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| Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] | |
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Auteur | Message |
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Tinfar Solinar
Humain
Nombre de messages : 123 Âge : 41 Date d'inscription : 15/03/2010
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| Sujet: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Mar 11 Mai 2010 - 20:47 | |
| Tinfar s’éveillait lentement. Pour la première fois depuis de trop nombreux jours, il jouissait du confort d’un véritable lit et n’avait aucune envie d’y renoncer. Il reposait sur un matelas si épais qu’il avait l’impression de pouvoir s’y enfoncer tout entier ; des draps frais et propres protégeaient sa peau de la fraicheur de la nuit ; et, tandis qu’il s’étirait, ses doigts frôlèrent le corps de celle qui avait partagé sa couche. Non vraiment, c’était sûrement la nuit la plus agréable qu’il ait passée depuis bien longtemps. De très loin, comme à travers une brume épaisse, lui revenaient des souvenirs de la veille. Si la rencontre avec ses mystérieux employeurs demeurait claire, le reste de sa soirée se perdait pour l’heure dans un tourbillon de délices ininterrompus. Après avoir quitté la taverne par la porte de derrière, il avait pris la direction de la porte Sud. C’était dans ce quartier de la ville qu’il était censé retrouver son futur employeur. En outre si jamais il devait fuir Alonna en toute hâte, reconnaitre les environs de la porte Sud était un choix judicieux. Emprunter la mauvaise ruelle et se retrouver dans une impasse était le plus court chemin vers le royaume de Tauri. Aussi après avoir flâné quelques temps, suffisamment en tout cas pour se faire une assez bonne idée du plan de cette partie de la ville, Tinfar avait poussé la porte d’une coquette auberge. Le tintement des pièces emprisonnées dans la bourse qui pendait à sa ceinture suffit à amadouer le tenancier. Ce dernier, empressé qu’il était de gagner du bel et bon argent, avait répondu avec entrain aux demandes du sorcier. Bain, repas fin, alcools de qualité et beauté peu farouche. Tinfar ne s’était refusé aucun plaisir. Et si certains détails des évènements de la veille étaient confus, l’essentiel était que Tinfar avait bien profité de sa nouvelle fortune. S’il ne lui restait que neuf jours à vivre, il n’avait pas de raison de se refuser quelques menus plaisirs. D’autant que ces caprices ne le mettaient pas en danger : la pègre savait que Lancefroide avait un obtenu un contrat juteux, quant aux bonnes gens d’Alonna, elles n’avaient que faire de la bonne fortune de Valroy Bilfray.
Baillant à s’en décrocher la mâchoire, Tinfar se leva sans réveiller la jeune femme étendue à ses côtés. Arcam savait qu’elle n’avait pas chômé cette nuit. S’approchant du broc posé sur la commode, le sorcier se passa un peu d’eau sur la figure. Depuis la veille, il avait la bouche pâteuse et la désagréable impression d’avoir pris un coup de froid. Enfin, il n’y avait rien d’étonnant à ce qu’il se sente un peu patraque après tout ce qu’il avait bu et mangé. Allumant une bougie, il observa son reflet dans le miroir : rasé de frais, il avait retrouvé figure humaine. Se livrant à quelques essais, il chercha comment transformer Valroy Bilfray en un simple serviteur. Lorsqu’il fut satisfait, il souffla la bougie et rassembla ses affaires. Roulant ses anciens vêtements dans sa besace, il enfila la tunique qu’il s’était acheté la veille : sans être neuve, elle avait encore fière allure et le faisait passer pour un domestique quelconque. Se rendant à la fenêtre, il ouvrit les volets d’une simple poussée et jeta un œil sur les environs. La ville était encore endormie et peu de lumières brillaient aux fenêtres. Il avait le temps de prendre un solide petit-déjeuner avant d’aller sur la place du marché pour y retrouver le contact de son employeur. L’aube n’était pas encore levée et la cité n’était pour l’heure éclairée que par un pâle crépuscule. Respirant l’air frais à pleins poumons, Tinfar goutait ce moment entre chiens et loups. Depuis toujours, il aimait cet instant suspendu entre les ténèbres et la lumière. « Entre ténèbres et lumière », oui, ce moment lui parlait tout particulièrement. Il se reconnaissant dans cet intervalle prisonnier de deux forces opposées. C’était son monde, tiraillé, instable et précaire mais qui n’appartenait qu’à quelques uns. Un univers empli de faux-semblants et de mirages qui disparaissaient sitôt qu’on prenait le temps de les examiner. Refermant la fenêtre, il se dirigeait vers la porte lorsqu’une petite voix attira son attention. La fille de l’aubergiste venait d’écarter les draps qui cachaient sa nudité. L’invitation était claire et sans ambigüité possible : elle lui offrait son corps une dernière fois. Tinfar se contenta de lui sourire bien qu’il doutât que ce dernier fut visible dans la pénombre de la chambre. Ouvrant sa bourse, il lui jeta une pièce qui retomba sur sa poitrine. Puis, sans un mot, il attrapa son sac et quitta la chambre. * * * En dépit de la fraicheur qui régnait dans les rues à cette heure plus que matinale, Tinfar prenait plaisir à arpenter à nouveau les pavés d’Alonna. L’air frais battait ses tempes et chassait les brouillards de la nuit. Le malaise ressenti au réveil n’était plus qu’un mauvais souvenir et le sorcier se pensait prêt à affronter sa journée. Néera savait qu’il aurait besoin de toute sa tête aujourd’hui et les jours suivants. Il allait disputer une rude partie contre des adversaires qui avançaient dans l’ombre. Par le passé il s’était déjà retrouvé dans des situations similaires, mais jamais une qui semblât aussi désespérée. Il était seul et ne pouvait se fier à personne. Pire encore, il ignorait tout de se cible de même que de ses employeurs. Il était coincé. Aujourd’hui plus que jamais, il lui faudrait être attentif au moindre détail. Enregistrer tout ce qui se dirait, noter les regards échangés, prendre en compte les sous-entendus les plus subtils et surtout en apprendre aussi long que possible sur toutes les personnes qu’il serait amené à croiser. Car dans son monde, on mesurait le succès à l’argent accumulé, mais seules les informations avaient de la valeur.
Tout à ses réflexions, il finit par déboucher sur la place du marché. Pour l’heure elle n’était que peu animée. Quelques étals de-ci de-là étaient déjà dressés, mais les badauds et la majorité des marchands n’arriveraient pas avant une heure. Avisant un paysan qui s’installait pour vendre quelques jambons, Tinfar décida que s’était le moment idéal pour s’offrir un petit-déjeuner. Ses achats en poche, le sorcier s’installa près de la fontaine qui ornait le centre de la place et commença son repas en attendant l’apparition du gaillard qui devait l’embaucher. |
| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Mer 12 Mai 2010 - 8:15 | |
| Certaines personnes se doivent d’avoir le physique de l’emploi. Prenons un exemple : un cuisinier se doit d’être un homme plutôt robuste à la mine épanouie et au rire jovial. Vous ne voudriez pas que vos délicieux petits plats soient concoctés par un individu triste au teint blafard, non ? Comment lui faire confiance, il risquerait de vous mettre des légumes et de l’eau au lieu de la bonne portion de graisse et d’alcool que votre organisme réclame… D’autres au contraire font tout à l’inverse. Certains assassins sont des gens charmants et d’une exquise politesse, au point que l’on s’attende presque à ce qu’ils prennent rendez-vous avec leur victime afin d’éviter tout dérangement impromptu. Mais il s’agit généralement là d’une tactique soigneusement étudiée et destinée à arriver au mieux à ses fins. Selon toute vraisemblance, notre ami Tinfar fait partie de ces dissimulateurs… D’autres encore ne collent pas à leur personnage du simple fait qu’ils ne maîtrisent pas leurs envies et leurs vices. Tel était le cas de Loumio, l’un des assistants au chef-cuisinier de la citadelle d’Alonna. Comment le décrire ? Un… rat ? Oui, la description est assez correcte. Un long nez, un regard fuyant, des moustaches pelées, un visage grêlé, des cheveux gras, le tout sur un corps malingre. Bon, je m’arrête là, vous avez cerné ce personnage. Si j’avais mis une image, vous auriez immédiatement compris qu’il faisait partie du mauvais camp. Il pourrait porter un panneau avec écrit en gros caractères : « attention, traître et pervers », cela n’aurait rien apporté de plus à ce que vous auriez déjà deviné De fait, Loumio avait une nette préférence pour les jeunes enfants, vice honteux qui lui aurait valu un juste châtiment s’il avait été dévoilé au grand jour. La veille au soir, il avait reçu la visite d’un gaillard se présentant comme l’envoyé d’un des puissants d’Alonna. Le visiteur lui avait expliqué que son infâme secret ne le resterait (secret) qu’à une condition : qu’il se rende le lendemain matin sur la place du marché de la porte Sud pour embaucher un homme dont la description lui serait fourni. Ce nouveau recruté devait être affecté au service de Jena, la fiancée du baron, afin qu’il soit l’un des serviteurs en charge de lui apporter ses repas lorsqu’elle mangeait dans sa chambre. Bien sur, lorsqu’elle mangeait avec son futur mari, le service était fait par une équipe spéciale dédiée au maître d’Alonna. Ainsi donc, Loumio arriva ce matin là à l’aube sur la place du marché et localisa rapidement son homme. Pas très dur, il n’y avait pas encore foule. Bon, allons-y, se dit-il, accomplissons le boulot et lavons nous en les mains. L’aide cuisinier ne voulait surtout pas savoir qui était ce gaillard ni pourquoi il lui fallait l’embaucher. Sans doute une histoire d’espionnage entre nobles, mais mieux valait s’en tenir à distance si on voulait rester en bonne santé. Notre « ami » commun m’a demandé de vous embaucher. Suivez moi et… à propos, comment vous appelez vous ? |
| | | Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Mer 12 Mai 2010 - 11:35 | |
| Le lendemain, Danae se réveilla d’extrêmement bonne humeur. Et oui, elle n’est pas tous les jours désagréables. Bien que ce soit rare, je vous l’accorde. Donc je disais que ce matin là, elle s’était réveillée avec le sourire. Depuis sa ‘rencontre’ avec Jena la veille, elle avait élaboré tout un plan qui, à terme lui ôterait plus d’une épine du pied. Son père et elle n’avait peut-être pas assez pris le temps de réfléchir à leur projet, et puis le fait de ne pas s’être concerté avant d’embaucher ce mage…cela avait été une lourde erreur. Ils auraient du monter ensemble ce plan, choisir qui ils souhaitaient engagés, et puis peut-être auraient-ils également préparé la disparition de leur homme de main. Mais au lieu de ça Tyriam préférait la jouer solitaire. Et, à la gifle qu’elle avait reçue la veille, elle savait pertinemment qu’il ne la laisserait plus se mêler de cette affaire.Et bien soit, elle savait maintenant comment elle allait occuper ses neuf prochains jours. Il faudrait qu’elle prenne sur elle plus d’une fois, mais elle était certaine de pouvoir arriver à ses fins. Lorsqu’elle sonna la petite clochette posait sur sa table de nuit, sa servante entra presque instantanément, résultat d’années d’apprentissage. Elle l’aida à se lever, à se laver et à enfiler une robe à la fois simple, mais sophistiquée. Afin que l’on sache à qui on avait à faire. Elle espérait ne plus jamais avoir à porter de frusques comme la veille. Qu’elle horreur, elle était restée plus d’une heure dans son bain pour être sure d’être parfaitement propre.- Elys, prépare mon panier à couture puis fait porter ce message à Dame Jena. Rapidement, précisa-t-elle fermement.Sans se départir de son sourire, Danae s’installa sur l’un des fauteuils de son boudoir et attrapa son cerceau à broder sur lequel était fixement attaché l’ouvrage qu’elle avait commencé dès mois plus tôt. C’était une activité qu’elle n’appréciait guère, mais c’était l’un des passe-temps favoris des Dames de bonne société. C’était donc nécessaire pour sa petite mise en scène. *** Jena s’affairait dans les cuisines. Avec le chef cuisinier elle avait passé en revu tout ce qu’il fallait commander, elle avait gérer un conflit entre deux lavandières, maintenant elle cherchait désespéramment Valor, à qui elle devait remettre la fameuse liste de course à faire pour les prochains jours. L’intendant de la citadelle ne la ménageait pas, bien au contraire. Il avait été extrêmement satisfait de son travail lors du bal qu’il y avait eut quelques jours plus tôt. Depuis il la traitait en égale. Sur un ton un peu plus poli et amical depuis l’annonce de ses fiançailles. Lorsqu’elle sortit dans la cour, pour voir s’il n’était pas dehors, bien que ce soit loin d’être son genre. Elle vit une jeune femme s’approcher timidement d’elle.- Bonjour Madame, ma maîtresse Dame Danae d’Amaury souhaiterait que vous lui rendiez visite dans ses appartements. Elle vous attend. - Oui mais là, ça va être un peu compliqué. J’ai beaucoup de….Devant le regard que lui jeta la servante, Jena comprit qu’il valait pour cette pauvre fille qu’elle ramène Jena avec elle. Soupirant, la jeune femme signala aux cuisines qu’elle se rendait chez Dame Danae puis suivit la jeune servante.Lorsqu’elle fut introduite dans le grand boudoir, Jena salua la jeune noble en s’inclinant légèrement. Une chose étrange se produisit alors. Danae, qui jusque là était assise sur son fauteuil en train de broder, se leva d’un bond et vint saisir les mains de la jeune intendante, un immense sourire aux lèvres.- Oh Dame Jena, je suis tellement contente que vous ayez acceptée mon invitation. Je me suis mise à mon ouvrage et j’ai aussitôt pensé à vous. Face à cette joie non dissimulé, Jena hausse les sourcils, surprise qu’elle était. Se reprenant rapidement, elle lui sourit à son tour. La jeune femme suivit Danae et s’installa sur le fauteuil qu’elle lui indiqua. Sans comprendre ce qui lui arrivait, elle se retrouva avec un cerceau sur lequel était attaché un fin mouchoir blanc de qualité, visiblement Danae comptait garder Jena un peu plus longtemps qu’elle ne l’aurait imaginé. - Oh…euh…merci à vous de m’avoir invité. C’est très aimable de votre part.Etre demoiselle de compagnie d’une personne comme Dame Camillia laisse des marques. Elle retrouva rapidement l’habitude de l’aiguille et du fil dans ses mains cependant elle n’était pas très enthousiaste à l’idée de perdre une matinée comme ça. Mais après environ une heure de couture, Jena avait totalement changé d’avis. Elle passait un agréable moment en compagnie de cette jeune noble qu’on lui avait faussement décrite comme arrogante et hautaine. Bien au contraire et aussi surprenant que cela puisse paraître, elles s’entendaient même plutôt bien. |
| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Mer 12 Mai 2010 - 20:36 | |
| Relevant les yeux, Tinfar découvrit l’homme qu’on avait dépêché pour lui servir de guide et l’introduire dans la citadelle. Le moins que l’on pouvait dire en le voyant, c’est qu’il n’avait pas un physique propre à inspirer confiance. Même aux yeux du sorcier, qui avait pourtant côtoyé des individus peu ragoutants, ce Loumio apparaissait comme une erreur de la nature. Enfin, pensa Tinfar, il n’était pas besoin d’apprécier l’homme pour faire ce qu’il avait à faire. Lissant sa tunique afin de faire tomber les miettes de son petit-déjeuner, Tinfar se leva et tendit la main en direction de l’individu.
