[Guerre Civile] Assaut Nord, Est, Ouest et Sud.

Eskevar se réveilla un peu avant l’aube et se mit à écouter les faibles bruits qui transperçaient à travers la toile de laine de sa tente. Lentement, il se dégagea des fourrures qui lui faisaient office de couvertures, s’agenouilla devant les idoles de laiton poli située au chevet du lit et s’inclina devant elle, remerciant les anciens et nouveaux dieux d’avoir protégé son âme pendant qu’il dormait. Un grattement se fit entendre contre la lourde toile qui recouvrait l’entrée de la pièce et Josselin, l'un des nouveaux écuyers qu'Eskevar avait prit pour se concilier la noblesse hautvaloise, entra en mettant un genoux à terre. Le jeune garçon portait une tunique en laine et de belles bottes en cuir, lui remontant presque jusqu’aux genoux. Une courte cape en laine reposait sur ses épaules pour se protéger du vent.

— Monseigneur, murmura l'écuyer. Messires Hugues et Buchan, vos capitaines, vous attendent dehors. Quels sont vos ordres ?

Eskevar leva ses bras musclés au-dessus de la tête et les étira jusqu’à ce que ses mains effleurent le plafond de la tente. À l’instar de nombre de montagnards jhiskans, c’était un géant de près d'un mètre quatre-vingt-huit.

— Apporte-moi mon armure, ordonna-t-il, puis fais venir les capitaines.

L’écuyer s'inclina une fois de plus et se retira. Quelques instants plus tard, une demi-douzaine de pages et d'écuyers entraient dans la tente, encombrés de coffres en bois et d’un tabouret en cèdre à l’attention de leur seigneur. Les écuyers travaillaient vite et en silence, préparant leur maître pour la guerre, dans un silence quasi-religieux. De l’encens fut à nouveau jeté sur les braises et l’on tendit une coupe dorée remplie de vin de Hautval à Eskevar. Pendant qu’il buvait, des mains prestes lui nettoyèrent la peau avant de tresser une courte mèche dans sa blonde chevelure. Une pratique ancestrale d'Helderion, où n'était autorisés à porter une tresse que les hommes ayant acquit le statut de guerrier. Dès lors, une mèche n'était tressée que si l'un d'eux avait accompli un haut fait, par exemple vaincre en combat singulier. On le revêtit d'une tunique de tartan et deux pages entrèrent dans le pavillon les bras chargés de plateaux de fruits, de fromage et de pain au miel pour que leur maître puisse se rassasier. Deux nobles, l'un hautvalois et l'autre héldirois, tout deux équipés d’une armure, leur emboîtaient le pas et plièrent un genou devant le jeune chevalier.

— Relevez-vous. Quelles sont les nouvelles de l’ennemi ? demanda-t-il en s’asseyant sur un tabouret de campagne, pendant que les capitaines se redressaient et se campaient sur les hanches.

— Aucunes pour le moment, Monseigneur, les pages et les valets ont parsemés chaque côté de la colline de chausses-trappes, répondit Buchan.

Le capitaine héldirois était connu sous le nom de Tranche-montagne et c’était un géant même parmi les siens. Alors même qu’il était accroupi, sa tête arrivait au niveau de celle de son seigneur, pourtant assis, si bien qu’il devait légèrement se pencher par déférence pour son suzerain. Son visage à la mâchoire carrée était rasé de près, tout comme son crâne à la peau burinée.

— Et les pieux ? demanda Eskevar en se renfrognant.

— Nous avons plantés ceux transportés dans les chariots par centaines, expliqua Buchan. Sur quatre rangées, au centre et sur chaque flanc.

Le chevalier hocha la tête.

— Que nous signalent nos éclaireurs pour les renforts du duc ?

Buchan se tourna alors vers son compagnon. Hugues de Prestre, le seigneur de Chastel Blanc, était l’un des hommes les plus riches de Hautval. Ses cheveux noirs et bouclés avaient été huilés et lui tombaient en cascades sur les épaules tombantes. Son armure était quant à elle ornée de losanges dorés. Le capitaine s’éclaircit la voix avant de prendre la parole.

— Aucun n’est venu pour l’instant, lança-t-il en inclinant la tête.Mais il ne fait aucun doute qu’ils vont apparaître d’une minute à l’autre.

Eskevar écarta la nouvelle d’un geste nerveux.




Des régiments d'infanterie recouvraient la plaine de Diantra, qui s'étendait en pente douce devant eux. La centre de l’Oste héldirois, près de huit mille hommes, était ordonnés en bloc de soixante hommes de large et quarante de côté organisées en barrage de pique tout le long de la colline. Eskevar avait disposé ses troupes sur trois lignes successives, chaque ligne pouvant en soutenir une autre. Deux milles piquiers eraciens formaient la première ligne de front et un millier d'hallebardiers de la même région étaient disséminés au milieu des piques. Venait ensuite cinq cent chevaliers du même duché, à pied et chargé de soutenir les rangs de piquiers s'ils se trouvaient enfoncés. La seconde ligne était composée de deux mille piquiers christabellois et de mille piques eraciennes, soit à nouveau trois mille hommes et enfin la troisième ligne, celle des deux mille piquiers hautvalois, en soutient.

L'aile gauche heldiroise, à la droite de l'ennemi, était tenue par un millier d'hallebardiers erraciens solidement retranchés derrières des pieux effilés et soutenus par cinq cent archers montés. Quand viendrait le moment de les lâcher, ils harcèleraient les flancs de l'ennemi pour tenter de détourner les rebelles de l'attaque principale. L'aile droite était tenue par moins d'un millier de vougiers hautvalois et héldirois, retranchés à leur tour derrières de solides pieux pointus et soutenus par une compagnie d'arbalétriers heldirois munis de pavois, ainsi que par un fort contingent de cavalerie, dissimulée derrière la colline et forte d'un millier de chevaliers hautvalois et héldirois accompagnés de leurs écuyers et de leurs suites, derrière eux patientaient quatre centaines de franc-coureur, lanciers et sergents montés.

Derrière le centre se tenait sur chaque flanc des archers, prêt à soutenir l'infanterie si celle-ci venait à être enfoncée. Divisés en deux batailles de chacune deux mille cinq cent hommes, leurs grands arcs de bois bandés alors que l’ennemi n’allait pas tarder à être à portée. Le meurtrier feux croisé faucherait l'ennemi par centaine avant même qu'il n'atteigne le bas de la colline.

