Un garde du corps un peu insolent [ Nyrlae ]

Après plusieurs mois à travailler comme garde du corps principale, le jeune homme avait largement eut le temps se s’amasser une fortune considérable, ce qui lui permettrait de s’installer dans une ville elfique pendant un moment, Les cités humaines étaient loin de l’intéresser, préférant plutôt la tranquillité qui régnait chez les elfes. Son contrat terminé, il se dirigea vers l’énorme duché de Doranovar, réputé pour sa splendeur et la richesse de cette ville. Le voyage avait durée près de deux semaines, mais lorsqu’il franchit finalement le frontière entre le duché de Doranovar et celui de Mera, il se senti finalement comme chez lui. Le jeune homme préférait se trouver près du château, afin d’être au courant des allés et venus de l’armée, même si présentement, la paix régnait dans le royaume. C’était en générale dans les conditions de guerre qu’il pouvait décrocher les contrats les plus payants.

Ses pas le menèrent vers la ville du nom de Jorant. Celle-ci se trouvait en bordure du château, ce qui lui permettrait de mieux savoir en cas d’alerte. Il ne connaissait pas exactement les lois et les coutumes de ce duché, puisque chaque duché avait des lois différentes, mais il se doutait que celles-ci seraient en majorité tournées vers le service militaire et la justice. Il n’avait point à s’en faire de se côté. La journée était déjà avancer, donc il avait préférer s’installer dans une auberge pendant les quelques jours que cela lui prendrais à élire domicile dans la ville. C’était la première fois depuis la mort de ses parents que Galyn osait s’installer de façon permanente dans une ville. Il préférait les lieux où l’on pouvait quitter rapidement pour ainsi être débarrassé des quelconques personnes qui auraient pu remarquer sa présence.

Trouver l’endroit où loger en permanence lui prit quelques semaines, mais lorsqu’il fut satisfait de l’endroit, il s’y installa dès le lendemain, histoire de s’installer confortablement. Lors d’une journée particulièrement humide et nuageuse, le jeune homme sorti, cape sur les épaules, afin de pouvoir aller se rassasier dans une petite taverne se trouvant non loin de la place principale. Il prit place dans un coin à l’écart du reste de la clientèle, n’aimait pas se mêler aux conversations. Alors qu’il entamait finalement son repas, un petit ragoût de légume avec quelques pièces de viande, un homme d’une corpulence assez musclé pour un elfe, vint prendre place devant lui avec un large sourire. Croyant d’abord que l’homme avait fait erreur en prenant place face à lui, Galyn releva les yeux vers lui avec un manque flagrant de courtoisie et d’émotion. L’homme ne se démonta pas pour autant et daigna finalement se présenter au garde du corps.

- Tu es Galyn si je me souviens bien! Je suis Conrad! Nous nous sommes rencontré lorsque tu travaillais dans les terres du duché d’Ardamir.

Fronçant légèrement les sourcils, le jeune homme hocha vaguement la tête, ne se souvenant pas exactement de quel homme il s’agissait. Il n’avait pas tendance à fraterniser avec les autres elfes, donc de là à ce souvenir d’un visage aussi peu connu, il ne saurait dire. Mais s’il prêtait réellement attention, le visage pouvait lui rappeler quelques vagues souvenirs. Il donna toujours l’air de totale indifférence qui le caractérisait bien, il vit l’homme se lever et replacer rapidement ses vêtements. À n’en juger par ceux-ci, Galyn pouvait voir qu’il appartenait à la garde du château. Conrad le regarda un moment et fit part de ses intentions au jeune homme.

- Si tu veux venir t’entraîner avec la garde du château, histoire de te maintenir en forme, il y aura toujours une place pour toi!

L’elfe hocha la tête en signe de remerciement et regarda Conrad quitter les lieux accompagné d’autres gardes. C’était vrai qu’il n’avait toujours pas trouvé d’endroit pour s’entraîner à l’arc et cela lui déplaisait beaucoup. Il ne voulait pas perdre ses habilités à tiré et dieu seul savait que si quelqu’un arrêtais de pratiquer son métier pendant une longue période de temps, la période de réadaptation allait être longue. Finissant son repas, le jeune homme se dirigea vers sa demeure, une énorme averse de pluie se déversait alors sur les terres de Daranovar.

Le lendemain matin, le jeune homme se leva à l’aurore et choisit d’accepter la proposition de Conrad. Il se prépara donc, enfila une tenue plutôt simple, un pantalon et une chemise de soi, puis déposa sa cape sur ses épaules avant de se diriger vers l’endroit que lui avait indiqué le garde la veille. Il y avait déjà plusieurs archer qui s’afférait à l’entraînement, ne voyant Conrad nulle part, le jeune homme se dirigea vers la cible situer le plus loin des autres, histoire de ne pas gêner les garde du château. Il arma son arc et commença à tirer de façon précise et calculer, mesurant toujours sa force avant de tirer. Il devait vérifier chaque flèches afin d’être sûr que celles-ci n’allaient pas être défectueuses au tirer. Lorsqu’il prit la dernière flèche de son carquois, il attendit que le signal soit donné avant d’aller chercher ses flèches. Cette mesure était primordiale, afin que personne ne sois blesser inutilement lors de l’entraînement. Le signal fut finalement donner, permettant ainsi à tous les archers d’aller récupérer leurs flèches.

Une heure déjà c’était écouler depuis le début de l’entraînement, Conrad avait prit place près de Galyn, mais à quelques cibles plus loin. Le jeune homme ne c’était pas formaliser de la distance qu’il avait prit, préférant mieux cela à la proximité de la veille. Il restait encore une cible disponible plus loin, mais celle-ci fut rapidement occuper par une elfe très habile à tire à l’arc. Le garde du corps observa la posture de la jeune femme, essayant de voir comment elle se débrouillait au tir à l’arc. Il n'était rare de voir des femmes dans les métiers militaires, du moins chez les elfes. Chez les humains le phénomène était beaucoup plus rare. Encochant une flèche, il tourna légèrement son angle et visa la cible de la jeune femme. Il voulait voir comment celle-ci réagirait à voir un homme prendre ainsi sa cible, l'expérience aurait peut-être quelque chose d'amusant, même pour quelqu'un en retrait comme Galyn. Relâchant sa prise sur sa flèche, celle-ci siffla dans l’air et vint se loger au centre de celle qui occupait déjà le centre de la cible. Avec un demi-sourire à peine perceptible, le jeune homme encocha une nouvelle flèche et visa sa cible. Il voulait absolument voir si la demoiselle avait l’étoffe de faire une guerrière et quoi de mieux que de prendre sa cible de force.

Les autres archers n’avaient pas semblé porter plus d’attention à son geste que si sa aurait été un simple archer. Conservant son calme habituelle, le jeune elfe ne laissa rien paraître sur son visage.

Cela ne faisait que quelques jours que Nyrlae avait retrouvé Daranovar. Elle avait pourtant l’impression d’avoir quitté son père et sa sœur depuis une éternité. Bien qu’elle ne le montre pas et refuse de le reconnaître même vis-à-vis d’elle-même, ils lui manquaient. Elle avait dû prendre en main les affaires de son père qui à présent étaient sous sa responsabilité. L’étendue du travail qu’elle avait à effectuer la laissait quelque peu désemparée mais elle s’était malgré tout attelée à la tâche avec sérieux. Seulement, elle ne pouvait pas passer son temps les yeux sur des documents, il lui fallait aussi se changer les idées sans quoi elle finirait par craquer. La jeune femme se connaissait : elle avait besoin de se défouler. Pour cela, quoi de mieux que l’archerie qui lui permettait d’y parvenir tout en l’apaisant ? Après une bonne séance, nul doute qu’elle aurait à nouveau l’esprit reposé et qu’elle serait prête à se remettre au travail.

Ce matin là, à l'aube, Nyrlae opta donc pour une robe aux tons bleus, à la coupe particulièrement simple et aux manches près du corps, lui permettant d’être à l’aise pour tirer. Ce n’était pas parce qu’elle était Dame Protectrice qu’elle devait sans cesse être en tenue d’apparat ! Fort heureusement, sans quoi cela l’aurait vite agacé. Elle natta ses longs cheveux seule, renvoyant la suivante qui se proposait de l’y aider. Et puis non, elle ne voulait pas non plus qu’on l’accompagne jusqu’aux cibles. Par les Cinq ! Ne pouvait-elle pas être un peu tranquille pour des activités aussi simples que celles-là ? Elle finit par aller chercher son arc et son carquois rempli de flèches à l’empennage bleu et vert et sortit à l’extérieur. Il était encore tôt, mais il faisait déjà beau et la légère brise qui soufflait ne devrait même pas la gêner… Un temps idéal pour lui changer les idées avant de commencer une dure journée de travail à jongler avec la paperasse.

La jeune femme savait parfaitement où s’entrainer : il y avait un endroit un peu à l’écart des autres, délimité par une haute haie, bien pourvu en cibles de toute sorte, qui lui permettrait d’être seule et malgré tout en sécurité. Seule, évidemment, car les soldats qui s’entrainaient parfois là avaient depuis longtemps pris le parti de les laisser en paix, sa mère et elle. A présent qu’Elycia n’était plus là, sa fille bénéficiait toujours du même avantage. De toute façon, depuis que Nyrlae était rentrée, elle avait remarqué que son nouveau statut avait encore changé la façon de se comporter des gens : ils ne lui adressaient déjà pas souvent la parole autrement que pour des salutations d’usage avant, mais alors là, c’était devenu encore pire. On aurait cru qu’elle risquait de les envoyer à l’échafaud pour son simple plaisir. Ce n’était peut-être pas exact, peut-être était-elle juste un peu trop renfermée, mais c’était ainsi qu’elle le ressentait : elle se sentait seule.

Nyrlae arriva au pas de tir et choisit une des cibles libres sans même accorder un regard à qui que ce soit. De toute manière, d’ici quelques minutes, les autres archers auraient vidé les lieux pour s’entrainer plus loin. Elle banda son arc en voyant du coin de l’œil les premiers départs. En prenant une flèche dans le carquois accroché à sa taille, elle ne put que regretter l’absence d’Elycia : avec elle, elle aurait pu discuter, parler de tout et de rien ou au contraire critiquer sa façon de tirer pour s’améliorer. Là, elle ne pouvait que se fier à sa propre exigence. Elle avait bien tenté d’entrainer Elya dans cette activité, mais sa jeune sœur ne s’y était pas intéressé plus d’une ou deux séances et encore, c’était juste pour faire plaisir à son aînée… Nyrlae s’entrainait donc seule depuis la disparition de sa mère et avait transformé ces séances en instants de méditation bienvenus.

La première flèche fut lente à être tirée. La jeune femme cherchait avant tout à se détendre, à bien se positionner. Le but était d’adopter une posture parfaite sans se presser et sans crispation. Elle ferma les yeux, inspira, indifférente à ce qui l’entourait. Quand elle rouvrit les yeux, relâcha enfin ses doigts, la flèche fila, allant se planter au centre. Pas de quoi se vanter, étant donné le temps excessivement long qu’elle avait pris pour se placer, armer, puis tirer. Mais son objectif était atteint : elle était à présent parfaitement détendue. Elle enchaina donc, raccourcissant peu à peu le temps entre chaque flèche. Chacune alla se planter à l’endroit qu’elle souhaitait, formant peu à peu une figure géométrique sur la cible. Pour un observateur extérieur, elle avait presque l’air de ne pas être très douée, mais si on regardait bien, on voyait peu à peu un quadrillage se former. C’était bien mieux que de s’obstiner à viser le centre, ce qui l’aurait forcée à viser ses propres flèches. Elle avait mis suffisamment de temps à les fabriquer pour ne pas avoir envie de les abimer.

Nyrlae allait enchainer une seconde volée lorsqu’elle s’aperçut qu’elle n’était toujours pas seule. Habituellement, on la laissait tranquille dans les minutes suivant son arrivée, or, là, ce n’était pas le cas. Un autre archer continuait à s’entrainer, quelques cibles plus loin. Quelque peu agaçant pour la jeune femme qui souhaitait être seule et qui craignait, surtout, qu’il donne l’exemple aux autres. Peut-être était-il un peu long à comprendre ? Elle lui accorda le bénéfice du doute après lui avait jeté un coup d’œil à la dérobée alors qu’il était occupé à tirer. Elle ne se souvenait pas l’avoir jamais vu et cela faisait pourtant plus de 400ans qu’elle venait s’entrainer ici... mais elle ne pouvait pas connaitre tout le monde, évidemment. Nouvelle recrue ? Il n’avait pas l’équipement militaire, mais il était loin d’être le seul ici… Ses camarades auraient été bien avisés de lui faire remarquer qu’il aurait mieux fait de céder le terrain.

Se désintéressant de lui pour encore quelques minutes, Nyrlae tira à nouveau, achevant son quadrillage parfaitement régulier et s’apprêta à aller chercher ses flèches, indifférente à un quelconque signal : elle était habituée à tirer seule et avec sa mère elles n’avaient jamais eu besoin de se mettre d’accord, elles se faisaient suffisamment confiance. Sauf que la jeune femme n’eut pas même le temps d’esquisser un geste vers sa cible, l’inconnu sembla atteint d’un soudain défaut de visée. Si sur le coup, Nyrlae songea à une erreur, il ne lui fallut pas plus d’une fraction de seconde pour se dire que ce ne pouvait être le cas tant le tir était précis. Se serait-il amusé à la narguer ? La raison, elle s’en moquait, au fond, mais il était hors de question de laisser passer. La réponse ne se fit pas attendre et elle ne lui avait même pas accordé un regard qu’elle lui tirait une flèche entre les deux pieds sans autre forme de procès.

Elle attendit que le jeune homme la regarde pour hausser les sourcils, impassible :

" Oh. Il semblerait que le vent soit traitre ce matin. "

Puis se détournant, elle alla chercher ses flèches restées sur la cible, lançant tout en marchant, sans se retourner :

" A votre place je ne tenterais pas le Diable une seconde fois et j’en profiterais pour aller voir s’il reste de la place sur les autres couloirs de tir, ce dont je ne doute pas une seconde. "

Il n’y avait pas trace de colère dans sa voix, juste un calme calculé qui laissait présager qu’il s’agissait d’un bon conseil à suivre rapidement. Elle retira l’ensemble des flèches sans se presser, mit les siennes dans son carquois et revint en observant celle de l’inconnue.

" Elle a pourtant l’air bien équilibrée. " remarqua-t-elle en la lui tendant.

Son visage était fermé et sans trace de sourire, mais il y avait de quoi se demander si elle était sérieuse ou si elle se moquait de lui. Elle le regardait dans les yeux, sans avoir l’air d’être gênée ou même surprise de son étrange regard blanc. Elle lui tendit enfin sa propre flèche, éclatée au niveau de la pointe pour avoir été touchée et poursuivit, toujours calmement, mais sur un ton qui n'envisageait pas qu'on proteste :

" Et vous me devez une flèche d'aussi bonne facture. "

C'était plus un principe qu'une réelle nécessité étant donné qu'elle était loin d'être en manque de matériel. Mais quand on abimait les affaires des autres, sciemment en plus, on réparait, c'était la moindre des choses. Nyrlae avait des idées bien arrêtées sur la question, d'autant que quand on fait ses flèches soit même on apprécie assez peu de les voir réduites à néant sans bonne raison.

Le jeune homme avait remarqué pendant son léger coup d’œil vers l’archère, que celle-ci savait parfaitement manier le tir à l’arc. De ce côté, on ne pouvait pas nier le fait. Puisqu’il ne savait pas que les deux corridors du fond étaient réservés, il continua de tirer habilement en centre de la cible, prenant soin de ne pas tirer sur les autres flèches. Il avait beau avoir les moyens et les talents pour s’en fabriquer de nouvelle, il n’avait pas l’intention de briser des flèches inutilement. Le jeune homme c’était désintéresser de sa cible, lorsqu’il vit le quadrilatère parfais de la jeune femme qui occupais le centre de sa cible. Il aurait presque été impressionné par la forme, s’il avait eu un quelque intérêt à l’être. L’archère semblait habituer d’aller chercher ses flèches sans aucun signal, fronçait les sourcils, le garde du corps choisi de voir sa réaction si une flèche perdu se dirigeait vers l’endroit où elle était. Lorsque la flèche vint se figer dans la cible, au centre de la flèche de la dame, il vit l’air complètement indifférent de celle-ci.

N’importe qui aurait pu être surpris par un tire provenant d’un autre archer, mais celle-ci n’avait même pas acquiescé un mouvement de recule. Plutôt impressionnant. Reprenant rapidement la posture initiale, le jeune homme ne prêta aucune attention à la flèche qui venait de se ficher à ses pieds, préférant décocher celle qu’il venait d’armer sur son arc. La flèche siffla avant d’aller se ficher au centre de la cible. Les elfes avaient une capacité de perception beaucoup plus développer des humains, ce qui leurs permettaient de voir plus loin et plus distinctement. Cela faisait d’eux des archers hors pairs lorsqu’ils s’entraînaient sérieusement. Lorsqu’il eu terminé son carquois, il abandonna la posture en tournant un regard fermer vers la jeune femme qui semblait patienter avoir de capter toute son attention et bien lui faire comprendre le message.

" Oh. Il semblerait que le vent soit traître ce matin. "

La remarque aurait pu être prit avec humour, mais le jeune homme se contenta de garder l’air neutre qu’il adoptait depuis le début. Alla chercher ses flèches au même moment de la jeune femme, il commença à retira ses flèches lorsque la voix de l’archère s’éleva de nouveau. La remarque semblait plutôt une directive à suivre par quiconque oserait s’y opposer. Seulement, le jeune homme ne faisait pas partie de la garde du palais et comme le corridor où il était entrain de s’entraîner depuis l’aube était toujours libre, pourquoi ne pourrait-il pas continuer à s’y entraîner. La réalité était qu’il ignorait qu’une nouvelle dame protectrice était entré en fonction dans les mûrs de la cité, donc il était loin de se douter que celle-ci sois justement la femme qu’il s’entêtait à vouloir voir sortir de ses gonds.

- Certes, seulement la cible que j’ai choisi n’as toujours pas prit preneur, donc pourquoi ne pourrais-je pas l’utiliser?

Le jeune homme n’avait pas dit cette remarque avec animosité. Le fait simple, il ne voyait aucun autre archer qui voulait utiliser le couloir de tir qu’il avait choisit et il ne voyait personne qui s’était protester contre le fait qu’il prenne cette cible, mis à part cette femme. Il venait de retirer la dernière flèche de la cible, puis revint au même niveau de la jeune femme. Le jeune homme hocha vaguement la tête afin de remercier la demoiselle de bien vouloir lui rendre sa flèche, sachant qu’elle aurait bien pu la briser sous le coup de la colère, surtout qu’il avait osé briser l’une de ses flèches sans aucune raison.

L’elfe ne cherchait pas à comprendre ce qu’elle désirait vraiment et rien dans sa façon d’agir ne montrait qu’il voulait le savoir. Le jeune homme soutient le regard azur de la demoiselle, se sentant loin d’être troubler par la profondeur de son regard. Il s’appuya un moment sur son arc, ne la quittant pas des yeux, plutôt surprit qu’elle ne réagisse pas face à ses yeux fantomatique. Seulement, sur son regard restais toujours l’air impassible, presque désintéressé par l’archère. Galyn prit la flèche qu’elle lui tendit, observant la structure de celle-ci. Elle avait été conçue afin d’être aérodynamique, permettant ainsi à la flèche de parcourir une longue distance sur de grand champs dégager.

" Et vous me devez une flèche d'aussi bonne facture. "

- Est-ce que je peux la tailler moi-même où cela doit provenir du meilleur artisan?

Le jeune homme observait toujours la flèche, puis releva les yeux vers ceux de la demoiselle afin d’attendre sa répondre. Parfois, les elfes préféraient faire confiance à un artisan de renommer, plutôt qu’a un elfe qui fabriquait lui-même ses flèches. Entendant des pas fouler l’herbe derrière lui, le jeune homme tourna lentement la tête vers l’homme à qui appartenaient ses pas. Il ne fut pas tellement surprit de voir la stature de Conrad qui s’approchait à grand pas vers le jeune homme. Il semblait un peu mal à l’aise vis-à-vis de l’archère qui se trouvait devant le jeune homme. Il fit une légère révérence devant la dame avant de prendre la parole.

- Je vous dois milles excuses, milady. Je n’avais pas prévenu Galyn que cette espace était réservée à vous et à votre mère. Veillez m’excusez, je vous pris.

Galyn regarda Conrad d’un air plutôt perplexe. Pourquoi faisait-il autant de révérence devant une demoiselle de la trempe de Nyrlae. De plus, il ne comprenait pas pourquoi celle-ci ne l’avait pas déjà fait renvoyer et chasser de la ville ou pire encore, qu’elle ne l’aille pas envoyer à l’échafaud pour avoir été aussi impoli. Il ne savait pas quel grade occupais l’archère, mais elle devait occuper un poste important si un homme de la garde se pliait à ses exigences. Maintenant, il ne restait plus qu’a la laisser se présenter en bonne et dû forme. Si elle désirait toujours qu’il se trouve en sa présence. Il comprendrait que cela puisse ne plus être le cas, mais il savait à quel point cela pouvait être difficile d’être un personnage influent parmi les elfes.

" Certes, seulement la cible que j’ai choisie n’a toujours pas pris preneur, donc pourquoi ne pourrais-je pas l’utiliser ? "

Nyrlae resta de marbre, fidèle à elle-même, mais soupira intérieurement : il était stupide ou le faisait exprès ? Il n'avait pas pu ne pas remarquer que tout les autres étaient partis. Ou alors... il s'en moquait, ni plus ni moins, il voulait comprendre la raison de cette désertion par lui-même. Si la jeune femme voulait bien être honnête deux minutes, elle devait reconnaitre que si les rôles avaient été inversés, elle aurait fait de même. Oui, seulement les rôles n'étaient pas inversés et l'elfe commençait à lui casser les pieds. Elle était venue pour se détendre, pas pour engager un rapport de force avec le premier soldat venu. D'ailleurs, était-il seulement soldat, ce petit malin ? Elle n'avait pas été sans remarquer son absence de sursaut quand elle avait tiré à ses pieds, preuve qu'il se maîtrisait. Il était plutôt doué en archerie, aussi... Mais il lui semblait qu'un soldat, surtout une recrue, aurait fait un peu plus attention à ce qui risquait de lui arriver s'il trainait où il ne fallait pas.

Elle avait choisi d'ignorer la question, se demandant combien de temps il lui faudrait pour réaliser tout seul qu'il aurait mieux fait de suivre son conseil. Et puis, avant de lui faire comprendre définitivement qu'elle ne lui laissait pas le choix, elle voulait régler le problème de sa flèche. Nyrlae accordait beaucoup d'importance à son matériel.

" Est-ce que je peux la tailler moi-même où cela doit provenir du meilleur artisan ? "

La jeune femme haussa légèrement les épaules, répondant simplement :

" A vous de voir comment vous jugez votre travail. Vous avez un modèle, faites comme bon vous semble, pour ma part, je ne jugerai que le résultat. "

Résultat qui avait plutôt intérêt à être satisfaisant. Elle était exigeante, elle ne s'en cachait pas, mais elle estimait que c'était le seul moyen de se perfectionner. Elle jeta un coup d'œil interrogateur au soldat qui approchait, écoutant ses explications sans sourciller. Pourtant, la mention de sa mère lui fit un pincement au cœur... elle préféra ne pas s'y attarder et hocha brièvement la tête :

" Bien, maintenant que c'est chose faite, j'ose espérer que cela ne se reproduira plus. "

C'était le moins qu'on puisse dire et d'ailleurs, elle se détournait déjà, estimant que la question était réglée. Elle voulait bien se montrer conciliante - ben oui, quoi, elle s'était bel et bien montrée conciliante - une première fois, mais s'il recommençait ce petit jeu, il risquait de la voir viser son pied la fois suivante : sa patience avait des limites. Étant donné la tête du dénommé Galyn, ce dernier ne savait vraiment pas à qui il avait affaire. Elle n'allait pas le lui apprendre, cela dit, user de son titre pour obtenir ce qu'elle voulait lui avait toujours déplu. Enfin, s'il fallait cela pour être tranquille... Elle pouvait tout à fait faire fermer ce coin d'entrainement pour se le réserver, mais sa mère et elle avaient toujours jugé qu'en leur absence, il était logique qu'il puisse servir à d'autres. Ceux qui venaient s'entrainer là le savaient et leur cédaient la place pour les laisser seules quand elles arrivaient. Le système fonctionnait depuis longtemps, il aurait été dommage qu'il soit tout à coup modifié parce qu'un petit malin avait soudain décidé de jouer au plus fin.

