Un nouveau départ [Viktor]

Ce matin là, on avait levé le camp de la baronnie d'Oesgard. Finalement Dragan avait permis que je demeure avec eux. J'étais soulagée par cette décision. Je pouvais donc tourner une page et tenter d'en écrire une nouvelle. Nous arrivâmes alors sur une nouvelle destination que j'ignorai être Alonna.
Alors que le campement était en train de se monter. Je m'étais éloignée un peu afin de profiter d'un peu de calme. Je demeurai debout face à l'étendue sauvage alors qu'une légère brise soufflait. Impassible tel un phare face à la marée je fixais le paysage avec tristesse.

Sans cesse je me torturai l'esprit. N'ayant aucun souvenir de mon identité, je tentais de me souvenir mais rien. Pas même un prénom... Je demeurai donc une inconnue. Une perdrix s'envolant me fit sortir de mes pensées. C'est à ce moment là que je remarquai que des larmes coulaient sur mon visage.
Afin de me changer les idées, je décidais alors de faire quelques pas. Le bruit d'une rivière se faisait entendre. Me passer de l'eau sur le visage me ferait certainement le plus grand bien. Il n'y avait rien à perte de vue donc je pouvais m'éloigner un peu sans risque. J'allais donc en direction de ce bruit d'eau.

Ce que je ne savais pas est que la rivière se trouvait en bas d'un ravin. Le vide se fit sentir sous mes pieds mais il était trop tard. Je poussais alors un cri muet alors que je chutais. Seul les bruits des pierres et des gravillons se fit entendre pour finir leur course dans l'eau.
J'étais étendue sur le sol couverte d'égratignures. Rien de bien méchant en soit car je n'avais dévalé que trois mètres de pentes. Je tentais alors de me relever quand une forte douleur se fit sentir dans ma cheville droite. Elle était foulée. Comment tenter de remonter la pente alors.

De l'autre côté de la rivière se trouvait une nouvelle plaine. Une forme se dessinait, celle d'un cavalier. J'étais dans l'incapacité de me défendre ni même de pouvoir faire quoique ce soit. J'avais peur. Un gros rocher se trouver sur la même rive que moi. Me dirigeant avec difficulté dans sa direction, j'eus à peine le temps de me laisser tomber derrière celui ci.
Un peu plus et j'aurai été vue. Je poussais alors un soupire. J'entendis clairement le cavalier descendre de cheval laissant sa monture s'abreuver dans la rivière. Dans combien de temps reprendrait il le chemin ? De là où je me trouvais,je pus voir comme un sentier pour remonter sur la plaine supérieure.

Un sifflement se fit entendre juste devant moi. Un serpent se tenait juste à mes pieds. La peur m'envahit encore plus. Ne sachant que faire dans cette situation, je restais alors tétanisée. Les graviers crissaient sous mes pieds alors que je me reculais me retrouvant bloquée par l'énorme rocher qui me dissimulait aux yeux de cet homme qui se trouvait non loin. Le bruit lui ne passa pas inaperçu.

Viktor se pencha sur sa monture alors que le grand étalon gris tacheté de blanc qu’il chevauchait depuis plusieurs jours.

Le jeune baron, sourire aux lèvres flatta l’encolure de sa monture qui se désaltérait dans le ruisseau. Il était de bonne humeur comme il ne l’avait pas été depuis un certain temps. Le mariage auquel il avait assister l’avait mit à rude épreuve. Il ne supportait pas l’idée de revoir Elanore et son comtal époux échanger leur vœux de mariage. Une enfant venait de mourir en liant son destin à celui d’un homme d’au moins trois fois son âge et qui devais bien peser quatre fois son poids.

Il y avait eu ensuite cette invitation à Alonna pour conclure un éventuel traité commercial entre les deux baronnies. Le régent était un homme qui Viktor apprécia et sa jeune épouse, une jeune femme charmante. Voilà un couple joliment assortit au mariage duquel il aurait aimé assister. Il aurait volontiers passer plus de temps en leur compagnie, malheureusement, il avait lui aussi des terres à administrer et devait au plus vite regagner Missède.

Mais se n’était pas cela qui l’avait vraiment mit d’excellente humeur. Non. C’était le fait d’avoir put chevaucher seul. Comment avait-il réussi à semer la Garde de la Bibliothèque dans cette plaine rase, il se posait lui-même la question. Enfin, toujours est-il qu’il avait réussi et qu’une heure durant, il avait eu tout le loisir de chevaucher sans être suivit par les soldats de sa garde rapprochée. Quel plaisir immense.

Finalement, il s’était approcher de ce petit ruisseau afin de laisser un peut de repos à sa monture. Après le galop effréné dans lequel il l’avait entraîné, Eclat méritait bien un peut de repos. Bien entendu, il lui faudrait bientôt reprendre la route pour rejoindre le campement qui avait été établit pour la journée par sa suite. Mais il en avait encore largement le temps. Suffisamment en tout cas pour se payer le luxe de quelques minutes seul avec lui-même.

Seul ? Etait-il vraiment seul ?

Le jeune homme se redressa d’un coup en entendant les graviers glisser. Il venait de repérer la provenance de ce bruit : une grosse roche située à l’écart. Suffisamment grosse pour cacher quelqu’un. Un piège ? Dans tout les cas, l’acier de l’épée longue que Viktor portait à la ceinture émit un bruit léger lorsque le baron la tira de sa gangue.

L’arme à la main, le jeune homme parcourut rapidement la distance qui le séparait de cette grosse pierre. D’un regard, il embrassa la scène. Une jeune femme était acculée contre le rocher, visiblement tétanisée par la vision d’un serpent qui sifflait, apparemment de mauvaise humeur d’avoir été dérangé. Aucun doute qu’il s’apprêtait à attaquer la malheureuse.

Viktor ne mit pas longtemps à réagir. Passant à côté du roché, il écrasa violemment le corps écailleux du serpent sous da botte. La réaction du reptile ne se fit pas attendre. Il changea de cible et attaqua instantanément avec la vitesse de l’éclair, plantant ses cros dans la botte de cavalier du jeune baron.

Bien mal lui en prit. Le cuir avait été étudié pour résister aux assauts de ceux de son espèce. Trop épais, trop dur, les cros ne percèrent pas le cuir et la jambe du baron resta intacte de toute morsure.

