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 (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial)

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Noémie Amaranth
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MessageSujet: (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial)   (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial) I_icon_minitimeMar 16 Juin 2009 - 18:04

(Les posts qui vont suivre vont mettre en place la scène qui va se dérouler, du début de la fête jusqu'à la fin. Vous pourrez poster quand tout sera écrit, pour éviter les incohérences. Considérez le premier post comme une mise en bouche.)

Et ce fut...l’explosion !

Une explosion de joie, dans toute la cité de Diantra. Partout, des rires, des chants, des cris et des murmures, emplissaient l’air d’une douce ivresse telle que la ville n’en avait jamais connu. Les rues étaient teintées des couleurs des lumières chatoyantes des lampions, des guirlandes de tissus, des confétis flottaient dans les airs sous les pas des fêtards avant de retomber mollement sur le sol pavé des avenues.

Diantra était un véritable brasier, le foyer d’une gerbe d’étincelles vitales. Une flambée d’émotions, de joies intenses et d’alégresse, courait dans les entrailles des bas-quartiers, remontant telle une trainée de poudre vers les quartiers bourgeois. Toute la ville était sous le charme de la fête menée par le Clair-Obscur. Des artistes sortaient de toutes parts, qu’ils soient baladins expérimentés, simples jongleurs ou amateurs occasionels. Cette fête donnait lieu à l’expression même de la spontanéité. Tout à chacun pouvait devenir le clou du spectacle. Des musiciens, des bardes, des échassiers, tout était une mosaïque de couleurs et de beauté.

De la musique...des rires et des chamts...une île aux enfants ? De mon perchoir, je puis les voir, allant et venant, bariolés comme durant les carnavals, véritables petits diables en culottes courtes. Ils s’amusent les bougres ! Ils ont bien raison, ce soir est un grand soir. J’observe la voûte étoilée derrière mon masque d’ivoire. Des points brillants. Les spectacteurs célestes. Ce soir, contemplez mon art, ô astres de mes nuits. Votre dévoué serviteur vous honore par son plus beau sacrifice et vous offre la quintessence de son art.

Il est bientot l’heure de commencer. Commencer quoi ? Et bien, le spectacle pardi ! MON spectacle. Une symphonie comme jamais vous n’en avez vue jusqu’alors. Symphonie visuelle des feux que j’embrase dans le coeur des citadins. Ma symphonie réchauffe les âmes, fait naître l’émerveillement !

Je suis le solo de violoncelle et le choeur enflammé de Diantra.

Je suis le chef-d’orchestre.

Je suis votre hôte ce soir.

Je suis l’Artificier.

Ce soir sera mon chef-d’oeuvre, votre apogée, et votre décadence. Contemplez, jubilez et mourrez.

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Noémie Amaranth
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MessageSujet: Re: (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial)   (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial) I_icon_minitimeSam 20 Juin 2009 - 8:01

Coucou, c’est encore Callih !

Mon grand-frère il a discuté avec papi ce matin. Ils étaient très contents tous les deux. Grand-frère il m’a dit qu’on allait faire la fête. J’adore les fêtes, surtout le carnaval ! Y’a toujours plein de gens déguisés, même qu’y’en a qui font très peur ! Mais y’en a d’autres qui sont trop rigolos aussi !

Julian et ben il m’a dit qu’on allait faire la fête ! J’étais trop contente. Mais il a dit qu’il fallait qu’on le dise à tout le monde, sinon c’est pas drole. Même que c’est papi qui l’a dit. Mais j’ai jamais vu papi faire la fête. Il doit être rigolo déguisé. Et même que papi il nous a donné des sous pour qu’on s’achète des déguisements.

Grand-frère et moi on est allé voir les copains. Il a dit qu’on devait prévenir tout le monde qu’il y aurait la fête ce soir. Il a dit qu’il fallait le crier sous tous les toits. Mais les gens ils veulent pas qu’on aille dans leurs greniers donc j’ai pas trop compris. Mais Julian il m’a tout expliqué ! Parce que mon grand-frere et ben c’est le chef, il est trop fort. Il m’a dit qu’il suffisait de crier partout que c’était la fête en courrant.