Les compagnies de réserve, près de deux cent cinquante hommes en tout, attendaient derrière, aux côtés du seigneur Eskevar et de sa garde personnelle, ainsi que de l'état-major et des gardes personnelles de chacun des personnages de haut-rang présent, des chevaliers du faux sénéchal de Sephren et des paladins de la Haute-prêtresse Hithiel et enfin, tout derrière patientaient les bagages, sous la garde des pages et des valets d'armes.

Le chevalier se tourna vers l'homme censé jouer le Sénéchal, son visage lui était familier, mais il avait beau chercher il ne parvenait pas à mettre un nom dessus. Il s'adressa d'abord aux deux officiers qui lui avaient étés présentés.

_ Nous y voilà... Messieurs, à vous le flanc gauche, s'il vous agrée ? Il nous faudra aussi un volontaire pour jouer le rôle de porte-enseigne du Sénéchal, je compte bien qu'ils nous envoient un héraut afin de discuter des termes du combat avant le début des hostilités, nous y répondrons comme il se doit. Peut-être nous lanceront-ils un défi collectif, un de leur champion contre l'un des notres afin de saper notre moral avant le début du combat. Que chacun s'estime tenu d'y répondre.

Il se tourna ensuite vers la Haute-Prêtresse.

_ Afin d'obtenir une meilleur coordination, j'aimerai connaitre vos intentions immédiate. Nous ne pourrons que mieux nous en épauler. Êtes-vous de cet avis ?

[Pnj Jotov et Culgan]

Les Officiers Jotov et Culgan accompagnaient le faux Sénéchal, cependant leurs rôles ne s’arrêtaient pas là. Jotov était âgé d’une trentaine d’année, il avait rejoint l’Armée Royale en temps qu’Officier et avait conservé ce poste jusqu’à aujourd’hui. L’homme était le fils d’une famille noble mais sa destinée avait été poussée vers les armes. Il apprit à devenir un meneur de troupe à l’Ecole Royale où il rencontra son ami Culgan. Son dévouement va vers son royaume et sa famille. Culgan possède environ le même âge mais n’a pas suivi le même parcours que son ami. Il fut abandonné enfant et rejoignit l’école militaire en temps que Soldat. Toutefois ses compétences l’avait mis en avant et il devint Officier peu de temps après son collègue. Les deux hommes avaient fait la connaissance du Sénéchal lorsqu’il fut Général. Au fur et à mesure des batailles, Kazil remarqua leur capacité à commander et avait requiert le plus souvent leur présence dans son unité ou bien à des places stratégiques. Il était rare de pouvoir compter sur des hommes sans emprise politique, et il avait pu trouver en eux des hommes de confiance.

Jotov sur sa monture s’approcha du groupe de tête constituée par le Seigneur d’Helderion, la Haute Prêtresse, le Faux Sénéchal et l’Officier Culgan.

-« Je m’occuperai du flanc gauche. Vos remarques concernant l’agencement de notre armée fait preuve d’une grande sagesse de votre part. D’un plan théorique cela semble satisfaisant. Néanmoins vous êtes jeune, cela est il votre première grande bataille ? »

De son coté Culgan observait le valet William Cassidy. Il n’osait douter du Sénéchal mais ce plan lui paraissait risqué sur le plan moral. Le gros des forces était ici et ils avaient besoin du soutient de leur chef. Mais un mal pour un bien, si cela pourrait diminuer les pertes qu’engendrerait cette bataille, il ne pouvait remettre en question cette décision, puis il était maintenant trop tard.

Il eut une petite pensée pour l’Officier Elmina qui devait s’occuper de l’assaut de la porte est. Cela était sa première grande bataille et bien qu’elle ait fait ses preuves dans divers conflits, elle n’avait jamais été à la tête d’une troupe entière. Néanmoins vu la division du Royaume, il fallait des personnes de confiance.

-« Je serai le porte-enseigne du Sénéchal. S’il le faut, ma lame représentera les couleurs de notre Royaume s’ils osent profaner la moindre insulte envers le Marquis de Sephren. »

L’Officier se tourna vers le Faux Sénéchal et l’observa. Avec cette armure et ce casque, le seul moyen de remarquer que cet homme n’était pas le vrai Kazil de Sephren était son épée. Et encore, il arrivait que pour certaine bataille, l’homme ne prenne pas son fléau des Drows. L’illusion serait elle parfaite ?

La discussion fut interrompue par l'arrivée de l'un des deux officiers du sénéchal, qu'Eskevar identifia tout de suite comme le dénommé Jotov. Il s’approcha du groupe de tête constituée par le Seigneur d’Helderion, la Haute Prêtresse, le Faux Sénéchal et l'autre officier et s'adressa directement à lui.

-« Je m’occuperai du flanc gauche. Vos remarques concernant l’agencement de notre armée fait preuve d’une grande sagesse de votre part. D’un plan théorique cela semble satisfaisant. Néanmoins vous êtes jeune, cela est il votre première grande bataille ? »

Eskevar fit un bref coup de tête en direction de Jotov.

_ Je vous remercie.

Le chevalier se renfrogna. Il ne goûtait pas vraiment au ton qu'employait l'officier. Ce dernier semblait insinuer qu'il n'était pas compétent à ce poste.

_ Certes, si vous exceptez la prise de Hautval c'est là ma première grande bataille en tant que commandant d'une telle armée. Je suis jeune, mais je suis un homme fait et ce n'est loin sans faut, la première bataille à laquelle j'ai participé. Ayez confiance en moi.

Il fit pivoter sa monture dans un tintement de rênes et de brides afin de se tourner vers lui. Il affichait un sourire serein.

_ Je suis ouvert aux conseils de mes ainés... Vous devez probablement sortir de l'Ecole Royale, le métier des armes est votre. Si vous avez des suggestions, je les écouterai en toute humilité.

De son coté Culgan, l'autre officier que le marquis avait détaché auprès de lui, observait le valet du Sénéchal.

-« Je serai le porte-enseigne du Sénéchal. S’il le faut, ma lame représentera les couleurs de notre Royaume s’ils osent profaner la moindre insulte envers le Marquis de Sephren. »

Eskevar hocha la tête.

_ Bien. Nous irons donc ensembles porter nos conditions à l'ennemi.