Graag Trell, l’ami. A ce que je vois, t’as l’air de bien prendre la chose. C’est dans tes habitudes de faire entrer des gars en douce dans la citadelle ? Balayant sa propre question d’un revers de la main, Tinfar enchaîna comme si de rien n’était. Oh et puis je m’en fous. Ce n’est pas mon problème après tout. Je suppose qu’on a tous des petits secrets qu’on préfèrerait garder pour nous.
S’étirant de tout son long, Tinfar étouffa un bâillement. Se baissant, il récupéra le sac qui trainait à ses pieds et en fit passer la sangle par-dessus son épaule. Faisant à nouveau face à son recruteur, le sorcier le dévisagea longuement. Poussant un léger gloussement, il tapota l’épaule de Loumio et se mit en route. Alors qu’il dépassait son vis-à-vis, il glissa avec amusement.
Enfin, sache que ton secret est entre de bonnes mains. Puis il ajouta d’un ton que son sourire ne suffisait pas à réchauffer : Tant que tu fais tout ce qu’on te demande. Après quelques pas, Tinfar se tourna à demi et demanda. Eh bien, tu te dépêches ? On va pas rester là toute la matinée. Et le service va pas se faire sans nous. En plus, tu dois encore me présenter et me montrer mes quartiers.
Tinfar prit une grande goulée d’air frais et sourit en sentant ses poumons se remplir comme après une trop longue apnée. Par les Cinq, cela faisait des semaines qu’il ne s’était pas senti aussi vivant. En comparaison de ce qu’il préparait, se jouer de ce balourd d’Aetius d’Ivrey n’avait été qu’un pis-aller, une tâche indigne de ses talents. Ici, plongé jusqu’au coup dans les méandres de la politique de la baronnie, il avait trouvé un terrain de jeu à sa mesure. Ce matin il se sentait prêt à relever tous les défis, quitte à jouer à un jeu dont il ne connaissait pas toutes les règles. Et en observant le visage tavelé de l’homme venu l’accueillir, il se dit que le jeu était bel et bien engagé. Il n’était d’ailleurs pas mécontent de son premier mouvement. Chercher à retourner les pions de son adversaire à son avantage était toujours une tactique payante. Et même si pour l’heure il ignorait tout de son guide et ne pouvait guère le manipuler, peu importait. L’essentiel était qu’il soit parvenu à instiller le doute en lui. D’ici quelques jours, il saurait, et alors il serait temps de trouver où et comment jouer le coup suivant. |
| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Ven 14 Mai 2010 - 15:47 | |
| Le trajet de retour à la citadelle fut pour le moins morose, Loumio se demandant tout du long ce que Tinfar pouvait bien savoir de son infâme secret. Les deux hommes passèrent aisément les postes de gardes, Tyriam ayant veillé à ce que les autorisations d’entrée pour Tinfar soient déjà crées. Habituellement les procédures et vérifications diverses des nouveaux serviteurs prenaient plusieurs jours, mais un fonctionnaire était ce matin là plus riche que la veille… Faisant un détour par le quartier des serviteurs pour que Tinfar puisse déposer son sac dans la petite piaule qui lui était destinée, ils mirent ensuite le cap sur les cuisines. A peine arrivés, ils tombèrent sur le chef cuisinier qui supervisait le rôtissage d’un bœuf entier.
Loumio ! Faut amener un plateau de rafraîchissements chez la p’tite garce du vieux d’Amaury. La fiancée du régent est avec elle.
La p’tite garce dans le langage des cuisines était Danae, surnom gagné autant à cause de son caractère que de son habitude de mettre tout ce qui porte braguette dans son lit. Loumio fixa le plateau puis Tinfar. Certes le gaillard ne portait pas l’uniforme réglementaire, mais sauf parmi les serviteurs mis au service exclusif du régent, ce n’était guère un cas isolé. Les seules occasions ou tout le personnelle des cuisines se mettait en grande tenue était les bals ou les banquets, le reste du temps un certain relâchement était admis dès lors que la tenue n’était pas trop débraillée. Indiquant du doigt le plateau au nouvel embauché, Loumio ordonna :
Graag, allez-y. Puisque vous êtes au service de cette Jena, autant vous y mettre vite, hein ? Prenez le couloir à droite en sortant des cuisines, il vous mènera en bas du grand escalier d’honneur. Les appartements des d’Amaury sont au deuxième, demandez à un garde en faction de vous les indiquer.
Sans attendre d’en voir plus, le petit homme à face de rat tourna le dos à Tinfar et fila prestement. Habituellement les nouveaux arrivants se voyaient offrir un tour des lieux pour apprendre à connaître le vaste réseau de couloirs de la citadelle, mais Tinfar devrait s’en passer. Malgré ses nombreux défauts, Loumio n’était pas un imbécile, et ses vices cachés lui avaient au moins appris à « sentir » les ennuis. Il ne voulait surtout rien avoir à faire avec un homme qui puait le danger à cent lieux à la ronde…
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| | | Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Sam 15 Mai 2010 - 8:06 | |
| Le temps était passé extrêmement vite. Si vite que la matinée était déjà terminée et qu’il était l’heure du déjeuner. Lorsque Danae sonna la petite clochette posée près d’elle, une servante entra précipitamment et écouta les ordres de sa maîtresse. Au visage surprise de la jeune femme, il était clair qu’elle ne s’attendait pas à être accueillit avec un si beau sourire ni à recevoir des ordres aussi polis….elle avait même eu droit à un ‘s’il vous plait’. Danae venait de demander à la domestique de faire monter un repas pour la fiancée du régent et elle. Ce fut lorsqu’elle entendit le mot repas que Jena se leva d’un bond. Elle avait totalement oublié ce détail là. Elle avait passé près de deux heures avec Danae alors qu’elle aurait du être en train d’organiser les plateaux dans les cuisines. Elle allait avoir droit à un savon, Valkor n’aimait pas du tout ce genre de contretemps. Cependant Jena ne doutait pas que les employés de la cuisine puissent se débrouiller parfaitement sans elle.
- J’ai complètement oublié les cuisines. Je suis navrée Dame Danae mais je vais devoir vous laisser, j’ai du travail qui m’attend en bas. - Allons, allons Jena vous avez bien le temps de grignoter quelque chose avec moi non ? demanda presque attristée la jeune noble. Vous allez bientôt devenir l’épouse d’un régent, ce genre de travail n’est plus pour vous. Vous n’avez plus rien à faire dans les cuisines, très chère.
La remarque de Danae visa juste, en effet elle n’avait peut-être pas à être en cuisine, mais c’était là le seul travail qu’elle connaissait. Cela ne changeait pas grand-chose de ces fonctions premières de demoiselle de compagnie. Elle ne voulait pas avoir une…promotion, juste parce qu’elle était fiancée au régent. Hors de question, elle avait sa fierté toute de même. Et puis ce travail là lui permettait d’être plus proche de gens qu’elle n’aurait pas pu côtoyer autrement. Imaginez donc l’épouse d’un régent discuter plaisamment avec les lingères ou même parler confiture avec la cuisinière ! Évidemment, il n’y avait pas que des honnêtes gens, et les cuisines d’Alonna auraient pu subir un nettoyage de fond. Il y avait des gens trop louches, trop fuyant pour être honnête. Mais ce n’était pas le rôle de Jena de réformer toute la citadelle.
- Et bien….puisque vous insistez je resterais manger avec vous, déclara la jeune femme en se rasseyant. - Voila qui est mieux ! C’est après midi ma couturière doit venir me faire essayer une nouvelle robe, souhaitez-vous vous joindre à moi ? Elle doit venir avec un nouveau choix de tissu pour qu’elle puisse préparer la prochaine, celle que je porterais pour votre mariage, évidemment. Si vous le souhaitez vous pourrez jeter un œil aux étoffes peut-être que nous pourrons vous faire tailler une jolie robe. Non pas que votre tenue soit négligée, mais vous êtes si jolie que c’est presque dommage de ne pas vous mettre plus en valeur dans une robe taillée sur-mesure pour vous….
Quel débit impressionnant et encore, elle était loin d’avoir finie de parler chiffon. Etant une jeune femme bien élevée Jena n’interrompit pas une seule fois la noble, se contentant juste de hocher la tête et de lui sourire. Elle qui était fille de marchand d’étoffe, elle savait reconnaître la qualité des tissus au premier coup d’œil. Le cadeau de Danae était fort généreux, et bien qu’elle eut très envie de le décliner – il ne vaut mieux pas avoir une dette envers ses gens là – elle ne put interrompre la jeune femme qui visiblement se faisait une joie de pouvoir aider Jena à mieux s’habiller (se furent ses propres termes…). Et puis après tout pourquoi pas, ce serait une petite surprise pour son fiancé !
