Les incarnations de la Mort .. | Katalina, Licsis

Serramire .. Bouclier du Nord. La dernière terre humaine avant la forêt d'Aduram, les terres Elfiques et les terres Naines. Il était flagrant de voir que plus un voyageur montait vers le nord et plus l'atmosphère changeait, devenant plus martiale. Les manoirs laissaient place aux châteaux, les villes laissaient place aux citadelles, les bourgs aux forteresses et les hommes laissaient place aux soldats. Cette impression de rudesse soulignait bien le caractère stratégique de la région. Les Humains étaient de ceux qui s'endurcissaient lorsque le climat faisait de même. Le fait que les trois races originelles ne furent pas alliés tout au long du passé avait donné comme résultat que les frontières de tout Royaume devait être le reflet de la force militaire de ses occupants, simple question de force dissuasive.
Les Nains se retranchaient au plus haut des montagnes, les Elfes avaient comme protection la forêt la plus impénétrable au monde. Les Humains eux construisaient à nus des colosses de pierres, fortifications tirées de la terre et mises bien en évidence, tels autant de silhouettes pointant vers le ciel que d'yeux pointés avec vigilance vers un horizon bien terne pour eux.

Serramine était à l'image de sa province, parfaite ville-forteresse symbolisant une tradition martiale continue. C'est devant les portes renforcées de cette citadelle que se présenta un long cortège de chevaliers en armes. Au devant de la colonne se voyait l'étendard de Tyra, déesse de la Mort. Les chevaliers étaient revêtus d'une armure complète d'un noir de jais et ornée des symboles de la Déesse Ecorchée. Leur allure avait de quoi intimider mais ce n'était rien face aux deux personnages qui se tenaient parmi les premiers rangs. Le premier cavalier était revêtu d'un habit noir et portait un masque dorée. A ses cotés se trouvait une Elfe, aussi belle qu'elle n'était inquiétante. Des deux personnes se dégageait une autorité et une aura mortuaire sans précédent, ce n'était pas un simple prêtre du culte de la Mort qui pouvait dégager une telle impression.
Le cortège entra sans grande cérémonie dans l'enceinte de la ville-citadelle, les gardes plutôt médusés d'avoir affaire à d'aussi importantes personnes. La Mort, un demi-Elfe aussi sombre que sa tenue, une Elfe immortelle représentant à la perfection la féminité et l'éternité de la Mort. Il ne s'agissait que des deux Haut-Prêtres de Tyra.
Que venaient ils faire ici ? nul ne le savait. Certains songèrent au plus profond d'eux-même qu'une catastrophe allait bientôt surgir. Une catastrophe anticipée par les plus hautes instances du culte de la Mort, il n'y avait pas de plus mauvais présage à une telle représentation.

La colonne remonta les rues de la ville, curieusement n'allant pas sur la route menant droit à la demeure centrale des Marquis de Serramine. Le groupe erra un instant dans le quartier limitrophe du palais ducal avant de s'arrêter devant le demeure des Noblegriffon.
Devant le parvis de la demeure, l'intendant armé de sa fidèle canne attendait, prévenu de l'arrivée d'un cortège inhabituel.
Sec et froid, il observa la Dame Elfe guidant le groupe se détacher e venir droit à lui du haut de sa monture.
Il reconnut sans peine les armoiries de Tyra sur la personne de l'Elfe et le sceptre ouvragé qu'elle tenait ne pouvait signifier qu'elle était la fameuse Haute-Prêtresse de la déesse de la Mort.
Celle-ci lui parla d'une voix douce, ses paroles ne trahissant aucun accent.

Bonjour à vous. Nous sommes les Hauts-Prêtres de la Déesse Tyra. Au nom de la Déesse de la Mort, nous venons voir "Celle qui a perdue la Vue Récemment". Pouvez vous nous introduire à elle ?

Celle qui a perdue la Vue Récemment ? voulait elle parler de .. elle voulait parler de la Dame Noblegriffon ? Oui cela ne pouvait être qu'elle. Les Emissaires de la Mort attendaient à la porte.
Descendue de monture, Hithiel jeta un regard à son homologue Licsis. Le demi-Elfe s'était montré très silencieux durant le voyage. Mais elle espérait que son état lui permettait de soutenir une entrevue. Après tout ils venaient voir la nouvelle Gardienne de Tyra, ni plus ni moins.

La mort est le miroir de l’âme…Sachant que notre vie aura une influence sur notre mort, de pars le jugement dernier de Tari, et que l’âme elle à une influence sur notre vie directement, alors cette affirmation était exacte…C’était à ce genre de pensées que s’était livré le Haut prêtre pendant tout le voyage et celle la n’en était que la plus simple… Penser à lui faisait trop souffrir Licsis, qui, même si il vivait très bien son accident, soufrait énormément psychologiquement et physiquement. Psychologiquement, c’était les sévices de sa période de captivité agrémenté de tortures. Il faisait des cauchemars horribles la nuit, il se voyait généralement devenir nécromant, briser les règles du culte et devenir le « méchant » de l’histoire…la sienne qui plus est…Physiquement, c’était une désagréable sensation de se sentir immatériel, de ne pas se sentir dans son corps…L’une des raison pour laquelle Licsis n’avait pas enlevé son masque, c’était de peur de ne pas voir dans le miroir son visage…
La réalité était encore brumeuse, cachée derrière un masque d’or et de bronze…Sans doute n’y avait il rien d’autre qu’un visage vieilli et meurtri par l’accident, et la non acceptation du passage de beau jeune homme à ce stade…Le choc était trop brutal et Licsis avait ses faiblesses…

Licsis qui récupérait peu à peu sa forme d’antant s’était rendu compte que même si quelque choses n’était pas au point, il était même en train de dépasser sa forme antérieure…Bien qu’il y avait de nombreux sorts que pour une raison mystique peut être, il n’arrivait pas à faire, ceux qu’il arrivait à faire sortaient avec encore plus d’aisance, comme si c’était inné…Un des rites de passages pour devenir prêtre était par exemple de marcher sur l’eau dans la salle des eaux de la cathédrale de Deina, et bien même ça il ne pouvait plus le faire…Plus de contrôle de l’eau du tout d’ailleurs, quand, en face, il voyait que la haute prêtresse arrivait maintenant à contrôler la glace…Vous ne pouvez imaginé ce qu’a ressenti Licsis lorsqu’il a apprit la nouvelle…La glace, son rêve d’enfance, lui qui avait écrit des livres pour théoriser l’importance de l’eau sous forme solide dans le culte, en les comparants aux larmes de Tari…Il ne savait presque plus rien faire…Et encore moins contrôler la glace… Licsis s’était pourtant entrainé longtemps pour y arriver, mais il se savait bien, l’entrainement n’était pas le problème, il n’était tout simplement pas fait pour ça…

Quand au maniement de la faux, l’art de combat qu’il maitrisait bien dans sa jeunesse, Licsis qui pensait qu’il ne pourrait plus en faire comme avant avait réessayé tout récemment…Avec des résultats tres convainquant… Licsis était actuellement en train de suivre un programme personnel de remise en forme physique, a base de sport et de protéines…Voir un haut prêtre en train de faire de l’entrainement physique était quelque chose d’assez peu commun, voir carrément de tres rare, enfaite non, on ne l’a jamais vraiment vu…Et pour cause Licsis s’entrainait discrètement dans la crypte… Pour aller même plus loin dans les révélations, ce ne fut pas une décision propre à Licsis mais c’est son actael qui l’obligea à se remettre en forme. L’actael d’un tempérament parfois très désagréable surtout lors de la pleine lune, devenait tres agressif et s’en prenait même parfois à Licsis, qui sportif et bon combattant rabattait le caquet de son piaf à main nue en lui faisait une prise de cou qui calmait toujours le piaf…Enfin c’était avant l’accident. Lors de la dernière pleine lune l’oiseau avait blessé son maitre au bras du coup de bec et s’était arrêté avant qu’un malheur n’arrive, car il avait beau être agressif, il aimait tout de même son maitre…Bref Licsis s’était rendu compte qu’il avait besoin de piles neuves et parfois, c’est son oiseau lui-même qui le trainait dehors la nuit pour faire courir Licsis, ou qui n’acceptait de rien faire avant qu’il n’ait vu le haut prêtre s’entrainé à la faux…
Une situation assez drôle pour un haut prêtre que d’être forcé par son piaf que de faire du sport, enfin drôle, si cette situation avait été publique, et si on ajoutait à cela son incapacité à marcher sur l’eau, on se serait bien moqué de lui…

Heureusement il y avait des domaines ou Licsis allait merveilleusement bien, le domaine de la théologie comme nous l’avions vu, le Haut prêtre s’étant remis à écrire, et celui, malheureusement, des arts interdits, occultes…C’étais comme naturel chez lui, voler la vie chez autrui, le fameux « baiser mortel » de Tari, il en avait le don…Il créait un serviteur putréfié à partir de n’importe quel cadavre en claquant des doigts, à partir d’un simple morceau de chair en putréfaction, il était capable de créer des nuées de petits insectes carnivores…Pire encore, il avait réussi à maudire un petit animal dont la peau avait commencé à se ronger pour ensuite finalement exploser…C’était un spectacle assez désolant, le haut prêtre se faisait peur…Jamais il ne devait montrer ces pouvoirs en public, il passerait pour un monstre… Aussi avait il cherché dans les arts interdits des sorts plus immatériels, qui soient moins une démonstration d’horreurs pures…Licsis n’avait pas encore de résultats bien concluants mise à part une sorte de brume noire corrosive qui visuellement passait sans briser l’éthique du culte, et des sorts ou il se servait des âmes pour attaquer mais la encore, c’était tres immoral et il ne pouvait se résoudre à sombrer dans la nécromancie…
Bref, voila pourquoi le haut prêtre essayait de se changer les idées en pensant et en écrivant, car des que la focalisation tombait sur lui, tout devenait compliqué, long, hasardeux, mystérieux, mais surtout, même si sa vie gardait une petite touche d’humour mais l’humour est omniprésent de tout manière, sa vie était lugubre et macabre…

On peut maintenant comprendre pourquoi le haut prêtre était resté tres silencieux durant tout le trajet, lui qui habituellement n’en loupait pas une pour causer avec sa seule amie la haute prêtresse de Tari, Hithiel Isylindë…Non pas comme on aurait pu le croire, que Licsis avait passé son trajet à penser à tout un tas de pensées théologique, sur la mort, la vie, mais aussi sur la place du cadavre mort vivant dans tout ça, mais parce que Licsis avait honte de ce qu’il devenait…Et surtout il avait honte devant la haute prêtresse qui depuis l’accident était plus active et déterminée que jamais… Licsis avait honte de ce qu’il avait fait avec ces cadavres et à chaque fois qu’elle le regardait il avait l’impression qu’elle savait…Heureusement, difficile de lire un visage derrière un masque…

**La haute prêtresse qui gère, il faut l’avouer, magnifiquement bien le culte, nous à fais escorter par l’armée noire, comme il l’appelait, était assez imposante. J’etais plutôt pour un voyage plus intime…Plus privé, moins ouvert et imposant comme celui-ci…Il n’y a pas d’intimité, pas de secrets…Même si je dois l’admettre, le voyage est plus long mais plus confortable…Et puis mon actael refuse de me porter depuis que je suis plus faible que lui…Pour lui c’est la loi du plus fort…Et donc, nous avançons au ritme des paladins qui nous entoure, moi qui est laissé faire Hithiel pour la création et l’implantation de son armée, je n’ai dans le groupe que quelques squelettes, à la forte carrure et lourdement armés. Moins fiable que les paladins, je les préfère pour leur aura délicatement occulte et leur force effrayante…Ils portent la même armure que les paladins, aussi si ils n’étaient pas plus grand, ils se fonderaient presque dans les rangs.
Je ne sais pas ou nous allons, non pas qu’ Hithiel me l’ai caché, mais parce que je ne lui ai pas posé la question, a vrai dire je ne lui ai pas vraiment adressé la parole, j’ai trop honte de ce que j’ai fais cette derniere semaine dans la crypte…Je me sens encore souillé…Nous sommes maintenant arrivé à Serramine, et ma vue à changé…Elle a comme pris une teinte sépia, le seul endroit ou ma vue avait changé auparavant c’était dans la crypte ou elle prenait une teinte olive…Il doit y avoir quelque chose de spécial ici… La haute prêtresse est parti parler à l’intendant…Seule…Elle parle en notre nom, comme si elle était la personne la plus importante du culte…Depuis qu’elle redouble de travail pour le culte et qu’elle maitrise la glace elle se croit supérieure a moi, je déteste ça…Je suis au moins aussi bon qu’elle, bon peut être que je ne suis pas a mon apogée, mais si dans la théorie tout est contre moi, je suis sur que dans la pratique…Tiens, il y a une sorte de poussière étoilée dans l’air, je n’ai encore jamais observé ce phénomène…**
Licsis se concentra pour entrevoir la réalité pendant un court instant, moyennant une gênante migraine …
**Satanée migraine…Tout ça pour rien, cette poussière étoilée dans l’air n’existe pas dans la réalité…C’est comme la marque qu’aurait laissé quelque chose de l’au-delà… C’est bizarre…Et Hithiel parle toujours avec l’intendant…Tient c’est étrange, je le vois à moitié normalement…Il n’est pas complètement squelettique. Je le vois à moitié normalement, un squelette à tête et à jambe d’homme, avec une coiffure à corne ensanglantée, et un bâton à tête de mort, la tête de mort se moque de moi d’ailleurs…Tous des hypocrites ces morts…Je vais leur montrer moi de quel bois je me chauffe…**