Avec les copains “Chiens Sauvages” on a courru partout pour prévenir les gens. C’était rigolo. Y’a même un adulte qui nous a tendu une pièce pour nous dire merci. Il devait être content qu’il y ait la fête ce soir ! Moi aussi d’ailleurs ! Les copains et moi on s’est acheté des bonbons avec. C’était une grosse pièce: un souve...souvenir...souverue, je sais plus trop comment que ça s’appelle, mais on a eu le droit à plein de bonbons avec . Le vendeur il a fait les yeux ronds quand on lui a donné la pièce.

Il s’attendait pas à voir les “Chiens Sauvages” débarquer chez lui. Ahah ! C’est nous qu’on est les chefs ! Mon frère, c’est le chef des chefs en plus ! Alors on est connu !

J’ai trop hâte que ça soit la fête !

............
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Noémie Amaranth
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MessageSujet: Re: (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial)   (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial) I_icon_minitimeSam 20 Juin 2009 - 8:01

Mon nom est Carl Borgen. Je suis artisan tisserand à Diantra. Ca fait maintenant plusieurs mois que moi et mes gars on bosse pour cette fête. Alors j’vous dit pas la tronche qu’on a tiré quand on nous a dit que mÖsieur le nouvel Intendant nous a refusé ce pourquoi nous avons tant travaillé.

Tous des raclures ces Intendants. Les nobles, je leur crache au visage. Peuh ! Une bande de furoncles poudrés qui savent même pas quoi faire de leur argent. Alors quand on voit que des mécènes s’intéressent à nos activités et nous fournissent du travail, nous on est content.

Ma femme est morte durant la peste, je suis seul à m’occuper de ma fille et de mon petiot. Aucun Intendant n’a daigné nous apporter du soutien. Il a fallu que les gars m’aident. J’ai trop perdu dans grande peste. Tant d’amis à moi sont morts. C’est pas humain une vie pareille. Et l’autre tache de vieux sénile d’Intendant qui nous a distribué du pain rassi pendant que la maladie foutait en l’air la santé de ma femme. C’te crevard, heureusement qu’il est mort.

On s’en foutait de sa bouffe, on voulait des médecins, des prêtres, n’importe quoi pourvu qu’on nous sauve. L’boulot l’a pas été fait et c’te nouveau poudré qui l’remplace qu’a l’audace de s’dresser contre l’bon peuple en lui refusant son petit plaisir. Mais il veut finir pendu lui ou quoi ?

Les gars de l’atelier ils sont du même avis que moi. Eux aussi ont tout perdu. Il nous reste que notre travail, et notre famille déchirée. J’ai investi dans c’te fête, si je m’arrête maintenant, comment je nourris mes gamins moi ?

Tout à l’heure on a vu passer des gamins qui criaient que la fête aurait lieu. Les pauvres petiots. S’ils savaient. Ils m’ont fait penser à mes loupiots. C’est décidé, moi et les gars on est bien décidé à faire la fête, qu’importe ce que ça nous coûte. J’en ai parlé avec les autres ateliers, ils sont d’accord.

Ce soir c’est NOTRE soir. Le peuple se fiche éperduement des dires d’un nouveau. On veut juste oublier nos peines, pouvoir subvenir à nos besoins. Les autres ont tous été prévenus en un rien de temps. On va faire ça dans les règles de l’art. Personne ne pourra nous arrêter. Pas même la milice. Eux-aussi ils ont galéré. De la famille, ils en ont perdu, et j’compte même pas ceux qui sont décédés à Alonna. Ils nous comprennent. C’est juste leurs officiers qui posent des problèmes, mais eux, on va s’en charger. Oh que oui !

Cette nuit est à nous ! Cette nuit est au peuple de Diantra !
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MessageSujet: Re: (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial)   (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial) I_icon_minitimeSam 20 Juin 2009 - 17:36

Je suis Jeena, dame Jeena.

Je suis le troisième Arlequin.

Je suis la Sulfureuse.

Cette soirée m’appartient.

N’est-il pas grisant de voir le peuple se divertir ? De les voir sourire, crier, chanter, danser ? Magnifique. Au milieu de la place des Quatres Dauphins, mon regard couvre l’ensemble de la fête émergeant du quartier des plaisirs. Plaisant n’est-il pas? De voir tout ces gens, rassemblés pour l’occasion, émerveillés par nos musiques et nos chants. Des paillettes, des ribambelles de couleurs. C’est merveilleux.

