient l’air, et l’aurore boréale s’étendait en une magie infinie dans les cieux. Sous le bouclier de SaYole, elle caressait encore sa joue meurtrie… La marque resterait, au-delà de la peau, dans son esprit pure…

Ses yeux gris se posèrent sur l’ingénue, affichant un curieux mélange entre nostalgie et tristesse. Après seulement ces instants passés auprès d’elle, il avait acquis la certitude que jamais l’amour qu’il lui portait sera réciproque. Le jeune Ashenie était la poupée parfaite, répondant aux moindres désires de sa mère… L’éducation de la marionnette était parfaite… Pour obtenir cet amour en retour, il avait besoin de temps, de patience et de tact. Hors, il n’aurait sans doute aucun de ses facteurs… Il devait se reconcentrer sur son travail, ce pourquoi il vivait et conserver son amour au fond de son cœur sans jamais plus l’en faire ressortir. Tel étaient les choses…
D’un nouveau mouvement en avant, il leva la main pour remplacer celle d’Ashenie en caressant sa joue avec douceur.

Vous n’êtes pas le jouet de dieux, ni des chimères… Cette gifle était là pour vous le rappeler… Ne vous laissez pas gagner par la peur, la tristesse ou le défaitisme. Vous êtes une jeune femme magnifique, et malgré ce que vous croyez, vous avez votre propre volonté et votre propre histoire à écrire, loin les marques laissées par votre famille…

Il savait qu’il était entrain de remettre en cause son éducation et sa mère, mais après tout, au point où il en était, quitte à clôturer toute cette histoire cette nuit, autant le faire sans rien oublier… Sa main quitta la joue de la jeune demoiselle pour suivre ses yeux et arrivé sur le médaillon qu’elle venait d’enlever. Elle le refusait…

Ce médaillon représente le passé… Il n’est avec moi que pour avoir un morceau de ce passé que je retrouverai peut-être un jour…
Ashenie… Le passé reste et restera le passé, un temps derrière nous, un temps qui serte, nous conditionne souvent l’avenir, mais c’est une phase de note vie sur laquelle on ne peut revenir. Elle représente notre histoire.
Je suis un homme à ne pas me retourner vers le passé, mais plutôt vers le présent et vers l’avenir…

Il respira doucement, et ferma à l’aide de la sienne la main d’Ashenie sur le médaillon.

Ce médaillon représente mon passer… Vous représentez mon présent et mon avenir… Il est donc normal que ce médaillon vous revienne tant que nous serons ensemble…

Un choix de mot quelques peut surprenant de le contexte de son cœur, mais c’est ce même cœur qui dictait ces gestes et ces mots lors de ce moment.

Je m'excuse pour mes mots et mes actions. Vous êtes une noble et vivez un moment difficile, je n'avais pas le droit, et encore moins en tant que votre Garde du Corps de vous importuner avec mes sentiments. Soyez assurer que cela ne se reproduira plus..

D'un geste lent, il inclina la tête en signe d'excuse tout en rompant le lien de sa mien contre la sienne, lui laissant le médaillon.

« - Faut-il simplement vous arracher douloureusement à vos actes et à vos paroles ? La vertu du cœur œuvre à votre sourire, et guide vos pas vers le bonheur qui mène vers les étoiles éperdues de l’astre d’argent … au-delà de l’aube. Vos excuses n’ont pas lieu d’être SaYoLe, et mon âme aura pardonné vos tords avant même leurs transgression… Si mes valeurs m’interdisent tout égarement criminel, je ne souhaite néanmoins nullement vous insuffler la culpabilité, elle est entièrement mienne…

La voix d’Ashenie avait fendu l’air, suave et délicat, aux coloris intense de la volupté. Une lente mélodie harpique, pure et délicate avait distillé le nectar d’un lys blanc et brillant, luisant sous la lune protectrice. D’une douceur extrême, le tintement clair du diamant s’était élevé en une pluie d’idéal, conjuguant compassion et infini, et par delà les émois endolorissant les méandres de sa voix tendre. Plus délicieuse encore qu’un miel divin, sa voix était le recueillement épuré de toute noirceur, et d’une sincérité suivant la magnificence du chant, et de la mélodie éternelle de l’ingénue.

Les mains d’Ashenie enserraient le médaillon, qui brillait d’une faible aura sous ses doigts doux. Relique du passé de SaYoLe, elle était la vertu incarnée d’un brasier incandescent, et illuminant l’avenir d’une aura étrange. Pourtant témoignage véridique de l’homme, la symbolique véhiculée laissait la damoiselle éperdue de sens de la folie, et étrangement songeuse de la possession d’un tel objet. Elle avait compris chaque mot, pic douloureuse qui s’enfonçait dans sa chaire, réprimé par les dogmes de la Bonté, assassinant l’idéal d’une charge de culpabilité intense.

Comment pouvait-elle seulement oser braver les interdits, et briser chacune des pierres laissées par l’ascendance familiale ? Ashenie était le vrai jouet d’une éducation murée dans l’obéissance absolue, prônant la vertu et l’accord pur. Mélodieuse, la jeune femme était une œuvre sirénienne au cœur de cristal délicat et poli de la plus tendre des roses, hélas agencée par les dogmes et les respects longs et délicats des traditions lourde de sens. Pourtant, et pour une première, elle y semblait étrangère, tant la douleur accablait ses traits. Et pire encore, elle faisait face à la douleur, vaillante et condamnée, afin de considérer chaque acte du jeune garde du corps, et d’épandre encore son idéal, avec une force psychologique démesurée, guidée par le déchirement. Là haut, le regard son père brillait avec fierté.

