Le traité de Versmilia | Aegar

Voilà, la guerre en Oësgard est finie, aucune bataille n’a eue lieu et les forces Serramiroises ont encore montré leur puissance. Sainte-Berthlide y était pour quelque chose aussi, et les deux grands seigneurs dont la puissance militaire réunit était si impressionnante comme démontré lors du siège s’est décidé à unir ses forces dans tout les domaines. Ce pourquoi, après l’arrivé d’une partie des forces Serramiroises – les autres étaient resté en Oësgard- et de toute les forces Berthlidoises, un discours aux deux armées mais aussi à la population fut prononcé.

Peuple de Serramire, et Amis Berthlidois.
Ce mois-ci, nous avons libéré la baronnie d’Oësgard du pouvoir des félons. Nous avons rétablit de l’ordre dans notre belle contrée, et je tiens à remercier pour cela chacun d’entre vous. Vous avez nous avait aidé à rester unis en ces temps troubles. Mais une nouvelle guerre s’impose, elle semble plus grande, plus sanglantes. Je parle de la guerre contre les drows, ces êtres sombres et infâmes qui ont déjà tué des pères, des mères et des enfants. Et pour nous y préparer nous devons être encore plus fort, plus unis. Je ne vous le cache pas, des drows ont étaient aperçu dans le duché et ses baronnies, et nous vous assurons que nous allons tous vous protéger. Les Soldats Serramirois dont le courage n’est plus à prouver, et les soldats Berthlidois dont la valeur est inébranlable, vont s’unir dans cette semaine en une grande armée, en un grand peuple. Mes amis, le jour de gloire est arrivé.

Des hourras agitèrent l’assemblée de soldat et de manants, des seigneurs s’y joignirent. Et avec un sourire, Aegar et Merwyn entrèrent dans leurs appartements pour se revoir que le lendemain avant le déjeuner dans la salle close de réunion de la forteresse de Versmilia. A l’intérieur, Merwyn salua son ami de Berthilde comme les convenances l’exigeaient. Sur la table, était posé un papier, parchemin fraichement écrit stipulant ceci :

En ce mois d’hiver, dix-septième semaine.
Le marquis de Sainte-Berthlide, Seigneur du Marquisat de Sainte-Berthlide, de nom Aegar Kal’Halan, puis Aegar de Sainte-Berthilde. Et le Duc de Serramire, Seigneur du Duché de Serramire, de nom Merwyn Séraphin, puis Merwyn de Serramire ; signent en cette journée l’accord de leur plein grés et sans menaces ou autres qui dit que :
Le Duché de Serramire fusionnera avec le Marquisat de Sainte Berthlide pour former un même et grand duché, et par ce faite leurs deux armées seront centralisées en une seule et grande armée, leurs ressources seront partagées et la population du marquisat deviendra la population du duché comme la population du duché deviendra la population du marquisat. Les marchandises pourront librement circuler en les deux territoires fusionnaient. La contrée sera dirigée par les deux signataires de ce traité, soit Merwyn et Aegar et leurs ainés se partageront le pouvoir à la mort de leurs parents. Et si au cours du gouvernement de la contrée, l’un des deux signataires venait à mourir sans donner d’héritier, l’autre signataire assurera le pouvoir et nommera un régent pour le territoire laissé libre, il sera donc le seul détenteur du pouvoir en la contrée. Et si l’un des deux signataires venait à mourir mais en laissant un héritier, le gouvernement sera assuré par le survivant seul en attendant que l’enfant grandisse.
Ainsi donc, le Duché de Serramire et le Marquisat de Sainte-Berthilde deviendra un même et unique territoire, unis et centralisés.

A la suite de la lecture à haute voix de Merwyn, le jeune duc signa de sa belle plume le traité de Versmilia, ou celui de l’unification de son duché avec celui de son ami. A présent, c’était à Aegar de sceller tout ceci.

Merwyn Séraphin, dit de Serramire, était et restera un personnage qui aura marqué son époque. Mais contrairement aux grands hommes dont on se souviendra pour leurs exploits, lui restera sans doute sujet de railleries et de piques. Surement n’était-il pas encore prêt à assumer un tel rôle. Duc de Serramire, il avait la tâche primordiale de protéger le Royaume Humain de ses ennemis extérieurs. A la place, il participa, volontairement ou non, à affaiblir Diantra. En préférant l’amitié d’une Armée étrangère à celle de son Baron, il rapprocha ceux qui devinrent les Barons Félons. Il sema les graines de la discorde en préférant les armes à la subtilité, et ne fit rien pour empêcher le vent de les emporter. Quand, sous la bannière de Baudoin, les barons s’en allèrent contre Diantra, il ne fit rien pour les arrêter, et quand enfin ils atteignirent la ville, il envoya sept mille hommes supporter Trystan… Et si le chiffre peut paraître d’importance, il est à nuancer par le fait qu’il ne se rendit pas lui-même au côté de son souverain, préférant partir avec le gros de son armée à l’assaut d’une baronnie abandonnée. Près de cinquante mille hommes se pressèrent devant Oësgard… Les quatre mille défenseurs ne purent que se rendre. Au final, que penser de ce jeune fougueux ? Sous son impulsion, Serramire laissa Diantra tomber sous les coups des traitres, et ne fit que le strict minimum pour l’aider à se relever.

Et puis vint le Traité de Versmilia. L’ultime gant jeté à la figure d’une royauté bafouée, dans la superbe arrogance qui caractérisait si bien le jeune homme. Merwyn, fort de sa domination sur son duché et sur les baronnies d’Alonna et d’Oësgard, s’engagea sur la voie de la mégalomanie. Avec le sire Aegar de Sainte Berthilde, il souhaita unir deux terres qui ne devaient pas l’être. Sa dernière erreur, si facilement prévisible pourtant… Car cet acte plus qu’aucun autre marqua sa fin. Mais il ne fut pas le seul à attirer l’attention du Roi. Aegar n’échappa pas à ses foudres. Et pour cause, lui ne s’était même pas préoccupé de la reconquête de Diantra. Seuls comptaient les intérêts de son « cher et tendre ami Merwyn » comme on le murmurait avec un brin de mépris à la cour. Certains affirmaient que les deux hommes étaient amants, et que c’était Serramire qui menait le couple d’une main de fer. Le marquis n’avait pas bronché quand un vassal de son allié s’en était pris à ses terres, après tout. Et les mêmes soupçons pesaient sur Pearla, qui n’avait fait rien de plus que de donner ses terres à son suzerain sur un plateau d’argent. On se demandait presque où s’arrêtait l’idiotie de l’héritier des Séraphins et où commençait son génie manipulateur…

Ce traité fut donc l’occasion pour un Roi las de voir son pouvoir continuellement défié de frapper un grand coup. Et l’état du duché ne pouvait que l’aider. Après tout, finançant mouvements militaires après mouvements militaires, Merwyn avait peu à peu vidé les caisses de ses terres. Et comme les financements de la dame Noblegriffon avait mystérieusement pris fin avec sa disparition, son économie s’était plus ou moins… « cassé la gueule », comme on disait sur les marchés de Langehack, entre deux achats de poulets. Au final, et sans apparemment s’en rendre compte, il avait perdu un à un tous ses soutiens. Ses seigneurs, s’ils continuaient à le suivre, avaient perdu leur enthousiasme. Certains cherchaient même désespérément un moyen de se retirer de l’effroyable machine qu’il avait lancé.

Et quand Trystan, Roi des Hommes, annonça sa destitution ainsi que celle de Pearla d’Alonna et Aegar de Sainte Berthilde, tous se ruèrent sur l’occasion. Fort du soutien royal, ils désolidarisèrent leurs armées des leurs. Ce fut un spectacle digne d’eux, similaire sur chacune de leurs terres. Serramire était lassé de leur duc idiot et mégalomane, Alonna n’en pouvait plus de voir sa culture et son armée piétinées par celle de leur duché, et Sainte Berthilde ne souhaitait rien de plus que de se séparer de ce marquis fantôme sans plus d’ambition que de suivre Merwyn jusqu’au bout du monde. Une à une, les villes se clamèrent sous autorité royale, se préparant lentement mais surement à envahir au nom du Roi les terres félonnes fidèles au Duc destitué. Il y eu quelques batailles, et bien des morts encore, comme une sanglante conclusion à une guerre civile qui avait déjà laissé une trace écarlate sur l’histoire de la Péninsule. La seule qui restera dans les mémoires sera surement celle de la ville qui accueillit le traité coupable. Ce fut la plus longue, et la dernière. Il fallut deux semaines aux royalistes pour la prendre et mettre un terme définitif à une trop longue succession de combats.

Malheureusement, tous parvinrent à prendre la fuite, assez prévoyant pour comprendre, au vu des armées convergentes vers eux, qu’ils auraient du mal, cette fois, à berner le Royaume Humain qui avait constitué l’espace d’un temps leur terrain de jeu d’enfant. Ceux qui se sont retournés contre leurs Seigneurs attendent désormais que le Roi nomme de nouveaux ducs, marquis et barons, histoire de tourner vraiment la page. En espérant, bien entendu, être les heureux élus.