Mais une autre tâche m’incombe. Mes filles doivent s’occuper de la milice. Même si notre cher Intendant n’a pas dit non, il n’a pas dit oui pour autant. Dame Noémie souhaite absolument écarter la milice de ses agissements. Après tout, nous devons laisser le peuple se divertir.
La première de mes tâches avait été des plus simple. Faire croire à nos chers mécènes que le nouvel Intendant se refusait à nous autoriser la fête. Il n’a pas été bien dur de convaincre les plus crédules, de sorte que, la nouvelle se répandit bien vite auprès des travailleurs, qui eux, n’attendaient que ce moment : la fête d’inauguration de l’amphithéâtre.

Tout était affaire de manipulation, nous avions juste...comment dire...accéléré le processus. Entrainer l’Intendant dans nos manigances est juste, un petit bonus que nous nous accordions. Nous n’avons rien contre lui après tout. Son pseudo-refus légitime la fête. Le peuple, si facile à manipuler...

Nous avons tout misé sur ce coup-là, nous risquons gros, autant que nous avons à gagner.

Ce soir, c’était tout ou rien.

J’avais sous mes ordres, une bonne trentaine de courtisanes pour l’occasion. Des simples catins aux plus raffinées des prostituées. Oh, ça ne payait pas de mine comme ça. Il nous suffisait juste d’être un peu plus malignes que les autres pour arriver à nos fins. Nous devions juste distraire la milice du quartier des plaisirs de Diantra. Rien de bien méchant, surtout que ces gueux aimaient courir les ribaudes. Le Clair-Obscur leur en offre pour l’occasion, une belle attention n’est-ce pas?

Tout est affaire de séduction et de distraction. La fête gagnait rapidement Diantra. Si nous arrivions à concentrer la milice ou du moins à la circonscrire, nous aurions le champ libre pour toutes nos opérations.

Mon regard se posa sur la foule. Tous s’amusaient. Il me fallait dès à présent garantir la sécurité de cette partie du quartier. Tout circonscrire. Empécher les gardes de venir troubler nos agissements. Discrètement, je donnais les ordres à deux de mes filles. Le signal avait été donné. La milice était dans les alentours, mais ne se mélait pas trop à la foule de ce quartier. Les gardes ne s’aventuraient jamais par plaisir dans ce quartier, trop dangereux pour le promeneur isolé. La place de la fontaine aux Quatres Dauphins était à peu près sûre. Rien qui puisse troubler le déroulement de la fête à cet endroit de la ville.

Ce soir le quartier des plaisirs de Diantra allait s’embraser. Et je serai bien sûr là pour le faire.

Partout dans les places de la capitale, des spectacles naissaient. Les grandes places étaient occupées par le peuple qui venait goûter à l’ivresse grisante des festivités. Les rues alentours étaient désertes. Le moment rêvé pour abattre notre carte maîtresse.

D’une pensée, je me demande si les autres Arlequins s’en sortent aussi bien que moi. Le quartier des plaisirs est mon territoire en cette belle nuit de pleine lune. Une explosion de couleurs se fit entendre. Un saltimbanque venait de faire apparaitre dans sa main tendue, une myriade de vapeurs et de rubans scintillants. Je souris. Plus loin, près des petites impasses tortueuses au beau milieu des maisons serrées, je pouvais distinguer l’une de mes filles, qui s’amusait avec une espèce de gros pourceau en armure. Un garde sûrement...

Je dardais du regard la lune éclatante, accoudée sur le marbre blanc de la fontaine des Quatres Dauphins. La lune était si belle. Et ce soir, elle allait se teinter du sang des innocents.
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Noémie Amaranth
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MessageSujet: Re: (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial)   (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial) I_icon_minitimeMer 15 Juil 2009 - 14:32

Les feux d’artifices furent lancés. L’Artificier relacha les centaines de Noireaudes qui s’éparpillèrent dans le ciel étoilé, fendant la voûte célèste de leurs étincelles chatoyantes avant l’explosion en une myriade de couleurs.

Tout était parfait. Un véritable bouquet artistique.

Cet Arlequin était décidément à la hauteur de ses compétences. C’était merveilleux. Un feu d’artifice pour la population de Diantra, rassemblée pour cette fête à nulle autre pareille.

Le moment était venu de passer à l’action.

La dame des ombres se leva. Depuis sa loge, sur le balcon de l’hôtel des arts, Noémie Amaranth, grande initiatrice du projet du Clair-Obscur, observait d’un air amusé la débauche des sentiments générée par le peuple. Il était temps de faire le discours d’inauguration.

