Joyeux anniversaire mon cher et tendre [Harnyll]

Ce matin là, je me réveillais une nouvelle fois seule dans ce si grand lit. Mon époux était déjà levé depuis un bon moment et se trouvait à gérer les affaires de la baronnie. Durant la nuit, je m'étais éveillée, quand j'avais ouvert les yeux, je me suis découverte la tête reposant sur son torse, son bras autour de mon épaule. Je n'avais pas osé bouger pour ne point l'éveiller. J'étais restée un petit moment comme cela dans ses bras à simplement humer les effluves de sa peau.
Qu'est ce que je l'aimais, je donnerai ma vie pour lui s'il le fallait et cela peut importe la réputation qui pourrait déshonorer mon nom. La preuve en est... Lors du tournois royal, mon comportement n'avait été guidé que par l'amour que je lui porte car j'avais peur qu'il lui arrive quelque chose.
Depuis bien des choses se sont passées... J'ai été exilée sans l'espoir de le revoir, cela m'a fait comprendre encore plus à qu'elle point je tenais à lui et qu'il était tout pour moi. Maintenant, cette nuit et pour toutes les suivantes, je dormirai à ses côtés.
Nous n'avons toujours pas consommé notre mariage mais cela n'était pas le plus important. Le plus important était que nous reconstruisons notre vie conjugale peu à peu en repartant sur de bonnes bases cette fois. On s'était promis de ne plus rien se cacher et de dialoguer afin de ne plus laisser la crainte et la peur s'immiscer entre nous et notre amour.
Pour le moment, j'ignorai toujours la découverte faite sur mon époux. Camille l'ignorait également et lui, mon époux gardait jalousement ce secret afin de ne pas me bouleverser. Je n'étais plus une enfant mais il n'était pas pour autant certain que cette nouvelle ne me fasse chavirer.

Mais revenons à nos moutons... Donc ce matin là, en me réveillant je découvre notre couche vide. J'aurai tellement aimé me réveiller contre lui et que nous passions la matinée ainsi enlacé mais cela n'est que pure utopie. Me levant alors, Camille n'était toujours pas apparue. Pour une fois j'avais un moment de répit à moi toute seule sans qu'il y ait personne. J'étais seule pour quelques brèves secondes.
La porte s'ouvre alors délicatement. C'est Camille qui est surprise de me voir déjà debout. Comme tous les matins, elle m'apporte mon petit déjeuné avant que la journée commence. Je m'attable et je commence à manger de bonne humeur. Ensuite vint le temps de m'habiller... Comme d'habitude Camille se charge de lacer ma robe. Alors qu'elle s'apprêtait à se saisir de la brosse pour me coiffer je la stoppe dans son élan.

Ce ne sera pas nécessaire, je vais le faire moi même. Tu peux disposer!

Lui dis je d'une voix douce. Cela l'a grandement surprise au vu de son regard mais elle ne dit rien et sort de la pièce en faisant une révérence. Me saisissant de la brosse, je commence à démêler mes cheveux en chantonnant.
J'étais vraiment de bonne humeur ce matin. Tout le monde semblait avoir oublié mais pas moi. Une fois prête, je sors de la chambre et me dirige vers les cuisines en faisant bien attention de ne pas trop me faire voir. Cela est difficile dans un château quand vous êtes la maitresse des lieux.
J'ouvre la porte de la cuisine à la grande surprise de la matrone, des marmitons et des filles de cuisine qui font tous une révérence pour me saluer.
C'était la première fois que je descendais en ce lieu culinaire. Mais si je m'y suis aventurée c'est pour une bonne raison.

Où est le cuisinier?

Demandai je. On me désigne alors un homme au ventre rond et au visage rubicond. Je m'avance vers lui à sa plus grande des surprises. Une fois face à lui, je lui fais part de ma requête des plus improbable de la part d'une noble dame.

Pouvez vous m'apprendre à faire un gateau?

Ses yeux s'écartèrent en grand à ma demande. Il acquiesça alors sans poser de question. C'était une demande si innocente. Sans doute préférait il cela au fait que je lui fasse changer tout le menu du souper. Il ordonna alors à tous de sortir de la cuisine. Les ordres du chef cuisinier ne restèrent pas dans l'oreille d'un sourd et tous quittèrent la pièce.

Pour commencer ma bonne dame, il faut que vous enfiliez ceci.

Dit il en lui tendant un tablier. Je l'attache alors au tour de la taille part un flot alors qu'il prépare tout ce qui sera utile pour la confection de ce fameux gâteau. Tout était en double, chacun de nous d'un côté de la table, j'observais tous ses mouvements pour les reproduire.
Mes gestes étaient malhabiles mais il était patient. Je dus recommencer plus d'une fois car à chaque fois j'en mettais trop ou alors j'avais fait tomber des coquilles d'oeuf dans la pâte. Le pire étant quand j'ai confondu le sucre et le sel et que j'ai fait une grimace sous l'oeil amusé du chef. Cette fois, cela sembla être bon … La pâte était bien lisse, il ne manquait plus que l'ingrédient final.

Allez y doucement madame, sinon le gâteau sera immangeable et bon à refaire...

Quand j'eus fini d'incorporer l'eau de rose à la préparation, il poussa un soupire de soulagement comme s'il désespérait de devoir recommencer à nouveau. On put enfin mettre le gateau que j'avais eu tant de mal à faire au four.
Une douce odeur se dégageait du four embaumant la cuisine de ce parfum capiteux et alléchant. La cuisson était finie. On pouvait passer à la décoration. Mon gateau était magnifique et j'étais fière de ce que je venais de réaliser. Qui aurait pensé que cela était aussi dur et faire un gateau... Je le remercie en le gratifiant d'un sourire.
Je quitte alors les cuisines avec sur un plateau mon oeuvre pâtissière. J'avais de la farine plein le visage et j'avais sans m'en rendre compte conservé le tablier autour de ma taille. Dans les couloirs menant au bureau de mon époux, tous se retournent après mon passage en se demandant ce qui se trame. Pendant ma leçon de cuisine, les rumeurs avaient eu bon train et tout le château ne parlait que de moi dans les cuisines.
J'arrive enfin devant la porte du bureau de mon époux. Je frappe à la porte puis attends qu'il m'ouvre. Dans mes mains, je tiens un plateau d'argent sur lequel repose le dit gateau qu'un torchon à rayures recouvre. Mais malgré cette précaution, on peut tout de même sentir la bonne odeur d'un gateau sortant tout juste du four.

Levé comme à son habitude à l’aube, le baron d’Ysari se retrouva de bonne heure dans son cabinet de travail. Diriger une baronnie sans s’appuyer exclusivement sur un conseil à la loyauté douteuse, réformer le système financier… tout cela demandait des heures et des heures de travail, d’interminables réunions, de complexes arbitrages.

Et pourtant, pas facile de se concentrer en se souvenant qu’au réveil la tête de Lucrèce reposait contre sa poitrine nue, son souffle tiède caressant sa peau. Bien que le mariage n’ait pas été consommé, les deux époux se sentaient proches de nouveau. Oublié la trahison de Diantra, oublié l’absence de faveur qui fit finalement perdre le baron lors de la finale… enfin oublié… disons pardonné, ce genre de choses ne s’oublient pas aisément pour un homme d’honneur comme l’était le baron.

Soupirant, Harnyll se remis au travail, réfléchissant vaguement à la parenté entre Lucrèce et Camille, parenté qu’il avait finalement choisi de ne pas révéler. Ce choix le tourmentait, mais il lui fallait du temps pour prendre une décision. Plus tard il verrait… oui, plus tard. Une telle nouvelle devait être annoncée avec des pincettes et une longue préparation.