Licsis qui avait tres peu dormi de la semaine vu que des qu’il dormait il était poursuivi par ses démons, était un peu à fleur de peau. Et la jalousie maladive qu’il commençait à nourrir contre une haute prêtresse qui prenait plus d’importance que lui n’annonçait rien de bon…Aussi le haut prêtre pour montrer son importance avait sorti sa faux et l’exhibait fièrement, de manière à être le plus imposant possible. Il s’avança ensuite lentement sur le dos de son cheval noir aux yeux rouges. Il descendit de sa monture en même temps que son homologue. Plongé dans sa colère, il n’avait pas entendu ce qu’avait dit la haute prêtresse, mais lorsque Licsis regarda la demeure, une condensation de poussière étoilée régnait à cet endroit… Plus encore, une aura accompagnait la poussière, il pouvait presque sentir un parfum qu’il avait pu sentir auparavant…Il avait pu sentir ce parfum lorsque…lorsqu’il était en état de mort latente après l’accident…Cette demeure, c’était celle de la gardienne de l’ordre ?...C’elle qu’il avait cherché si longtemps comme un saint graal, la haute prêtresse l’avait trouvé comme ça, en ayant l’air de ne pas l’avoir cherché…La jalousie augmenta encore d’un cran. Se pourrait il que l’amour de Licsis envers Hithiel se transforme petit à petit en haine après l’accident ?...
Licsis respira subtilement les embruns du lieu, et après une longue expiration, se calma progressivement. L’heure n’était pas aux péchés, il était au dessus de ça, au dessus de tout. Sa relation avec Hithiel était comme une amitié, avec des hauts et des bas…Si elle pouvait le battre dans tous les domaines, au moins aurait il la sagesse d’accepter son homologue comme il le fallait. Apres tout, si c’est Tari qui l’avait voulu…La moindre des choses était d’écouter les messages imperceptibles de tari et de les décrypter comme il le fallait. Un long message lui avait été adressé, il devait être lucide et patient pour comprendre la portée de ce message…

Alors ils venaient voir la gardienne de Tari, ni plus ni moins…

« Ils arrivent. »

Katalina hocha doucement la tête, poussant un profond soupir. Ce qu’elle redoutait le plus était en phase de se produire, et ce n’était pas pour lui plaire. Elle avait espéré pouvoir cacher sa toute nouvelle condition de Gardienne pendant un moment, mais elle devait se rendre à l’évidence : elle s’était trompée, et la venue des deux Hauts Prêtres de sa Déesse tendait à le lui démontrer. Elle avait d’abord cru à une manœuvre de Tyra pour la pousser à se dévoiler, mais elle avait été rapidement détrompée, et elle avait ainsi appris qu’elle était devenue une sorte de point d’ancrage pour quiconque tirait un quelconque pouvoir de sa Foi en Celle qui attend, une sorte de source de laquelle s’échappait la magie du Culte, et plus encore avait sous-entendu la Maîtresse des Morts. Aerandir ne lui avait jamais enseigné cette réalité, surement parce qu’il n’en avait pas vu l’utilité, mais une fois qu’elle l’eut compris, le reste vint naturellement. Ce n’était pas réellement différent de son ancienne vie, la Magie ne faisait que remplacer l’Or mais présentait des similitudes qui lui arrachaient parfois des sourires amusées. Il était la plus tard du temps aisé de retrouver quelqu’un émettant une grande quantité de souverain, pourquoi en aurait-il été autrement avec le pouvoir ?

Il n’y a réellement aucun moyen d’éviter cela ?

Bien entendu, elle n’eut droit à aucune réponse. C’était souvent le cas, quand elle posait de telles questions. Ne s’en formalisant pas, elle se leva, se préparant à la rencontre à venir. Avec des gestes lents, elle remit une énième fois son étole en place. Elle avait toujours eu du mal à supporter les pièces d’étoffes de la sorte, mais elle préférait ne pas prendre de risque avec le secret de sa grossesse. Non pas qu’elle ait honte, mais il s’agissait un peu de son secret, un trésor qu’elle chérissait et qu’elle ne voulait partager qu’avec les gens qu’elle appréciait réellement. Certes, son ventre s’arrondissait à peine, mais elle ne souhaitait prendre aucun risque. Quittant sa chambre, elle se dirigea vers la grande porte sans la moindre hésitation. Des gens importants l’attendaient, et elle ne devait pas les décevoir. Quoi qu’avec ce qu’elle avait l’intention de leur dire, elle doutait qu’ils soient ravis de l’avoir rencontrée quand ils repartiraient. Mais elle n’avait pas le choix, au vu de la façon dont ils l’approchaient, ils ne se souciaient pas de l’anonymat qu’elle semblait pourtant vouloir préserver, or ce n’était pas à eux de choisir le moment où la Péninsule connaîtrait la nouvelle Gardienne de Tyra.

Comme elle l’avait prévu, la porte était déjà ouverte, et elle arriva juste à temps pour entendre une femme demander « celle qui avait perdu la vue récemment ». Elle ne put retenir une discrète menace, alors qu’elle voyait déjà les imaginations s’emballer. Ils n’y avaient que peu d’aveugles qui intéressaient les Cultes, en règle générale. Ce devait être Hithiel, la Haute Prêtresse d’Alëandir. Etrangement, alors même qu’elle ne la connaissait que de nom, elle fut déçue d’entendre une elfe parler avec aussi peu de prévenance pour sa future interlocutrice. Ne pouvait-elle pas demander tout simplement la Dame Noblegriffon, fallait-elle qu’elle pointe du doigt la nouvelle singularité de son hôte afin de mieux mettre la puce à l’oreille aux spectateurs de la scène ? Elle se souvenait du Premier Peuple comme beaucoup plus discret et respectueux, mais il semblait que celle là ne se soit trop longtemps égarée dans la Péninsule. Elle se composa un visage aussi neutre que possible avant de commencer à descendre les marches, alors que Théodore répondait sans témoigner le moindre trouble.

« Dame Noblegriffon était au courant de votre venue et vous attendait. » commença-t-il, et son intervention suffit à rendre un peu de sa bonne humeur à la concernée. « Je vais la faire prévenir, en attendant…
- Ce ne sera pas la peine, Théodore. » l’interrompit-elle de sa voix la plus douce, alors qu’elle arrivait à sa hauteur.

Ne faisant même pas mine d’être surpris, le vieil homme fit un pas en arrière. Son regard continuellement ombragé passa de la Haute Prêtresse à son homologue masculin. Il ne put retenir le froncement de sourcils réprobateurs qui il vit la faux fièrement exhibée mais ne se permit aucun commentaire, même si l’envie de prévenir Katalina était forte. Le murmurer à l’oreille de la concernée aurait été possible, mais il ne tenait pas à offenser les représentants du Culte de la Mort, après tout ce n’était pas comme si l’échéance s’était dangereusement rapprochée au fil des années, et vu qu’il doutait que le Haut Prêtre ne tente quoi que ce soit en personne contre la jeune femme - ce qui rendait la présence de son arme encore plus mystérieuse - il décida de garder le silence.

« C’est un honneur que de recevoir les Hauts Prêtres de Celle qui attend. »

De nouveau, Théodore se trahit, arquant légèrement un sourcil alors qu’il reconnaissait entre tous le ton dont usait la maîtresse des lieux. Il doutait que ses interlocuteurs ne se rendent compte de rien, mais lui la connaissait depuis sa naissance et avait appris à reconnaître certains signes qui ne trompaient pas, et la façon dont elle mit en suspens la fin de sa phrase en était un. En réalité, même si elle le cachait parfaitement, Katalina bouillonnait. Mal à l’aise, elle ne devait son calme apparent qu’aux discrets encouragements de Tyra. Elle ne disait rien, restait en simple spectatrice, se contentant de bercer sa Gardienne de discrètes ondes apaisantes. Et la jeune femme ne pouvait que lui en être redevable, tant ce qu’elle pouvait ressentir ne l’aidait pas à garder la tête froide. Hithiel ne dégageait rien de particulier, ou plus exactement rien de déstabilisant - son aura de pouvoir restait tout de même bien présente et la Gardienne avait l’impression de voir au sens premier du terme un lien l’unissant à elle, preuve s’il en fallait qu’elle en était la source - mais elle ne pouvait pas en dire autant du Haut Prêtre Licsis. Du demi-elfe émanait une sensation malsaine et bien éloignée de ce qu’elle aurait pu imaginer. La Voix des Morts, d’ordinaire agitée, était lugubre à son sujet, et il semblait habituer par… autre chose. Cependant, le pire restait qu’il usait actuellement de ses dons, et il ne fallut pas longtemps à Katalina pour comprendre de quelle façon exactement. Tournant son regard grisé vers lui, elle reprit la parole.

« Votre escorte est la bienvenue, et Théodore se fera une joie de la guider vers un endroit où ils pourront se reposer et se restaurer, mais avec tout le respect que je vous dois, Sire, je vous prierai de révoquer vos serviteurs. Ma maisonnée ne serait pas à l’aise à l’idée de côtoyer d’aussi prêt la mort, j’espère que vous le comprenez. » continua-t-elle avec un naturel qui déconcerta une nouvelle fois son Intendant, car si sa protégée gardait un ton résolument respectueux, il ne pouvait s’empêcher de remarquer qu’elle parlait assez franchement à ses invités. Mal à l’aise, il tenta de rester impassible, mais il ne pouvait s’empêcher de détailler les réactions des Hauts Prêtres. « Je puis vous assurer que vous êtes en sécurité en ces lieux, Serramire est sûre malgré les événements récents. »

Katalina avait conscience qu’en agissant ainsi, elle ne ferait que donner raison à ceux qui l’imagineraient Gardienne, mais elle savait aussi qu’elle n’avait pas le choix. Elle espérait juste qu’ils seraient assez clairvoyants pour comprendre pourquoi elle agissait de la sorte, et peut-être alors se souviendraient-ils des vertus de la discrétion. De plus, aveugle et donc plus sensibles à ses autres sens, puissent-ils être mystiques, elle ne pouvait résolument pas ignorer les fils de pouvoirs de Licsis qui animaient ses… esclaves. Le pire était qu’elle était presque certaine de pouvoir les trancher elle-même, mais elle n’avait pas besoin des avertissements muets de Tyra pour savoir que ce serait la pire chose à faire. Elle ne pouvait résolument pas prévoir la réaction du demi-elfe, et la courtoisie lui dictait de le laisser corriger son erreur - car il s’agissait là d’une erreur aux yeux de la Gardienne - par lui-même. S’il le faisait.

Se tenant devant le perron, la Haute-Prêtresse observait la demeure qui s'offrait à sa vue. Le bâtiment était celui d'une des familles les plus renommées de la région : les Noblegriffon. Hithiel n'avait que très peu de connaissances dans l'arbre généalogique des familles nobles Humaines mais elle avait déjà entendu ce nom plusieurs fois lors de son séjour à Diantra. Il était plutôt surprenant que Tari ait choisie sa gardienne chez une humaine réputée, la politique et son rôle actif ne se prêtant guère à la vision de Celle qui attend.
Mais l'aura que pouvait ressentir l'Elfe, cette forte aura quasiment similaire en sa nature avec sa propre aura lui indiquait que les Hauts-Prêtres se trouvaient à la bonne adresse. Maintenant rien ne pouvait s'opposer à la rencontre qui devait se faire.
C'était la première fois que Hithiel allait rencontrer la Gardienne de sa Déesse, un événement qu'elle ne voulait pas manquer à tout prix. Elle était plus habituée à échanger des paroles avec les précédents Gardiens de Néera, des rencontres qui avaient clairsemée sa vie de Haute-Prêtresse. La dernière gardienne de Tari avait été une habitante du Puy d'Elda, un lieu impossible à atteindre pour l'Elfe qu'elle était. Maintenant elle pourrait rencontrer une personne privilégiée par sa Déesse et accessible. Il était encore étonnant que la dame noblegriffon ne se soit pas encore manifestée, peut être souhaitait elle rester discrète au yeux des ouailles du culte.

Se retournant, Hithiel observa l'escorte de paladins qui attendait. Elle pouvait percevoir que les moines-soldats étaient tout aussi fébriles qu'elle à l'idée de rencontrer la Gardienne. Ces paladins étaient de fervents disciples de Tari et les emmener jusqu'ici a été presque pour eux un acte de pèlerinage. Cela risquait de ne pas être très discret mais, après tout, la rencontre entre une Gardienne et le culte de la Déesse était une rencontre destiné à montrer à Tari que son culte se portait bien.
Son regard se posa sur Licsis qui avait sorti sa faux dans un geste de défi et d'impatience. La relation avec elle-même et son homologue était difficile à décrire depuis qu'elle l'avait délivrée des griffes d'une cabale nécromantique.
Licsis s'était encore plus replié sur lui-même et avait perdu la maîtrise de bon nombre de ses pouvoirs. Cela attristait Hithiel et elle avait tenté d'épauler au mieux le demi-Elfe lorsqu'il n'était pas reparti dans ses errances solitaires à Diantra. Elle avait longuement conversé avec lui mais uniquement de débats théologique. Sur le plan magique, elle s'entrainait avec lui. Durant cette période elle s'était découverte de nouveaux pouvoirs alors que Licsis stagnait dans leur maîtrise. Elle voyait bien que cela gênait son homologue, leurs discussions se faisaient d'ailleurs plus rares après les entrainements.
Elle espérait néanmoins que le Haut-Prêtre retrouve sa force d'antan, il y avait déjà des changements encourageants, il suffira juste d'être patient.
Face à Licsis elle ne pouvait opposer que de la compassion et de l'aide, ce qui parfois pouvait heurter le Haut-Prêtre dans son amour-propre. Qu'allait il se passer après son départ ? Licsis serait seul à Diantra à diriger le culte. Elle rechignait à cette idée mais le temps était venu de repartir à sa place. Elle lui adressa néanmoins un doux sourire pour lui dire que tout allait bien. Lui aussi avait du sentir la présence de la Gardienne, une rencontre avec elle allait sûrement lui être profitable.