Noémie enchanta sa gorge, il lui fallait couvrir de sa voix le tumulte des cris de réjouissances. Elle toussota, et commença son discours. Tout avait été calculé minutieusement, le timing devait être parfait. Cette nuit serait une explosion. En face d’elle, sa plus grande oeuvre : l’amphithéâtre de Diantra. Si elle avait pu avoir le moindre sentiment pour ça, elle en aurait versé des larmes de joie. Malheureusement, son coeur était froid comme la glace et aussi solide que la pierre.

Elle posa ses mains sur le balcon.


“Peuple de Diantra ! Cette nuit est votre. Cette fête est pour vous. Nous, le Clair-Obscur sommes vos hôtes pour ces festivités.”


Elle laissa le temps au peuple de digérer l’information.


“Je le disais donc, cette nuit, elle n’est ni à la noblesse, ni aux mendiants, ni aux bourgeois : cette nuit est votre ! Vous, peuple de toutes les classes, affamés, meurtris par la peste, orphelins par la guerre ! Vous êtes des hommes et des femmes qui pleurent chaque jour cette vie difficile, vous qui êtes ce que le genre humain fait de mieux. Vous avez trop longtemps été oubliés. Vous avez oublié la douce saveur des divertissements, oublié la joie, oublié l’art. Il est temps de vous redonnez ce que vous méritez de plein droit ! C’est pourquoi nous, le Clair-Obscur, nous vous offrons un présent.”


La foule se tut, plus un mot. Tout semblait figé.


“Je vous offre, le nouvel amphithéâtre de Diantra !!!!!!!”


Un tonnerre d’applaudissement se fit entendre. Des cris de joie, des rires, des pleurs. Une nouvelle salve de Noireaudes fut lancé par l’Artificier. En un éclair, tout devint magique. Des banderoles, des musiciens, des artistes, augmentèrent l’intensité de la fête, sous les yeux ébahis des gens rassemblés.

L’amphithéâtre de Diantra était baigné d’une douce lumière, générée par de nombreux magiciens présents sur le site. Noémie reprit.


“L’amphithéâtre. Tel sera votre cadeau. Un véritable temple du divertissement, des arts et de la culture humaine. Votre domaine, à vous, les artistes, les baladins, les musiciens, les comédiens. Ceci est votre nouvelle maison. C’est terminé pour vous, la mendicité, vivre au crochet des nobles et d’une aristocratie qui vous accable et qui vous suce votre imagination jusqu’à la moelle ! Vous avez le droit d’être libres, de vous exprimer, au nom des idéaux que vous véhiculer. Parce que vous représentez le peuple, vous êtes son âme, vous êtes sa voix, ses yeux et ses oreilles ! Cet amphithéâtre, c’est la clef de votre envolée vers des cieux plus cléments. Vestige rénové d’un passé révolu. Mais hélas, hélas, nos ennemis sont nombreux mes amis. Des gens hauts placés, qui ne veulent pas voir votre souffrance, votre peine et vos maux, des gens qui....”


Noémie n’eut pas le temps de terminer sa phrase, comme elle s’y attendait.

Il y eut un flottement pendant une éternité. Délicieuse odeur du parfum acre de la fatalité et de la mort planant dans les airs.






L’amphithéâtre de Diantra explosa.





Une explosion comme jamais vu auparavant. Rien à voir avec une petite explosion de laboratoire. Là, c’était du sérieux. En l’espace d’un instant, la place qui accueuillait l’amphithéâtre fut rayée de la carte. Les blocs de marbres volèrent dans tous les sens, écrasant les quidams hurlant de terreur. Des enfants, trop effrayés pour s’enfuir, furent désintégrés dans les explosions de flammes. Des femmes pleuraient puis étaient réduites en cendres ou écrasées. Ce fut un chaos indescriptible. Ca dura une éternité. Noémie fut projetée au sol par le souffle de l’explosion, dans le salon de la loge. Le balcon s’effondra complètement, tuant sur le coup une dizaine de personnes dans un concert de hurlement.

Après 5 minutes de chaos, la poussière retomba, laissant apparaitre le désastre qui s’était abattu sur la ville. La place était en ruine. De l’amphithéâtre, il ne restait plus rien...Les joies et les réjouissances avaient maintenant le goût atroce du charnier, de la chair carbonisée et du peuple en deuil.