[[Pnj Jotov et Culgan]

L’Officier Jotov écouta les paroles de la Haute Prêtresse de Tari. Savoir qu’il dirigeait un flan où la mort aurait une place prédominante même dans cette situation ne l’enchantait guère. Néanmoins son devoir était d’assumer ce rôle et c’est avec honneur qu’il accomplira sa mission. Il échangea un bref regard avec Culgan puis il prit la parole.

-« Tout semble prêt maintenant, nous ferons alors ainsi. Je vais rejoindre le flanc gauche, il reste peu de temps et il faut encore que j’avertisse les troupes de nos intentions. Pour le Roi Trystan, nous vaincrons ! »

L’Officier talonna sa monture et quitta le groupe, laissant Culgan seul. Celui-ci jeta un rapide regard à William Cassidy. Il n’avait pas dit un mot depuis le début, sans doute était il mal à l’aise vis-à-vis de cette mission ou bien il n’avait rien d’autre à ajouter. Cependant l’heure n’était plus à ces questionnements.

-« Messire Eskevar, nous attendons votre réponse. »

Il sourit légèrement au faux Sénéchal puis tourna la tête vers Eskevar d'Helderion.

-« Lorsque le Sénéchal sera prêt nous pourrons y aller. »

[William Cassidy Beck]

Toutes ces paroles, ces stratégies, ces positions, tout cela était bien trop étranger à l’assassin de Kazil de Sephren. Lui, William Cassidy, avait toujours agi seul et si ce n’était pas qu’il tenait au contrat de son employeur, il aurait refusé cette mission. Cette imposture ne lui plaisait guère mais de ce qu’il avait compris, elle était capitale.

La Haute Prêtresse de Tari, les Officiers du Sénéchal de Sephren, le jeune Seigneur Eskevar d’Helderion, ils discutaient de la vie de temps de personnes avec une telle facilité. On aurait pu finalement se demander qui était l’assassin et le protecteur de la morale dans cette situation. Mais la question ne se posait point puis qu’elle n’avait aucun intérêt à être présentée de la sorte. Peut être un jour dans la postérité, après les éloges viendront les médisances de ces actes.

Un certain temps passa sans qu’il ne prenne la parole. Il écoutait et observait la Capitale du Royaume devant lui. Un temps qui fut coupé par l’Officier Culgan. William Cassidy le toisa lentement du regard.

-« Si tout est le monde et fin prêt, que l’attaque commence.. »

Il ne restait plus qu'à Eskevar à lancer l'assaut. Des béliers avaient été disposés de façon stratégique pour être lancé une fois que l'Armée des Morts aurait semé la terreur devant la porte.

L'officier Jotov prit la parole.

-« Tout semble prêt maintenant, nous ferons alors ainsi. Je vais rejoindre le flanc gauche, il reste peu de temps et il faut encore que j’avertisse les troupes de nos intentions. Pour le Roi Trystan, nous vaincrons ! »

Les officiers présents répétèrent en cœur la harangue et l’officier talonna sa monture pour quitter le groupe. Eskevar le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il rallie ses troupes sur le flanc gauche. L'homme du Sénéchal, c'est ainsi qu'Eskevar le voyait, semblait prendre un peu trop de libertés à son goût et cela lui déplaisait. Khazil de Sephren lui avait laisser le commandement à lui et nul autres. Si ses capacités ou ses décisions étaient remises en question devant ses officiers ou pire, sur le champs de bataille même, il ne pourrait en sortir que de graves conséquence pour le sort de cette bataille. Ce fut au tour de Culgan de prendre la parole.

-« Messire Eskevar, nous attendons votre réponse. »

Le second officier placé là par Khazil sourit légèrement au faux Sénéchal et tourna la tête vers Eskevar d'Helderion.

-« Lorsque le Sénéchal sera prêt nous pourrons y aller. »

Eskevar hocha la tête en signe d'assentiment et tourna son regard vers la plaine qui s'étendait devant eux. Les portes étaient closes et l'ennemi ne semblait pas vouloir les affronter hors de la citée. Il aurait aimé attendre quelques jours de plus, prendre le temps de construire des tours d'assaut, des balistes et quelques onagres. Mais tout en maudissant ce manque de préparation il convenait lui-même que la tactique du Sénéchal était la bonne. S'ils avaient attendu plus longtemps avant de ce lancer à l'assaut, les troupes rebelles auraient probablement repérées les autres armées loyalistes disposées de chaque côté de la ville. Cette attaque, qui prendrait de cours les félons par sa rapidité et sa soudaineté, leur ferait concentrer la presque intégrité de leurs troupes au nord, contre lui. Et les armées loyalistes ne rencontreraient faces à elles qu'une flopée de troupes laissées derrière, c'est à dire presque aucunes résistances de là à ce que l'ennemi ne s'aperçoive de la supercherie.
Un siège en règle aurait probablement été la meilleure solution, mais il aurait prit du temps, et la population de Diantra en aurait autant pâtis que les troupes rebelles assiégées.
Oui, l'assaut direct était probablement le mieux dans ce cas, songea Eskevar. Un certain temps passa sans que personne ne prenne la parole. Le sénéchal écoutait et observait la Capitale du Royaume devant lui sans rien dire. Un temps qui fut coupé par l’officier Culgan. William Cassidy le toisa lentement du regard.

-« Si tout le monde est fin prêt, que l’attaque commence.. »

Il ne restait plus qu'à Eskevar à lancer l'assaut. Des béliers avaient été disposés de façon stratégique pour être lancé une fois que l'armée des Morts aurait semé la terreur devant la porte.

Eskevar se tourna alors vers l'officier Culgan.

_ Un moment Messieurs. Nous allons d'abord envoyer un héraut pour porter nos conditions à l'ennemi. Culgan, en tant que porteur de la bannière du Sénéchal, vous m'accompagnerez. Qu'un autre cavalier prenne la bannière du Roi et ne perdons pas de temps.

Le jeune chevalier fit volter son cheval et l'éperonna d'un coup sec tandis qu'un cavalier muni d'une trompette se détachait du groupe de cavaliers posté derrière. L'officier Culgan et un quatrième cavalier brandissant l'étendard royal leur emboitèrent le pas jusqu'à ce que les quatre cavaliers s'arrêtent dans un tintement de rênes et de brides, à une centaine de mètre de la porte nord. Le cavalier porteur d'une trompette joua une série de notes aiguës et Eskevar s'avança.