Son attention se reporta sur la demeure lorsqu'une voix féminine coupa celle de l'intendant qui les avait accueillis.
La Haute-Prêtresse dévisagea alors enfin celle qui bénéficiait du prestige d'être l'incarnation mortelle de la déesse de la Mort. Katalina était une jeune femme dont la noblesse était au diapason de son nom de famille. Tari avait choisie une femme de haute stature et déjà fermement ancrée dans la vie d'adulte. Pourquoi elle en particulier ? A cela il n'y avait pas véritablement de réponse .. L'entretien allait permettre de savoir si Katalina allait avoir la force d'accepter le don qui lui avait été fait.
Car le choix avait déjà été fait : l'énergie de la Mort s'émanait de l'aura de la jeune humaine. Mais, en plus du statu de représentation, il se dévoilait à la nouvelle Gardienne un autre univers : celui d'un culte dans son ensemble. Depuis les terres des Nains, depuis les terres Elfiques, sur les terres Humaines .. le nombre d'adeptes était important et saurait bientôt l'existence d'une Gardienne. Katalina passerait alors du statu de simple Humaine à celui d'icône vivante, un changement de vie du tout au tout.
Hithiel observait avec attention celle qui avait reçue les faveurs de Tari. La Haute-Prêtresse semblait plus sonder en profondeur la Gardienne que l'admirer. Après tout ces deux femmes représentaient toutes deux le caractère féminin de la Mort et étaient toutes deux de belles représentantes de leur race. Le lien religieux les unissant poussait l'Elfe à chercher à comprendre son interlocutrice.
Au delà de l'aura de Tari, elle sentait une certaine force en Katalina. Mais c'est plus un détail qui retint l'attention de la Haute-Prêtresse. Quoi de mieux qu'une femme comme elle-même pour ressentir qu'elle ne faisait pas face à une seule âme abritant la puissance de la déesse. Il y avait autre chose, une âme minuscule qui résidait en harmonie avec celle de la jeune femme. Le statu de Gardienne n'allait pas être le seule changement mais la Haute-Prêtresse n'allait pas s'attarder sur ce détail intime de la vie de la Gardienne. Leur visite était du domaine du religieux et non de la visite de courtoisie.

S'inclinant avec respect devant Katalina avec une révérence, elle indiqua qu'elle reconnaissait l'aura de la Déesse en elle. Derrière elle et restant silencieux, les paladins se baissèrent à leur tour et mirent un genou en terre, leurs têtes inclinées témoignant le respect ainsi que la force de leur foi.
Souriante, Hithiel se releva, son regard et son attitude gardant la lueur de respect qu'elle affichait à Katalina. Ce n'était certes pas très discret mais il était des choses qui ne pouvaient se passer d'un certain protocole.
La Haute-Prêtresse prit son sceptre en main, symbole de sa fonction parmi le culte. Sur son cou se voyait le collier ouvragé qui se transmettait de Haute-Prêtresse en Haute-Prêtresse. Elle se présentait comme te face à la nouvelle Gardienne de la Mort.

C'est un grand honneur que de pouvoir enfin vous rencontrer, Dame Noblegriffon. Je suis Hithiel Isylindë, Haute-Prêtresse d'Alëandir, Dirigeante du culte de Tyra sur les Terres Elfiques. Je vous remercie grandement de votre acceuil. Puisse la volonté de Celle qui Observe rendre cette occasion mémorable dans nos âmes

Hithiel s'arrêta afin de laisser à Licsis le soin de se présenter à Katalina. La rencontre entre ces deux êtres risquait d'être un peu houleuse du fait de l'attitude délibérément hostile du Haut-Prêtre. De plus il avait convoqué des squelettes parmi les Paladins, sa propre garde personnelle. On reconnaissait là le lien qui unissait Licsis à la Mort et qui le différenciait de son homologue féminine. Le demi-elfe représentait la violence de la Mort, son caractère implacable et surtout le Monde Funeste. Hithiel était plus le coté "vivant" de la Mort, son coté doux et noble ainsi que son règne qui supplante toute vie. Comment allait être la philosophie de Katalina vis à vis de la Mort ?
Les réponses à ces questions arriveraient sous peu.

La Gardienne demanda le renvoi des squelettes-gardiens. Hithiel signifia du regard à Licsis qu'il valait mieux qu'il obéisse. Ils étaient en sécurité ici mais elle ne pouvait s'empêcher de penser que le Haut-Prêtre ne serait pas vraiment d'humeur collaboratrice, surtout depuis son expérience avec la Mort.

« Vous pensez qu’la veuve Noblegriffon est une sal’té d’nécro ?
- Pas possible…
- Bah qu’est-c’qu’ils foutent là, alors ? »

Une conversation parmi tant d’autres. La présence des hautes autorités du Cultes de Tyra avait attiré les curieux, qui se regroupaient désormais dans les alentours de la demeure, cherchant à voir sans être vus. Le spectacle promettait d’être intéressant, surtout s’il se terminait par une arrestation, mais il ne fallait pas s’attirer le courroux des religieux en son montrant trop envahissant. Aussi, pour le moment, se contentait-on d’en parler, sans trop se mouiller. Quoi qu’il arrive, c’était une nouvelle histoire croustillante qui s’écrivait, une de plus à ajouter à sa collection, et elle serait à l’origine d’une nouvelle nuée de rumeurs. Rien de nouveau, en somme, mais cette fois-ci, Katalina avait du mal à garder son calme. En réalité, ce n’était pas réellement la faute des Hauts Prêtres - quoi qu’ils auraient pu tenter de se mettre à sa place - que sa propre incapacité à accepter l’idée de se révéler. Elle devait garder la tête froide, tenter de trouver une solution à son problème, sans pour autant froisser le Culte. Heureusement, elle avait une habitude certaine à mettre ses émotions de côté, et elle put ainsi saluer comme il se devait ses invités.

Elle eut un mouvement de recul, alors qu’elle entendait un étrange et soudain capharnaüm, mais se figea quand elle crut comprendre d’où il venait. Par les Cinq, ils ne pouvaient tout de même pas être en train de… de… Elle était tétanisée, dépassée même, par des événements qu’elle n’avait pas prévus. Sans l’intervention salutaire d’Hithiel, elle serait sans doute restée immobile plusieurs minutes sans parvenir à balbutier le moindre mot, mais elle fit ce qu’elle put pour focaliser son attention sur l’elfe, histoire d’oublier ce qu’elle venait de vivre. Par Tyra, on venait de s’agenouiller devant elle ! Jamais elle n’avait imaginé qu’on s’agenouillerait devant elle, ou peut-être que si, dans ses rêves les plus ambitieux, quand elle s’imaginait Marquise de Serramire… Et encore.

« Nulle crainte à avoir à ce sujet, je vais avoir du mal à oublier pareil événement. » répondit-elle avec sincérité - et peut-être une pointe de reproche.

Pour se calmer, elle s’ouvrit à la Voix des Morts, cherchant à tirer du réconfort des informations qu’elle donnait. Un exercice qui l’aurait rebutée quelques semaines plus tôt, mais elle avait compris la véritable nature du don de Tyra depuis et avait en grande partie appris à s’en servir. Ce qu’elle découvrit quand elle s’intéressa à Licsis lui glaça le sang, et le fait qu’il use de ses dons sans réelle nécessité et surtout de façon aussi étrange et lugubre n’arrangea rien. Elle lui demanda d’y remédier en révoquant ses invocations, se retenant de lui faire remarquer qu’il avait bien assez de paladins dévoués à sa cause pour ne pas étaler ainsi à la vue du peuple les revenants qu’il pouvait manier. Elle ne savait pas à quoi elle s’était attendu, mais certainement pas au silence qui suivit sa déclaration. Elle ne put retenir un léger froncement de sourcil alors qu’elle hésitait sur la marche à suivre. Le lien qui unissait le sang-mêlé à ses marionnettes était là, devant elle… En elle, d’une certaine façon. Surement parce qu’elle était la source de son pouvoir. Elle savait comment le trancher, il ne s’agissait que de se concentrer, et les squelettes s’effondreraient pour ne plus se relever. Peut-être même retourneraient-ils à l’état de poussière. Mais il y avait quelque chose qui l’en empêchait. Une étrange sensation de danger imminent. Elle suivit le lien, remontant vers le Haut Prêtre, et le sonda, sans réelle idée de ce qu’elle faisait. Elle agissait d’instinct, tâtonnant comme elle le pouvait.

Et elle finit par trouver ce qu’elle cherchait. Elle faillit chanceler, alors qu’elle en découvrait toute la noirceur. Elle ne savait pas de quoi il s’agissait, seulement que c’était incroyablement dangereux. Comment Licsis pouvait-il simplement vivre ? Elle n’en avait aucune idée, et ne voulait pas savoir. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’il était en danger, et qu’il était par la même occasion dangereux. La bonne nouvelle était qu’il était là… à portée de main. Elle pouvait agir, l’arracher à cette âme qu’il gangrenait, il lui suffisait de…

« Katalina, non ! »

L’appel, impérieux, résonna trop tard. La Gardienne se retira immédiatement, mais le mal était fait, elle l’avait « touché » et il s’était rebellé, s’ancrant un peu plus profondément dans l’âme du pauvre malheureux. Cette fois-ci, la noble chancela, mais elle n’était pas la plus à plaindre. Les squelettes s’effacèrent de son esprit, et au même moment elle entendit des pièces d’armures s’effondrer au sol. Quelques secondes plus tard, un bruit sourd lui confirma ce qu’elle craignait déjà : Licsis s’était évanoui.

La réponse formulée à la Haute-Prêtresse pointa un soupçon de reproches. Bien que ne donnant aucunement dans le faste, l'arrivée de la délégation des hauts-prêtres de Tyra ne semblait pas être dans les goûts de la nouvelle Gardienne. Peut être était elle encore peu habituée à sa situation et les implications qui en découlaient ou alors peut être que Katalina refusait encore la Voix des Morts en elle. Mais il était des choses qui ne pouvaient être évitées et d'autres qui ne pouvaient être changées. Ainsi cette rencontre se devait d'être faite même si la nouvelle gardienne n'était pas encore au fait de son nouveau rang. De plus on ne pouvait demander à de fidèles serviteurs de la Mort comme l'étaient les paladins de ne pouvoir manifester leur foi face à l'incarnation vivante de la déesse.

Mais la gêne de Katalina pouvait être compréhensible et même la Haute-Prêtresse avait commencée à ressentir l'attroupement de badauds qui s'agglutinait aux portes de la demeure. Les paladins s'étaient vite relevés mais la présence des deux Hauts-Prêtres de la Mort avait de quoi soulever des questions. Hithiel parvenait à ressentir l'accumulation d'âmes dans les alentours, ils risquaient de ne pas tarder à s'afficher au grand jour. Pour le moment les badauds étaient discrets, préférant rester dans l'ombre des coins de rues. Il ne fallait pas tarder à entrer bien que cela ne puisse faire taire les racontars qui allaient être automatiques tant que leur présence sera là.

L'attention de Hithiel se détourna se ces sensations pour se concentrer sur la rencontre entre Licsis et Katalina. Les yeux clos de la Gardienne ne pouvaient trahir le fait qu'elle était en train de s'intéresser à lui. L'elfe était assez inquiète sur ce sujet, elle-même connaissant le sombre secret de Licsis. Elle avait eu d'ailleurs assez de mal à l'accepter lorsqu'elle l'avait secouru dans le cimetière où des nécromanciens l'avaient retenu prisonnier. Comment allait réagir la Gardienne de son coté ? la volonté de Tyra avait faite que Licsis soit Haut-Prêtre malgré ce secret il y avait donc des chances pour qu'elle l'accepte à son tour. Mais l'attitude de Licsis ainsi que les squelettes invoqués semblaient la mettre de mauvaise humeur.
Néanmoins, elle sentie soudainement le lien qui unissait Licsis à ses squelettes s'effacer. Etait ce Licsis qui accédait à la demande formulée par la Gardienne ? l'action avait été trop rapide pour qu'elle détermine qui des deux avait rompu le lien.
Les squelettes s'effondrèrent en poussière, disparaissant de la cour de manière brutale. Mais l'absence de réaction de Licsis tendait à croire qu'il n'y était pour rien dans cette rupture de lien, il était resté immobile tout ce temps.

Suite à cette révocation de squelettes, la Haute-Prêtresse se reconcentra sur Katalina. Mais elle n'eut guère le temps de relancer la discussion qu'elle vit Licsis chanceler et s'écrouler au sol. Une forte surprise gagna Hithiel qui s'empressa d'aller à son secours, inquiète.