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| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Lun 17 Mai 2010 - 15:06 | |
| Les cuisines de la citadelle d’Alonna étaient différentes de ce que Tinfar pensait découvrir. Les proportions notamment avaient de quoi surprendre un observateur non averti. La salle où Loumio avait conduit le sorcier était immense. Quatre tables, toutes aussi longues que celles où les nobles prenaient place lors des banquets, en occupaient le centre. Des myriades de plats y étaient dressés tandis qu’une multitude d’ingrédients attendaient encore qu’on les apprête. Aux extrémités de la salle trônaient deux cheminées qui auraient pu chacune accueillir un cheval entier. Pour l’heure leurs feux étaient éteints mais des braises rougeoyantes y étaient entassées, et deux bœufs bien gras tournaient lentement sur de longues et solides piques. Le mur qui faisait face au mage était tout entier occupé par des fourneaux où mijotaient sauces, volailles et poissons. Au milieu des vapeurs, Tinfar distingua deux portes qui devaient mener au cellier et à la cave. Partout s’entrapercevaient les reflets des ustensiles de cuisine qui donnaient à la scène un aspect presque magique. Il régnait dans cette pièce une chaleur cuisante mais qui n’était pourtant pas désagréable. Les délicieuses odeurs qui s’échappaient des plats chauds avaient tôt fait de détourner l’esprit de cette gêne. Et partout, des gens s’activaient. Tout n’était que mouvements et cris. Pourtant en dépit du chaos apparent, les serviteurs semblaient trouver leur place sans problème aucun. De jeunes commis en sueur se déplaçaient dans la cuisine, souvent frôlant des casseroles fumantes, sans jamais se brûler ; les couteaux volaient entre les mains des jeunes filles qui préparaient les légumes sans que la moindre coupure fût à déplorer. Et au milieu de toute cette agitation se trouvait un homme, immobile et serein qui les surveillait tous. Le chef demeurait au centre de la cuisine et semblait avoir l’œil à tout. De temps en temps il prélevait une bouchée d’un plat qui passait à sa portée et donnait quelques ordres auxquels tous s’empressaient d’obéir. Lorsqu’il aperçut Loumio, le chef lui adressa quelques mots. Tinfar, deux pas derrière l’assistant du chef-cuisinier, se contenta d’écouter. Entendant qu’il allait devoir apporter une collation à la fiancée du régent, le sorcier réprima un sourire. Ainsi donc, on lui offrait déjà l’opportunité de rencontrer sa cible. Bien que la rencontre survienne trop tôt à son goût, il n’avait d’autre choix qu’accepter. En temps normal, il aurait préféré jouir de quelques jours pour s’habituer à son nouveau rôle et repérer les lieux. Visiblement les dieux en avaient décidé autrement. Tandis que Loumio filait sans demander son reste, Tinfar saisit le plateau qu’on lui désignait et inclina légèrement la tête.
Une collation pour la régente dans les appartements des d’Amaury, répéta-t-il pour montrer qu’il avait bien compris. Ce sera fait, chef.
Puis sans attendre, le sorcier, les bras chargés du lourd plateau d’argent, se mit en route. Tout en marchant, il repensa à la conversation qu’il avait eue la veille avec Braskil. Ce dernier n’avait-il pas mentionné le nom des d’Amaury ? * * * Se repérer dans la citadelle n’était pas aussi difficile qu’il l’avait craint. Comme souvent avec les édifices militaires, les plans se voulaient avant tout fonctionnels. Les aménagements successifs avaient certes multiplié le nombre des couloirs mais, pour un homme habitué à trouver son chemin dans les plus sordides venelles de Diantra, il n’était pas si difficile de s’y orienter. Malgré tout, Tinfar jugea plus sage de demander sa route à tous les serviteurs et soldats qu’il croisait. D’autant qu’il profitait des quelques mots échangés pour se présenter et faire savoir qu’il était récemment entré au service de Jena. Il avait maintes fois fait l’expérience qu’il valait mieux aller se présenter sans attendre que laisser les gens s’imaginer Néera sait quoi.
Arrivé devant la porte des appartements des d’Amaury, le sorcier frappa à la porte. Les bras toujours chargés de l’encombrant plateau, il patienta jusqu’à ce qu’une jeune servante vienne lui ouvrir. Cette dernière lui sourit et le fit entrer. Le précédant dans les couloirs, elle le guida à petits pas pressés jusqu’à une nouvelle porte. Là, timidement, elle effleura le lourd battant de ses doigts et annonça qu’un serviteur apportait le repas de ses dames. Tinfar, les yeux rivés sur la porte, attendait de poser les yeux sur le visage de celle qu’il allait devoir tuer. Pour l’heure, il était partagé entre la crainte et l’excitation. Il n’avait jamais œuvré à la mort de quiconque, mais il ne pouvait pourtant pas nier qu’il trouvait toute cette aventure particulièrement grisante. |
| | | Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Mar 18 Mai 2010 - 7:58 | |
| Danae parlait d’un air ravie de la séance d’essayage qui aurait lieu dans l’après midi. Visiblement, elle était très excitée à l’idée de partager ce moment avec Jena. Par politesse, mais également par curiosité, la jeune femme n’avait pas su refuser. Voila comme elle allait perdre une journée entière. Points positifs, elle commençait à apprécier la jeune noble et elle se faisait par la même une amie, car elle en avait bien peu du rang de Danae. Celle-ci paraissait au premier abord froide et manipulatrice, alors qu’en fait, plus elle passait de temps avec elle plus elle la trouvait sincère et gentille. (Preuve que notre chère Danae que nous connaissons tous, jouait parfaitement bien son rôle…) On frappa légèrement à la porte et Danae se tourna tout sourire vers celle-ci. Une servante entra et annonça que l’on venait d’apporter un plateau. D’un geste de la main la servante compris le message et retourna vers la porte. A son tour elle fit signe au domestique et lui indiqua qu’il pouvait entrer. Le précédent dans la pièce, elle lui montra une table non loin des deux fauteuils occupés pour qu’il aille y déposer son plateau. Jena regarda l’homme entrer, elle ne l’avait jamais vu, ni aux cuisines, ni ailleurs dans la citadelle…peut-être avait-il été embauché depuis peu. Lui souriant, Jena se leva pour l’aider à faire de la place sur la table, Danae avait vidé sur cette même table tout son panier de couture... - Merci, je vous ferais appeler quand nous aurons terminé. Pourriez-vous dire à Valor que je reste auprès de Dame Danae une partie de l’après-midi, je le retrouverais ce soir avant le service des premiers repas. Au fait, comment vous nommez-vous ? Il ne me semble pas vous connaître.Lui adressant un sourire, elle se tourna vers le plateau et servit un peu de chaque plat dans une assiette qu’elle tendit ensuite à Danae.- Vous n’étiez pas obligé de faire le service Jena, ma servante aurait pu le faire à votre place.Jena ne répondit rien à la phrase de la noble demoiselle. Elle avait pour principe de faire elle-même ce qui ne nécessitait pas l’aide d’une tierce personne. Peut-être est-ce déplacer de parler ainsi à ce nouveau domestique dans les appartements de la jeune fille d’Amaury, mais là aussi, elle tenait à connaître les noms de tous ceux avec qui elle travaillait. Et puis visiblement cet homme avait été affecté soit à son service soit à celui de Danae. Elle serait donc amenée à le croiser souvent. ***
Danae resta assise dans son fauteuil, tandis que Jena se levait pour leur servir à manger. Bien évidemment, dès que le serviteur était entré, elle l’avait immédiatement reconnut. Lancefroide n’avait pas tardé à prendre ses fonctions. S’il continuait à cette vitesse, la fiancée du régent ne serait plus qu’un souvenir d’ici neuf jours… Elle était certaine que lui aussi l’avait reconnue sans mal et tant mieux, comme ça il saurait à qui il avait à faire. |
| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Jeu 20 Mai 2010 - 16:51 | |
| Si Tinfar s’était demandé comment distinguer Jena de la maitresse des lieux, la « garce du vieux d’Amaury » ainsi que l’avait qualifiée le chef-cuisinier, la question ne se posait désormais plus. Sitôt que la servante s’était écartée pour le laisser passer, ses yeux avaient croisé le regard de la jeune femme rencontrée la veille dans la taverne. Tout en s’inclinant légèrement, le sorcier vit que, si Danae l’avait reconnu, elle n’en avait rien laissé paraitre. Son visage n’avait rien trahi de sa surprise ou de ses appréhensions. Décidemment cette jeune personne était pleine de qualités insoupçonnées. Tinfar était bien placé pour savoir combien il était difficile de conserver la maitrise de ses émotions sous l’effet de la surprise. Lui-même à l’occasion avait vu certaines de ses identités d’emprunt percées à jour suite à un regard trop appuyé ou un sourire inopportun. Le professionnel qu’il était fut impressionné par le sang froid de la jeune d’Amaury. Et ce d’autant plus qu’elle faisait bon accueil et sympathisait avec celle-là même qu’elle voulait voir disparaitre. Non vraiment, c’était assurément une personne dont il serait bien inspiré de se méfier dans l’avenir.
Reportant son attention sur la fiancée du régent, le sorcier l’observa à la dérobée tandis qu’elle faisait le service. Pas étonnant que le régent ait jeté son dévolu sur elle, pensa Tinfar. Elle possédait un charme indéniable, une grâce certaine qui se lisait dans le moindre de ses mouvements. A la voir s’activer auprès du plateau, on ne se serait pas imaginé une seconde en présence de la femme en passe de devenir le centre d’attention de toute la baronnie. Ce simple fait ajoutait encore à son charme, sa simplicité venant souligner sa beauté. Difficile cependant de ne pas la comparer à son hôtesse. Elles semblaient avoir le même âge, ou peu s’en fallait, et elles étaient toutes deux magnifiques. Mais la comparaison s’arrêtait là. L’une possédait un charme discret, apanage des femmes qui ne cherchent pas à plaire à tout prix ; l’autre, au contraire, n’était que trop consciente de sa beauté et l’utilisait comme une arme. Si l’une ne demandait qu’à être choyée et aimée ; l’autre souhaitait tout autre chose : il fallait la conquérir de haute lutte et prouver sans cesse qu’on était digne de la conserver. Deux fleurs splendides mais l’une au moins possédait de redoutables épines.
La voix de Jena tira Tinfar de ses réflexions. Avec une légère courbette, le sorcier répondit d’une voix qui semblait indiquer que les questions de la jeune femme le mettaient mal-à-l’aise :
Graag Trell à votre service, ma dame. Je viens juste d’être rattaché à votre service, ma dame. Esquissant une discrète révérence, il ajouta : Je vais de ce pas transmettre votre message au sieur Valor, ma dame.
Reculant en direction de la porte, il renouvela une révérence et ajouta en bafouillant légèrement :
N’hésitez pas à faire appel à moi si vous désirez quoique ce soit. Je suis à votre entière disposition. Mes dames.
Alors, après une dernière inclinaison de la tête il sortit et tira la porte derrière lui. Dès qu’il entendit le déclic de la clenche, Tinfar se permit d’esquisser un sourire carnassier. Il n’avait guère eu plus de quelques minutes pour faire la connaissance de cette Jena, mais le peu qu’il en avait vu était plus que satisfaisant : il avait l’impression de pouvoir lire en elle comme dans un livre ouvert. Sa tâche serait en outre grandement facilitée par les liens que Jena semblait vouloir créer avec le personnel de la citadelle. |
| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Jeu 20 Mai 2010 - 19:56 | |
| [Six jours se sont écoulés]
Hanegard se réveilla ce matin là avec sa fiancée tendrement enlacée contre lui. Un baiser sur la joue… un autre sur les nez… les lèvres… ah, elle s’éveille doucement… la gorge… les seins… hmm, oui elle est réveillée maintenant. Un matin tout à fait ordinaire pour le couple donc, et nous allons donc les laisser à leurs ébats.
Déplaçons nous plus loin dans la citadelle…
Un autre lit, un autre couple, mais bien moins unis celui là. Le seigneur Tyriam d’Amaury chassa de sa couche la prostituée avec laquelle il avait passé la nuit et se concentra sur les affaires en cours qui appelaient son attention. Claquant des doigts, il appela Rocta, son homme de confiance pour ses missions… secrètes…. Et peu régulières.
Comment vous décrire Rocta ? Hmm, difficile, mais disons que ce n’est pas le genre de gaillard que vous voudriez croiser seul dans une ruelle obscure la nuit. Le genre d’hommes à vous égorger un nourrisson pour quelques pièces d’or, le genre d’homme qui a vaguement conscience du fait que le mot « morale » existe dans le dictionnaire mais qui jamais ne s’est fatigué à en comprendre vraiment le sens.
Enfin bref le gaillard idéal pour Tyriam… dévoué et sans aucun scrupules.
Rocta, allez voir notre « ami » en cuisine, et demandez lui ou il en est. Il ne lui reste plus que quatre jours pour exécuter son contrat. A vos ordres.
Oui, quatre jours, quatre jours avant que le poison n’agisse et ne prive à son tour Tinfar de la vie.
Fidèle comme un molosse bien dressé, Rocta alla attendre le mage à la sortie des cuisines. Lorsqu’il sortit avec un plateau chargé dans les mains, le molosse demanda :
Alors, vous en êtes ou ?
Question simple et directe, parfaitement adaptée à l’intelligence de Rocta qui avait du mal avec les mots de plus de trois syllabes. Tu en es ou de la mission qui t’es confiée, voilà une question qu’il arrivait à comprendre, il ne fallait pas trop lui en demander non plus.