Puis, tout aussi vite que son adversaire, Viktor trancha sa tête. Il se débarrassa ensuite prestement des restes de l’animal avant de reporter son attention sur la demoiselle en détresse.

Un peut plus jeune que lui, elle paraissait avoir fait une mauvaise chute. Un peut égratignée de partout, cela ne retirait pourtant rien de la beauté et de la finesse de son visage. Les yeux encore rouge d’avoir pleuré étaient braqué sur Viktor et elle lui adressait le même regard que celui d’une biche blessée devant le chasseur venu l’achevée.

Elle avait dut traverser pas mal d’épreuves pour arriver ici. Mais Viktor avait en ce moment, prit la place du serpent et c’était de lui dont elle avait peur. Sa cheville semblait gonflée à vue d’œil, lui interdisant formellement de fuir, elle était à nouveau acculée contre son rocher.

Etait-ce ces yeux suppliant et terrifié ? En tout cas, le baron s’accroupit doucement, éloignant son épée de lui. Cette inconnue l’avait attendrit. Se n’était arrivé que de très rares fois que quelqu’un le touche. Mais là, elle y était parvenue. Sa détresse n’avait pas laissé le jeune homme indifférent.

Doucement, vraiment tout doucement et avec une infinie délicatesse, il s’approcha d’elle.

« Tout vas bien, murmura-t-il. Je ne te veux aucun mal. »

Le jeune homme leva la main, paume vers le ciel, comme une invitation à venir la prendre. Il arrêta son geste assez vite afin qu’elle ne se méprenne pas sur ses attentions.

« Tu n’as rien à craindre de moi, murmura-t-il en lui adressant un sourire. Je ne te ferais aucun mal. »

Restait à savoir si cette craintive petite biche blessée allait prendre la main que lui tendait le chasseur.

J'étais acculée dans mes derniers retranchements. D'un côté les sifflements du serpent et de l'autre le bruit d'une épée sortant de son fourreau. Animal et homme... Les deux me terrifiait mais l'un plus que l'autre je dois l'avouer. Si je ne suis pas sortie de derrière mon rocher c'est que j'éprouve beaucoup plus de peur envers mes paires qu'envers ce reptile rampant.
Le cavalier que j'avais redouté est un jeune homme qui devant la situation périlleuse devant laquelle je me trouvais a pris le risque de détourner l'attention du serpent vers lui en l'écrasant avec son pied botté. La réaction de l'animal ne se fit pas attendre. A cet instant j'aurai pu fuir loin de l'un comme de l'autre mais cela était impossible. J'avais bien trop peur et ma cheville m'en empêchait de toute façon.

Le fer de l'épée vint alors se planter au travers de la peau écailleuse du serpent qui remuait doucement pour finir par s'éteindre. A cet instant j'avais clos les paupières pour ne plus rien voir, pour me voiler la vérité. Allait ce être mon tour à présent ? Je le craignais...
Quand je rouvris les yeux alors que le silence régnait en maitre. Je le fis me faire face. Il me regardais, il me fixait. Mes yeux étaient rouges à cause des larmes qui avaient coulé mais qui à présent étaient taries. Je ne pus détacher mon regard de cet homme. J'étais tel un animal blessé qu'un chasseur traquait et allait achever.

Je demeurai contre mon rocher. Apeurée, tremblante, blessée... Je n'osai faire aucun mouvement de peur qu'il ne me tue. Il avait toujours son épée à la main. Je le vis avancer vers moi. Je ne pouvais plus reculer, j'étais prise au piège. Voyant que j'étais terrifiée à chacun de ses pas vers moi, il s'arrêta. Mon regard sur son épée avec encore le sang reptilien la parcourant fut un signe qu'il remarqua alors il lâcha avec d'avancer encore un peu plus pour finalement s'accroupir doucement devant moi.
Il murmura quelques paroles qui se voulurent rassurantes. Il me disait de ne pas avoir peur. Devais je le croire ? Il venait de me sauver la vie face à ce serpent après tout. Peut être n'était il pas foncièrement mauvais ? C'est du moins ce qu'il laissait voir...

Levant la paume de sa main vers le ciel, il tendit cette dite main en ma direction puis l'arrêta à quelques centimètres de moi. Il murmura quelques paroles à nouveau. Me disant que je n'avais rien à craindre de lui, qu'il ne me ferait aucun mal. Il me fit même un petit sourire.
J'étais bloquée... Je ne pouvais pas m'enfuir, je ne pouvais pas crier et prévenir les elfes que j'étais là, en bas. J'étais perdue et seule face à mon destin. Observant cette main toujours tendue, je n'avais pas d'autres choix si je voulais sortir d'ici...

Avançant lentement ma main droite, celle qui était ornait du bracelet argent, perles et jade ; je m'arrêta à mi parcours. Il ne fit aucun mouvement pour s'emparer de ma main aussi je finis par déposer la mienne dans la sienne. Il m'aida alors à me relever et nous nous dirigeâmes vers son cheval. Je boitais aussi il me fallait prendre appui plus que de raison sur lui.
Me soulevant de terre, il me fit monter sur son destrier puis fit de même. J'étais en amazone sur la selle, le paumeau calait ma jambe. Lui était derrière moi, un bras de chaque côté afin de tenir les rennes mais également éviter que je ne chute. Il me demanda quelle direction prendre. Je lui pointai simplement une direction sans rien dire. Pour le moment, il ignorait que j'étais muette, malgré les bandages qui couvraient ma gorge. Un refus de parler peut être ? Cela il l'ignorait.

Nous empruntâmes le petit sentier creusé dans la pente pour remonter dans la plaine supérieure. Un campement se dessinait non loin. Nous étions trop loin pour qu'il puisse voir qu'il s'agissait d'elfes à ce moment là. Au fur et à mesure que nous avancions des armoiries se faisaient voir mais des couleurs n'appartenant à aucun seigneur humain.
Ce ne fut qu'à quelques mètres du camp que les gardes se rendirent compte qu'un cavalier approchait avec dans ses bras si on peut le dire, une jeune femme qu'ils reconnurent. Cette jeune femme, c'était moi, celle qu'ils avaient recueillie il y a près de trois jours de cela. Ils allèrent donc à notre rencontre pour s'assurer que le jeune homme n'était pas hostile. Leur expliquant vaguement la situation et à la vue de la poussière et des nombreuses égratignures qui me marbraient la peau,il n'y avait aucune raison de douter de ses paroles.