Un coup toqué à la porte le tira de ses réflexions. Qui venait le déranger sans pour autant s’annoncer ? Et pourquoi le garde en faction ne disait-il rien ? A moins que ce ne soit Lucrèce, mais elle pouvait ouvrir… bizarre. Se levant, Harnyll fit glisser le fourreau de sa dague de manière à la rendre facilement accessible en cas de besoin. Il n’avait guère d’inquiétude ici, mais prudence était mère de sûreté.

Ouvrant la porte, le baron fut assez surpris en voyant sa femme, la figure enfarinée et un tablier autour des reins, un plateau dans les mains. Bien que recouvert d’un torchon, les douces effluves qui s’échappaient indiquaient clairement la présence d’un gâteau sous ce torchon

Avons-nous déjà dit que le baron était un fin gourment ? Non ? Bon ben je le dis alors : Harnyll est un fin gourmet. Et nul doute que sa femme avait elle-même préparé ce gâteau, vu qu’elle était encore en tenue du parfait marmiton. Adorable non ? Laissant entrer Lucrèce, le baron referma derrière elle et passa doucement son doigt sur son visage, recueillant au passage de la farine. Souriant, il lui demanda :

En quel honneur m’avez-vous préparé ce cadeau ma chérie ?

Je venais de toquer à la porte et le garde ne faction n'avait annoncé personne. Aussi comme mon époux mit un peu de temps à venir, je pensais qu'il devait être absent. Je me trompais car finalement la porte s'ouvrit sur le visage surpris de mon époux. Il ne devait pas s'attendre à cela. Mais à quoi ne s'attendait il pas? Au gateau ou à mon aspect à cet instant précis?
Quoiqu'il en soit, il me fit entrer dans son cabinet de travail et referma la porte après mon passage. Je le vis s'avancer dans ma direction, il tendit un doigt qui épousa mon visage plein de farine. Un petit nuage de farine vint alors me chatouiller les narines me faisant éternuer.
C'est alors qu'il me demanda en quelle occasion ce présent. Ainsi il avait oublié. Ce n'était pas étonnant vu la charge de travail qui pesait sur ses épaules ces derniers temps. Le regardant alors, mes joues se mirent à rosir, Harnyll put alors le voir malgré la farine qui me fardait le teint.

Il s'agit d'un gateau que j'ai préparé à votre attention pour votre anniversaire...

Son anniversaire... Et oui, aujourd'hui était celui de mon cher et tendre époux. Aussi pour l'occasion, j'avais voulu faire quelque chose de spécial juste pour lui en y mettant tout mon coeur. Mais cela n'était que le commencement. Je lui réservais d'autres surprises pour le reste de la journée.
J'avais préparé le terrain plusieurs jours à l'avance. Les cuisines étaient prêtes pour la réception de ce soir et les missives avaient toutes étaient envoyés. Pour cette occasion j'avais convié la noblesse de notre baronnie et une petite surprise de plus mais cela chut. Cette surprise ne sera dévoilée qu'au dernier moment afin de la conserver intacte.
Tout le monde au château était au courant mais gardait le secret. Ce gateau ne faisait pas parti de mes projets à l'initial mais bon...

Dites moi s'il est bon?

Dis je d'une voix inquiète en me mordillant la lèvre par anxiété. J'avais des raisons de craindre qu'il ne soit pas comestible au vu du nombre de fois qu'il avait fallu recommencer pour y arriver. Au total, il avait fallu près de deux heures sans compter la cuisson et la décoration faite avec un glaçage au sucre de rose. J'avais des doutes sur mes talents de cuisinière étant donné que c'était la première fois que je mettais les pieds en cuisine. Lui seul pouvait les dissiper.

[1000eme post]

Harnyll retourna s’asseoir à son bureau tandis que Lucrèce déposait le plat devant lui et se reculait d’un pas, attendant son verdict. A sa gauche, des dossiers à traiter, à sa droite des dossiers à traiter, et au milieu le cadeau d’une femme aimante. Soulevant le torchon, le baron huma avec délice les douces effluves qui s’échappaient du gâteau. Miam, elle avait du incorporer de l’eau de rose dans sa recette… son péché mignon.

Saisissant le couteau placé au bord du plat, il se tailla une belle tranche. Grignotant tout d’abord un petit bout de glaçage au sucre de rose, comme un enfant savourant sa friandise, le baron mordit ensuite à belles dents dans le gâteau. Un franc succès fut aussitôt l’avis unanime de son palais et de son estomac, Lucrèce avait parfaitement réussi la recette, certes sans doute aidée par le chef cuisinier du château, mais cela n’enlevait rien à son geste.

Comment nier encore leur amour ?

Les dieux savaient pourtant que Lucrèce avait été la cause de bien des souffrances pour son époux. La cruelle humiliation subie lors du tournoi de Diantra l’avait torturé pendant des semaines, le poignard de la honte et de la jalousie se tordant nuit après nuit dans son cœur blessé. Lors de sa dernière joute en finale, il s’en était fallu d’un rien qu’il ne réussisse à demeurer en selle et élimine de ce fait son adversaire. Une marge infime, un soupçon de motivation que la faveur de sa femme lui aurait octroyé, lui permettant ainsi de remporter le duel. Mais tel n’avait pas été le cas et finalement il avait du s’avouer vaincu.

Mais à voir Lucrèce avec son tablier autour de la taille, son visage angélique recouvert de farine, son beau regard plein d’inquiétude à l’idée qu’il n’apprécie pas ses efforts, comment ne pas lui pardonner ? Elle l’aimait, lui et lui seul, de cela Harnyll était désormais parfaitement assuré. Son geste en ce jour n’était pas celui d’une calculatrice avide de se faire pardonner mais celui d’une épouse dévouée désirant plus que tout plaire à son seigneur et maître.

Sans doute des rumeurs concernant le comportement de sa femme couraient encore à travers le royaume, mais l’important était acquis : le baron savait que sa femme l’aimait de tout son cœur, de toute son âme. Et il lui pardonnait toutes ses fautes passées, ses légèretés, ses imprudences, ses erreurs de jugements. N’est-ce pas cela l’amour ? Accepter les failles de sa moitié, continuer le chemin ensemble malgré les obstacles et les embûches ?

Souriant à Lucrèce qui attendait anxieusement son avis sur ses talents de cuisinière, le baron répondit :

Ton gâteau est délicieux ma chérie.

Harnyll passa son bras autour de la taille fine de sa belle et l’attira tendrement à lui. Fini les soupçons, fini les querelles, fini les trahisons. Leur amour avait traversé ces tempêtes victorieusement.

Et toi, tu es merveilleuse…

Doucement, leurs lèvres se joignirent.

Harnyll venait de se rassoir derrière son bureau alors que je demeurai toujours debout à me mordiller les lèvres. J'attendais son verdict avec anxiété. C'était la première fois que je cuisinais, mon premier gateau... Je le regardai alors. Devant lui, le plateau encore recouvert de son torchon, et de chaque côté, des piles et des piles de dossiers. Il était vraiment occupé espérons qu'il sera libre dans la soirée pour la suite de sa surprise...
Le baron souleva enfin le torchon pour y découvrir un gateau. Les effluves du parfum se dispersèrent partout dans le bureau embaumant la pièce de ce délicat parfum de rose et de patisserie. Il se saisit alors du couteau qui reposait sur le rebord du plat et découpa une tranche épaisse. Le gateau était moelleux à souhait. A première vue, il était réussit.
Je fus amusée de le voir d'abord s'attaquer au glaçage avant de croquer à pleine dent dedans. Il ne recracha pas sa bouchée. Cela voulait il dire que j'avais réellement réussi mon premier gateau? Il semblerait bien que oui. J'étais heureuse et fière de ma réussite même si celle ci était dûe à la grande patiente du maitre des cuisines.

La sentence tomba enfin. Le verdict d'Harnyll était plus que positif. J'étais soulagée et cela put se voir par ce petit soupire de soulagement qui m'échappa. J'étais rassurée. C'est alors qu'il tendit son bras et le passa autour de ma taille pour m'assoir sur ses genoux. Il ajouta que j'étais merveilleuse. Ce compliment me fit rougir encore plus. Il savait comment s'y prendre pour qu'à ses paroles je me mette à rougir. Approchant ses lèvres aux miennes, il m'embrassa tendrement.
Le baiser fut d'abord doux puis un peu plus passionné. C'était la première fois qu'il m'embrassait de la sorte. Cela me surprit beaucoup et j'eus envie de le stopper mais ce n'était pas aussi désagréable que cela. C'était même plutôt plaisant. Une nouvelle étape dans notre couple était franchie. Petit à petit nous traçons la route qui mènera à notre bonheur le plus complet, au jour où je m'offrirai corps et âme à lui.

Mon souffle était saccadé, ma poitrine gonflait dans mon corsage quand nos lèvres s'éloignèrent. J'étais confuse et cela se voyait. Je baissai alors le regard machinalement pour ne pas croiser le sien et être encore plus gênée. Je demeurai néanmoins sur ses genoux. J'étais bien là et pour rien au monde je voulais que cet instant ne s'arrête. Mais toute bonne chose à une fin!
Il se faisait tard et je devais le laisser travailler si je le voulais disponible pour ce soir. En plus j'avais encore plein de recommandation à faire pour la soirée de ce soir. Me levant, je lui déposa un tendre baiser sur le front avant de lui dire d'un ton doux mais plein de mystère.

Aujourd'hui vous avez interdiction de sortir de votre bureau! Attendez que l'on vienne vous chercher. Je ne voudrai pas que la surprise que je vous réserve soit gâchée par une maladresse. J'en serai peinée...

Sans rien rajouter d'autre, je me dirigeai vers la porte de son bureau pour en sortir. La main sur la clenche, je le regarde une dernière fois pour le reste de la journée. Un sourire aux lèvres en repensant à ce baiser, je passe la porte qui se referme sur mon passage.

Lorsque la porte se referma sur sa belle, Harnyll resta un long moment pensif, un doux sourire aux lèvres. Dire qu’il avait complètement oublié son propre anniversaire, pris dans ses soucis de gestion d’Ysari ! Heureusement que sa chère et tendre Lucrèce y avait pensé, elle. Et elle devait être en train de lui préparer une surprise pour lui avoir demandé de rester dans son bureau toute la journée. Mais soit, il obéirait aux ordres de sa chère geôlière.

S’étant recoupé une tranche de gâteau, le baron se remit donc au travail, mais sans vraiment réussir à se concentrer. Le souvenir des lèvres de Lucrèce sur les siennes le troublait et il décida d’arrêter les frais après avoir indiqué sur un décret sa proclamation comme roi du Sud, d’Ydril à Diantra ! Vraiment à côté de ses chaussures notre baron préféré aujourd’hui… il jeta donc le document incriminé au feu et alla s’asseoir près de la fenêtre.

Rêvassant, il vit passer des domestiques courant dans tous les sens. Apparemment sa femme sonnait le branle-bas de combat pour s’occuper de son anniversaire. Souriant, il prit un livre sur les origines d’Ydril et se mit à lire. A midi, il se tailla de nouveau une belle tranche de gâteau, une autre deux heures plus tard… lorsque le soir tombait, la citadelle glacée au sucre de rose que lui avait préparé son épouse le matin étaient quasiment tombée. Seul un ultime morceau résistait vaillamment aux assauts de l’envahisseur.

Le soleil se couchait sur Ysari, et nul doute que sa femme allait bientôt envoyé quelqu’un le chercher. Le baron remit un peu d’ordre dans sa tenue et attendit…

A peine fus je sortie du bureau de mon époux, que le temps jouaient contre moi... Il ne restait plus que quatre heures avant que les premiers invités n'arrivent. Tout devait être prêt d'ici là. Ma première tâche fut donc de vérifier que la grande salle était prête. Je me dirige alors vers le bureau de l'intendant de la domesticité de la maison pour lui donner mes recommandations, si ce n'est mes ordres.

J'aimerai que la grande salle soit prête pour dans une heure de temps! Nous aurons près d'une trentaine d'invités ce soir pour le repas en l'honneur de l'anniversaire du baron. Aussi je veux que tout soit parfait, est ce compris?

L'intendant acquiesça. C'était la première fois que j'étais aussi directive, d'habitude je faisais ce que l'on me disait mais pour la première fois, c'était moi qui donnait les ordres. Maintenant dans le château tout le monde s'activait et on pouvait entendre beaucoup de bruits dans les couloirs. Sans doute mon époux ne devait plus travailler avec tout ce boucan et ce remue-ménage qui régnait en ce lieu. Tant qu'il n'avait pas la curiosité d'aller voir, tout irait bien.
La salle fut prête. Suite aux ordres que j'avais donnés à l'intendant, ce dernier avait pris l'initiative de faire nettoyer le grand salon et de préparer les chambres pour les invités. Il avait bien fait car je n'avait pas pensé à ce détails. Tout se passait au mieux. Les cuisines embaumaient le rez de chaussé de leur odeur de tartes, de gâteaux et pâtés. Tout le monde s'activait.

C'est à ce moment, là que je me rendis compte en posant mes mains sur les hanches que je portais toujours ce tablier de cuisine et surtout que j'étais poudrée de farine de la tête aux pieds. Il fallait à tout prix que je sois présentable, il ne restait plus qu'une heure. Un cri résonna alors dans le château alors que je me pressais à gravir les marches menant à l'étage des appartements conjugaux.

Camille!!!

Mon époux dut certainement entendre ma voix et se demander ce qui se passait sans vraiment pouvoir comprendre. J'arrivai enfin devant la porte de la salle de bains. Me déshabillant, je me plongea dans l'immense baignoire. Camille arriva peut après, un peu inquiète. Cette fois, je ne prendrai pas mon temps comme d'habitude car le temps jouait contre moi. J'étais maintenant propre. Sortant de la baignoire, je dis à Camille.

Il va falloir faire vite, il ne reste plus beaucoup de temps avant que les invités n'arrivent et je suis toujours pas prête...

Tellement pressée que je fus; ce fut d'un simple drap de bain que je me rendis jusqu'à la chambre sous les yeux médusés de Camille qui n'en revenait que je sois aussi prompte à me préparer pour une fois. Il est vrai que depuis qu'on se connait, j'avais toujours rechigné au moment de l'habillage. Le choix de la robe de ce soir était déjà faite mais il restait tout le reste...
Assise derrière la coiffeuse, Camille se chargea de ma coiffure pendant que je m'appliquais de la crème, du parfum, de la poudre et un peu de rouge aux lèvres. De temps en temps, on entendait un aïe. Voilà finalement, je fus presque prête. Il ne manquait plus que d'enfiler ma robe.
Celle que j'avais choisi pour ce jour était dans les tons bleutés. Des broderies argentées sur le bustier et sur les pan des volants de la jupe. Des perles et de la dentelle fine sur les manches. Une robe d'une très grande beauté. Camille pour la première fois serra plus le bustier, compriment ainsi ma poitrine dans son corsage. Elle obéissait à mes ordres. Je voulais faire honneur à mon époux lors de cette soirée. Un sautoir de perles autour du cou et me voilà prête.

Le temps presse que déjà dans la cour, on peut entendre le bruit des calèche arrivant. Je me presse alors pour descendre les escaliers pour accueillir nos invités en faisant bien attention de ne pas me prendre les pieds dans un pan et de tomber. Pendant ce temps, j'envoie Camille chercher mon époux pour qu'il aille se préparer. Elle s'exécute. Frappant à la porte du baron, elle attend l'autorisation d'entrer.

Si vous désirez bien me suivre, je dois vous aider à vous préparer. Si je puis me permettre, Lucrèce a choisi du bleu pour sa robe...

Ce détail que Camille révéla, elle n'aurait pas du car jamais je lui avais dit de le dire à mon époux. Mais cela partait d'une bonne intention de sa part afin que lui et moi soyons coordonnés. Pendant ce temps j'accueillais les invités. Une personne que j'attendais tout particulièrement arriva. Mon invitation n'était pas restée vaine. M'inclinant respectueusement devant cette personne, je la salua et dit.

Si vous désirez bien me suivre. Je vais vous conduire dans un petit salon en attendant. Je voudrai lui faire la surprise de votre présence.

Pour la première fois, nous étions d'accord. Aussi, je conduisis ma surprise dans un petit salon du rez de chaussé en attendant l'arrivée de mon époux et que les salutations officielles soient passées. Tout le monde avait répondu à l'appel. Camille arriva et me fit signe de la tête que mon époux était en train d'arriver. Fermant la porte de la grande salle pour cacher les invités, j'allais alors à sa rencontre.

Entrez.

Camille pénétra dans le bureau du baron et fit une révérence, lui indiquant qu’il lui fallait se préparer… et joignant au passage un indice sur la tenue de Lucrèce. Du bleu donc ? Ah… Harnyll regarda sa sempiternelle tenue noire et décida d’en changer. Un peu trop triste comme vêture.

Préparez ma tenue marine Camille, elle s’accordera mieux à la robe de Madame.

Le baron faisait référence à un superbe ensemble bleu foncé brodé de filigranes d’argent que Lucrèce lui avait acheté quelques semaines avant leur départ pour le tournoi. La dernière mode dans la capitale avait juré le vendeur, mais le baron n’avait jamais eu l’occasion de l’essayer, au grand désespoir de son épouse. Peu adepte des grands bals et autres festivités, Harnyll ne faisait guère d’efforts habituellement pour rester à la mode mais ce soir là, il se devait d’être à la pointe de l’élégance

Suivant la demi-sœur de sa femme, mais de ce secret il était seul dépositaire, dans la chambre conjugale, le baron ôta ses vêtements sombres et passa dans la salle d’eau. Un coup de rasoir pour égaliser sa fine barbe, puis, aidé de la jeune femme, il se rhabilla prestement. Pas de temps à perdre, des bruits de calèches dans la cour indiquait que des invités arrivaient. Sans doute une petite fête pour célébrer son anniversaire ? Un dernier coup d’œil dans un miroir, un coup de main de Camille pour rectifier le tombé d’un pli, et le baron sortit de ses appartements.

Descendant le grand escalier d’honneur, le baron arriva au rez-de-chaussée du château où il retrouva son épouse, qui l’attendait près des portes closes de la grande salle. Écartant les bras pour qu’elle puisse inspecter de son œil expert sa tenue, il demanda d'une voix légèrement taquine mais pleine d'amour :

Suis-je à votre goût ma chérie ?

J'étais venue à la rencontre de mon époux. Il descendait l'escalier principal. J'avais les yeux qui pétillait en le voyant arriver dans sa tenue marine. C'était le première fois qu'il la mettait depuis que je la lui avais offerte un peu avant l'évènement qui avait faillit nous briser: le tournoi royal.
J'étais heureuse de cette attention mais quelque chose me disait au fond de moi que Camille avait du lui en glisser un mot car d'habitude il détestait les vêtements trop ouvragés pour préférer des habits sobres.
Il me demanda s'il était à mon goût ainsi. Je ne pus m'empêcher de rougir en acquiesçant légèrement de la tête. Prenant alors son bras, nous nous dirigeâmes vers la grande salle. Les pages postés devant nous ouvrirent la porte.

Tous avaient répondu présent aussi mon époux eut le loisirs de voir dans l'assistance la noblesse d'Ysari. Tout le monde le salua et d'un geste de la main, l'intendant fit signe aux musiciens qu'ils pouvaient commencer à jouer. La musique emplit alors la salle. Les discutions reprirent. Aussi je décidai de profiter de cet instant pour l'accaparer encore un peu le temps de sa surprise.

J'ai encore une surprise pour vous en cette soirée...

Passant dans le dos de mon époux, je lui bandai alors les yeux avec un foulard noir. Ainsi ma surprise serait des plus complètes. Prenant ses deux mains dans les miennes, je le conduisis en direction d'un petit salon privé. Mes pas étaient lents car je voulais éviter une chute ou qu'il se heurte à un meuble.
Nous arrivâmes enfin devant la porte du petit salon. Frappant à la porte pour indiquer ma présence, je n'attendais pas de réponse. Posant ma main sur la clenche, j'ouvris enfin la porte qui dissimulait mon présent.
Reprenant les mains de mon époux dans les miennes, je le fis entrer et le conduisis au centre de la pièce. Cette personne se trouvait toujours là, assise dans un fauteuil son éventail en main. Passant alors dans le dos de mon bien aimé, je décidai alors de le délivrer de ce supplice qui n'avait que trop duré à son goût pour lui rendre enfin la vue. Le foulard tomba et il put voir que la personne assise dans le fauteuil était rien d'autre que sa mère.

J'avais pris la décision de l'inviter à l'anniversaire de son fils afin d'enterrer les querelles passées entre nous. Ayant été exilée, je savais ce qu'elle ressentait d'être loin de son fils unique. Aussi par ce geste, j'espérai qu'il revienne sur sa décision comme il a fait pour moi. Comme je voulais être une épouse modèle, je devais donc mettre du mien avec ma tante et faire en sorte de construire à nous deux le bonheur du baron.

Lorsque les portes de la grande salle s’ouvrirent, le baron du s’avouer stupéfait par la quantité de personnes qui s’y trouvaient. Toute la noblesse d’Ysari ou presque était rassemblée, ainsi apparemment que quelques seigneurs frontaliers de Sybrondil, la baronnie de son cher ami Erestor. Du coin de l’œil, le baron vit que Nicolaï KalonErc’h et Gregor de Hautetour étaient également présents. Son vieux mentor avait du faire la route depuis Arcani en compagnie du jeune seigneur de Dyriet. Il faudrait qu’il aille les voir un peu plus tard…

Mais il ne pu détailler l’assistance plus avant car sa femme lui banda les yeux en lui murmurant qu’elle avait encore une surprise et le conduisit dans un salon privé jouxtant la salle de bal. Lorsqu’elle lui ôta son bandeau, le baron ne pu cette fois retenir un petit hoquet de surprise : sa mère, Clothilde Enimia était là ! Lucrèce avait donc invité sa belle-mère avec qui elle avait pourtant eu une scène aussi terrible que déchirante quelques mois plus tôt, scène qui avait conduit à l’éloignement de l’ancienne régente.

Mère…
Mon fils.

Harnyll et sa mère se jetèrent dans les bras l’un de l’autre. Les dieux savaient que Clothilde n’était pas une femme facile ni une mère douce mais elle aimait sincèrement son fils et avait toujours fait ce qu’elle pouvait pour Ysari. Que les deux femmes se soient réconciliées était le plus beau cadeau d’anniversaire qu’il puisse recevoir. Serrant sa mère contre son cœur, le baron murmura à destination de son épouse :

Merci Lucrèce, merci…

Doucement, il relâcha son étreinte. Clothilde était vêtue comme une reine avec une superbe robe grenât qui mettaient en valeur ses charmes certes faiblissants mais encore aptes à déclencher des émois chez les courtisans. Pour autant, le baron savait qu’il ne s’agirait pour elle que d’un jeu, d’un moyen de vérifier si sa beauté autrefois resplendissante jetait encore quelques feux. Depuis la mort de son époux, elle s’était comportée comme une parfaite veuve et était resté fidèle à la mémoire de l’ancien baron.