Ashenie souffrait pourtant d’être imposée souveraine à SaYoLe, et l’homme se confondait en infériorité, pourtant supérieur de naissance masculine à la femme qu’elle était. La fille du duc n’était rien d’autre qu’une existence par une autre, et ne vivait jamais par elle-même. Tributaire même de l’autre, elle n’avait le droit que d’être poupée délicate dans les mains du destin qu’on lui forgeait. Tels étaient les préceptes de la Bonté. Et, tandis qu’elle les bravait, un instant, agrippant les doigts retirés de SaYoLe, sa voix s’élevait, suave et tendre.

Je ne suis nullement souveraine de votre corps et de vitre esprit, SaYole. Et jamais je n’oserais dominer les effluves de vos actes, ni celles de votre esprit pour en exiger une paix. Vous ne m’importunez pas SaYoLe...»

Pourtant, la distance les creusait soudainement, troublant la dame qui voyait son bouclier s’enfuir par sa faute…

SaYoLe arrêta son mouvement lorsque la main d’Ashenie saisit la sienne. Un long frisson traversa son corps, démarrant de son cœur il termina sa cours au bout de ses doigts enserrés avec ceux de la jeune demoiselle. Ce n’était pas un frisson causé par le froid naissant de la nuit, mais un frisson naissant du mélange de la peur et de l’amour. Ses paroles ne firent que déstabiliser d’avantage le Garde du Corps qui avait toutes la plus grande difficulté du monde à comprendre et interpréter les gestes et parole de sa protégée. Etait-ce une invitation ou simplement de la compassion comme elle en distribuait tant ? Les yeux gris du jeune amoureux remontèrent de leurs doigts mélangés à ceux tenant le médaillon pour enfin finir par se perdre dans ceux bicolores de la jeune femme. Une voix hésitante sur les premières notes se fit entendre :

Ashenie… Je... Vous n’êtes pas souveraine de mon esprit et de mon corps, mais vous êtes souveraine de mon cœur. Vous ne pouvez rien y faire, et moi non plus. Malheureusement, l’amour n’est pas une chose que l’on maîtrise bien que l’on puisse la masqué au maximum… Vous êtes juste responsable d’être vous-même… Je vous aime, et ni vous, ni moi n’y pouvons quelques choses…

Il marqua une pause, ses yeux figé sur leurs mains. Sa peau était si douce… Oui il l’aimait… Il ne pouvait rien y faire hormis caché cette vérité aux yeux du monde… Il voulait également le caché aux yeux d’Ashenie, mais c’était trop tard… D’une voix plus calme, il reprit :

Vous avez été élevé dans les dogmes choisit par votre famille, insufflé par la Bonté… Vous savez quels sont mes opinions sur ses manières et sur la plupart de vos coutumes… J’ai été élevé différemment, pour moi chaque personne est totalement libre de ses choix, quelle qu’elle soit…

De nouveau, il marqua une pause. Sa main caressa tendrement celle d’Ashenie. Il était songeur. Il venait peut-être de perdre la confiance de sa protégée à jamais. Peut-être qu’il y gagnera un jour un amour en retour, bien que les chances soient plus que faibles. Mais une chose était sûre : Plus jamais leur relation ne reviendra comme elle était… Qu’avait-il fait ?...

Ashenie… Je ne sais pas se que votre cœur vous dit me concernant, je ne sais pas si vous m’aimez ou m’aimerez un jour… Je ne sais pas non plus si un jour votre cœur aura assez d’amour en lui pour vous dicter votre conduite en brisant la barrière de votre esprit…
Ce que je sais en revanche c’est que l’amour est bien souvent quelque chose d’éternel…

Je vous protègerai parce que mon contrat m’y oblige…
Je vous protègerai parce que mon cœur me l’ordonne…
Je vous protègerai parce que j’en est envie…

Les yeux d’Ashenie parcourraient les méandres du corps de SaYoLe. Avec lenteur, son ingénuité trouvait le corps de SaYoLe en un refuge à la douleur. Les démons de se chimères effacées ne dépeignaient plus qu’un tableau vide, créant le manque de son père. Le mal s’ajoutait sur le corps de la frêle damoiselle, fermant les yeux, un instant, pour retrouver son équilibre. Le battement de cil dévoilait les yeux bicolores d’Ashenie, colorant la candeur de l’ingénue sur la protection grisée de SaYoLe, et leurs regards s’emmêlaient un instant, sous la voix suave de l’homme.

Elle se laissait porter par sa voix, et dévisageait l’homme d’une tendre compassion, occultant sa propre personne pour la sienne. Sacrifiée, elle s’évertuait à user des derniers souffles de son corps dressé afin de rendre l’illumination de son visage à son garde du corps, avec douceur et compassion, malgré cette pointe douloureuse qui restait dans son regard et dans son cœur. La claque de son garde du corps avait rappelé les dogmes de la Bonté, durs et froids, et marquaient sa joue du coup de l’homme.

La voix protectrice de SaYoLe se mêlait à ses caresses indécentes et agréables, pourtant trahissant son amour avorté. Ashenie avait souffert cet aveu, et supportait faiblement la chose pour son garde du corps, tandis qu’elle ignorait les principes de la Bonté. Les effluves chimériques voilaient son corps, son cœur et son esprit sous l’épaisse draperie de l’idéal, et de la pureté. La volonté de son père avait été de l’y placer, elle ne pouvait plus se rebeller. Pourtant, les mots de SaYoLe eurent du la faire fuir. Elle écoutait.