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| | | Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Ven 21 Mai 2010 - 7:58 | |
| Cela faisait donc six jours que Jena passait ses après-midi avec la fille du riche Tyriam d’Amaury. Ses matinées et ses soirées étaient consacrées à son travail quotidien mais toutes ses après-midi…. Elle se retrouvait avec Danae… Après les deux premiers jours à parler chiffons et à broder, Danae avait vite proposé de toutes autres activités : de longues promenades dans les jardins d’Alonna, des balades à cheval, ou même aller faire un tour au marché déguisées pour ne pas être reconnues. Jena était quasiment sure que dans son cas le déguisement était totalement inutile, personne ne devait la connaitre à Alonna, mais elle avait voulu faire plaisir à son amie et à ses excentriques idées. Aujourd’hui, elle n’imaginait pas un seul instant ce que lui réservait la jeune noble. Après un réveil des plus tendres et des plus agréables, Jena quitta son lit et les bras de son fiancé à regret. Depuis qu’elle passait beaucoup de temps en compagnie de Danae, elle veillait à se mettre au travail plus tôt. Elle ne voulait pas qu’on pense qu’elle deviendrait aussi paresseuse que la jeune d’Amaury, juste parce qu’elle était fiancée au régent de la citadelle. Et puis lui-même n’aurait sûrement pas apprécié de la voir passer ses journées à broder et à donner des ordres comme la pire des aristocrates d’Alonna.
Filant aux cuisines elle croisa le nouveau domestique qu’on avait affecté à son service, un plateau dans les mains. Un homme qu’elle avait déjà croisé dans les couloirs venait de l’aborder aussi ne s’attarda-t-elle pas trop longtemps. Elle adressa juste un léger sourire Graag puis continua sa route. Elle eut à peine le temps de mettre les pieds dans les cuisines que la servante de Danae lui sauta dessus. Visiblement sa maîtresse voulait absolument la voir. Tout de suite. Après un soupir et quelques paroles aux autres domestiques, Jena suivit la servante jusqu’aux appartements de Danae. Pourquoi ce jour là tout le monde lui sautait dessus ? Parce que oui, une fois dans le vaste boudoir de son amie, celle-ci se jeta sur elle, l’air complètement surexcitée. Du coin de l’œil Jena aperçut la couturière qu’elle avait rencontrée six jours plus tôt.
- Bonjour Danae. Vous souhaitiez me voir ?
- Oh, oui Jena… Votre robe est enfin terminée. Glendra vient d’apporter les deux robes que nous lui avons demandées. J’avais tellement hâte de vous voir enfiler la votre que je n’ai pas pu attendre cet après midi. Passez dans la pièce à côté, la robe est sur le lit.
Sans se faire prier davantage, Jena se retrouva dans ce qui semblait être la chambre de Danae. Sur le lit se trouvait une robe magnifique….qui devait sûrement appartenir à la jeune noble…Pourtant Jena avait beau regarder partout ailleurs, elle ne voyait nulle part une autre robe. Il lui fallut plusieurs longues secondes pour se rendre compte qu’il s’agissait bien de celle qu’elle avait demandé, taillée dans le tissu qu’elle avait choisit six jours plus tôt.
Sans qu’elle ne l’ait remarqué avant la servante de Danae s’approcha d’elle et l’aida à se déshabiller et à mettre sa nouvelle robe. Le bleu clair qu’elle avait choisit faisait ressortir ses yeux noisettes et le corset d’une couleur plus foncé accentué la finesse de sa taille. Pour finir la jeune femme qui l’aidait à se préparer lui releva même les cheveux en un chignon qui semblait bien compliqué alors qu’elle n’avait mit qu’une seconde pour le faire. Regagnant le boudoir, Jena ne sut dire ce qu’elle lut un instant dans les yeux de Danae…un regard surprenant qui fut vite effacé par un immense sourire et des cris de joie. Visiblement le résultat lui plaisait.
- Il faut vite que vous alliez voir votre fiancé. Je suis sûre qu’il ne vous reconnaîtra pas. Allez allez…et racontez moi tout cet après midi. Pour l’heure je dois aller rendre une petite visite à mon père.
Une petite inclination polie de la tête et les deux jeunes femmes se séparèrent. Jena se rendit au bureau de son fiancé pour lui montrer sa nouvelle tenue….en espérant qu’il la reconnaîtrait tout de même un peu (!) et Danae retrouva son visage de pierre avant de franchir la porte des appartements de son père. |
| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Mer 26 Mai 2010 - 18:14 | |
| Tinfar avait fini par prendre ses marques dans la citadelle. Les couloirs de la forteresse étaient devenus son terrain de jeu. Il en connaissait le moindre recoin et s’y déplaçait à son aise. Pas une porte, pas une encoignure qui lui fut inconnue. Il connaissait tous les raccourcis et les chemins détournés pour aller d’un point à un autre sans se faire remarquer. Il savait comment éviter les gardes en faction ou, au contraire, par où passer pour partager en leur compagnie un morceau de pain chipé aux boulangers. Le personnel des cuisines, d’abord distant, avait fini par accepter sa présence. Les commis aimaient ce nouveau serveur qui partageait avec eux les derniers ragots et leur rapportait des histoires croustillantes sur les femmes de la baronnie. Les aides cuisinières appréciaient manifestement les efforts que l’homme déployait pour leur arracher un sourire. Jusqu’au chef-cuisinier, lui-même, qui trouvait distrayantes les histoires du sorcier. Même les soldats s’étaient faits à ses allées et venues et ne lui prêtaient plus attention. Tout semblait donc se dérouler au mieux pour l’assassin. Cependant, les succès rencontrés ne suffisaient pas à faire oublier à Tinfar le péril où il se trouvait. Depuis qu’il avait endossé la personnalité de Graag, il avait pu mesurer à quel point il était facile d’approcher la fiancée du régent. De ce qu’il en avait vu, la jeune femme était d’une nature candide et avait tendance à faire confiance à ceux qui croisaient sa route. La tuer ne serait pas difficile. Non, le réel problème demeurait de trouver un moyen de survivre à l’assassinat de la jeune femme. La garde du palais ne le gênerait pas outre mesure. Il imaginait sans peine l’affolement qui régnerait dans les couloirs sitôt le cadavre de la belle découvert. Il n’aurait aucun mal à mettre à profit ces instants de flottement pour prendre la fuite. La réelle difficulté serait d’échapper à la garde vigilante de ceux qui l’avaient embauché. Car, où qu’il aille, Tinfar sentait peser sur lui l’ombre des d’Amaury. Le vieux seigneur avait visiblement des yeux et des oreilles partout dans la citadelle. Le sorcier ne pouvait se défaire de la désagréable impression d’être épié en permanence. Depuis six jours qu’il avait pris ses fonctions dans la citadelle, il avait repéré bon nombre des hommes de main du comte. Mais combien demeuraient encore cachés dans l’ombre ? Et plus important encore : comment tirer profit de ces découvertes ? Le réseau du vieux d’Amaury était trop bien structuré. Retourner quelques uns de ses agents était sans doute possible, mais Tinfar ignorait encore comment y parvenir. En outre, il manquait de temps et d’alliés pour échafauder des plans. Sans compter que la fille de Tyriam n’était pas en reste : elle passait toutes ses après-midi avec Jena, tissant toujours plus serrée la toile qui la liait à la fiancée. Pour Tinfar qui avait espéré faire endosser à Danae la responsabilité du meurtre, c’était un problème supplémentaire. Dans cette affaire, le temps était un ennemi mortel qui se renforçait à chaque minute écoulée. Comment pouvait-il lutter ?
Une voix vint tirer le sorcier de ses sombres réflexions. Reconnaissant l’homme qui lui faisait face, Tinfar résista à la tentation de reculer de quelques pas. Depuis qu’il était entré au service de Jena, Tinfar avait toujours vu ce type rôder sur ses talons. Il avait fini par comprendre qu’il s’agissait de l’homme de confiance de d’Amaury. Le vieux devait l’avoir chargé de veiller à ce que tout se passe au mieux. Et Tinfar ne pouvait qu’admirer le talent du comte pour s’entourer des pires crapules : ce type était un exécuteur parfait pour les basses œuvres de son maitre. A le regarder, il était évident qu’il était dénué de tout esprit d’initiative aussi bien que de tout sens moral. Quoique son maître lui demande, il obéirait sans se poser la moindre question. Bref, tout chez cet homme répugnait l’arnaqueur. Mais avant même qu’il puisse expliquer à Rocta le fond de sa pensée, le sorcier reconnut la silhouette qui s’avançait. S’écartant légèrement pour la laisser passer, Tinfar répondit au sourire de Jena en baissant la tête et en lui retournant un sourire gêné. Néera que cette femme était belle ! Depuis qu’il la côtoyait, il ne cessait jamais de s’interroger sur les effets qu’elle produisait sur lui. Elle n’était pas comme toutes les aristocrates qu’il avait croisées. Elle possédait quelque chose de différent, quelque chose d’unique. Comme à chaque fois, il se dit que la tuer était vraiment dommage. Mais si elle devait périr pour que lui survive, alors il paierait le prix du sang. Il le ferait sans y prendre plaisir, poussé par la nécessitée, mais il savait que les remords ne viendraient pas le hanter. Il ne pouvait tout simplement pas se permettre un tel luxe.
Sitôt la jeune femme partie, l’arnaqueur reporta son attention sur Rocta. Croiser Jena n’avait fait que raviver les doutes qui assaillaient le sorcier, aussi était-il à présent de fort méchante humeur. Ses yeux semblaient pour l’heure deux billes de glace, froides et inflexibles. D’un signe de tête, il fit signe à l’homme de main de d’Amaury de le suivre. Faisant quelques pas dans le couloir désert, il ouvrit une porte qui donnait sur une réserve inutilisée. Posant son plateau sur un tonneau, il s’écarta pour laisser entrer Rocta et referma la porte derrière lui. Dès la porte close, Tinfar d’un solide coup d’épaule plaqua l’homme contre le mur. Avant que ce dernier ne puisse esquisser le moindre geste, le sorcier exerça une pression de son avant-bras sur la trachée de Rocta, lui coupant la respiration. La menace était claire : si l’homme résistait, Tinfar n’avait qu’à accentuer légèrement la pression pour lui ôter la vie. En dépit de ses compétences limitées, Rocta comprit le message et ne chercha pas à se dégager. Le sorcier relâcha alors très légèrement son emprise, puis, dans un souffle, il murmura à l’oreille de l’homme de main :
Va dire à ton maître que je suis las de te voir rôder sur mes talons. Ta sale gueule m’insupporte et tu risques de me faire remarquer. S’écartant de sa proie, Tinfar lissa avec dérision la tunique de l’homme et ajouta d’une voix lourde de menaces : Va maintenant et dis à d’Amaury que je sais qui il est. Et s’il veut savoir où j’en suis de notre affaire, qu’il me rejoigne dans la petite cour sud cette nuit quand la lune attaquera sa descente par-dessus les remparts.
Alors, sans attendre de réponse, Tinfar récupéra son plateau et quitta le réduit. Il avait agi avec une violence qui ne lui ressemblait pas et cela ajoutait au poids de ses soucis. |
| | | Hanegard Kastelord
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Jeu 27 Mai 2010 - 8:14 | |
| Sinistre crétin ! La canne du vieux d’Amaury s’abattit sur le dos de l’herboriste… de l’empoisonneur en fait, mais la nuance est fonctionnelle et non technique. Un nouveau coup ! Et encore un ! Imbécile ! Niais ! Comment as-tu pu faire cette erreur ? Seigneur, je… Silence ! Silence j’ai dit ! Jetant sa canne au sol, Tyriam alla s’affaler dans un fauteuil, épuisé. Le vieil homme qui le fournissait en poison depuis toute ces années venait de lui expliquer avoir fait une erreur de dosage dans sa dernière préparation. Celle dont il s’était servi pour empoisonner Tinfar ! Le poison qui aurait du attendre le onzième jour pour faire effet allait se déclencher dès le septième jour… c’est-à-dire dès le lendemain ! En fin de journée avec un peu de chances avait dit l’herboriste, mais les effets commenceraient à être sensibles avant. Quand exactement ? Impossible à dire, la science des poisons n’étant pas précise à ce point. A ce moment là Rocta entra et, sans faire attention au fait que son maître n’était pas seul, donna son rapport : Graag sait qui vous êtes, il dit qu’il vous rencontrera cette nuit pour vous dire où il en est de la préparation. Se prenant la tête dans les mains, Tinfar poussa un gémissement. Etait-il donc entouré d’imbéciles ? Enfin, un problème après l’autre. D’un geste sans ambigüité, il désigna le vieil herboriste à son homme de main. Acquiesçant, Rocta sortit un garrot d’étrangleur et s’avança vers sa victime. L’empoisonneur tenta de s’échapper mais il ne faisait pas le poids contre un tueur entrainé. Tandis que Rocta étranglait consciencieusement sa victime, Tyriam réfléchissait. Il lui fallait brusquer les choses… le mage n’était pas un imbécile et il comprendrait vite avoir été empoisonné par son employeur. Dès lors, tout serait fichu… s’il parlait… si le régent apprenait… non il fallait agir vite ! Avec un peu de chances, il pouvait encore contrer ce maudit coup du sort. [Durant la nuit] Rocta attendait dans l’ombre de la cour Sud lorsque Tinfar y entra et s’approcha de lui, guère satisfait apparemment de voir le chien et non pas le maître. Fusillant du regard le mage, Rocta grommela : Le tarif est doublé. La mission doit être accomplie demain matin. Sans un mot de plus, il fit demi-tour et s’enfonça dans les ombres. La tragédie s’approchait de son dénouement.