Viktor attendit qu’elle lui accorde sa main. Elle parut hésiter une dernière fois. Le jeune baron ne bougea pas d’un centimètre. Peut-être était-ce cet immobilisme qui l’avait convaincu, en tout cas, la jeune femme posa la main dans la sienne.

Viktor fut légèrement étonné en apercevant le bracelet qui ornait sa main fine et douce. De l’argent, des perles, des jades. Un bijou magnifique et hors de prix. Tout comme le collier qu’il venait de remarquer. Cette douce demoiselle n’était pas n’importe qui. Mais après tout, cela ne changeait pas grand-chose. Se qui comptait, s’était qu’elle lui faisait à présent suffisamment confiance pour le suivre. Il pouvait la ramener auprès des siens.

La jeune inconnue eu du mal à avancer jusqu’au cheval de Viktor. Elle boitait terriblement et devait s’appuyer sur lui pour marcher. Le jeune homme la soutenait autant que possible. Quelque chose l’intriguait. Malgré la douleur, elle ne gémis pas un seul instant et n’émis pas le moindre son. La douleur devait pourtant difficilement être supportable. Mais elle n’émettait pas un seul gémissement. Rien du tout.

Avait-elle une force de caractère hors du commun où les bandages autour de son coup cachaient-ils quelque chose ?

D’instinct, Viktor pencha pour la seconde option. Si elle avait vraiment eu une grande force de caractère, elle n’aurait pas eu cet air de biche prise au piège il y a peut. Air qu’elle avait toujours d’ailleurs. Elle semblait un peut effrayée.

Viktor sentit naître en lui une instance envie de protéger la jeune femme. Elle paraissait tellement frêle et fragile dans ses bras.

Cette impression de renforça quant il la fit monter sur Eclat avant de la suivre. Elle n’était pas bien épaisse et paraissait vraiment frêle, comme si elle risquait de se briser au moindre coup de vent. Même lui qui n’était pas d’une apparence des plus robustes était un verritable roc comparé à la jeune femme qu’il tenait contre lui.

« Par où doit-on aller ? »

Toujours sans dire un mot, elle lui désigna l’autre côté du ruisseau et le petit sentier qui menait de l’autre côté de la plaine un peut surélevé. Sentier qu’elle ne paraissait pas avoir emprunter pour atterrir là où il l’avait trouvé à en juger par ses égratignures et sa chevilles qui avait presque doublé de volume.

En effet, de l’autre côté, un campement se dessinait. De là où il se trouvait, Viktor ne pouvait distinguer les bannières qui flottaient et indiquait le nom du seigneur.

Sans doute le père de sa mystérieuse et silencieuse demoiselle en détresse. D’un léger coup de talon, il fit avancer son cheval dans cette direction. Ces tentes et ces étendards l’intriguait quant même. Quel seigneur d’Alonna pouvais-ce être ?

Enfin bon, peut importe. Ces gens connaîtrait la jeune fille. Il pourrait la leur rendre, puis repartir vers son propre campement un peut plus loin. Raegard, le capitaine de la Garde de la Bibliothèque ne manquerait d’ailleurs pas de pester qu’il ne pouvait pas protéger son seigneur si celui-ci s’arrangeait pour les semer.

Arrivé plus proche des tentes, il eu un instant d’arrêt. Se n’était pas des Hommes qui campaient ici. C’était des Elfes. Que diable pouvait bien faire cette jeune humaine avec des elfes ?

Les gardes mirent un moment à se rendre compte qu’ils approchaient. Il fallut en revanche plus de temps au jeune homme pour leur expliquer la situation.

Contrairement à se qu’il pensais, ils n’aidèrent pas la jeune inconnue à descendre d’Eclat. C’était pourtant évident qu’elle ne pouvait pas le faire toute seule sans s’effondrer à cause de sa cheville. Et dans la position où il se trouvait, lui-même ne pouvait pas l’aider. A quoi ces crétins aux oreilles pointues jouaient-ils.

Viktor dut d’ailleurs empêcher la jeune femme de descendre toute seule.

« Hors de question. Toi tu reste en place pour le moment et tu attends qu’on vienne t’aider, ordonna Viktor d’un ton aimable mais sans appel. »

La jeune femme, toujours aussi silencieuse braqua ses yeux d’un vert tout simplement magnifique sur le jeune baron avec une expression de pure incompréhension.

« Ne me regarde pas comme ça, fit Viktor. Si tu essaye de descendre toute seule, tu vas te faire très mal. Je ne veux pas que ça t’arrive. Alors attend que quelqu’un vienne t’aider d’accord ? »

Pour toute réponse, un hochement de tête. Décidément, elle n’était vraiment pas bavarde cette jeune femme.

Un des soldats était allé cherché quelqu’un. Certainement son supérieur. Cela pouvait prendre un petit temps.

« Au fait, je me présente. Mon nom est Viktor. Et toi, comment tu t’appelle ? »

Sur le court trajet menant au cheval de cet homme dont j'ignorai encore l'identité et qui pourtant venait de me sauver d'un serpent venimeux, je dus prendre appui sur son bras à cause de ma cheville. J'avais mal mais je ne pouvais pas l'exprimer de vive voix. A chaque fois que je posais mon pied droit, je serrai les dents.
A sa demande où me conduire, il n'eut qu'une direction pointée du doigt sans un mot. Talonnant sa monture nous arrivâmes bien vite au campement elfique. Nous fûmes accueillis par deux gardes. Quelques explications plus tard que je n'avais même pas pris la peine d'écouter car je réfléchissais à autre chose, je voulus descendre de cheval en me laissant glisser.

Le cavalier m'arrêta alors que je soulevais ma jambe pour descendre. Il me dit alors d'un ton qui se voulut non négociable mais pourtant assez doux pour cet ordre de rester en place et d'attendre qu'on vienne m'aider à descendre. A cette annonce je me retourne et le regarde avec des yeux remplis d'incompréhension.
Je ne comprenais pas pourquoi après m'avoir aidée, il refusait de me laisser descendre. Il me demanda de ne pas le regarder de cette façon. Je baissa alors les yeux comme une enfant que l'on est en train de gronder pour reporter mon regard sur le sol.