Estimant donc le souci réglé, elle s'éloigna à nouveau vers sa cible, se retourna pourtant vers Galyn une dernière fois :

" Demain, même heure, avec ma flèche. "

Elle lui laissait la journée pour se débrouiller, en somme. La discussion état close et s'il n'avait pas encore compris, il fallait espérer que son ami lui explique rapidement avant qu'elle ne décide de s'en charger elle-même. Nyrlae se positionnait déjà à nouveau, fermant les yeux pour se concentrer, comme elle l'avait fait la première fois. Puis elle reprit l'entrainement sans plus attendre.

***

Le lendemain, la jeune femme arriva comme prévu à l'heure dite. Ni en avance, ni en retard, la ponctualité était une qualité qu'elle refusait de laisser de côté. Elle s'était à nouveau habillée pour tirer, n'envisageant pas de faire le déplacement jusque là simplement pour récupérer une flèche. Il y avait du monde et il était hors de question qu'elle attende l'elfe ou qu'elle le cherche partout, aussi, elle s'installa et se mit à tirer tranquillement, alors que les lieux se vidaient peu à peu. Il avait bien réussi à se faire remarquer une fois, elle doutait qu'il se montre trop timide pour lui signaler qu'il était arrivé. A moins que son ami lui ai signalé qui elle était, et qu'il ne soit devenu comme tant d'autres, incapable d'aligner trois mots en sa présence sans les noyer sous quantité de formules de politesse embarrassées. Et s'il ne venait pas ? se demanda-t-elle. Hum... eh bien elle en serait quitte pour une flèche de perdue, elle s'en remettrait, mais alors il valait mieux qu'il ne recroise pas son chemin.

Le jeune homme n’attendait pas une réponse à sa question, puisque la réponse ne lui importait pas réellement. Si elle lui avait demandé de changer de cible et que celle-ci était libre la plupart du temps, c’était forcément pour une raison bien précise. Une raison qu’elle et les autres archers savaient. Il restait désormais à régler la question de la flèche. Il était capable de reproduire une flèche semblable, seulement, il ne croyait pas que la jeune femme allait exiger qu’il lui en refasse une. La plupart des elfes avaient assez de flèches pour en briser quelques unes, mais il fallait éviter de les briser, de préférence. Sinon le coût serait beaucoup trop élever pour construire de nouvelles flèches pour autant d’archer.

L’archer fut rassuré lorsque la dame lui dit que le remboursement de la flèche lui importait peu. Une flèche de cette qualité pourrais facilement lui coûter quelques pièces d’or et il n’était pas près de dépenser une somme aussi grande pour une flèche briser, surtout lorsqu’il était capable d’en refaire une lui-même et avec la même qualité. Lorsque Conrad s’était approcher vers eux, le jeune homme n’avait en rien changé son expression lorsque celui-ci c’était excuser auprès de l’archère. Si elle était une dame importante, Galyn n’avait pas l’air de s’en formaliser pour autant. Certes, il devrait se montrer d’avantage courtois à l’avenir, mais l’erreur avait déjà été commise et il savait que rare était ceux qui pouvait se racheter dans la même journée. Les elfes étaient loin d’être des idiots et si cette femme était aussi importante qu’elle semblait l’être, elle devait être encore moins idiote que ses gardes.

Il suivit du regard la silhouette de la dame s’éloigner, puis se tourna vers Conrad avec un froncement de sourcil. Pour le peu de gens qui avait fréquenté Galyn pendant assez longtemps, il devait savoir qu’un froncement de sourcil dans ce genre, exigeait un minimum d’explication. Le garde semblait hésiter, mais voyant que le jeune homme attendait toujours après des explications, il se décida finalement à parler.

- Je sais que j’aurais dû t’en parler avant, seulement, hier nous nous sommes croiser rapidement. La dame à qui tu as parlé, est nulle autre que la dame protectrice du village, dame Nyrlae.

Galyn le regarda en adopta un air neutre, comme si le titre de la jeune femme ne l’impressionnait pas. Ce qui l’impressionnait d’avantage, c’était le fait qu’elle n’utilise en rien son titre afin d’obtenir ce qu’elle veut. C’était plutôt rare de trouver des nobles avec cette façon de penser. Il se mit à marcher en direction opposé de la demoiselle, accompagné de Conrad et dirigea vers l’entrée du camp de tire.

- Si tu veux revenir un autre jour, nous pourrions s’entraîner au combat la prochaine fois…

Hochant vaguement la tête, Galyn prit le chemin du marcher afin d’aller acheter le matériel nécessaire à la construction de flèche. Il devait d’abord se procurer de l’argile, afin de pouvoir faire un moule suffisamment résistant pour couler le fer fondue et ainsi fabriquer la pointe des flèches. Ensuite, il alla acheter des plumes, puis du bois assez résistant pour faire le reste de la flèche. Revenant chez lui peu avant le coucher du soleil, il s’attela immédiatement à la tâche. Premièrement, il commença par faire un moule avec l’argile moue, puis la mis de côté afin que celle-ci durcisse suffisamment pour travailler les pointes de flèches. Par la suite, il coupa de fin morceaux de bois, puis vint les travailler plus finement avec un couteau aiguisé. Lorsque cela fut fait, il revint vers l’argile durci, puis coula lentement le métal qu’il avait préchauffé à l’avance dans un énorme chaudron. Malgré ce que les gens pouvaient penser, la chaleur provoquée par le feu était assez élever pour faire fondre le métal et ainsi pouvoir le rendre liquide et malléable. Il en coula une bonne trentaine et les mis de côté en sachant parfaitement que le métal prendrais plusieurs heures avant de prendre forme. Comme dernière étapes, il vint placer les plumes dans les petites encoches qu’il avait faites à la base de la flèche. Il ne restait qu’a placé les pointes, mais il devrait attendre le lendemain matin.

Il avait passer une bonne partie de la soirée à confectionner les flèches, si bien que, lorsqu’il se coucha, le soleil était sur le point de montrer le bout de son nez. Seulement, il était habituer de dormir peu lors des nuits qu’il était garde, donc il se réveilla un peu après l’aube et s’attela à fixer les pointes de flèches au bout des morceaux de bois, constituant ainsi une bonne trentaine de flèches neuves. Il savait que la dame de la veille ne lui avait pas demandé d’en faire autant, mais il préférait travailler pour plusieurs flèches plutôt qu’une seule. Satisfait de son travail, il alla rapidement se nettoyer dans la salle d’eau, puis enfila des vêtements propres. Il devait tout de même se montrer présentable devant la jeune femme.

Finalement près, il ne prit pas son arc, mais glissa tout de même ses dagues dans les fourreaux placé dans le bas de son dos, puis les cacha grâce à sa cape. Prenant le carquois rempli de flèches qu’il avait terminé le matin même, il prit la route vers le camp d’entraînement des miliciens de la cité. Son regard se promenait de gens en gens, sans la moindre expression, c’était à ce demandé pourquoi il les regardaient ainsi. Arriver au champ de tire, il se dirigea immédiatement vers le lieu de la veilla, sachant désormais que c’était l’endroit de tire de la dame protectrice. Il n’avait pas l’habitude d’arriver en retard, mais il ne fut pas surpris de la voir déjà s’exercer au tir. Le jeune homme s’arrêta quelques pas derrière elle, ne voulant pas la déranger pendant qu’elle terminait de vider son carquois. Lorsque celle-ci s’intéressa finalement à lui, le jeune homme planta son regard dans le sien en lui tendant le carquois plein de nouvelle flèche.

- J’espère que celle-ci vous conviendrons, Milady.

Le ton était neutre, mais tout de même emprunt d’un respect calculer. Il n’avait jamais quitté l’azur des yeux de la demoiselle, preuve qu’il se laissait rarement intimidé par un titre de noblesse. C’était à ce demander s’il tenait vraiment à la vie ou simplement qu’il était insolent envers tout noble des régions elfique. Si on prenait réellement le temps d’observer les flèches, on pouvait voir que le garde du corps les avait munie de petite pointe acérer au niveau de la pointe afin que les dommages, causer par l’entrée de la flèche dans le corps, soient beaucoup plus important. Lorsque l’entretien fut finalement terminer, il reprit la route vers le village afin de se détendre un peu.

**

Plusieurs jours déjà s’étaient écoulés depuis la dernière visite de Galyn au camp d’entraînement. Il avait choisit de délaisser un peu l’entraînement afin de mieux explorer la ville et connaître tout les facettes de celle-ci. Bien sûr, il n’avait pas réussi à tout visiter, mais l’ensemble lui plaisait de plus en plus. Lorsque l’aube se leva sur un nouveau jour, il décida finalement de se remettre à l’entraînement. Il prépara donc son équipement et se dirigea vers l’endroit où les gardes combattaient. Il ne voulait plus pratiquer le tire à l’arc, mais plutôt le corps à corps. Il remarqua finalement Conrad parmi les soldats, orientant ses pas vers le garde, il arrêta non lui de celui-ci. Le garde en question leva un regard vers Galyn, puis attendit qu’il se prépare afin d’amorcer le combat.

Le jeune homme enfila pour commencer une petite cuirasse de cuire ouverte où les bras, lui permettant ainsi des mouvements fluides et rapide. Il mit ensuite des bracelets au niveau des poignets et avant bras, prenant soin de bien les lacer afin qu’il ne puisse pas bouger. Il vérifia que ses dagues étaient bien en place, puis détacha finalement sa cape en la déposant sur une branche base. Il était prêt à combattre. Lentement, il vint se placer devant Conrad, puis planta son regard fantomatique dans le sien, se mettant en position de défense. Il attaquait rarement le premier, sa donnais un certain désavantage lorsqu’il était temps de se remettre en position d’attaque. Le coup parti, la riposte était beaucoup plus facile. Conrad commençait à s’échauffer, choisissantune feinte par la droite, celui-ci donna un coup rapide sur le flanc droit de Galyn. Mettant son bras pour bloquer le coup, le garde du corps assena un violant coup de genou dans les côtes de Conrad.

Le combat était finalement amorcer. Se remettant en position de défense, Galyn resta de marbre en voyant son « ami » commencer à faire de grand cercle autour de lui. Il restait concentrer, les oreilles à l’affût du moindre petit mouvement qui pourrait provenir de Conrad. Dans ses nombreuses années d’expérience, il avait apprit que les yeux pouvaient parfois être traître, préférant plutôt se fier à ses oreilles afin de prévenir un mouvement de l’ennemi. Conrad enchaîna une suite de coup rapide sur le jeune homme, essayant de le prendre par derrière, seulement, Galyn se pencha au bon moment, puis empoigna la taille de Conrad avant de le plaquer au sol, dague contre la gorge. Il avait arrêté son geste de façon calculé afin de ne pas blesser l’autre homme. Le combat avait été de courte durer, mais plutôt vivifiant pour le jeune homme. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était pas entraîner au corps à corps. Retirant sa dague du coup de l’homme, il la remit dans son fourreau en voyant la dame protectrice approcher. Il ne savait pas si elle avait assisté au combat, mais il savait que l’entraînement était loin d’être terminé.

Après son entrainement, Nyrlae retourna travailler et oublia rapidement l'incident. Elle aurait bien le temps d'y repenser le lendemain matin quand elle irait récupérer à nouveau sa flèche. Une fois arrivée, elle n'eut pas à attendre bien longtemps pour que le jeune homme se montre, patientant à quelques pas. Elle termina sa volée, alla chercher ses flèches et se dirigea vers lui, le saluant d'un léger signe de tête.

" J’espère que celles-ci vous conviendront, Milady, " annonça-t-il alors qu'elle soutenait son étrange regard blanc.

Elle l'espérait aussi, dans le cas contraire, elle ne se priverait pas de le lui faire savoir. Examinant les flèches sans plus tarder, elle en prit une, la soupesa, se focalisa finalement plus précisément sur la pointe. Un moment de réflexion, puis elle reprit son arc et tira. Le trait se plantant au cœur de la cible, elle alla le chercher, l'examina à nouveau pour déceler un éventuel défaut à l'impact. Lorsqu'elle revint, elle avait un air toujours aussi neutre quoique légèrement satisfait. De fait, elle l'était, c'était du bon travail. Cependant...

" Ce n'est pas exactement ce que j'avais demandé. Mais c'est intéressant, je la garde donc. "

Elle se contenterait de celle qu'elle avait testé, elle n'en demandait pas plus. A voir les habits de Galyn, il n'était pas spécialement fortuné et quelque soit la provenance de ces flèches, il pourrait en tirer un bon prix ou les utiliser lui-même s'il le souhaitait.

" Est-ce votre travail ? "

C'était plus de la curiosité qu'autre chose, étant donné qu'elle ne commandait jamais de flèches à qui que ce soit, se les fabriquant elle-même. Mais elle aimait être au courant de ce qui pouvait se faire ailleurs. Elle le laissa répondre puis le congédia, retournant à son entrainement.

***

Quelques jours s'écoulèrent pendant lesquels il ne fut plus question d'entrainement. La paperasse avait gagné la bataille, mais Nyrlae ne comptait pas se déclarer vaincue et était décidée à remporter la guerre contre les montagnes de parchemin qui menaçaient de l'engloutir. Il n'était pas question de passer ses journées derrière son bureau ou en discussions sérieuses ou, pire encore, en bavardages saupoudrés de flatteries et autres politesses. Car si elle semblait à l'aise quand il s'agissait de recevoir poliment les uns et les autres, cela l'énervait intérieurement au plus haut point. C'était nécessaire et elle l'acceptait, prenant son nouveau rôle de Dame Protectrice à cœur et avec sérieux, mais plus les jours passaient, plus elle sentait que si elle continuait à ce rythme, elle ne tiendrait plus longtemps.

Ainsi donc, un beau matin ensoleillé, la jeune femme décida de s'offrir une petite promenade en forêt. Sauf qu'elle ne pouvait pas sortir seule : même en ne jouant pas les paranoïaques et en admettant que les environs soient bien surveillées quant aux éventuels intrus qui auraient pu s'y trouver, restaient quelques animaux sauvages peu sympathiques qu'elle n'avait pas très envie de croiser en étant seule. L'ennui, dans tout cela, c'était qu'elle avait omis un petit détail : elle n'avait pas de garde du corps sous la main. Enfin, il y en avait bien eu, mais elle ne se souvenait pas s'en être jamais préoccupé. Soit elle ne quittait pas l'enceinte du domaine, soit elle sortait en forêt tirer avec sa mère et dans ce cas c'était cette dernière qui se préoccupait de ce genre de détail.

Qu'à cela ne tienne, il y avait forcément un brave garde du corps ou deux qui trainaient dans le coin qui allait pouvoir l'accompagner en forêt ? Euh... eh bien non, comprit-elle assez vite à son grand désarrois. Ayant l'esprit pratique, elle n'était pas habituée à demander l'impossible et à faire des caprices et elle songea tout simplement à abandonner son idée. Elle pouvait très bien se passer de sa sortie et se changer les idées autrement, même si seule la forêt réussirait par son calme à l'apaiser totalement. Après tout, elle avait plus important à faire que rêvasser au milieu de nulle part. Sauf qu'il faudrait tôt ou tard qu'elle se préoccupe de recruter, promenade ou non.

Estimant qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même, la jeune femme décida de trouver elle-même la perle rare. Elle se connaissait : elle s'agaçait vite d'un rien, il lui fallait quelqu'un d'efficace, certes, mais aussi de très discret et surtout qui ne lui rappellerait pas sans cesse qu'elle était Dame Protectrice en lui faisant des courbettes pour garder son poste. Elle n'avait pas non plus envie de regarder défiler des postulants qui se vanteraient sans vergogne. Non, elle était décidée à tester les éventuelles recrues sans qu'elles le sachent. Encore fallait-il pouvoir en trouver et pour ça, elle allait demander qu'on lui concocte une petite liste de personnes susceptibles de venir s'entrainer non loin.

Elle obtint finalement deux noms dont l'un ne lui était pas tout à fait inconnu : un certain Galyn Talassi. La description correspondait également, il avait le regard étrangement blanc. Nyrlae hésita sérieusement un instant à l'éliminer d'office. Son premier contact lui revenait en mémoire et on ne pouvait pas dire qu'elle en avait été très satisfaite. Mais en même temps... il avait l'air de savoir ce qu'il voulait tout en sachant se remettre en question, il ne la regardait pas avec de grands yeux effrayés et il savait manifestement rester calme et silencieux. Quant à ses compétences en tir à l'arc, elle estimait qu'elles étaient indéniables et, de sa part, ce n'était pas rien de le reconnaitre. En fait, cela méritait réflexion.

Bref, il y avait deux recrues potentielles qui s'entrainaient ce matin là, alors autant en profiter pour aller les observer. Nyrlae choisit de s'habiller simplement et renvoya quiconque voulait l'accompagner, arguant qu'elle n'allait pas bien loin. Pourquoi donc fallait-il toujours qu'on l'entoure de la sorte ? Avec sa famille, il en avait peut-être été de même, mais elle n'y avait jamais vraiment fait attention. A présent, elle avait constamment l'impression d'être entourée, mais se sentait pourtant seule. Elle se retint de renvoyer sèchement une suivante lui apportant sa cape. La pauvre n'y était pour rien, elle essayait juste de se montrer utile... sauf que si Nyrlae avait voulu se couvrir davantage, elle se serait bien débrouillée seule ! Enfin, elle s'y ferait bien tôt ou tard. Sa mère aurait agit de la sorte qu'elle ne s'en serait pas offusquée mais l'aurait remerciée. Alors, quelle différence ? La différence, c'était qu'Elycia lui manquait terriblement et que quiconque essayant de la remplacer ne faisait que rendre son absence plus difficile à supporter.

Sortant d'un pas vif, la jeune femme ne tarda pas à repérer le premier candidat et l'observa de loin un instant. Il combattait à l'épée, se débarrassa rapidement de plusieurs adversaires et elle finit par s'approcher, s'apprêtant à lui faire signe pour lui indiquer qu'elle souhaitait lui parler. Sauf que le coup d'œil inquiet qu'il lui lança en la voyant était éloquent. Il se demandait quelle catastrophe allait lui tomber sur la tête. Nyrlae retint un soupir de lassitude et le renvoya sous prétexte qu'il y avait erreur sur la personne. Elle n'avait vraiment aucune envie de passer son temps avec un elfe qui la regardait de la sorte.

Restait donc à trouver le fameux Galyn et si lui ne faisait pas non plus l'affaire, elle tenterait sa chance un autre jour. Elle était exigeante mais savait aussi se montrer patiente : il était hors de question de recruter le premier venu. Elle le repéra quelques minutes plus tard, occupé à jouer avec des dagues, face au soldat qui était venu le chercher quelques jours plus tôt et qui s'était excusé. Restant en retrait, elle prit le temps d'observer le combat quelques longues minutes. Elle ne s'y connaissait pas tellement, mais ça n'empêchait pas de juger du résultat et des réflexes. Pour le moment, elle n'avait rien à redire.

Elle finit par s'approcher et il ne tarda pas à la remarquer, sans paraitre s'en troubler. Bien, tant qu'il restait poli, cela lui convenait très bien. Elle lui fit signe de s'approcher, demanda simplement :

" Galyn Talassi ? "

C'était plus une affirmation qu'une question, aussi, elle continua sans perdre de temps :

" On m'a dit que vous étiez garde-du-corps et qu'actuellement il semblerait que vous n'ayez aucun contrat. Si vous acceptez d'être testé, il se peut que je vous propose une place. "

Elle n'allait pas tourner autour du pot éternellement, elle poursuivit donc rapidement, allant droit au but :

" Si cela vous intéresse, considérez ce poteau là-bas comme étant une personne à protéger, je vous laisse le défendre contre trois ou quatre personnes. "

Allez hop, mise en pratique. A moins qu'il ne décline la proposition, auquel cas, elle n'insisterait pas. Sa façon de s'exprimer laissait clairement comprendre que c'était à prendre ou à laisser et qu'il était loin d'être le seul susceptible de faire l'affaire.

Le jeune homme avait préférer faire plusieurs flèches, au lieu de n’en préparer qu’une pour remplacer celle qu’il avait brisée. Seulement, lorsque la Dame Protectrice vint finalement à sa rencontre, le lendemain, il vit clairement qu’elle n’avait pas l’intention d’en prendre d’avantage, mais elle semblait tout de même satisfaite de son travail. Il savait que son travail était d’aussi bonne qualité que celle d’un véritable fabriquant, puisqu’il avait l’habitude de lui-même préparer ses flèches, mais il la laissa tout de même juger du tout.

" Est-ce votre travail ? "

- Sans vouloir être irrespectueux, les artisans font un très bon travail, mais la plupart du temps, ils insèrent un défaut, parfois minime, afin que la durer de vie de la flèche sois réduite.

C’était sa façon à lui de dire que c’était bien le créateur de ses flèches et qu’il serait le seul à devoir être blâmer si celle-ci s’avérait être défectueuse. Avant de prendre congé, le jeune homme fit une légère révérence face à la dame, puis retourna à ses occupations.

**

L’entraînement ne tarda pas à revigorer les muscles de Galyn. Il avait besoin de s’entraîner plusieurs fois par semaine, s’il voulait conserver une santé impeccable. La dépense d’énergie que lui avait fournie le combat avec Conrad, lui fit le plus grand bien. Il était déjà prêt à recommencer, mais il senti une présence derrière lui. Préférant délaisser les armes, il remit ses dagues dans les fourreaux, puis se concentra finalement sur la nouvelle venue. Il n’avança pas la conversation, préférant rester poli cette fois pour ne pas s’attirer les foudres de la dame. S’approchant lorsqu’elle lui demanda, il plongea finalement son regard dans le sien en attendant que celle-ci prenne la parole.

" Galyn Talassi ? "

Il hocha vaguement la tête, voulant savoir qu’elle était le but de sa visite et comment elle avait réussi à obtenir son nom complet. Il n’eut aucune réaction lorsqu’elle lui proposa une place au sein de la garde. C’était vrai qu’il n’était plus sous contrat depuis un moment déjà et qu’il devrait peut-être se remettre en chemin afin de trouver une quelconque personne prête à être servie, mais si cela pouvait déjà être à porter de main, il n’allait pas s’en plaindre. Il se tourna vers le poteau qu’elle avait désigné, évaluant les angles d’où pouvait provenir les attaquants. Sans attendre ni même prendre le temps de répondre à la jeune femme, il se dirigea immédiatement en direction du poteau. On pouvait déjà remarquer que le jeune homme avait changé d’attitude, rien le l’importait, mis à part le poteau. Pour certain, ça pouvait être aussi banale que de croquer dans une pomme, mais il ne fallait jamais jouer avec une vie et encore moins avec la vie de la personne qui nous nourris.