Licsis !

La situation était totalement imprévue, le Haut-Prêtre était pourtant en forme lors de son arrivée. Hithiel tenta de le ranimer mais rien n'y fit, Licsis était profondément inconscient. Il n'était néanmoins pas mort, elle pouvait encore sentir les battements de son âme sous sa main, des battements faibles mais bien présents.
La Haute-Prêtresse se releva, laissant les paladins venir au secours de Licsis, elle comprit alors d'où venait la source de ce problème.
Se retournant vers Katalina, elle comprit aussitôt que la nouvelle Gardienne venait d'user de ses pouvoirs à l'encontre du Haut-Prêtre. Hithiel n'avait pu ressentir la manière dont elle s'y était prise mais il n'y avait pas de doutes possibles sur sa culpabilité.
Un instant la colère la gagna, elle n'aurait jamais imaginée que Katalina oserait s'en prendre directement à l'un des plus fidèles serviteurs de Tyra. Certes Licsis cachait un secret bien sombre mais la Gardienne n'avait pas à se substituer à la décision de la déesse à garder Licsis à ses cotés. Certes le Haut-Prêtre n'était pas mort mais cette attaque avait jeté un froid sur l'impression des dirigeants du culte à l'encontre de Katalina.

Dame Noblegriffon .. Nous sommes venus en ces lieux vous rendre visite et hommage. Comment pouvez vous user de vos pouvoirs à l'encontre de ceux qui servent le plus fidèlement les intérêts de notre déesse ?
Le Haut-Prêtre Licsis n'avait pas à recevoir pareil jugement.

Pour une début de rencontre entre un culte et sa gardienne, celui-ci commençait d'une bien mauvaise manière. La faute était peu importante mais le geste restait néanmoins fort et il n'était pas à être cautionné.

Katalina était glacée d’effroi. Elle ne s’était pas attendue à un tel enchaînement de catastrophes, et pourtant, la réalité était là, devant elle… Invisible, mais néanmoins inévitable. Licsis était là, à quelques mètres devant elle, inconscient. Par sa faute. Encore une fois, quelqu’un souffrait de ses erreurs, et même si elle ne connaissait pas le Haut Prêtre, elle ne pouvait qu’être horrifiée par ce qu’elle venait de faire. Pourtant, elle restait là, immobile, comme si elle croyait réellement qu’en refusant ce qu’elle venait de faire, qu’en souhaitant que ce ne soit jamais arrivé, elle pourrait faire marcher arrière. Elle se repassait la scène en boucle, cherchant à comprendre exactement ce qui s’était passé. Elle entendit la Haute Prêtresse crier, et quelques secondes plus tard Theodore faisait quelques pas en avant.

« Est-il… » commença-t-il avant de s’arrêter quelques secondes, mal à l’aise. « Il y a plusieurs chambres dans lesquelles il pourra se remettre. »

Il aurait sans doute pu être plus utile si jamais il avait été aussi intuitif que l’elfe, mais lui n’avait pas une vie au service de Tyra et, surtout, il ignorait encore tout de la nouvelle nature de sa protégée. Il regarda Hithiel se lever et les Paladins prendre son relais au côté du demi-elfe inconscient, et fit un pas en arrière, prenant soudainement conscience que sa présence ne semblait pas désirée. C’était une situation étrange, et cela le mettait mal à l’aise, même il faisait son nécessaire pour le cacher. Ce fut presque impossible quand il entendit la dame Isylindë accuser Katalina de l’état de son comparse.

« Haute Prêtresse, il doit y avoir une…
- Tout va bien, Theodore. » fut-il coupé, et il tourna un visage surpris vers la maîtresse des lieux.

Elle était d’un calme olympien. Sa tête était droite, et elle regardait droit devant elle. Dans cette posture et avec cette attitude, ses étranges traits hérités d’Anaëh lui donnait un air… intemporel. Le vieil homme connaissait son âge, mais il se rendit soudainement compte que s’il avait eu à le donner avec d’autres indices que ce qu’il pouvait voir, il en aurait été incapable. L’angoisse tenaillait Katalina, qui n’en laissait rien paraître, préférant apparaître sûre d’elle plutôt qu’effrayée. Elle ne savait toujours pas très bien ce qui s’était passé, mais elle était désormais certaine d’une chose : Tyra lui avait donné un avertissement, non un ordre. Quoi qu’elle ait entreprit, ce n’était pas dangereux… Du moins, pas autant qu’on aurait pu le croire.

« Conduisez le Haut Prêtre Licsis dans ma chambre, il y trouvera tout le calme nécessaire.
- Bien, ma Dame… » Mal à l’aise, il se tourna vers les Paladins entourant l’inconscient. « Si vous voulez bien me suivre. »

Katalina ne faisait déjà plus attention à la suite, elle était entièrement concentrée sur Hithiel. La Haute Prêtresse semblait en colère, et ce n’était guère étonnant. La noble n’aurait sans doute pas réagi d’une autre façon si Théodore s’était effondré à côté d’elle sans qu’elle n’en comprenne la raison… et, elle devait bien l’avouer, elle n’aurait même pas laissé le temps de s’expliquer au fautif s’il avait s’agit d’Aerandir.

« Je pense, dame Isylindë, que nous serons mieux à l’intérieur pour poursuivre cette conversation. » commença-t-elle, s’émerveillant presque elle-même du calme dont elle faisait preuve, s’y accrochant comme à une bouée de sauvetage. « Ce sera l’occasion d’éclaircir quelques malentendus. »

Et quels malentendus ! Aux yeux de la religieuse, la Gardienne qu’elle était venue voir s’était montrée tyrannique, ne supportant pas d’être contredite et faisant démonstration de ses pouvoirs à la moindre occasion. Katalina n’aurait pas été surprise que la dévotion des Paladins se soit teintée de crainte… Après tout, elle venait de mettre à terre une des personnalités les plus puissantes de leur Culte, et ce sans le moindre effort apparent. Une réalité qui ne manquait pas d’effrayer la principale concernée.

« Ne doutez jamais d’une chose, je ne saurais agir contre les intérêts de Celle qui attend. » ajouta-t-elle avec une certaine douceur, pour convaincre Hithiel de sa bonne foi.

Il lui tardait d’entendre Théodore partir, afin de pouvoir parler librement avec l’elfe qui l’accusait - peut-être un brin à la légère ou parce qu’elle ignorait qu’une Gardienne était, d’une certaine façon, moins libre de ses mouvements qu’une Haute Prêtresse - de s’être attaquée à son homologue.

Il ne fallut pas longtemps pour que Licsis soit prit en charge et conduit dans une pièce où il pourra se remettre de l'épreuve subie. Hithiel conservait un regard assez froid et se concentrait uniquement sur la Gardienne. l'intendant tenta bien de discréditer l'accusation mais fut coupé par sa maîtresse.
Ce coupage de parole fournit à Hithiel l'impression que l'homme ne savait presque rien ou quasiment rien de la nouvelle condition de Katalina. La nouvelle gardienne était aussi inconnue dans le monde que dans sa propre demeure ? c'était étonnant. Mais, à la décharge de Katalina, Hithiel ne savait rien de l'impact de la transformation en Gardien, elle en avait une vague idée étant donné qu'elle est dans le culte de la Mort depuis son enfance mais pour une jeune humaine qui n'avait jusqu'alors aucune affinité avec le Royaume Eternel alors cela devait être assez bouleversant, au point de rester secrète un temps même pour son entourage...
La preuve de dévotion des paladins prenait donc son sens vis à vis de la petite reproche formulée par Katalina, la formalité du protocole pouvait heurter vis à vis d'une certaine discrétion voulue.

La Gardienne proposa de continuer la conversation à l'intérieur de la demeure. La Haute-Prêtresse accepta, donnant à l'occasion l'ordre et la permission aux Paladins d'aller se reposer et se restaurer. Licsis était emmené à l'intérieur également, il reviendra lorsqu'il aura retrouvé conscience. Hithiel ne se faisait plus d'inquiétude pour lui, malgré l'accident elle sentait encore son âme en lui, des soins n'étaient donc pas à l'ordre du jour.
Hithiel se retrouva donc seule avec la nouvelle Gardienne, celle-ci cherchant à rattraper le fil de la situation. Mais, bien que Katalina donna sa parole de ne pas nuire aux intérêts de Tyra, Hithiel ne pouvait effacer des événements ce qui était arrivé au Haut-Prêtre. Licsis était certes "spécial" mais jamais la Haute-Prêtresse n'avait trouvée l'obligation de lever la main sur lui, chose que Katalina avait fait dans la seconde.
"Ne pas aller à l'encontre des intérêts de la déesse" .. c'était justement pour cette raison que Hithiel avait acceptée Licsis et son secret. Tyra avait choisie le Haut-Prêtre en connaissance de sa particularité et Hithiel respectait ce choix.
C'est d'ailleurs pour cette même raison qu'elle chassa sa colère, Katalina avait également été choisie personnellement par Tyra à l'instar des deux Hauts-Prêtres. Ainsi donc .. elle ne rejetait pas cette Gardienne mais juste ses réactions un peu rudes.

J'ai toute confiance et dévotion envers les choix de la Déesse du Royaume Eternel, Dame Noblegriffon. Je ne doute aucunement de ses choix, moi-même ayant recueillie Son regard je tente d'être à la hauteur de ses attentes et de ses dons.

Oui .. le regard d'une déesse était un don et un cadeau à la fois. Mais ce donc apportait avec lui de grandes responsabilités. Que ce soit elle-même, Licsis ou Katalina, chacun d'entre eux avait recueilli en lui l'attention et les espérances de la déesse de la Mort. Il fallait par la suite donner de soi-même pour mener à bien la mission qui incombait à chacun. Les paroles de la nouvelle Gardienne la rassurait quelque peu mais l'épisode de Licsis nécessitait une discussion plus franche qui viendrait bientôt.
Mais ce n'était pas un sujet qui pouvait être débattu en public, Hithiel ayant remarquée la discrétion recherchée par Katalina, le ton allait sûrement changer lorsque les deux femmes seraient finalement seules.

Du calme… C’était sans doute la seule chose dont avait vraiment besoin Katalina. Il était son allié le plus précieux, celui qui lui permettait d’agir avec le discernement nécessaire. Hithiel ne comprenait pas, et ne pouvait pas comprendre, elle pensait savoir, mais elle n’avait aucun moyen de deviner ce que pouvait vivre la Gardienne. Elle tentait de comparer son expérience de Haute Prêtresse à celle, bien différente, que pouvait vivre la noble. Pourtant, il n’y avait rien de comparable. Choisie, elle l’avait été. D’une certaine façon, elle avait donc raison, Tyra l’avait « regardée ». Peut-être. Il n’y avait nulle certitude, dans son cas, seulement des suppositions, des signes, qui pouvaient le faire croire. Mais au final, elle avait eu le choix. Elle aurait pu refuser, se détourner d’une voie qu’elle pensait toute tracée, mais qui n’attendait en réalité qu’elle pour se réaliser. Et c’était bien là toute la différence. Le Choix, l’Idéal de Néera, lui avait été refusé. Le calme était revenu, l’invitée surprise gardait le silence, suivant son hôte qui n’hésitait plus. Elles marchaient lentement, certes, mais Katalina savait où elle allait. C’était sa demeure, la maison dans laquelle elle avait grandi, qu’elle avait fait rénover puis agrandir. Pour en avoir étudié les plans, elle en connaissait chaque recoins, chaque secret, mais elle avait refusé cette connaissance, dans un premier temps. Elle s’était crue perdue, abandonnée, dans un monde désormais noir et sans pitié. Aveugle, elle s’était retrouvée désemparée et incapable de s’orienter. Désormais, elle avançait, droite et fière de nouveau.

La pièce dans laquelle elle conduisit la Haute Prêtresse d’Alëandir avait vu passer bien des personnalités. Des marchands, des Intendants, des Seigneurs féodaux, et plus récemment un Comte. Bientôt, ce serait le Roi en personne qui y serait reçu, elle avait eu sa réponse quelques jours auparavant. Katalina avait su faire oublier la déchéance de sa famille et avait redonné à sa lignée une importance de premier plan. Désormais, ils étaient nombreux à connaître le nom des Noblegriffon, par delà même les frontières de Serramire. Ce savoir n’était plus réservé aux historiens avides de batailles passées. D’une certaine façon, elle avait se hisser au niveau de Kaelevra, et elle n’avait, pour sa part, pas de sang sur les mains. Pourtant, elle n’aurait jamais cru y inviter une Haute Prêtresse. Elle avait été détrompée.

« Je vous en prie, asseyez-vous. » s’entendit-elle parler, dans un état second.

Le chaos s’était dissipé. Licsis avait été éloigné, et l’erreur qu’il représentait par la même occasion. Elle sentait Isylindë hostile, d’une certaine façon, mais ne pouvait s’y soustraire. L’elfe ne comprenait pas, il lui manquait les clés pour comprendre ce qui c’était passé. Katalina elle-même ne le comprenait pas vraiment, tout ce qu’elle savait, c’était que le sang-mêlé était en danger. Quoi que ce soit en réalité, la noirceur de son âme finirait par le tuer. Elle l’avait à peine touchée, mais cela avait suffit à le plonger dans une profonde inconscience. Quel serait la conséquence d’une réelle tentative de soin ? Etait-elle réellement impuissante à l’aider, ou bien était-ce son ignorance qui l’empêchait d’agir comme il le fallait ? Elle ne savait pas.