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| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Dim 30 Mai 2010 - 22:37 | |
| Après sa rencontre matinale avec Rocta, Tinfar avait poursuivi sa journée comme à son habitude. Depuis qu’il était entré au service de Jena, il partageait son temps entre la cuisine et les appartements de la fiancée du régent. Même si, à la décharge de cette dernière, il lui fallait bien admettre qu’elle n’était guère exigeante avec ses gens. En dehors des heures des repas, le sorcier pouvait profiter de son temps libre pour faire plus ou moins ce qu’il souhaitait. Et Tinfar ne s’était pas fait prier pour mettre ce temps à profit. En quelques jours à peine, il avait rencontré presque tout le personnel de la citadelle. Il connaissait les chambrières par leurs prénoms et avait toujours un mot charmeur pour elles. Peu avare de sa paye, il avait bien dû offrir à boire à tous les valets des nobles résidant entre les murs de la forteresse. Ces efforts s’étaient révélés payants et lui avaient permis d’en apprendre long sur les mystères de la forteresse. La vie de Jena depuis son arrivée à Alonna n’avait notamment plus de secret pour lui. Il savait tout des rumeurs qui courraient depuis sa séquestration par un soldat dévoyé. Il connaissait son goût pour les promenades à cheval et le mépris que lui inspirait Dame Camillia. Il était même au courant pour les entrainements matinaux qu’elle s’imposait depuis qu’elle avait frôlé la mort en compagnie de Clarys. Ah Clarys ! Dès qu’il avait entendu parler d’elle, Tinfar avait fait tout son possible pour se rapprocher d’elle. Pour l’heure, ses efforts n’avaient pas été couronnés de succès mais le sorcier demeurait optimiste : la jeune servante cherchait de plus en plus sa compagnie et elle s’était proposée pour lui faire visiter la ville. Selon toute probabilité, ce n’était plus qu’une question de temps avant qu’elle ne l’accueille dans son lit. Et sitôt cela fait, Tinfar était confiant quant à ses chances de la manipuler par le biais de sa magie. D’ici deux jours il aurait une alliée fidèle au plus près de sa cible. Ne restait donc plus qu’à attendre.
Aussi pour l’heure, le mage s’était-il retiré dans sa chambre. Penché sur son carnet, il prenait le temps d’y inscrire le compte rendu des derniers évènements passés depuis sa fuite d’Ydril. Plus qu’un simple aide mémoire, ce journal de bord lui était indispensable. Sans les informations qu’il contenait, Tinfar aurait depuis longtemps perdu le compte de ses fausses identités. Noter ses allées et venues, de même que les personnes rencontrées, qui plus est en employant un code complexe, tout cela pouvait sembler fastidieux, mais dans son métier la potence seule récompensait les étourdis. Jetant un regard par la fenêtre de sa cellule, le sorcier vit qu’il travaillait depuis plus longtemps qu’il ne l’aurait cru. Le soleil n’était plus et la lune brillait haut dans le ciel. L’heure de rencontrer les d’Amaury approchait. Reposant sa plume, il considéra d’un œil critique les dernières lignes qu’il venait d’écrire : « Loumio – rumeurs : aime les jeunes enfants !? A confirmer ! ». Peut-être était-ce là une piste à creuser ? Lors de leur première rencontre, ce Loumio ne lui avait pas fait forte impression ; le retourner contre Tyriam ne devrait pas être trop difficile. D’autant que personne dans la citadelle ne le tenait en grande estime. Une cible isolée était une cible facile. Se radossant à sa chaise, Tinfar s’autorisa un large sourire. Enfin un plan prenait forme dans son esprit. S’il abattait ses cartes intelligemment, le régent en personne le débarrasserait des d’Amaury avant même que le cadavre de Jena n’ait eu le temps de refroidir. Bien sûr, il pourrait faire une croix sur ses quatre cents écus mais qu’était l’argent en regard de la satisfaction qu’il aurait à voir le bourreau prendre la tête du vieux Tyriam ? Oui, décidemment, toute cette affaire s’annonçait désormais sous les meilleurs auspices. Fermant son carnet, le sorcier le glissa dans son sac, puis il souffla sa bougie, quitta sa chambre et tira la porte derrière lui. Par les couloirs obscurs de la citadelle endormie, il se hâta, tel une ombre, de rejoindre la cour Sud où il avait donné rendez-vous à ses employeurs.
Installé sur les remparts surplombant la cour, sa capuche baissée jusqu’aux yeux, Tinfar attendait. Caché dans l’ombre, entouré d’un champ de distraction sensorielle, le sorcier était à l’affut du moindre indice pouvant lui laisser penser que les d’Amaury tentaient de lui tendre un piège. Il guettait le moindre mouvement, tendait l’oreille au moindre bruit suspect. Soudain, une ombre attira son attention : un homme venait d’entrer dans la cour mais ce n’était pas celui que le sorcier attendait. Ainsi Tyriam n’avait pas jugé bon de venir en personne. Il avait préféré envoyer son chien. Grimaçant dans son coin, Tinfar ne put s’empêcher de penser que ça n’annonçait rien de bon. Enfin, Rocta avançait à visage découvert, il n’était donc pas dans l’intention de ses commanditaires de le prendre par surprise. Avec un pâle sourire, Tinfar se dit qu’il pourrait peut-être dormir sur ses deux oreilles ce soir. Longeant le parapet, le sorcier rejoignit l’escalier. Sitôt l’angle du mur passé, Tinfar dissipa le sortilège qui lui conférait un semblant d’invisibilité et se présenta dans la cour. * * * « La mission doit être accomplie demain ». Depuis qu’il avait regagné sa chambre, les paroles de Rocta obsédaient Tinfar. Allongé sur son lit, fixant l’obscurité, il ne cessait de peser les implications de ce retournement de situation. Ca n’avait aucun sens. Pourquoi diable les d’Amaury étaient-ils si pressés ? Pour autant que le sorcier pouvait en juger, la situation était exactement la même que six jours plus tôt. Et pourquoi proposer de doubler la somme ? Il avait déjà demandé une fortune pour ce job. Avec douze cents écus, Tyriam aurait pu embaucher tous les assassins de la ville. Plus il y réfléchissait, moins Tinfar comprenait la logique qui sous-tendait les derniers agissements de ses commanditaires. S’il avait été à leur place, la seule raison susceptible de le faire se presser autant aurait été la crainte de voir le pot-aux-roses découvert. A moins, bien sûr, que les priorités aient changé. Le sorcier se redressa péniblement dans son lit. Il arrivait à peine à réfléchir avec cette foutue migraine qui battait ses tempes. Pourtant il avait plus que jamais besoin de toutes ses facultés. Il sentait, même s’il ne le comprenait pas vraiment, que quelque chose avait changé. Il n’aurait pas pu l’expliquer mais il avait le sentiment que de chasseur il était devenu gibier. Il était temps d’entamer une nouvelle partie, de redistribuer les cartes et de nouer de nouvelles alliances. * * * Tinfar un plateau entre les mains s’approchait de la chambre contigüe à celle du régent. Comme à son habitude, il frappa quelques coups brefs sur le lourd battant de chêne et attendit. Entre ses mains le plateau tremblait légèrement. Il avait déjà pris bien des risques mais jamais il n’avait parié sa vie sur un tel coup de dés. Ce qu’il s’apprêtait à faire tenait plus de la folie que de la témérité. Pourtant si son instinct ne l’avait pas trompé, il n’avait pas vraiment le choix. Prenant une profonde inspiration, il annonça.
Dame Jena, votre petit-déjeuner. Après une courte pause, il ajouta d’une voix aux accents désespérés : Je crois que Clarys a des problèmes.
Si Tinfar ne se trompait pas sur la mentalité de la future régente, cette dernière phrase devrait suffire à faire surgir en elle des images de son enlèvement. Le reste serait une partie de plaisir. |
| | | Jena Kastelord
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Mar 1 Juin 2010 - 10:50 | |
| Ce matin là, de nouvelles nausées avaient tiré Jena du lit. Son fiancé était debout depuis bien longtemps et elle avait regagné sa chambre en attendant son petit déjeuner. Bien que l’idée de manger quelque chose la dégoûte au plus au point pour l’instant. Après s’être passé un coup d’eau sur le visage, Jena resta un moment assise sur le bord de son lit. Il fallait vraiment qu’elle dise à Hanegard qu’elle était enceinte. Elle ne pouvait plus garder ce petit détail pour elle maintenant qu’elle était sûre, après avoir maintes fois recalculées avec l’aide d’une Clarys plus excitée que jamais. Pourquoi ressentait-elle un tel blocage ? Ce n’était pourtant pas compliqué, d’autant plus qu’elle savait que son fiancé serait également ravi par cette nouvelle. Caressant du bout des doigts la pierre ornant la bague qu’il lui avait offerte quelques jours auparavant, Jena poussa un long soupir. De toute façon elle avait promis à Clarys de le lui dire avant leur mariage. Sinon la jeune servante se chargerait de le faire elle-même. Evidemment me direz-vous, Jena aurait pu lui ordonner de se taire et la punir pour le chantage qu’elle lui faisait pourtant elle n’en ferait rien. Clarys et Jena étaient amies, surtout depuis l’incident qui avait eu lieu bien des semaines auparavant.
Ce souvenir était toujours présent et les deux femmes se réconfortaient mutuellement chaque fois que les images de cette horrible nuit revenaient hanter leurs sommeils. Graag n’allait pas tardé, il était toujours extrêmement à l’heure lorsqu’il s’agissait de lui amener ses repas. Ses nausées avaient disparu aussi rapidement qu’elles étaient apparues et elle pu s’habiller rapidement. Au moment où elle finissait d’attacher ses cheveux elle entendit que l’on frappait à la porte. Quelques secondes après, le domestique déclara qu’il lui amenait son petit déjeuner. Jena se dirigea vers la porte, elle s’apprêtait à lui dire de redescendre le plateau car elle n’avait pas faim, quand elle resta figée la main sur la poignée de la porte.
Les dernières paroles de Graag résonnaient encore à ses oreilles. Clarys ? Des problèmes ? Peut-être que d’avoir repensé juste avant au visage de Tarkel lui avait fait craindre le pire aussi, ouvrit-elle la porte si violemment qu’elle fit sursauter le pauvre domestique. Celui-ci renversa le plateau mais Jena n’y fit même pas attention. - Qu’avez-vous dit ? Où est-elle ? Que lui arrive-t-il ? Il aurait fallut être aveugle pour ne pas lire la peur dans les yeux de la jeune femme. Graag semblait surpris et hésita. Jena sortit dans le couloir enjambant les débris de tasse et la nourriture étalés par terre. - Que se passe-t-il ? Répéta-t-elle en essayant de garder son calme pour ne pas passer pour une folle. En effet, cela aurait pu sembler bizarre que la fiancée du régent soit autant bouleversée par le sort d’une chambrière quelconque. Pourtant, personne dans la citadelle n’ignorait le lien qui unissait Clarys et Jena. Les deux jeunes femmes conservaient toujours les distances lorsqu’elles étaient en présence d’autres personnes mais il était déjà arrivé qu’elles partent toutes les deux à cheval pour se rendre dans les villages voisins, et elles passaient souvent leur soirée ensemble soit dans la chambre de Clarys, soit dans celle de Jena…bref, elles étaient inséparables. Et il était impassable que Jena ne soit pas inquiète pour elle après avoir entendu les paroles de Graag.