Prenant les deux femmes chacune par une main, Harnyll les conduisit dans la salle

Venez, ne faisons pas attendre nos invités.

Lorsque les invités virent le baron entrer entouré des deux femmes, des salves d’applaudissements retentirent. Les courtisans et nobles d’Ysari étaient parfaitement au courant de la rivalité qui autrefois opposa Lucrèce et Clothilde , et comprenaient l’importance de l’instant. D’un geste, Harnyll indiqua à l’orchestre de commencer la musique de la première danse.

Geste surprenant de sa part… non point qu’il fut mauvais danseur, bien au contraire, le baron était même assez réputé pour ses talents lorsqu’il daignait s’y mettre. En général, et au vu de son désintérêt pour les festivités, il s’en passait, mais ce soir là il s’était promis de faire plaisir à Lucrèce. Sa tendre épouse avait fait de tels efforts : organiser ce magnifique bal dans le plus grand secret, se réconcilier avec sa belle-mère… elle avait bien mérité de tournoyer dans ses bras sur la piste.

Baisant la main de sa femme avec des manières qui n’eurent pas dénotées à la cour royale, il demanda :

Ma chérie, m’offrez vous cette danse ?

Une fois le bandeau tombé, la surprise fut total car mon époux s'exclama en voyant sa mère assis devant lui. Il s'attendait à tout sauf à ça. Qui aurait cru que les vieilles querelles auraient pu être oubliées? La mère et le fils étaient l'un dans les bras de l'autre pour fêter leurs retrouvailles. C'était une scène touchante. J'avais pris la bonne décision, je le savais au fond de mon coeur.
Un murmure vint se faire entendre dans ces effusions de bonheur. C'était mon époux qui me remerciait. D'un battement de cils, je lui fis comprendre que cela était tout naturel. Une fois les retrouvailles passées, le baron nous prit chacune la main pour nous conduire vers la salle de réception.

Nous nous rendîmes alors tous trois rejoindre nos invités. A ma grande surprise nous fûmes accueillis sous des applaudissements. Les musiciens avaient alors cessé de jouer. Tous dans la baronnie savait qu'entre Clothilde et moi, une animosité existait. Nous voir ensemble était une grande surprise. Surtout que la baronne mère avait été exilée.
D'un geste de la main, je vis mon époux faire signe aux musiciens de reprendre. La musique se fit à nouveau. Je m'attendais à passer la soirée à danser avec divers cavaliers sans que mon époux décide de danser car il aime peu ce genre de distractions mais je fus surprise de voir qu'il m'offrait la première danse de la soirée. C'est le sourire aux lèvres que j'accepte alors son invitation.

Glissant ma main dans la sienne après un baise main qui me fit rougir devant toute l'assemblée, nous nous rendîmes au centre de la piste et doucement, nous commencions à danser. Mon regard plongé dans le sien, je ne détachais pas mes yeux de son visage. Je savourai cet instant magique.
J'aimais être à ses côtés de la sorte. Malheureusement, cette danse ô combien merveilleuse fut trop courte. Déjà les prémisses d'une nouvelle mélodie se faisait entendre.
Harnyll avait autre chose à faire que danser toute la soirée avec moi, aussi un jeune noble que j'avais déjà rencontré à Arcani me proposa la danse suivante. Denys de la Valière était son nom. Il attendit l'approbation de mon époux avant de me proposer sa main.

Nicolaï et Gregor avaient chevauché tous deux en compagnie de la majorité des membres de la noblesse du sud d’Ysari en direction du chef lieu de la baronnie. La baronne avait rameuté tout se que le fief comptait de nobles et de personnages important pour l’occasion. En passant les portes du château, Nicolaï se fit la remarque que, même si les nobles arrivaient aussi discrètement que possible, il était difficilement imaginable que le baron ne puisse les voir arriver.

Surtout s’il allait en haut de la tour où il l’avait mené avant de l’adouber. De là haut, impossible de manquer toutes les colonnes de cavaliers qui défilaient pour gagner la demeure du baron.

Dans la cour, c’était l’agitation et, dans la demeure en elle-même, c’était le bran le bas de combat général. Les servantes et les pages courraient dans tous les sens. Il fallait tout préparer dans les moindres détails. Cela ne pouvait se limiter à la salle où se tiendrait la fête. Il allait aussi falloir s’occuper de l’organisation des chambres et des repas. On ne pouvait décemment pas faire dormir tout ce que la baronnie comptait de nom prestigieux dans une étable. Se ne serait pas correcte.

Nicolaï et Gregor allèrent présenter leur respect à la baronne, puis gagnèrent les chambres qui leur étaient attribuées. Celle de Nicolaï était assez petite, toutefois, elle lui convenait parfaitement. Il n’avait pas besoin d’une véritable suite et se passerait très bien d’une penderie surdimensionnée pour ranger ses affaires. Il ne lui fallut pas très longtemps pour se laver un peut de la poussière et de la transpiration accumulée durant le voyage. Le temps de se vêtir non plus ne fut pas très long.

Dans son habit sombre, mais d’une élégance indéniable qui faisait parfaitement ressortir son teint ivoirien et ses yeux d’acier. Il avait également toujours autour du cou (mais là c’était apparent) une petite chaîne de fer qui retenait une grosse chevalière d’argent ornée d’un dragon de saphir finement ciselé. Le bijou avait été trouvé sur lui quant on l’avait recueillit au bord de la mer Olienne et il ne s’en était jamais défait.

Le jeune homme tourna en rond un moment. Il aurait tant aimé qu’Aureane soit là. Certes, la jeune fille n’était pas une grande bavarde, mais sa présence était réconfortante. Il aurait aimé l’emmener à Ysari avec lui. Mais elle était demeurée à Dyriet. Tant pis, il se rattraperait plus tard. S’il la laissait échapper à l’anniversaire du baron, hors de question pourtant qu’elle loupe le bal de l’été. Il l’y emmènerait même si pour cela il devait la traîner de Dyriet à Ysari. Cela lui ferait beaucoup de bien.

Surtout après l’épreuve qui s’annonçait.

Malgré le temps qui s’était écoulé depuis son enlèvement, Nicolaï était persuadé que la jeune femme n’en était pas encore complètement remise. Elle ne lui avouerait sans doute jamais. Mais le chevalier était tout de même inquiet pour elle. Ce qui l’ennuyait le plus étant certainement la tenue du procès des hommes de la bande de Veshork. Procès qui se tiendrait d’ici peut. Un procès qui forcerait Aureane à se replonger dans ce qu’elle avait dut subir. A cette simple pensée, Nicolaï était plein d’appréhension.

Quelques coups discrets furent frappé à sa porte et le jeune seigneur de Dyriet fut conduit dans la salle de réception avec les autres invités.

Là encore, Nicolaï trouva qu’il y avait beaucoup de monde. Instinctivement il se rapprocha de Gregor, insensible à la série de gloussement qu’il déclencha en passant à proximité d’un groupe de jeunes femmes.

Le baron fini par faire son entré en compagnie de sa femme et de… sa mère ?

Le jeune homme n’était peut être pas tout à fait au fait de la politique du baron, mais la mère de celui-ci n’avait-elle pas quitté Ysari ? Harnyll semblait pourtant heureux de la voir à ses côtés. Tout le monde était heureux, alors à quoi bon remuer un passé qui pouvais être douloureux.

Après avoir applaudit le baron, Nicolaï s’écarta un peut pour laisser la place aux danseurs. Lui restait légèrement en retrait, écoutant d’une oreille distraite la conversation de Gregor et du seigneur de Féoda.

L’ambiance était gaie et festive. Les jeunes femmes regardaient avec leurs yeux de biches les chevaliers et seigneurs, espérant que ceux-ci les inviteraient à danser, les seigneurs les plus âgés discutaient entre eux et les plus jeune faisaient de même dans leur coin. Mais les jeunes ne devaient pas tout à fait parler de la même chose. S’approchant légèrement, Nicolaï perçut quelques bribes de conversation. Ils étaient surtout en train de comparer les beautés respectives des jeunes femmes. Pour sa part, le seigneur de Dyriet les trouvaient toutes plus fade les unes que les autres. Celle-ci était trop extravagante. Une autre portait bien moins le bleu qu’Aureane. Une troisième ne parvenait même pas à effleurer du bout du doigt la grâce que la bibliothécaire avait lorsqu’elle se mettait à rougir et à se mordre la lèvre. Non, décidément, aucune n’égalait Aureane.

Bien entendu, la baronne était tout à fait magnifique. Un ange tombé du ciel. Mais se n'était pas la même chose. Elle était la baronne. Et malgré toute les rumeurs qui pouvait courir sur elle, Nicolaï était persuadé qu'elle aimait tendrement Harnyll. Comment pouvoir la comparer aux autres jeunes femmes présente dans ce cas là? La réponce était simple: on ne le pouvait pas. Lucrèce de Hetalia évoluait à un tout autre niveau.

Nicolaï se tenait donc légèrement à l’écart lorsqu’il vit le baron s’approcher de lui. Il regagna immédiatement en raideur.

« Monseigneur, je vous souhaite un joyeux anniversaire, dit-il avec un sourire. »

Une fois Lucrèce libérée du doux étau de ses bras, les deux époux s’éloignèrent de la piste de danse. Désirant discuter avec plusieurs des nobles présents, Harnyll accepta de bonne grâce la demande de Denys de la Valière qui quémandait une danse à la jeune femme. Un temps soupçonné d'être trop "admiratif" vis-à-vis de Lucrèce, et même brièvement assigné à résidence, Denys avait été totalement blanchi des charges qui pesaient sur lui par les rapports d’espions du baron.

Tandis que son épouse retournait virevolter sur la piste de danse, le baron s’enfonça dans la foule en direction d’une personne bien précise qu’il désirait voir. Nicolaï KalonErc’h, seigneur de Dyriet, sourit et lui souhaita un joyeux anniversaire lorsque Harnyll s’approcha.

Merci Nicolaï. Cette fête est magnifique, ma femme est une véritable magicienne. Venez, allons au buffet nous restaurer.

Fendant la foule dense, les deux hommes arrivèrent jusqu’aux grandes tables près desquelles se pressaient des invités avides de goûter aux délices sortis des cuisines si réputées du château d’Ysari. Mentalement, Harnyll espéra que sa femme avait prévu l’aide de quelques solides gaillards pour amener les plus gros buveurs à une chambre… ou aux toilettes.

Prenant un toast, le baron continua :

Je prépare l’instruction du procès des bandits que vous et Gregor avez si brillamment mis sous les verrous. Afin d’envoyer un signal politique fort, je désire que ce procès se déroule à Dyriet. Préparez vous donc à recevoir un tribunal d’ici une quinzaine de jours.

Mieux valait par contre ne pas parler au jeune homme des dernières avancées de l’enquête sur Veshork lui-même. Un espion de Gregor l’avait brièvement entraperçu à Arcani quelques jours plus tôt, mais l’ancien garde-chasse s’était fondu dans les ombres presque aussitôt…

Un autre toast… délicieux… oui vraiment délicieux…

J’ai appris en lisant les rapports pour votre jeune amie… Aureane c’est bien cela ? Se remet-elle de ses émotions ?

Merci Nicolaï. Cette fête est magnifique, ma femme est une véritable magicienne. Venez, allons au buffet nous restaurer.

« C’est peut dire que de la qualifier de magicienne monseigneur. »

Nicolaï hocha poliment la tête et suivit le baron en direction du buffet. Les cuisiniers d’Ysari avaient fait un travail monstrueux. Il fallait dire que tout le monde n’était pas comme le jeune homme. Certains des nobles ici présents semblaient rivaliser entre eux à savoir qui aurait la plus grosse sous ventrière. Autant dire qu’il avait dut y avoir beaucoup de travail là derrière. Pour avoir un temps travailler dans les cuisines d’Arcani, Nicolaï avait une assez bonne idée de l’agitation qu’avait put causé la préparation d’un tel repas.

Le jeune homme prit une coupe et la fit légèrement tourner entre ses doigts, observant le liquide ambré tourbillonner à l’intérieur. Il voulait demander plusieurs choses au baron, mais n’osait pas vraiment le faire. après tout, c’était son anniversaire. On ennuie pas son suzerain avec des problèmes locaux le jour de son anniversaire.

Mais se fut Harnyll lui-même qui lui fournit l’ouverture qu’il attendait.

Je prépare l’instruction du procès des bandits que vous et Gregor avez si brillamment mis sous les verrous. Afin d’envoyer un signal politique fort, je désire que ce procès se déroule à Dyriet. Préparez vous donc à recevoir un tribunal d’ici une quinzaine de jours.

Le tribunal à Dyriet ? Le baron aimait vraiment jouer sur les symboles apparemment. D’un autre côté, c’était logique. Cette félonie avait commencé à Dyriet. Elle devait s’y finir. Quant à se que le baron disait sur la capture brillante des hommes de Veshork, Nicolaï n’en était pas pleinement satisfait. D’une part car Aureane avait souffert pour permettre cette capture. D’autre part, parce que Veshork courait toujours. Cette histoire ne serait terminée qu’une fois que la tête du chef des bandits serait tombée elle aussi. Et plus le temps passait, plus Nicolaï brûlait de la faire tomber lui-même.

Il releva les yeux vers Harnyll lorsque celui-ci reprit la parole.

J’ai appris en lisant les rapports pour votre jeune amie… Aureane c’est bien cela ? Se remet-elle de ses émotions ?

Nicolaï hocha légèrement la tête et trempa les lèvres dans son toast. Délicieux d’ailleurs, avant de prendre la parole.

« Vous avez une excellente mémoire sire. C’est bien Aureane. Elle se remet petit à petit de ses émotions. Mais les Cinq seuls savent quant les cicatrices seront refermée… si elle se referme un jour. Peut-être le procès l’aidera-t-il a guérir de ces blessures. Toutefois, je redoute le moment où elle sera appelée à témoigner. Elle devra alors se replonger dans ces souvenirs qu’elle tente d’effacer da sa mémoire. »

Voilà, c’était dit. Mais il n’avait pas encore parler d’un poing particulièrement important à ses yeux. Il reprit brièvement la parole, sur le ton de la conversation, comme si cela n’avait pas la moindre importance pour lui. s’autorisant même un léger sourire à l’égard de son suzerain.

« Au fait, avez-vous des nouvelles sur les recherches menées pour retrouver Veshork ? »

Nicolaï trempas à nouveau ses lèvres dans sa coupe.

Harnyll trempa ses lèvres dans une coupe de vin pour éviter que Nicolaï ne voie son trouble. Cette question, il s’y attendait mais au vu de ce que lui avait écrit Gregor, mieux valait taire la présence possible de Vehsork à Arcani. Le baron ne désirait pas que son jeune vassal aille fouiller la ville épée à la main pour le retrouver.

Veshork… eh bien nos agents le cherchent mais aucune trace de lui pour le moment. Il doit se terrer dans le plus profond trou à rats qu’il ait trouvé.

Voilà… une réponse volontairement ambiguë qui ne l’engageait pas trop. Gregor déciderait mieux que lui l’attitude à adopter, il était sur place après tout. Tapant amicalement sur l’épaule du jeune homme, le baron s’éloigna pour aller discuter avec Gregor. Le vieux mentor du baron venait justement de terminer sa discussion avec le seigneur de Fedoa. Les deux hommes échangèrent une robuste poignée de main, cimentant une amitié de plus de vingt ans. D’aussi loin qu’Harnyll se souvienne, Gregor avait été là, fidèle au poste.

Joyeux anniversaire monseigneur !
Merci Gregor.
Alors, comment trouvez vous le jeune Nicolaï ?
Un parfait chevalier, votre recommandation était la bonne.
Et pour… hmm… Veshork ?
Pas un mot, je vous laisse gérer cela.

Pendant la demi-heure qui suivit, Harnyll fit le tour des nobles importants de sa baronnie, saluant les uns, remerciant les autres. Enfin du classique somme toute. Ayant terminé son tout, il rejoignit Lucrèce qui quittait la piste de danse, essoufflée mais ravie. Passant une main autour de la taille de la jeune femme, le baron déposa un furtif baiser dans son cou et lui demanda :

Un verre, chérie ? Trinquons à cette heureuse soirée.

Durant près d'une demi heure, mon époux conversa avec ses vassaux. Les discours traitants de politique ou d'économie m'intéressant guère, je mis ce temps à profit pour danser. Les cavaliers se succédèrent les uns aux autres. Nul n'ignorait mon goût pour la danse aussi il suffisait de me faire danser pour entrer dans mes bonnes grâces.
Denys de la Valière eut le privilège d'une seconde danse en ma compagnie. Il m'était venu en aide à Arcani et je le savais fidèle à ma personne. Aussi il était bien naturel que je le remercie de ses aides passées et peut être futures.

La musique s'arrêta au bout d'une demi heure pour laisser le temps aux muciens de retendre leurs cordes. Je profitai alors de cet instant pour me diriger vers la terrasse afin de prendre l'air quand mon cher et tendre me rejoigna.
Il m'attrapa par la taille, déposant un rapide baiser au creu de mon cou avant de me demander si je voulais un rafraichissement.

Ce serait avec plaisirs. Je vous attends sur la terrasse dans ce cas, j'ai besoin d'un peu d'air...

Tout cela m'avait fatigué. La danse, les préparatifs, j'étais exténuée. Il n'y avait aucun doute sur le fait que cette nuit, je tomberai de sommeil rapidement. Des bouffées de chaleur venaient déjà m'envahir. Je commençai à tituber alors que je n'avais rien bu. Rien mangé depuis ce matin également.
Manquant de tomber, je bousculai sans faire exprès le chevalier Nicolaï KalonErc'h. La terrase n'était plus très loin mais il fallait avant tout que je m'assoie. Heureusement un fauteuil n'était qu'à un mètre de moi. Je me laissa alors tomber dessus.

Lucrèce semblait littéralement épuisée, ce qui n’était guère étonnant après avoir autant dansée sans d’être restaurée depuis de longues heures. Un peu d’air frais lui ferait sans doute du bien, l’atmosphère de la salle de bal restant assez étouffante malgré les baies vitrées ouvertes en grand. Tandis qu’elle sortait, son époux fila au buffet prendre de quoi l’aider à se remettre.

Du coin de l’œil, Harnyll vit que quelques invités commençaient à se sentir mal après avoir trop abusé de la dive bouteille. Il s’agissait en général de vieux barbons au ventre proéminent dont les jeunes épouses aguichaient les courtisans et les chevaliers présents. Pas de doutes, les couples qui passeraient la nuit ensemble au château ne seraient pas tous mariés, mais bah, les maris seraient pour la plupart en train de cuver leur vin...

Étonnant d’ailleurs que Nicolaï n’en profite pas plus, une nuée de jeunes femmes le regardaient pourtant avec autant d’envie qu’un ours un pot de miel. Nul doute qu’il pouvait en profiter mais il ne semblait guère intéressé et ne répondait pas aux invites aguichantes et aux clins d’oeils complices… hmm… aurait-il déjà quelqu’un d’autre en tête ? Souriant, Harnyll revit le visage d’Aureane… peut être l’explication se trouvait-elle là ?

Le baron rejoignit son épouse sur la terrasse, portant un plateau avec deux verres d’un vin (léger) et des friandises glacées au sucre de rose. Tirant une chaise, il vint s’asseoir à côté d’elle et posa le plateau sur une petite table devant eux.

Prenant son verre, le baron tendit l’autre à sa femme et proposa un toast :

A notre amour ?

La réponse que lui avait donné Harnyll n’en était pas une. Nicolaï en était bien conscient. Le baron éludait la question qui lui avait été posée en feignant l’ignorance. Harnyll était très bon menteur. Cela, le jeune seigneur de Dyriet ne pouvait le nier. Le baron savait dissimuler se qui lui trottait dans la tête. Pourtant, comme Harnyll s’était lui-même fait la remarque à plusieurs reprises, Nicolaï était intelligent.

Le baron d’Ysari lui cachait quelque chose. C’était tout à fait certain. Mais Nicolaï ne savait pas à quel point il mentait. Tout se qu’il avait réussi à saisir étant que son suzerain en savait plus que se qu’il voulait bien lui dire.

Harnyll coupa court à la discutions en tapant amicalement sur l’épaule du chevalier. Ce geste fini de conforter Nicolaï dans se qu’il pensait. Harnyll avait des éléments sur Veshork en sa possession et refusait de lui en faire par. Sans doute était-ce plus sage d’ailleurs. Lui-même n’était pas certain de savoir se qu’il ferait s’il apprenait l’endroit où se cachait l’homme qui hantait ses nuits. Le seigneur de Hetalia s’éloigna pour aller échanger quelques mots avec Gregor.

Le jeune homme décida de passer à autre chose. Cette soirée était porteuse de promesses et de multiples possibilités. Des rencontres qui pourraient s’avérer intéressantes.

La baronne, ayant apparemment perdu une partie de son sens de l’équilibre sur la piste de danse percuta Nicolaï. Le jeune chevalier s’excusa, mais sa suzeraine s’était déjà éloignée et il reporta donc son attention sur la conversation de deux nobles.

Pour ça, on pouvait dire que le chevalier était plutôt déçus. Le gratin d’Ysari était présent, mais tout paraissait si vain.

Nicolaï restait toujours à l’écart. Malgré tout, il ne pouvait pas échapper aux jeunes épouses de nobles ventripotent qui voyaient en lui un amant pour la nuit. Le jeune homme détestait cela. Il avait l’impression d’être regardé comme une grosse gourmandise sur patte. Malgré le fait qu’il ait repoussé les avances de plusieurs de ces jeunes femmes, il paraissait toujours y en avoir d’autres qui revenaient à la charge.

Bon sang, pourquoi Aureane n’était-elle pas là ? Nicolaï avait la nette impression qu’il était cerné de toute part par des gens qui ne pensais qu’à trois choses : l’argent, la nourriture et le… oui, enfin bref, vous avez comprit.

« Une danse chevalier ? »

Lorsqu’il leva les yeux vers la jeune femme qui venait de s’approcher de lui, Nicolaï eu un moment d’incrédulité. Il crut voir Aureane dans une longue robe de bal bleu froufroutant. Cette jeune femme aurait parfaitement put être sa sœur. Elles se ressemblaient beaucoup.

Nicolaï eu un moment d’hésitation. La première fois depuis le début de la soirée. Avant cela, il avait toujours prétendu ne pas se sentir bien. Apparemment, la perspective de se faire vomir dessus par leur cavalier avait dérouté la plupart des jeunes femmes qui avaient tenté de l’approcher.

Là, il ne savais plus trop. Peut-être était-ce un léger abus d’alcool de sa part, mais cette jeune femme ressemblait à Aureane de manière troublante.

Nicolaï s’inclina légèrement devant elle dans une référence qui aurait plus convenu à un courtisant qu’à un chevalier.