Tout se déroulait selon le plan de Noémie.
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L'Illusionniste
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MessageSujet: Re: (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial)   (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial) I_icon_minitimeMer 16 Sep 2009 - 10:02

Les dieux avaient encore offert au monde une de ces admirables journées. Le soleil, astre impérial, inondait le sol de rayons lumineux. Il faisait bon, une douce brise apaisant la dureté des lances solaires. Il marchait, seul, ses pieds nus martelant les pavés d’un rythme régulier et serein.

Nombreuses rumeurs couraient. On racontait qu’un tueur rodait dans les bas quartiers de la ville… Son pseudonyme était aussi arrogant que sa présence indésirable. Les bruits couraient dans la populace, déformant, amplifiant, ajoutant encore et toujours barbarie et horreur à cet inconnu.

« L’Arracheur d’âme », voila donc le pseudonyme dont il s’était affublé, sobriquet poétique mais on ne peut plus convenu. L’Homme ne pouvait finalement être qu’une créature faible, prévisible, insignifiante, cachant ses actes derrière un voile de lyrisme ? Cet être justifiait judicieusement son qualificatif en arrachant le cœur de ces victimes… symbole même de la vie, de l’amour, de la haine, de l’âme… charmant.

Mais cette bête avait commis une erreur terrible… impardonnable… fatale…

Tommy était un des ces gamins de rues comme il y en a tant, un petit voleur à la tire, un petit voyou sans ambition. Mais Tommy appartenait à une bande, et pas n’importe laquelle : les « Chiens sauvages ». Et cette appartenance le plaçait sous la protection de quelqu’un à qui personne ne voulait se frotter…

Tommy avait été trouvé, à l’aube d’une journée commune, au détour d’une ruelle sale comme il en existe des dizaines dans la citée, seul, un trou pour seul cœur…

Inacceptable…

Qu’il est facile de trouver ce que l’on cherche lorsqu’on sait comment chercher… Cet être arrogant se livra presque de lui-même, enorgueillit par sa propre réputation, ses propres actes… Tuer un vieillard, avait-il lancé, sera la plus simple des besognes.

Trompé par ses propres illusions, perdu dans un matérialisme des plus primaires, il avait sombré, sitôt la rencontre faite, là où l’Illusionniste l’avait amené…

Pour l’ignorant il est facile de croire le Papi faible, mais l’expérience de l’immortalité avait laissée dans la chaire de celui-ci, les reflexes d’un bretteur admirable. Non qu’il fût dans sa jeunesse, un combattant émérite, une lame experte, un dieu de guerre, mais, à défaut de génie, l’expérience peut tout donner.

Il fut facile, évident même, d’entraver cet homme au sol. Comme quoi, il suffit d’une bonne force appliquée au bon endroit pour briser un genou. L’homme, dans sa chute, avait lâché son épée. Alors que l’Illusionniste avait nonchalamment arraché la lame rouillée de la poussière du sol, le tueur tentait dans une vaine course pour sa survit, de ramper, qu’importe où, tant qu’il était loin de cette furie à barbe de cendre. Le poids d’un pied sur son dos lui fit coller son corps à l’âpreté du monde. Poussière, tu redeviendras poussière.


« Crevard, soit maudit ! » avait-il lâché dans un souffle

Sans un mot, le vieil homme, l’elfe sans âge, brandit contre le visage du meurtrier sa propre épée. La pointe de la lame s’enfonça quelque peu dans la joue rondelette du criminel. Une fine entaille vermeille perlait, contrastant avec la pâleur de sa terreur. Ô Visage, magnifique miroir des émotions humaines. Tout son corps tremblait, comme si la Mort planait derrière l’ombre du vieillard, comme si il était la Mort elle-même, comme s’il était un dieu furieux et vengeur.

Pourtant sa bouche demeurait provocante, arrogante, et vulgaire.


« Tu te prend pour la justice hein ? Sale chien ! Toi aussi, tu pourriras dans les horreurs du domaine de Tyra ! Allez vas y tue moi, montre moi si t’en est capable crevard ! »

Il parlait trop… Et se fourvoyait complètement, mais le maitre des illusions n’avait pas la patience d’éduquer un homme qui allait mourir. Inutile…

D’un coup sec du poignet tout était finis, « L’arracheur d’âmes » n’existait plus. Le temps effacera jusqu’à ses actes. Et tout redeviendra poussière…

...