Le cavalier m'expliqua alors ses raisons pour lesquelles il ne voulait pas que je descende seule de la monture. Il avait peur que je n'aggrave mon entorse si je tentais seule de mettre pied à terre. Il ne reçut aucune réponse hormis un fin hochement de la tête pour lui signifier que je comprenais ce qu'il tentait de me dire. C'était avenant de sa part de se préoccuper de mon état mais j'étais gênée de toute cette attention. Cela me mettait mal à l'aise en plus de ne pas être en totale confiance. Il n'était qu'un inconnu encore pour moi.
L'un des soldats s'absenta et je le vis se diriger vers la tente de Dragan. Il allait donc avertir l'elfe que j'avais eu un léger accident si on peut considérer une chute dans un ravin de trois mètres de profondeur comme quelque chose de léger... Le cavalier engagea alors la conversation pour faire passer le temps. Il se présenta sous le prénom de Viktor sans pour autant donner son nom. Suite à cela, il me demanda le mien.

Il est vrai que je n'avais pas ouvert la bouche une seule fois en sa compagnie aussi il lui était impossible de connaître mon nom. Et cela d'autant plus que je ne m'en souvenais pas moi même. Portant une main crispée sur mon buste, je détournai le regard. Il eut tout de même le temps de voir une pointe de tristesse me traverser. Un bruit de pas se fit entendre puis une voix. C'était celle de Dragan.

Le convoi des elfes faisait toujours route vers Diantra. Sans être lents, Dragan trouvait pourtant le rythme pas assez rapide à son goût. Ils s'avançaient davantage dans le pays des hommes, laissant derrière eux la protection d'Anaëh. Le voyage se déroulait sans encombre, si ce n'est le fait qu'ils aient recueilli une jeune femme rendue muette par une sale blessure à la gorge et amnésique par le traumatisme qu'elle avait vécu. Tacitement, les elfes avaient décidé de la baptiser comme Elya.

Rusva.

Dragan avait imposé sa présence aux autres et personne n'avait protesté. Ils n'avaient pas intérêt et finalement, cela ne changeait rien. La jeune femme était docile et avançait au rythme des autres, sans jamais se plaindre. Il n'avait guère reparlé à Elya de tout cela par la suite. Il se disait juste qu'il s'était montré un brin trop agressif avec elle, associant ses opinions à celles de ses parents, radicalement opposées aux siennes.

Une nouvelle halte eu lieu en Alonna cette fois.

Le campement se montait de nouveau et les éclaireurs furent mis en place pour protéger le camp. C'est là qu'ils finirent par s'apercevoir que la jeune humaine avait disparu. Mais un cavalier approcha, avec l'inconnue dans les bras. Les elfes se mirent en position défensive, attendant les explications du cavalier et l'un d'eux alla chercher Dragan, qui lui emboita le pas, Laurëa le suivant fidèlement. Elle s'assit près de lui, sans gronder, sans effrayer le cheval. Quant à lui, il se porta à la hauteur de la jeune femme, qui restait obstinément sur le cheval.

Galant, il tendit ses bras vers elle et lui permit de descendre, remarquant alors qu'elle tenait à peine sur ses jambes. Il fronça les sourcils, surpris de cette brusque faiblesse. Elle était dans un drôle d'état et il jeta un regard inquisiteur au jeune homme.

- "Je suis Dragan Tiril, Seigneur Protecteur d'Ardamir. Et cette jeune femme voyage avec nous depuis Oesgard où nous l'avons trouvé. Que s'est-il passé?"

Manifestement, il n'avait pas essayé de la violenter, elle ne serait pas restée sagement avec lui et il ne l'aurait pas ramené si c'était le cas... Dragan, tenait toujours la jeune femme contre lui, lui servant de "béquille".

Viktor attendait patiemment avec la jeune inconnue toujours dans ses bras.

Il aurait aimé une réponse de sa part, un nom ou un prénom par lequel l'appeler, mais elle restait obstinément muette.

Alors qu'il allait insister, un elfe arriva, accompagné d'une grande louve blanche qui eu d'ailleurs la délicatesse de ne pas grogner ni s'approcher trop prêt du cheval, se pour quoi le jeune baron la remercia intérieurement.

L'elfe qui semblait être le chef de ce convois (il y avait peut de moyen d'en douter au vu de l'autorité qui émanait de lui et du respect visible qui lui portait les autres) s'approcha de la monture, l'air assez étonné par se qu'il voyait.

Il aida la jeune femme descendre. Viktor la laissa quitter la selle et démonta lui même pendant que l'elfe jetait un regard intrigué à la jambe de cette jeune inconnue toujours silencieuse. Elle semblait bien le connaître puisqu'elle s'appuyait ouvertement sur lui et que celui-ci se laissait faire.

Qui étaient ces elfes qui voyageaient avec une humaine et qu'était-elle pour eux?

L'elfe au cheveux blanc lui jeta un regard inquisiteur avant de se présenter.

- "Je suis Dragan Tiril, Seigneur Protecteur d'Ardamir. Et cette jeune femme voyage avec nous depuis Oesgard où nous l'avons trouvé. Que s'est-il passé?"

Seigneur Protecteur d'Ardamir? Ce Dragan était donc bien un noble elfe comme le jeune homme l'avait pensé. Si sa mémoire était bonne, il était équivalent d'un marquis ou quelque chose du genre chez les elfes.

Le jeune baron s'inclina légèrement devant lui avant de prendre la parolle les yeux rivées dans ceux de son interlocuteur.

« Ravis de faire votre connaissance seigneur Tiril. Je suis Viktor de Missède, baron de Missède. J'ai trouvé cette jeune personne en bien mauvaise posture face à un serpent qu'elle avait apparemment contrarié au plus haut point. Au vu de son état, je penses qu'elle n'a pas vu le petit ravin à proximité de la rivière un peut plus loin par là. À mon avis, elle l'a dévalé et s'est blessé à ce moment là. Je n'en suis pas certain. Elle seule pourra vous le confirmer. »

Une courte pause avant de reprendre.