Prenant son arc au passage, il se mit finalement à distance respectable de la cible, prenant soin de ne pas se mettre trop près. Il ne voulait pas que la cible sois atteinte dans un échange de coup. Il vit les hommes désigner s’approcher, essayant d’adopter la meilleure posture, en vu d’impressionner la dame protectrice. Le jeune homme lui, se concentrait d’avantage sur le moindre mouvement qui pouvait provenir de ses adversaires. Il ne faillait jamais négliger un adversaire. Les trois s’avancèrent, prenant une position disperser, afin d’avoir plus de possibilité d’attaque sur la cible. Le premier qui chargea, fut celui sur la droite. Acquiesçant un mouvement rapide, le jeune homme dévia la lame grâce à la dague qu’il venait de sortir, puis lui assena un coup de pied derrière le genou, histoire de l’encombrer un peu. Il se remit sur la défensive, attendant le moindre signe d’attaque. Le second qui chargea fut celui à l’extrême gauche, il avait chargé lentement, pour s’approcher de la cible, mais voila que Galyn courrait, contourna rapidement la cible et assena un violant coup sous la mâchoire de l’attaquant. S’ils souhaitaient faire bonne impression, il voudrait faire mieux…

L’homme à qui Galyn avait assené un coup de pied, lui sauta littéralement dessus en lui donnant un violant coup de poing à la tête. Serrant la mâchoire en essayant de faire passer la douleur, le jeune homme se retourna rapidement en prenant l’homme à la taille et lui donna plusieurs coups de genoux au niveau des flancs. Il ne prenait pas plaisir à frapper le soldat, mais celui-ci mettait en péril la vie du poteau et il était de son devoir de le protéger. Finalement, il réussi à se débarrasser complètement du premier homme. Il n’en restait plus que deux! Le troisième homme, l’air beaucoup plus farouche que les deux autres, s’approcha, dague à la main, avec la ferme intention de faire valoir ses talents devant la jeune femme. Le jeune homme fronça un moment les sourcils, puis attendit que l’homme l’attaque le premier. Celui-ci ne se fit pas prier longtemps. Il lança son bras en arc de cercle afin d’atteindre le garde du corps au niveau des flancs, mais Galyn fit un pas de côté pour l’éviter, puis donna un coup de poing dans les reins de son adversaire. Ne se démontant pas pour autant, l’homme fonça sur le garde du corps en l’agrippant fermement et le plaqua contre l’arbre, croyant ainsi le soumettre.

Le jeune homme conserva son calme, malgré la main qui était entrain de pétrir sa trachée. Il serra les poings, puis avec un violant coup de poing au niveau du cœur, il sentit finalement la prise se relâchée au niveau de sa gorge. Le coup ne serait pas fatal, juste assez pour faire manquer de respiration à son adversaire. Et de deux! Se tournant vers l’homme qui avait reçu son point en pleine mâchoire, il vit que celui-ci n’était qu’à quelques pas du poteau, près à le lapider. Mettant ses dagues derrières son dos, Galyn empoigna un morceau de bois qui traînais au sol, puis le lança avec fermeté vers l’homme. Le morceau parcourut rapidement la distance, puis se coinça finalement entre les jambes de l’importun. Celui-ci trébuchait au moment où Galyn s’approchait de lui afin de lui mettre la dague sous le nez, faisant en sorte qu’il se rendre. Il ne savait pas si le combat avait pu impressionner la dame, sachant qu’il avait été coincé contre un arbre et que, pendant ce temps, il aurait pu arriver n’importe quoi au poteau, mais il savait qu’il avait donné de son mieux au vu des compétences et de la force de ses adversaires.

Croyant que le combat était terminé, le jeune homme délaissa les corps sonné de ses précédents adversaires et se dirigea lentement vers la jeune femme. Seulement, un frison lui parcouru l’échine, signe qu’il y avait quelques choses qui avait manqué à sa perception. Agrippant son arc avec fermeté, il encocha une flèche en prenant bien soin de laisser à ses oreilles le soin d’écouter. Lorsqu’il repéra finalement la cible, il pivota rapidement et laissa le trait partir à tout vitesse et venir se planter dans l’écorce de l’arbre, fauchant au passage le chandail d’un archer. Il ne savait pas si celui-ci était prévu dans l’entraînement, mais il savait que le malheureux ne serait pas content de savoir que Galyn avait fait un trou dans son chandail.

Enfilant sa cape sur ses épaules, le jeune homme se dirigea à pas décider vers la demoiselle, qui s’était mis en retrait, pour mieux les observer. Il avait remis son arc de travers à son torse, permettant ainsi un meilleur confort pour l’apporter. Il ne manquait plus qu’a recevoir son avis et si celle-ci n’était pas satisfaite de la performance qu’il avait donner, eh bien, tant pis. Il devrait aller trouver un autre métier ailleurs.

Pas un mot de trop, Galyn semblait avoir accepté le défi et se dirigea vers le poteau à protéger. La jeune femme se mit en retrait afin de l’observer sans gêner les combattants. Si un jour elle devait être à la place de ce bout de bois, elle voulait savoir combien de temps elle serait protégée. Ce qu’elle lui demandait n’était pas simple, car la cible était fixe. Impossible de la déplacer pour lui éviter un coup, pas question non plus de compter sur une aide quelconque. Le seul avantage était que, qui disait cible fixe, disait aussi qu’elle ne risquait pas à de se trouver là où il ne fallait pas, Galyn saurait toujours où le poteau était, il n’aurait pas besoin de lui courir après, juste de se déplacer autour.

Nyrlae ne perdait pas une miette du spectacle, mais gardait son air impassible. Des déplacements rapides, quelques coups bien placés. Il lui sembla un instant que le jeune homme cherchait à ne pas massacrer les gardes inutilement tout en essayant de faire ce qu’elle lui avait demandé. Sans doute, oui, car si elle avait été à sa place et en situation réelle, il aurait été plus simple de se débarrasser des assaillants d’une flèche avant qu’ils n’approchent trop. Mais on était loin des conditions réelles et jusqu’à présent, il s’en sortait bien pour protéger le brave poteau qui attendait passivement de se faire découper en rondelles.

Galyn était tout à son combat et ne prenait plus garde à elle, ce qui était parfait : elle fit signe à un archer et lui demanda d’intervenir en fin de combat. Après tout, les soldats, pour le moment, cherchaient davantage à se débarrasser du garde-du-corps qu’à toucher le poteau… il y avait moyen d’augmenter un peu la pression de ce côté. Le jeune homme venait de se faire plaquer violemment contre un arbre, laissant la cible sans défense. Difficile de considérer cela comme une erreur étant donné que de cette manière Galyn avait le dernier assaillant aussi proche de lui que possible. Cela allait vite devenir problématique, en revanche s’il se laissait étrangler… en fait non, un deuxième homme réagit et se rapprocha dangereusement du poteau. Sur ce coup, le garde-du-corps jouait sa place. Même si Nyrlae doutait être jamais aussi passive que le morceau de bois, elle n’avait pas envie de tenter l’expérience.

Retournement de situation, Galyn semblait capable d’improviser intelligemment et termina le combat. Elle fit signe aux soldats qu’ils pouvaient se retirer afin de donner le signal de la fin de la démonstration, sachant pertinemment que l’archer allait intervenir, même si elle ne fit rien pour en avertir le jeune homme. La réaction ne se fit pas attendre, une flèche partit sans tarder. Pas mal. Vraiment pas mal. La performance tira d’ailleurs un léger sourire à la jeune femme, sourire qui disparut pour laisser place à une expression plus neutre, quoique visiblement satisfaite, lorsque Galyn se présenta finalement devant elle.

Il n’avait pas vraiment l’air inquiet de savoir ce qu’elle allait pouvoir en dire, mais de toute manière elle savait déjà ce qu’elle allait conclure.

" Suivez-moi. "

Elle préférait aller marcher un peu plutôt que rester plantée là au milieu des soldats qui s’entrainaient. Elle revenait spontanément du côté des archers qui faisaient moins de bruit. Dès qu’il y eut un peu plus de calme, elle reprit simplement :

" Je vais vous épargner l’analyse de vos performances car en ce qui me concerne, cela me convient. "

Elle fit une pause, continua finalement afin de préciser pour qui il devrait travailler, ce qu’elle n’avait pas encore fait.

" Seulement, être garde-du-corps ne signifie pas uniquement se débarrasser d’assaillants. Quand je parle de vous engager, il est question que vos entriez à mon service. Vous devez comprendre que cela implique beaucoup de discrétion que ce soit durant votre travail ou en dehors, vis-à-vis de ce que vous aurez pu voir ou entendre. "

Elle était très sérieuse quand elle disait cela. Elle pouvait paraître extrêmement distante avec ceux qui la servaient, quels qu’ils soient, mais c’était simplement parce qu’au fond, elle aurait préféré ne pas avoir besoin d’eux. Que l’on s’empresse autour d’elle lui tapait sur les nerfs et lui donnait l’impression d’être constamment surveillée. Ce n’était pas tant qu’elle avait quoi que ce soit à cacher, du moins, pas tant qu’elle n’avait pas été Dame Protectrice, mais elle aurait aimé être davantage indépendante. Si elle envisageait de retenir Galyn, c’était parce qu’il semblait particulièrement discret. Il ne paraissait ni du genre à raconter sa vie au premier venu, ni du genre à l’ennuyer constamment dans un souci de bien faire. Si l’on exceptait sa façon cavalière d’avoir envahi sa cible la première fois qu’elle l’avait rencontré, il s’était toujours comporté avec retenue.

Seulement, elle était loin de pouvoir le juger en si peu de temps, aussi elle ajouta, continuant à marcher lentement :

" J’aimerais d’ailleurs savoir quelles sont vos références et la raison pour laquelle vous avez quitté votre dernier emploi. "

Elle ne doutait pas de pouvoir vérifier ses dires d’une façon ou d’une autre, mais elle préférait l’entendre de sa bouche. Une façon d’en savoir plus sur lui selon sa façon de s’expliquer, aussi. Elle ne se rappelait pas avoir entendu parler de lui avant ce jour mais, si on lui avait cité son nom, c’était pour une bonne raison, ce n’était probablement pas la première fois qu’il louait ses services en tant que garde-du-corps. Elle voulait savoir pour qui il avait travaillé, dans quelles conditions et durant combien de temps. La question de savoir pourquoi il était parti était aussi intéressante. Ne voulant pas lui donner de faux espoirs avant d’aller plus loin, elle ajouta tout de même avant qu’il n’ait répondu :

" Ne vous méprenez pas : si cela me convient, alors vous serez pris à l’essai durant quelques temps. "

En vérité, c’était plus symbolique qu’autre chose, car, essai ou non, elle pouvait se permettre de le renvoyer. Mais elle trouvait cela plus correct.
Les gens appréciaient de savoir sur quoi ils pouvaient compter, en général et, quand on dépendait de son travail, se situer était important. Bien, à présent que cela était clair, il n’avait plus qu’à répondre à ses questions et montrer qu’il avait bien compris les implications. Il avait l’air avare de paroles, mais pas muet, comme le témoignait sa réponse à propos du travail des artisans… D’ailleurs, il n’avait pas tort à ce propos. On n’est jamais mieux servi que par soi-même, un dicton qu’elle lui empruntait volontiers.

La technique du jeune homme était simple, frapper ses adversaires afin de les mettre hors d’état de nuire, mais jamais ne porter un coup susceptible de les mettre complètement hors service. Tout les hommes étaient important, aussi peu habile fût-il au combat. En plein cœur du combat, le jeune homme n’avait pas perçu le mouvement qu’avait acquiescé la Dame vers l’un des archers. Il ne devait pas faillir à sa tâche, aussi facile pouvait-elle paraître. Il n’aimait pas s’avouer vaincu et il faisait en sorte de porter des coups relativement direct, afin d’éviter de poursuivre le combat avec plusieurs assaillants à la fois. Malgré son impassibilité visible, on pouvait voir qu’il prenait le combat très au sérieux et surtout, l’avenir du poteau qui restait inerte à sa place. Certes, il n’aurait pas pu faire grand-chose pour aider son pauvre sauveur.

En plein milieu du combat, le garde du corps avait été mis en situation précaire par l’un des plus grands assaillants. Plaquer violemment contre un arbre, ses mouvements étaient restreints, mais rien ne l’empêcha d’assener un coup violant à son adversaire pour empêcher le dernier de trancher le poteau en rondelle. Jusque là, il considérait que les choses se passaient relativement bien, mais un léger picotement sur sa nuque l’avertie qu’un danger potentiel pourrais se mouvoir parmi les ombres. Ne prenant pas le temps de réfléchir, il encocha rapidement la flèche qu’il laissa filer entre les branches. Il eu un léger sourire de satisfaction en voyant l’archer en question sortir du couvert des arbres après plusieurs minutes, un trou striais la manche que le jeune homme avait réussi à transpercer. Il n’aimait pas vraiment se montrer fier de ses combats, mais il pouvait quand même dire que, malgré les semaines à rester dans la ville sans s’entraîner, il trouvait qu’il s’était plutôt bien débrouiller.

Aussitôt qu’il vit que la jeune femme avait mis fin à la séance, il c’était rapprocher avec l’intention de savoir ce qu’elle pensait de ses capacités à défendre un poteau inerte. Il savait, pour l’avoir vu quelques jours plutôt, que la jeune femme serait loin d’être aussi inerte en situation de combat, mais il aimerait bien lui aussi la voir se battre afin de protéger sa vie. Seulement, il n’espérait pas la voir en situation réel, puisque les gens du peuple avait réellement besoin d’elle au sein des mûrs et non six pied sous terre. D’après les observations du jeune homme, elle semblait satisfaite, mais peut-être aurait-elle quelques choses à redire sur le fait qu’il avait été coincé et que la « personne » à protéger avait été un moment hors de protection. Lorsqu’il entendit la voix de la demoiselle s’élever, l’intimant de le suivre, il opina du chef en restant légèrement en retrait, tandis que leurs pas les menaient vers l’endroit où ils s’étaient rencontrer pour la première fois; au champ de tire.

" Je vais vous épargner l’analyse de vos performances car en ce qui me concerne, cela me convient. "

Croisant les bras derrières son dos, prenant une pose de repos, il ne dit, car il ne voyait rien à redire et il ne voulait pas se perdre dans un flot de paroles complètement futile qui n’auraient mené à rien. Son regard restait concentrer sur les archers qui étaient entrain de s’entraîner durement. Cela lui rappelais un peu l’époque de son village natale, lorsque les archers, beaucoup plus âgés que lui, s’amusait à lui expliquer les bonnes technique pour tenir un arc. Mais cette époque était lointaine et il revint rapidement au moment présent, portant une oreille attentive aux paroles de la jeune femme qui se trouvait à ses côtés.

" Seulement, être garde-du-corps ne signifie pas uniquement se débarrasser d’assaillants. Quand je parle de vous engager, il est question que vos entriez à mon service. Vous devez comprendre que cela implique beaucoup de discrétion que ce soit durant votre travail ou en dehors, vis-à-vis de ce que vous aurez pu voir ou entendre. "

Il pouvait voir le côté sérieux de ce qu’elle venait de lui dire. Décroisant les bras, il tourna les yeux vers ceux de la jeune femme, afin de montrer sa détermination.

- Jamais vous n’aurez vu un être faisant preuve d’autant de discrétion.

L’elfe prenait son travail très au sérieux, surtout lorsqu’il s’agissait de protéger des nobles personnes. Il n’était pas celui qui allait demander un salaire ridiculement élever pour un travail qu’il ne ferait qu’a moitié. Il savait à quel point il était nécessaire d’avoir confiance en son garde du corps, puisque celui-ci avait accès à peu près tout les entretiens qui pouvaient se dérouler avec la Dame et il savait aussi, que les traites pouvaient se trouver partout, même au cœur même du château. Ils reprirent la marche, traversant quelques cibles sous les regards respectueux de certains archers qui avaient cessé de s’entraîner pour saluer la Dame. Lorsqu’elle lui demanda ses références, le jeune homme prit le temps de réfléchir aux meilleurs qu’ils pourraient fournir, avant de donner une réponse. Les exemples de contrats les plus fréquents qu’il avait obtenus étaient des convois. Il doutait que se genre de réponse pouvait convenir à la demoiselle. Réfléchissant pendant un moment plus long, il hocha lentement la tête en misant sur un ancien contrat qu’il préférait oublier.

- J’ai travaillé pour un homme du nom de Trevor. Il est le propriétaire d’un nombre considérable de terres, se situant dans nord-est de la cité elfique.

Il ne pouvait pas réellement donner d’autre référence. L’autre référence qu’il aurait pu fournir à la demoiselle, il préférait complètement l’oublier, sachant ce qui s’était déroulé. Il ne s’était rien passer de très grave, rien de grave qu’il devrait cacher ou qui devrais inquiéter la demoiselle, mais il préférait oublier cette référence.

- Sinon il y aurait aussi Conrad, l’homme avec qui j’ai servit dans les terres d’Ardamir. Il pourrait forcément vous offrir de très bonne référence à mon sujet.

Pour le moment, personne ne lui venait à l’esprit qui pourrait fournir des références dans l’immédiat. Le garde du corps plongea son regard dans celui de la demoiselle, attendant que celle-ci lui permettre de disposer de l’entretien, puis lorsqu’elle lui donna finalement le feu vert, il se dirigea immédiatement vers son domicile, près à le mettre en vente et ainsi retirer une petite somme. Il allait forcément dormir dans les quartiers des gardes, afin de se trouver le plus près possible de la jeune femme lorsqu’il serait question de la protéger. Il prit donc l’ensemble de la soirée pour faire ses bagages, prenant soin de bien nettoyer des armes et les aiguisés. On n’était jamais assez prudent dans une grande ville comme celle-ci. Un humain, un demi, pouvait facilement s’infiltrer et vouloir attaquer un elfe de sang pur pour aucune raison valable. Il n’était pas malheureux de reprendre le travail. Il s’était mal vu rester inactif pendant plusieurs mois, voir plusieurs années, avant de reprendre un travail convenable.

Tout ce qu’il espérait au final, c’était que la jeune femme ne découvre pas son passé et le chasse pour le fait qu’il ne lui a absolument rien dit. Il se doutait que la chose avait été étouffé pendant nombreuse année, voir même oublier, mais pour lui, cette nuit là resterais à jamais graver dans sa mémoire et la croix, serait à jamais graver dans sa chair. Unique preuve que tout cela était arrivé. Il devait bien rester quelques papiers, mais Torlan devait avoir prit soin de brûler l’ensemble de ceux-ci afin de ne pas être chasser de ses terres par cause de traîtrise.

Le lendemain matin, il se présenta à la porte de la garde, près à commencer dans ses nouvelles fonctions. Il savait que la période d’essai serais exigeante, mais il n’avait pas choisi se métier pour se tourner les pouces à longueur de journée ou pour aller se saouler le soir avec une bande d’amis, comme le faisait la plupart.

" Jamais vous n’aurez vu un être faisant preuve d’autant de discrétion. "

Nyrlae opina légèrement, montrant clairement qu'elle ne demandait qu'à voir. Il avait l'air de prendre les choses au sérieux, mais il faudrait qu'il fasse ses preuves : tant mieux s'il en était conscient. Il sembla hésiter lorsqu'il s'agit de citer quelques références et, surtout, ne donna aucune raison à son départ. La jeune femme hésita un instant : elle pourrait trouver ces informations d'une façon ou d'une autre, mais elle aimait autant en avoir une idée le plus rapidement possible.

" Vous n'avez répondu que partiellement à ma question. Si vous éludez ainsi les réponses, je crains que nous ne perdions beaucoup de temps... Or, le temps m'est précieux. "

En clair, il avait intérêt à prendre l'habitude de répondre rapidement s'il voulait conserver sa place. Elle ajouta un peu plus doucement :

" Je veux juste savoir si l'on vous a relevé de vos fonctions et si oui, pourquoi ; ou si vous avez pris congé pour raisons personnelles, auquel cas je n'en demanderai pas plus. "

Dès qu'il eut répondu, elle cessa de marcher :

" Bien, je vous engage donc. Présentez-vous demain matin à la porte de la garde. "

Elle en avait assez entendu, maintenant, elle jugerait sur la pratique.

***

Le lendemain matin, à l'aurore, Nyrlae retrouva le jeune homme et après l'avoir brièvement salué expliqua simplement :

" Pour aujourd'hui, nous allons faire simple : vous me suivez, vous vous montrez discret. "

Sur ce, elle repartit d'un pas aussi vif et s'ensuivit une journée probablement hautement ennuyante pour Galyn. Nyrlae passa le plus clair de son temps à l'intérieur, à s'occuper de paperasse ou à discuter avec quelques conseillers. Elle n'accorda pas un regard à son nouveau garde-du-corps ce qui ne l'empêcha pas de le surveiller tout de même mine de rien. Le lendemain, puis les jours suivants, la même chose se répéta. Il aurait aussi bien pu ne pas exister, cela serait sans doute revenu au même, d'autant qu'il ne risquait pas de se passer grand chose dans l'enceinte du domaine. Si au début la jeune femme baissait ostensiblement la voix lorsqu'il était question d'affaires méritant une certaine discrétion, elle finit par ne plus rien cacher. Du moins, rien en apparence, il lui fallait plus que quelques jours pour donner toute sa confiance.

Deux semaines à ce rythme s'écoulèrent, après quoi Nyrlae décida que c'en était assez et qu'elle n'aurait plus besoin de lui que lorsqu'elle le demanderait. Il avait quartier libre à partir du moment où il restait disponible à tout moment. Une semaine de plus pendant laquelle elle ne donna plus signe de vie, puis la jeune femme se rappela que bien longtemps plus tôt elle avait eu grandement envie d'une petite promenade en forêt. Maintenant que c'était possible...

Un beau matin, Galyn la vit donc arriver de son habituel pas vif. Visiblement, comme elle le lui avait dit, elle n'aimait pas perdre son temps, même si elle devait s'accorder une petite pause. Elle avait troquée sa robe pour un ensemble bien plus simple, pantalon et chemise et portait son arc et son carquois ainsi qu'un petit sac en bandoulière.

" J'espère que vous êtes prêt à marcher un peu, nous allons en forêt aujourd'hui. "

Preuve qu'elle lui faisait à présent assez confiance, même s'il n'iraient pas bien loin. Mais cela faisait quelques semaines qu'elle le côtoyait, il s'était toujours comporté de façon correcte et elle ne voulait pas tomber dans la paranoïa, d'autant qu'elle avait déjà vérifié quelques unes de ses références. Et puis, elle préférait le tester sur une sortie de moindre envergure que le jour où il faudrait traverser le pays pour une quelconque urgence.

La remarque ayant été de pure formalité - après tout, elle ne voyait pas pourquoi il refuserait tout à coup étant donné qu'il s'agissait bien de son travail - ils ne tardèrent pas à se retrouver en forêt. Dès que la civilisation ne fut plus visible, Nyrlae se détendit sensiblement et ralentit le pas. Se retrouver seule - ou presque - en pleine nature l'apaisait indéniablement. Une petite brise soufflait malgré le soleil, juste ce qu'il fallait pour avoir un temps particulièrement agréable. Elle continua à marcher tranquillement, cherchant des arbres morts sur lesquels elle pourrait s'entrainer au tir.

Elle se comportait toujours de façon détachée envers Galyn. Habituellement, elle se contentait de l'ignorer plus ou moins, et elle devait reconnaitre qu'elle était tout à fait satisfaite de sa discrétion. A présent, elle pouvait se détendre un tout petit peu et, si elle n'en était pas à lui adresser la parole, elle n'agissait plus vraiment comme s'il était transparent. Ce fut après une vingtaine de minutes qu'elle demanda :

" Que pensez-vous de votre nouveau poste ? "

Pour l'avoir ignoré plusieurs semaines, la question pouvait surprendre, mais elle s'intéressait réellement à la réponse. Qu'il se sente à l'aise pour effectuer son travail correctement lui paraissait primordial. Tout en parlant, elle était allée voir de plus prêt une souche d'arbre mort, estimant que cela pourrait faire une assez bonne cible. Elle reprit une certaine distance, jetant au passage un coup d'œil au jeune homme dans l'attente de sa réponse. Elle croisa son regard blanc qu'elle n'avait pas vraiment vu depuis des semaines. Étrange, tout de même, bien que cela ne la dérange pas vraiment. Elle s'éloigna encore un peu afin de garder la souche à une distance raisonnable. Trop prêt, une cible fixe ne présentait aucun intérêt...