Un homme, les trait creusés par le poids des années, barbe grisonnante et yeux de pierres, marchait, seul, lentement, comme si le monde n’avait pas d’emprise sur lui, comme si le temps en avait peur. Et pensait…

Justicier ? Lui ? Quelle idée saugrenue. Prendre la vie de cet être ne relevait d’aucune idée de justice, si on admet la justice comme un équilibre entre le bien et le mal, une balance où on mesurerait les actes. Oui, car l’illusionniste placerait alors tous les siens à un point précis, ce point qui, quoi qu’il arrive, est toujours à l’équilibre, alors… alors le monde ne quitterait jamais cette harmonie. Il ne jugeait pas les actes de cet homme, il ne les comprenait tout simplement pas. Encore un de ces fous rongés de trop vivre.

Non, la raison pour laquelle il avait sali ses mains d’une autre vie était bien plus simple, et assez complexe à la fois. Tommy lui appartenait, c’est tout… On ne vole pas l’Illusionniste, d’aucun de ses biens…



Le soleil, à présent, noyait les rues d’une chaleur presque étouffante, ses rayons incandescents parant l’habit du vieillard d’une couleur poisseuse et fade. Ses pas l’avait conduit en un lieu précis, loin de toute activité humaine, de toute âme immaculée, là où le Mal n’est qu’un voisin un peu trop bruyant...

Là, devant l’une de ces ruelles communes et banales s’élevait une maison sans histoire ni fioritures architecturales, une maison commune et banale… le repère d’un vieil illuminé comme on en voit tant. L’interstice entre deux maisons laissait juste passer un homme de front et l’Illusionniste, ne prenant pas la peine de toquer à la porte d’entrée, s’engouffra dans ce simulacre d’allé entre herbes folles et courses de rats effrayés. L’arrière de la maison offrait le spectacle d’une petite cour, quatre enjambées de long pour trois de large. Une place sans arrogance poignardée en son centre par une trappe de bois peinte par les intempéries. Sans autre forme de procès, le vieillard ouvrit la trappe et pénétra dans les ténèbres. Après avoir descendu les quelques marches, éclairé par une unique torche tremblotante, il arriva dans une sorte d’antichambre entièrement vide. La pièce, circulaire, était interrompue par une unique porte en bois, massive et vieille.

L’illusionniste frappa trois coups au rempart de bois qui protégeait un être si singulier. Un bruit de chaise qui racle sur la pierre. Et la porte, dans un soubresaut presque timide, grinça sur ses gonds, laissant découvrir un jeune garçonnet roux, le visage éclaboussé par des taches de rousseur, qui dans une mimique timide salua le visiteur.


« Bonjour Anthony, puis je m’entretenir avec ton maitre ? Appelle-le s’il te plait… »

Ce n’était pas une réelle question, plus une sorte d’ordre implicite qui ne souffrait aucune attente. Et le petit le savait bien… Il s’empressa de prévenir son maitre qui dans un grognement qui se voulait être entendu :

« Que veut-il encore ? J’ai déjà livré la cargaison du mois, qu’il me laisse, le Grand Œuvre ne permet aucune distraction… »

Evidemment l’Illusionniste savait parfaitement qu’il n’en serait rien, et que, quoi qu’il advienne, il sera toujours reçu comme il se doit. Ce vieux grognon avait une dette envers lui, et « Papi » savait en user.

« Euh… Maitre… il semblait insister… et…euh…»

« Et bien qu’attend tu ?! Fait-le entrer !! Bougre d’incapable !»
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MessageSujet: Re: (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial)   (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial) I_icon_minitimeMer 16 Sep 2009 - 10:09

Partout où il posait le regard n’était que désordre. Les étagères se tordaient sous le poids de centaines de livres et autres grimoires poussiéreux. Aucun mur ne semblait être épargné par le fléau des bouquins et cette bibliothèque grignotait seconde après seconde l’espace de la pièce. L’atmosphère était lourde, il y régnait une forte odeur d’encens, l’air était obscurcit par la fumée. La lueur de dizaines de bougies parachevait le tableau d’une ambiance fumeuse et mystique. Sur le mur du fond, l’Illusionniste reconnu une peinture. Les flammes qui oscillaient sous elle la rendaient presque vivante. Kÿria la magnifique… Entourée d’arbres et de fougères émeraudes, des oiseaux voletant autour de sa tête et soulevant quelques mèches de sa cascade de cheveux dorés, elle semblait regarder son admirateur avec une pointe de bienveillance presque maternelle… Imposante de nudité, un visage fin et des lèvres charnues, la poitrine généreuse et la silhouette gracile, elle incarnait la perfection même… Dans sa main droite une flèche, qu’elle portait avec nonchalance, dans son dos un arc et un carquois, finement ouvragés, tenaient comme par enchantement. Il dégageait de ce tableau une forte impression de dignité et d’élégance, un fin travail d’artiste… Un chef d’œuvre !