« Quand tu seras prête, je te guiderai… Et tu le seras bientôt. »

Être prête. Elle ne savait même pas ce qu’elle voulait dire. Elle ne répondit pas à Tyra, se contentant d’hocher légèrement la tête. D’une certaine façon, cette déclaration la réconfortait, si la Déesse la pensait bientôt prête, elle ne pouvait pas se tromper. Le tout était de continuer dans la direction qu’elle avait choisie.

« J'ai toute confiance et dévotion envers les choix de la Déesse du Royaume Eternel, Dame Noblegriffon. » La voix assurée la tira de ses réflexions. Légèrement surprise, Katalina se tourna tout à fait vers elle. « Je ne doute aucunement de ses choix, moi-même ayant recueilli son Regard je tente d'être à la hauteur de ses attentes et de ses dons.
- Ne parlez pas du Regard d’un Dieu comme s’il s’agissait de quelque chose que vous connaissiez. » la reprit-elle d’une voix douce. « Je ne sous-estime pas votre savoir, mais de cela au moins je suis sûr. » Ressentant soudainement le besoin de s’éloigner un peu pour reflechir, elle se détourna de la sylvaine et fit quelques pas en avant. Tendant le bras, elle sentit sans surprise la fraicheur du verre sous ses doigts. Laissant retomber son membre, elle ferma les yeux. Il ne servait à rien de s’engager dans un débat vain, mieux valait se concentrer sur ce qui était réellement important dans l’immédiat. « Le Haut Prêtre est mourant. »

Hithiel serait-elle surprise ? C’était difficile à dire. En réalité, Katalina ne savait pas quoi penser d’elle. Elle avait des dons, c’était une chose évidente. Etant la source de ces derniers, elle savait de quoi elle parlait. Elle le ressentait instinctivement. Comme beaucoup d’autres choses. Le savoir lui venait par bride, comme s’il avait toujours été là. En touchant la « noirceur », elle avait pu apprendre d’elle. Il suffisait qu’elle se concentre, rien d’autre. Tout était toujours une affaire de concentration.

« Il vit encore, par la grâce de la Déesse, mais elle ne peut pas lutter à sa place, et ce n’est de toute façon pas son rôle. » continua-t-elle, sans se retourner. « Il s’est engagé dans la mauvaise voie, et il devra rebrousser chemin… ou se perdre. Quand je l’ai compris, j’ai agi instinctivement, pour l’aider. »

Vraiment ? Elle ne savait plus si c’était pour l’aider ou si c’était un hasard. Dans tous les cas, le résultat était le même, Licsis se remettait de son intrusion comme il le pouvait. Chassant ces questions inutiles de son esprit, elle se retourna enfin, s’appuyant contre le mur, les bras croisés. Son regard mort se tourna vers la Haute Prêtresse, avec la même précision que si elle avait été voyante.

« Pourquoi être venue ? » demanda-t-elle en penchant légèrement la tête.

Arpentant les couloirs de la demeure en compagnie de Katalina, Hithiel put s'apercevoir que la cécité de cette dernière ne semblait nullement la gêner pour se guider dans l'ensemble de pièces et de chemins qui les entouraient. Perdre la vue était une "condition" pour devenir le gardien de l'artefact d'une divinité mais aucun vivant bien portant ne pouvait s'imaginer les contours de cette épreuve. La peur du noir, celle des ténèbres, beaucoup de gens avaient peur de ce qu'ils appelaient "les ténèbres de la Mort". Malgré les croyances du culte cette peur primaire subsistait dans les esprits et la Haute-Prêtresse se demanda quel type de peur avait pu gagner la Gardienne lors de son élévation. Devenir aveugle, plonger dans un océan de ténèbres perpétuels, guidée par la voix de la Mort, cela avait du être une expérience plutôt effrayante pour une personne issue du commun des vivants et n'ayant aucune affinités précises avec le culte de Tyra avant tout ceci.
Mais elle restait une jeune Gardienne, son apprentissage de cette difficulté n'était sans doute pas terminée. Mais l'aisance manifestée par Katalina suggérait que c'était en bonne voie.

Les deux femmes entrèrent dans une pièce destinée aux réceptions. La Haute-Prêtresse d'Alëandir n'était qu'une autre de ces multiples personnalités qui avaient tenues place dans cette pièce au cours des temps mais elle ne pouvait en prendre totalement la mesure. Jusqu'à aujourd'hui le nom des Noblegriffon n'avait jamais été prononcé de manière répétée devant elle et Hithiel n'était pas du genre à connaître en détails les arbres généalogiques des grandes familles du monde de Miradelphia, ni même leurs évolutions. Les familles royales elles connaissait, après tout son rang l'amenait souvent à rencontrer ces personnalités mais elle ne connaissait que de nom les autres grandes familles, se renseignant dessus lorsque le besoin s'en faisait sentir. La Haute-Prêtresse restait également jeune pour une Elfe, il lui faudra encore du temps pour assimiler pleinement les informations du monde qui entourait Alëandir.
Des rois .. Trystan des Humains et l'ancienne Reine des Elfes Orelinde, elle les avait rencontrés et même dirigé l'enterrement et les commémorations dans le cas d'Orelinde. Des seigneurs Humais, les Ducs du Conseil, elle les avait également cotoyés. Des gardiens, Annya, Callista et Myrhyarmen, rencontrés ou aperçus ainsi que d'autres par delà le passé. Mais aujourd'hui c'était la première fois pour la Haute-Prêtresse de rencontrer de son vivant la Gardienne de sa déesse. L'ancienne Gardienne avait été inaccessible pour le culte durant de longues années, résidant chez les Drows. La rencontre entre Katalina et Hithiel était donc un moment particulier pour la Haute-Prêtresse, rencontrer la Gardienne de sa déesse avait un goût particulier et différend de toutes les autres rencontres avec les puissants déjà effectuées.

Katalina la reprit sur ce qui était "le regard des dieux". Oui elle ne pouvait imaginer pleinement ce que c'était mais elle avait plutôt prononcée cette phrase dans le sens où la Déesse choisissait à la fois sa Gardienne et ses Hauts-Prêtres et que ces derniers se devaient de lui rendre compte.
Mais la signification des paroles entre une Haute-Prêtresse et une Gardienne pouvait être différend, après tout l'un ne possédait pas le même rang que l'autre.
Hithiel ne répondit pas à cette reprise, La Gardienne enchainait ensuite sur un sujet .. plus personnel pour elle.

Licsis était mourant. Bien qu'étant la Haute-Prêtresse de la déesse de la Mort, cela lui fit un choc. Certes elle savait que l'état de son homologue avait de quoi inquiéter mais, intérieurement, elle n'avait pu se résoudre à dresser dans son esprit un état de santé plus négatif.
Etait ce de la pitié ou de la tristresse ? Hithiel connaissait le secret de naissance de son homologue ainsi que les terribles épreuves qu'il avait du endurer depuis qu'ils se connaissaient. Depuis le jour de la libération du Haut-Prêtre, la Haute-Prêtresse avait tentée de "soigner" Licsis de son fardeau en même temps qu'elle redressait la branche humaine du culte. Mais même avec sa compassion et sa connaissance des sortilèges de la Mort l'annonce de la Gardienne sonnait comme un échec pour elle.
Elle avait apprit à ne pas rejeter Licsis à cause de ses origines, se référant au choix de Tyra mais, même si elle savait qu'elle ne devait pas s'opposer à la mort d'une personne elle aurait voulue faire plus. Elle-même était Eternelle, Licsis non du fait de son demi-sang elfique, cela rajoutait un poids à la réflexion.
Un nouvel aspect prit place dans la venue des Hauts-Prêtres chez Katalina, et si cette visite était également une fuite en avant pour recueillir une aide en plus d'une visite de courtoisie ?

Le regard de la Haute-Prêtresse se baissa un instant, repensant à Licsis qui sommeillait dans une chambre de la demeure en ce moment même.
Et la question qui suivait cet affirmation ne tarda pas à venir. "Pourquoi êtes vous venus ?" .. pour de multiples raisons à vrai dire. Allait elle avouer qu'elle était venue par "désespoir" ? non ce n'était pas cela. Respirant une dernière fois, la Haute-Prêtresse retrouva la noblesse qu'elle avait perdue quelques instants plus tôt et son regard se fit plus assuré. Face à la Gardienne elle ne pouvait pas se permettre de se montrer faible.

Les raisons de cette venue sont multiples à vrai dire. Tout d'abord vous êtes Gardienne sur le territoire des Humains, le culte a été privé durant de longues années de la proximité avec l'ancienne Gardienne de la déesse. De plus, l'annonce de l'arrivée d'une Gardienne est un souffle nouveau pour le culte qui se remet à peine des dégâts reçus lors de la guerre civile et la première chute de Diantra.
Il est de notre devoir, nous les Hauts-Prêtres de la déesse, de venir vous saluer et vous témoigner notre respect.

Sur un autre point, vous l'avez amorcé, il s'agit de l'état du Haut-Prêtre. Licsis n'a pas choisi cette voie de son plein gré et a été forcé d'arpenter des chemins qui ne sont pas ses choix. Certes son passé est noir et son corps souillé par ce que les nécromanciens lui ont fait subir mais je garde espoir qu'il possède une porte de salut. Depuis sa libération je cherche à lui montrer la voie mais il est des domaines dont je ne puis pleinement comprendre les méandres afin de lui venir en aide.

Enfin, rencontrer la Gardienne de la déesse de la Mort est un honneur personnel auquel je ne puis échapper. J'avoue que j'aimerais également connaître plus en détail la personne qui a reçue la tâche d'être l'envoyée de la déesse de la Mort sur le monde de Miradelphia. Je m'excuse par avance de cette lacune sur votre personne Dame Noblegriffon.

Katalina n’arrivait même plus à être en colère. Ce n’était pas faute d’avoir des raisons, du moins de son point de vue. Mais elle devait bien avouer que celles de la Haute Prêtresse Isylindë se tenaient. Objectivement, l’avènement d’une nouvelle Gardienne était sans l’ombre d’un doute une raison de se réjouir pour un Culte qui y voyait la preuve que la Déesse s’intéressait encore à Miradelphia. Le fait qu’elle ait toujours du mal à ce qu’on la considère ainsi n’y changeait rien. Elle passait subitement de noble souvent méprisé à icône vivante. De quoi s’interroger sur le sens de l’humour des Cinq ! Pour les hordes anonymes de fidèles, son nouveau statut était un honneur et une joie, et elle était certaine qu’elle n’aurait pas à faire plus de quelques mètres dans la rue avant de trouver un homme qui jurerait être prêt à tout pour avoir l’occasion de servir Tyra. Elle ne pouvait pas leur demander d’être compréhensifs.

« Rien n’est jamais simple, Haute Prêtresse. N’est-ce pas ? » demanda-t-elle alors qu’elle se détachait du mur.

D’un pas lent et mesuré, Katalina rejoignit son invité. Ses mains légèrement écartées du corps, et les doigts écartés entre eux, il était visible qu’elle tâchait de ne pas rentrer malencontreusement dans un obstacle. Quand finalement sa main glissa sur la surface poli d’un fauteuil, elle esquissa un petit sourire satisfait, le contourna et s’y assit. Mine de rien, cette petite « démonstration » la mettait en confiance, elle commençait vraiment à visualiser sa demeure dans son entièreté, connaissant jusqu’à la position approximative des chaises dans certaines pièces.

« Je vais être totalement honnête. Je ne suis pas la Gardienne de Tyra. » lâcha-t-elle. « Tout du moins, je ne peux pas encore endosser ce rôle. Je ne suis pas prête. Vous allez devoir me laisser un peu de temps. »

Une étrange requête, assurément, et surement peu commune, mais qui reflétait bien sa réalité. Katalina ne savait pas comment réagirait Isylindë. De ce qu’elle pouvait comprendre du personnage, elle plaçait les intérêts du Culte avant le reste, et elle n’accepterait sans doute pas de voir une Gardienne piquer un caprice. Les elfes avaient cette méchante habitude de juger les actions de leurs voisins humains comme celles d’enfants gâtés. Il fallait donc la convaincre, et elle savait que Tyra ne lui serait d’aucune aide. Elle avait mieux à faire que d’aider son Vaisseau pour des détails aussi « futiles ».

« J’ai essayé d’aider le Haut Prêtre, voyez le résultat. » enchaîna-t-elle avec calme. « Je ne suis pas sûr que faire s’évanouir les fidèles soient la meilleure façon de leur prouver que leur Déesse les aime. »

En d’autres termes, si Hithiel n’avait d’autre choix que d’attendre que la Gardienne soit prête, si elle ne voulait pas risquer un tôlé général. C’était bien sûr un brin exagéré, mais cela avait le bénéfice de lui faire gagner du temps.

« Malheureusement, avec votre venue, le temps va commencer à me filer entre les doigts. Les gens ne sont pas bêtes, ils feront très rapidement le lien entre ma cécité et votre venue. La présence d’Aerandir ne fera que confirmer leurs doutes. » continua-t-elle, impassible, expliquant à demi-mot le pourquoi de son attitude. « J’aimerai néanmoins que le Culte se garde de toute déclaration officiel quant à cette entrevue. Je me rendrai au mariage du Comte d’Odelian, pour être une dernière fois "Katalina Noblegriffon". Ensuite… »

Elle ne continua pas sa phrase, avouant par la même son ignorance quant à ce qu’elle ferait une fois la cérémonie terminée.

Tout avait commencé il y a bien longtemps, dans une salle blanche de la conscience du Haut prêtre, ce dernier s'était alors retrouvé face à lui même, enfin, l'autre lui même...Là, c'était la même chose... Licsis n'avait pas tout compris, il savait que la gardienne s'était introduit en lui, et il avait sentit alors l'étendue de la puissance de la gardienne. Elle avait voulu vaincre le mal à la racine, elle l'avait réveillé comme jamais...
C'est souvent en essayant d'échapper à son destin qu'on le rencontre...Et bien Licsis ne pouvait plus fuir le mal qui le gangrenait, il était en face de lui et il buvait un thé avec lui dans une salle vide, blanche, infinie...
La situation était étrange, un sifflement lointain dans les oreilles, un face à face avec la mort... Licsis dans une tenue blanche comme neige était face à un homme, vêtu de noir, avec un masque, lui aussi en quelque sorte...Ce personnage prit d'ailleurs la parole...

"Je suis né de tes entrailles, tu ne peux me renier ! Sans moi tu n'est rien ! Rien ! Incapable même de marcher sur l'eau ! Pathétique... Moi je peux t'offrir la puissance, la domination, l'armée des ombres ! Tu seras mille fois plus puissante que ce qui te sert de camarade, cette haute prêtresse inutile et tellement pompante...
Il est temps de me laisser sortir du cocon maintenant, montrer au monde ce qu'est réellement la mort !

Le Licsis noir tenait une rose dans ses mains qui devint poussière au fur et à mesure qu'il parlait...
Le Licsis blanc lui répondit...

-Mais quand penserait Tari ?...Tu te souviens comme moi de son message quand j'étais presque mort..."Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder fixement"...Tu sais comme moi ce que ça veux dire... Je dois passer au dessus de tout ça, je dois me débarrasser de toi... Je m'engage sur un chemin que je dois emprunter seul, celui de l'elevement de soi et de la quête de la spiritualité intérieure...

-Bla...bla...bla...Ecoute, pour l'instant tu es trop faible, regarde ces grosses veines noires qui contrastent avec ta peau blanche comme un cachet d'aspirine sur ton cou...Tu es trop faible pour le moment tu as besoin de moi, plus tard, tu pourras continuer sans moi...Le soleil et la mort ne peuvent se regarder fixement mais peuvent marcher côte à côte...
Tu as besoin de moi...TU AS BESOIN DE MOI !"

Le Licsis noir s'était levé, et avait arraché son masque, derrière, il n'y avait qu'ombre et désolation. Des tentacules d'ombres en sortirent et se jetèrent sur le Licsis blanc, affaiblie, sans défense...La résistance qu'il opposa était veine, il se fit engloutir...

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Réveil en sursaut sur un lit. Licsis haletant, sort de sa torpeur...Il se sentait différent, à la fois plus lui même, mais aussi plus quelqu'un d'autre...La sensation étrange de n'être pas seul...Se souvenait-il du rêve qu'il venait de faire ?...Oh il savait que c'etait bien plus qu'un rêve...Mais sur l'instant il essaya d'oublier, en effet, il se sentait beaucoup mieux, comme si une partie de ses facultés physiques et spirituelles lui étaient revenues...

Une idée lui passa par la tête...Il essaya d'enlever son masque, pour la première fois depuis l'accident...Bon sa vue était toujours celle d'un autre monde fait de ténèbres et de désolation il le sentait, mais dans la demeure de la gardienne, le Haut prêtre voyait tout presque normalement, sans forcer ses yeux... Une sorte de poussière étoilée flotait dans l'air ambiant, et lui rapela ou il était...Chez elle... Comment tant de puissance chez une femme pouvait l'attirer à ce point ?...
Le Haut prêtre se regarda dans un miroir, son visage pâle et le contour de ses yeux noircis lui donnaient un air cadaverique, et une sorte de malice malseine était dessiné sur un rictus en coin de lèvre, mais enfin, c'était lui, il se reconnaissait...

Soudain, un homme apparut, probablement venu prendre de ses nouvelles. Pris au dépourvu, avec la désagréabe impression d'avoir été apreçu dans son intimitée la plus profonde étant sans son masque, le Haut prêtre fixa durement l'homme qui face à ce regard jaune sulfureux, ne pu qu'être pétrifié. Le haut prêtre fit quelques pas et lui colla sa main sur la bouche. Aussitôt l'homme commença a avoir des convulsions, et son énergie le quittait pour rentrer dans le Haut prêtre. Arrêtant tout de même avant que la vie de l'homme s'éteigne, Licsis se dégagea vivement, respirant a grande bouchée l'air frais.

"Merci homme, je vais mieux à présent. Tu peux retrouver ta frêle vie en espérant de ne pas me recroiser de sitôt..."

Le haut prêtre remis son masque, s'etira rapidement, et s'élança à la recherche de la gardienne, qu'il trouva peu de temps après en compagnie de sa collègue. Pris d'un grand accès de jalousie, Licsis s'essaya auprès de la gardienne avec toute la nonchalance dont il pouvait faire preuve, et reprit, le plus naturellement possible ;

"Salut les filles ! J'ai loupé quelque chose ?"

Rien ne l'est en effet .. Mais la facilité est une chose à double-tranchant, il est mauvais d'en vouloir trop.

A vrai dire, plus on gagnait en importance et rien de devenait facile. Katalina avait déjà du connaître les affres de la complexité au cours de sa vie mais aujourd'hui la charge qui pèse sur elle était bien plus importante que ne pouvais soutenir un simple noble de la haute-société humaine. Pouvait on envisager cette masse de responsabilités comme celle d'un roi ? non cela était également au dessus de ce type de conception du pouvoir. Mais tôt ou tard la nouvelle gardienne prendrait pleinement la mesure de l'image du monde qui s'offre à elle. De nouveaux rapports, une toute nouvelle vie à vrai dire. Jusqu'à présent Hithiel n'avait rencontrée que des gardiens anonymes et sans influence sociale avant leur avènement. Mais cette fois c'était différend, Tyra avait choisie une femme d'influence et déjà reconnue parmi ses congénères, ce choix était très curieux pour la Haute-Prêtresse car Tyra était connue pour faire dans la discrétion et non en faisant d'emblée peser un poids qui allait perturber les rapports de la société humaine. Y avait il une raison précise ? Il était d'ailleurs également étrange que ce soit la compagne du gardien d'Arcanemel qui fut choisie pour remplir ce rôle. Hithiel pouvait ressentir l'aura du Gardien demi-elfique dans les pièces environnantes, chaque objet qu'elle touchait lui indiquait sa présence. Il y avait bien des questions mais était elle en droit de les poser ?

Katalina continua ses paroles, avouant qu'elle n'était nullement prête pour endosser son rôle de Gardienne de Tyra. Cela confirma les impressions de la Haute-Prêtresse, Katalina a du ressentir de la peur envers ce qui lui arrivait. Mais voir la nouvelle gardienne rejeter ses nouvelles responsabilités n'était pas vraiment du goût à l'elfe. Devenir gardien n'était pas une chose qu'on ne pouvait réfuter ni même espérer rejeter ultérieurement. Aller dans le déni et repousser l'acceptation ne ferait qu'augmenter le poids qui pèserait sur Katalina, car les choses étaient en marche et y faire face le plus tôt possible était la seule solution pour ne pas se voir asséner une trop grande masse de sollicitations et de doléances.
Elle comprenait les appréhensions de la dame Noblegriffon mais il fallait mieux pour elle de distiller les choses plutôt que d'attendre de tout recevoir d'un seul bloc.

Je comprend votre attitude, dame Noblegriffon .. Mais vous êtes devenue Gardienne dès que la Déesse vous a remit son artefact, ce n'est nullement une chose qui s'estompera avec le temps.
Je peux néanmoins comprendre que vous nécessitiez un temps d'adaptation à votre nouvelle condition mais l'issue ne pourra être repoussée de manière indéfinie. En cela le culte peut vous assister dans cette rude tâche.

Il était vrai que Katalina ne pouvait encore maîtriser complétement ses nouveaux pouvoirs, la force d'une déesse n'était pas une chose pouvant être apprise rapidement. Mais elle n'était pas seule et elle se devait de savoir que le culte était également là pour l'aider, la venue des Hauts-Prêtres était aussi prévue pour cela.

Comme vous l'avez énoncée les gens ne seront longtemps dupes. Les destin a également voulue que vous habitiez avec le Gardien Aerandir.
Vous êtes consciente que votre destin s'est déjà mit en marche et ne pourra être stoppé. Moi-même ne peux stopper la course des événements mais je peux encore l'influencer.
J'accepte de m'abstenir de toute déclaration officielle vous concernant, pour le moment. Néanmoins, après le mariage du Comte d'Odélian il ne pourra y avoir de doutes sur votre personne, il est de nombreux gens auquel votre aura ne pourra échapper. Je pense notamment au Roi de Diantra qui est particulièrement réceptif aux auras l'entourant. Moi-même je ne pourrais retenir longtemps la foi des fidèles de la déesse qui voudront exprimer leur joie.
Vous devrez vous accepter pleinement à ce moment, je suis certaine que vous possédez en vous la force nécessaire pour faire face à votre destin. Et, je le répète, vous ne serez point seule, un culte entier s'offrira à vous.

Il était important à ce que Katalina s'accepta elle-même sinon les événements risquaient de devenir plus pressants. Hithiel pouvait conserver le silence mais le culte était déjà au courant de la présence d'une nouvelle gardienne, il ne faudrait que peu de temps pour que l'identité de Katalina Noblegriffon filtra dans la société. Mais, intérieurement, elle espérait avoir convaincue la gardienne de devenir officiellement ce qu'elle était après le mariage du comte d'Odélian. C'était un peu brusquer les choses mais elle l'estimait être un bon choix.
Soudain, une voix familière résonna dans la pièce.

"Salut les filles ! J'ai loupé quelque chose ?"

La Haute-Prêtresse se retourna en sursaut et vit Licsis sur le pas de la porte. Il était réveillé mais ce n'était pas sa présence qui avait surprit Hithiel mais plutôt ses paroles .. extrêmement familières. sa première réaction fut un simple mot lâché dans un souffle interloqué.
Licsis ..
Elle ne put s'empêcher de se lever, le regard inquiet et révolté, avait il conscience de ce qu'il venait de dire ? La nouvelle Gardienne s'était introduite en lui car elle n'avait pas aimée ce qui était en lui mais cette fois l'incident était tout aussi grave.

Que vous arrive t-il Licsis ? ce n'est nullement une manière de s'adresser à des personnes, et surtout envers la nouvelle Gardienne de Tyra. Vous n'avez jamais donné un tel discours, pas même à moi. Corrigez vos paroles de suite ..

Son attention oscillait entre Licsis et Katalina. Il était certain que cette phrase maladroite allait déclencher un incident dont elle redouterait les conséquences. Mais il fallait désamorcer la situation, c'est pourquoi elle tenta de s'interposer face à une escalade prévisible.

Sans le vouloir, les plans d’Hithiel Isylindë concordait à peu près avec ce qu’avait prévu Katalina. Elle avait en effet envisagé de laisser le Culte agir comme il l’entendait après le mariage du Gras. Elle s’était bien gardée de lui dire, afin de se donner une porte de sortie si elle en ressentait le besoin une fois le moment venu, mais que la Haute Prêtresse prenne l’initiative de ne pas lui laisser le choix était sans doute une bonne chose. La noble n’avait plus l’habitude qu’on décide pour elle, mais elle mettait un pied dans un monde qui lui était totalement étranger, aussi ne s’en formalisa-t-elle pas. Peut-être devrait-elle songer à se rendre à Diantra, après le mariage. Un long voyage, qui mettrait sans doute Aerandir hors de lui, mais il comprendrait mieux que quiconque ce qui la pousserait à l’entreprendre. Après tout, la Haute Prêtresse avait sans doute raison : elle n’était pas seule, et elle pouvait surement compter sur ce Culte pour qui elle représentait tant.

« Très bien, confirma-t-elle. Vous agirez comme vous l’estimez nécessaire une fois les épousailles d’Odelian terminées. »

Elle le sentit bien avant qu’il n’arrive, et se raidit en conséquence. Le Haut Prêtre Nécrose était déjà réveillé… Cela la soulageait, en quelque sorte, son « intrusion » n’avait pas eu de conséquences fâcheuses. Il avait fallu au maximum une dizaine de minutes au religieux pour se remettre. D’un autre côté, Katalina n’avait pas fait grand-chose, se contentant de « toucher du doigt » cette gangrène qui le détruisait. Elle se garda pourtant d’annoncer son retour à Hithiel, ne sachant pas encore ce qu’elle allait dire à sa « victime ». S’excuser, mais après ? Il serait naturel qu’il reste hostile… Et elle n’avait pas franchement envie d’entrer en guerre avec un des hauts dignitaires du Culte de Tyra. Quand la porte s’ouvrit, elle tourna naturellement et sans surprise sa tête vers le nouvel arrivant… avant de froncer légèrement les sourcils. Pourquoi était-il seul ? En toute logique, il aurait du être accompagné de Théodore ou d’un de ses serviteurs. Il était impensable que sa maisonnée l’ait laissé se promener seul dans sa demeure. Elle allait lui demander les raisons de cet étrange état de fait mais il ne lui en laissa pas le temps. S’avançant comme s’il était le maître des lieux, elle l’entendit s’assoir sans qu’elle ne l’ait invité. Son premier reflexe fut de se couper en partie de la Voix des Morts, mal à l’aise à cause de sa présence. Il dégageait définitivement quelque chose de malsain et de… différent. Il avait changé, et apparemment, ce n’était pas en bien.