Le jeune homme savait qu’occuper le post de garde du corps direct de la Dame protectrice, exigeait beaucoup d’effort et beaucoup de temps, ce qu’il n’hésiterait pas à investir afin de combler les attentes de la jeune femme. Les preuves seraient longues à faire, il en était conscient, mais il n’abandonnerait pas aussi facilement, sachant ce que pouvait être la vie de noble. La plupart pouvait s’ennuyer à ne pas être au front en cas d’attaque ennemie, ou simplement en manque d’activité physique, mais entre le temps qu’il ne se retrouverait pas auprès de la demoiselle, il aurait tout le loisir de pouvoir s’entraîner à l’arc ainsi qu’avec ses dagues si l’envi lui prenait. Il devait tout de même rester dans une forme impeccable afin de donner le meilleur de lui-même. Il savait que répondre partiellement à la question de l’archère, n’allait pas l’aider, mais la raison de ses départs étaient souvent parce que le contrat avait prit fin ou simplement parce qu’il commençait à se lasser de la vie qui régnait où il s’était établit.

- Je vous pris de m’excuse. La raison qui revient le plus souvent, est simplement que le contrat était arrivé à échéance et qu’ils n’avaient plus besoin de mes services. Sinon, j’ai parfois quitté certain emploi parce que l’endroit où j’avais élu domicile ne me convenait pas.

Il préférait être honnête sur ce point. Personne n’était forcer d’aimer l’endroit où il résidait et comme le jeune homme était loin de s’attacher à un lieu en particulier, dure était de le satisfaire sur ce point. Seulement, jusqu'à présent, les semaines qu’il avait passé dans la cité elfique, lui convenait amplement et il n’avait pas envi de voguer vers de nouveau horizon afin de prendre un autre contrat, pas avant d’avoir essayé, du moins. Prenant une grande respiration lorsque la jeune femme confirma qu’il était engagé, le jeune homme la salua respectueusement d’un hochement de tête puis s’en alla vers son domicile.

**

Pour la première journée, le jeune homme ne s’attendait pas à ce faire attribuer une très grande tâche. Il laissa donc ses effets dans ses quartiers, puis suivis la marche rapidement de la demoiselle afin de se retrouver dans son bureau, celui-ci rempli de paperasse qui semblait attendre la depuis un certain moment. Aussitôt entrer dans le bureau, il s’était poster près de la porte, puis s’était tenu discret pendant de longue heures durant, ne se plaignant en aucun moment que les entretiens pouvaient paraître long et pénible. Il savait que la Dame Protectrice se devait d’être attentive aux demandes et aux autres choses qui pouvaient arriver au royaume, donc mieux valait se montrer compréhensif envers les différents protagonistes qui se présentaient à elle. Les longues heures passer dans ce bureau lui rappelait vaguement l’époque où il accourait pour aller voir son père, encombrer lui aussi d’une paperasse inimaginable pour un gamin à cette époque. Il c’était souvenu que cela l’avait grandement ennuyé, c’était le genre de chose qu’il n’aurait jamais supporté de la vie de noble et pourtant, il en côtoyait de plus en plus avec son métier.

Pendant les deux longues semaines, le jeune homme ne s’était pas formaliser du fait que la jeune femme ne lui accorde aucune attention, sachant qu’elle avait beaucoup mieux affaire. Pendant qu’ils étaient un peu seul, le jeune homme se permettait de détailler la pièce, prenant soin de vérifier que tout était en ordre. On n’était jamais trop sûr. Parfois, il se permettait de jeter quelques coups d’œil discret à la demoiselle afin de mieux la détailler. Il ne savait pas exactement quel âge elle avait, mais elle semblait bien plus âgée que lui. Malgré l’âge mûr de celle-ci, il trouvait que les traits de la demoiselle ne pouvaient pas laisser tout le monde indifférent.

Lorsque celle-ci lui demanda de prendre congé, il lui fit un léger signe de tête, preuve qu’il respectait sa demande, puis décida de sa formaliser un peu plus avec les coutumes de l’endroit. Il voulait aussi étudier le château beaucoup plus en profondeur afin de savoir tout les issus possible en cas d’attaque ou même de siège. Il savait que les elfes avaient un certains côtés passif, mais il savait aussi que les autres nations s’en tenait rarement à des rencontre diplomatique. Après une semaine à arpenter les couloirs, cela l’avait lassé et comme il n’avait plus aucune nouvelle de la jeune femme, il choisit de se lever tôt le lendemain afin de profiter de la tranquillité de l’aube. Il aimait la fraîcheur que laissait la rosée tôt le matin et cela lui permettait de réfléchir un peu plus calmement qu’en présence de gardes s’amusant à raconter leur ébats d’il y’avait à peine quelques semaines. Bon nombre d’entre eux avait dit vouloir rencontrer d’autre femmes, mais elles étaient rare à faire partie de la garde, ils leurs faillaient donc patienter pendant les permissions que pouvait accorder la Dame.

Cette journée là donc, Galyn était déjà près lorsqu’il entendit les pas léger de la jeune femme s’approcher de sa personne. D’abord, il continua de laisser son regard vagabonder parmi les arbres, puis vint finalement le poser sur la silhouette légère de la demoiselle. Celle-ci avait tronqué ses nobles habits afin d’adopter un air plus décontracté. A bien se l’avouer, le jeune homme préférait ce genre d’habit sur elle, plutôt qu’une robe. Il ne pouvait cacher qu’une robe lui allait à ravir, mais le pantalon et la chemise était beaucoup plus pratique et moins encombrant.

" J'espère que vous êtes prêt à marcher un peu, nous allons en forêt aujourd'hui. "

Accueillant la remarque d’un hochement de tête entendu, il se mit aussitôt à la suite de la demoiselle, suivant la cadence accélérer qu’elle adoptait. Le jeune homme gardait un œil alerte sur tout ce qui les entourait. Il voulait être sûr que la promenade se déroulait bien et s’assurait fréquemment que la jeune femme ne l’aille pas semer. Il savait de part son caractère qu’il avait pu observer pendant plusieurs semaines, qu’elle restait souvent passive aux choses qui l’entouraient, mais il était persuader qu’au font, elle leur accordait une certaine importance. Elle semblait rigide au premier abord, mais tout de même ouverte aux propositions. Il avait vaguement demandé à Conrad ce qui était arrivé à la mère de la Dame protectrice, mais celui-ci ne pu simplement lui dire qu’elle n’était plus parmi eux. Ça même un chat aurait pu le deviner, mais le jeune homme avait préférer garder cette remarque pour sois. Le regard fantomatique du garde du corps se posa sur la silhouette de la demoiselle en voyant qu’elle avait ralentit le pas. Il devait avouer que l’ambiance était beaucoup plus apaisante qu’au cœur même de la cité et il comprenait qu’elle avait besoin de se sentir seule par moment. Il mit donc une légère distance entre eux, afin de la laisser circuler à sa guise et qu’elle soit d’avantage à l’aise. Il restait tout de même sur le qui vive, pour être sûr qu’aucun danger ne survienne à l’improviste

" Que pensez-vous de votre nouveau poste ? "

Il fut surprit d’entendre la voix de la demoiselle, mais il n’en laissa rien paraître. Un moment, il prit le temps de ressasser tout les souvenirs qu’il avait jusqu'à maintenant de son nouveau travail et il devait avouer que celui-ci lui plaisait d’avantage que certain autres endroits. Il soutient son regard lorsque ceux-ci se croisèrent et il pu de nouveau apercevoir le regard azur de la demoiselle. Il aimerait bien un jour pouvoir y percer ses secrets, mais il savait que cela prendrait un nombre incalculable de jours et surtout, d’heures passé dans un bureau rempli de paperasse. Il se décida finalement à répondre à la question précédemment posée par l’archère.

- L’environnement me plaît d’avantage que les lieux où j’ai dû séjourner pour mes précédents contrats. De plus je n’ai aucune raison de me plaindre de quoi que ce soit.
La réponse était sincère et il ne cherchait en rien à s’attirer les bonnes faveurs de la Dame. Il avait déjà eu le privilège d’être promu garde du corps personnel, alors qu’il ne faisait même pas parti de la garde du palais. Ça devait être une première. Son regard se laissa captiver par les flèches qui allaient se planter dans l’arbre mort. Elles se frayaient facilement un chemin à travers l’écorce qui avait été affaiblis avec le traitement que lui prodiguais les insectes. Lentement, le jeune homme sorti sa dague, puis une légère pierre à aiguiser. Il n’aimait pas ce tenir là, à rien faire. Il préférait occuper son temps à faire quelques choses d’utile plutôt que de rien faire. Ses sens restaient néanmoins alertes à tous les bruits que produisait la forêt.

- Si je puis me permettre, mademoiselle. Vous semblez toujours très vouez à votre tâche, mais cela ne vous ennui-t-il pas parfois?

Les paroles avaient été prononcées avec douceur, sans hostilité. Il n’était pas tout à faire persuader que la jeune femme allait lui fournir une réponse, mais pour lui, ce qui avait de plus ennuyant dans la noblesse, c’était la paperasse et surtout devoir tenir un rôle devant les gens qui vous entouraient. Il venait à peine de découvrir un aspect beaucoup plus calme de l’archère. Certes, elle était en générale très calme, mais là, elle semblait réellement dans son élément, elle semblait à l’aise de se retrouver en forêt, pratiquement seule et éloigner du reste des autres. Délaissant sa dague pour poser son regard sur la jeune femme, il plongea son regard énigmatique dans le sien, attendant la réponse, si celle-ci daigna prendre sa réponse au sérieux.

Lorsque la réponse vint finalement, une branche craquant à proximité d’eux, mettant le garde du corps sur le qui vive. Il empoigna fermement son arc, puis se rapprocha à pas lent vers la jeune femme, prêt à la protéger si besoin était. Il se fiait d’avantage à ses oreilles qu’a ses yeux, sachant que les autres sens pouvaient parfois être traîtres. Lentement, sans un bruit, il tendit le bras vers l’arrière, empoignant une flèche afin de l’encocher, visant l’endroit d’où était provenu le bruit. Ce n’était qu’un petit buisson, mais une profonde respiration se laissa entendre. Il ne savait pas s’il pouvait y avoir des sangliers dans le coin, mais il savait que ce genre de bête pouvait parfois se montrer terriblement féroce. À moins que ce soit autre chose qui échappait totalement à Galyn.

" L’environnement me plaît davantage que les lieux où j’ai dû séjourner pour mes précédents contrats. De plus je n’ai aucune raison de me plaindre de quoi que ce soit. "

Nyrlae hocha légèrement la tête pour lui signifier qu’elle avait entendu et déposa sa petite sacoche au pied d’un arbre puis elle se mit à tirer tranquillement. La seconde volée devint un exercice de rapidité durant lequel elle réduisit au maximum le temps de tir entre chaque flèche. Elle était contente de savoir que Galyn se plaisait à son service, même si elle l’aurait mal vu rétorquer qu’il n’avait jamais rien connu de pire. Après tout, les gens étaient rarement parfaitement naturels avec elle. Même son père s’obstinait, comme elle d’ailleurs, à garder son impassibilité. Elya, peut-être, se montrait telle qu’elle était devenue. Cette pensée n’avait rien de vraiment réjouissant et Nyrlae préféra oublier sa sœur pour le moment.

Le jeune homme semblait sincère, malgré tout, et après un temps de silence, elle répondit simplement :

" Fort bien. "

Elle fit une pause, reprenant finalement :

" J’aime beaucoup Daranovar, moi aussi, même si le château a été bâti avant tout comme une forteresse. "

Certes, ce n’était pas une de ces élégantes demeures construites pour se faire admirer sans avoir aucune autre utilité, même si le château restait une magnifique pièce d’architecture à la mode elfique.

" Ces terres sont un vrai petit paradis… "

Nyrlae haussa les épaules, comme pour tempérer ses propos :

" Peut-être est-ce parce que j’ai grandi ici et que je ne suis pas objective. "

En tous cas, le fait que le jeune homme ait avoué apprécier l’endroit lui faisait plaisir, d’autant qu’elle n’avait pas l’impression qu’il s’agisse d’un commentaire calculé pour obtenir des faveurs. Tout en parlant, elle continuait à tirer sans vraiment le regarder. Être capable d’atteindre sa cible même en étant un peu déconcentré n’était pas un mal en soi.

" En tous cas, si un jour vous aviez une raison de vous plaindre, n’hésitez pas à m’en faire part. "

Elle avait toujours une façon de se comporter qui mettait clairement une distance, mais visiblement, ce n’était qu’une façade et elle était prête à ouvrir le dialogue si nécessaire. Evidemment, il faudrait que cela reste limité et raisonnable, il était hors de question qu’il vienne sans cesse se plaindre : après tout, si il ne se plaisait pas à Daranovar, personne ne l’y retiendrait de force. Mais si elle devait le côtoyer régulièrement, autant qu’il sache que si elle comptait sur lui, il pouvait aussi compter sur elle en cas de besoin. Pour une fois qu’elle avait affaire à quelqu’un qui lui parlait sans détour tout en se tenant correctement, elle n’allait pas se plaindre. Elya lui manquait pour cela, leur mère plus encore. Qu’avait dit Dyarque ? Qu’elle serait seule en tant que Dame Protectrice. Lui l’était depuis la disparition d’Elycia, malgré la présence de ses filles. Elle ne voulait pas devenir ainsi, mais doutait avoir le choix. Cette conversation lui donnait un peu l’illusion qu’elle pouvait s’échapper de son rôle quelques minutes.

Voyant que Galyn se mettait à aiguiser sa dague, elle se dit soudain qu’à sa place, elle s’ennuierait à mourir. D’ailleurs, les deux semaines qu’elle lui avait fait subir durant lesquelles il n’avait eu qu’à attendre que le temps file lui avait fait se demander comment il pouvait faire un métier pareil. Pour sa part, bien payée ou non, elle n’aurait pas supporté aussi longtemps. Il avait déjà fait ses preuves quant au fait de savoir patienter, aussi, elle proposa en allant chercher ses flèches :

" Vous pouvez aussi vous entrainer, si vous le souhaitez. "

Bien-sûr, il avait tout intérêt à ne pas relâcher sa surveillance durant ce temps, mais en même temps, elle n’avait aucune envie qu’il ne cesse de la dévisager parce qu’il n’avait rien de mieux à faire.

Retournant se placer, elle en encochait à nouveau une lorsqu’il lui posa une question qui la surprit un peu. Peut-être était-ce parce qu’on ne s’était jamais permis de la lui poser et que, justement, la question en elle-même ne se posait pas. Insinuer que l’on puisse s’ennuyer à un tel poste était… pas idiot en soi, mais sûrement pas très correct. Elle aurait pu se fâcher et lui rétorquer sèchement qu'il aurait mieux fait de s'occuper de ses affaires et qu'elle ne le payait pas pour poser des questions déplacées. Mais en réalité, elle ne voyait pas vraiment de quoi s'offusquer. D'ailleurs, elle relâcha son arc en retenant sa flèche et lui jeta un drôle de regard. Certains trouvaient que cela mettait mal à l’aise parce qu’on ne savait pas ce qu’elle pensait, mais en réalité, c’était juste le temps qu’elle prenait pour s’accorder avec elle-même. Que répondre à cela ?

" Servir mon peuple est une tâche ardue mais c’est également un honneur. "

C’était tout à fait sincère, on ne pouvait en douter, à moins qu’elle ne soit une comédienne hors pair. Elle fit une courte pause, ajoutant malgré tout, comme pour se montrer tout à fait honnête :

" Et il n’y a pas le temps de s’ennuyer… "

Ça ne répondait pas tout à fait à sa question et en même temps, cela voulait tout dire. Elle n’avait pas le temps de se demander si cela lui plaisait ou non tant il y avait à faire. Certes, elle se souvenait parfois avec une certaine nostalgie du temps où elle n’avait aucune responsabilité, mais elle prenait trop son travail à cœur pour regretter cette époque. Se rendre utile, à plus forte raison à une telle échelle, cela lui plaisait et elle en acceptait les inconvénients.

Un craquement fit sursauter légèrement Nyrlae. Il y avait quelque chose dans un des buissons et elle s’en éloigna, se rapprocha instinctivement de Galyn tout en encochant une flèche. Une respiration se fit entendre, signe qu’un animal devait se cacher. La plupart des bêtes évitaient les elfes et il y avait fort à parier que celle-ci ferait demi-tour sous peu et ne se montrerait peut-être même pas. On n’était jamais trop prudent, cependant et, une fois sa flèche prête, la jeune femme s’immobilisa tout à fait, l’oreille aux aguets.

Un certain temps s’écoula, puis quelque chose émergea des broussailles. Un mètre de long, une petite corne qui commençait à pousser sur son front, il n’était pas difficile de reconnaître un Makragnos, mais sans doute pas un adulte. Seulement, même à cette taille, s’il leur fonçait dans les jambes, les elfes risquaient gros. Le petit continuait à souffler, se demandant s’il devait fuir ou attaquer les importuns. L’espèce était réputée pour son agressivité, ce qui ne voulait pas dire qu’ils ne pouvaient pas éviter la confrontation. Quant à l’espèce de cuirasse qu’il portait sur le dos, elle le protégerait sans doute des flèches, même s’il avait peut-être la peau moins dure qu’un adulte.

La scène s’était figée, le petit n’ayant pas l’air de savoir que faire. Nyrlae, pour sa part, respectait suffisamment la nature pour ne pas avoir envie d’abattre le makragnos, mais si c’était le seul moyen de rester en vie ou du moins d'éviter d'être gravement blessée, elle s’y résoudrait. Elle soupira intérieurement : tomber sur cette espèce si près d’une ville, ce n’était vraiment pas de chance. Enfin, elle était accompagnée, fort heureusement. Même si l’animal chargeait l’un des deux, l’autre pourrait toujours réagir.Il n'y avait plus qu'à espérer que Galyn faisait toujours un aussi bon garde du corps en situation réelle.

" Avez-vous l'habitude de... ce genre de chose ? " finit-elle par souffler à Galyn doucement.

Elle se maîtrisait pour rester immobile et ne pas montrer sa peur, mais sa voix se teintait malgré elle d'une certaine anxiété. C'était la première fois qu'elle se trouvait dans une telle situation et ça n'était pas pour la rassurer.

Malgré l’immobilité du jeune homme, on pouvait remarquer qu’il jetait de fréquents coups d’œil tout autour d’eux, afin de s’assurer que les bruits de tires n’attirent personne. Il évaluait aussi la position de tire de la demoiselle, voyant que celle-ci était toujours aussi bien soignée, il se remit à vérifier les alentours, près à ce servir de son arc ou de ses dagues, si besoin était. L’elfe n’avait jamais changé d’attitude en compagnie de la jeune femme, certes, il avait abandonné la certaine arrogance dont il avait fait preuve le certain jour, mais en temps normal, il se montrait discret et respectueux. Il avait simplement cherché à savoir si elle avait l’étoffe d’une véritable archère et il s’était avérer, qu’elle était en réalité, la dame la plus importante de Daranovor. De plus, si l’attitude qu’il employait auprès d’elle lui déplaisait, il savait qu’elle n’aurait pas tenue sa langue bien longtemps, voir même, elle ne l’aurait pas du tout engagé. Cela prouvait donc qu’elle appréciait son caractère, même si elle ne l’avouerait probablement jamais.

Il écouta avec attention ce que la demoiselle lui disait. Lui aussi avait constaté l’effet plutôt militaire des terres de Daranovor, mais cela leur permettrait d’être plus facilement défendable qu’un palace construit uniquement pour la beauté architectural et non pour le but premier, défendre un royaume. Le jeune homme en savait peu sur l’histoire de son employeur et il fût tout de même content, malgré son air demeuré impassible au propos de la jeune femme, que celle-ci daigne lui parler un peu d’elle. Ces dernières semaines, elle l’avait à peine regardé, a peine prêter attention et la voilà, qui engageait une certaine conversation. Une conversation discrète, mais c’était tout de même un début. Ne voyant pas ce qu’il pourrait y ajouter, Galyn se permit un hochement de tête en sa direction, puis concentra son regard vers la cible qui était criblé de flèche.

Il ne pouvait pas s’exercer au tir à l’arc pendant ses fonctions, donc il s’abstint de prendre l’arc qui se trouvait en travers de son torse, puis choisit plutôt d’aiguisé l’une de ses dagues. Il était préférable d’avoir des dagues aiguisées en tout temps, plutôt que des lames mal entretenue ou rouillée par le temps. Il n’aimait pas particulièrement ne rien faire, mais il s’était dit qu’à l’avenir, il pourrait prendre certain manuscrit dans la bibliothèque et ainsi s’informer d’avantage sur l’histoire de Daranovor. Seulement, il hésitait à faire cela pendant que la demoiselle s’occupait à lire de la paperasse, puisqu’un simple geste pouvait facilement changer le court des choses. Cela faisait longtemps qu’il avait retenu la leçon. Il s’en voudrait beaucoup que, par sa négligence, la jeune femme périsse ou reçoivent quelques choses. Il avait senti le regard azur sur sa personne, mais ne s’en était pas formaliser pour autant. Il continua d’aiguisé ses dagues tout en restant au aguets.

Lorsque la voix de la demoiselle s’éleva afin de lui proposer de s’entraîner, il fut content de pouvoir ranger sa dague et d’enfin retirer l’arc qui se trouvait autour de son torse. Il n’aimait pas demander la permission pour quelques choses, il s’abstenait donc de poser trop de question et surtout, de négliger la protection de l’archère. Il ajusta son carquois sur ses épaules, près pour l’entraînement, mais avant, il voulait poser une question franche à la jeune femme. Sans détour, il la posa, n’affichant pas un air coupable de l’avoir poser. Il ne devait certainement pas être le premier à ce poser ce genre de question et comme il avait, lui aussi, déjà habituer dans un lieu où le masque était roi des apparences, il voulait savoir comment cela pouvait être que de vivre continuellement avec ce genre de vie. Peut-être qu’au fond, lui aussi adoptait le masque de l’impassibilité de par son éducation noble ou simplement suite aux événements qui s’en sont suivis. Le jeune homme ne pu retenir l’esquisse d’un sourire en voyant la drôle de tête que lui faisait la jeune femme. C’était décidément une drôle de journée! Un sourire était chèrement gagner de la part de Galyn, elle devrait au moins être heureuse d’avoir obtenu un semblant d’expression dans son regard impassible.

Il reprit rapidement son sérieux, près à ce faire répondre ou simplement ignorer, mais il voyait que la demoiselle avait l’intention de répondre. Il patienta donc, une nouvelle fois, puis planta son regard dans le sien sans aucune gêne.

" Servir mon peuple est une tâche ardue mais c’est également un honneur. "

L’honneur. Le garde du corps aurait pu se douter de la réponse, mais dans la bouche de l’archère, celle-ci semblait honnête et il n’en douta même pas. Il savait que certain accédait à de noble fonction grâce au mariage ou simplement grâce aux connaissances, mais il voyait clairement qu’elle tenait à ce poste et qu’elle semblait réellement l’apprécier pour ses fonctions, mais aussi pour tout ce qui y était liée. Il n’eut pas le temps de montrer sa satisfaction, qu’un craquement se fit entendre. Il s’était immédiatement concentrer sur ce point, près à protéger la demoiselle. Lorsqu’il vit bête émerger, il fronça légèrement les sourcils, ne sachant pas exactement de quoi il s’agissait. Il n’avait jamais vraiment aimé la chasse et le répertoire des animaux l’avait toujours peu intéressé. Il se jura d’emprunter quelques livres sur ce sujet, lorsqu’ils seraient de retour au duché.

Arc tendu, il se dressa devant la jeune femme, fixant l’animal directement dans les yeux. Ce n’était peut-être pas la meilleure des idées, mais il se devait de savoir ce que l’animal allait faire comme gestes afin de pouvoir prévoir le coup. Le jeune homme avait rapidement remarqué la cuirasse protectrice qui recouvrait le corps de l’animal, il essaya donc de desseller les points faibles de l’animal, prêt à tirer au moindre mouvement.

" Avez-vous l'habitude de... ce genre de chose ? "

Son regard ne c’était pas détacher de l’animal, mais il avait facilement pu sentir la note d’anxiété qui perlait dans la voix de la demoiselle. Lui non plus n’était pas habituer par ce genre de chose, donc il ne savait pas exactement comment réagir face à l’animal. Il trouvait soudain que les humains étaient beaucoup plus simples à assassiner que des animaux. Eux au moins risquaient soit de vous foncez dessus avec la ferme intention de vous tuer ou de simplement ne pas vous défiez. Concentré, l’elfe et la bête semblait évaluer les compétences de l’autre. Cela pouvait semblez ridicule au premier abord, mais c’était nécessaire.

