L'or enrubanné

S’il n’avait pas senti son corps se tendre à chaque caresse que la Duchesse lui prodiguait, et s’il n’avait pas senti celui de cette dernière frémir de ses caresses, Varlar en aurait sans doute grogné de frustration. Ne céderait-elle donc jamais vraiment ? Diablesse, elle s’offrait autant qu’elle se laissait désirer, d’instinct. Elle donnait et prenait avec génie, ne se livrant jamais totalement. Ses mains dansaient sur son corps depuis un moment déjà, et elle parvenait toujours à lui échapper, d’une façon ou d’une autre. Le défi commençait à prendre des allures de marathon, et il avait de plus en plus de mal à ne pas céder sur l’instant. Par la Déesse, il se souviendrait longtemps de cette nuit que rien n’augurait. Il avait trouvé une égale, dans l’art de la séduction et du jeu des plaisirs. Une égale qui le surpassait peut-être, mais s’avouer intérieurement qu’une femme pouvait être à son niveau était déjà assez rare pour être exceptionnel. Sa dernière manœuvre avait été un succès, mais pendant bien que de temps. Elle avait très rapidement repris ses lentes supplications, hypocrites, prononcées uniquement dans le but de le pousser d’avantage dans les affres du désir. Eh bien, qu’elle s’en morde les doigts plus tard, il agirait en conséquence. Laissant ses doigts s’égarer entre les jambes ducales parfaites, il s’aventura dans l’intimité de la femme la plus puissante de Langehack, ne s’arrêtant pas cette fois aux frontières de ce trésor mais en prenant pleinement possession de sa main assurée.

« Je vous ferais ressentir la morsure du feu salvateur, ma Dame… » susurra-t-il doucement alors qu’il entamait un doux va-et-vient allié d’un doux massage réalisé par un pouce habile.

Sa main libre vint se saisir d’un des seins d’Esidenir, le massant doucement, alors qu’il la plaquait plus encore contre lui, laissant son dos épouser la forme de son torse et de son bassin. Il était désormais impossible pour elle de continuer ses petites caresses subversives, mais le désir était là désormais et ce n’était donc plus nécessaire. Respirant pleinement le parfum de ses cheveux, il se laissa enivrer par ce jeu auquel il se livrait. Il avait oublié jusqu’à la raison de sa présence ici, oublié qu’il devait absolument arracher un premier versement s’il voulait pouvoir traiter cette affaire au mieux… Une victoire pour Esidenir, mais le jeu avait changé de règles et les enjeux n’étaient plus les mêmes, désormais.

« Vous ne souhaitez plus être épargnée, n’est-ce pas ? Vous souhaitez recevoir pleinement ce que je peux vous offrir… Sinon vous seriez déjà partie… Vous et moi savons que je ne vous en aurais pas empêché, si vraiment c’était ce que vous aviez voulu. »

Et parlait dans ses cheveux, il parlait sur sa peau, il parlait aux limites de son oreille. Il parlait avec son souffle autant qu’avec sa langue et ses lèvres, faisant de ses mots les prémices du feu qu’il lui promettait. Ses caresses, toujours habiles, jamais inutiles, étaient loin de s’arrêter. Lui-même n’avait pas encore commencé à se défaire de ses vêtements, et il entendait bien le faire… mais pas avant qu’il sente la veuve se cambrer, qu’il entende ses gémissements sincères, qu’il soit assuré qu’en son corps s’écoulait la lave brûlante du plaisir. Il voulait la faire jouir sans qu’elle n’obtienne ce qu’elle voulait depuis le début de leur entrevue. Il voulait qu’elle ressente son plaisir et la déception de ne pas l’avoir senti en elle.

Il se ferait un plaisir, ensuite, de lui offrir d’autres jouissances… partagées, cette fois.