« Enfin, après l'avoir tiré de ce mauvais pas avec le serpent, je lui ai demandé d'où elle venait et je suis tombé sur votre campement en suivant ses indications. »

Bon, voilà, il avait exposé toute la situation à l'elfe, maintenant, il y avait quelque chose qu'il avait également envi de lui dire.

« Je trouve cela très charitable de votre part de prendre soin d'elle depuis Oesgard. Beaucoup de personne, je le déplore, l'auraient abandonnée à son sort. »

L'homme qui avait ramené l'inconnue avait démonté quand Dragan avait fait descendre la jeune femme. Elle s'accrochait à l'elfe pour ne pas perdre l'équilibre, alors que le Seigneur Protecteur se présentait et demandait à l'humain ce qu'il s'était passé. Il était jeune, une vingtaine d'années humaines. Il s'inclina et déclina son identité, révélant ainsi à Dragan qu'il était un noble assez important. Ce dernier fronça les sourcils, fouillant dans sa mémoire pour se rappeler des nobles humains et finit par déclarer, vaincu :

- "Votre hiérarchie a trop changé ces derniers mois, vous n'êtes pas baron depuis bien longtemps, si je ne m'abuse?"

Si beaucoup d'elfes se fichaient des humains, Dragan, lui avait étudié leurs meurs, leur hiérarchie, leur protocole. Il le fallait pour être diplomate et il était un curieux. Viktor continua en exposant les raisons de l'état de la jeune femme et Dragan la regarda hocher la tête à ses paroles. Un soupir s'échappa des lèvres de l'elfe.

- "Décidément... Vous aimez vous mettre en mauvaise posture. Attention, il n'y aura pas toujours quelqu'un pour vous sauver."

Il reprit en direction de Viktor :

- "Elle est muette. Elle a eu les cordes vocales sectionnées et nous l'avons retrouvée errante et seule aux abords du campement. Et il semblerait qu'elle soit amnésique. Vous n'auriez pas eu vent d'une quelconque attaque en Oesgard?"

Viktor le félicita alors de son geste envers la jeune femme, en acceptant de l'accompagner. Il haussa les épaules.

- "Je ne pouvais pas la laisser seule et sans défenses et l'emmener avec nous ne posait aucun problème majeur, ne nous faisait pas faire de détours..."

Il sourit, courtois et proposa alors :

- "Accepteriez-vous que nous continuions cette conversation sous ma tente? Êtes-vous seul?"

Il prit alors la jeune femme dans ses bras, délicatement, tout en s'expliquant :

- "Il me semble que vous vous êtes blessée."

Et il tourna les talons emmenant la jeune femme avec lui et laissant Viktor le suivre.

L'elfe semblait un peut perdu avec toute la hiérarchie humaine. Quoi de plus normal? Pour eux, les humains changeaient très vite et étaient tout à fait inconstant. De plus, cela ne faisait guère de temps que le jeune homme était entré en fonction comme baron de Missède. Que cela ne soit pas encore arrivé aux oreilles des elfes (si toutefois cela devait les intéresser) n'était guère surprenant.

- "Votre hiérarchie a trop changé ces derniers mois, vous n'êtes pas baron depuis bien longtemps, si je ne m'abuse?"

Beaucoup d'elfes n'avaient que faire des affaires des humains. C'était dans un certain sens logique, ils devaient les trouver bien impatient. Mais que voulez vous? L'espérance de vie d'un humain est tellement courte par rapport à celle d'un elfe que s'en est dérisoire.

Alors que le baron parlait, Dragan poussa un soupir et apparemment, se n'était pas la première fois que la jeune femme se mettait dans une situation dangereuse.

- "Elle est muette. Elle a eu les cordes vocales sectionnées et nous l'avons retrouvée errante et seule aux abords du campement. Et il semblerait qu'elle soit amnésique. Vous n'auriez pas eu vent d'une quelconque attaque en Oesgard?"

Muette? Cela expliquait le fait qu'elle n'avait pas beaucoup parlé. C'était triste d'imaginer qu'elle ne pourrait jamais plus prononcer le moindre mot. Et cette amnésie ne faisait que renforcer cela.

« Malheureusement non. Ma terre se trouve bien plus au sud et je ne suis pas au courant de toutes les choses qui se passent ici. Je ne pourrais vous aider là dessus. »

Le seigneur elfe tenta de minimiser son geste envers la jeune femme en expliquant que cela ne dérangeait personne qu'elle les accompagne. Cela était certes logique, mais ils auraient très bien put la laisser dans le premier village qu'ils avaient trouvé sur leur route. Non, les elfes avaient fait preuve d'une réelle gentillesse envers elle.

-"Accepteriez-vous que nous continuions cette conversation sous ma tente? Êtes-vous seul?"

Le jeune homme fut surprit que l'elfe lui propose que continuer la conversation sous sa tente. Allons bon, qu'est-ce que c'était encore que cette histoire? Lui qui pensais qu'on allait seulement le remercier et qu'il allait repartir. Enfin bon, ce n'était pas tout les jours qu'on avait l'occasion de parler avec un seigneur elfe. Se n'était pas une occasion à manquer. Surtout pour quelqu'un d'aussi jeune que Viktor.

Pour être tout à fait franc, Viktor aurait aimé répondre « oui ». sauf qu'à l'heure qu'il était, les Gardes de la Bibliothèque qui formaient son escorte (normalement rapprochée) devait certainement le chercher dans toute la plaine à l'heure qu'il était.

« J'accepte avec plaisir seigneur Tiril. En fait, j'avoue avoir semer ma garde rapprochée pour pouvoir chevaucher un moment seul. Peut être faudrait-il envoyer quelqu'un les prévenir à notre propre campement. Il se trouve à moins d'une lieu vers le sud. »

Le jeune homme suivit donc Dragan dans le campement elfique, s'attirant quelque regard intrigué avant de suivre le seigneur sous sa tente.