Finalement, la scène reprit son cours normal, puis l’animal chargea en direction de l’être qui osait ainsi le défier du regard. N’attendant pas que l’animal soit directement sur eux, Galyn commença par tirer un trait dans la patte arrière de l’animal, le faisant ainsi ralentir considérablement dans sa course. Le garde du corps avait remarqué la cuirasse protectrice était moins importante au niveau des pattes, permettant ainsi à la flèche de bien perforer. L’animal rugit de douleur, mais continua tout de même de charger, près combattre l’homme qui venait de lui infliger cela. D’un geste rapide, Galyn retira sa cape, et la lança en direction de l’animal, qui la reçu directement sur le dos. L’animal était désorienté, ayant la vus ainsi obstruer par quelques choses. Ne se limitant pas à cela, le garde du garde pris rapidement deux autres flèches et les encochant, les laissant ensuite filer en direction de la cape. Celles-ci se plantèrent dans les coins, empêchant ainsi l’animal d’aller plus loin. Par simple mesure de précaution, l’elfe planta deux autres flèches aux extrémités manquantes, piégeant ainsi complètement l’animal.

Trop affaiblis pour commencer à ce défendre, l’animal se laissa aller contre le sol, gémissent de douleur. Galyn n’aimait pas particulièrement tuer et encore moins laisser un animal qui avait des chances de s’en sortir. Il avait soin de ne pas viser un point vital. Certes, la blessure prendrait plusieurs semaines à guérir, mais l’animal pourrait de nouveau marcher convenablement. Avec lenteur, pour ne pas effrayer le Makragnos, Galyn s’avança avec précaution afin de retirer la flèche qui blessait l’animal, mais celui-ci avec un violent coup de tête, déchira la cape, permettant ainsi à tout son corps d’émerger et de fixer le garde du corps avec un regard mauvais. Se redressant, le jeune homme glissa ses mains vers l’arrière, agrippant la garde des dagues qui se trouvait derrière son dos. On pouvait maintenant voir la détermination du garde du corps à ne pas ce laisser berner par l’animal.

Jusqu'à présent, il n’avait porté aucune attention à la jeune femme, sachant qu’elle se trouvait toujours à proximité de lui. L’animal avait une détermination féroce, aussi grande que celle de Galyn, fonçant de nouveau avec une rapidité hors du commun, le jeune homme ne pouvait simplement pas rester planter là, à attendre que l’animal sois suffisamment près pour l’attaquer. Puisque s’il faisait cela, la vie de la jeune femme allait aussi être en danger. Serrant la mâchoire, il se tourna vers la demoiselle, puis sans crier gare, il la prit par la taille, la tirant vers l’arrière et grâce à un jeu de jambe rapide, il la fit basculer au sol, la mettant ainsi à couvert derrière un arbre. Au moment même au Galyn s’accroupissait à son tour, au dessus de la demoiselle, il senti la masse sombre du Makragnos passer au dessus d’eux. Avec un geste rapide, il se retourna puis planta la lame de sa dague directement où se trouvait le cœur. Transpercer ainsi, l’animal s’échoua comme une roche sur le sol, mort.

Le regard de Galyn resta un moment immobilisé sur le corps de l’animal, puis se reporta finalement sur la femme qui se trouvait sous lui. Prenant finalement conscience de la situation, il se redressa, puis se remit rapidement sur pied, aidant la jeune femme à se remettre elle aussi d’aplomb. Il avait conservé son sang froid pendant l’ensemble du combat, permettant ainsi de rassurer un peu la demoiselle sur le danger potentiel que pouvait causer l’animal. Une chose était sûre, c’était qu’il devrait rapidement se renseigner sur la faune et la flore. On n’était jamais assez prudent!

Loin de se diriger vers l’animal, il se dirigea plutôt en sens opposer, récupérant la cape qui se trouvait sur le sol. Elle était trouer à plusieurs endroit et maculés de sang. Heureusement, il n’avait pas choisit de mettre celle qu’il préférait, mais il devait avouer que la perte de cette cape l’embêtait légèrement. Relevant le regard vers la demoiselle, il planta son regard dans le sien.

- Une chose est sûr…Vous me devez une cape…

Malgré le sérieux de la phrase, on pouvait tout de même voir une lueur amuser dans son regard. Il reprenait à peu près les mêmes paroles que la jeune femme avait employé lorsqu’il avait oser détruire l’une de ses flèches. Il ne savait pas si elle allait comprendre le sous entendus, mais cela l’amusait légèrement et il semblait beaucoup moins expressif qu’elle, donc pourquoi trouverait-elle sa remarque arrogante?

Nyrlae fut un peu surprise de voir un semblant de sourire sur le visage du jeune homme. Qu'attendait-il comme réponse qui puisse le faire ainsi sortir de son impassibilité ? Dans le doute, elle opta spontanément pour la sincérité. Elle ne lui en voulait pas d'être direct, tant qu'il restait à sa place. Après tout, la question pouvait se poser quand on voyait le temps qu'elle avait passé derrière son bureau ces derniers temps alors qu'elle aimait tant se promener en forêt. Elle aurait été curieuse de savoir ce qu'il pensait de cette réponse. Allait-il se dire qu'elle lui servait un mensonge bien rodé ou réussir à comprendre que dans toute tâche, aussi difficile soit elle, on pouvait trouver du plaisir ? Peut-être même appréciait-elle son poste pour cela : parce qu'on n'est jamais mieux servi que pas soi-même et qu'elle aimait régler les difficultés. Elle allait ajouter quelque chose, mais le craquement l'arrêta net.

Lorsque l'animal émergea, Nyrlae recula peu à peu, tout doucement, de façon à ce que Galyn se retrouve devant elle. Cependant, elle garda son arc armé, prête à tirer si nécessaire. Hors de question de partir en courant... sans doute aussi parce que ce serait le meilleur moyen de se faire charger. Sa question ne reçut pas de réponse de la part du garde-du-corps, mais la jeune femme ne lui en tint pas rigueur, il n'était pas temps de discuter. Elle espérait juste que c'était un "oui" muet. Elle n'avait vraiment aucune envie de finir piétinée et devoir déjà chercher un nouveau garde du corps, c'eut été contrariant... Bon, plus que contrariant, d'accord, si elle avait dû le ramasser à la petite cuillère.

La bête chargea finalement et Galyn tira une première flèche, Nyrlae l'imitant dans la foulée. Après tout, s'il connaissait le point faible de cet animal, autant faire comme lui. A moins qu'il ne cherche à l'immobiliser ? Dans l'action la jeune femme n'eut pas trop le temps d'y penser. Elle allait tirer une seconde flèche lorsque le garde-du-corps lança sa cape sur l'animal. Il cherchait à l'aveugler ? Était-ce censé arrêter la charge par miracle ? De cela, elle doutait fortement...

Non, c'était une cage improvisée. Nyrlae secoua la tête, cachant difficilement son inquiétude :

" Ca ne tiendra pas. "

Pessimiste ? Non, réaliste ! Mais le pauvre makragnos se tordant de douleur au sol lui fit baisser son arc légèrement. Elle n'aimait pas voir souffrir qui que ce soit, les animaux pas plus que les elfes. En plus, il s'agissait d'un petit... c'était du gâchis...

" On peut le laisser là... " commença-t-elle lorsqu'elle vit Galyn s'approcher de l'animal, dans l'idée de l'achever, supposa-t-elle.

Elle ne voulait pas faire du sentimentalisme mal placé, après tout, il connaissait mieux son métier qu'elle. Mais, tout de même... l'animal se libérerait seul et réussirait peut-être à se remettre de sa blessure ? Les belles idées volèrent en éclat lorsque le makragnos bondit à nouveau, la prenant au dépourvu. Il n'y a rien de plus dangereux qu'un animal blessé... cela se vérifiait.

Nyrlae n'eut pas le temps de réagir que le jeune homme l'attrapait par la taille et la projetait au sol. Le temps qu'elle comprenne ce qui s'était passé, elle le makragnos s'écroulait un peu plus loin, achevé par la dague. Le cœur battant à cent à l'heure, la jeune femme ne bougeait plus. Elle avait bien cru qu'elle allait y passer, cette fois. Galyn finit par réagir et la tira de sa stupeur. Après un temps d'arrêt, elle accepta volontiers sa main pour se redresser, les jambes en coton. Les battements de son cœur se calmèrent peu à peu alors qu'elle regardait le jeune homme aller récupérer sa cape... à présent en lambeaux. C'était une préoccupation assez loin de la peur qu'elle avait eu, elle devait bien le reconnaitre.

" Une chose est sûre…Vous me devez une cape… "

Encore sous le choc, l'humour échappa à Nyrlae qui dévisagea Galyn avec de grands yeux, avant de rétorquer un peu sèchement :

" Je peux effectivement remplacer votre prochaine paye par une cape. "

Puis elle prit conscience de ce qu'il avait dit, reprit un peu ses esprits et ajouta plus doucement :

" Ou par tout un lot de capes. "

C'était peut-être bien de l'humour qui faisait aussi référence à leur premier rencontre, même si elle avait reprit un air relativement neutre. Elle jeta un coup d'œil au makragnos. C'était triste, mais ils avaient fait ce qu'ils pouvaient pour éviter ça... surtout Galyn, en fait. Elle devait reconnaitre qu'il s'était montré particulièrement efficace. Même quand il l'avait expédiée au sol, il s'était arrangé pour éviter de l'assommer à moitié sous le choc.

Nyrlae soupira légèrement, consciente qu'elle ne s'était pas encore tout à fait reprise. La logique aurait voulu qu'ils rentrent sur le champ, mais la jeune femme n'avait aucune envie de perdre la face devant d'autres personnes. Il fallait juste qu'elle prenne le temps de se calmer un peu. Après, ils pourraient rentrer, et elle retournerait à sa paperasse. Elle parut se rappeler tout à coup la présence de Galyn et s'assit sur une grosse racine en le dévisageant.

" Vous n'avez pas tardé à justifier votre présence... "

Tout ça pour une petite sortie... Elle se passa une main lasse sur le visage : à l'avenir, elle ferait mieux de passer son temps libre autrement. C'était différent lorsque sa mère était avec elle, Elycia prenait le temps de savoir où et avec qui elles allaient, elles ne risquaient rien. Après, se rapprocher d'Elya lui avait changé les idées... Et maintenant, comme une idiote, il fallait qu'elle trouve le moyen d'aller risquer sa vie ! Elle ne pouvait plus se le permettre. Plus maintenant. Son regard se posa à nouveau sur Galyn.

" Merci. "

Elle s'en voulait. Ils auraient pu y laisser tous les deux la vie, ou du moins être grièvement blessés. Il était peut-être payé pour la protéger, mais partir de ce principe aurait été égoïste et particulièrement irresponsable... cela lui faisait penser aux nobles humains qui méprisaient les roturiers ou tyrannisaient leurs domestiques. Elle ne voulait pas devenir comme ça parce qu'elle était privée de sa famille. Encore quelques minutes et ils rentreraient s'en serait fini de ces promenades inutiles.

Pendant l’ensemble du temps qu’avait duré le combat, le jeune homme ne s’était jamais déconcentré et n’avait jamais sous-estimé son adversaire. L’animal était féroce, surtout après que le garde du corps l’eu blessé. Il comprenait l’animal de vouloir continuer le combat, il aurait fait de même, même avec une blessure qui aurait pu le désavantager dès les premiers assauts. Il fut content de l’aide que lui apporta la demoiselle, malgré la peur de celle-ci, elle avait tout de même réussi à acquiescer un geste pour l’aider ou c’était simplement pour se sortir de la situation? Peu importe, l’important c’était que l’animal était deux fois plus blesser qu’il ne l’espérait, seulement, elles n’eurent pas raison de lui. Il avait opté pour une solution simple et rapide, une cage improvisé, mais il vit rapidement que la bête ne comptait en rien se rendre. Il avait dû faire preuve de calme, contrairement à la jeune femme qui commençait à s’inquiété tout près de lui. L’essentiel dans un combat, s’était de garder son sang froid et c’était exactement ce que Galyn tentait de faire.

Malgré la bonne volonté du garde du corps à vouloir le laisser en vie, il n’eut d’autre choix que de l’achever compte tenu des circonstances. Il aurai pu sauvagement blesser la personne qu’il avait pour devoir de protéger et il aurait pu lui-même subir de grave blessure si l’animal aurait réussi à planter sa corne dans l’une des jambes de l’elfe. Pendant que l’animal chargeais, l’elfe avait du réfléchir à toute vitesse afin de préserver leurs vie. Prenant la première solution qui lui venait en tête, il prit tout de même soin de ne pas blesser la demoiselle tandis qu’il la plaquait presque de force au sol afin de lui éviter de se prendre une corne en plein flancs. Les pattes arrière avaient propulsé l’animal avec une force hors du commun avec la patte blessé, mais l’archer avait facilement renversé la situation en plantant sa dague dans le cœur de l’animal. La chair était beaucoup moins résistante sous le corps, permettant ainsi à la dague de bien pénétrer la chair.

Il était loin d’être douer pour rassurer les gens, surtout après une expérience dans le genre. La seule solution qui lui venait en tête, c’était peut-être un peu d’humour. Récupérant sa cape afin de la montrer à la jeune femme, il fit une référence à leur première rencontre. C’était maladroit, mais au moins il avait essayé quelques choses. La réponse de la demoiselle ne se fit pas prier, laissant le jeune homme indifférent. Il nota immédiatement qu’il était inutile d’essayer de faire un temps sois peu d’humour lorsque la demoiselle venait à peine de vivre ce genre d’épreuve. Il remarqua le regard qu’elle jeta au makragnos, comme si elle regrettait que la jeune homme ait mis fin à ses jours. Certes, c’était loin d’être agréable de prendre une vie lorsque le besoin n’y était pas, mais c’était sois sa, sois l’un deux finissaient avec une blessure.

Galyn avait remit son arc à travers son torse et s’était lentement diriger vers un petit ruisseau qui se trouvait tout près de l’endroit où ils étaient. S’accroupissant doucement, il sorti la dague couverte de sang qu’il avait utilisé, puis alors qu’il s’en allait commencer à la nettoyer, il se releva, tournant son regard vers la jeune femme. Il accepta volontiers ses remerciements, mais ne lui répondit rien. Il aurait été inutile de répliquer quelques choses à cela et elle devait savoir, après un mois à le fréquenter tout les jours, qu’il n’aimait pas parler inutilement. Il fixa le corps inerte de l’animal avec un léger froncement de sourcil. Malgré la peau épaisse de celui-ci, ils devraient être en mesure de pouvoir rapporter une partie de l’animal afin de pouvoir la donner au cuisiner. Il détestait ignorer quelque chose, mais c’était humain après tout de ne pas tout savoir. Doucement, il commença par prendre les parties qu’il considérait être utile, puis jeta le reste de la carcasse dans un petit fossé se trouvant non loin. Ainsi, il pourrait nourrir le reste des bêtes sans empester les alentours. Il enroula le tout dans la cape, sachant que c’était l’unique moyen dont il disposait pour le ramener.

Finalement, après avoir terminer cela, il daigna finalement poser son regard sur la silhouette de la jeune femme. Jusque là, il n’avait pas sût quoi lui dire, c’était pour cela qu’il avait préférer s’occuper du makragnos. Il savait par expérience, que si la demoiselle était comme lui, elle aimerait mieux retrouver son calme par elle-même que grâce à lui. Se redressant, il s’approcha lentement d’elle en s’accroupissant de nouveau près du ruisseau. Il nettoya sa dague rapidement, la remis dans son fourreau, puis vint s’appuyer contre l’arbre, posant son regard sur la demoiselle.

- Les choses auraient pu être pire…

C’était plutôt maladroit, il devait l’avouer, mais au moins il montrait qu’il se préoccupait un minimum de son état. Il avait aussi remarqué que la demoiselle était légèrement blessée à la tête, mais celle-ci n’avait pas dû s’en rendre compte, puisqu’elle était beaucoup trop inquiète de ce qui pourrait lui arriver de pire. Avec délicatesse, il vint se poster face à l’archère, penchant légèrement la tête vers la plaie. Elle n’était pas profonde et guérirait rapidement, ce qui était avantageux. Fronçant doucement les sourcils, le jeune homme alla déchirer un morceau de cape qui n’était pas utilisé, puis alla le tremper dans l’eau. Il revint rapidement vers la jeune femme et s’accroupit totalement devant elle pour pouvoir soigner sa plaie. Il était un peu plus grand qu’elle, mais travailler debout ne l’aidait pas vraiment.

- Vous permettez que je vous soigne…?

Les mots avaient été murmurer avec respect et il ne comptait pas toucher la jeune femme a moins que celle-ci ne lui en donne l’autorisation. L’air indifférent du jeune homme pouvait donner l’impression que rien ne pouvait le perturber, pas même l’attaque du makragnos. Lorsque l’autorisation fut finalement donner, le jeune homme prit le menton de la demoiselle avec ses doigts assez muscler pour un elfe, puis appliqua le tissu humide sur la plait avec l’intention de la nettoyer. Il y allait avec douceur, ne voulant pas faire souffrir la dame protectrice, surtout que c’était elle qui veillait à ce qu’il soit bien loger et nourris, donc il n’allait pas y aller trop brusquement. Pendant qu’il soignait la plaie, il plongea un moment son regard dans le regard de la jeune femme, voulant essayer de savoir ce qui pouvait bien lui traverser la tête à ce moment précis, mais c’était tout de même dur à deviner. Surtout qu’elle adoptait souvent un air aussi neutre et impassible que lui.

- Sans vouloir être indiscret…À quand remonte votre dernière sortie en forêt?

La question semblait ne pas avoir de but précis, mais le garde du corps essayait d’en connaître d’avantage sur la demoiselle et s’il ne lui posait jamais de question, jamais il ne réussirait à savoir quoi que ce soit. Il voulait aussi lui faire changer les idées et si elle lui parlait de quelque chose d’autre, qui n’avait aucun lien avec un animal, peut-être qu’elle se calmerait plus vite. Il avait terminé de soigner la plait et avec douceur, il s’était permit de placer quelques mèches de cheveux devant, cachant ainsi tout trace d’attaque. Personne ne pourrait ainsi soupçonner qu’ils avaient été attaqués et la jeune femme pouvait rentrer au château avec la tête haute. Il avait compris sa décision de ne pas rentrer immédiatement. Perturbée comme elle l’avait été, les autres gardes s’auraient posé des questions sur ce qui c’était dérouler en forêt et les rumeurs n’auraient pas tardé pas fuser de partout. Mieux valait revenir comme ils étaient parti, mais avec une cape en moins et un repas en plus.

La seule chose qu’il espérait, c’était que la demoiselle n’eut rien remarqué de ses dagues. Elles étaient unique et ne ressemblait à aucune de celle qui pouvait se trouver en circulation. Jusqu'à présent, il ne croyait pas qu’elle avait découvert qui il était totalement et il n’avait aucune envi de devoir répondre à un nombre de questions sans fin. Ce n’était pas son genre et les événements passé, il préférait les oublier.

Nyrlae eut une grimace de dégoût lorsque le jeune homme décida de découper la viande de l’animal. La chasse n’était pas interdite à Daranovar, mais tout de même… c’était écœurant. Qui irait manger cela ? Pas elle, en tous cas. Mais chacun était libre de ses choix et après tout, maintenant que le petit était mort, peut-être valait-il mieux que cela n’ait pas été vain. La jeune femme se contenta donc de détourner le regard en essayant d’ignorer ce qu’elle entendait. Elle semblait ne pas prêter attention à ce que Galyn faisait, mais en réalité c’était loin d’être le cas, même si elle essayait avant tout de se calmer tout à fait.

" Les choses auraient pu être pire… "

Le regardant à nouveau en face, elle haussa les sourcils. Oui, bien-sûr, il avait raison. Ils auraient put tomber sur le même animal en version adulte... Sept mètres de long et sûrement quelques tonnes... ils n'auraient pas fait long feu. Alors évidemment, ils pouvaient relativiser.

Elle lui jeta un coup d’œil interrogateur lorsqu’il vint observer sa tête, puis porta les doigts là où elle ressentait une certaine douleur. Elle les ramena tachés de sang mais conserva son apparente indifférence. Sauf qu'elle savait très bien que cela risquait de se voir tôt ou tard et qu’on lui poserait des questions. Elle n'aimait pas du tout les questions, elle appréciait que chacun s'occupe de ses affaires et qu'on la laisse tranquille. Elle se sentait en forme, elle aurait sans doute une grosse bosse et puis ça irait bien. Mais elle savait très bien qu'au lieu de cela, on allait lui faire remarquer à demi-mots qu'elle aurait mieux fait de rester à l'abri et puis, dans la foulée, que si c'était pour revenir blessée dès sa première sortie, elle eut mieux fait de changer de suite de garde-du-corps. Sauf que de cela, elle n'avait pas spécialement envie. Pas tant qu'elle se soit spécialement attachée à lui, mais elle avait bien autre chose à faire que de recommencer à tester quelqu'un d'autre. De son point de vue, elle n'avait qu'un malheureux coup, elle n'allait pas s'affoler pour un peu de sang.

" Vous permettez que je vous soigne… ? "

Son premier réflexe fut d'avoir un léger mouvement de recul pour refuser. Il y avait un excellent guérisseur qui prendrait soin d’elle une fois rentrée, elle pouvait bien attendre un peu et ce n’était pas le travail de Galyn. Mais en même temps, si elle pouvait éviter que l’incident s’apprenne… Revenant sur sa décision, elle hésita un bref instant, puis finit par hocher la tête et repoussa ses longs cheveux en arrière pour lui permettre d’essuyer le sang qui perlait. Elle l'aurait bien fait elle-même, mais sans miroir, elle ne voulait pas faire de bêtise. Elle ne tarda pas à se mordre la lèvre pour contenir la douleur. Ce n’était pas grand-chose, mais cela n’avait rien d’agréable, elle s'en serait volontiers passé. Et puis, le fait que le jeune homme soit si proche d’elle ne la mettait pas très à l'aise et elle détourna finalement le regard, essayant de l’ignorer.

" Sans vouloir être indiscret… À quand remonte votre dernière sortie en forêt ? "

Difficile de faire comme s'il n'était pas là alors qu'il lui nettoyait sa plaie et se mettait à parler en plus. Mais sa question vint à point nommé pour lui changer les idées, d'autant qu'elle faisait ressurgir quantité de souvenirs. Il terminait de la soigner lorsqu'elle se décida à répondre :

" J’ai fait l’aller-retour à Alëandir dernièrement… mais cela n’avait rien d’une promenade. "

C’était un trajet organisé, avec son père, sa sœur et ceux qui devaient les accompagner. C’était l’époque bénie où elle n’avait qu’à se réjouir d’aller visiter la capitale. Elle pouvait se contenter d’espérer passer du temps à la bibliothèque et se demander ce qui se dirait au Conseil sans se sentir réellement concernée… A présent, c'était elle qui y siégerait pour démêler elle ne savait quels problèmes. Elle laissa échapper un petit soupir. Une vraie promenade… Cela remontait à tellement plus loin… Elle se releva dès qu’elle le put pour remettre une certaine distance entre eux et alla ramasser son arc qui gisait toujours à terre après un bref "merci" un peu gêné. Non, la dernière fois qu’elle était allée en forêt pour le plaisir de respirer le parfum des arbres…

" Pas depuis des mois, " finit-elle par avouer avec une pointe de tristesse.