Il demeura plusieurs secondes là, admirant les détails de ce tableau, les yeux presque embués par l’émotion… Puis son regard, redevenu sec, se posa sur l’alchimiste… Il était assis sur un tabouret inconfortable, le nez sur un parchemin crasseux, entouré par des fioles, des erlenmeyers, des éprouvettes et autres verreries fantasques… Il ne prêta même pas attention à son « invité »…


« J’ai déjà donné la cargaison du mois que me voulez-vous ? » lâcha-t-il comme un grognement.

« Voyons mon ami pas de manières entre nous. Je ne suis pas la pour la drogue… J’ai besoin d’un service… »

« Un service ? »

« Un service. »

L’étonnement se lisait sur les rides de la face de l’alchimiste. Les paroles du mendiant avaient provoqué sa curiosité. Sa démarche faisait son effet.

« Qu… Quel genre ? »

« Oh rien de bien méchant… il me faut un homme de confiance… un intermédiaire… »

Le vieux fou n’avait pas besoin d’en savoir plus… Après une minute de réflexion il répondit :

« Je dois avoir ça… »

Et il écrivit sur un bout de parchemin quelques lignes.



Notre bon « Papi » attendait comme à son habitude, sur une de ces places bondées de gens, dans un coin, la main tendu et le visage grave. Ce vieux fou lui avait dit d’attendre… D’attendre !

« Lorsque les cinq coups auront retentit, alors tu pourras ouvrir la lettre… »

Vieil illuminé, fanatique de fable et de mystère, dévot défroqué, alchimiste fumeux !

Il rageait, plus pour le plaisir simple de pester que réellement par rancœur… Après tout l’Illusionniste aimait les devinettes. Quand il pensait à ce vieux grigou, il ne pouvait que rester perplexe… Cet utopiste le fascinait. Vouloir rendre la nature parfaite, lui avait-il dit un jour, ne serait être que la meilleure des offrandes à la grâce de Kÿria. Le Grand Œuvre comme il aimait à l’appeler.

Non loin, la cathédrale de Notre Dame de Deina sonnait les cinq heures de l’après-midi… Cinq coups…


Il lut : « Lorsque l’or devient ocre, rends-toi là où les cinq se rejoignent et, à droite, l’Amour contemple la Mort… La Vanité pour seul guide, dirige-toi où la ville dort. Celui que tu cherche t’y attend.»

Il réfléchit quelques minutes, puis dans un amusement non feint se dirigea, le pas déterminé, à travers les rues de Diantra.

Le vieux devient gâteux ou les vapeurs toxiques lui rongent la tête, ses énigmes deviennent si facile…

Arrivait à la place des Cinq, une petite place où se rejoignait cinq rues, chacune symbolisée par cinq statue représentant toute une divinité…


« Là où les cinq se rejoignent »…

« À droite, l’Amour contemple la Mort »

L’Illusionniste admira un bref instant la statue d’Arcamenel, le dieu aux deux visages, haute stature mais rongée par le temps et la fiente des pigeons, puis il s’intéressa très vite à celle à droite, une plus petite statue, à genoux, la mine sombre… Tyra… Sur ses jambes reposait un crane qu’elle regardait avec attention…

« La Vanité pour seul guide »

Les orbites creuses de ce bout de pierre pointaient directement en direction du cimetière, hors de la ville. Trop facile.

Le soleil se couchait, plongeant l’atmosphère dans une lueur orange, chaleureuse mais annonciatrice de la nuit prochaine, comme si il rendait un dernier hommage de lumière avant de mourir, tragique poisson se débattant hors de l’eau… Et l’or devient ocre…

Une brise fraiche ébouriffait le manteau de feuilles mortes du cimetière. Partout s’élevaient, monolithes grisâtres, une multitude de pierres tombales. Qu’elles soient entretenues ou non, elles demeuraient là, fidèles et imperturbables, pour graver à jamais dans la mémoire de la terre le passage d’un autre mortel. Impassible, notre mendiant avançait à travers les allées aux pavés dispersés. Au fond l’attendait un immense mausolée. Sur le fronton on pouvait lire…


« Ici repose THARIN DE DENE fier défenseur de la citée, intendant digne et honnête, il sut faire de la capitale humaine la plus grande et la plus étincelante ville du monde ! »

« Là où la ville dort »

Adossé nonchalamment contre le mur de la bâtisse mortuaire, un homme, cheveux de blé et silhouette d’acrobate, le regardait derrière un masque de théâtre blanc. Ses vêtements et sa tenue révélaient clairement aux yeux de notre héros, que cet étranger exerçait la profession d’artiste… Un comédien ! Tout ce stratagème pour un vulgaire comédien…

La discussion fût brève. L’illusionniste ne retint du personnage qu’une arrogance exacerbée, comme à fleur de peau et une prétention des plus ridicules. Les ordres avaient été transmis et, contre une bourse bien remplie, seront suivit à la lettre.
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MessageSujet: Re: (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial)   (CLAIR-OBSCUR) La fête (Spécial) I_icon_minitimeMer 16 Sep 2009 - 10:11

La fête battait son plein.
Les rues éclaboussaient d’une lueur inhabituelle à cette heure si tardive, partout demeuraient flambeaux et lanternes de papier, tantôt pourpre, vermeil, saphir, émeraude ou neige… La rumeur des festivités remontaient comme une douce brise, s’engouffrant dans les couloirs les plus sordides, les plus éloignées, jusqu’à chatouiller les oreilles du mendiant.


Riez, dansez, buvez mes braves ! Riez, dansez, buvez !

Sur les petites places, on avait installé des tables en bois et des bancs, des troubadours jouaient quelques chansonnettes joyeuses et on dansait. Les tables croulaient sous le poids de la nourriture et des pichets de bières naines, achetées pour l’occasion. Partout dans les ruelles, des artistes, acrobates, jongleurs, peintres et musiciens offraient un spectacle des plus riches, des plus enivrants. Un homme, masqué de blanc, marchait sur des échasses et les carreaux multicolores de son habit semblaient hypnotiser les gamins, à moins que cela ne soit les friandises qu’il distribuait. Les gardes étaient assez présent pour éviter les débordements, honorable certes mais extrêmement gênant. Mais le vieillard avait tout prévu, c’était là qu’intervenait son intermédiaire. Il avait engagé des brigands sans ambition ni carrure pour mettre un peu de « désordre » dans la fête, ils devaient cependant rester discrets et naturels, et l’Illusionniste était un peu inquiet. Même des rats comme eux pouvaient bien organisés deux ou trois bagarres d’ivrognes. Un début d’incendie fut vite étouffé, et des filles de joies enivraient de charmes et de boissons les gêneurs. Les gardes avaient de quoi s’occuper.
On s’afférait autour de l’Arlequin, quelques hommes de mains allaient et venaient autour d’une charrette, entrant par une porte dissimulée, ils déchargeaient son étrange contenue dans les sombres sous-sols de l’amphithéâtre. Un rapide coup d’œil lui permet de voir que tout aller bien et, satisfait, il s’en alla à travers les allées. La tension palpitait à sa tempe, la jubilation et l’impatience se lisaient dans ses yeux d’onyx.

Bientôt…

Bientôt le Clair-obscur écrira son histoire dans le livre du Temps et criera son existence à la face du monde. Enfin, il sera venu le moment de retourner la situation, de surprendre le spectateur, cette soirée promet d’offrir un spectacle des plus fascinants, novateurs, un pur génie de style et de forme ! La vie est un théâtre où les acteurs veulent briller pour ne pas sombrer dans l’ombre des coulisses… Et le Clair-obscur brillera à jamais…

Riez, dansez, pleurer !

Le discours de dame Noémie lui parvint comme un murmure… Bientôt… bientôt ! Les secondes devenaient des heures, la populace ignorante se délectait des paroles de la duchesse des ombres, comme un nectar quasi-divin. Et il y eu un énorme bruit assourdissant le silence de la fête.
Diantra est à nous…

Riez, danser, pleurer...
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