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| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Jeu 3 Juin 2010 - 17:25 | |
| Lorsque Jena sortit de sa chambre au mépris de toute bienséance et renversa le plateau qu’il tenait, Tinfar sut qu’il ne s’était pas trompé. Clarys était bien plus qu’une simple chambrière : elle était le levier qui allait lui permettre d’accéder aux pires horreurs que renfermait l’esprit de la régente. Réprimant la lueur d’amusement qui menaçait d’envahir ses yeux, il se borna à afficher un air affolé. Ramassant en toute hâte les reliefs du petit-déjeuner qui gisaient sur le sol, il pénétra dans la chambre et posa son fardeau sur une table. Mieux valait encourager Jena à regagner sa chambre au plus vite. La dernière chose dont il avait envie était qu’on les voit tous les deux se donner en spectacle en plein milieu du couloir. Il n’était pas un magicien de foire et lorsqu’il s’apprêtait à faire usage de ses dons, il préférait que ce soit dans le secret des alcôves. S’approchant à grands pas de la fenêtre, il observa pendant quelques secondes la cour de la citadelle avant de tirer les rideaux. Lentement, il s’ouvrit à l’Art et sentit l’Energie circuler librement dans tout son corps. Concentrant son pouvoir en direction de Jena, il laissa sa puissance se déverser dans l’esprit de la jeune femme. Manipuler la psyché de quelqu’un était un travail délicat : seul Arcam pouvait y implanter l’amour, la peur ou la haine. Tinfar, pour sa part, en était incapable. La nature de son don l’obligeait à agir différemment. Au fil des ans, il avait découvert comment utiliser l’Energie pour encourager l’esprit d’une personne à se focaliser sur un sentiment unique. Mais, encore fallait-il au préalable s’assurer que la cible soit dans de bonnes dispositions. Or, les yeux de Jena reflétaient une telle terreur au moment où elle avait ouvert la porte qu’il ne doutait pas qu’en ce moment même, elle revivait les pires instants de son enlèvement. Par petites touches, le sorcier attisait ses craintes. Inlassablement, il nourrissait ses pires terreurs. Alors, sans même daigner lui faire face, il répondit à sa question :
Allons, ma dame, vous savez très bien ce qu’il se passe. Je n’ai pas besoin de vous le dire ; au fond de vous, vous savez. Vous l’avez toujours su ! Clarys et vous l’avez déjà vécu.
Et tandis qu’il parlait, Graag sembla s’effacer au profit de Tinfar. Du serviteur affolé qui avait passé la porte de cette chambre, il ne restait plus aucune trace. A sa place se tenait un homme sûr de lui, maitre de ses émotions. Jena ne pouvait le voir mais désormais un sourire méprisant déformait ses lèvres. Jusqu’à sa voix qui avait changé : calme, posée, elle ne souffrait aucune discussion et laissait clairement entendre que le pire restait encore à venir. Après une courte pause, le temps pour la future régente d’imaginer le pire, il ajouta :
Tarkel est revenu pour vous deux.
Alors, pour faire bonne mesure, il renforça le lien magique qui l’unissait à l’esprit de Jena. |
| | | Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Sam 5 Juin 2010 - 12:03 | |
| Graag s’empressa de ramasser ce qui restait de son petit déjeuner. Jena trop inquiète pour Clarys mit plusieurs longues secondes avant de se baisser et d’aider le domestique à remettre tout sur le plateau. Lorsque tout fut rangé, il entra dans la chambre pour poser le plateau sur la table, Jena le suivit et attendit qu’il lui réponde. Elle voyait que les gestes du domestique se faisait de plus en plus lent, et peut-être qu’à cet instant elle aurait pu commencer à se poser des questions, peut-être qu’elle aurait pu se méfier de cet homme avant même qu’il entre dans sa chambre. La peur prenait peu à peu le dessus. Ses mains tremblaient, sa respiration s’accélérait…et les premières paroles qu’il prononça n’avaient rien d’une réponse réconfortante. Au contraire, l’angoisse montait en elle, prête à se déverser dans son corps comme les eaux tumultueuses d’un torrent au printemps. Il ne lui faisait pas face, il se tenait devant la fenêtre et n’avait visiblement pas l’intention de se tourner pour lui faire face. Il n’avait plus rien à voir avec le domestique qui l’avait servit pendant la semaine écoulée.
Alors qu’elle faisait un pas tremblant vers lui, comme si elle cherchait à se rassurer, elle entendit le prénom de l’homme qui hantait ses cauchemars. Sa main se crispa sur un pli de sa robe alors que l’autre était remontée jusqu’à sa bouche pour étouffer un cri de terreur.
Non cela n’était pas possible…Tarkel était mort, mort et enterré même. Hendrer le sergent de la garnison d’Alonna le lui avait dit. Elle se souvenait parfaitement de ce moment là, c’était le lendemain matin de l’agression, le militaire était venu la voir dans la chambre de Clarys pour la rassurer sur le sort définitif de Tarkel.
- Non….c’est impossible….il est….il est mort, bafouilla Jena.
Mais déjà les images de la nuit d’horreur qu’elle avait vécu dans les souterrains de la citadelle refaisaient surface. Elle se sentait terrifiée, presque paniquée. L’idée que Clarys se retrouve à nouveau dans les mains de ce monstre…non il était mort, cela ne pouvait être vrai.
Et puis Graag…il était devenu si froid, cette phrase était sortie de sa bouche si simplement… comme s’il n’avait s’agit que d’une information banale et en cela résidait toute la cruauté qu’elle pouvait ressentir de l’homme en face d’elle.
Peut-être qu’il y eut un moment de clairvoyance dans sa terreur, quoi qu’il en soit elle se rendit compte qu’elle ne devait pas rester dans cette pièce avec Graag. Elle recula vers la porte mais celle-ci était fermée et elle n’arrivait pas à l’ouvrir. Se retournant à nouveau vers le domestique, elle essaya de se calmer… en vain… il fallait qu’elle mette en application ce qu’elle avait appris avec Hanegard pendant leur séance d’entrainement. Il fallait qu’elle fasse disparaître sa peur pour pouvoir se concentrer sur ce qui l’entourait…mais il n’y avait rien à faire. Elle était tétanisée, son esprit était focalisé sur le visage de Tarkel. Elle revoyait ses yeux brillants de folie…
- Pourquoi faites-vous ça ? demanda-t-elle enfin d’une voix tremblante….Qu’est-ce que ….vous me voulez… |
| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Mar 8 Juin 2010 - 14:07 | |
| Tinfar ne pouvait qu’admirer la résistance que lui opposait Jena. La peur de la jeune femme était évidente. Le sortilège avait fonctionné. Le sorcier n’avait pas besoin de se retourner pour s’en assurer. Les accents de terreur qui perçaient dans la voix de la jeune femme étaient une preuve plus que suffisante. Et pourtant, elle continuait de se battre. C’était admirable ! En dépit de la peur qui la tenaillait, passant outre les souvenirs qui resurgissaient et menaçaient de faire chavirer son esprit, elle combattait son sortilège. Alors qu’elle aurait dû demeurer prostrée sur le sol de sa chambre, elle tentait de réfléchir. Elle faisait son possible pour surmonter ses angoisses et démêler le vrai du faux. Malheureusement pour elle, le temps de Tinfar était précieux. Il n’avait pas le loisir de la regarder se débattre plus longtemps. Pour une raison qu’il ne s’expliquait pas, il peinait à affirmer son contrôle sur sa magie. Il la sentait pulser dans son corps mais avait des difficultés à la canaliser toute entière. Il avait le sentiment de chercher à boucher une fuite avec ses seules mains : en dépit de ses efforts, il ne pouvait empêcher une partie de sa puissance de lui glisser entre les doigts. Lui qui avait toujours été si fier de son contrôle ne s’expliquait pas ce phénomène, mais le moment était mal choisi pour s’interroger plus avant. S’il ne parvenait pas à maitriser pleinement son art, ses minutes étaient plus précieuses que jamais. Laissant se dissiper le sortilège qui lui avait permis de maintenir la porte de la chambre fermée, Tinfar focalisa toute sa puissance sur Jena. La manœuvre était dangereuse tant l’esprit humain pouvait se révéler capricieux. Par le passé, le sorcier avait déjà vu certains de ses sujets réagir avec violence à un sortilège à la puissance mal ajustée. Certains sombraient dans une folie passagère, tandis que d’autres, plus nombreux, s’abandonnaient complètement. Perdant toute inhibition, ils laissaient libre cours aux pulsions que le sortilège cherchait à amplifier. Pour l’heure, le sorcier ne pouvait qu’espérer que les défenses de Jena tiendraient bon et qu’elle ne se laisserait pas totalement aller. Car s’il désirait qu’elle sombre dans la plus complète terreur, il devait prendre garde à ce qu’elle demeure libre de se mouvoir.
Se retournant avec lenteur, Tinfar laissa Jena contempler à loisir le visage de celui qu’elle prenait naguère pour un simple serviteur. Le mage espérait que la vision de ses yeux luminescents et du sourire carnassier qu’il lui adressait suffirait à lui faire perdre pied. Pour plus de sécurité, il avait tiré la dague qu’il gardait en permanence sous ses vêtements. Il la tenait négligemment dans sa main droite et lui faisait décrire de légers cercles. Sans même esquisser un pas en direction de la jeune femme, Tinfar secoua lentement la tête. Avec une voix dénuée d’émotion, il dit :
Non, tu n’y es pas du tout, ma belle. La question n’est pas de savoir ce que je veux, mais ce que toi, tu veux. D’un vague geste de sa main armée, Tinfar désigna la chambre où ils se tenaient. Tu restes bien à l’abri dans cette chambre alors que ton amie risque sa vie ! Si c’est là toute l’amitié dont tu es capable, Clarys n’a pas une chance.
Posant la pointe de sa lame sur ses lèvres, Tinfar fit mine de réfléchir pendant quelques secondes. Puis, toujours avec calme, il pointa sa lame sur la poitrine de Jena. Alors il demanda avec un sourire pervers :
A moins que tu ne souhaites pas la sauver ? Peut-être que tu aimerais être à sa place ? Est-ce que la nuit tu te surprends encore à rêver de Tarkel ? Ses mains puissantes pétrissant tes seins. Ses doigts caressant ta gorge. Le contact de sa peau tandis qu’il remontait ta chemise au-dessus de tes hanches. Sa langue titillant le lobe de tes oreilles. Après une longue pause, Tinfar reprit : Parce que si tu te souciais vraiment de ton amie, tu serais déjà allé chercher le seul homme en qui tu aies confiance. Non ?
La question était purement rhétorique et Tinfar n’espérait aucune réponse. En réalité, il ne savait rien ou presque de ce qu’avait vécu Jena entre les mains de Tarkel. Dans la citadelle personne ne parlait ouvertement de l’enlèvement. Il ne pouvait qu’espérer tomber juste. Avec un peu de chance, il parviendrait à plonger Jena plus profondément encore dans ses souvenirs. Il était crucial de l’affoler au point qu’elle n’ait plus aucune certitude sinon qu’il existait un être sur lequel elle avait toujours pu compter. Pour que Tinfar puisse se débarrasser des d’Amaury, il avait absolument besoin du soutien du régent. Or l’homme n’était pas connu pour sa magnanimité. Tinfar ne pouvait qu’espérer que la vie et la santé mentale de Jena lui soient plus précieuses que celle d’un simple assassin. Il fallait lui faire comprendre que sa femme était en grand péril et que pour l’heure seul Tinfar pouvait lui venir en aide.
Tu te souviens des cris que tu poussais ? De la peur qui te nouait le ventre ? Mettant sa main en coupe contre son oreille, le sorcier souffla : J’entends presque Clarys supplier qu’on l’aide. Alors, ma jolie, que vas-tu faire ? |
| | | Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Mer 9 Juin 2010 - 11:14 | |
| La terreur qu’elle ressentait était si intense…était-elle à ce point si fragile ? Elle qui pensait que les entraînements avec Hanegard avait portés leurs fruits. Mais replonger dans ces cauchemars lui rappelait la détresse et la peur qu’elle avait ressentit ce jour là. Elle n’en avait jamais reparlé, pas même à Hanegard ou très peu. Seule Clarys partageait le souvenir de cette nuit là. Lorsque Graag se tourna enfin, Jena sentit tout son corps se figer. Elle avait été tellement aveugle, tellement confiante, et maintenant elle se tenait face à un fou du même gabarit que Tarkel. Lorsqu’il sortit la dague elle eut presque l’impression de revoir son agresseur à la lueur d’une bougie la nuit où il était venu la tirer de son lit. Contenant un cri d’effroi, Jena tenta de contenir sa peur, elle essayait de se calmer pour analyser plus clairement la situation et trouver une échappatoire…mais sa terreur l’empêchait de réfléchir correctement. Et puis il se mit à parler…lentement il éveilla en elle une nouvelle forme de peur, plus proche de la panique et puis un sentiment de culpabilité lorsqu’il lui expliqua le sort de Clarys.