Dragan avait été prévenu et le voilà qui arriva en compagnie de Laurëa sa louve blanche. J'eus peur que le cheval ne panique à la vue de la louve mais celle ci bien dressée s'arrêta aux pieds de son maitre. Dragan approcha alors ne me voyant pas descendre de la monture du cavalier.
Tendant alors ses bras en ma direction, il m'aida à descendre de cheval. Une fois à terre, ma faiblesse fut dévoilée car je vacillai, ne pouvant me maintenir convenablement debout. Je ne vis pas son regard inquisiteur à Viktor.

Les présentations commencèrent alors. Dragan se présenta puis fit mention que je voyageai en leur compagnie. Il demanda par ailleurs ce qui m'était arrivé pour que je sois ainsi. Dragan m'avait par ailleurs attirée contre lui, m'enveloppant de ses bras protecteurs.
Vint le tour de Viktor de se présenter. Cette fois, il donna son nom en entier,chose qu'il n'avait pas jugé nécessaire un peu avant au moment il se présenta à moi. Je fus surprise de découvrir que mon sauveur n'était pas un vulgaire cavalier mais le baron de Missède, soit un noble humain.

Viktor expliqua alors notre rencontre. Les suppositions qu'il avait fait sur le ravin étaient exactes. Aussi quand il dit que je pouvais confirmer, je fis simplement un mouvement de tête pour signifier que oui. Il avait vu juste.
Le flot de paroles continua. Le baron s'exprima quant au fait que les elfes m'avaient recueillie. Il trouvait cela charitable de leur part. Dragan prit ensuite la parole. Quelques paroles à Viktor puis il laissa souffler quelques mots à mes oreilles. A ses paroles, je baissai le regard pour fixer le sol.

Dragan n'avait pas tord. Il n'y aurait pas toujours quelqu'un pour me secourir. Cela me fit alors penser à ce que je deviendrai quand nos routes se sépareront. Que ferai je alors ? Les paroles à l'attention de Viktor me tirèrent de mes pensées sur le futur.
Il lui apprit alors que j'étais muette suite à une attaque qui avait eu lieu et dont les seuls traces étaient mes cordes vocales sectionnées. Il lui demanda s'il n'avait pas eu vent de cette attaque. S'il en avait entendu parler, peut être saurait comment je me nommais. Mais ce ne fut pas le cas...

Dragan invita alors Viktor à continuer cette conversation dans sa tente. Me soulevant alors de terre, je me retrouvai dans les bras de l'elfe qui avait remarqué ma blessure et par conséquence avait compris mon incapacité à me déplacer. Tournant les talons, il se dirigea vers sa tente. Viktor nous suivit alors.
Déplaçant un pan de la tenture, nous entrâmes. Dragan me déposa sur son lit et offrit un siège au baron humain. Nous étions tous les trois là sous la tente de l'elfe. Je ne prendrai pas part à la discussion, cela m'était impossible mais à défaut je pouvais les écouter discuter. Quoique j'ignore de quoi Dragan voulait l'entretenir.

- "C'est regrettable, mais tant pis."

Ainsi donc cet homme voyageait dans d'autres terres et était donc dans l'incapacité d'aider la jeune femme. Dommage, il avait eu le mince espoir de pouvoir en apprendre davantage et sans doute que la jeune femme aussi. Il décida pourtant de se montrer amical et d'inviter le jeune baron sous sa tente. pour plusieurs raisons : le remercier d'avoir aidé la jeune femme, nouer des liens avec un noble humain et peut-être, lui laisser la jeune femme si Dragan l'estimait digne de confiance. Au vu de son geste de la sauver, c'était bien engagé pour. Il ne voulait pas se débarrasser d'elle, ce n'était pas la question, mais elle aurait plus de chances de s'en sortir avec un humain qu'avec des elfes.

Il fit donc sa proposition à un Viktor surpris, qui accepta mais demanda néanmoins à ce qu'on prévienne sa garde qu'il avait semé pour être seul et tranquille. L'elfe sourit, se rappelant qu'il n'y a pas si longtemps, il faisait de même, préférant parfois l'anonymat au faste de son rang, bien que cela soit moins marqué chez les elfes que chez les humains.

- "Naturellement."

L'elfe invita son hôte à le suivre, non sans interpeller un des gardes et lui transmettre des ordres en elfique. Quand cela fut fait, il guida tout ce petit monde sous sa tante, la jeune femme dans les bras. Il la déposa sur le lit de camp, avant d'indiquer un siège au baron et de prendre lui-même place.

- "Un peu de vin?"

Il s'empara de la bouteille et se servit, avant de demander posément :

- "Serait-il indiscret de vous demander ce que vous faites loin de vos terres?"

Il n'avait aucun droit de poser cette question et Viktor serait en droit de refuser de répondre, mais ce n'était qu'une amorce pour arriver à ce que l'elfe voulait.

Portant toujours la jeune femme, Dragan invita Viktor à pénétrer dans sa tente après avoir donner quelques ordres à un des soldats. Viktor ne parlait pas vraiment l'elfique. Mis à part ''bonjour'', ''merci'' et ''au revoir'', cette langue lui était presque inconnue. Mais sans doute le seigneur elfes envoyait-il quelqu'un prévenir les Gardes de la Bibliothèque.

Le jeune baron suivit l'elfe à l'intérieur de sa tente. Celui-ci déposa doucement l'humaine sur un lit de camp avant d'indiquer à Viktor un endroit où s'asseoir. Le jeune baron regarda un instant la jeune femme muette. Elle lui paraissait si frêle. Si fragile. L'image d'une biche face à son chasseur n'était pas si fausse. Sauf qu'elle paraissait toujours avoir peur de se qui pouvait éventuellement lui arriver. La biche était toujours aux abois.

Le regard que ses jolis yeux vert portait aux alentours donnait au baron l'envie de la protéger envers et contre tout.

Il se ressaisit rapidement lorsque Dragan s'approcha de lui.

- "Un peu de vin?"

« Volontiers, merci, accepta Viktor en prenant la coupe que Dragan lui tendait. »

En fait, le jeune baron n'avait pas vraiment de goût pour l'alcool. Mais d'une part, il ne voulait pas risquer de froisser son hôte et d'autre part, il n'avait jamais encore eu l'occasion de gouter à un vin elfique. Se fut donc plus par curiosité que par véritable goût que Viktor venait d'accepter la proposition de Dragan.