Pas depuis que sa mère avait disparu, en réalité. Mais elle n’allait pas s’étendre sur sa vie, il n’avait pas besoin de savoir qu’avant elle y allait régulièrement et qu’à présent tout avait changé et ce, de plus en plus radicalement. D’ailleurs, elle coupa court en concluant d’un ton plus dur :

" Finalement, ce n’est peut-être pas plus mal. "

Elle avait fait assez de bêtises comme ça, il était temps qu’elle se reprenne en main, même si elle ne reconnaitrait jamais qu'elle estimait avoir fait une erreur. Elle vérifia le nombre de flèches qui était dans le carquois qu'elle portait à sa ceinture, craignant d'en avoir perdues dans l'agitation. Toutes étaient là, si ce n'était celle qu'elle avait tirée sur le makragnos et qu'elle ne comptait pas aller récupérer afin d'éviter de voir ce qu'il en restait. Puis elle avisa le petit sac qu'elle avait emporté avec elle et laissé dès le début au pied d'un arbre. Un pique-nique léger... Elle le considéra avec déception, expression qu'elle cacha bien vite, par habitude. Tant-pis...

Elle retourna s'asseoir, n'ayant toujours pas envie de rentrer. C'était stupide, songea-t-elle. Ils venaient d'avoir la preuve que même à proximité de la ville il pouvait y avoir des dangers, et elle, elle trainait autant que possible. Elle devait bien se rendre à l'évidence : elle avait besoin de la forêt, elle lui avait trop manqué durant tout ce temps. Elle ferma les yeux un instant et écouta le chant des oiseaux et le bruissement des feuilles. Pendant un long moment, elle sembla même avoir oublié Galyn et les éventuels makragnos qui pouvaient roder dans les parages.

Puis elle rouvrit les yeux, l'air apaisé et demanda soudainement, comme si elle se rappelait de la présence du jeune homme :

" Aimez-vous la forêt ? "

Il n'avait pas été réellement précis sur ses anciens emplois, elle ne pouvait savoir à quel point il avait pu passer du temps dans ce genre d'environnement. De son point de vue, tout elfe aurait dû nouer des liens étroits avec la nature, mais peut-être avait-elle des valeurs devenues éculées avec le temps... comme celle de ne pas manger de viande. Elle ne savait pas pourquoi elle lui posait cette question. Ce n'était pas comme si la réponse avait réellement une quelconque importance. Il pouvait bien penser ce qu'il voulait, tant qu'il faisait son travail, ce n'était pas son problème... ou peut-être qu'elle s'y intéressait vraiment, histoire de savoir à qui elle avait affaire, finalement.

Galyn n’avait pas aimé particulièrement s’occuper de l’animal mort, mais c’était nécessaire. Au moins il n’aurait pas été mort en vain. Rassurée une femme qui venait de subir un traumatisme léger n’était pas chose facile et comme il était loin d’être doué sur le plan social, la tentative avait été maladroite. Tout de même, il avait raison, ils auraient pu tout les deux finir blesser ou tomber sur un animal beaucoup plus féroce que celui-ci. Ils auraient même pu tomber dans une embuscade. Malgré son impassibilité face à la situation, le jeune homme s’en voulait d’être parti en forêt avec la simple intention de se détendre. Certes, c’était l’idée de la demoiselle, mais il aurait tout de même pu être d’avantage prudent à propos des animaux qui pouvaient régner dans les forêts environnantes. Il était impatient de pouvoir se rendre à la bibliothèque afin de parcourir les manuscrits qui parlaient des différents animaux que contenait la flore de Daranovor, mais il devait d’abord soigner la jeune femme et la rassurée.

Le doute qu’il avait fut confirmer lorsque la jeune femme toucha sa plaie afin de s’assurer qu’elle c’était blesser. Elle devait simplement ressentir un élancement au niveau de la tête, mais rien de vraiment sévère qui pouvait laisser croire un certain traumatisme à ce niveau. Le jeune homme savait que si la blessure se voyait, la plupart des gens ne verrait plus en lui un garde du corps compétent, mais plutôt, un garde du corps qui prend ses responsabilités à la légère. Il n’aimait pas particulièrement que les gens parlent de lui et il détestait d’avantage qu’il parle contre ses compétences de garde du corps. Il avait déjà réussi à faire des preuves mainte fois auprès de ses autres employeurs, alors pourquoi ne serait-il pas capable de les faire devant la jeune femme? Il s’était donc permis de lui offrir ses soins pour ne pas que la blessure soit voit trop par les autres gardes. Patient, il ne s’était pas offusquer devant le mouvement de recul de la jeune femme, au contraire, cela prouvait qu’elle ne permettait pas à tout le monde de la toucher comme bon lui semblait. C’était ce genre de personne que l’elfe appréciait ou du moins, tenait d’avantage en estime par rapport aux autres. Elle ne faisait pas confiance à tout le monde et prenait souvent ses distances, mais il restait à savoir pourquoi?

Ce concentrant de nouveau sur la plaie, le jeune homme perçu le mouvement léger au niveau de la lèvre de la jeune femme. Celle-ci semblait vouloir contenir la douleur que provoquaient ses soins. Allégeant légèrement son toucher pour éviter de lui provoquer de nouvelles douleurs, le jeune homme prit soin d’essuyer l’ensemble du sang pour que rien ne paraisse. Elle n’aurait pas besoin de se faire examiner par un médecin, simplement attendre que le tout se referme et cicatrise bien et le travail serait jouer! Il avait remarqué le léger mal l’aise qu’avait fait naître la proximité entre eux, tandis que son regard scrutait celui de la demoiselle. C’était vrai que la situation pouvait être contraignante. Elle était sa supérieur et lui son garde du corps. Il préféra détourner la conversation, permettant ainsi au mal l’aise de se dissiper peu à peu pendant qu’il terminait de la soigner.

La première partie de la réponse vint, mais le garde du corps se permis d’avoir un petit doute. Il ne parlait pas du genre de sortie organiser pour partir du point A et se rendre jusqu’au B. Il voulait savoir à quand remontait la dernière fois que la demoiselle c’était vraiment retrouver à sa place dans une forêt et ou elle avait réellement pu se détendre en faisant abstraction de ce qui l’entourait. Le jeune homme suivit la silhouette de la jeune femme lorsqu’elle se dirigea vers son arc, mettant de nouveau la distance qui les caractérisait depuis qu’il était entré en fonction. Il attendait toujours une réponse de la demoiselle, voulant réellement savoir la réponse à sa question. C’était rare qu’il s’intéresse à quelqu’un d’autre et qu’il se permette de poser des questions sur la vie d’une personne, donc étant donner qu’il s’était donné la peine d’un minimum de socialisme, il aimerait qu’on lui répondre franchement. Croisant les bras sur son torse avec patience, il continua de regarder l’archère qui s’attelait à récupérer son arc.

" Pas depuis des mois, "

La pointe de tristesse qui perlait dans la voix de la jeune femme, n’échappa pas totalement au garde du corps. Ce genre de promenade était donc beaucoup plus important qu’elle pouvait parfois le laisser supposer. Lorsqu’elle lui avait proposé une promenade, il croyait simplement qu’elle voulait s’éloigner des responsabilités pendant un petit moment, mais jamais il n’aurait crut que cela faisait aussi longtemps qu’elle n’était pas venu en forêt pour son plaisir. Il ne pouvait cacher que cela lui faisait plaisir de savoir la demoiselle honnête avec lui. Cela faisait au moins une personne avec qui il pouvait être assuré d’avoir les vraies réponses et avec qui il pouvait avoir de réelles discussions sans prendre des millions de détour pour y parvenir. Il s’était détourner au moment où la jeune femme s’occupait de ses flèches. Il devait s’occuper de nettoyer sa dague, ne voulant surtout pas qu’elle rouille ou bien que le sang la tâche.

Il avait justement terminé au même moment où elle était entrain de regarder le petit pique-nique qu’elle avait apporté. Malgré les événements un peu précipité, le jeune homme avait une petite faim qui commençait à tenailler son estomac et celle-ci ne tarderait pas à grandir. Pendant que la demoiselle semblait se retrouver avec la nature, le garde du corps en profita pour aller prendre une pomme qui se trouvait dans le petit sac qu’elle avait apporté. Elle ne lui en voudrait certainement pas s’il s’alimentait. Elle n’avait tout de même pas fait préparer un repas aussi important pour une seule personne. Au moment où il croquait à pleine dent dans la pomme, il sentit le regard azur de la jeune femme se poser sur lui.

" Aimez-vous la forêt ? "

Il fronça légèrement les sourcils sans la quitter des yeux. La question pouvait surprendre pour quelqu’un qui n’était pas vraiment habitué qu’on s’intéresse à lui et c’était mieux ainsi. S’appuyant contre l’arbre opposé à celui de la demoiselle, il adopta un air pensif tant qu’a la réponse. Dans ses emplois précédents, il avait dû se retrouver en forêt pendant plusieurs mois, mais il n’y avait rien de plus agréable que l’air paisible et la tranquillité qu’une forêt pouvait offrir. Plongeant son regard dans celui de l’archère, il prit une nouvelle bouchée de sa pomme, puis hocha lentement la tête.

- Tout dépends dans quel sens vous l’entendez…

Vu comme sa, la question paraissait simple et la réponse pouvait simplement être répondu par un oui ou non. Seulement, le jeune homme n’aimait pas répondre à moitié et si la jeune femme lui avait posé une question sérieuse, il se devait d’y répondre.

- Si vous parler de la tranquillité qui y règne et de l’apaisement qu’elle peu provoquée chez quelqu’un, j’aime la forêt. Si vous parler de ce qu’elle peu dissimuler au regard des gens, je n’aime pas particulièrement me retrouver en forêt.

Tout en débitant sa réponse, il jetait de fréquents coups d’œil tout autour d’eux, conscient qu’un nouveau danger pouvait surgir à tout moment. Il restait sur ses gardes après le coup que lui avait fait le makragnos et il prenait d’avantage la sécurité de la demoiselle au sérieux. Jusqu'à présent, tout semblait en ordre et personne ne semblait sur le point de surgir des buissons, permettant ainsi au jeune homme de se détendre un peu. Après un moment, il fini finalement sa pomme et se permis de jeter le cœur dans les boisées se trouvant non loin. Cela ferait du compost. Il se dirigea vers la cape qu’il avait installée en baluchon plus tôt et la souleva avec la ferme intention de la porter sur ses épaules. Il avait l’impression d’avoir beaucoup trop tarder dans la forêt et que des choses beaucoup plus urgentes attendaient la demoiselle. Ne voulant pas la retardée dans les tâches qu’elle devait accomplir, il se rapprocha lentement d’elle pour lui faire comprendre qu’il serait temps de rentrer.

- Je ne veux pas vous brusquer, mademoiselle, mais le temps passe et je crois qu’il serait préférable de rentrer au château. Nous le ferons, si bien entendu, vous vous considérez prête à retourner à votre demeure.

Le ton était calme et ne forçait à rien. Si elle ne se sentait pas suffisamment remise du choc qu’elle avait subit, ils pourraient attendre encore le temps qu’elle voudrait, mais la retarder dans son travail ne lui plaisait pas. De plus, la promenade ne c’était pas réellement dérouler comme ils auraient pu le souhaiter. À son avis à lui, ils feraient mieux de regagner le château afin de permettre à la jeune femme de se reposer un peu. Sans vraiment attendre sa réponse, considérant qu’elle allait sûrement être du même avis que lui, il fit quelques pas en direction du chemin, puis se retourna vers la demoiselle pour attendre que celle-ci se prépare et sois prête à regagner le domicile. Il pouvait paraître distant à nouveau, mais c’était simplement qu’il n’aimait pas faire preuve de négligence et le meilleur dans la situation présente était de revenir sur leurs pas.

" Tout dépend dans quel sens vous l’entendez… "

Nyrlae haussa légèrement les épaules. Dans le sens qu'il voulait... elle n'attendait pas une réponse précise, en soi. Pour elle, il s'agissait plus d'un sentiment général, quelque chose de diffus qu'on pouvait ressentir en forêt. Ces émotions que lui transmettaient les arbres et qui lui permettaient de s'apaiser.

Elle leva les sourcils quand il évoqua ce que pouvait cacher les arbres. Vu comme cela, à plus forte raison après ce qu'ils venaient de vivre... Si elle, elle avait été secouée, il était visiblement davantage sur le qui-vive qu'avant. Elle ne pouvait pas objecter quoi que ce soit. Il était vrai que la forêt pouvait se révéler mortelle pour qui n'y prenait pas garde, en particulier lorsqu'on se perdait en son sein. Mais ce n'était pas ce qu'elle souhaitait retenir, même si elle en avait bien conscience : la forêt était bien trop belle pour qu'on s'arrête à ses dangers.

" Je ne veux pas vous brusquer, mademoiselle, mais le temps passe et je crois qu’il serait préférable de rentrer au château. Nous le ferons, si bien entendu, vous vous considérez prête à retourner à votre demeure. "

Allons donc ! Elle pensait pourtant pouvoir éviter avec lui les blablas alambiqués destinés à lui dire ce qu'elle devait faire en faisant semblant de ne pas vouloir la froisser et, si possible en la prenant pour une idiote qui accepterait mieux la décision si cette dernière était joliment emballée. En même temps, il n'avait pas tort, loin de là et il ne lui serait pas venu à l'idée de le contredire. Quoi qu'il en soit, Nyrlae se leva aussitôt rétorquant d'un ton vif, adoucit pourtant par un léger sourire :

" Inutile d'enrober vos propos dans des formules de politesse. Quand vous avez quelque chose à dire, dites-le, d'autant plus lorsque vous avez raison. "

Et avant qu'il n'ait pu répondre quoi que ce soit elle reprenait le chemin du château d'un pas léger, quoique décidé. Difficile de savoir si elle venait de lui passer un savon et lui en voulait ou si au contraire elle l'encourageait gentiment à se montrer plus naturel. A vrai dire, savoir s'il avait mal pris sa remarque lui importait peu, tant qu'il la mettait en pratique : elle se doutait que cela ne changerait pas grand chose à son comportement, il n'avait pas l'air du genre à s'embarrasser beaucoup des états d'âmes des autres.

***

Nyrlae ne donna plus signe de vie pendant quelques temps, après cela. Elle était simplement retournée à son travail qu'elle essayait d'appréhender au mieux. Finies les petites sorties, elle avait même mis le tir à l'arc entre parenthèses. Elle voulait savoir où elle en était le plus vite possible, elle aurait bien le temps de se détendre plus tard.

***

Un soir, pourtant, la jeune femme décida d'aller se changer les idées. Non pas dans la forêt, elle avait retenu la leçon, mais dans la bibliothèque, lieu bien plus tranquille. Un livre pour peu qu'il soit bien choisi avait presque le même pouvoir apaisant sur elle que les arbres. Elle aimait les ouvrages pour ce qu'ils contenaient, en particulier leur savoir, mais aussi pour l'objet en lui-même, pour le plaisir de sentir le cuir souple sous ses doigts ou l'odeur du parchemin. Depuis toute petite, la bibliothèque avait été pour elle un lieu merveilleux et un peu mystérieux.

Dès qu'elle poussa la porte, Nyrlae fut pourtant contrariée de voir qu'une autre personne se trouvait déjà là. Elle souhaitait être tranquille, même si elle ne montra évidemment en rien son agacement. Puis elle reconnut celui qui lisait dans le petit salon et se détendit un peu : Galyn. Elle aurait certes toujours préféré être seule, mais c'était toujours mieux que quelqu'un d'autre, d'une certaine façon. Lui s'occuperait de ses affaires sans aucun doute.

" Bonsoir. " murmura-t-elle simplement pour ne pas troubler le silence des lieux.

Elle s'éloigna ensuite un peu pour trouver une lecture à son goût. Il y avait l'embarras du choix pour qui ne connaissait pas la bibliothèque, mais elle avait déjà lu nombre de ces ouvrages. Elle opta finalement pour un volume épais sur les contes et légendes. Le genre de livre qu'elle appréciait depuis toute petite. D'ailleurs, elle l'avait déjà lu plusieurs fois mais aimait à le redécouvrir pour se changer les idées. Et ce soir là, c'était exactement ce qu'elle comptait faire.

Après un instant d'hésitation elle alla s'asseoir dans un des fauteuils du petit salon. Elle avait pensé repartir aussi vite mais, d'une part cela n'aurait pas été très poli et elle ne voulait pas donner l'impression d'éviter le jeune homme, d'autre part elle aimait bien cette pièce et estimait qu'elle n'allait sûrement pas laisser sa place pour faire plaisir à quiconque. Façon de penser légèrement contradictoire mais elle n'y fit pas attention, occupée à allumer une chandelle. Comme tous les elfes, Nyrlae avait une vue suffisamment bonne pour voir dans le noir, mais un peu de confort pour lire ne ferait pas de mal et puis, elle appréciait l'ambiance de l'éclairage à la bougie et les ombres vacillantes qu'elle projetait.

La jeune femme se plongea bien vite dans ses contes et légendes ignorant ce qui l'entourait. Ce ne fut qu'au bout d'un instant, après avoir entendu Galyn tourner une page, qu'elle prit conscience qu'elle n'imaginait pas vraiment un garde-du-corps passer son temps dans une bibliothèque. Sur le terrain d'entrainement oui, mais derrière un livre, pas tout à fait... Elle lui jeta un coup d'œil et croisa son regard au même moment. Hum... fabuleux. Maintenant, il elle n'avait plus qu'à trouver quelque chose à dire.

" Que lisez-vous, si ce n'est pas indiscret ? "

Elle s'aperçut qu'en fait, la réponse l'intéressait réellement. Elle avait toujours aimé discuter lectures, surtout échanger sur un livre lu en commun. Encore une activité qu'elle avait délaissé depuis quelques temps.

Le garde du corps vit que la demoiselle n’avait pas vraiment d’idée précise tant qu’a la réponse qu’elle désirait obtenir. C’était vrai que la réponse semblait banale en soit et qu’elle ne nécessitait pas qu’on s’attarde à pensé à la réponse, mais le jeune homme avait préférer lui dire la réponse qui se rapprochait d’avantage à lui, ainsi elle pourrait en faire ce qu’elle voudrait, mais au moins elle le connaîtrait un peu mieux. Le jeune homme avait employé une formule de politesse, simplement pour se montrer respectueux envers la demoiselle et non parce qu’il avait envi d’enrober ses quelques paroles de paroles futiles. Il suivit la silhouette de celle-ci, lorsqu’elle semblait adopter la même idée que lui, tant qu’au fait qu’ils devraient regagner le château.

Maintenant une distance respectueuse entre eux, le jeune homme laissa son regard arpenter les environs afin de s’assurer que rien ne se cachait. Il n’avait pas envi de revivre un autre attaque dans le même genre qu’ils venaient de subir.

" Inutile d'enrober vos propos dans des formules de politesses. Quand vous avez quelque chose à dire, dites-le, d'autant plus lorsque vous avez raison. "

Les paroles de la jeune femme firent concentrer le regard du garde du corps sur celle-ci. Au tout début, il avait cru qu’elle disait cela pour le réprimander d’avoir voulu adopter un air plus respectueux envers elle, mais il remarqua au dernier moment le sourire qu’elle acquiesçait. Il comprit alors, qu’elle appréciait d’une certaine façon sa franchisse et qu’elle préférait qu’il ne fasse pas preuve d’autant de politesse envers elle. Il nota le tout dans un coin de son cerveau, voulant retenir la leçon.

**

Pendant le temps que la demoiselle ne lui donna aucun signe de vie, le jeune homme en profita pour peaufiner ses techniques de combat. Il voulait du même coup, en apprendre de nouvelle auprès des autres soldats. Certains ce montrait plutôt réticent à l’idée de lui montrer certaine chose, mais d’autre s’avérèrent être de très bon professeur pour Galyn. Malgré son impassibilité, il était capable d’apprécier les techniques des autres elfes et il devait avouer que certaine d’entre elles pouvaient lui être très utile. Il apprenait très vite et désirait en apprendre d’avantage, mais il fit rapidement le tour de tout les soldats voulant se montrer coopératif avec lui. Les autres l’évitaient ou lui dirait carrément qu’il ne voulait rien lui apprendre. Loin de s’en offusquer, il pratiqua donc ses nouvelles techniques acquises avec d’autre soldat. Il était loin de socialiser, mais il se montrait légèrement moins distant avec eux. Prenant le temps de les écoutés dans leur explication. Il ne s’intéressait à rien d’autre vis-à-vis d’eux et ça, ils le savaient.

**

Ça avait été une autre journée où la demoiselle n’avait pas fait demande de ses services, ce qui commençait à l’ennuyer légèrement. Ne se démontant pas pour autant, il se remit à l’entraînement matinal et y resta pendant une grande partie de la journée. Lorsqu’il considéra qu’il c’était assez entraîner cette journée là, il se dirigea vers la salle d’eau afin de pouvoir se rafraîchir dans l’eau fraîche des bains. Il retira donc ses vêtements en se glissant dans l’eau réparatrice. Celle-ci fit rapidement son effet, détendant considérablement les muscles endoloris du jeune homme. Lorsqu’il eu terminé, il enfila une chemise et un pantalon propre, puis mis ses bracelets de combats, histoire de paraître plus présentable. Il ne voulait pas que les gens le voient dans une position d’aise alors qu’il était toujours en fonction, malgré le temps mort que lui avait donné la jeune femme.

Considérant qu’il avait toujours beaucoup de temps devant lui avant de devoir aller s’allonger en prévision de se reposer, il choisit d’aller faire un petit tour à la bibliothèque. Il n’avait encore jamais eu l’occasion d’y passer beaucoup de temps et encore moins d’emprunter un livre, ce qui l’ennuyait énormément. Il aimait s’enrichir des écritures que pouvait receler les livres. Mettant donc le cap vers la bibliothèque, il franchit le seuil de celle-ci en s’assurant que personne ne s’y trouvait. Le jeune homme n’était pas particulièrement égoïste, mais lorsqu’il s’agissait de livre ou de bibliothèque, il aimait bien l’avoir pour lui seul. Ainsi, il pouvait se concentrer plus facilement et emprunter les livres qu’il voulait sans craindre que quelqu’un le prenne à sa place.

S’introduisant dans la pièce, il arpenta un moment les étagères du regard, puis se dirigea vers l’une d’elle en effleurant les reliures du bout des doigts. Celles-ci pouvaient en laisser voir d’avantage que cela pouvait le supposer. Prenant plusieurs livres sur différent sujet, il alla rapidement s’asseoir avec l’impatience d’un petit garçon se trouvant devant une vitrine de jouet et ne sachant pas quel jouet choisir. Il ouvrit le premier livre de la pile, puis commença à parcourir les lignes qui se dressaient devant lui, formant ainsi un registre impressionnant d’information. Au moment où il entamait un second chapitre, il entendit des pas dans le couloir, se rapprochant de plus en plus de la bibliothèque. Suspendant là sa lecture, il posa son regard sur la silhouette qui venait de faire éruption dans la pièce. Il reconnut immédiatement la demoiselle, qui venait sûrement elle aussi pour emprunter un livre. Il hocha poliment la tête en sa direction, puis reprit sa lecture là où il l’avait laissé.

Il était entrain de terminer la dernière page de son livre, lorsqu’il entendit la voix de la demoiselle s’élever, brisant ainsi le silence qui régnait depuis un bon moment déjà.

" Que lisez-vous, si ce n'est pas indiscret ? "

Levant les yeux vers la demoiselle, il se leva en allant se perdre parmi les rayonnages déserts à cette heure tardive. Il agrippa un nouveau livre en revenant sur ses pas et redressa doucement ses manches en posant de nouveau son regard sur la jeune femme.

- J’étais entrain de lire un livre qui portait sur les plantes médicales. C’était intéressant…Il était même répertorier lesquelles ont pouvaient trouver non loin d’ici, en forêt.

On pouvait voir au ton de sa voix qu’il était impressionné par le livre qu’il venait de parcourir. Il pouvait ainsi apprendre une foule de choses sans être nécessairement spécialiser dans le domaine des plants médicinale. Reprenant place sur la table qu’il venait à peine de quitter, il plongeant son regard dans celui de la demoiselle.

- Que lisez-vous, de votre côté?

Peut-être aurait-elle quelques idées de livres à lui proposer pour qu’il puisse s’enrichir d’avantage. Jusqu'à maintenant, il c’était contenter des livres portant sur la faune et la flore, il ne c’était pas encore lancé dans une recherche approfondie de la bibliothèque afin de dénicher un livre comportant les événements les plus importants par ordre chronologique. Scrutant le regard de la jeune femme, il attendit sa réponse avec une certaine impatience, voulant savoir à quoi elle s’intéressait parmi cette panoplie de manuscrits. Impatience qu'il dissimulait derrière un regard entendu.