Alors qu’il s’approchait d’elle, sa dague pointait sur sa poitrine, Jena fut enfin capable de faire un mouvement, elle s’en félicita mentalement même s’il ne devait s’agir que d’un simple réflexe. Elle recula à mesure que l’homme avançait jusqu’à se retrouver bloqué par la porte. Inutile de tenter de l’ouvrir, et puis elle ne voulait pas le quitter des yeux. Lorsqu’il tenta de lui rappeler les minutes qu’elle avait passé entre les mains de Tarkel, Jena fronça les sourcils, réprimant la nausée qui montait à ses lèvres. Comment oublier ce que cet homme lui avait fait endurer. Sans le moindre ménagement il l’avait frappé, il lui avait arracher sa robe mais il n’avait pu faire grand-chose de plus grâce à l’intervention de Nimor, un courageux soldat qui les avait sauvé Clarys et elle au péril de sa propre vie. Au souvenir de Nimor, Jena sentit peu à peu la colère monter en elle. - Vous ne savez rien de ce que j’ai vécu, lâcha-t-elle enfin, absolument rien… Enfin elle arrivait à prendre le dessus sur cette peur qui lui nouer le ventre. La colère et la haine qu’elle avait tenté d’oublier refaisaient surface avec violence en même temps que tous ses souvenirs. Elle se souvenait de son impuissance à lutter contre Tarkel, mais maintenant, elle savait se défendre et elle ne laisserait pas cet homme balayer de la main tous les efforts qu’elle avait fait pour se reconstruire après son agression. D’un geste sec de la main elle repoussa la main qui tenait le poignard devant elle, elle profita de l’étonnement de Graag pour faire un bond sur le côté. Rapide et souple, elle se jeta sur le lit, sauta de l’autre côté et tira une dague cachée derrière la table de chevet. Le seul obstacle entre elle et la sortie c’était cet homme qu’elle avait prit pour un domestique inoffensif. Tenant fermement la dague, Jena se mit en garde. Si elle avait pu le tuer d’un regard ça aurait été à cet instant, et le pauvre homme serait mort dans d’atroces souffrances. Elle se servait de sa peur pour alimenter sa colère. Hanegard lui avait apprit à ne pas se laisser aveugler par sa haine mais là…c’était un cas de force majeure. Elle savait que sans cette colère elle aurait laissé la terreur l’emporter. - Qui êtes-vous ? Sa voix était plus assurée maintenant qu’elle reprenait peu à peu le contrôle. Je vous ai toujours traité avec beaucoup de respect, peut-être trop maintenant que j’y pense….alors pourquoi faites-vous ça ? A cet instant elle eut un éclair de lumière. Cet homme était arrivé à peine une semaine plus tôt. Elle ne l’avait jamais vu auparavant. Il s’était montré poli et courtois, il s’appliquait dans son travail et elle n’avait entendu que de bonnes choses sur lui dans les cuisines. Pourtant à le voir maintenant, c’était une toute autre personne. - Qui vous a engagé ? Aussi surprenant que cela pouvait paraître elle était persuadée que Graag, si c’était son véritable nom, n’était pas un domestique et qu’il avait été engagé dans les cuisines pour une toute autre mission. Elle se doutait que l’annonce de ses fiançailles avec le régent d’Alonna en avait étonné plus d’un, mais elle n’aurait pas cru possible qu’on tente de la tuer pour cela. Pourtant, plus elle y réfléchissait, plus elle avait l’impression d’être proche de la vérité.
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| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Mer 9 Juin 2010 - 18:17 | |
| Le vent avait tourné. Tinfar avait laissé passer sa chance. Menacer Jena d’une arme avait été une erreur, il s’en rendait compte à présent. Contrairement à ce qu’il avait espéré, la jeune femme n’avait pas eu peur de sa dague. Inconsciemment, elle avait associé l’arme aux entrainements qu’elle s’imposait avec le régent. Cela seul avait suffi à lui rappeler qu’elle n’était pas aussi démunie qu’on voulait bien le lui laisser croire. Le rapport des forces avait changé et Tinfar devait en tenir compte s’il désirait survivre. Son échec était d’autant plus pénible qu’il avait été tout proche de réussir. S’il avait pu concentrer son pouvoir davantage, tout aurait été différent. Mais depuis déjà quelques minutes, il sentait que la magie lui glissait entre les doigts. Incapable de se concentrer correctement, il peinait à réunir toute l’Energie nécessaire à la bonne marche de son sortilège. Son bras gauche le faisait atrocement souffrir et gênait sa concentration, tandis qu’une migraine l’empêchait de réfléchir. Pour ne rien arranger, la pièce avait commencé à tourner lentement autour de lui. Le sorcier avait l’impression de perdre pied. Jamais encore il n’avait ressenti pareille fatigue. Les rares fois où il avait abusé de son don, il s’était retrouvé aux portes de la mort. Il connaissait bien cette sensation et les limites de son pouvoir. Mais les douleurs et la fatigue qui l’assaillaient aujourd’hui n’avaient rien à voir avec ce qu’il avait enduré alors. Il sentait que son corps était encore gorgé de puissance. Baissant ses yeux sur son bras, il voyait le flux magique courir le long de ses veines. Pourtant malgré tous ses efforts, il était incapable d’y puiser. Tout n’était peut-être pas perdu, mais il pouvait faire une croix sur ses chances de mener les débats qui s’annonçaient. Il n’était plus en position de force et sa « victime » ne tarderait plus à s’en rendre compte.
Laissant se dissiper l’Energie, Tinfar prit quelques secondes pour prendre ses marques. Il n’était jamais facile de recouvrer la vue après avoir observé le monde par le biais des flux d’Energie, réhabituer ses yeux à la lumière demandait toujours un peu de temps. Par bonheur, il semblait que renoncer à utiliser son don avait suffi à calmer sa migraine. Et, bien qu’il souffrît encore de quelques menus vertiges, les murs de la chambre de Jena avaient cessé de danser une folle farandole. Piètre consolation néanmoins en regard de la fureur qu’il lisait dans les yeux de Jena. Recouvrer la vue pour y lire une telle haine était un choc pour le mage. Sans compter que la jeune femme tenait désormais une dague. Moins d’une minute plus tôt, il se tenait face à un être terrorisé ; à présent, il devait faire face à une femme en colère et armée de surcroit. Tout aurait pu être si simple si seulement elle avait cédé à la panique. Enfin, pleurer sur ce qui aurait pu être n’avait jamais aidé personne. Ce n’était pas le premier revers de fortune qu’il affrontait et ce ne serait sûrement pas le dernier.
Affichant un large sourire, Tinfar lissa lentement son bouc. Sans quitter Jena des yeux, il recula de quelques pas. Toujours souriant, il modifia sa prise sur sa dague et ne la tint plus que par le bout des doigts. La laissant pendre pointe en bas, il la lâcha avant d’écarter les mains. Avec un bruit mat, la dague se ficha dans le parquet de bois et, quelques secondes durant, on n’entendit rien d’autre dans la chambre que les vibrations de la lame. Toujours avec beaucoup plus d’assurance qu’il n’en possédait réellement, le sorcier s’installa confortablement dans un fauteuil proche de la porte. Attrapant une des brioches qu’il avait apportées pour le petit-déjeuner de la Jena, il y mordit à belles dents avant de la reposer. Passant négligemment une jambe par-dessus l’accoudoir, il contempla la jeune femme de longues minutes durant. Un mince sourire étirait toujours ses lèvres mais dans ses yeux ne brillait plus aucune malveillance. Sous les yeux de la future régente, le visage de Tinfar semblait se modifier. Les changements n’avaient rien de spectaculaire : ses yeux bleus acquéraient une chaleur nouvelle, ses sourcils semblaient moins hautains, de pervers son sourire devait légèrement ironique. Mais il semblait presque qu’un homme qu’elle n’avait jamais vu se tenait sous ses yeux. En y regardant de plus près, un observateur attentif aurait peut-être fini par découvrir les traits de Graag Trell, mais des différences demeuraient. Graag était humble et jovial ; Tinfar, lui, était sûr de son pouvoir et gonflé d’amertume. Avec dérision, le sorcier applaudit à l’énoncé des conclusions de Jena. Puis, après un dernier regard appuyé en direction de la dague que tenait toujours la régente, il dit :
Félicitations, ma dame. Je constate avec plaisir que vous posez les bonnes questions. Encore que, si je puis me permettre, vous devriez vraiment plus vous inquiéter de l’identité de mes employeurs que de la mienne.
Laissant passer quelques secondes, Tinfar ne dit mot, se contentant d’observer la jeune femme. Alors que le silence s’éternisait, il reprit :
Bien que je crois inutile de le préciser, je vous signale que, pour autant que je sache, Clarys va on ne peut mieux. Après une petite toux, il poursuivit en montrant sa dague toujours plantée dans le plancher : Comme vous le voyez, je suis à votre merci et suis tout disposé à répondre à vos questions. Néanmoins, avant cela, j’aimerais attirer votre attention sur deux points.
Levant lentement l’index de sa main droite, Tinfar énonça :
Si vous êtes honnête avec vous-même, vous devez bien vous rendre compte que si j’avais voulu vous tuer, j’aurais pu le faire vingt fois au cours de la semaine écoulée. Puis levant sentencieusement le majeur, il conclut : Je crois que vous seriez bien inspirée de faire venir votre futur époux. Ce que je vais dire le concerne au plus haut point et mieux vaut qu’il l’entende de ma bouche. Il en va de sa sécurité après tout.
Sans rien ajouter de plus, Tinfar tendit la main en direction du plateau et prit une nouvelle brioche. Que Jena tire ses propres conclusions. Si elle désirait croire qu’en ce moment même d’autres assassins rôdaient dans les couloirs prêts à tuer son futur époux, ce n’était pas pour déplaire à Tinfar. Et si elle s’inquiétait à l’idée qu’elle puisse être le talon d’Achille d’Hanegard, ce n’était que la vérité après tout. |
| | | Jena Kastelord
Ancien
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Jeu 10 Juin 2010 - 18:23 | |
| L’inconnu qui se tenait devant elle commençait à l’agacer. Le voir changer de visage aussi souvent ne faisait que confirmer son aversion pour lui. Il était hors de question qu’elle lui fasse confiance, et cela même lorsqu’il laissa tomber la dague qu’il tenait. Il lui adressa alors un grand sourire, comme s’il n’avait s’agit que d’une farce. Et si c’était le cas, il avait de sérieux soucis à se faire concernant son humour déplorable. Pas un seul instant elle ne baissa sa garde, pas même en le voyant s’asseoir sur le fauteuil près du lit. Cet homme était vraiment sans gêne et elle en venait presque à se demander s’il n’était pas fou. Pourtant ses paroles étaient celles d’un homme intelligent.
La haine qu’elle ressentait pour lui était loin d’être calmée, bien au contraire. Il avait été embauché pour l’assassiner et malgré son naturel confiant, elle n’était pas prête de faire deux fois la même erreur. La première avait été de laisser un total inconnu dans les cuisines de la citadelle. D’ailleurs ils allaient l’entendre dans les cuisines…. Lorsqu’il évoqua son amie, Jena se sentit soulagée. Elle n’avait au moins plus rien à craindre pour elle.
-Mon futur fiancé ? Ainsi donc vous souhaitez le rencontrer ? Lâcha-t-elle d’une voix froide et moqueuse qu’elle ne se connaissait pas. C’est une excellente idée, je vous préviens il est bien moins clément que moi. Et généralement les gens qui veulent le voir vont frapper à sa porte sans prendre la peine d’essayer de tuer sa fiancée avant.
S’approchant du fauteuil, Jena ramassa la dague plantée dans le plancher. Elle était bien plus à l’aise avec deux armes, d’ailleurs elle s’était toujours entrainée comme ça. Lorsqu’elle fut devant le dénommé Graag, elle plaça une lame sous sa gorge, juste pour lui faire ravaler son air si sur de lui.
- Debout.
Une dague sous la gorge, tenue par une femme enceinte extrêmement énervée…cela avait de quoi forcer l’obéissance. Graag se leva sans broncher. D’un signe de tête Jena lui indiqua la porte de service à côté du fauteuil et il l’ouvrit. Avançant pendant qu’il reculait, ils traversèrent vite la chambre du régent et le petit vestibule qui la séparait du bureau. Elle savait qu’Hanegard y était, comme chaque matin, et puisque cet homme voulait le rencontrer, elle se ferait un plaisir de le conduire jusqu’à lui. Mais pour cela elle ne baissa pas un seul instant la lame qui menaçait la gorge du mage. L’autre étant pointée plus vers son abdomen.
Lorsqu’il poussa enfin la porte du bureau il entra en reculant jusqu’à ce qu’ils soient au milieu de la pièce. Jena ne le quittait pas des yeux et il pouvait toujours clairement lire sa colère et son irrésistible envie de l’embrocher.
- Chéri, il se trouve que cet homme à quelque chose à te dire, déclara-t-elle toujours aussi froidement, les yeux rivés sur Graag. |
| | | Hanegard Kastelord
Ancien
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans Taille : 1m90 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Ven 11 Juin 2010 - 9:31 | |
| Hanegard resta un court instant stupéfait lorsque Jena entra, tenant en respect avec deux poignards un serviteur des cuisines. Le court instant de surprise passé, le régent saisit l’arbalète armée qui se trouvait toujours dans le premier tiroir de son bureau et la pointa sur l’inconnu. Les deux gardes en faction à la porte avaient eux saisi leurs hallebardes et se tenaient prêts à embrocher quiconque menacerait la sécurité du régent ou de sa fiancée. Bon, là, avec deux poignards, deux hallebardes et une arbalète pointés vers lui, Tinfar ne se retrouvait pas dans une situation idéale, mais au moins aurait-il une chance de s’expliquer. Hanegard ne savait pas dans quelles circonstances Jena et ce gaillard s’étaient retrouvés comme adversaires, et cela ne lui plaisait guère. La sécurité de sa future femme, surtout dans ce contexte de grogne de certains nobles face à l’annonce de leur mariage à venir l’inquiétait. Heureusement qu’il avait accepté de former Jena au maniement des armes suite à son agression par Tarkel, l’entraînant durement jour après jour, au point qu’elle lui en avait voulu à plusieurs reprises. Car de fait le résultat était là : elle tenait l’homme en respect avec l’habileté d’un combattant. Que Tinfar tente un geste et elle le tuerait sans hésiter. Enfin bon… il ne s’agissait pas de le tuer… pas maintenant en tout cas. Le gaillard ne semblait pas outre mesure inquiet, le régent ressentait juste chez lui l’inquiétude habituelle lorsque l’on se retrouve avec de multiples armes pointées sur soi et la crainte que quelqu’un perde son sang froid et ne fasse une bêtise. Il devait donc avoir des cartes cachées en main qui lui assureraient la vie sauve. Mais lesquelles ? A regarder attentivement le visage du « serviteur », le régent constata autre chose… des yeux légèrement troubles et une sorte de rougeur au niveau du cou. Bizarre ca… serait-il malade ? Contournant lentement son bureau, le régent s’approcha, son arbalète à la main et demanda : Ainsi vous vouliez me parler ? Allez-y, je suis toute ouïe.
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| | | Tinfar Solinar
Humain
Nombre de messages : 123 Âge : 41 Date d'inscription : 15/03/2010
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 35 Taille : Niveau Magique : Arcaniste
| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Ven 11 Juin 2010 - 16:50 | |
| Marcher à reculons dans un environnement inconnu n’était jamais un exercice facile, la présence d’une lame sous votre gorge et d’une autre près de votre abdomen n’aidant d’ailleurs en rien à faciliter la chose. Malgré tout, Tinfar se pliait sans résister aux exigences de la jeune femme. Il ne fallait pas être un expert dans le comportement humain pour deviner qu’elle n’était, pour l’heure, pas très encline à le laisser libre de ses mouvements. Traversant lentement la chambre du régent, trainant des pieds sur le parquet, le sorcier s’efforçait d’envisager tous les cas de figures possibles. Il n’aurait qu’une unique chance de convaincre Hanegard de sa bonne foi, aussi mieux valait ne pas la gâcher. Lorsque son dos entra en contact avec ce qu’il devinait être la porte du bureau du régent, Tinfar chercha à tâtons la clenche. Avec un pauvre sourire en direction de Jena, il tenta de lui faire comprendre qu’il n’était guère aisé, dans sa position, d’ouvrir une porte. Malheureusement, la jeune femme ne semblait pas d’humeur à lâcher une de ses lames pour lui venir en aide. La situation n’était pas exactement telle que Tinfar se l’était imaginée la veille au soir lorsque, confortablement allongé sur sa couchette, il avait décidé de retourner sa veste pour sauver sa vie. Pour commencer, il n’avait pas prévu que sa magie lui ferait défaut. Et cela seul avait de quoi l’inquiéter. Il ne s’était jamais retrouvé dans une situation pareille. D’aussi loin qu’il se souvienne, il avait toujours pu compter sur son don. Mais pas aujourd’hui. Alors que l’Energie était partout présente autour de lui, il ne parvenait pas à la canaliser correctement. Malgré tous ses efforts, il sentait sa puissance le fuir inexorablement. Pire encore, il ne pouvait se défaire de la désagréable impression que ses tentatives répétées pour assurer son contrôle magique ne faisaient qu’aggraver son état : il se sentait encore les jambes flageolantes de sa dernière tentative. A présent, ses yeux le brûlaient et il sentait son cœur battre la chamade.
Prenant une longue inspiration pour calmer les battements erratiques de son cœur, Tinfar appuya de tout son poids sur la porte et entra dans le bureau du régent. Ce dernier, de ce qu’il en voyait, était tel qu’il se l’était imaginé : simple et éminemment fonctionnel. D’après les rumeurs qui courraient dans la citadelle, il était à l’image du nouveau maître des lieux. Tinfar espérait de tout cœur que l’homme était tel qu’on voulait bien le décrire. Tous ceux qu’il avait interrogés disaient la même chose : militaire de carrière, le nouveau régent d’Alonna était un homme de parole, inflexible mais, en bon soldat, prompt à s’adapter à l’urgence de la situation. Tinfar espérait de tout cœur que dans la présente affaire cette dernière qualité viendrait servir ses intérêts personnels. Les coudes serrés le long du corps, les mains ouvertes, paumes tournées vers l’extérieur, Tinfar attendait que le destin décide de son sort. Lorsqu’il entendit la voix de Jena, le sorcier lui adressa un discret signe de tête accompagné d’un léger sourire : mieux valait se présenter comme trop confiant qu’endosser le rôle de l’agneau sacrificiel. Peut-être cela donnerait-il matière à réfléchir au régent. Interprétant l’annonce de Jena comme une invitation à se retourner, Tinfar comprit que la situation était encore pire qu’il se l’était figurée. La vigilance de Jena ne s’était pas amoindrie, deux gardes armés d’hallebardes l’entouraient et, comme si toutes ces précautions n’étaient déjà pas suffisantes, le régent en personne le menaçait d’une arbalète. Si la profusion des armes n’était pas une surprise, la présence des deux soudards en était une. L’idée de révéler tout ce qu’il savait en présence de ces deux types ne disait rien de bon à l’espion. Néera seule savait jusqu’où pouvait s’étendre le réseau des d’Amaury.
Entendant l’invite du régent, Tinfar s’apprêtait à prendre une grande inspiration lorsqu’une douleur subite à la poitrine l’en empêcha. Suffoquant à demi, Tinfar porta une main à son torse et chercha à reprendre son souffle. La crise passée, il essuya la sueur qui perlait à son front d’un revers de la main et dit :
Je ne demande pas mieux que de vous expliquer la raison de ma présence en ce lieu. Et au passage de m’expliquer quant à mon étrange escorte. Mais avant cela j’apprécierais que vous détourniez l’arbalète que vous pointez sur mon torse. Un accident est si vite arrivé, vous comprenez. Sans compter que ce ne serait pas la première fois qu’un câble tendu à l’avance finirait par céder au moment le plus inopportun. Après une courte pause, Tinfar reprit : En plus, je doute que vous ayez grand-chose à craindre d’un homme désarmé. Pas quand vous vous entourez d’autant d’homme d’armes.
L’heure de vérité était enfin arrivée. Fallait-il s’expliquer pour cette entrée fracassante ou entrer directement dans le vif du sujet ? Tinfar préféra la deuxième solution. Hanegard semblait un homme pragmatique et la situation était sous contrôle ; aussi les explications pouvaient-elles attendre. Mieux valait capter son attention. Sans attendre la réponse du régent, Tinfar enchaîna :
Il se trame de sombres machinations dans votre citadelle. Certains de vos gens n’apprécient guère l’annonce de votre mariage avec dame Jena. Après un regard en direction des gardes, l’espion ajouta : Si ces hommes n’ont pas votre entière confiance, mieux vaudrait que je me taise jusqu’à ce que vous ayez appelé vos propres soldats. |
| | | Hanegard Kastelord
Ancien
Nombre de messages : 2168 Date d'inscription : 22/10/2009
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Lun 14 Juin 2010 - 9:34 | |
| Hanegard se demanda l’espace d’un instant si le gaillard ne cherchait pas à faire sortir les gardes pour se retrouver seul avec lui et Jena. Mais quelque chose dans la voix de son interlocuteur lui disait qu’il était réellement sincère. Rabaissant son arbalète, mais sans ôter son doigt de la détente, le régent répondit sèchement : Vous pouvez parler en confiance, ces deux hommes appartiennent à ma garde personnelle et sont au-delà de tout soupçon. De fait, et depuis l’attentat manqué de Tarkel, le régent ne faisait appel qu’à des hommes parfaitement fiables pour garder ses appartements et ceux de Jena. Des vétérans, parfois même d’anciens soldats de la légion noire ayant suivi leur général. C’était le cas des deux gardes présents, qui tous deux avaient combattu à Beremas sous ses ordres. Un complot contre son mariage ? Cela ne surprenait guère Hanegard qui savait que certains vieux conservateurs comme les d’Amaury par exemple ne devaient guère apprécier de le voir épouser cette jeune femme qui ne faisait pas partie du jeu politique. Pour autant, qu’un noble ait osé dépasser la limite, qu’il ait osé comploter contre son seigneur, voilà qui appelait une action rapide. S’approchant quelque peu, il demanda d’un ton soupçonneux : Mais… seriez-vous malade ? De fait, le mage semblait de plus en plus mal, de grosses gouttes de sueur coulant sur son visage et une expression de douleur tordant ses traits.
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| | | Tinfar Solinar
Humain
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] Mer 16 Juin 2010 - 22:18 | |
| Tinfar avait de plus en plus de difficultés à fixer son attention sur le monde qui l’entourait. Alors qu’il espérait que ses vertiges n’avaient été qu’une manifestation de son don, voilà qu’ils revenaient avec plus de vigueur encore. Le bureau d’Hanegard tanguait lentement devant lui. La voix du régent se faisait de plus en plus lointaine. Les yeux papillonnants, le sorcier luttait pour conserver son équilibre. Avec l’espoir que cela mettrait un terme à son malaise, Tinfar ferma les yeux. L’espace d’une seconde, il lui sembla aller mieux. Au moins n’avait-il plus à supporter la vision de ces murs qui dansaient une folle sarabande. Malheureusement le répit ne devait être que de courte durée. Très vite, déchirant la douce obscurité qui apaisait ses sens, la sensation de vertige revint avec plus de force encore que précédemment. Incapable de demeurer debout plus longtemps, le sorcier s’effondra.
Alors qu’il sentait que deux mains le soutenaient, il ne put murmurer que quelques syllabes avait que sa bouche ne se remplisse d'une mousse rosâtre :
P-Poison…
A présent, au seuil du royaume de Tauri, délivré de toute peur, il parvenait à réfléchir avec calme et clairvoyance. Enfin, il voyait ce qui lui avait échappé pendant si longtemps. Son don ne l’avait jamais trahi. Seul son corps était en cause. A chaque battement de cœur, son sang avait charrié Néera seule savait quelle mortelle substance. Comment dans ses conditions aurait-il pu maîtriser son art ? Comme il était ironique de penser que lui, engagé pour tuer, allait probablement terminer sa vie victime d’un empoisonneur. Il ne comprenait pas encore quand il avait été drogué, mais cela avait-il seulement la moindre importance ? Sa seule consolation serait de partir avec le sentiment de ne pas avoir échoué : s’il avait été en pleine possession de ses moyens tout aurait pu se passer différemment.
Allongé sur le dos, les yeux perdus dans le vague, il sentait ses extrémités s’alourdir. Déjà il ne pouvait plus remuer les doigts. Le corps couvert d’une fine pellicule de sueur glacée, il était transi de froid. Imperméable désormais à tout ce qui se passait autour de lui, il s’était replié sur lui-même. Attendant la mort. Finalement, le vieux d’Amaury s’était révélé être le plus malin. Ou le mieux armé. |
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| Sujet: Re: Mensonges et trahisons [PV Jena & Hanegard] | |
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