Il attendait que le seigneur elfe parle. Dise quelque chose. Après tout, c'était lui qui l'avait invité à venir ici. Il devait donc avoir ses raisons. Mais sans savoir quels étaient ces dites raisons, Viktor ne voyait pas se qu'il pouvait dire.

Dragan ne mit pas longtemps à prendre la parole.

- "Serait-il indiscret de vous demander ce que vous faites loin de vos terres?"

En effet, c'était un peut indiscret et le jeune homme aurait tout à fait put aimablement renvoyer son hôte sur les roses de manière aimable, mais le faire tout de même. Sauf que Viktor n'était pas ce genre de personne. Dragan s'était montré plus aimable avec lui qu'il ne l'avait imaginer et c'était là une question bien innocente pour entamer la conversation. De plus, Viktor n'avait rien à cacher ni à se reprocher alors pourquoi ne pas tout simplement répondre à la question somme toute assez logique.

« Je me suis rendu au mariage du comte Gaucelm d'Odélian, expliqua le jeune homme. »

Impossible de retenir une légère grimasse de dégout. Lui qui détestait déjà les mariages arrangé avait eu devant les yeux la démonstration absolue de se qui le répugnait le plus au monde. Une enfant qu'on avait donné à un homme que jamais elle n'aurait choisit, le tout pour des raisons politiques. C'était tout à fait répugnant.

Viktor trempas ses lèvres dans sa coupe pour tenter de dissimuler son dégout quant à ce simple souvenir. Mais sans doute l'elfe avait-il eu le temps de voir l'expression de son visage.

Le vin était d'ailleurs excellent.

« J'y ait rencontré le Régent d'Alonna, expliqua Viktor. Il m'a aimablement invité à un séjour dans sa citadelle. Alonna est depuis longtemps un partenaire de la baronnie de Missède. Comme vous l'avez dit il y a peut, notre noblesse a eu à subir quelques... modifications, ces derniers temps. Puisqu'aucune affaire importante ne réclamait dans l'immédiat ma présence à Missède, j'ai accepter l'invitation du Régent. C'est toujours utile de connaître les personnes avec qui on traite et de pouvoir mettre un visage sur leurs noms. »

Viktor fit une courte pause, faisant tourner son vers entre ses doigts.

« J'étais sur le chemin du retour lorsqu'un essieux d'un chariot de ma suite s'est brisé. Le convois s'est donc immobiliser le temps de trouver un ouvrier capable de remettre en état ce chariot. J'en ai profiter pour chevaucher un peut et vous connaissez déjà la suite. »

Viktor trempa à nouveau ses lèvres dans le vin que lui avait donné Dragan. Décidément, il était tout à fait succulent. Si une question avait trotté dans la tête de Dragan, une autre similaires triturait les méninges du jeune baron.

« Et vous? Si je puis vous poser cette question, que faites vous ici? »

Il y avait de quoi se le demander en effet. La patrie des elfes n'était certes pas si éloignée que cela. Mais s'ils avaient trouvé la jeune inconnue en Oesgard et qu'ils étaient à présent en Alonna, ils n'allaient pas dans la bonne direction pour rentrer chez eux. Qu'est-ce qu'un seigneur elfe pouvait aller faire dans le sud? Se rendait-il à Diantra? Possible.

Offrir un peu de nectar elfique à son hôte était la moindre des politesses. Si Dragan avait ainsi demandé à Viktor de Missède de le suivre, c’était pour lui parler de la jeune inconnue et peut-être même, la lui confier. Non, il ne souhaitait pas s’en débarrasser à tout prix, mais il ne l’aiderait pas à trouver qui elle était, la Péninsule n’était pas son pays. Il espérait que la jeune femme comprendrait sa démarche et ne croirait pas à une trahison de sa part. Ce n’était pas le but. Il demanda donc ce que faisait ce jeune noble si loin de ses terres. Il apprit qu’il s’était rendu à un mariage. Un mariage noble et qui ne semblait pas avoir plu au jeune baron d’après sa grimace.

- "Ce mariage n’était pas à votre goût apparemment."

L’elfe était observateur, mais surtout, lire les émotions des humains était d’une facilité déconcertante tant ils étaient expressifs, comparés aux elfes impassibles. Il continua en narrant sa rencontre avec le régent d’Alonna et son invitation à séjourner dans la citadelle.

- "C’est une bonne chose que la frontière soit entre de bonnes mains. Les drows ont fait suffisamment de dégâts."

Il continua en parlant d’un petit incident de parcours et d’un besoin d’aller se promener seul.

- "Vous avez bien fait, qui sait ce qu’il se serait passé si vous n’étiez pas passé par là."

Il eut un petit sourire entendu, non sans jeter un regard à la jeune muette. La question prévisible de Viktor le fit sourire et il se délecta de son vin avant de répondre posément :

- "Nous sommes en route pour Diantra. J’accompagne une jeune demoiselle qui doit voir le roi des Hommes rapidement."

Il cacha l’identité d’Elya, le fait qu’elle soit magicienne et nouvellement princesse d’Alëandir. Il ne savait rien de Viktor et n’avait pas envie que l’on sache qu’une princesse se promenait dans le coin avec une petite escorte. Cela n’aurait pas été très prudent.

- "Ainsi donc, vous ne connaissez pas cette jeune personne et n’avez pas entendu parler d’une attaque quelque part ? C’est regrettable, j’espérais que vous auriez pu m’aider. Cette jeune fille ne parle plus et ne se souvient de rien, comme je vous l’ai déjà dit. Elle n’a nulle part où aller et je ne peux pas l’abandonner au premier venu. Elles est sous ma protection en quelques sortes. Elle souhaite nous accompagner jusque Diantra. Peut-être que quelqu’un aura un indice pour la reconnaître là bas… Peut être… Auriez-vous une suggestion à nous faire pour nous aider ? Vous êtes humain et noble, vous devez connaître du monde… Quelque chose me dit que cette jeune fille n’est pas une simple paysanne. Elle sait lire et écrire et ses gestes sont raffinés…"

Il lança un regard perçant à Viktor, ayant remarqué les regards qu’il jetait à la jeune, et jolie, inconnue.

- "Ce mariage n’était pas à votre goût apparemment."

