[Taverne] Dans les bas quartiers [libre]

Linwë poussa la porte de la taverne. L’ombre que cette dernière procurait était des plus agréables comparé à la lumière éblouissante qui baignait les bas quartiers ce jour ci malgré le soleil qui se couchait ; mais la jeune femme devait avouer que la vue de toute cette populace brailleuse, crasseuse et sans retenue la remplissait de mépris. Elle s’arrêta un moment sur le seuil afin d’observer la salle, puis une expression arrogante sur son visage au teint laiteux, elle referma la porte derrière elle et d’un pas nonchalant, elle se fraya un chemin jusqu’au comptoir.

Ce qui était étrange chez Linwë c’était son apparence de noble totalement déplacée dans les bas quartiers, mais pourtant, c’était le seul endroit où elle pouvait se permettre de manger quelque chose, malgré son allure, elle était assez pauvre. Elle s’approcha du comptoir et sortit une petite bourse de sa poche, elle n’avait pas grand-chose, assez peut être pour un verre d’alcool, mais pour manger, cela serait une autre affaire.

Lorsqu’enfin elle fut assez près du comptoir, la gérante du restaurant, à l’allure quelque peu vulgaire se tourna vers elle, et reconnaissant Linwë, elle afficha ostensiblement un air blasé auquel la jeune demie-elfe répondit par un regard hautain. Souvent les humains ne l’appréciaient pas vraiment, sans doute à cause de ses origines elfiques.

« Qu’est c’que… » Commença la grosse femme.

« Hydromel et… » La jeune femme eu une moue dégoutée en voyant le contenu des assiettes des clients « …et quelques légumes si possible… »

Berthe grommela en lui jetant un regard lourd de reproche puis se détourna. Rares étaient les clients qui commandaient ce genre de mets dans ces tavernes, mais Linwë ne tenait pas tant que cela à manger du chat, du chien ou du rat… Une assiette et une un verre furent posés sans ménagement devant Linwë qui en haussant les sourcils les saisit et partit s’assoir dans un coin de l’auberge.
S’asseyant sur un banc en bois à moitié moisi près d’une troupe d’aventuriers particulièrement bruyants, la jeune femme jeta un regard contrarié à son verre crasseux qui ne semblait pas avoir été nettoyé depuis des lustres, et le porta à ses lèvres.

Voilà bien longtemps qu'Elren Carateriel avait quitté la Grande Prêtresse de Tari après l'avoir escortée jusqu'au Palais Royal d'Alëandir. Qu'était-il devenu depuis ? Il n'avait osé rester vers la Capitale de son Peuple. Cet endroit était bien trop noble pour lui, et n'oublions jamais qu'il n'est qu'un Cavalier. Plus notre jeune ami voyageait sur son Royaume natal et plus il attendait parler des autres Territoires. Si bien qu'il décida de partir en recherche d'informations, et de découverte. Cent trente années, déjà ? Il était encore un bel et bien jeune Elfe Sylvestre, peut-être trop ignorant. Après réflexion, il se dit évidemment qu'il n'irait jamais vers le Puy d'Elda. Pensez-vous, Elren au milieu des Drows ? Ce serait bien trop coquet. Ce qu'il savait, c'est que les Contrées Humaines abritaient de nombreuses races. Des mi-homme... mi-elfe ? Certainement très passionnant ! C'est ainsi que ces motivations le poussèrent à se rendre vers Ydril, point de passage réputé pour de nombreuses rencontres fortement intéressantes en Terres Humaines, ou non...

Ainsi, ne sachant pas se repérer dans une ville si inconnue pour lui, le Cavalier s'engouffra très rapidement dans les Bas Quartiers d'Ydril. Il y déposa pour une petite somme en écu sa monture Celendel dans une petite écurie, et se décida à pousser la porte de la Taverne.

Les regards se chevauchèrent, qu'est-ce qu'un Elfe Sylvain pouvait donc bien faire par ici ?

Bonjour...

Sourire poli, à la fois gêné. Il ne se sentait visiblement pas à l'aise. Il se contenta de se rappeler qu'il n'était pas désarmé et qu'il était capable de se défendre. Il ne savait en réalité pas où se placer. Soudain, son regard fut attiré par une jeune femme. Il ne le savait pas encore, mais c'était Linwë Sila. Il secoua un léger instant la tête, surpris lui-même de s'être un très court instant perdu sur les lignes de son visage, visage qu'il trouvait beau. Se frottant la nuque, il décida enfin de s'avancer vers une table non loin de l'inconnue. Enfin, il ne l'atteint pas. Un vil gredin, par amusement probablement lui fit un bien vilain croche pied. Des rires, des moqueries, que c'était désagréable. Etalé sur le ventre, l'Elfe Sylvestre rougissait de honte. Il venait de perdre ses repères, et ne regrettait d'être entré dans ce bâtiment malfamé.

Bah alors... Blondinet... Tu devrais aller voir une de ces grues... J't'assure que tu rougirais plus de honte...

Un homme grasseux et barbu venait de lancer une première moquerie à Elren. Il tenta bien que mal de se relever, par chance, sa chute n'avait occasionné aucune blessure.

... Très drôle...

Tandis que le liquide sucré de son deuxième verre coulait dans sa gorge, apportant au passage une chaleur agréable au creux de son estomac, la jeune femme porta un regard détendu sur la taverne qui après quelque gorgées d’hydromel ne lui semblait pas si désagréable que lors de sa première impression. Elle se surprit même à dodeliner du chef au rythme de la musique qu’une troupe de troubadour jouait a quelques mètre de la où elle était assise.

Puis au moment ou elle s’apprêtait à commander de nouveau à boire, la porte de la taverne s’ouvrit et une silhouette gracile et élancée apparut dans l’embrasure de la porte, c’était un jeune homme, un elfe.
Linwë braqua son regard sur le nouveau venu avec un mélange de curiosité et d’avidité. Etrangement à chaque fois qu’elle voyait un elfe, elle se sentait nerveuse, peut être parce qu’elle s’attendait à voir a travers les traits d’un inconnu, ceux de son père, mais cette race était aussi pour elle une sorte de symbole, celui de la jeunesse et des mystères de sa propre vie, des choses qu’elle ne saura peut-être jamais…

L’elfe aux cheveux blonds l’aperçut et s’avança dans la direction de la jeune femme qui lui adressa un petit sourire. Habituellement elle aurait été méfiante, mais elle pour elle, un elfe ne pouvais pas être mauvais ; toute son enfance, elle s’était sentie tellement différente de tout ces humains violents et vulgaires, et depuis toujours avait idéalisé la race elfe.

Alors qu’il était presque arrivé à la hauteur de Linwë, le jeune homme s’étala subitement de tout son long sur le parquet poussiéreux de la taverne, et il ne fallut pas longtemps à la jeune femme pour comprendre que c’était un des saoulard qui avait provoqué la chute de l’elfe. Les sourcils froncés la jeune demie-elfe s’était levée d’un bond et sans réfléchir s’était approchée de sa démarche fluide et rapide du groupe d’homme qui à présent lançaient des railleries à l’elfe et émettaient des rires gras à souhait.

Se faufilant parmi les gens attroupés, ignorant les railleries qui lui étaient cette fois adressées à elle-même, la jeune femme finit par apercevoir la tête blonde du garçon au milieu du groupe et lorsqu’elle fut à sa hauteur, elle saisit la main de l’inconnu et le hissa pour le remettre sur pied.

« Rien de cassé ? » s’inquiéta t-elle.

Le regard de linwë parcouru le visage angélique de l’elfe avant de se poser sur les gros lourdauds qui formaient un cercle autour d’eux, ses dagues à sa ceinture ne demandaient qu’à châtier ces imbéciles, mais cela n’en valait pas la peine, et dans un soupir résigné, elle se contenta de leur jeter un regard dédaigneux puis lanca :

« Vous avez bien rigolé ? merveilleux ! Maintenant laissez nous passer et aller vous divertir de façon plus intelligente… »

Sans attendre que l’on la laisse passer, tenant toujours la main de l’elfe dans la sienne, Linwë avança droit sur le groupe d’humains.

Les ricanements et les moqueries continuaient de fuser à l'égard de l'Elfe Sylvain. Quoi de plus humiliant que d'entendre autant d'insultes en un laps de temps si court ? Si bien qu'il n'eut le temps de réagir que sa main droite était saisit. Etait-ce encore l'un d'entre eux ? Allait-on lui tordre le poignet ? Non, il était parvenu à deviner juste à la sensation de la peau contre la sienne que ce n'était pas un danger. Une main fine, et douce. Puis, le chuchotement de la jeune femme.

Non... Par chance, je n'ai rien de cassé...

Réponse courte, qui ne demandait pas vraiment plus de détail en cet instant. A son tour, Elren parcourut du regard le visage de l'âme salvatrice. Désormais, le groupe d'ivrognes commençait à insulter Linwë Sila. Comme par réflexe de sûreté, Elren ne manqua pas de serrer plus amplement la douce main de la demi-elfe. Elle l'entraînait désormais plus loin, encore restait-il à passer ce gros balourd.

Hé la minette ! Tu crois te tirer où comme ça avec le bouffeur de laitues ?!

Froncement de sourcils, retenant un grognement, le Cavalier Léger accéléra la marche afin de prendre les devants. Sans prévenir, il saisit le manche de son épée courte et la tira sèchement de son fourreau. Le malotru ne manqua pas de se plier en deux lorsque son ventre rebondit fut percuté par l'extrémité de la garde de l'épée courte.

A la revoyure, pécore.

Évidemment, il était désormais temps de courir. Les complices du gros balourd n'allaient pas rester de marbre, et toute action était bonne pour déclencher une bonne bagarre. Elren accéléra le pas, allant
jusqu'à la course, trainant sans ménagement la mystérieuse inconnue derrière lui. Il poussa la porte de l'auberge qu'il claqua au nez des poursuivants avant de disparaître avec Linwë Sila dans une petite ruelle plus à l'Ouest. Ainsi, le pas de course se transforma en trottinement avant d'en arriver à l'immobilisation.

... Je suis sincèrement... désolé... Pour avoir probablement... gâché votre soirée...

Inquiet, Elren attendait désormais la réaction de Linwë, tout en reprenant son souffle.

Je vais répondre dans la rue ( desolée du retard )

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