Rencontre frontale | Astéride & Ciaran

Si Katalina était enceinte… Elle n’avait aucun moyen d’en être sûre, après tout. Certes, elle avait quelques jours de retard, mais les événements qui s’étaient produit avec Gabriel étaient en soit assez traumatisant pour le justifier. Les cycles féminins n’étaient jamais constants, sinon il n’y aurait pas eu autant de grossesse « surprise ». Cependant, elle devait bien avouer qu’il s’agissait là de l’explication la plus plausible, expliquant même l’attitude parfois étrange d’Aerandir à son égard. Le demi-elfe était parfois empathique, elle avait fini par le comprendre… Se pouvait-il qu’il ait senti les émotions de l’embryon de vie qui commençait à peine à croître en elle ? Peu probable… Elle ne voyait pas ce qu’un fœtus pouvait ressentir. Peut-être un intense désir ou une joie indescriptible de vivre. A moins que, tout simplement, elle ait semé des indices sans même être au courant elle-même.

Pouvoir de nouveau respirer aisément fut un soulagement, et elle laissa échapper un soupir de soulagement audible alors que l’étouffante chaleur qui l’oppressait disparaissait aussi vite qu’elle était apparue, bien qu’elle préféra attendre quelques instants avant de bouger à nouveau. Encore sous le choc de l’improbable réalité, elle remercia Astéride et Ciaran pour leur présence et leur aide. Evoquer la possibilité qu’elle ait pu avoir un tel malaise sans personne pour lui venir en aide aux alentours fut une mauvaise idée, tant la réponse d’Astéride put être brutale. Enfin, la jeune femme ne faisait que répéter à voix haute les réflexions de son aînée, aussi Katalina secoua-t-elle légèrement la tête avant d’esquisser un sourire amusé.

« Ecrouler, oui. Je crois que c’est bien le verbe le plus adéquat. »

Il n’empêche qu’une telle possibilité la préoccupait. Elle n’était ni niaise, ni innocente et savait exactement quelles étaient les étapes pour concevoir un enfant, mais elle devait bien avouer, maintenant que son tour était venu, qu’elle ignorait encore beaucoup. Quelles auraient été les conséquences pour le bébé, si effectivement elle s’était écroulée ? Elle n’avait pas encore eu le temps de se faire à l’idée de se grossesse que déjà elle craignait pour son bon déroulement, et cela en faisait peut-être un peu beaucoup pour elle. Elle n’écouta que d’une oreille discrète les piques échangées par les futurs mariés. Le regard fixant un point fixe situé un peu à droite de la blonde adolescente devenue femme épanouie, ses interrogations devaient être inscrites sur son visage. Sa main droite était toujours posée sur son ventre, et ses doigts remuaient imperceptiblement, caressant à peine l’étoffe dans un geste machinal et teinté d’incrédulité.

La voix de Ciaran la tira de sa rêverie, alors qu’elle se rendait compte avec un temps de retard qu’il ne s’adressait plus à l’Intendante d’Erac mais à elle. Sursautant à peine, elle tourna la tête vers lui, le gratifiant d’un regard légèrement hagard. Il ne lui fallut qu’une seconde pour se ressaisir, le temps de cligner des yeux, et il put voir ses yeux bleu-gris retrouver toute leur assurance. Grossesse ou non, Katalina restait une excellente comédienne, capable de livrer à son interlocuteur le visage qui lui plaisait. Sauf que cette fois, la surprise était d’importance et qu’elle avait du mal à s’en remettre… et son éclat de rire la surprit elle-même. Mais les paroles du chevalier étaient si inattendues et si merveilleuse à la fois qu’il lui était venu naturellement. L’entendre évoquer des félicitations venait de balayer ses doutes.

« Néera ait pitié de moi… » Elle était enceinte. Elle attendait un enfant d’Aerandir. Le sourire que ses lèvres dessinèrent sur son visage radieux, alors qu’elle oubliait tout ce que la nouvelle pouvait impliquait pour ne plus se souvenir que de ce simple fait. « Je… Oh, Néera ! »

Et elle rit de nouveau, tellement cela faisait du bien. D’un seul coup, plus rien n’existait. Le Puy et ses noirceurs, Merwyn et son attitude, Gabriel et sa vengeance, son père et ses obsessions de grandeur… Tout ce qui avait pu la blesser s’effaceraient devant cette lumière éclatante et vierge de toute impureté.

« Merci, Ciaran. Je ne vois rien à ajouter de plus… Merci. »

Au diable le « Sire de Valis », elle était trop heureuse pour se comporter autrement que simplement.