Il faut souffrir pour devenir fort (PV Seren)

Après une soirée difficile, et une nuit agitée, de nouveau le soleil se lève sur Diantra. Je suis pourtant déjà debout depuis une bonne heure, travaillant mes muscles encore endoloris de la veille. Je révise aussi les positions que Seren m'a montrée, essayant de me remémorer tout ce que j'ai appris. Il ne suffit pas de le faire quand Seren est là, pour devenir un chevalier je dois m'y atteler sans arrêt.

Je n'arrête donc que lorsque, haletant, j'ai détruit un pichet et une bougie. Le stupide voisin du dessous n'est probablement pas encore rentré, encore dans les bras d'une fille de joie. Ce qui m'arrange. Le soleil répand desormais ses rayons froids sur la ville fatiguée.

Je vais chercher de l'eau, pour me laver malgré le froid glacial. Mes vêtements d'entrainement sont presques secs, et j'ai recousu les endroits abimés par la belle. Plus qu'à prendre du pain et un peu de millet et me voilà parti. Je ne laisse pas Iscariote, car de toute façon ils ont sûrement des écuries dans cette salle de duel.

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L'après midi vient de s'installer quand enfin je rejoins le lieu de rendez-vous. Un page prend en charge ma jument, ce qui me coûte tout de même un écu. J'entre ensuite dans le bâtiment, et lorsque je retire ma capuche protectrice l'homme qui nous avait accueillis la veille me repère:

"Messire de la Bruyère. Par ici s'il vous plait, Dame Lir Riss m'a demandé de vous faire patienter."

Je ne dis rien, et le suis. Il ne m'emmêne pas dans la même salle que la veille, mais dans un endroit bien plus petit et certainement fait pour les réels entraînements. Au moins nous n'y serons pas dérangés. Il s'absente quand je lui ai confirmé que je n'ai besoin de rien, me laissant le temps de me changer.

Seren arrive enfin, et bien que toujours vêtue pour les rigueurs hivernales reste toujours aussi charmante. Elle me demande, tout en se déshabillant, si j'ai bien dormi, ne me laissant toutefois pas le temps de tourner en rond. Je me mets immédiatement au travail, la douleur de la veille se réveillant de manière fugace, avant de disparaître sous la ferveur nouvelle.

"Oui merci. Et vous-même?"

J'évite de lui dire que j'ai aussi travaillé de mon côté. Si je m'y suis bien pris, elle le remarquera d'elle-même, et sinon c'est qu'il me faudra faire mieux demain matin.

" C'était votre entraineur hier soir? Il a pas l'air de rigoler."

Je vais plus doucement que la veille, déterminé à pouvoir continuer l'exercice le plus longtemps possible. Même si je ne deviendrai pas fort en un jour, au moins cela viendra plus vite.

Seren m'explique que c'est là un très grand guerrier, et probablement celui qui manie le mieux la rapière dans la grande cité. Je ne sais si elle exagère, mais si ce n'est pas le cas il doit vraiment être prodigieux. Et puis s'il est plus fort que Seren, c'est qu'il est loin d'être n'importe qui. Bien s'il sera probablement oublié, s'il est vrai qu'il n'est pas populaire.

La duelliste dégaine son arme, et semble un instant contemplative. Je la laisse à ses pensés, me concentrant sur mes bras. J'y suis peut-être allé un peu fort ce matin, mes muscles me tirant particulièrement cruellement.

"J'y pensais la nuit dernière, vous devez avoir pas mal de prétendants. A commencer par ce Sebastian."

Discuter me permet au moins d'oublier la douleur quelques instants, même si celle-ci est bien vite brûlante.

Le nouveau sujet qu'Elnath lança fit immédiatement sourire Seren. Le jeune homme qui continuait de s'entraîner en faisant des pompes.

"Vous avez raison. Des prétendants pervers, inintéressants et beaucoup trop fiers, masculins pour résumer."