_ Holà ! Des remparts ! Sa Majesté Tristan Fiiram Premier du Nom, Roi des hommes, duc d'Erac et Protecteur du Royaume vient demander réparation pour le tord qui lui a été causé ! Messire de Sephren, Sénéchal du Roi, m'a charger de discuter les conditions du combat !

Culgan écouta attentivement le Seigneur d’Helderion. L’idée de discuter les conditions de combat était une bonne idée, cela laisserait le temps aux troupes annexes de prendre leur position et l’ennemi plongerait davantage dans la supercherie imaginée par le Sénéchal. L’Officier fit un signe rapide à un homme qui servirait à porter la bannière puis à un autre pour la trompette.

-« Vous pouvez compter sur moi. »

Les quatre hommes se rendirent devant la capitale du Royaume. L’Officier se tenait droit et laissa parler Eskevar. Dès lors tout dépendrait des paroles du Seigneur d’Helderion et de l’ennemi. Le bonheur serait que les troupes se rendent sans résistance mais qui pourrait y croire ?

D’un signe de la tête, Culgan corrigea l’homme qui tenait la bannière. Peut être la position était désagréable mais la porter était un honneur. Le silence régnait en maître, il ne restait plus qu’à attendre.

De Aspremont observait, rageur, les armées se massant face à « ses » portes. C’était trop tôt, bien trop tôt ! Les travaux étaient loin d’être terminés, il aurait fallu quelques jours de plus. Heureusement, les portes tiendraient quelques temps… Et encore.

« Archers ! Préparez vous !
- Mais… Monseigneur ! Ce n’est…
- Taisez-vous ! »

Tous les rebelles n’étaient pas des partisans convaincus du « Nouveau Monde », et c’était une tragédie pour ce noble convaincu d’être dans le grand chemin. Reportant son regard sur l’escorte qui s’approchait lentement, il laissa échapper un grognement.

« Si je vous l’ordonne, vous m’abattez la Reine en personne, c’est clair ? » Se tournant vers de Karhark, il l’observa un long moment. « Avec moi, mon ami ?
- Toujours. »

Hochant la tête, il se tourna ensuite de nouveau vers l’armée adverse. Il voyait la défaite poindre, alors qu’il était si proche du but. Quelques jours de plus, et il aurait pu garder Diantra… quelques mois, et il aurait conquis Soltariel. Et alors, le Nouveau Monde aurait été une réalité. Mais voilà, Trystan ne lui avait pas laissé cette opportunité. Compréhensible mais néanmoins horriblement contrariant.

« Nous ne discuterons qu’avec Kazil ! Reculez, ou mourrez ! »

De ce qu'il pouvait en discerner par dessus le rempart, son interlocuteur avait un visage taillé à la serpe, sillonné de rides profondes et brûlé par le soleil. Un de ces visages burinés, typiques des pentes de l'ancienne chaîne volcanique qui couvre tout le sud et le sud-ouest d'Ancenis.

D'une pression des talons, Eskevar fit avancer sa monture jusqu'à une dizaine de mètre de la porte et s'arrêta. Saluant celui qui, du haut des remparts, semblait donner les ordres.

« Nous ne discuterons qu’avec Kazil ! Reculez, ou mourrez ! »

_ Nous sommes ici en tant que héraut de Messire de Sephren. Eskevar haussa un sourcil. Par sa bannière, c'est à nous qu'il appartient de le représenter. Afin de faire connaitre ses intentions et de discuter des termes du combat... ou de votre reddition. Puis-je savoir à qui j'ai l'honneur de m'adresser, messire ? Et savoir qui commande la place ?

A la fois peu rassuré par la présence de archers aux remparts et rembrunit par le ton méprisant d'Aspremont, Eskevar balaya du regard les visages présents.

_ Le jeune Audoin d'Olyssea est-il parmi vous ? Ou bien l'un des seigneurs de Hautval ayant rejoint sa bannière ? Nous désirons leurs parler. Le jeune chevalier marqua une pause. Sachez que nous ne sommes point hostile à votre cause, messire, mais l'honneur nous place aux côtés du Roi. Envoyer-nous une déléguation, afin de discuter du sort des prisonniers. Peut-être n'est-il pas trop tard pour arriver à un réglement de la question sans que soit verser d'avantage le sang du royaume.

De Asprement retint un rire moqueur, ô combien méprisant. Qui était donc l’imprudent qui osait braver sa colère ? Il parlait de Hautval… Etait-il possible qu’il soit un des sujets de feu Audoin ? Ce petit blanc bec n’avait du sa place qu’au jeu des alliances des plus grands que lui, il était mort sans faire d’histoire, le « baron d’Ancenis » ne connaissait même pas les détails. Son regard courroucé parcourut les armées entassées… Ah, elle était belle, la puissance de sa Cécité. Certes, ils étaient nombreux, mais ils ne pouvaient rien. Les murailles étaient fragiles, certes, mais elles tiendraient. De Sephren n’avait rien à proposer de plus. Faisant signe à un homme de s’approcher, il murmura ses ordres.

« Donne l’ordre de dégarnir la porte sud. Elle tiendra, même en cas de fourberie, et le gros de leur armée doit être massé face à nous… Si ce n’est la totalité. »

Il en revint au messager, le fixant froidement du haut de sa position dominante. Ou plutôt, le héraut de Messire de Sephren, comme il le rappela. Son rêve s’effritait sous son regard enflammé, et il devait supporter les bonnes manières de la guerre de ce jeune freluquet. Il avait confiance, s’avançait devant lui. Se doutait-il, le fou, qu’il était à deux doigts d’ordonner son exécution. Un message clair, net, précis, que le Sénéchal saurait apprécier à sa juste valeur. Il leva la main.

« La première salve au hasard. S’il ne comprend pas, pas de quartier pour la deuxième. »

La voix était dure et froide, comme son regard. Il esquissa un sourire mauvais. Il pouvait encore tenir. Il fondrait son Royaume, il le devait. Diantra était à lui, la mort des barons avait ouvert grandes les portes de son ambition, et il ne se laisserait pas importuner plus longtemps.

Un claquement sec, alors que la corde tendue reprenait sa place d’origine. Une flèche s’éleva lentement, avant de redescendre, attirée par dame la Terre. Derrière elle, le cortège de ses sœurs accouraient, harpies stridentes fondant du ciel et s’abatant sur sa proie. Celles-là n’étaient qu’un message, les suivantes seraient une exécution.

_ Lâches ! s’écria-t-il, rassemblant toutes les forces qui lui restaient. Qui que tu sois, je te défie !

Sa monture bondit sur la route, ses larges sabots crissant sur les couches de neige, suivit des autres cavaliers de son escorte. Ils refirent le chemin qu'ils avaient empruntés à l'aller, en seulement quelques minutes cette fois-ci. Ils étaient à moins d’une centaine de mètres des lignes amies lorsque Eskevar proféra un torrent d’insultes à l’adresse des gardes des remparts et tira sur les rênes du destrier pour ralentir sa ruée. Sa monture, le mord aux dents, parvint à stopper sa course juste devant les premiers rangs loyalistes. Eskevar tira de nouveau sur les rênes et fit vivement pivoter la bête, avant de frapper le métal sombre de sa botte renforcée.

_ Que les hommes se mettent en position ! gronda-t-il.

Il fit pivoter sa monture de telle sorte que celle-ci fasse face aux murailles et jeta un coup d’œil rapide par-dessus l’arrière-train du destrier, s'adressant aux officiers qui venaient de le rejoindre et qui venaient d'assisté à la scène de loin.

_ Que les christabellois se chargent des béliers. Les erraciens resteront en retrait, hors de portée des flèches, et formeront la première vague à entrer dans la ville. Ils constitueront le soutien aux christabellois si l'ennemi décidait d'une sortie afin de dégager les portes. Quant aux chevaliers erraciens, ils formeront le fer de lance de cette troupe.

De quelques phrases, le jeune chevalier venait de faire deux coups d'un seul. Et de quelques mots, il avait très certainement signer l'arrêt de mort de centaines d'erraciens autant que des deux milliers de christabellois qui se masseraient sous la porte. Le jeune général évalua la situation un moment et fit un signe de tête en direction des murs.

_ Que nos cinq milles archers et arbalétriers arrosent les murs. Je veux qu'une grêle de projectiles noie ces chiens sous un déluge de fer et protège au mieux les christabellois lorsqu'ils s'attaqueront aux portes.. Que pas un de leurs archers n'osent montrer sa vilaine tête hors des créneaux. Les hautvalois et les héldirois se tiendront derrière les erraciens, en seconde ligne et pénétreront à l'intérieur de la ville une fois les portes ouvertes.

Eskevar ajouta d’une voix à peine audible «Maintenant », mais ce fut comme si le mot lui-même était investi d’un pouvoir irrésistible.

Assaut Nord :

Pnj : William Cassidy Beck, Officier Culgan, Officier Jotov

L’assaut venait d’être lancé par le Seigneur d’Helderion. Les rebelles n’avaient aucune envie de discuter et l’affrontement était maintenant inévitable. Après l’annonce d’Eskevar, des cors résonnèrent, annonçant le début de l’assaut contre Diantra. Ce que l’ennemi ne savait pas, c’est que les cors venaient aussi d’annoncer aux troupes du vrai Sénéchal d’attaquer la porte sud.

Les forces de l’armée principale se déployèrent selon les directives de la réunion d’hier soir. Chacun savait à quoi s’en tenir. Déjà des troupes béliers s’élancèrent contre les portes de la Capitale. Dans ce genre de bataille, l’essentiel et de rompre rapidement les défenses sous peine de rapidement stagner dans un long état de siège où la victoire devient de jour en jour incertaine. Diantra possédait de nombreuses ressources exploitables, et une bataille s’étendant sur la longueur laissait la porte ouverte aux ennemis tels que les Drows.

L’Officier qui avait accompagné Eskevar d’Helderion jusqu’à la porte regagna rapidement le faux Sénéchal. La bataille de la porte nord appartenait maintenant au Seigneur d’Helderion. Jotov, Culgan connaissait leurs rôles respectifs et ils feraient de leurs mieux durant cette bataille. William Cassidy quant à lui devait se montrer sans pour autant trop attirer l’attention. Plus l’illusion durerait, plus l’ennemi serait en déroute.

Assaud Sud :

Sénéchal Kazil de Sephren

Le Sénéchal avait laissé la moitié de l’armée à Eskevar d’Helderion. Il lui faisait confiance pour appliquer la stratégie choisie avec le plus grand respect. De plus, la Haute Prêtresse de Tari réserverait sans doute des surprises à l’ennemi. C’était là aussi son seul souci, il craignait ce qu’il ne connaissait et à plus forte raison, la mort.

Un tiers de l’Armée composée de béliers de fortunes, d’archer et d’homme d’armes était maintenant aux commandes du Sénéchal. Il avait du laisser la cavalerie et d’autres troupes plus évoluées à l’assaut nord par désir d’efficacité et de réalisme. D’après sa stratégie, l’assaut nord seul pourrait vaincre les rebelles mais avec un fort risque d’enlisement des conflits s’ils ne pouvaient franchir la porte principale.

Les troupes de Kazil suivirent un chemin derrière quelques collines. Dès qu’ils furent arrivés à l’endroit précis, ils restèrent cachés. Il ne restait plus qu’à attendre le son des cors.

Le temps passa lentement. C’est toujours dans l’attente que l’on se rend compte que le temps est une notion tellement subjective et contrariante. Lorsque l’on aimerait qu’il soit lent, il passa tels les aigles dans les ciels et lorsqu’il faudrait qu’il soit rapide, une tortue ferait meilleure figure. Néanmoins dans tous les cas de figure, le temps débouche sur un début ou une fin et dans ce cas ci, le son des cors retentit.

Le Sénéchal acquiesça lentement puis lança l’ordre d’attaquer.

-« Soldats, il est temps de prouver votre loyauté au Roi Trystan, l’heure de libérer Diantre aux mains des rebelles a sonné ! Aujourd’hui le peuple du Royaume compte sur vous, le ne décevait pas ! Soldats ! Attaquez ! »

Les troupes du Sénéchal de Sephren s’élancèrent contre les portes sud. De nouveau les sons des cors résonnèrent dans l’air mais cette fois du sud. Les troupes béliers cognèrent contre les portes, soutenu par des archers qui envoyaient quelques volées de flèches et d’autres qui davantage par précision tirait sur les défenseurs de la porte sur les remparts encore marqués par les récents évènements. Maintenant que l’assaut sud venait de commencer, l’est et l’ouest allait suivre.

Assaut Ouest :

Pnj : Officier Animle

Première mission où elle se trouvait à la tête d’une armée. Peut être avec un douzième des effectifs de l’Armée de libération, mais elle dirigeait des hommes, seule. L’officier Animle était une femme âgée d’une trentaine d’année. Elle s’était engagée jeune et fut remarquée par ses performances physiques et au commandement. Il était rare pour une femme d’obtenir ce rang dans l’Armée Royale mais à force de travail, de persévérance et d’un moral d’acier, elle était arrivée là. Quelques années en arrière, elle obtint le rôle d’Officier et mais n’eut réellement que peu de missions d’importances par rapport à ses camarades.
Aujourd’hui, elle avait été choisie par le Sénéchal et elle comptait effectuer sa mission à la perfection. Elle n’avait pas le droit de faire de son mieux, elle devait exceller.

En tant que femme, elle ne pouvait sympathiser avec les lieutenants et autres personnes en dessous de son rang. Si elle le faisait, elle risquait de remettre en question son autorité en tant que femme. L’Officier Animle dirigeait ses troupes de façon autoritaire et elle les amena là où le Sénéchal lui avait indiqué. La suite était simple, lorsque les cors auraient sonné par deux fois, ce serait à son tour d’attaquer. Le silence demeura durant le temps d’attente. La femme Officier pensa à l’objectif et patienta.

Les premiers sons des cors se firent entendre soudainement, l’assaut nord venait de commencer. L’Officier Jotov et Culgan devait combattre à ce moment même aux cotés de ce Seigneur qu’elle ne connaissait pas mais à qui le Sénéchal semblait accorder bien trop de crédit. Peu de temps après, le second cor retentit, le Sénéchal venait de lancer l’assaut et c’était maintenant au tour de la porte Ouest et Est d’être attaquée.

L’Officier Animle redressa son épée et la brandit en l’air.

-« Soldats, l’heure de la bataille a sonné ! Béliers en avant, archers en soutient ! Ne laissez aucun répit à l’ennemi et aucune pitié car ils n’en auront pas pour vous ! »

L’Assaut ouest venait d’être lancé en même temps que l’assaut est. Maintenant il fallait attendre quelle porte allait céder la première. Dès qu’une des quatre portes seraient franchies, les autres tomberont à leur tour et l’ennemi finira en tenaille.

Commandant : Lysandre d'Astalith, Chevalier de l'Ordre de la Rose Blanche & de Langehack.

La nuit précédente avait été très tendue pour le Chevalier d'Astalith. Les mêlées, il connaissait. Oui, il savait plus que bien pourfendre les Drows et autres engeances démoniaques sur un champ de bataille. Mais des Humains... C'était tel un cauchemar d'enfant et l'être humain au cœur bon et vaillant qu'il était ressentait déjà des remords à l'idée de tuer des rebelles qui furent de son peuple. L'idée que certains aient pu être contraints par leurs maîtres barons félons de rejoindre la prise de Diantra le rebutait.

Enfin, il en allait de son honneur, de celui de son maître et de celui de son Roi. Une chose était certaine, Diantra devait être libérée. Après tout, en dehors des rebelles, de nombreux royalistes étaient morts. Des innocents qui eurent foi pour la plupart en Trystan de Diantra et la Reine Lilianna. Puis, il y avait cette occasion inestimable pour son ami d'enfance de démontrer à toute la péninsule l'ingénieux et formidable stratège qu'il était. Lysandre, homme loyal et ami avant tout de Kazil mènerait ses troupes contre la porte Est comme il l'avait entendu la veille.

Ainsi, le douzième de l'Armée Royale qui fut confié à Lysandre d'Astalith prit place à l'est de Diantra, encore à couvert. Hormis la dizaine de Chevaliers de la Rose Blanche, on comptait principalement de son côté des unités d'infanteries lourdes et légères, des vouges et des archers. Échelles et béliers étaient la seule chance de passer la porte à moins que l'un des autres Officiers ou aide intérieure de Diantra ne le fassent.

Royalistes, fidèles du Roi Trystan ! L'heure de se battre est venue. J'aimerais ne pas avoir à vous faire un tel discours mais il est nécessaire de comprendre que les rebelles sont un danger pour l'avenir de notre péninsule. Si nous ne faisons rien, jusqu'où ira leur folie ? Ils iront prendre Erac, Christabel, Soltariel, Langehack ! Non ! Nous devons nous battre pour l'avenir de nos familles, de nos villages, de nos villes, de notre patrimoine et surtout pour l'honneur de notre Roi !

Autrefois, ses lèvres auraient tremblé mais le Chevalier d'Astalith en était-il à sa première bataille ? Après vingt années de services dans la Chevalerie, bien sûr que non. Même si encore et toujours, l'idée de pourfendre des Humains l'écoeurait au plus haut point.

Lorsque le second cor retentira... La bataille commencera. Archers, vous vous concentrerez uniquement sur les murailles et vous n'utiliserez pas le feu. Ne risquons pas de meurtrir encore un peu plus les chaumières. L'objectif est de permettre à l'infanterie d'amener les béliers jusqu'aux portes et de dresser les échelles.

Le premier cor retentit, signe que l'assaut Nord d'Eskevar Helderion et de la Haute Prêtresse de Tari venait d'être lancé. En espérant que cette dernière ne confonde pas victimes innocentes et ennemis... C'était l'une des craintes qui poussait Lysandre à penser que cet instant était le plus effroyable de son humanité. C'était certain, son esprit en ressortirait plus dur et solide que jamais. Le Chevalier ne deviendrait pas fou, il n'en avait pas le droit. Alors, quel autre choix que d'adopter une âme impitoyable ? C'était le cran qu'il fallait pour massacrer des membres de sa propre race. Pauvre pauvre Lysandre.

Ensuite, les archers cesseront la pluie de projectiles et le but sera de prendre le contrôle des murailles. Dans le cas où les béliers n'atteignent pas les portes, nous ouvrirons nous même les portes de l'intérieur en descendant par les tours. Alors, nous aiderons nos camarades à reprendre la Capitale ! Quant à vous, mes camarades de la Rose Blanche... Je compte sur vous pour dénombrer les victimes et les survivants au fur et à mesure que nous nous engouffrerons dans Diantra. Je ne vois pas d'utilité à charger à dix contre des centaines.