La voix de SaYoLe s’éteignait enfin, sous les échos tumultueux d’une passion condamnable. Un léger silence troublait l’instant, tandis que le visage d’Ashenie se relevait avec une tendresse douce, caressant des yeux le corps de SaYoLe, dont elle savait le marbre et la maculature. Sa vrilité douce était l’antre même d’un refuge pacifié, caverne masculine couvrant la peine de la jeune femme. La protection de SaYoLe s’abattait sur Ashenie, et teintait sa voix d’un léger tremblement enfantin. Douce et claire, elle était clairement marquée par l’émotion, la douleur, œuvre cependant fantasmagorique de la plus belle musicalité, et épandait un nectar parfumé et idéal, d’une tendresse subtile…

« - La souveraineté ne m’appartient nullement, et je ne voudrais être votre tortionnaire… jamais, cette idée est trop douloureuse à mon cœur. Je me dois de rester sous votre responsabilité, SaYoLe, et c‘est à vous d’être le maître de ma protection, et non l’inverse. Une jeune femme ne doit avoir aucune emprise… et j’aspire à ne jamais me confondre en esclavagiste. Vous demeurez souverain… J’admire la vertu de votre cœur, SaYoLe, tant que votre vertu protectrice… Malgré les dogmes de la Bonté, que je me dois de respecter, je vous l’avoue, votre présence m’est nécessaire…»

La main d’Ashenie exercait une faible pression sur celle de SaYoLe, avant de s’en défaire. Son corps quittait doucement les draperies aux parfums du paradis. Doucement, dans un tourbillon de voiles rosés, elle disparaissait sur son balcon, priant les dieux, les larmes aux yeux. Sa main effleurait son propre visage, et elle mêlait à la prière le nom de SaYoLe.

La réponse d’Ashenie brisa littéralement le cœur du jeune Garde du Corps, accentué par la disparition de la jeune femme. La réponse pour lui était claire, les jeux étaient fait, son destin scellé. Il savait que son amour ne pourrai jamais être rendu n’y consumé comme lui le voulait, comme son cœur le souhaitait. Il connait les dogmes qui entouraient la jeune femme, il connaissait tout ça, mais il n’avait pas choisit l’amour qu’il avait subis dans son être. Doucement, il se leva, l’esprit encore raisonnant de la réponse de la jeune femme. Il tourna alors son regard vers la jeune femme, vers le balcon. Seuls les voiles les séparaient…

Son destin était scellé oui… Un sourire ironique apparu sur son visage. Lui qui ne croyais pas au destin devait bien avouer que le siens étaient maintenant tout tracé… Son amour le rendait prisonnier de ce destin…

Sortant de ses rêves, il alla rejoindre Ashenie sur le balcon, traversa les voiles qui caressèrent son visage, une caresse douce et fluide qui lui rappela celle d’Ashenie. Son esprit s’embruma, délirant sous la douleur que le cœur lui transmettait. Il se voyait continuer son chemin jusqu’à la jeune femme, glisser avec toute la tendresse et la douceur dont son corps était capable ses mains autour des anches d’Ashenie pendant que son visage venait se disposer juste au dessus de son épaule, lui soufflant mot d’amour et mot de réconfort… Une scène suivit d’échange de regard intense… Il pouvait sentir la douce peau d’Ashenie alors que ses mains glissaient sous les voiles, il pouvait sentir son souffle, son cœur battre contre le sien… Il pouvait sentir son amour se libérer totalement, il pouvait sentir le bien-être qui en résultait… Il pouvait se sentir heureux comme heureux comme jamais il ne l’avait été…
Mais rapidement tout prit fin. Son esprit le rappela à la réalité et ses yeux gris s’ouvrirent sur la vision du dos de la jeune femme dans le décor somptueux des jardins en arrière plan, arrière goût amer de ce rêve éveiller. Ses yeux suivirent les formes envoutantes de la jeune femme qui se dessinaient dans la nuit, simplement caché par des fins tissues, la laissant finir ses prières..

Lorsque les derniers mots s’estompèrent dans le vent de la soirée, SaYoLe fit un dernier pas en avant afin de se retrouver à une infime distance d’elle. Ses trahissaient la douleur que son corps transmettait dans tout son corps. Si il avait été capable de pleurer, les larmes auraient coulé le long de ses yeux, annonçant déjà se qu’il s’apprêtait à faire… Ses yeux gris se perdirent une dernière fois, une ultime et dernière fois dans ceux bicolores de la fille qui faisait battre son corps. Alors, d’un mouvement rendu presque raid par la douleur de ses sentiments, il mit un genou à terre devant Ashenie. Une position de soumission totale, une abdication du cœur de SaYoLe devant les dogmes de la bonté, sans doute la plus belle victoire pour la none. Sa main droite se leva doucement avant de se rabattre, point fermer sur son cœur qui de la simple fissure venait de se briser en deux.

Dame Ashenie, mon cœur reste ici prisonnier de ses sentiments… Je vous fais la promesse solennel que mes sentiments seront refoulé, que jamais plus ils ne vous importuneront et que vous n’aurez plus à souffrir des mes divagations.

SaYoLe fermait les yeux, pour ne plus voir ceux de la jeune femme, pour ne pas flancher. Sa décision était prise, il ne devait pas flancher.

En cet instant, vous voyez mourir l’amoureux pour laisser place au Garde du Corps.
En cet instant, vous retrouvez le bouclier qui vous défendait comme il l’a fait à son arrivé…

J'espère, en tant que votre Garde du Corps, qu'un jours, votre coeur sera capable de brisé les chaînes installé par la Bonté et que vous éprouverez les sentiments propre à l'amour, ses sentiments qui font battre un coeur pour quelqu'un. Vous le méritez plus que toute autre..

Doucement, il se releva et ses paupières s’ouvrirent sur des yeux d’une froideur plus proche de la détresse que de la colère. Délibérément, il évita le regarde de la jeune femme, et tourna les talons. A peine eut-il fait demi-tour qu’une fine et unique larme, tel un diamant isoler s’échappa de son œil gauche, coulant le long de la balafre qu’il avait gagné en protégeant Ashenie. Il la laissa s’écouler, comme si il espérait voire partir dans cette larme toutes la détresse qu’il subissait. La petite goute percuta presque sans un bruit le sol marbré de la chambre, la première larme depuis la disparition de ses parents. Les épaules de SaYoLe s’affaissèrent lorsqu’il se rendit bêtement comptent que la détresse ne l’avait pas quitté, et il laissa échapper d’une voix neutre mais basse :

Je vous souhaite une bonne nuit Dame Ashenie de Langehack…

Et sans attendre de réponse, il se mit en marche pour quitter la pièce qui avait vu naître son amour et vu disparaître ses espoirs.

Les voiles d’Ashenie tremblaient sous l’or de la nuit. Eperdue des délicatesses du ciel, son regard s’était égaré dans les méandres de la voie lactée. Ermite de la voie lactée, la petite damoiselle dessinait sur la toile de reflet pâle de l’aube, semblable à ses rêves chimériques illuminés qui la tourmentaient sans cesse. Les étoiles divines s’embrasaient de feux multicolores, entendant les douces prières de la damoiselle aux yeux pâles. Le miroir de la mort se reflétait dans le ciel étrange, à l’aurore boréale instable. Là, tout se reflétait à l’infini, sur les toiles de verre céleste, semblable au tissage de la vie, comprenant la mort dans toute sa grandeur.

Le corps de SaYoLe brisait le dôme de cristal, comprenant la prison de la damoiselle, et sa voûte argentée. Là, au point culminant de la douleur, la main de la jeune pucelle s’effaçait sur sa joue meurtrie. SaYoLe s’avançait, de laissant entre eux qu’un filament de nuit, dessinant les deux silhouette distinctes, et pourtant ne faisant presque qu’un, sur la voie lactée. Le regard bicolore d’Ashenie croisait celui de SaYoLe et en était frappée par l’émoi. Presque propulsé vers l’arrière, le regard de l’homme dégageait une telle force, et une telle attraction, que les larmes naissantes d’Ashenie se renflouaient, ne pouvant se contenir.

Aussitôt, l’homme tombait, à la surprise de la poupée de cristal, ne manquant pas de sursauter. Le mouvement raid claquait en un coup de fouet à l’esprit pur de la jeune fille, meurtrissant les effluves idéals de son cœur. Un instant la main de SaYoLe se levait, sous les yeux ébahis de la petite duchesse. Sa prison se fissurait, insupportant l’horrible douleur qui se déroulait sous ses yeux, et qui torturait son âme. Elle contemplait SaYoLe, les larmes naissantes, et libérait une aura de douceur. Loin de tout, le poids émotionnel était trop intense et pesait sur les épaules d’Ashenie : elle avait mal.

La main de SaYoLe se rabattait contre son cœur, tandis que les mains d’Ashenie cherchaient à l’arrêter dans les airs, sans un parvenir. Oh, elle s’était bien, malgré tout, faiblement agrippée, et le mouvement programmé de l’homme l’avait entrainé, laissant derrière elle un sillage de voiles rosés. Le choc sur son cœur se suivait de l’entrelacement des mains d’Ashenie, essayant de procurer un baume apaisant à celle de SaYoLe. Elle était tombée à genoux, les cuisses dévoilées, la brise soufflant légèrement dans la longue cascade blonde et pâle.

Elle écoutait la voix dure de SaYoLe, livrant un combat interne, en opposition obscure avec les discours qu’il avait tenu plus tôt. Son visage se penchait doucement, de gauche à droit, dévisageant l’homme d’une sainte tendresse, douceur compatissante du monde, dans les entrailles de la pureté salvatrice, ou les yeux ne sont plus qu’apaisement de l’âme humaine. Ses doigts doux cherchaient à rassurer SaYoLe et pressaient doucement sa main, contre les dogmes.

Les yeux de SaYoLe s’ouvraient de nouveau, cherchant à éviter les siens. Le regard d’Ashenie était horrifié de toute la douleur, perçant sa prison de cristal avec franchise, d’une épée illusoire et pourtant acérée, provoquant le saignement du cœur. Ashenie captait la souffrance, et cherchait à l’en apaiser à son propre détriment. La sainte vierge murmurait un mot, un seul, presque inaudible, semblable aux religieuses dont les prières portaient les fardeaux des hommes. Mais déjà, l’homme se séparait d’elle et leur main se brisait, comme s’il n’avait rien senti de cette étreinte.

Un souffle éperdu, un instant, et la jeune femme se retrouvait seule, face au miroir de la nuit. L’aigle lui donnait ses ailes, et les montagnes scintillaient de leurs poids, au loin. La lune berçait le cœur et l’âme de la vierge, en un berceau de volupté. Ses jambes s’élançaient, ses pieds sur le sol se confondaient en pointe de danse, et s’envolaient, radieuses et douces, au beau milieu des voiles. Des ailes la portaient, un vol de flamands-roses venus des nuages éperdus de la nuit. L’homme disparaissait à présent presque, la condamnant à sa solitude. La voix d’Ashenie s’élevait en un souffle, porteur du renouveau, abîme même de l’âme chantante et éreintée par l’émoi. Suivant le chant délicat du rossignol, il appelait.

« - SaYoLe...

La damoiselle voguait dans les aires, semblant portée même par les dieux, et, dans un saut délicat, souple et gracieux, s’envolait vers lui. L’homme avait délicatement tourné le visage, dévoilant sa balafre. Il s’était figé entre deux états, perdu dans les entrailles de boucliers, de l’amour, et du maintient, sans doute. Les voiles de la damoiselle voletaient, et elle semblait à un phœnix rose renaissant, tendant les bras, et mouvant son corps en une croix. Ses yeux bicolores étincelaient comme deux diamants à la lueur colorée de la lune, épris de larmes. Elle était une nymphe du paradis au parfum de l’extase, et ses cheveux même adhéraient aux courbes du vent. La déesse de la nature, Kiria, se conjuguait à Néera, la vie, afin d’enchanter un avatar de peau, et d’une délicatesse surprenante. Malgré la douleur, Ashenie rayonnait.

Son corps atterrissait enfin contre SaYoLe s’éprenant de ses courbes avec tact et volupté. Sa voix s’élevait de nouveau, rompant la distance entre eux. Elle cédait véritablement à cet idéal, ces rêveries d’harmonie qui insupportaient la douleur sous sa moindre forme, et œuvrait avec compassion envers et contre tout, se dressant même contre l’ordre. Au cœur du désespoir et de la terreur, Ashenie ressentait ses émotions avec emphase, semblant écrasée sous leurs poids. Sa voix s’élevait de nouveau, éprise de cette même douceur.

- Souverain n’est point en ces lieux, mais ses douceur sont les fruits du néant. SaYoLe… Ne souffrez pas davantage, ma souffrance est déjà suffisante en ces lieux, et les teinte déjà de ces abysses que j’aimerais tant refouler, sans en trouver la force qu’entre vos bras, dans vos étreintes indécentes. Mais une noble dame se doit de trouver réconfort à sa peine, n’est il pas ? Non SaYoLe, je ne vous laisserais pas en proie à mes chimère… laissez moi vous guider…

Sa main effleurait doucement son visage, sa balafre, sentant l’humidité qui avait infecté ses ports. Elle levait son visage vers lui, les yeux éperdus de cette douceur, et des larmes naissantes dans son regard brulant, croisant le sien avec un tel émoi… elle murmurait de nouveau… tentant de sécher la trace de la larme. Seule, dans son acropole, elle dégringolait…

Non… ! »

Il fit quelques pas, son esprit embrouillé, son cœur serré et sa respiration presque hésitante. Il sentait encore les mains d’Ashenie sur la sienne… Cette douce caresse pour le retenir… Il revoyait ses larmes, ses yeux… Il ressentait son corps contre le sien, il ressentait ce baiser volé… Ses pensées étaient troublées, il ne savait plus différencier le passer du présent, ses rêves de la réalité. Qu’avait-il fait ? Qu’est ce qui lui a pris ? Pourquoi ?! Pourquoi s’être embarqué dans toute cette histoire. Il ne pouvait faire souffrir Ashenie, mais il ne pouvait pas non plus accepter de revivre se qu’il avait subis par le passé…

D’un coup, son pas s’arrêta. Il mit une fraction de seconde à comprendre que c’était le résultat de l’appel d’Ashenie. Il ne s’en était même pas rendu compte ! C’était comme si son corps avait répondu de lui-même à cet appel de la jeune femme. Doucement, sa tête se tourna légèrement vers la provenance de ce son, exposant le coté balafré de son visage. Ce n’était nullement dans l’objectif de montrer à sa protéger le coté mutilé de son visage, mais, tirailler entre l’envie de se retrouver vers elle, et son désir de ne pas revenir sur sa décision, il était bloqué entre les deux. Ses yeux gris étaient encore le pâle reflet de sa détresse et restaient suspendu dans le vide, sans objectif, sans cible, juste là parce qu’ils devaient être là. Figé dans ce mouvement, il attendait la suite, savoir se qu’il devait faire…La lutte entre son cœur et son esprit était sans merci, l’un criant sa soif d’amour, sa soif d’espoir alors que l’autre résonnait sur comment se protéger de la tristesse. Au milieu de tout ça, SaYoLe lui pleurait déjà ce qu’il venait de faire…

Soudain son visage se tourna pleinement alors que le reste de son corps suivait le mouvement l’entement. Le Garde du Corps venait tout juste de capter l’approche d’Ashenie et se préparait de lui-même à la réceptionner. Pour ça, son cœur et son esprit s'accordaient, l’un y espérant le contacte de celle qui le faisait battre; l’autre y voyant un réflexe de son métier.
Ce qu’il vit le bloqua totalement. Il était loin de s’attendre à voire Ashenie se jeter sur lui… Il ne l’avait pas entendu d’approcher, ne l’attendait pas si près… Lorsqu’ils entrèrent en contact, SaYoLe était comme figé alors que le corps d’Ashenie s’harmonisait doucement avec le sien, alors que la voix douce de la jeune femme s’enroulait atour de son cœur, saisissant son âme jusqu’au plus profond de son être… C’était une déclaration ? Il ne savait pas, il ne savait plu… Mais elle venait de briser tous les dogmes, elle venait de casser les chaines qui la rendaient prisonnière, elle venait de se libérer… Pour lui ?!

Lorsqu’elle essuya la trace encore marqué du trajet de la larme, SaYoLe sortit de sa torpeur et doucement, avec une hésitation créée par l’affrontement entre l’envie et la peur, ses bras prirent vie. Ses mains se posèrent doucement sur les côtes d’Ashenie avant de glisser en de longues caresses douces, délicates et sensuelles le long de son corps pour s’arrêter avec lenteur sur les hanches de la jeune femme. Il pouvait presque sentir la peau douce et blanche de l’élue de son cœur sous les fins voiles qui les recouvraient. Après ces simples caresse il aurait été capable de dessiner de mémoire les moindres détailles de sa silhouette, des courbes gracieuses marqués à jamais dans sa mémoire. Les courbes de celle qu’il aimait…
Corps contre corps… Presque peau contre peau, le cœur du jeune Garde du Corps battait avec ferveur, montrant son bonheur le plus total après avoir subis un désespoir des plus ravageur. Doucement, sa main droite remonta le long du corps d’Ashenie dans une nouvelle douce caresse. Ses doigts cessèrent le contacte que pour le retrouver sous les yeux bicolores de la jeune femme. Il essuya les larmes naissantes, ne voulant plus qu’elles coulent une nouvelle fois. Ses doigts finirent d’effacer les traces de tristesse sous l’œil bleu avant de remonter le long de son bras et enserrer les doigts qui caressaient sa cicatrice. Avec une délicatesse qu’Ashenie ne lui connaissait pas encore, il fit prendre le chemin de son cœur à ces deux mains enlacées. Il posa celle de la future Duchesse contre son cœur, l’y appuyant à l’aide de la sienne. Une voix douce, calme et amoureuse s’échappa de ses lèvres. Une voix que personne n’avait jamais pu entendre.

Ashenie… Vous avez déjà trouvé le chemin de mon cœur… Guider-moi vers le votre que je puisse vous faire découvrir ce que l’on ressent lorsque l’amour en remplit les moindres recoins…

Sans attendre de réponse, il se pencha légèrement, resserrant son étreinte passionnel dans pour autant être brusque, comme s’il cherchait juste à s’assurer que ce n’était pas un rêve. Sans quitter le regard de la jeune femme, sa tête se rapprocha de la sienne… Leurs fronts entrèrent en contacte, leur lèvres s’effleurèrent doucement autant que leurs regards. Puis, après un dernier regard dénonçant ouvertement tout son amour, il ferma les yeux et l’embrassa de nouveau. Un baiser, qui si il était rendu promettait de transcrire tous ses sentiments. Le Garde du Corps mettrai tout son amour, toute sa passion dans se baiser afin de trouver le chemin du cœur qu’il voulait conquérir, espérant qu’Ashenie l’y emmènerai…

L’oiseau de feu tremblait faiblement, tandis que ses plumes délicates, d’un coloris rosé, virevoltaient autour d’elle en une tempête incandescente, acropole suave des îles du feu, au soleil salvateur. Là, dans l’infini, se dessinait les méandres de la mort, le visage noir du spectre malfaisant, au cœur glacial, semblable à l’or des nuits, l’argent scintillant d’une vie nocturne, et pourtant dénué d’un quelconque sens autre que la douleur. Envolée vers les cieux, l’âme du défunt gisait, dure, froide, pierre lancée dans les marécages de l’oubli.

Et l’indécence montait, semblait menacer les dogmes et la pureté, tandis que le cœur de SaYoLe battait la chamade, sonnant la paix et harmonie des troupes alliées du feu et de l’extase. La poupée de porcelaine gisait pourtant avec un naturel doux, et déconcertant. La douceur de sa peau était le baume au martyr de SaYoLe, et dessinait un tableau contraste suave, étonnement délectable. Son toucher fin était celui de l’ange même, descendu des yeux, arrachant la douleur du monde pour la porter sur ses épaules. Avatar de la vie, Ashenie supportait les douleurs et les souffrances qui l’incombaient, dressaient autour d’elle les lances acérées et les lames destructrices. Pourtant, la colombe pure était étanche, sauve et vertueuse…

La voix de SaYoLe contait l’interdit, la douleur aux yeux pâles d’Ashenie. Le glissement de la torture s’arrêtait en un brasier affreux, dévorant les pentes boisées, les plaines ardentes, les montagnes d’espoir de la nature paradisiaque, où la nymphe se recueillait. Les tourments assaillaient la vertu, l’éventraient dans le lit de l’agneau, encore bambin, jeune et insouciant, et déjà condamné. Menaçant la Bonté même, la rudesse de l’éducation claquait son fouet, et brisait le corps de la belle en deux, bien trop soumises à tous ces ouragans émotionnels.

Le visage de SaYoLe approchait celui d’Ashenie menaçant encore. Dans la proximité de l’intimité, le temps se figeait. Ami des méandres de la souffrance, il trônait, fier. Les dieux rappelaient leurs règles, Néera exigeait sa pureté, et une mer déferlait, divine, sur les plages du corps d’Ashenie. Tout se mêlait un d’immenses tableaux indélicats, insupportable. Les images faisaient frissonner Ashenie. Un frisson d’amour ? Jamais… La vie semblait s’acharner, distillant son venin sur la poupée opale de cristal, dont le cœur implosait. Éclatant, les souffrances du monde se recueillaient en un brasier rouge, un horizon funeste, dont l’aube semblait rechigner à poindre. Le visage de la bonté ouvrait la noirceur du tableau de son âme, en détresse. Les corbeaux ouvraient leurs cris, rappelant la dureté du fouet, purificateur né. L’implosion de la pureté rayonnait, forte et habile, dans les bras de SaYoLe. Le corps de la pucelle, si proche du sien, subissait le courroux des divins. Là, l’avatar, la poupée délicate, laissait échapper un cri étouffé, semblable à la coupure de sa respiration.

Ses doigts s’agrippaient, cherchaient une échappatoire, se retenant à SaYoLe. Ses yeux s’écarquillaient, son souffle se perdait. Les démons de la nuit surgissaient, parmi ses chimères folles, et déchiraient son corps avec fougue. Les martyrs revenaient à ses yeux, suivis de leurs dogmes imposants. Là, s’ouvrait la souffrance, en une éclosion douce de la rose noire et cruelle, perforant de ses épines les geôles du cœur. Le corps d’Ashenie se balançait, et tout raisonnait dans sa tête. Les voix des spectres se mêlaient en un tourbillon perditif et insupportable, tandis que la damoiselle soupirait intensément. Dans les échos de l’infinie, une voix distincte se levait, fière, chaude, et dure. « Je t’aime, ma chérie… ». Non, c’était bien impossible… Il … ne cesserait jamais d’exister? La voix de son père avait tu chaque parcelle de son âme. Tout était vide… et l’idéal rayonnait dans son esprit. Son visage s’approchait doucement de l’oreille de SaYoLe, et sa voix s’élevait enfin. Brisée par l’émotion, le murmure était frêle, délicat et mélodieux, pourtant d’une fragilité insoutenable.

« -Les chimères me tueront… »

Le corps d’Ashenie se déportait vers l’arrière. Tout juste retenu par un bras, elle sombrait, sous l’hégémonie de son père. Le spectre cueillait ses lèvres, embrassant son âme avec passion. Il l’avait aimé, plus fort encore que les courants marins des mers du nord, plus enserré que la ronce, d’un amour pur et délicat, jamais éperdu dans le cœur de la damoiselle. Le corps froid de la damoiselle dessinait un long pont, ou passait le fleuve du bras de SaYoLe. Extrêmement souple, elle était courbée de façon inquiétante, ses cheveux balayant le sol. Son fragile visage avait refermé ses paupières rosées, et ses lèvres closes. Un dernier frisson parcourait son corps… son cœur s’était arrêté, l’espace d’une seconde. La damoiselle gisait, sans plus être qu’un spectre. Tout le poids émotionnel l’avait faite succomber… et la poupée de cristal n’était plus qu’un livre clos. Ses bras qui avaient agrippé SaYoLe, étaient maintenant dressés à l’horizontal, formant une croix avec son corps. Elle ne bougeait plus, et sa respiration était faible. Dévastée par les émois, la pureté reprenait ses droits…

Son cœur s’illuminait de cette simple présence, de ce simple contacte. Il savourait tout, le contacte de son corps contre le siens, le souffle de la jeune femme, son parfum… Si il croyait en un Dieu, il aurait prié pour que jamais ce moment ne s’arrête, pour le remercier du bonheur qu’il avait mit sur son chemin. Tout ce qu’il avait vécu, tout ce qu’il avait subis. Tout disparaissait dans les couleurs des yeux d’Ashenie. Elle venait de faire de lui un amoureux épris de son âme…

Son cœur était passé d’un désespoir grandissant à un bonheur presque total. Il venait de sentir Ashenie frissonner dans ses bras. Un frisson qui manqua de tirer un sourire niais au jeune homme. Il était bien, heureux, calme. Il sentait son cœur ensoleiller la moindre partie de son corps. Il se sentait revivre…

Mais en quelques secondes son monde s’écroula…
Ses lèvres prêtes à cueillir celles d’Ashenie avec un délice déjà ressentit ne trouvèrent que le vide, ses lèvres goutèrent au parfum volatile qui entourait le cou de la jeune femme au lieu de goûter la douceur des lèvres qui leurs étaient promises. Ce manque, cette absence glaça le cœur du jeune homme surpris. Son cœur ne battait plus, figé dans un instant d’incompréhension. Lorsqu’il rouvrit les yeux, les mots de sa protégée se distillaient déjà dans son oreille comme un poison lent mais foudroyant. Les chimères la tueraient ? Quelles chimères ?! Celles de la bonté ? Celles de son père disparu ? La détresse de cette condamnation enserra son cœur plus surement que les chaines d’un dieu. Un long frisson glacial remonta le long de sa colonne vertébrale. Il n’eut pas le temps de réfléchir d’avantage alors que son bras retenait le corps de celle qu’il aimait basculant en arrière.