Nyrlae pensa tout d'abord que le garde-du-corps ne répondrait pas, car il se leva sans rien dire pour aller parcourir les rayonnages du regard. Il finit pourtant par expliquer qu'il s'agissait de plantes médicinales. Intéressant. D'ailleurs, elle expliqua spontanément :

" Je m'étais penchée sur le sujet à une époque... C'est vaste, mais passionnant. "

Et utile. S'il s'y connaissait réellement, cela pouvait ajouter à sa valeur de garde-du-corps, d'une certaine façon. Pour sa part, elle n'avait pas approfondi le sujet plus que ça, mais connaissait quelques propriétés des plantes les plus fréquemment rencontrées dans les environs. Cela donnait envie de faire des promenades en forêt, mais elle n'allait pas revenir là-dessus... Elle vit mieux la couverture alors qu'il changeait de livre et ajouta :

" Et ce livre, si je ne me trompe, c'est l'encyclopédie naturelle des simples... Un bon ouvrage, vous avez raison. "

Elle se leva, fit quelques pas pour en désigner deux autres, bien rangés sur les étagères.

" Ces deux là, sont intéressants aussi, pour compléter, celui-ci parce qu'il traite des arbres, qu'il n'y a pas dans l'autre, et celui-là, parce qu'il va plus loin sur la reconnaissance des plantes... J'avoue que celui-ci, je n'en suis jamais venue à bout. "

Elle retourna s'asseoir où elle était un peu plus tôt et hésita un bref instant lorsqu'il lui demanda quel livre elle lisait. Cela ne faisait pas très sérieux. Enfin, il fallait bien assumer son choix qui pouvait paraitre quelque peu enfantin. Pourtant, les récits en eux-même contenus dans l'ouvrage pouvaient se révéler avoir une belle portée philosophique accessible uniquement à un esprit adulte.

" Contes et légendes du temps passé. "

Elle se demanda un instant ce qu'il allait penser d'un tel choix, mais se dit qu'après tout elle lisait bien ce qu'elle voulait. En quoi l'avis du jeune homme sur ce sujet avait une quelconque importance ?

Elle n'eut pas le temps de méditer la question car la porte de la bibliothèque s'ouvrit à nouveau, à la volée, laissant entrer une jeune fille au visage encadré de bouclettes blondes, qui s'exclama dès qu'elle vit Nyrlae :

" Nyrlae ! Je vous cherchais ! "

La nouvelle venue était visiblement ravie, autant d'avoir déniché Nyrlae que de faire voleter atour d'elle sa robe à froufrous. L'interpellée afficha aussitôt un sourire poli, ouvrit la bouche pour répondre, n'en eut pas le temps que l'autre se retournait en prenant conscience de la présence de Galyn et changeait d'expression après l'avoir presque ouvertement détaillé, visiblement intéressée.

" Lörenlienda ? "

La voix de Nyrlae, légèrement agacée, la ramena à la réalité.

" Vous vouliez me parler ? "

L'autre sembla se ressaisir, hocha la tête avec une grâce toute calculée, qui n'était certainement pas à destination de Nyrlae. Les bouclettes s'agitèrent :

" Oui, pour le choix de votre robe, pour demain, vous recevez... "

Nyrlae continua d'afficher son sourire poli, même si elle avait plutôt envie de retourner une gentille baffe à sa dame de compagnie. Bien, à présent qu'elle se maîtrisait, il allait falloir répondre aimablement :

" Mais comme d'habitude, très chère, choisissez... puis, parce qu'elle ne pouvait pas s'en empêcher, quelque chose de sobre. "

Par pitié, songea-t-elle. L'autre ouvrit la bouche, offusquée, non sans avoir jeté un coup d'œil à Galyn. D'ailleurs, elle lui décocha un sourire rayonnant en ajoutant :

" Sobre ? Quel gâchis ce serait ! Ne pensez-vous pas qu'elle devrait porter une robe la mettant en valeur ? "

La question s'adressait au jeune homme, Lören fit tourner sa propre robe en même temps pour illustrer ses propos mais montrant clairement qu'elle entendait qu'il se concentre plutôt sur elle. Sauf que, bien évidemment, on ne pouvait rien lui reprocher, elle était bien trop innocente pour ça.

Sauf que Nyrlae la connaissait suffisamment bien pour savoir que sa dame de compagnie avait pris le garde-du-corps pour un courtisan et que, forcément, elle ne le lâcherait pas. Cela, après tout, c'était bien ses affaires, même si cela l'agaçait au plus haut point. En revanche, qu'elle vienne la ridiculiser en critiquant devant le premier venu sa façon de s'habiller, elle ne pouvait le tolérer. Elle se leva, foudroyant Lören du regard.

" Merci. Je crois que vous avez à faire, à présent. "

La façon dont elle la regardait voulait dire beaucoup plus et la pauvre jeune fille sembla se recroqueviller sous l'impact. Puis elle disparut en coup de vent, laissant la pièce retomber dans un silence pesant.

Nyrlae était furieuse, mais se contenait tant qu'elle le pouvait. Elle n'allait pas s'énerver devant Galyn pour si peu. Ridicule. Seulement, Lören la mettait hors d'elle parce qu'elle lui renvoyait sans cesse ce qu'elle n'était pas : une parfaite demoiselle de la haute société. D'accord, on ne demandait pas à Nyrlae d'avoir la tête vide, mais elle ne s'habituait pas pour autant à réfléchir à ses tenues ou à tourner autour du pot pour s'exprimer dans de beaux termes dégoulinant d'hypocrisie. Elle aimait bien être franche et naturelle, tout le contraire de Lören qui passait des heures à s'arranger et à minauder pour que les hommes comme Galyn n'aient d'yeux que pour elle. Et c'était sans doute réussi, songea-t-elle en jetant un coup d'œil au garde-du-corps, sa dame de compagnie était très jolie avec sa robe à volants.

Bref. Peu lui importait, en soi.

" Désolée pour l'interruption. " murmura-t-elle.

Que pouvait-elle dire d'autre ? Désolée d'avoir une dame de compagnie intenable ? Désolée de ne pas rentrer dans le moule ? Ah non, là, il fallait qu'elle arrête, elle divaguait toute seule.

La jeune femme se rassit, son livre à la main, mais elle avait la tête ailleurs et se sentit obligée de préciser :

" C'était Lörenlienda, ma dame de compagnie... Elle est rentrée de voyage il y a deux jours. Vous aurez l'occasion de la croiser souvent à présent. "

Elle parlait d'un ton qui se voulait neutre, mais elle avait du mal à dissimuler le mélange de gène, de colère et de lassitude qu'elle ressentait. Galyn devait se demander pourquoi elle gardait une telle personne auprès d'elle si elle l'appréciait si peu. Enfin, peu importait.

Le jeune homme ne croyait pas qu’en venant dans la bibliothèque il allait parcourir des bouquins sur les plantes, mais il avait été rapidement captivé par celui-ci, jusqu’au point de ne presque pas sentir la présence de la demoiselle qui arrivait en ces lieux. Le silence étant loin d’être pesant tellement il était concentrer, il eu rapidement terminé sa lecture tandis que la demoiselle s’intéressait finalement à lui. Il écouta attentivement ce qu’elle avait à lui dire. Après tout, elle connaissait sûrement mieux cette bibliothèque et ce qu’elle refermait. Elle habitait les lieux depuis plus longtemps que lui, donc forcément elle devait avoir une petite idée de ce qu’on pourrait y trouver d’intéressant. De plus, il trouvait cela très intéressant de s’enrichir sur tous les plans. Les connaissances qu’il pourrait acquérir grâce au livre ce trouvant dans cette bibliothèque, pourrait être très utile s’il devait se retrouver seul en forêt et s’il y avait un blesser avec lui. Encore une fois, si la demoiselle se blesserait en forêt, il aurait un moyen de pouvoir la soigner grâce à de bonne connaissance, mais pour sa, il devait s’y mettre plus sérieusement.

Lorsqu’il agrippa un nouveau livre, il ignorait que lui aussi portais sur le sujet, tout ce qu’on pouvait en dire, c’était que la reliure noir graver en lettre d’or pouvait laisser croire que le sujet s’y portait aussi. Il hocha doucement la tête en retournant le livre entre ses doigts lorsque la demoiselle en fit mention. Il releva les yeux vers elle au moment où elle lui en désignait deux autres. Il prit systématiquement note de leur emplacement afin de pouvoir les prendre plus tard, lorsqu’il aurait terminé celui qu’il tenait entre des doigts. Il eu un léger sourire qu’il se força à dissimuler au moment où elle lui avoua qu’elle n’était pas venu à bout du plus gros des bouquins. Au moins, elle savait avouer la défaite, même si celle-ci c’était fait contre un manuscrit. Il voulait ce qu’elle lisait depuis le temps qu’elle était entré et vit qu’elle hésitait à lui révéler ce qu’elle était entrain de lire. Au début, certain doute avait envahi le jeune homme, mais il ne laissa rien paraître, concentrant son regard sur la jeune femme. Il espérait fortement qu’elle n’avait trouvé aucun manuscrit sur le village où il demeurait avant. Il voulait continuer de mener une vie à peu .près normale et tranquille et continuer de la servir comme il se devait de la faire.

" Contes et légendes du temps passé. "

Le jeune homme avait un peu surprit pas le choix de la jeune femme. Elle semblait toujours mûre et sur le point de prendre d’avantage de connaissance sur des sujets beaucoup plus sérieux que ceux-là, mais au lieu de sa, elle était entrain de lire des légendes! Décidément, elle lui réservait quelques surprises, chose qu’il ne détestait pas particulièrement. Il devait avouer que ce genre de livre l’intéressait aussi et qu’il aurait bien aimé en parcourir les pages une par une afin de connaître les contes et légendes. Il était sur le point d’ouvrir la bouche lorsqu’une demoiselle fit son entrée, attirant toute l’attention sur elle. Le jeune homme détourna rapidement son attention en voyant la superficialité de la jeune femme blonde. Il était loin d’apprécier les gens dans son genre, mais il essaya tout de même de rester courtois, se plongeant dans le livre qu’il venait tout juste de prendre. Malgré l’air concentré qu’il adoptait, il sentait le regard examinateur de la dame de compagne. Essayant de se maîtriser pour ne pas le regarder avec un regard qui en disait long, il tourna son regard vers la dame protectrice sans dire mot. Il n’aimait pas qu’on le regarde avec intérêt et encore moins une parfaite inconnue dont il ne connaissait même pas le nom!

Il avait décelé une pointe d’agacement chez la jeune femme, mais il laissa rapidement tomber la demoiselle pour reporter son attention sur la dame blonde. Se levant pour laisser les demoiselles un peu tranquilles, il s’approcha du livre que Nyrlae lui avait proposé quelques minutes plutôt. Il ne s’intéressait pas particulièrement aux conversations des dames et encore moins lorsqu’il était question de tenue. Il n’y connaissait rien et préférait se faire le plus invisible possible pour que personne ne lui pose la moindre question sur ce sujet. Le jeune homme ouvrit le livre afin de commencer à parcourir les premières pages de l’ouvrage et voir s’il était réellement intéressant, mais il se doutait bien que la demoiselle devait s’y connaître, donc évidemment qu’il était intéressant.

" Sobre ? Quel gâchis ce serait ! Ne pensez-vous pas qu'elle devrait porter une robe la mettant en valeur ? "

Le garde du corps se força à s’extirper de sa lecture au moment où la demoiselle fit voleter sa robe autour d’elle. Égal à lui-même, il resta tout à fait de marbre devant les prouesses de la demoiselle et tourna lentement son regard vers la femme beaucoup plus expérimenté qui se trouvait dans la même pièce. Elle commençait sincèrement à lui tomber sur les nerfs. En général, il savait être patient face à ce genre de cas, mais il n’aimait pas qu’on le dérange dans une lecture, encore moins lorsque celle-ci était intéressante. Se forçant tout de même à réfléchir à la question qu’elle avait posée et s’intéressa finalement à Nyrlae.

- Je crois qu’une robe sobre saurait très bien la mettre en valeur, puisque les gens seront portés à regarder ses yeux et non…

Il laissa sa phrase en suspend, préférant laisser les demoiselles réfléchir à ce qu’il pouvait bien sous entendre. Il tourna ensuite le regard vers la dame de compagnie, sans un mot. Il était évident que la remarque s’adressait d’avantage a Nyrlae qu’a elle et si elle n’avait toujours pas saisit le message, il faudrait peut-être la sortir de force. Pour sa part, il aimait bien la façon don s’habillait la demoiselle, pas de façon trop extravagante pour attirer le regard et juste assez pour que les gens la remarque. C’était le juste milieu. Lorsque la demoiselle finit finalement par chasser sa dame de compagnie, il revint plus près de la jeune femme, maintenant tout de même une distance respectable pour ne pas qu’elle croit qu’il veuille lui faire quelque chose. Il n’avait particulièrement porté attention à Loren, les femmes vides d’esprit ne l’intéressait pas et encore moins lorsqu’elle le courtisait de la sorte. Si elle croyait avoir fait bonne impression, elle se trompait parfaitement. Il pouvait voir à la façon don réagissait l’archère, qu’elle non plus n’appréciait pas autant que pourrait le laisser croire la compagnie de celle-ci.

Lorsque la demoiselle s’excusa, il ouvrit la bouche, mais la referma aussitôt. On ne pouvait que s’excuser d’avoir une telle dame de compagnie! Quand elle lui dit qu’il aurait l’occasion de la croiser souvent, il fronça légèrement les sourcils, peu content de ce qu’elle venait de lui dire. Il n’aimait pas les personnes trop extraverties. Choisissant de mettre la dame de compagnie de côté, il prit place sur la chaise en face de la demoiselle et regarda un moment son livre..

- Vous recevez donc demain? Qui est votre invité, si me peu me permettre..?

Il était son garde du corps après tout et il se devait d’être au courant de qui pouvait rencontrer la jeune femme. De plus, les dernière semaines ils avaient été mis de côté et n’avait plus été tenu au courant des activités de la demoiselle. Être tenu à l’écart de la sorte avait été loin d’y plaire, surtout que n’importe qui aurait pu s’en prendre à elle sans qu’il ne puisse agir, puisqu’il n’avait pas été appelé à devoir l’accompagner. Calmement, il leva son regard vers celui de la jeune femme, attendant qu’elle répondre à sa question. Il était intrigué par la personne qui allait venir en ces lieux dès le lendemain.

En même temps une autre idée lui vint en tête, mais celle-là ne concernait en rien la venue de l’invité ou des invités qui aurait lieu le lendemain. Prenant le temps d’écouter la réponse de la jeune femme au sujet de ses invités, il prit ensuite un morceau de parchemin qui traînait et prit un morceau de fusain sur l’une des tables, commençant à dessiner les rayons de la bibliothèque. Son dessin était à peu près exact, puis lorsqu’il fut satisfait, il coupa les rayons en plusieurs section, notant différent sujet que pouvait contenir la bibliothèque, tel que; Les herbes médicale, la chronologie des combats passée, les récits divers. Après plusieurs minutes à tête concentrer, il se leva et vint se placer tout près de la demoiselle, déposant son dessin bien en vue.

- Je crois qu’il serait préférable de placer les livres par section, ainsi les gens auraient beaucoup plus de facilité à s’orienté. Les premiers livres sur le bord des rayons, seraient les plus possible d’intéresser en toute occasion et surtout, les plus urgent.

A mesure qu’il expliquait, il faisait glisser son index sur le manuscrit pour montrer ce qu’il essayait de faire. Il voulait que les livres soient facilement accessibles et que si quelqu’un avait une urgence et qu’il devait trouver un livre en toute vitesse, cela serait d’avantage efficace. Lorsqu’il eu terminé, il tourna son regard vers la jeune femme pour voir ce qu’elle en pensait, mais alors que ses yeux s’immobilisais dans l’azur des yeux de la demoiselle, il se rendit compte de la proximité qu’il avait mis entre eux.

Nyrlae aurait presque été soulagée que le jeune homme ne prête pas attention à sa demoiselle de compagnie. Autant Lören n'était pas méchante et pouvait même se révéler agréable pour passer le temps lorsqu'on n'avait rien de mieux à faire que regarder voler les mouches, autant, en cet instant, elle faisait honte à Nyrlae. Or, la jeune femme n'était pas d'humeur, encore moins en présence d'un public comme Galyn. Il faudrait qu'elle parle sérieusement à Lören, même si elle doutait que cela serve à grand chose.

Nyrlae ne tarda pas à voir que le jeune homme avait envie de réagir mais elle devait reconnaitre qu'elle même aurait bien mis la dame de compagnie dehors manu militari. Mais il fallait qu'elle se maîtrise et garde son calme, ce qu'elle fit dans un premier temps sans trop de mal, habituée bien malgré elle aux extravagances de Lören. Seulement là, il fallut que sa dame de compagnie aille prendre à parti Galyn ! Nyrlae craignit un instant l'incident diplomatique, mais voilà que le garde-du-corps répondait le plus simplement du monde qu'on regarderait ses yeux... elle devait être passée dans un autre monde pour entendre une telle conversation, songea-t-elle en prenant conscience qu'en plus de ça, elle s'empourprait légèrement. La colère, sans doute... Il fallait qu'elle se calme. Elle ne tarda pas à signifier à Lören que son numéro avait assez duré et qu'elle pouvait se retirer. Fort heureusement, cette dernière obéit sans tarder.

Un jour, Nyrlae craquerait, c'était certain. En attendant, elle s'efforça de se calmer et s'excusa. Elle ne put retenir un soupir en voyant la réaction de Galyn. Il devait vraiment se demander pourquoi elle ne se débarrassait pas de Lören.

" Elle n'est pas méchante... " argua-t-elle d'une voix lasse.

Non, pas méchante du tout, mais tellement... différente d'elle. Pas forcément en mal, non, Lören était un peu écervelée mais avait un cœur en or, mais elles ne pouvaient pas s'entendre, c'était évident.

La jeune femme regarda d'un air absent son livre, encore sous le coup de ce qu'elle aurait volontiers répondu à Lören, mais Galyn détourna heureusement le sujet, lui demandant qui elle recevait. Nyrlae ne put retenir un sourire : quelque chose lui disait qu'au-delà de la curiosité, il craignait surtout les personnes qui pouvaient la côtoyer.

" Ne vous inquiétez donc pas, il ne s'agit que d'un petit conseil, rien de bien extraordinaire et c'est loin d'être la première fois... Lörenlienda voit chaque occasion comme une fête à part entière qui mérite une discussion soutenue sur la tenue à adopter. "

Elle secoua la tête comme pour chasser cette pensée et conclut :

" Je ne prends aucun risque en restant ici. "

Galyn se mit à dessiner au moment où elle se replongeait dans sa lecture. Lecture qu'elle arrêta assez vite pour jeter un œil au dessin. De là où elle était, elle ne voyait pas grand chose, juste qu'on aurait dit un assortiment de lignes. Elle dessinait beaucoup avant, quand elle en avait le temps et était curieuse de savoir ce qu'il pouvait faire. Elle finit pourtant par s'occuper à nouveau de son livre, ne voulant pas se mêler de ce qui ne la regardait pas.

Elle ne se préoccupa à nouveau de ce qu'il faisait que lorsque qu'il se leva et qu'elle vit avec surprise qu'il déposait son dessin devant elle, expliquant ce qu'il avait fait. Elle parcourut le croquis du regard, étonnée de la proposition. Cela faisait des centaines d'années qu'elle parcourait la bibliothèque et elle savait à peu près où trouver chacun des livres. Peut-être pas précisément, mais elle connaissait chaque rayonnage et pouvait préciser l'étagère sans difficulté. Tout changer revenait à bouleverser ses repères. D'un autre côté, les ouvrages avaient été placés peu à peu lors de leur acquisition et n'avaient pas de réelle organisation. Pour qui ne connaissait pas les lieux, il devait effectivement être difficile de s'orienter. Elle hésita un instant devant le dessin, puis releva les yeux vers le jeune homme :

" C'est une bonne idée, je me demande même pourquoi personne n'y a pensé plus tôt... "

Elle se rendit compte au même moment que lui de leur proximité et regarda à nouveau le dessin pour ne plus croiser son regard nuageux. Hum... Se troubler pour si peu était stupide. Les livres, donc...

" La question serait de savoir qui s'en chargerait. Nous n'avons plus de bibliothécaire depuis quelques années et pour le moment, nous nous en passons... "

Elle devait avouer qu'elle préférait de loin savoir la bibliothèque vide la plupart du temps. Quant un livre s'abimait, elle le faisait réparer ou s'en chargeait elle-même si elle en était capable. Ici, c'était son petit monde, désorganisé, certes, mais elle s'y retrouvait. En même temps, elle aimait l'ordre. D'ailleurs...

" A vrai dire, il y a déjà eu un semblant de classement, à une époque. Lorsque j'étais adolescente, j'avais décidé de numéroter les livres... la moitié des ouvrages, parmi les plus anciens, portent un numéro. Ils ont été mélangés, depuis, et je ne suis pas sûre que mes choix aient été judicieux, à l'époque. "

Elle se leva, alla observer les rayonnages et ne tarda pas à désigner quelques livres :

" Toute cette rangée, entre autres... En réalité j'avais rassemblé les ouvrages par auteur, si je ne me trompe pas. "

Elle se tourna à nouveau vers lui, demandant avec une pointe de curiosité :

" Vous vous intéressez tant que cela aux livres ? "

Le jeune homme n’avait pas du tout l’intention de se divertir avec la demoiselle de compagnie de la jeune femme, en réalité, il ne voulait se divertir avec aucune femme pour le moment. Il devait s’appliquer à bien faire son travail et veiller à la sûreté de la dame de compagnie. Il était loin d’être méchant et se montrait généralement respectueux avec tout les gens qui constituais l’entourage de la personne à protéger, mais une femme aussi extravertie qui ne cessait de l’intégrer de sorte à ce qu’il soit obligé d’y répondre, il n’aimait pas particulièrement cela. Seulement, il avait prit soin de répondre calmement à la question afin de s’assurer que les choses ne prennent une autre tournure. Le jeune homme remarqua le léger changement de teint de la jeune femme et choisit de rectifier son tire, croyant que la remarque aurait pu la choqué.

Le garde du corps savait que la demoiselle de compagnie de la jeune femme n’était pas méchante, mais il n’aimait pas qu’on s’intéresse à lui de la sorte, donc il était forcément sur ses gardes et beaucoup moins enclin à discuter. Il fut surpris de voir naître un sourire sur les lèvres de Nyrlae lorsqu’il lui demanda qui elle recevait, mais ne montra pas la moindre trâce de ce qu’il pouvait en penser. Il se demandait en quoi la remarque pouvait être amusante, mais il s’intéressait d’avantage à la réponse. En tant que garde du corps il devait veiller à toutes les possibilités quand quelqu’un se présentait devant la demoiselle. Il ne voulait pas qu’elle court un danger inutile parce qu’il avait fait preuve de négligence. Il était payer pour faire un travail don il aimait être en fonction, donc il devait bien le faire. Un travail bien fait se faisait d’avantage remarquer qu’un travail bâclé et délaisser pour quelques distractions inutile. Malgré tout, une partie de lui cherchait à être rassurer sur la personne qu’elle allait rencontrer, mais ça, jamais il ne l’avouerait délibérément, pas même lui. Il était normal qu’elle soit convoitée après tout, elle était une noble, avec un très bon rang et surtout, elle était une très belle femme d’âge mûre, donc rien ne pouvait lui être enlevé.

" Ne vous inquiétez donc pas, il ne s'agit que d'un petit conseil, rien de bien extraordinaire et c'est loin d'être la première fois... Lörenlienda voit chaque occasion comme une fête à part entière qui mérite une discussion soutenue sur la tenue à adopter.