Le second cor retentit. Cette fois, l'hésitation n'était plus permise et le début de la fin débutait vraiment.

A l'attaque !

Et l'assaut Est fut engagé par les troupes de Lysandre d'Astalith.

Ah, la guerre… Calimehtar soit maudis, il semblait que jamais elle ne prendrait fin. De Aspremont observait l’armée massée devant ses portes, il entendait les cors résonner, et il voyait ses rêves de grandeur et de prospérité lentement s’effriter. Sans savoir pourquoi, il était persuadé qu’il ne tiendrait pas. Cela prendrait une semaine, un mois, un an, qu’importe. Ils n’étaient pas assez nombreux pour tenir une ville assez grande. Les murailles semblaient s’étirer à l’infini quand il fallait les protéger, et ils avaient déjà payé un si lourd tribut pour la prendre… Ah, si seulement les barons n’avaient pas été aussi fous ! S’ils ne s’étaient pas précipités, peut-être alors… Mais il avait du suivre, bon gré mal gré, sur de la justesse de leur cause mais dubitatif quant au moyens utilisés. La succession impitoyable des événements lui avait donné raison, même s’il avait vu la prise de Diantra comme un véritable miracle.

« Ca aura été un beau rêve. »

Massivement massées au nord, les armées rebelles tirent bon à l’assaut du sieur d’Hautval, Protégés par les remparts, ils dominèrent très largement la bataille, mettant en échec les diverses tentatives loyalistes, parfois non sans pertes, mais seul le résultat comptait. Ils ne se battaient plus pour gagner, ils ne se battaient plus pour survivre, ils se contentaient d’effectuer les gestes qu’ils avaient appris toute leur vie de soldat. Le moral ne leur donnait plus des ailes, comme après la prise de la capitale, mais ils ne se donnaient pas non plus le temps de sombrer dans le désespoir. Tant que les murailles ne changeraient pas de camp, il était fort probable que cela ne change pas. Les autres portes n’étaient pas sans défense, elles avaient été condamnées… Après tout, fuir de la ville n’était pas envisageable. Les béliers ne feraient que remuer les gravas qui les obstruaient, rien de plus. Mais le risque existait toujours qu’ils prennent les murailles aux alentours, et si cela devait arriver, alors la ville serait perdue.

Quatre attaques, soit autant de division pour l’armée royaliste, mais tout autant pour celle des rebelles, qui ne pouvaient pas forcément se le permettre. Quatre assauts qu’il fallait contrer, avec les moyens du bord. Pendant une heure, ils tirent bon, rendant flèche sur flèche, repoussant les échelles, tentant d’incendier les béliers qui inlassablement frappaient contre les portes. Sans les renforcements de fortunes, soit des tas impressionnants de gravas issus de maisons détruites pour l’occasion, il y aurait eu fort à parier que la bataille aurait tourné court.

La surprise vint du front est qui, après une heure trente de combat, vit la première révolte dans les rangs des rebelles. Tout un régiment se retourna contre De Aspremont et ses idéaux, sous l’impulsion des soldats royalistes répartis dans ses rangs, et prirent une section de murailles avant de commencer à tenter de déblayer les décombres… Et aidé contre toute attente d’un mage de l’Arcanum encore en ville.

La bataille venait de prendre un nouveau tournant…

Une seconde paraissait être devenue une minute. Stressant, c'était peu de le dire. Les archers De Aspremont répondaient évidemment par des flèches et la lutte entre les deux groupes massifs d'archers promettait d'être violence et dévastatrice. Les rebelles avaient en plus l'avantage de la hauteur et des murailles mais ils furent vite dérangés par les échelles qu'ils devaient sans cesse repousser, sans quoi les murailles seraient perdues. Les béliers fracassaient sans aucun relâchement les portes qui ne cédaient pas. Terrible situation, il n'y avait que des pertes pour les deux camps. Au loin, avec la Rose Blanche, derrière les archers, Lysandre d'Astalith observait ce qui pourrait tourner à un désastre. Que se passait-il au Nord, au Sud et à l'Ouest ? Tant que ces portes ne tomberaient pas, il ne saurait pas et c'était frustrant, si frustrant.

Ne relâchez pas vos efforts ! Nous reprendrons Diantra aujourd'hui coute que coute !

Il s'agissait de l'Armée Royale, après tout. L'union des soldats les plus fidèles du Roi Trystan malgré toutes les difficultés passées. Chacun des hommes présent savait qu'il n'avait pas le droit de céder à la peur et la désertion. Après tout, il était évident qu'en s'engageant dans un tel conflit, les chances de revenir en vie étaient faibles. Ainsi était la dure vie d'un militaire dévoué à son Roi et à son peuple. Une heure venait de s'écouler sans aucun résultat. De Aspremont et son armée résistait et Diantra semblait être imprenable. Lorsque soudain... La situation changea radicalement. Une émeute interne avait visiblement éclatée sur les murailles et le Commandant de l'Est reconnaissait deux types d'armures différentes. Celles des rebelles et celles de la milice de Diantra.

Par les Cinq... La Milice de Diantra soutient notre action ! Infanterie ! Redressez les échelles, une dernière fois ! Cette fois, nous prendrons les murailles !

L'espoir renaissait mais tout était encore à faire. Sur les ordres intransigeants du Commandant Lysandre d'Astalith, l'Infanterie redressa les échelles et ce fut cette fois une réussite. Avec l'aide de la milice de Diantra, les murailles furent conquises en quelques minutes, forçant le replie de l'archerie rebelle.

Infanterie, ouvrez les portes !

Commandant ! C'est impossible... Une tonne de gravas !

C'était le rapport oral qui circula en quelques instants jusqu'aux oreilles de Lysandre. C'était alors pour cette raison que les béliers n'avaient servi à rien ? Mais le facteur chance semblait accompagner le Chevalier d'Astalith. Péniblement mais sûrement, un Mage de l'Arcanum avait rejoint les portes, escorté par des miliciens idéalisés par l'espoir de voir Diantra retourner entre les mains de son Monarque. Un être manipulant les objets par sa seule pensée psychique. Ainsi, les débris furent déblayés également en l'espace de quelques minutes également et les portes furent ouvertes.

Gloire au Roi ! Gloire à l'Armée Royale !

A son tour, la Rose Blanche rejoignit le front et passa à travers le reste de l'infanterie devant les portes qui s'écartait sur son passage. Lysandre s'empara du cor accroché à sa taille du côté gauche et souffla à plusieurs reprises dedans. Le brouhaha provoqué par ce dernier s'évadant à travers toutes les rues de Diantra atteignit les trois autres fronts, indiquant aux autres Commandants que la porte Est était tombée et sous contrôle.

Dans la brèche, Soldats ! Dans la brèche ! Nous rejoignons les Portes du Sud !

Lysandre monta jusqu'au niveau du Mage de l'Arcanum et fit s'incliner son cheval afin de faciliter la monte.

Gloire à vous, Messire Mage. Sans vous, nous ne serions jamais rentrés mais le travail n'est pas terminé. Montez avec moi !

Le Mage de l'Arcanum s'exécuta et monta derrière le Chevalier d'Astalith.

Miliciens ! Archers ! Maintenez notre prise sur la Porte Est et secourrez ceux qui peuvent être secourus !

Sur ces derniers mots, la Rose Blanche et l'Infanterie encore debout se mirent en marche vers la Porte Sud. Une première grande étape venait d'être franchit mais rien n'était encore fini.

hrp : Ce post fait suite à celui-ci

Les corps de combat avaient sonné dans toute la ville, l'assaut des troupes alliées venait de débuter et l'agitation allait grandissante dans les rues de la ville juste au dessus d'eux. Ils devaient attendre... Ronger leur frein pour sortir au bon moment.
Trop tôt et les troupes défensives ennemies seraient encoe trop fraiches pour qu'ils aient une chance de s'en tirer, elles les massacreraient sans difficulté, et trop tard leur action n'aurait strictement servit à rien...

La porte Nord était en face d'eux, et ils tenaient... Leur nombre devait encore diminuer, oui encore un tout petit peu, juste assez pour au moins réussir à saboter leurs installations. Chacun rongeant son frein, le moral, ou plutôt l'énergie du désespoir mélangé à l'espoir venant remotiver les troupes et leur donner une force que chacun pensait avoir perdu...

"Défoncez moi cette grille !"

L'ordre résonna dans le boyaux. Il était l'heure... Les pinces coupantes de forgeron passèrent de mains en mains du bout de la colonne à la tête, les armes sortant de leur foureau les unes après les autres dans son sillon, chacun se préparant à ce qui allait être pour la plupart leur dernière bataille...

La chaine céda et heurta le sol dans son bruit metallique, la grille fut repoussée par un violent coup de pied, comme si l'ouvrir avait voulu se venger du temps d'attente qu'elle leur avait causé. Les ordres étaient simples : Se déplacer rapidement en évitant de se retrouver encercler, saboter les installations de défense en les retournant si possible contre leurs utilisateurs premiers et ouvrir la porte aux forces alliées, ou plutôt la tenir assez longtemps pour qu'ils puissent la défoncer ou passer par les murs... Défendre par les accès, pour les prendre deux par deux, limiter leur nombre et ne pas être encerclés...

L'effet de surprise n'avait pas été négligeable, ils avaient pu accéder sans trop de soucis aux escaliers conduisant aux murs, pour ensuite investir les créneaux, mais le combat était inégal, presque du deux contre un... 100 contre 50 soldats épuisés par plusieurs jours dans les égouts... Des hommes en avaient profité pour se retourner contre l'armée rebelle, une partie de la tour au dessus de la porte venait de prendre feu... De l'huile en feu venait sûrement d'être renversée sur le sol... Le point de non retour venait d'être atteinds... Vaincre ou mourir, finit la discretion, passage à l'action...
Le sang rendait les pierres des escaliers glissantes, les cadavres ralentissant la progression des forces sous les ordres de la Rose Noire, qu'ils soient amis ou ennemis, mais ils avancaient, beaucoup abandonnaient leurs armes trop usées pour être encore utiles au profit de celles laissées par les cadavres...

Il leur fallut 20 interminables minutes pour enfin prendre pied sur les murs, et la fatigue commençait à leur être fatale... 20minutes ou la défense adverse avait commencé à s'affaiblir, mais à peine ils en tuaient un, qu'il était remplacé... Leurs blessés ne pouvaient pas être évacués, les morts étaient jetés par dessus les murs à l'intérieur de la ville pour faciliter les mouvements des troupes... La tour sur la porte était sous contrôle... mais ils n'étaient plus qu'une 20aine... 5 à chacuns des accès conduisant à leur petit bastion... Les informations fusant, se limitant pour la plupart à "Putain il en arrive encore !" "Tenez bon ! Repoussez les nous devons tenir la porte !" et d'autres jurons bien sentis qu'il est vraiment inutile de détailler... Ils perdaient du terrain... Les forces d'assaut de la porte Nord mettaient trop de temps pour passer et les soutenir... Et les derniers boucliers finissaient par tomber...

Joh' avait tenu bon, sur le rempart Est de la porte accompagné de 4 des hommes qui l'avaient suivit jusque là, les boucliers ramassés déjà couverts de flèches amies, comme ennemies, abimé par ces quelques minutes de combat d'une violence extrème. Les faire tomber du haut des murs étaient la solution de facilité pour les deux parties, limitant le combat à côté des remparts... *Bong* une masse venait de faire voler le bouclier du Commandant de la rose noire... *Bong* cette même masse heurtant le flan de son armure... La douleur fut fulgurante, lui voilant la vue... Elle était au sol, le souffle coupé, le gout du sang dans la bouche... Quelqu'un souleva sa visière... Semblant lui parler, mais ces mots étaient au delà de sa compréhension... Puis il l'éloigna des combats, la tirant au sol... Les combats étaient finis pour elle... Si elle n'y restait pas, bien évidemment...

Le cor de la Rose Noire résonna dans une bonne moitié de la ville, mais ce n'était pas un signal apportant une bonne nouvelle... Il était caractéristique d'une unité qui venait de se retrouver isolée et qui appelait des renforts ou une aide quelconque. Trois longs souffles graves qui couvrirent l'espace de quelques instants les cris de la bataille, il fallait que les renforts interviennent vite... Les premières échelles venant à peine de se poser sur la muraille... Ca mise à part sur cette faible portion, le reste des défenses ennemies continuait à être opérationelle...