Qu’avait-elle donc fait ?

Comme pour confirmer les doutes de son hôte, Licsis ouvrit la bouche, et ce qui en sortit aurait pu être issu de la gorge engourdie d’un ivrogne. Par les Cinq, personne ne lui avait parlé de la sorte depuis… Nhilantar. D’abord interloquée, elle laissa Hithiel prendre les choses en main, intimant à son homologue de se reprendre et de corriger ses paroles. Même elle semblait surprise de l’attitude du sang-mêlé, aussi y avait-il définitivement un problème. Si encore il n’avait agi étrangement qu’à son encontre, elle aurait mis cela sur le dos de la rancœur. Il ne devait pas être très agréable, en effet, de se faire « agresser » par celle qu’on venait saluer. Mais sa salutation familière englobait aussi Isylindë…

« Je suis heureuse d’apprendre votre rapide rétablissement, commença-t-elle, hésitante entre la colère et l’angoisse. Et je tiens à m’excuser, j’ai agis hâtivement et sans réfléchir. Croyant bien faire, j’ai mis votre vie en danger. »

Il était bien trop proche. Katalina n’avait qu’une envie, se lever et s’éloigner le plus possible. Elle s’obligeait pourtant à rester immobile, tâchant de mettre son malaise de côté et de réfléchir calmement à la situation.

« Je vous conterai en détail les raisons précises qui m’ont poussé à agir… Mais avant cela, j’aimerai que les choses soient claires : vous êtes ici mon invité, et j’apprécierai que vous vous comportiez comme tel. Je mettrai votre égarement sur le compte de la fatigue, mais j’espère que cela ne se reproduira pas. »

Elle était, alors, bien plus noble que Gardienne. Pour beaucoup, les alambiqués cérémonials de la noblesse n’étaient qu’hypocrisies et fourberies. C’était en parti vrai, mais on ne pouvait les limiter à cela. Pour Katalina, il s’agissait ni plus ni moins d’une marque de respect autant que d’une protection. Toutes ces règles, aussi mal vues soient-elles, étaient nécessaires, elle maintenait la cohésion dans ce monde dur et impitoyable qu’étaient les hautes sphères. En parlant comme il l’avait fait, Licsis s’était mis de lui-même au même niveau que les paysans, gueux et autres ivrognes au langage familier, châtié et souvent vulgaire. On ne pouvait juger quelqu’un entièrement grâce à sa façon de parler, mais c’était tout de même un indice révélateur.

« Savez vous où est Théodore ? Il est étonnant qu’il ne vous ait pas ramené lui-même. »

Licsis avait regardé d'un air amusé la haute prêtresse se lever.

Que vous arrive t-il Licsis ? ce n'est nullement une
manière de s'adresser à des personnes, et surtout envers la nouvelle
Gardienne de Tyra. Vous n'avez jamais donné un tel discours, pas même à
moi. Corrigez vos paroles de suite ...

Et ce fut au tour de la gardienne de réagir,

« Je vous conterai en détail les raisons
précises qui m’ont poussé à agir… Mais avant cela, j’aimerai que les
choses soient claires : vous êtes ici mon invité, et j’apprécierai que
vous vous comportiez comme tel. Je mettrai votre égarement sur le compte
de la fatigue, mais j’espère que cela ne se reproduira pas. »

Tant d'agitation de la part de ce petit monde pour un peu de relâchement, cela montrait bien que la situation était un peu coincée...

Allons mesdames, un peu calme je vous pris, on vient à peine de tenter de tuer une partie de moi non négligeable, et la gardienne ne fait que déplorer l'aspect officiel de notre visite, j'essaye de détendre l'atmosphère et de mettre fin a tout cet univers officiel qui nous comprime tous dans nos bulles respectives...Soyons, clair, soyons franc, nous voulons chacun la même chose, ou du moins nous finirons par le vouloir *Licsis fixa la gardienne* et c'est bien la seule visite non officielle que nous aurons avec la gardienne pendant un temps, alors autant en profiter pour faire connaissance, on ne devient pas un gardien en un jour... -Ah et c'était Théodore ? Il m'a permis d'aller mieux mais il s'est sentit un peu mal, ma présence sans doute...Il se remettra ne vous inquiétez pas...- Bref je disais...Ah oui...Mettons nos barrières de coté pour une fois, parlons sans artifices, nous sommes tous liés au culte et sans celui-ci nous serions rien, donc pour une fois rendons lui service en parlant franchement...
Et vous ma chère Hithiel, "corrigez vos paroles"...Toujours a donner des ordres hein ? C'est de pire en pire le sentiment de supériorité chez vous, pourtant vous n'étiez pas comme ça au début...Peut être vos nouveaux pouvoirs...C'est regrettable, je corrigerais mes paroles le jour ou vous corrigerez vos pensées...Vous vous égarez ma chère Hithiel...Vous glissez tout doucement vers un chemin qui ne fera que salir votre robe...Tout cela parce que vous avez l'impression de travailler énormément pour le culte et qu'ainsi vous méritez quelque chose en retour...Quoi que vous méritez, cela viendra d'en haut et pas d'en bas !...
Bref, cela n'est pas le sujet d'aujourd'hui n'est ce pas chère nouvelle gardienne du culte ? ...Voulez vous m'épouser ?...Non vous ne voudrez pas...Dommage, vous êtes ravissante et j'adore votre aura...Et puis j'aurais fermé les yeux sur ce qui dors dans votre ventre...
Vous voulez que je vous dise ?...Tari nous a mis dans un beau pétrin en vous désignant gardienne, vous êtes totalement encrée dans votre vie de noble, vous avez appris à penser a vous et a votre maison...Vous ne comprenez pas a quel point votre rôle est important pour nous... Nous essayons de donner une direction au culte, et vous vous êtes la pour nous appuyer, nous orienter...Mais vous...Vous prenez encore cela comme un fardeau...Vous ne comprenez pas...Vous allez continuer de vous embrumer l'esprit avec vos affaires de nobles, puis vos affaires personnelles, on va être dans un sacré nœud nous si vous restez cloitré dans votre vie de noble voir même diriger je ne sais quel domaine et avoir encore plus de responsabilités...Peut être qu'être gardienne est peu être un fardeau pour vous, mais ne soyez pas un fardeau pour vous...
Ce que les humains et les elfes peuvent être imparfaits...
Si vous êtes trop gênante, je n'aimerais pas avoir à tenter de vous renvoyer rendre des comptes à Tari, même si je suis de cette salle le plus faible...Comme on dit, temps passe et jeunesse trépasse...
Mais bon, pour en revenir à l'hypocrisie générale des espèces qu'est le monde des conventions, je dois dire qu'il est inconvenant de menacer une personne telle que vous dans son propre domaine...
Et puis je vous admire trop pour tenter quoi que ce soit...Et ma proposition de mariage tient toujours...On ferait la cérémonie à Diantra, ce serait somptueux...

Licsis marqua une pause, conscient de la tension qu'il avait créée avec sa grande tirade... Jamais il ne s'était sentit aussi vivant depuis sont accident, le fais qu'il finisse par cohabiter avec sa partie sombre avait libéré en lui quelque chose de puissant, quelque chose qui germait depuis bien longtemps...La question que Licsis se posait désormais était; *la déesse m'a t-elle choisie pour jouer simplement ou ai-je fonction à révolutionner les choses, à aller plus loin encore ?...

Avant que l'une des deux intervenantes reprennent, Licsis se releva et reprit...

Voyez vous, nous trois, nous représentons parfaitement l'état actuel du culte, deux branches qui se tournent le dos, un tronc qui a du mal à tout soutenir, et une cime d'arbre cachée qui ne nous dit pas de quel coté souffle le vent et qui préfère profitez du soleil...Vous sentez la sève couler en vous ?
Moi je la sens, et je serez prêt a entailler mon écorce autant qu'il le faudra pour vous asperger de cette sève, que vous vous rappeliez de quoi vous êtes composées ! Haut prêtres, gardien, a la base nous ne formons qu'un, aussi ne soyons qu'un...Il n'y a que comme ça que nous pourrions aider le culte...quel qu'en soit le prix...

Emporté dans son élan, Licsis avait enlevé son masque, révélant un teint blafard du fait qu'il ne voyait plus le soleil, des cernes qui le vieillissait énormément, montrant les nuits blanches qu'il passait et son incapacité à dormir, et des veines noires mystérieuses sur son coup, qui a coup sur ne révélaient rien de positif sur l'état de santé du Haut prêtre.

Ou sommes nous ? Les gens croient-t-ils en Tari ? Allons nous laisser des drows copier notre culte ? Ou sont nos adeptes ? Nos prêtres ? Nos grands prêtres ? Nous sommes en déclin...En crise... Il faut trouver des solutions...Je les trouverais avec ou sans vous !
Le plus dérangeant est de voir que nous nous effaçons derrière la popularité du culte de l'amour...
Ou est passé le temps ou nous avions un pouvoir ? Ou nous étions craint et respectés ? Il est temps de rappeler au peuple quel sont les visages de la mort plutôt que de les laisser se détourner de la mort tout cela parce qu'ils la trouvent répugnante, et qu'ils préfèrent ne pas y penser...
Le royaume des morts...Ils seront bien content d'y être acceptés !

Halala....trop longtemps je me suis tu...

Licsis explosa d'un rire assez inquiétant...

Il est dur de voir à quel point les paroles ne sont rien...Elle ne sont qu'éphémères...Alors que quand on meurt c'est pour si longtemps !

Licsis était adossé à un mur, pensif...il sentait 2 paires d'yeux rivés sur lui...

Je repense aux paroles d'un grand poète; "Et bien quand la mort viendra, que reste-r-il ?"...Je lui répondrais "ne dites pas mourir, dites naitre..."

Beaucoup de mots avaient été dis...Balancés tel des légumes qu'on jette dans une soupe, mais cela pour faire des éclaboussures et tacher ainsi les personnes avoisinantes... Jamais Licsis, ormi dans des discours officiel, n'avait aligné tant de mots...Cela montrait bien un changement certain dans sa personnalité ou plutot qu'un changement, une évolution, quelque chose que la gardienne avait réveillé par mégarde...Maintenant que les deux ne faisaient qu'un, le pire était a craindre... Si encore Licsis se contentait de mal se comporter...Mais il était difficile de savoir comment réagir face a de tels réactions...
Et cette rencontre avec la gardienne marquait un tournant...La gardienne tant attendue par Licsis...

[je vous donne du fil a retordre avec ce rp xD si vous répondez avant mardi soir, je pourrais lancer un dernier post et partir, vu que je m'absente du 7 au 15. Sinon, bah...Je sais pas, je verrai ]

Hithiel et Katalina étaient parvenues à un accord mais l'arrivée de Licsis venait de refroidir l'ambiance. La Gardienne ne s'était pas mise en colère mais on pouvait sentir qu'elle n'appréciait guère qu'on s'adresse à elle d'une manière aussi familière.
Le Haut-Prêtre nouvellement arrivé se lança dans un long discours qui ne laissa pas une seconde de répit aux deux femmes pour répondre. On aurait dit que le Haut-Prêtre venait de crever un réservoir de paroles qui n'attendaient que de se déverser en un flot discontinu.

Mais le contenu des paroles de Licsis était à la fois familier, provocateur, irrespectueux mais aussi parfois lucide. Hithiel en resta figée du début jusqu'à la fin, comment osait il ? Pourquoi s'en prenait il aussi violemment à elle alors que les rapports entre eux avaient été bons jusqu'à maintenant ?
A l'entendre la Haute-Prêtresse avait bien du mal à admettre que le Haut-Prêtre avait autant de ressentiments à son égard, cela la blessa intérieurement.
Et même Katalina en prenait pour son grade, même si Licsis jouait la carte de la provocation à son égard. Hithiel n'avait encore jamais vue son homologue se lancer dans un spectacle pareil.
Un fois qu'il eu terminé, elle ne put s'empêcher de lui répondre.

Licsis .. mesurez vous vos paroles ? Je ne suis nullement en train de vous commander mais il y a un certain langage à ne pas tenir, surtout face à une Gardienne. Comment pouvez vous vous en prendre à moi de cette manière ?
Comment pouvez vous dire que les branches du culte se tournent le dos ? Auriez vous déjà oublié que c'est moi qui vous ais sauvé des mains des nécromanciens, que c'est le culte elfique qui et venu au secours du culte humain durant la guerre civile ?

Vous n'avez pas perdu l'esprit à ce point Licsis !

Katalina bouillonnait de rage, comme rarement auparavant.