La semi-elfe avait posé ses yeux sur le jeune homme lâchant la portée de son regard de sa lame brillante. La pointe de sa rapière se posa au milieu de l'échine du jeune homme au niveau de ses omoplates. Elle fit descendre le fer le long de son corps, faisant frissonner le cuir de l'homme.

"Vous devez avoir également des prétendantes si je ne m'abuse. Votre compagne la serveuse n'est-elle pas à votre goût ?"

Ses sourires n'avaient cesser de dessiner ce rictus qu'elle avait pour habitude d'utiliser quand la situation commençait à devenir intéressante.

EDIT ADMIN : Attention tous les deux , la taille de vos posts est limite ! Quelques lignes en plus ne feraient pas de mal , un petit effort :)

Seren me rétorque que des prétendants elle en a, mais ils constituent surtout une flopée d'idiots prêts à tout pour avoir la belle dans leur lit et s'en vanter. J'imagine sans mal qu'elles attirent les regards des mâles, et des attentions bourrées d'arrières pensées des plus explicites.

Alors que je continue mon exercice, je sens la présence de la femme se rapprocher. Je sens ensuite le fer de sa lame se poser entre mes épaules, avant de descendre lentement le long de mes vertèbres. Cela m'arrache un léger frisson, tandis que je sens le sang de prédateur qui coule dans les veines de Seren. Ce n'est vraiment pas le genre de femmes dont j'ai l'habitude. Aussi féline qu'humaine.

Elle continue, me demandant si les prétendantes se font légion, et me demande ensuite si la serveuse me plait.

"Iselle? Non pas vraiment. Elle est gentille, mais c'est plus une grande soeur. Et puis je pense pas qu'elle soit du genre à s'amouracher comme ça. Elle n'a pas vraiment confiance dans les hommes, et je peux la comprendre. Et si elle est jolie, être serveuse ne lui vaut pas beaucoup de propositions sérieuses. C'est pas un métier facile, enfin elle ne s'en plaint pas vraiment. Elle est courageuse."

Je reprends mon souffle, continuant de me muscler alors que la lame froide est toujours posée sur moi.

"Et puis des conquêtes, oui, mais bon, rien de passionant. Faut dire que je passe plus de temps avec Asqualon qu'à roucouler. Enfin j'ai rien contre passer du temps avec une fille, mais elles ont tendance à vite se lasser de me voir passer ma vie à essayer de devenir chevalier. Je suis pas trop le type de mari idéal, alors à part les aventures d'un soir. Mais bon, on peut pas tout avoir. Et je me plains pas pour autant, au fond c'est moi qui ai choisi."

Mes bras commencent vraiment à peiner, et il arrive un moment où je n'arrive plus à me relever par la seule force de mes muscles. Les douleurs qui restaient du matin ont par contre disparu, laissant place à de nouvelles. Travailler tous les jours, c'est vraiment ce que je dois faire.

Seren me demande ensuite si ces femmes m'ont fait me sentir moins seul, à défaut de créer de l'amour. Je lui réponds, tout en me redressant lorsqu'elle ôte la lame.

"Je n'y ai jamais vraiment pensé en fait. Mais on peut dire ça oui, que ça fait de la compagnie."

Je ne suis pas vraiment habitué à parler de ces choses là, et encore moins à une femme. D'ailleurs je n'aime pas vraiment me poser la question, c'est le genre de choses qui vous rendent triste. Est-ce que j'ai déjà cherché l'amour? Peut-être oui, mais on ne peut pas dire que j'ai été vraiment très actif en la question. J'attendais surtout de devenir Chevalier, mais maintenant que mes rêves ne se réaliseront peut-être plus.

Seren me donne l'exercice suivant, dans le même ordre que la veille. Je me frotte un peu les bras endoloris, avant de m'éxecuter.

"Enfin, pour répondre je ne sais pas vraiment ce que je recherche. Non ces histoires d'un soir n'ont rien donné, si ce n'est de bons moments. Mais c'est déjà pas si mal, des bons moments je veux dire. C'est tout ce qu'est la vie, une suite de moment liés aux autres. Enfin je n'ai pas envie de dire que c'est rien, et que ça ne vaut pas grand chose. Ca ne mène pas loin ce genre d'aventures, mais ça reste important. Enfin je trouve.

Alors qu'une nouvelle fois mes genoux craquent, Seren me demande si je suis libre ce soir. Mon cœur saute dans ma poitrine, et que j'écoute la suite. Elle me propose de dîner ensemble, pour pouvoir m'apprendre à manier avec dextérité ce que les gens de bonne compagnie nomment: couverts.

"Je... D'accord."

Et tant pis pour la paye du soir, le patron va m'en vouloir et les filles vont me faire la tête. Surtout qu'il y'a pas mal de monde en ce moment. Mais une telle invitation ne se refuse pas. Et heureusement que je fais de l'exercice en même temps, cela permet de justifier le rouge à mes joues. Non El, ce n'est pas un rendez-vous, c'est juste pour t'apprendre à manger. Ne te fais pas d'idées, ça t'a jamais mené loin de te faire des contes.

Seren s'étire ensuite, aussi souple qu'un félin. Elle me fait alors une autre proposition, bien moins intéressante. Me faire entrainer par celui qui lui enseigne. Je revois l'image de cet homme, à l'air dangereux et triste.

"Je ne sais pas. J'avoue que je suis très bien avec vous, enfin j'ai beaucoup à progresser avant j'imagine. Et, enfin j'ai pas envie d'avoir quelqu'un d'autre pour m'apprendre, même s'il est très fort."

Je finis de faire des flexions, et sans attendre que Seren ne me le demande je l'imite, tentant de faire des souplesses. Ce qui est beaucoup plus difficile qu'il n'en est l'air...

Seren m'explique qu'il faut y aller doucement avec ce genre d'étirements, et ne surtout pas commencer par ça. En bref ne pas faire comme elle. Cela dit elle est tellement souple que cela ne semble pas lui poser de problème.

Après que je me sois redressé, je sens ses mains dans le bas de mon dos, me poussant en avant. Je suis son mouvement, tirant sur mes jambes, mon dos, mes bras. La douleur monte vite, mais je résiste à celle-ci du mieux que je peux. La pression baisse un peu, et je me redresse. J'ai encore beaucoup de travail à faire de ce point de vue aussi. Il faut dire que je n'avais jamais penser essayer ce genre de choses avant.

Je recommence donc, toujours aidé par Seren. J'ai un peu l'impression d'être un bloc de pierre, ou au mieux un arbre qui craque dès qu'on le bouge, mais je fais bonne figure. L'exercice reste pour moi bien plus difficile que les autres. Les débuts ne sont jamais aisés.

"Vous savez où nous pouvons aller ce soir?"

Penser à autre chose est une excellente solution pour oublier un instant les tiraillements qui meurtrissent mon corps.

Seren m'explique que le repas sera chez elle. Mais avant que l'idée n'ait le temps de m'enchanter, elle me fait part de la présence probable d'un autre invité. Je ne lui dit pas que je n'ai pas envie d'avoir des cours de table devant témoin, et me contente d'un:

"Non bien entendu."

Nous ne discutons pas longtemps, l'exercice reprenant aussitôt. Seren me demande de faire à l'identique les mouvements qu'elle réalise. Elle se met donc à faire des pas autout de la salle, moi devant elle. Elle part d'abord assez lentement, augmentant rapidement la cadence. Si bien que mon coeur se met bientôt à tambourriner alors que j'essaye de suivre son rythme.

On ne dirait pas en la voyant comme ça, mais elle a de la réserve. Je ne perds cependant pas pieds, et pour la première fois depuis longtemps remercie mon enfance dans une ferme. Je doute en effet que les petits gars de la ville survivent à cela.