« Madame. »

Elle lui prit le bras. Tendis qu’il la menait à la piste de danse, elle ne put s’empêcher de lancer aux autres jeunes femme qui avaient échoué dans cette tentative un regard plein de fierté. Nicolaï se sentit plus mal à l’aise. Il avait l’impression d’être une sorte de trophée. Non, décidément, cette jeune femme ne faisait que ressembler à Aureane. Il avait été stupide de penser que c’était une autre Aureane. La jeune bibliothécaire était inimitable.

Cette pensée tira un sourire à Nicolaï.

« Qu’est-ce qui vous fait ainsi sourire seigneur KalonErc’h ? »

« Rien. Un souvenir agréable. Mais je vous en prie, appelez moi simplement Nicolaï. »

La jeune femme sourit alors elle aussi.

« A condition que vous m’appeliez Elisabeth. »

Elisabeth de la Valière, car c’était elle s’amusait comme une petite folle. Elle aimait tellement manipuler les gens qu’elle croisait. Et les hommes. Ah, les hommes. Ils étaient si facile de jouer avec eux qu’elle en avait presque pitié pour le petit seigneur de Dyriet sur lequel elle venait de mettre la main. Les autres gourdes avaient tenté de l’approcher, mais il les avaient toute repoussées. Mais il avait suffit qu’elle arrive et d’un coup, cette colonne de glace si impénétrable durant toute la soirée avait commencé à se fissurer. Elle allait passer une nuit intéressante. D’après les rumeurs qui circulaient sur le sieur KalonErc’h dans la baronnie, il était aussi fougueux dans une lice que dans un lit. On l’avait baptisé le Chevalier à la Gueuse lors du tournoi. Elisabeth s’était fait raconter les évènements qui avaient mené à un tel surnom. De l’avis de tous, la Gueuse avait passé de bons moment en compagnie du chevalier. La danse serait un bon moyen pour savoir si cet amant serait capable de tenir la distance.

Elle fut d’ailleurs relativement impressionnée. Le chevalier était bon danseur et paraissait mettre tout son cœur dans la tâche. Tentait-il de l’impressionner ? De son côté, Nicolaï était de plus en plus perdu. Par moment, il jurerait voir Aureane dans cette robe, par d’autres, s’aurait été tout le contraire. Abandonnant finalement toute tentative pour comprendre se qui se passait dans sa tête, il entreprit de se concentrer uniquement sur les pas de danse.

* * *

Nicolaï poussa la porte de sa chambre. Au final, cette soirée n’avait pas vraiment été très désagréable. Bien qu’elle était loin d’égaler Aureane à ses yeux, la compagnie d’Elisabeth de la Valière n’était pas désagréable. Dommage que la jeune femme ait dut quitter la fête aussi tôt. Mais bon, tant pis.

Pauvre Nicolaï. S’il avait eu la moindre idée de se qui l’attendait.

« Ah enfin. Vous m’avez fait languir chevalier. Un peut plus et je mourais de ne pas vous voir. »

Le jeune homme ne put retenir un léger « gasp ». pas plus qu’il ne parvint à s’empêcher de rougir comme une pivoine.

Dans sa chambre, à demi allongée sur le lit se trouvait Elisabeth. Elle le fixait avec ses grands yeux bleus, jouant avec une mèche de ses cheveux châtins. La simple robe de chambre qu’elle portait dissimulait mal ses formes qu’elle avait apparemment parfaitement apprit à utiliser à bon escient.

« Et bien chevalier, venez me rejoindre, ne soyez pas timide. »

Nicolaï ne bougea pas d’un millimètre, toujours stupéfié par la vision de cette étrange Aureane. toute ses pensées étaient tournés vers son amie restée à Dyriet. Apparemment un peut agacée par l’inaction de son futur amant (de cela, elle ne doutait pas un seul instant), Elisabeth s’approcha de lui jusqu’à se blottir contre son torse. Tirant légèrement la chaîne autour du cou de Nicolaï, elle observa la chevalière avec attention. Ainsi donc, ce petit seigneur était plus riche qu’il ne le semblait. Dans le cas contraire, il ne possèderait pas un tel bijou. Cela pourrait être utile. Elle pouvait très bien être châtelaine de Dyriet. Se ne serait qu’une étape avant de devenir baronne d’Ysari.

« Très jolie chevalière, commenta-t-elle. »

Elle tira un peut plus si la chaîne et se dressa sur la pointe de pieds, déposant un baisé sur les lèvres de Nicolaï.

Ce geste fit comme un déclic dans l’esprit du chevalier. Il repoussa la jeune femme. Non !!! Malgré toute les apparences, elle n’était pas Aureane et ne le serait jamais. Aureane n’aurait jamais fait une chose pareille. Aureane se mordait la lèvre lorsqu’elle estimait parler trop, Aureane rougissait au moindre compliment, Aureane cherchait toujours à bien faire, Aureane aurait été trop timide pour s’approcher de lui au bal.

Le rêve venait de voler en éclat.

« Mais que faite vous donc ? »

« Il semble que vous ayez mal comprit mes actes. Je vous ais accordé une danse. Rien de plus. »

Elisabeth pâlit. Quoi ? Ce misérable cloporte osait la repousser ? Il osait refuser ses avances ? Elle se fit pourtant mielleuse, caressant le jeune homme dans le sens du poil, elle reprit sa place sur le lit.

« Peut-être ai-je mal comprit. Mais nous pouvons trouver un arrangement ? »

Nicolaï secoua la tête le visage fermé. Celui d’Elisabeth se contracta un peut plus. Elle prit une position plus lascive.

« Faite comme bon vous semble, mais je ne quitterais pas votre lit. »

Nicolaï ne mit pas longtemps à prendre une décision. Il récupéra les quelques affaires qu’il avait emporté avec lui et se dirigea vers la porte.

« Que faite vous donc ? »

« J’ai découvert il y a peut le plaisir de dormir dans la paille. Je crois que cela me suffira pour ce soir. Ne vous inquiétez pas. Je vous laisse mon lit. »

Tentant une dernière manœuvre, Elisabeth se redressa.

« Ne suis-je pas attirante ? Que voulez vous donc ? »

Nicolaï marqua un temps d’arrêt.

« Vous êtes attirante. Mais vous n’êtes pas… Aureane. »

Le chevalier quitta la chambre. Elisabeth ne put retenir un cri de dépit. Elle matraqua un moment son oreiller. Elle le détestait. KalonErc’h, maudit soit-il. Quant à l’autre, cette Aureane. Elle cherchait déjà dans son esprit un moyen de la faire souffrir. De les faire souffrir tout les deux. Qui qu’elle soit, cette Aureane était sur son chemin et l’avait mise en échec. Et Elisabeth ne pouvait le supporter. Il faudrait qu’elle trouve un moyen de savoir qui elle était et de l’écarter définitivement de sa route.

J'avais bousculé une personne sans avoir le temps de m'excuser. Ce dernier ne m'en tint pas rigueur outre mesure continuant. Assise sur un fauteuil, je reprenais doucement mes esprits avec l'air frais nocturne. Harnyll vint me rejoindre quelques instants plus tard avec une coupe de vin dans chaque main. Il m'en tendit une et trinqua à notre amour. C'est le sourire aux lèvres que j'acquiesçai. Alors que je trempais mes lèvres dans mon verre, j'observais la piste de danse. J'y vis le chevalier Nicolaï danser avec l'une des soeurs de Denys.
La soirée se finissait et tous les invités regagnèrent leur chambre ou celle de la personne avec laquelle elle désirait passer la nuit. Il est vrai que je n'avais pas vraiment fait attention à tout ce manège des jeunes épousées auprès des chevaliers locaux. En ce qui me concerne, je passerai la nuit dans les bras de mon époux et je n'avais nulle intention d'en avoir d'autres un jour... J'étais une épouse aimante et fidèle.

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