Durant toute la harangue du Haut Prêtre, elle avait gardé le silence. Elle avait subi sans frémir, ses doigts s’étaient certes légèrement crispés, affirmant leur prise sur les pauvres accoudoirs innocents, mais c’était là la seule marque qui la trahissait. Elle avait écouté chaque mot, chaque provocation, chaque insulte voilée. Il aurait pu la frapper en déclarant que Théodore s’était senti mal à cause de lui, sans le moindre remords. Pourtant, elle n’avait rien dit, n’en croyant pas ses oreilles. Elle n’avait pas bronché quand il s’était défié de son homologue, trainant Hithiel dans la boue. Elle aurait cru entendre un gamin jaloux, sur le coup, maudissant sa camarade de jeu de s’en sortir mieux que lui. Elle l’avait entendu lui demander sa main, avec une légèreté qui frisait l’insulte. Pire encore, il s’en était pris à son enfant, révélant son existence au grand jour sans la moindre pudeur. Insinuant qu’il n’était qu’une plaie dont il aurait préféré nier l’existence. Il alla même jusqu’à la menacer, sans le moindre gène.

Sous son propre toit.

Mais là encore, elle n’avait pas réagi. La situation paraissait si irréelle. Licsis paraissait, subitement, totalement idiot, et Katalina ne pouvait que se demander s’il était réellement un Haut Prêtre, ou si le Culte se moquait d’elle. Elle tourna même la tête vers Hithiel, se demandant qu’elle pouvait être sa réaction. S’amusait-elle ? Non, il n’y avait aucune raison à cela. Elle était la Gardienne, elle le savait, et savait qu’ils n’avaient aucun moyen de se tromper sur son identité. Aussi proche d’elle, il devait sentir le lien qui les unissait, celui qui leur prouvait qu’elle était la source de leurs pouvoirs, celui qui indiquait sans l’ombre d’un doute qu’elle était le Réceptacle de la Volonté de Tyra. Elle n’avait jamais imaginé que les choses se passeraient de la sorte. Les scenarii n’étaient pas toujours à son avantage, elle avait pu aisément prévoir que son passé ne jouerait pas en sa faveur auprès de religieux convaincus, ayant passé leur vie au service de la Déesse. Mais le pire n’était pas qu’il doute d’elle, ni même d’Hithiel. Mais à l’entendre, il allait jusqu’à remettre en cause Tyra elle-même. Et cela, d’une certaine façon, Katalina ne pouvait pas le pardonner. Plus encore que l’entendre douter d’elle, plus encore que de savoir qu’il s’était peut-être vengé sur Théodore de la façon dont elle l’avait « accueilli ». Comme une fille dont on dénigrerait la mère.

Une réaction qu’elle n’aurait sans doute jamais eu quelques mois plutôt, aussi respectueuse soient-elles du culte des Cinq.

Ce n’était pas tant les paroles, chargée de vérité, qui la dérangeait que l’accusation suintante de son ton. Il n’était pas dans le rôle de l’Ecorchée de guider les mortels, ce n’était pas sa vocation. Elle accueillait les âmes défuntes en son Royaume, quand le temps était venu. Le Culte qui unissait Licsis, Hithiel et elle-même était né autour du respect pour cette Divinité qui leur permettait de voir la mort non plus comme une fin mais comme un nouveau commencement, et dans une volonté de préparer au mieux les mortels à ce « Grand Voyage ». Que Tyra se soit tournée vers ces hommes et ces femmes qui chantaient son nom, qu’elle envoie parfois des signes indiquant ses volontés, toutes ces choses n’étaient pas un du, mais bien un don. Le sang-mêlé, comme un enfant trop gâté, l’avait oublié et se plaignait de leur rareté.

Au final, il avoua de lui-même la source de son malaise. Il voyait son pouvoir dépérir, disparaître. A tort ou à raison, d’ailleurs. Malgré tout ce qu’il pouvait dire, Katalina n’avait pas connaissance d’un désaveu des mortels, bien au contraire. Alors que la guerre battait son plein, la plupart des gens se tournaient vers l’au-delà. Dans ce cas, qu’est-ce qui pouvait tant préoccuper Licsis ? Il délirait, à tout les niveaux, s’inventait des ennemis, s’en forgeait rien qu’en ouvrant la bouche, se créait une déchéance qui servait ses propos… Il sapait de lui-même ce qu’il semblait regretter comme une chose du passé, alors qu’elle était encore pleinement en sa possession.

« Il est perdu. »

D’une phrase, Tyra venait de résumer toute la réalité qui s’imposait à sa Gardienne. Quand enfin revint le silence, elle crut sortir d’un mauvais rêve. Mais se réveiller ne signifiait en rien qu’elle avait laissé derrière elle sa colère. Elle avait beau représenter un « beau pétrin » aux yeux du religieux, et être issue non pas d’un Temple mais de la noblesse, elle savait néanmoins une chose : Licsis n’avait pas l’étoffe d’un Haut Prêtre. Un tel discours pouvait être tenu, au mieux, par un affabulateur haranguant les foules et, au pire, par un ivrogne. N’importe qui en conclurait qu’il fallait agir, et que cela ne lui plairait pas. Prenant son hôte de vitesse, Hithiel tenta une nouvelle fois de ramener son homologue à la raison, mais Katalina n’avait pas l’intention de pardonner, pas cette fois. Il pouvait bien la haïr, mais s’en prendre à Théodore et à Tyra en s’attaquant à sa légitimité était tout ce qu’il ne fallait pas faire.

Alors qu’elle allait finalement parler, on toqua à la porte. Chose exceptionnelle - mais au vu de ce qui venait de se passer, ce n’était même plus surprenant - le serviteur n’attendit pas l’autorisation rituelle pour entrer. Paniqué, il entra en trombe dans la pièce, se ruant presque aux côtés de la maîtresse des lieux. Haussant un sourcil, la Gardienne n’eut pas le temps de réagir que, déjà, il lui murmurait à l’oreille… Un comportement déplacé, mais qui se justifia très vite.

« Ma Dame, bégaya-t-il, c’est horrible. Théodore… Il accuse le Haut Prêtre de l’avoir agressé. Il tient à peine debout. Vous devez… »

Il ne parvint pas à continuer sa phrase, tant la situation lui paraissait improbable, voir impossible. Comment un Haut Prêtre pouvait-il attaquer un homme ne lui ayant absolument rien fait ? Comment pouvait-il conseiller à sa Dame de s’éloigner le plus vite possible, parce qu’elle était en danger ? Etait-ce une offense à Tyra ? Levant les yeux vers le Haut Prêtre, il croisa son visage et blêmit encore plus.

« Agis à ta guise, il mérite ta sentence. »

« Tout va bien, Jorand, répondit Katalina d’une voix qui ne tremblait pas. Je m’occupe de ce problème. Pouvez-vous rejoindre les valeureux Paladins de Tyra et demander à celui qui les dirige de venir nous rejoindre ? » Sa voix, étrangement douce, ne souffrait aucun refus, et elle n’était pas pour rassurer le pauvre Jorand. « Allez-y tout de suite, nous n’avons que peu de temps. »

A contre cœur, il finit par hocher la tête et s’enfuit sans un regard vers les deux invités. Quand ils furent seuls, Katalina reporta son attention sur le Haut Prêtre fou. Sans se lever, et sans même prendre la peine de tourner sa tête vers Licsis, elle lui répondit enfin.

« Que vous ne me portiez pas dans votre cœur parce que je me suis attaqué à vous est une chose, Licsis Nécrose. Mais vous entendre m’insulter, moi, la Haute Prêtresse Isylindë et Tyra elle-même ne saurait être pardonné. Vous n’êtes qu’un idiot, un fou même, qui n’avez su lutter contre le mal qui vous rongeait. Cette gangrène que vous n’avez su vaincre. Vous n’avez même pas eu la sagesse et l’humilité de demander son soutien au Culte auquel vous appartenez. » Bien sûr, le changement d’attitude de Nécrose avait forcément un lien avec ce qu’elle avait fait, mais elle n’avait aucun remord. Elle n’avait fait que révéler au grand jour ce qu’il allait forcément advenir. Elle n’avait fait qu’accélérer un processus qui, s’il était passé inaperçu, aurait mis en danger tout ce dont en quoi croyait plusieurs millions d’âmes. « Je suis peut-être noble, ignorante des subtilités d’un Culte que vous vous targuez de connaître assez pour déceler des faiblesses illusoires, mais je n’en reste pas moins la Gardienne de Tyra, du fait de sa volonté et non de la mienne. »

Dire que cet inconscient s’était permis de déplorer l’existence de son enfant. Dire qu’il avait assuré, avec complaisance, qu’il saurait l’oublier. En réalité, il avait de la chance d’être face à la mère et non au père, car le Gardien d’Arcam n’aurait sans doute pas agi aussi… « doucement. » Ce fut ce moment que choisit le meneur des Paladins pour rejoindre la pièce. Sentant tout de suite l’ambiance lourde de la pièce, il craignit le pire, mais la suite devait confirmer ses soupçons au-delà de ses craintes.

« Puisque vous doutez de votre Déesse, vous n’êtes plus digne d’être son Haut Prêtre. Puisque vous n’êtes pas capable de vous tenir et de respecter vos interlocuteurs, vous n’êtes plus à même de parler en son nom. Puisque vous vous attaquez aux âmes qu’elle accueillera un jour en son Royaume, vous n’êtes plus capable de les y guider. » Elle marqua une pause, tournant la tête vers le Paladin. « Messire, j’espère que vous accepterez d’escorter cet homme jusque dans l’enceinte du Temple de Serramire, où il devra faire pénitence jusqu’à ce que je vienne le chercher. » Elle ne s’attendait pas réellement à un refus, aussi ne s’attarda-t-elle pas sur ce détail. Déjà, elle orientait son attention en même temps que son regard mort vers Hithiel. « Je suis désolée, il n’est pas dans l’habitude d’un Gardien d’interférer ainsi dans les affaires d’un Culte, je vous prie de me croire quand j’affirme en être consciente, tout comme j’espère que vous comprendrez mes raisons. »

Pour la première fois, enfin, elle s’intéressa à l’homme qu’elle venait de condamner. Comme si elle le voyait, ses yeux vinrent tutoyer les siens, imperturbables.

« Si seulement vos égarements ne vous avez pas conduit à vous attaquer à un innocent. Mais je n’oublie pas que vous n’êtes pas totalement responsable. J’espère que vous trouverez, dans la Demeure de Tyra, les ressources nécessaires pour lutter contre le Mal qui vous ronge. J’espère sincèrement qu’il n’est pas trop tard, mais n’espérez aucune pitié de ma part. Je ne suis en aucun cas responsable de ce qui vous arrive, vous seul portez la faute de votre arrogance. »

Celui qui se faisait appeler Haut prêtre avait accepter la sentence sans broncher, pire, avec une certaine dose de complaisance...
En effet, Licsis étant tiraillé par deux personnalités, si il avait autant explosé c'est que la première avait laissé libre cours a la deuxième devant la gardienne et la haut prêtresse, et le fait qu'on l'envoit au temple de Serramire était une bonne chose, cela voulais dire qu'il ne pourrait plus faire de mal à personne, et dans l'état actuel des choses, c'est tout ce que voulait le bon Licsis.
La ou le bon Licsis s'était rendu compte de sa dangerosité c'était quand le mauvais s'en était prit a Théodore, un brave type qui n'avait rien fait...
Seulement comment arrêter quelqu'un qui était plus fort que lui ? Il fallait, à sa manière, faire appel aux deux personnes qui étaient le plus en mesure de l'aider, la gardienne, et Hithiel...

Seulement, le mauvais Licsis, lui ne le voyait pas de cet œil la, et il commençait à comprendre pourquoi le bon Licsis l'avait laissé faire.
Sa voix se distingua bientôt de celle du bon licsis, se faisant beaucoup plus grave et rauque, beaucoup plus démoniaque. Ses yeux devinrent rouge sang, et ce même sang coulait de ses yeux sous forme de larmes...

Hithiel...Vous...Vous...vous...Pourquoi autant de prétention ? Certes vous l'avez sauvé mais il n'avait pas besoin de vous, sans vous il serait parfais ! Et pour la guerre civile, il était affaibli...Mais la prochaine guerre civile, il viendra chez les elfes pour vous décimer ! Bande d'oreilles pointues pretencieuses !

Alors que le Paladin le tira en arrière il s'adressa à la gardienne.

Ah et je ne vous ai pas encore remercié de m'avoir libéré ! Merci, vous avez été beaucoup plus utile que prévu !

Le paladin maitrisa Licsis qui cessa de se débattre. Soudain, une voix plus clair sortit de la bouche de l'ancien haut prêtre, une voix plus calme, posée, mais qui avait l'air de revenir de loin.

C'était le seul moyen de vous faire intervenir sans qu'il puisse déjouer mes plans à l'avance. Vous étiez mon seul espoir... Vous êtes les deux seules personnes en qui je peux avoir confiance... Si tout cela devait mal se finir...Tuez moi avant qu'il soit trop tard...

Une autre voix s'eleva soudain, la même grosse voix d'avant.

Imbécile je vais tous vous... !

Et la, alors que Le mauvais Licsis avait posé sa main sur le front de paladin, Licsis se fit assommer par un pommeau d'épée qui venait de derrière lui...

Le paladin s'excusa pour le dérangement et emmena Licsis au temple de Serramire, muni d'une escorte, au cas ou il se réveillait plus tôt que prévu.

Son départ jeta un grand silence dans la salle, rappelant qu'avant que le mauvais Licsis ne se lance dans un grand délire,le calme et la tenue était de mise.

[fin de ce rp pour mon personnage, contactez moi pour le rp a Serramire ^^ c'était agréable de pouvoir rp avec vous, bonne continuation.]

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