Galyn hocha lentement la tête, rassurer qu’elle recoivent des personnes en qui elle avait déjà confiance. Il savait que la jeune femme n’accordait pas délibérément à qui que ce soit, donc si elle avait confiance en eux, lui aussi pourrait forcément leur faire confiance. Malgré tout, il prit note de faire attention aux moindres détails qui pourraient être suspect. Il se demandait pendant un moment s’il devrait y être présent, mais en générale se genre de réunion se tenait en privé pour que personne ne puisse jouer les espions. En venant finalement à la même conclusion que la jeune femme, il choisit de se concentrer d’avantage sur ce qui le préoccupait plus tôt. La bibliothèque était loin d’être dans un ordre convenable, surtout pour quelqu’un qui était peu habituer de fréquenté les lieux. Certes, il aimait beaucoup la lecture, mais il n’avait pas eu l’occasion de jeter un coup d’œil à la bibliothèque de Daranovor. Jusqu'à présent, les livres concernant des sujets semblables étaient tous éloignés les uns des autres, ce qui ennuyait sérieusement le garde du corps. Il aimait l’ordre, la maîtrise des choses et présentement il se sentait désorienté. Il détestait avoir cette sensation.

Toujours d’un calme aussi calculé, le jeune homme se mit à l’esquisse de ce qui ressemblait vaguement aux étagères de la bibliothèque. Il sentait le regarde de la demoiselle sur son dessin, mais ne releva les yeux qu’au moment ou celui-ci fut totalement terminer. Maintenant il pouvait dire que sa ressemblait à la pièce. Quand il lui expliqua, il espérait sincèrement qu’elle allait comprendre ce qu’il essayait de faire et non tout réorganiser à sa façon. Il pensait simplement que cette façon de classer les étagères serait plus avantageuse pour les gens qui y viendraient et permettrait de mieux se repérer. Lorsqu’il eu terminé ses explications, il fût content de voir que la demoiselle était d’accord avec son idée. Galyn était tellement près de la demoiselle qu’il pouvait presque entendre son cœur qui battait. Il était rare pour lui de se retrouver de la sorte avec une femme et encore plus avec la personne don il assurait la sécurité. Il devait tout de même avouer que les traits de la dame protectrice étaient tout à fait…Non, il devait se ressaisir maintenant. C’était strictement d’ordre professionnel et il voulait remettre en ordre la bibliothèque. Se concentrer donc. Lorsque la demoiselle lui dit qu’il faudrait trouver quelqu’un pour faire le classement, elle n’avait pas tord. Il avait tout les deux des responsabilités, différentes, mais toute aussi importante de son point de vue. Prenant le temps de réfléchir en vain à une solution qui pourrait convenir à tout le monde et qui n’influencerait en rien ses tâches.

- Je serais content de pouvoir utiliser mes temps libres à ça, en plus de l’entraînement, évidemment.

Il ne voulait pas qu’elle croit qu’il allait négliger son travail simplement parce qu’il avait envi de remettre la bibliothèque dans un ordre qu’il croyait convenable. De plus, si c’était lui qui s’en chargeraient, elle n’aurait pas à perdre du temps à passer en entrevue plusieurs bibliothécaires pour savoir s’ils avaient les compétences pour exercer l’emploi. Ainsi, cela pourrait être profitable à tout les deux, elle ne perdait pas de temps à s’occuper de ça et lui trouverait le moyen de parcourir tout les manuscrits pour s’instruire de leur contenue.

" A vrai dire, il y a déjà eu un semblant de classement, à une époque. Lorsque j'étais adolescente, j'avais décidé de numéroter les livres... la moitié des ouvrages, parmi les plus anciens, portent un numéro. Ils ont été mélangés, depuis, et je ne suis pas sûre que mes choix aient été judicieux, à l'époque. "

Le jeune homme se redressa au même moment que la demoiselle pour aller voir les livres qu’elle avait identifié quelques siècles plutôt. Pendant que lui n’était toujours pas au monde, elle était déjà entrain de parcourir ses rayonnages à la recherche d’une quelconque lecture. Il essaya de l’imaginer, adolescente, caressant la couverture des livres. L’idée lui aurait tiré un léger sourire s’il ne s’était pas concentrer de nouveau sur les livres qu’elle lui indiquait. Il en tira un pour voir ce qu’elle lui expliquait et hocha lentement la tête, trouvant que l’idée était loin d’être mauvaise en soi. Si quelqu’un empruntait un livre et qu’il l’amenait avec lui, les autres personnes pourraient savoir qu’il ne se trouve plus dans la bibliothèque.

" Vous vous intéressez tant que cela aux livres ? "

Galyn releva les yeux vers la demoiselle, prenant soin de remettre le livre à la place vide qu’il avait créé en le prenant. Il pouvait paraître curieux pour tout personne de voir un garde du corps s’intéresser autant à la littérature, mais c’était plus fort que lui. Autant il y en avait qui avait besoin de peinturer ou simplement de dessiner, lui il avait besoin de se retrouver au cœur d’un endroit où il savait que les connaissances était loin de se perdre. Se dirigeant vers un autre rayon pour observer les livres, il se positionna de sorte à pouvoir apercevoir la silhouette de la demoiselle entre les livres qui couvraient les étagères.

- Disons que je ne m’intéresse pas uniquement aux livres, ils me passionnent. C’est comme si d’un seul toucher, on pouvait savoir si le texte qui s’y cachait allait nous plaire. Ils ont souvent un sens cachés qui demande mûr réflexion et ils permettent aussi d’instruire sur des sujets divers, tel que les plantes ou les contes et légendes, par exemple.

Il plongea son regard dans celui de la jeune femme avec un léger sourire aux lèvres. Il espérait que cette fois, elle n’allait pas lui retourner sa petite phase d’humour par une remarque qui se voulait cinglante. Reprenant rapidement son sérieux, il jeta un dernier regard sur les rayons, satisfait de pouvoir faire quelques choses. Les livres auraient aussi besoin d’un bon dépoussiérage et il se ferait un plaisir de s’occuper de tout cela. Il remarqua finalement l’heure avancé, puis se tourna vers la jeune femme. Ils devraient quitter les lieux afin d’être en pleine forme pour la journée du lendemain, petite fête ou non.

- Je crois que vous devriez gagner votre chambre pour la nuit, afin de bien recevoir vos invités demain.

Le jeune homme descendit ses manches pour signifier qu’il allait quitté lui aussi la bibliothèque afin de gagner sa chambre, dans le quartier des autres gardes. Il souffla les bougies et se permit de raccompagner la demoiselle jusqu'à sa chambre pour s’assurer qu’elle s’y rendre bien. Après avoir parcourut une série de couloir et qu’ils furent finalement rendu devant la porte de la chambre de la jeune femme, il jeta un regard vers la porte close, soupçonnant la dame de compagnie d’y être encore afin de dévêtir sa maîtresse. Il fit un léger signe de tête vers la demoiselle avant de prendre congé et se diriger vers le dortoir des gardes.

Ce qui le tira du sommeil le lendemain, ne fut pas les autres gardes, mes de petites secousses irrégulière qui faisait balancer son corps. Agrippant le bras de la personne qui le secouait ainsi, il reconnu rapidement la dame de compagnie de la dame protectrice qui essayait par tout les moyens de le sortir du sommeil. Une chose était sûre, c’était qu’elle avait réussi! S’appuyant sur ses coudes, le jeune homme serra la mâchoire en enfilant rapidement une chemise pour se couvrir au regard de la demoiselle et lui décocha un regard plein de sous-entendu. Que lui voulait-elle pour le réveiller à l’aube? En générale, il était très bien capable de se réveiller seul, mais là, il avait bien été forcé de se lever.

- Je suis venue vous quérir afin de vous faire enfiler une tenue élégante pour la soirée de Dame Nyrlae!

Galyn la regarda pendant un petit moment sans comprendre, mais voilà que la main de la demoiselle agrippait son bras pour l’entraîner dans le dédale de couloir qui constituait le château. Serrant la mâchoire pour se retenir, il dégagea poliment son bras en la suivant tout de même, mais d’un pas beaucoup plus mesurer que le sien pour lui signifier qu’il ne comptait pas la suivre comme bien lui semblait. De plus, il ne savait pas qu’il devrait assister à la soirée qui aurait lieux ce soir même. En tant que garde du corps, il n’y avait pas sa place, donc pourquoi diable elle voulait qu’il y soit présent. À moins que ce soit une demande résultant de la demoiselle, mais selon lui, elle serait venue lui en parler directement. Que diable pouvait-il bien se cacher derrière tout ça?

Nyrlae fut surprise lorsque le jeune homme annonça être prêt à prendre en charge le remaniement de la bibliothèque. Il fallait vraiment qu'il soit intéressé, car même si Daranovar était loin de concurrencer la grande bibliothèque d'Alëandir, il y avait tout de même nombre d'ouvrages.

" Eh bien, dans ce cas... "

Oui, pourquoi pas ! C'était même une bonne idée. Elle finit tout de même par s'interroger sur son intérêt pour les livres, écoutant la réponse en continuant à se déplacer parmi les rayonnages. Lorsqu'il eut terminé, elle se retourna vers lui, lui rendant spontanément son sourire. Elle aimait bien sa vision des choses, le fait d'apprécier à la fois la lecture et l'objet en lui-même. Quant aux connaissances, elle regrettait souvent de ne pas avoir plus de temps pour se plonger dans ces ouvrages. Oui, elle comprenait très bien ce qu'il voulait exprimer, elle n'aurait pas dit mieux elle-même.

Elle finit par s'immobiliser devant une rangée et annonça avec un soudain sérieux :

" Ceux-là, en revanche, vous pouvez les consulter, mais laissez-les où ils sont, je vous prie. "

Elle évita son regard et retourna près du livre de Contes et légendes pour le ranger. Elle lui expliquerait une autres fois ses raisons de laisser de côté des ouvrages...

" Je crois que vous devriez gagner votre chambre pour la nuit, afin de bien recevoir vos invités demain. "

Nyrlae fronça les sourcils, comme piquée au vif, sans doute plus que la remarque ne le justifiait. La réplique ne tarda pas :

" Je sais quand aller me coucher, je vous remercie ! "

C'était injuste de lui répondre aussi sèchement alors qu'il n'y était pour rien si elle faisait des associations d'idées qui la rendait triste, mais elle n'allait pas s'excuser, il n'avait qu'à s'occuper de ce qui le regardait, songea-t-elle, agacée autant par son comportement que par sa propre réaction.

Sur ce, elle sortit de la bibliothèque, Galyn lui emboitant le pas sans tarder. Allons donc, il la raccompagnait à sa chambre, elle n'allait pourtant pas se perdre ! Mais Nyrlae garda ses remarques pour elle, se calmant à mesure qu'elle marchait en silence. Dire que nombre d'elfes méditaient, se passant de sommeil ! Elle n'avait jamais réussi, ou du moins pas avec un résultat correct. Elle était beaucoup trop nerveuse, impatiente, la méditation ne faisait que l'agacer et seul le sommeil lui permettait de commencer une nouvelle journée en forme.

Arrivée devant sa chambre, elle murmura un "merci" à Galyn avant qu'il ne disparaisse. Elle le regarda tourner au coin du couloir, se disant qu'il avait quelque chose d'un peu étrange.

...

Lören ne s'offusqua pas du geste de recul du jeune homme et continua à avancer légèrement le long des couloirs. Elle mit peu de temps avant de ralentir pour se mettre à sa hauteur, lui murmurant en souriant :

" Vous avez compris que c'est une petite soirée surprise ! J'ai rassemblé tous ses proches présents à Daranovar... Je me suis dit que vous pourriez être là... "

Visiblement, elle se disait surtout qu'elle avait bien envie de le voir, lui, et comme il n'était pas question qu'elle passe sa journée au milieu des gardes, elle s'organisait toute seule comme une grande. Quant au fait qu'il n'était pas idiot et s'en rendait peut-être compte, ça ne devait pas beaucoup la déranger. Apparemment, elle se retenait pour ne pas lui prendre à nouveau le bras et l'entrainer plus vite avec elle.

" J'espère qu'elle sera contente ! " continua-t-elle avec une sincérité désarmante.

" La pauvre, elle n'a pas beaucoup de temps depuis qu'elle est devenue Dame Protectrice ! Ou alors elle ne sait pas comment s'y prendre... Enfin, ce n'est pas ce que je voulais dire, se reprit-elle en rougissant un peu, mais elle choisit des activités impossibles comme le tir à l'arc ou la lecture ! Ce n'est pas comme cela qu'on garde des amis ! "

L'avantage c'était que Lören parlait tellement en cet instant qu'elle ne forçait pas Galyn à lui répondre étant donné qu'elle faisait la conversation pour deux. La dame de compagnie laissa échapper un rire en poussant une petite porte :

" Je suis sûre qu'elle vous a plus parlé à vous qu'à moi dernièrement ! C'est quand même incroyable ne trouvez-vous pas ! "

Lancer ainsi que discuter avec Galyn frisait l'absurdité et que cela pouvait être vexant pour lui, n'avait pas du lui effleurer l'esprit. La pièce dans laquelle elle le fit entrer était l'atelier de la couturière du château, qui leva la tête à leur entrée. C'était une elfe qui devait avoir un âge très élevé tant ses traits semblaient dénués d'âge. Elle tronait au milieu de quantité de tissus et d'ouvrages en cours de fabrication.

" Eh voilà ! s'exclama Lören, rayonnante. Je vous avais dit que je l'amènerais ! "

Il n'y avait pas trace de moquerie dans sa voix, elle était juste contente que le jeune homme ait bien voulu la suivre. Elle lui tourna autour en ajoutant avec plus de sérieux :

" Alors quelque chose qui le fasse entrer un peu dans le décor, même s'il n'a pas besoin de ça pour... "

Un coup d'œil acéré de la couturière la fit taire.

" J'ai compris, mademoiselle. Si vous nous laissiez, à présent ? "

Lören fit la moue avant de lancer à Galyn en souriant de nouveau :

" Ce soir, donc, gardez la surprise, je compte sur vous ! "

Puis elle disparut en le laissant seul avec la couturière qui leva les yeux au ciel :

" Alors jeune homme ? Quels coloris aimeriez vous ? Dans la limite des tissus que j'ai ici, évidemment !

Le jeune homme fut intrigué lorsque la demoiselle lui fit clairement comprendre qu’il ne devait pas toucher aux ouvrages se trouvant dans un certain secteur de la bibliothèque. Étaient-ils à ce point important, qu’il ne faille en aucun cas les déplacer ou s’était simplement pour une autre raison qui nécessitait une certaine explication? Au vue de la demoiselle, cela devait être en vue d’une explication, mais il savait qu’il ne l’obtiendrait que si elle le voulait bien. Il prit note du rayon à laisser intact, puis se dit qu’il était finalement temps de quitter les lieux. Il n’avait pas dit la remarque pour choquer la demoiselle, mais voilà que celle-ci lui répliquait sèchement qu’elle pouvait très bien prendre ses décisions seule. L’elfe la regarda un moment, puis choisis de ne pas répliquer, voyant que la remarque avait pu faire ressurgir quelque chose de profond.

L’idée d’accompagner la demoiselle dans les couloirs ne lui aurait pas déplu si celle-ci n’avait pas été fâchée par la remarque qu’il avait dit plutôt. Il ne voulait pas qu’elle soit fâchée par sa faute et il espérait sincèrement qu’elle oublierait rapidement l’incident. Alors qu’il la laissait devant sa porte, il senti le regard azur de la jeune femme qui suivait ses mouvements jusqu'à n’être plus visible. Il se demandait ce qu’elle pouvait bien penser à ce moment. Peut-être à son renvoi? Mais il se doutait bien que la demoiselle était loin d’être idiote que qu’elle pourrait avoir confiance en Galyn sur le fait qu’il n’allait jamais rien révéler à qui que ce soit. Il croyait déjà avoir fait ses preuves depuis la première journée qu’il avait commencé son service auprès de la dame protectrice. Ce soir là, il s’était coucher en se demandant quel serait le moyen le plus efficace de réorganiser la bibliothèque, mais ce qu’il ignorait, c’était qu’il ne pourrait pas s’y consacrer dès le lendemain.

**

Réveillé par la dame de compagnie de Nyrlae, le jeune homme eu à peine le temps d’enfiler une chemise et de mettre ses dagues autour de sa taille, que la voilà qui l’entraînait dans un dédale de couloir. Il regardait les différents tableaux qui couvrait le mûr, jusqu'à ce que la demoiselle vienne à sa hauteur pour lui souffler quelques mots. Il fronça légèrement les sourcils en tournant la tête vers elle. Il n’aimait pas ce genre de soirée organisé à l’improviste, car il ne savait pas qui , allait être présent, donc il ne serait pas d’avance qui pourrait être potentiellement dangereux pour la demoiselle. Ce qu’il se demandait en ce moment, c’était si Lören connaissait réellement tout les membres proches de la jeune femme ou bien avait-elle invités bon nombre d’inconnu. L’idée était loin de lui plaire. Crispant la mâchoire pour se retenir de lui lancer une remarque cinglante, il la laissa parler, plongé dans ses pensés. Tout personne pouvait s’introduire en se faisant passer pour quelqu’un de proche, suffisait d’être bon menteur et de savoir bien se conduire et ça, c’était le minimum.

La remarque sur les activés de la dame protectrice fini d’enflammer Galyn qui ouvrit la bouche pour lui dire de se taire au nom des dieux, mais il s’abstient en se disant qu’il ne devrait pas dépenser sa salive pour une femme dans son genre. Elle serait beaucoup trop bornée pour essayer de comprendre ce qu’il voulait dire. Il n’écoutait simplement plus le fil de la conversation, trop concentrer sur la petite fête qui aurait lieu pendant la soirée. Il se demandait premièrement, s’il y aurait beaucoup de gens présent et surtout, si lui devait réellement y être présent. Il n’était que son garde du corps après tout, donc il ne faisait pas vraiment parti des personnes proches d’elle. Seulement, avec tout ça, il en vint à penser, que c’était mieux s’il serait présent, pour la protéger. Mieux valait être sûr que la dame de compagnie n’avait pas fait une énorme gaffe en invitant tout ceux qui lui semblait être de la famille de Nyrlae.

Il sorti finalement de ses pensés lorsqu’elle le fit entrer dans une pièce où un nombre incroyable de tissus étaient disposés de sorte à tous pouvoir être visible. Le jeune homme jeta un regard à la femme qui se trouvait assise à l’une des tables couvertes de tissus et lança un regard noir à la dame de compagnie. Il n’aimait pas se faire tourner autour de la sorte, il avait l’impression qu’elle évaluait une marchandise quelconque en prévision d’une vente. Croisant les bras sur son torse afin de demeurer calme le plus longtemps possible, il fut soulagé lorsque la couturière renvoya Lören à ses petits préparatifs. Finalement, il aurait la paix!

" Alors jeune homme ? Quels coloris aimeriez-vous ? Dans la limite des tissus que j'ai ici, évidemment ! "

Galyn plongea son regard dans ceux de la couturière, fronçant légèrement les sourcils. Donc tout ça était réellement sérieux? Ils étaient tous de mèche pour le faire aller à cette fichue soirée! Soupirant, il s’avoua pour la première fois vaincue face à la détermination de ses femmes, puis il se dirigea vers un tissu bleu marin qui avait attiré son regard. Le caressant légèrement, il évalua la quantité de tissus qu’elle avait et hocha lentement la tête. Il avait remarqué que Nyrlae aimait bien les vêtements sobres, donc elle aimerait forcément…Pourquoi il pensait à ça exactement à ce moment? Il se tourna vers la femme assis derrière le bureau et désigna le tissu du bout des doigts, pour lui signifier que c’était lui qu’il avait choisit.

- J’aimerais celui-ci, dans un ensemble qui fasse noble, mais sans plus.

Il ne voulait pas avoir l’air du garde du corps mal habillé qu’on pouvait voir dans n’importe quelle taverne. Il avait tout de même sa fierté et s’il devait se présenté devant la demoiselle pour une soirée comme celle-là, il aimait mieux être habillé en conséquence. La coutière se leva donc, en prenant les mesures du jeune homme et lui proposa divers habit qui pourraient l’intéresser. Après plusieurs dizaines de minutes à essayer de trouver celle qu’il lui conviendrait le mieux, il opta finalement pour une chemise recouverte par un blouson bleu marin simple au col long, le tout dans un style noble. Pendant que la couturière s’afférait à travailler le tissu, le jeune homme s’était permis une petite escale à la bibliothèque afin d’emprunter un manuscrit. Ainsi, il pourrait passer le temps sans déranger la dame qui s’occupait de son accoutrement. Plusieurs heures s’étaient écoulés lorsqu’il daigna finalement retourner après de la couturière. Celle-ci avait terminé l’habit et celui-ci était accrocher à une sorte de mannequin afin de montrer l’ensemble du résultat.

Satisfait, le garde du corps enfila avec précaution le vêtement et fini de s’habiller en déposant une ample cape sur ses épaules. Il se permit un regard dans la glace. Accoutrer de cette façon, il ressemblait de plus en plus à ce qu’il avait été censé être dans ses jeunes années, un noble d’expérience. A bien y penser, il se dit qu’il pourrait même avoir l’air d’un courtisan s’il s’en donnait réellement la peine. Il remercia la couturière en lui donnant un pourboire largement compensatoire pour lui avoir confectionné cet habit et se dirigea vers la salle que la dame de compagnie lui avait indiquée le matin même. Il avait prit soin d’enfiler ses dagues, mais les avaient dissimulé au regard de tous, afin de ne pas effrayer qui que ce soit.

Il lui avait fallu plusieurs minutes avant d’arriver à la grande salle de bal, d’où provenait une musique mélodieuse. Prenant l’air impassible qui le caractérisait bien, le jeune homme franchit finalement le seuil de la porte, plongeant ainsi dans un tout autre univers. Les convives s’amusaient et discutaient à propos de chose et d’autre, ne se préoccupant qu’a moitié de la présence de Galyn en ses lieux. Se frayant un chemin parmi les nobles, le jeune homme chercha Nyrlae du regard, qu’il repéra rapidement. Celle-ci se trouvait en présence d’un groupe d’homme qui semblait fort intéressé par la discussion qu’ils étaient entrain d’avoir. Il prit donc cette direction, mais lorsqu’il fut à quelques pas de la jeune femme, il sentit une main se poser sur son bras, l’attirant un peu vers la droite. Serrant la mâchoire, il décocha un regard noir à Lören qui semblait prendre un malin plaisir à le mettre en colère ou s’était simplement qu’elle était trop idiote pour s’en rendre compte. Se dégageant de nouveau, le jeune homme vit que la piste de danse avait été dressée et que les musiciens invitaient tous le monde à se prêter à la musique. La plupart des convives trouvèrent un cavalier pour les accompagnées et ils commencèrent à danser la valse de façon parfaite. Les yeux de Galyn filèrent rapidement vers la silhouette de Nyrlae qui s’aventurait sur la piste de danse avec un homme qui lui était inconnu. Il aurait dû s’y attendre, les soirées étaient essentiellement conçues pour cela, non?

Croisant les bras sur son torse, le jeune homme se mit finalement légèrement à l’écart, laissant son regard courir sur les nobles présents dans la salle. En réalité, il vérifiait dans un premier temps que personne ne portait d’arme suceptible de le prendre par surprise et en deuxième temps, il vérifiait que « lui » ne soit pas présent, parce qu’il ne saurait comment il pourrait réagir. Sa mâchoire se crispa automatiquement à la seule pensé que celui-ci puisse convoiter un tel poste, mais Galyn serait loin d’en être étonner, puisque sais sa soif de pouvoir qui l’a mené où il était désormais. Et puis, au final, il se dit qu’il n’aurait pas dû se donner autant de peine pour être bien accoutrer, puisque personne ne se préoccupait de sa présence, mis à part la dame de compagnie, ce qui l’exaspérait encore plus.

» Un garde du corps peu bavard
» SaYoLe [Garde du Corps]
» Galyn Talassi [Garde du corps]
» Sherynna Limiesh [Garde du corps & danseuse]]
» Molinth vi Ilmr'il - Sartglin et garde du corps

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée