Quand le passé ressurgit ... (PV Ellana)

Encore une. Une soirée de plus à sillonner les tavernes de Diantra à la recherche d'un peu de bon temps, d'alcool, de violence, de sexe... Damps n'était pas au top de sa forme, comme en témoignait sa faible démarche et sa mine fatiguée, et pourtant il continuait à se détruire peu à peu, comme si ça ne lui suffisait pas d'être devenu une vraie loque... Que voulait-il au fond ? Mourir ? A un si jeune âge, c'était ridicule... Et pourtant l'envie de mettre un terme à toutes ses souffrances, tous ses doutes, tous ses tourments et toutes ses erreurs du passé, le poussait à s'isoler et à ne penser qu'au pire... L'ancien Silencieux bras droit de Daneva était calé dans une chaisse pourrie au fond d'une taverne miteuse, fumant un vieux cigare et laissant planer un regard résigné, presque mort, sur les autres clients, eux aussi pour la plupart rejetés du système et des hautes sphères de Diantra... Quelle vie. C'est qu'en plus du temps qu'il passait ici, il restait constamment caché pour ne pas risquer de se faire attraper par la milice qui le recherchait depuis des années, pour divers crimes et méfaits commis sous l'égide de la Compagnie ...

-Heeeh, Martin, le type là-bas, c'est qui ? Il me dit quelque chose...
-Oh, un rôdeur qui passe son temps dans les tavernes. On dit qu'il vient du Nord...
-J'aurai plutôt dit un pirate.. Il a l'air louche. A mon avis, il a des choses à se reprocher.
-Vous voulez mon avis ?
-Ouais ?
-On t'écoute.
-TOURNEE GENERALE ! Wawhahaha...

L'ex-silencieux laissa un soupir lourd de sens passer ses lèvres quand pour la 15ème fois de la journée un groupe d'homme le dévisagea avec insistance, comme s'ils le connaissait, avant de finalement passer à autre chose ... L'alcool s'immiscait en lui comme la pluie dans les nappes... Il était si mal qu'il ne distinguait presque plus les visages, comme si le sommeil l'emportait, mais c'était l'alcool, une chose bien pire en comparaison... Bhof, il n'était plus à un verre près.

"Heh ! Sers moi quelque chose de fort, tu veux... " fit-il en interpellant le barman d'une voix rauque.

Celui-ci sembla hésiter, et finit par accepter mais en mettant en garde Damps sur son futur état s'il continuait à boire ainsi... Pourquoi les barman étaient-ils si chiants franchement ? On n'avait pas idée d'engager ce genre de personne. Le borgne alluma un nouveau cigare et tira une bouffée consistante, riant de la naïveté de ce commerçant qui n'avait pas idée de tout ce que l'homme qu'il servait avait endurer... Soudain son cigare lui échappa des doigts, alors que son regard s'était immobilisé... Il resta ainsi quelques minutes, les yeux fixés en direction de l'encadrement de la porte qui venait de s'ouvrir ...

" Ellana ? "

Comme bien souvent en automne, il pleuvait des cordes en la belle bien que simple ville qu'était Diantra. Les nuages s'amoncelaient nombreux dans le ciel foncé qui la surplombait. La plupart des habitants de ce lieu où demeuraient principalement des humains, préférant rester sec, restaient à l'intérieur, bien au chaud, à l'abri. Ceux qui se risquaient à l'extérieur ne le restait qu'un court instant, tentant de se protéger avec ce qu'ils avaient sur eux.
Parmi ce sombre décor : une jeune voleuse habituée à ce genre d'intempéries. Les vêtements complètement mouillés, elle ôta la capuche dissimulant son visage d'un geste. Celle-ci l'embêtait plus qu'elle ne lui était utile. Et elle n'était, comme d'habitude, guère d'humeur à supporter quelque chose de mouillé se collant à son visage. De plus, elle n'avait réellement besoin de couvrir son visage pour l'instant, vu le peu de monde présent dans les rues. En cas de problème, elle avait toujours sa dague sur elle et puis elle pourrait toujours compter sur sa rapidité, sans oublier l'entraînement physique qu'elle s'imposait : elle n'hésiterait pas à en faire usage.

Il n’était, au départ, point dans les plans de l’aventurière de retourner dans la ville qu’elle venait à peine de quitter. Mais n’ayant trouvé la licorne avec laquelle elle aimait voyager dans les plaines d’Atral, elle avait décidé de lui laisser un peu de temps avant de s’abandonner à une nouvelle excursion. Et puis, c’était toujours un plaisir pour elle que de séjourner quelques jours dans la ville autrefois dirigée par le roi Ultuant. Cela faisait d’ailleurs pas mal de temps qu’elle ne l’avait pas revu…Elle ne savait même pas ce qu’il devinait, ce qui s’avérait quelque peu attristant puisqu’elle lui avait trouvé l’air sympathique lorsqu’elle avait été octroyée d’une petite discussion avec lui.
Alors qu’Ellana n’allait pas tarder à se décider quant à une auberge dans laquelle elle pourrait se changer et se nourrir, la pluie se fit de moins en moins insistante pour finalement cesser.
La jeune femme passa ses fines mains dans ses cheveux dans le but de diminuer la quantité d’eau qui s’y était entassée. Finalement, après avoir slalomé encore un petit moment entre diverses rues, elle s’arrêta devant une auberge dont elle avait un vague souvenir. Si elle était restée le même, les services y étaient de bonne qualité et pour un prix raisonnable. Dans le cas contraire, elle aurait sûrement vite fait de le remarquer et n’aurait cas rebrousser chemin pour pénétrer dans une autre auberge qu’elle préférerait.

Ce fut son éternelle expression impassible peinte sur son fin visage féminin qu’elle entra dans le bâtiment. Sa discrétion se trouvait être indiscutable. Elle ne cherchait guère à attirer l’attention. Mais une porte qui s’ouvre reste, malgré tout, remarquable. Une fois à l’intérieur, Ellana passa une nouvelle fois ses mains dans ses longs cheveux noirs, puis elle releva la tête et balaya la salle du regard. Quelle ne fut pas sa surprise de remarquer la présence de Damps, bras-droit – en tout cas lorsque la guilde des Silencieux existait encore – de sa très chère amie Daneva, tout comme elle voleuse. Lui aussi l’observait. Mais il n’avait pas l’air dans un très bon état. Que lui était-il donc arrivé ? La voleuse ne l’avait connu ainsi. Elle ne le connaissait pas en tant que grand buveur…à moins qu’elle se trompât et que ce qu’il laissait paraître s’avérait faux, il ne se trouvait pas dans le moment le plus heureux de sa vie… ! Ce ne fut que lorsqu’il prononça son prénom qu’elle se dirigea d’un pas souple vers lui.

Sans même lui demander son accord, elle s’assit en face de lui, son manque de gêne ne l’ayant toujours pas quitté et risquant de l’accompagner tout le long de sa vie. Mais cela ne devait sûrement pas étonner Damps qui devait très certainement la savoir ainsi. Le sourire malicieux qu’elle aimait arborer se dessina sur ses lèvres. Cela malgré que l’odeur de l’alcool que dégageait le jeune homme la frappât de plein fouet. Elle n’en laissa pourtant rien paraître de l’extérieur, se promettant par contre de lui faire une remarque à ce sujet. Elle ne supportait guère cette boisson qui, en plus de dégager une mauvaise odeur, réduisait les gens qui en abusaient en incapables. Elle finit par déclarer de sa voix habituellement douce et grave :

« Bonsoir, Damps. »

Pour ne rien changer, elle ne se montra très bavarde et se contenta de ces deux petits mots.

L'arrivée de l'Elfe sembla laisser Damps sans voix. Il est vrai qu'il s'était attendu à revoir d'anciennes connaissances à Diantra, mais revoir Ellana, qui l'avait accompagner jusqu'à Nelen et avait prit part en quelque sorte à l'ascencion de la guilde des Silencieux, était pour le moins... étonnant. Iréel presque. Le rôdeur, déjà bien alcoolisé, laissa sortir une sorte de hoquet et une phrase brutale s'ensuivit alors qu'elle avait à peine franchit la porte :

" Qu'est-ce tu fous là ? HEIN ?"

Rebuté par ce qu'il pensait être au départ une hallucination, l'homme eut un geste de recul lorsqu'elle prit place en face de lui, faisant au passage tomber un verre qui se brisa au sol, répendant un liquide jaunâtre. Il semblait bien loin le Damps héroïque et totallement hérmétique... Il fit finalement signe au barman pour attirer son attention et avec sa discrétion habituelle -c'est à dire aucune-, n'attendit même pas que celui-ci vienne à sa rencontre pour y hurler purement et simplement une nouvelle commande, qui n'allait sans doute pas être prise au sérieux.

Mais qu'importe. Damps se sentait bien, libre et ne comptait pas s'arrêter de boire en si bon chemin ! Il tira une nouvelle bouffée de son cigare, balayant la salle d'un regard inexpressif et brumeux, alors que bon nombre de regards de clients présents se tournaient vers lui. Finalement, l'ancien Silencieux un peu trop voyant et bruyant ce soir tourna son regard vers Ellana comme si de rien était et reprit la parole brusquement alors que son poing frappait la table, visiblement trop saoul pour contrôler ses émotions virulentes...

" Allez tous au diable ! Va au diable, toi, c'est fini, les Silencieux, toute... toute cette merde ! Dégage d'ici ! "

(Désolé du groooos retard, et j'espère que mon post t'embêtera pas trop...)

[Je ne m’attendais plus à recevoir une réponse, à vrai dire ! XD Contente de m’être trompée. Et j’espère que le RP avancera un peu plus par après. Si jamais, Ellana n’est pas une elfe ! XD]

Ellana ne pouvait que s'étonner du comportement brutal et quelque peu incontrôlé de Damps. Elle ne l'avait point connu ainsi et l'homme qui se trouvait devant elle était on ne peut plus différent de l'ancien Silencieux qu'il était. Mais en réalité et contrairement à ce qui aurait pu être en temps normal, la surprise n'était même pas de la partie. Elle avait pu remarquer qu'il avait quelque peu abusé sur la quantité d'alcool ingurgitée et qu'il ne se maîtrisait plus du tout. Par contre, cela ne voulait pas dire qu'elle le comprendrait et se montrerait patiente. Bien au contraire, elle perdait vite patience avec les ivrognes. Et ça ne datait pas d’hier…Si Damps avait pu reprendre ses esprits, cela lui aurait épargné l’exaspération de la jeune voleuse qui ne buvait pour ainsi dire jamais. Elle abhorrait le goût de l’alcool.

L’aventurière n’avait pas réagi lorsqu’il s’était exprimé avec brutalité dès son entrée dans l’auberge. Mais elle savait que s’il continuait à s’adresser à elle sur le même ton qu’elle jugeait irrespectueux et désagréable, elle ne tarderait plus à se laisser aller à son envie de le remettre à sa place. Pour qui se prenait-il ? Que lui était-il arrivé pour qu’il tombe aussi bas ? Il est vrai que son piètre état et sa situation n’étaient guère le problème de l’humaine. Mais elle ne pouvait s’empêcher de se poser maintes questions. Où était passé le jeune homme de confiance et courageux anciennement, en tout cas, bras droit de Daneva ?

La nouvelle phrase que prononça Damps lorsqu’elle s’assit en face de lui fut jugée de trop par la jeune femme. Lentement, elle ramena ses longs cheveux noirs vers l’arrière. Et continua de fixer l’homme saoul de ses yeux bleus et se leva sans précipitation. Elle s’avança vers lui et, sans un mot, prit sa cigarette pour la lâcher sur le sol et l’écraser à l’aide de son pied droit. Puis, soudainement, profitant de l’état confus de son, si on osait l’appeler ainsi avec le peu de paroles qu’ils avaient échangés, interlocuteur, elle s’arma de sa grande souplesse et de sa rapidité pour esquisser un bref mouvement vers lui. Elle venait de le plaquer contre le mur de l’auberge. Sa main était juste posée contre son cou, son autre main tenait l’un de ses poignets. Elle déclara ensuite d’un ton sec et glacial :

« Si tu continues comme ça, c’est toi qui va dégager d’ici, et plus vite que tu ne le crois. Je me ferais un plaisir de me charger de te faire déguerpir de cette auberge. »

Et juste histoire qu’ils sortent du monde sombre et brumeux dans lequel il était enfoui, elle lâcha son poignet pour lui foutre une gifle bien méritée. Son regard était lourd de menace, il avait juste intérêt à se calmer. Et puis, dans le cas où il lui faudrait se battre, elle avait un atout : elle n’était pas ivre, lui l’était. Et cela changeait tout.

[Si quelque chose ne te convient pas, si tu pense que je ne te laisse pas assez interagir, que je me suis permi trop d'actions successives sans te laisser réagir ou autre, n'hésite pas à me le dire et je changerai ça. ]

Rongé par l'alcool, l'état de Damps était des plus déplorables, ce soir. Le vrai Damps semblait avoir disparut au fond de son verre de whiskey, laissant place à un homme qui avait oublié ses principes, sa dignité, coulés sous une pluie de sarcasmes et de rires déjantés. La faim avide de l'hébrieté lui brûlait la peau, tout son être ne voulait qu'une chose: boire... L'alcool l'avait-il rendu fou ? Probablement. Et agresser verbalement la jeune femme semblait le réjouir, comme si elle symbolisait un passé sur lequel il voulait cracher et déverser sa rage. Et pourtant il la connaissait si peu, et il avait été si gentil avec elle lors de leur première rencontre... Elle ne devait sûrement pas le reconnaitre. Lui non plus, d'ailleurs. S'il se voyait en l'état ...

Quand elle le plaqua au mur avec force, faisant presque vibrer les murs de la taverne, et lui faisant perdre son tricorne, il ne réalisa toujours pas ce qui était en train de se passer, il en éclata même de rire sur le coup, ne ressentant aucune douleur si ce n'est un léger picotement au dos. Les clients ne bougèrent pas, trop friands de ce genre de scène pour risquer de la voir s'arrêter en si bon chemin. Même le tenancier semblait s'en amuser. C'est qu'elle cachait un fort caractère la jeune dame... Tout pour attiser le désir d'un Damps complètement ivre, qui ne pouvait ignorer la bête avide des plaisirs de chair qui rugissait au fin fond de son être.

Mais la gifle, elle, lui remua l'esprit et fit tituber son orgueil... La rage montait plutôt vite chez cet ancien assassin et le fait de lui porter atteinte physiquement ne présageait jamais rien de bon.

" Espèce de petite... garce... "

C'était comme si l'alcool parlait à sa place, après autant de verres ingurgités il ne contrôlait plus rien du tout. La main de l'ex Silencieux se glissa maladroitement dans sa poche intérieure et... l'étoffe. L'étoffe seule, et seule l'étoffe répondait à la fouille de ses doigts. Sa dague avait disparut. Il avait du la laisser dans sa chambre. Il attrapa alors à son tour la jeune femme par le cou avec force, et murmura d'une voix saccadée, resserant un peu plus ses doigts froids autour de sa gorge à chaque mot..

" P... Pourquoi ? Pourquoi v... vous venez me hanter jusqu'ici ? S.. Sortez de ma tête ! Je regrette de vous avoir abandonner, je... je regrette. "

C'est alors que le tenancier en eut assez. Il se saisit d'une bouteille et l'éclata sur le crâne de Damps qui s'effondra par terre, inconscient. Il se tourna vers la jeune femme, l'air désolé.

" Désolé pour les éclats de verre, ma p'tite dame. Ca va, votre cou ? Vous connaissez ce type ? Il m'avait pas l'air très net... Ca fait des semaines qu'il traine par ici, qu'il boit, qu'il se lamente et qu'il nous parle d'une île, de pirates, de compagnies et plein d'autres trucs à dormir debout. J'hésitais à signaler sa présence aux gardes mais je pense qu'il est allé un peu loin avec vous, je vais les prévenir... Encore désolé, je vous sers quelque chose ? "

(J'espère que j'en fais pas trop...^_^)

Apparemment, la gifle qu'elle lui assena fut le geste à ne pas faire pour le jeune Damps. Et l'effet ne fut pas celui voulu. En effet, au lieu de reprendre peu à peu ses esprits et de se rendre compte de ses faits et gestes, il lâcha une vulgaire insulte qui ne fut guère pour plaire à la jeune femme. Au moins, il avait arrêté de rire et de réagir bêtement, ce qui n’avait fait que l’agacer. Elle ignora la phrase qu’il venait de prononcer pour éviter de se mettre davantage en colère encore et de l’achever à l’aide de sa dague qu’elle gardait toujours avec elle. Elle sentait le contact de son arme sur sa cuisse. Bien heureusement, l’envie de s’en emparer n’était pas encore trop forte. Elle pouvait encore résister à son appel.

De manière, selon le jugement d’Ellana, bien maladroite, l’ancien Silencieux enfouit sa main dans sa poche pour ressortir une simple étoffe qui ne lui permettrait point de se battre correctement. Cela surtout avec un adversaire armé…Décidément, il était tombé encore plus bas qu’elle ne l’avait cru en premier lieu, ce qui était bien dommage. Rien n’était perdu, mais tout de même ! La voleuse ne pouvait toujours pas s’empêcher de se demander pourquoi. Mais l’heure n’était pas aux questions et elle se rencontra plutôt sur l’ivrogne qui pouvait s’avérer dangereux car imprévisible. Comme pour prouver ses pensées, le jeune homme retourna son « attaque » contre elle et le prit, à son tour, par le cou. Ellana se garda bien de le lâcher : elle resserra même son étreinte. Si sa vie entrait en jeu, elle était toujours prête à réagir avant le coup fatal.

Les propos que prononça alors Damps n’étaient pas très sensés. Se croyait-il en plein rêve pour demander qu’elle sortît de sa tête ? La voleuse ne vit même pas le tenancier arriver et elle ne put que le regarder frapper violemment le jeune ivre. Il l’avait bien mérité, ce coup-là. Mais était-il indispensable qu’il fut si fort ?

Sans un seul regard pour l’aubergiste, elle se pencha au-dessus de l’ex-Silencieux et posa ensuite sa tête sur sa poitrine. Son cœur battait à un rythme régulier, il n’était qu’inconscient. Elle décida alors de lui laisser une dernière chance et déclara alors au vieil homme qui avait brisé la bouteille sans soulever sa remarque sur les gendarmes :

« Pourriez-vous m’aider à porter cet homme jusqu’à une chambre libre que vous avez, s’il vous plait ? »

« Et pour les gardes ? Voulez-vous que je les avertisse tout de suite ? »

« Oubliez les gendarmes. Je m’occupe de lui. Il devrait plus venir vous embêter par la suite. »

Il ne put alors qu’accepter sa requête. Ellana se plaça à l’avant et souleva délicatement Damps à l’aide de l’aubergiste. Les autres clients de l’auberge ne les regardaient déjà plus : il n’y avait plus assez d’action pour que la scène les interpellât encore. L’ancien Silencieux fut emmené dans une chambre et déposé sur l’unique lit de cette dernière.

Le tenancier crut bon de se confondre en excuses avant de s’en aller. Il pria Ellana de ne pas oublier que si elle avait besoin de quoi que ce soit, il se trouvait en bas. L’aventurière le remercia et se retrouva seule avec Damps. Enfin, il n'y avait presque plus de bruit. Le calme se faisait sentir, il n'y avait plus une quantité d'hommes qui parlaient à voix haute autour d'elle.
En même temps qu’elle posait une lingette froide sur le front, un sourire moqueur se dessina sur ses lèvres. S’il savait à quel point sa situation se trouvait être ridicule, peut-être arrêterait-il de boire par la suite. Il ne méritait pas qu’elle le soignât. Mais elle ne pouvait tout de même pas le laisser ainsi sans avoir satisfait sa curiosité. Peut-être recevrait-elle des informations importantes que seul Damps pouvait lui fournir rapidement.

Assise sur le lit à côté du corps inerte de l’homme anciennement courageux et loyal, Ellana replia ses jambes sur elle-même : elle n’avait plus qu’à attendre son réveil…

Un peu plus tard ...

Quand Damps ouvrit l'oeil, un violent mal de tête lui vrilla les tempes et un faible gémissement passa ses lèvres. La faible lueur de l’unique torche qui éclairait les lieux suffisait à accentuer la vigueur des tambours qu’il avait dans le crâne et notre rôdeur trouva plus sage de refermer les paupières. Aucun doute, il avait une migraine carabinée. Mais il avait aussi soif. Très soif. Damps se décida donc quand même à ouvrir son oeil gauche pour la seconde fois et tourner la tête vers la droite. Mais ce simple geste suffit à lui donner la nausée. Oulala ! S’il avait eu le souvenir d’avoir bu, il aurait pensé avoir la gueule de bois du siècle. Le problème c’était qu’il n’avait souvenir de rien. Du regard, il chercha quelque chose pour étancher le désert qu’il avait à la place de la gorge et vit un verre d’eau. Le jeune homme complètement dans le brouillard, tenta alors de bouger et tendre le bras vers l’oasis. Sans succès. Pire, sa tentative ne fit qu’éveiller la douleur de multiples crampes. Il avait l’impression qu’une chape de plombs avait été posée sur son corps endolori. Un vent de panique monta alors en lui et Damps s’agita nerveusement.

Mais qu’est ce qui s’était passé ? Où était-il et pourquoi n’avait-il aucun souvenir ? Et surtout, pourquoi avait-il la désagréable impression d’avoir été piétiné par un drow ? Il avait un tel martèlement dans la tête qu’il n’arrivait pas à réfléchir clairement. Mais c’était bien connu. Paniquer ne menait nulle part. Il fallait qu’il se calme pour pouvoir agir. Alors le jeune homme referma l'oeil et essaya de se concentrer sur sa respiration qu’il força à être lente et profonde. Il fallait prendre les choses point par point. Il était dans un lit, c’était le point de départ. Bon, il n’avait rien vu du décor et la nausée était trop forte pour qu’il retente l’expérience de bouger. Cependant, la vision du plafond en bois qu’il avait eu à son réveil indiquait qu'il se trouvait dans une auberge. Et puis il avait l’impression qu’il y avait une présence à ses côtés, mais il n'avait toujours pas la force de tourner la tête. Qu'est-ce qu'il fichait dans cette chambre ?

Quel était le dernier souvenir clair qu’il avait ? Il était entré dans une taverne, il avait commandé un verre de whiskey, et... plus rien ? Mais alors qu’un soupir maussade vint ponctuer sa réflexion, il entendit du bruit à côté de lui. La curiosité étant la plus forte, il se força tout de même à ouvrir une troisième fois son oeil valide pour voir d’où ça venait. Et dans la semi obscurité, il reconnut une silhouette familière qui lui tira une expression de totale surprise, pour la deuxième fois de la soirée.

" Que.. "

Argh ! Qu’il avait la voix rauque ! Certainement la soif qu’il n’avait toujours pas étanchée... Et puis il n’avait pu que murmurer. Rien que ça lui avait d’ailleurs tiré une grimace de douleur. Mais peu à peu, les souvenirs revenaient... Oui, tout lui revenait en mémoire. Ses joutes verbales, ses hallucinations, le geste impulsif de la jeune femme, et... Aie... Il était blessé à l'arrière du crâne. Pff... Il avait du trop boire, encore une fois.

" Qu'est-ce que... Que... "

Damps sentit le fil de sa pensée lui échapper et préféra mettre sa réflexion en pause, le temps que ce nouveau pic de douleur se calme. Il réalisa que Ellana s'était occupé de lui soigneusement, malgré son état des plus déplorables. C'était vraiment gentil de sa part, s'il n'y avait pas d'intérêt derrière bien sûr, car Damps n'était pas né de la dernière pluie. Il esquissa un faible sourire, reconnaissant.

" Je... Je suis désolé. Si tu veux m'en remettre une, je t'en prie, te gène pas. "

Il n’ajouta rien et trouva préférable de refermer les yeux. Mais trop tard pour ne pas subir la lumière ambiante qui ne fit qu’aggraver sa souffrance, dans un gémissement. Il y avait décidément trop de lumière dans cette pièce et dans un grognement, il laissa échapper un soupir bougon... Et puis soudain, une constatation lui vint à l'esprit. Il faisait nuit noire.

" Ellana, je suis sur le carreau depuis combien de temps ? "

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