Lorsque le corps inanimé s'arrêta, une vive douleur éclata dans l’épaule fragilisé du Garde du Corps. Une douleur aigu qui, par son muscle s’étendait dans son corps avec violence. Etrangement SaYoLe accueillit cette douleur comme une douce salvation, une douleur bienvenue et attendu car elle remplaça le temps d’une seconde celle que son cœur rependait, pleurant la fin de ce moment et la fin de son espoir. Il venait de tout perdre… Ashenie l’avait fait passer de la détresse au bonheur, et elle venait de lui reprendre son bonheur avec une vitesse vertigineuse.
Rapidement, le Garde du Corps passa son bras libre derrière le dos de la jeune femme, glissant sa main parmi les longs cheveux blonds pour arriver sur l’arrière de la tête et ainsi relever le corps de la demoiselle vers lui. Avec une douceur et une délicatesse extrême malgré sa douleur, il l’accueillit contre lui, déposant sa tête contre son épaule et serrant son corps contre le sien. Un œil extérieur aurait pu y voire la peinture d’un amant pleurant la mort de sa promise et il n’aurait pas été loin de la vérité. Le cœur de SaYoLe pleurait tout se qu’il venait de perdre, il pleurait l’envole de toute cette passion et ce bonheur qu’il avait entraperçu derrière la porte que la future Duchesse avait ouverte quelques instant avant…

D’un geste lent, il tourna sa tête vers l’oreille d’Ashenie et murmura d’une voix presque pleurante :
Je vous protègerai de ces chimères… Avec toute la force dont mon cœur est capable…

Ses paroles étaient tristes parce qu’il ne savait pas comment tenir cette promesse. Comment combattre des chimères ? Comment combattre un passé ? Lui redécouvrait l’amour. Un amour qu’il s’interdisait depuis des années pour ne pas vivre la douleur qui saisissait alors son cœur.

Dans une grimace qui répondait à la douleur de son épaule il souleva Ashenie de terre, la portant doucement vers son lit. La encore la scène aurait pu donner lieux à de nombreux tableau tragique… Lui marchait, tel un fantôme, mettant un pied devant l’autre uniquement parce qu’il le fallait, uniquement parce que son corps connaissait ce mouvement réflex. Son esprit était ailleurs alors que son coeur se finissait inexorablement de se désintégré.

Un bruit suave de voile se fit entendre lorsqu’il déposa la jeune femme sur son lit. Avec une attention particulière, il l’installa de manière plus confortable, glissant un oreiller sous sa tête et remontant les tissus de ses draps. D’une caresse, il dégagea le visage de sa protégée en écartant la chevelure blonde. Sa main glissa doucement vers la poitrine de la jeune femme, s’arrêtant à mi chemin pour tirer doucement sur la chaine, remontant ainsi le pendentif qu’il venait de lui offrir. Pendant plusieurs secondes, il resta ainsi, interdit devant ce médaillon, se sentant coupable des derniers évènements. Ses paroles, son comportement venait de mettre la fille qu’il aimait dans une situation peut enviable. Ses épaules supportaient maintenant la culpabilité en plus de la détresse. La peur avait laissé place à la colère, la colère contre lui-même, la colère contre son cœur.

Aussi surement que son cœur disparaissait ses yeux se glaçaient, retrouvant la lueur meurtrière et froide qu’ils arboraient en arrivant à Langehack… Sa main déposa doucement le médaillon à la naissance de la poitrine d’Ashenie. Il représentait tout un symbole… Le passé de SaYoLe trônait sur le corps de la belle… Un passé… C’est tout se qu’il lui restait, son futur venait de lui être enlever sous ses yeux…

Après un dernier regarde, le jeune homme prit le chemin du balcon. Pour la 2e fois de la soirée son comportement avait mené Ashenie à cet évanouissement. Pour la 2e fois, il trahissait son devoir de protection… La colère montait, remplaçant l’amour. Son corps manqua même de trembler sous cette sensation. D’un mouvement vif, il décocha une droite violente sur le mur, donnant lieux à un bruit sourd. La douleur remonta le long de son bras, douleur une nouvelle fois bienfaitrice puisqu’elle chassait pendant une fraction de seconde la douleur qui régnait déjà dans son corps et son âme. La pierre avait bien tendu vaincu la peau de laquelle le sang commençait à perler. L’amant trahit lui ne s’ne souciait pas, il s’adossa à la barrière, cherchant dans les étoiles une solution, une idée, un besoin… Mais ce n’est pas des dieux dont il avait besoin, mais bel et bien d’Ashenie. Une situation que très peut lui envierait. Pendant un moment, il regretta même d’avoir accepter ce contrat, se demandant s’il aurait été plus heureux s’il n’avait jamais connue la petite poupée de Langehack…

Lorsqu’il se décida à rentré de nouveau dans la chambre, les blessures de sa main droite avaient cicatrisés, laissant place à des fleuves rouges les long de ses phalanges. Doucement, il retourna vers l’objet de ses fantasmes, poupée responsable de son espoir et de son désespoir. Prenant garde à ne pas troubler le sommeil dont elle avait besoin, il s’installa juste sur le rebord du lit, assit, dos aux jambes caché sous les draps… Ses yeux se posèrent sur ceux clos de la demoiselle et son esprit s’égara : Comment chasser les chimères qui entouraient Ashenie ?...
Une situation amusant pour peut que l’on est du recule. Le Garde du Corps, complètement détruit par se qu’il venait de se passé, ne laissant qu’un corps nue de tout espoir et remplit de détresse et de colère cherchait encore à protéger celle qui était responsable de son état…

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