Dragan avait observé sa réaction. Quoi de plus normal d'ailleurs. Ils étaient en train de discuter ensemble, les humains dissimulaient d'ailleurs en général assez mal les émotions qu'il ressentaient. On pouvait bien souvent lire en eux comme dans un livre ouvert. Pour se qui était des elfes, il fallait rajouter une grosse loupe sur ce livre pour saisir à quel point il était facile à un elfe de comprendre se que pensait un humain.

- "C’est une bonne chose que la frontière soit entre de bonnes mains. Les drows ont fait suffisamment de dégâts."

En effet. Les drow avaient déjà fait suffisamment de dégâts comme cela. Alonna était un bien mauvais souvenir. Mais heureusement, les choses auraient pu être bien pire. Et puis, Hanegard paraissait être un homme d'honneur sur lequel on pouvait compter.

- "Vous avez bien fait, qui sait ce qu’il se serait passé si vous n’étiez pas passé par là."

Il eut un petit sourire entendu, non sans jeter un regard à la jeune femme. Il n'était en effet guère difficile d'imaginer se qu'il serait advenu de la jeune inconnue si Viktor n'avait pas été là. Elle se serait sans doute fait mordre par ce serpent. Comme quoi, la vie ne tien qu'à un fil. Parfois, le Destin est cruel, mais d'autres fois, on ne peu lui dénier une certaine ironie.

Dragan marqua une courte pose, se délectant de son délicieux nectar elfique.

- "Nous sommes en route pour Diantra. J’accompagne une jeune demoiselle qui doit voir le roi des Hommes rapidement."

Bien que Viktor n'eu pas la moindre idée de l'identité de cette demoiselle elfe, il n'en avait pas besoin. L'escorte était relativement modeste pour quelqu'un d'important. Il aurait certainement put pensé que c'était une jeune elfe de moindre importance qui venait à Diantra. Mais deux choses ne collaient pas avec ce scénario. Et les deux, c'était Dragan qui les lui avaient fournis. La première, c'était tout simplement son identité. Le Seigneur Protecteur d'Ardamir ne se déplace pas pour rien. De plus, s'ils se rendent à Diantra pour rencontrer le roi Trystan, ils ne devaient pas être n'importe qui. Donc cette demoiselle avait une certaine importance. Cela l'intriguait un peu. Mais le baron ne dit rien. Dragan avait bien le droit d'avoir ses secrets.

- "Ainsi donc, vous ne connaissez pas cette jeune personne et n’avez pas entendu parler d’une attaque quelque part ? C’est regrettable, j’espérais que vous auriez pu m’aider. Cette jeune fille ne parle plus et ne se souvient de rien, comme je vous l’ai déjà dit. Elle n’a nulle part où aller et je ne peux pas l’abandonner au premier venu. Elles est sous ma protection en quelques sortes. Elle souhaite nous accompagner jusque Diantra. Peut-être que quelqu’un aura un indice pour la reconnaître là bas… Peut être… Auriez-vous une suggestion à nous faire pour nous aider ? Vous êtes humain et noble, vous devez connaître du monde… Quelque chose me dit que cette jeune fille n’est pas une simple paysanne. Elle sait lire et écrire et ses gestes sont raffinés…"

Le regard perçant que Dragan jeta au jeune baron ne lui fit ni chaud ni froid. L'elfe guettait ses réactions et plus particulièrement ceux qu'ils lançaient vers la jeune inconnue. Qu'est-ce qu'il avait en tête celui-là?

Viktor réfléchit rapidement à se que venait de lui dire le seigneur d'Ardamir. Il ne lui fallut pas longtemps pour répondre à se que venait de dire Dragan.

« La conduire à Diantra? Vous feriez mieux de l'égorger immédiatement. Cela vous simplifierait la vie. »

Viktor marqua une très courte pause avant de reprendre.

« On ne tente pas d'assassiner des nobles comme ça. Ceux qui s'en sont prit à elle étaient déterminé et en avaient les moyens. Si elle entre à Diantra, il y a des chances qu'elle trouve un indice sur son passé. Mais elle se retrouvera à nouveau exposée aux attaques. Et cette fois, ils ne la manqueront pas. Faites moi confiance. Les assassins peuvent faire preuve de beaucoup d'imagination. »

Viktor regarda la jeune femme. Se qu'il allait dire risquait de ne pas lui plaire et de ne pas non plus plaire au seigneur elfe. Mais en même temps, on avait demandé son avis. Il avait pointé un problème en rejetant l'idée de Dragan. Il devait maintenant prendre le relai. Proposer lui aussi une idée. Sinon, ils ne risquaient pas d'avancer.

« La seule solution que je vois, c'est d'abandonner le passé. C'est une véritable bombe à retardement. Se que je pense être le plus simple et le plus sur pour elle, c'est de commencer une nouvelle vie. Sans souvenir de son passé, elle aura d'autant plus de facilité à le faire. Mais honnêtement. Si elle est bel et bien noble et qu'on la ramène à Diantra après que certaines personnes aient tenté de l'assassiner, je ne donne pas cher de sa vie. »

Dragan m'ayant déposée délicatement sur le lit de camp, offrit un siège à celui qui venait de me sauver de ce reptile rampant. L'elfe proposa du vin au jeune homme. La conversation entre les deux hommes commença alors. Je n'étais qu'une spectatrice silencieuse qui ne pouvait intervenir oralement dans leur échange.
A la question de Dragan sur la raison de l'éloignement de Viktor loin de ses terres, le jeune baron répondit qu'il s'était rendu à un mariage dans le nord de la péninsule humaine puis avait séjourné un temps chez le régent du coin.

Viktor retourna la question à Dragan qui lui répondit sans donner de détails. Je savais qui était cette demoiselle qu'il accompagnait. Il s'agissait d'Elya. Elle était énigmatique et peu bavarde. Mais le sujet dériva bien vite sur ma personne.
J'étais assise sur le lit, les mains posées et légèrement crispées sur mes genoux. J'étais une spectatrice des plus discrètes. Les deux hommes discutaient alors de moi comme si je n'étais pas là. Sauf que j'étais là et j'entendais tout.

Viktor n'avait entendu parlé d'aucune attaque au grand regret de Dragan qui aurait voulu en savoir plus sur moi. Le silence et l'amnésie totale de mon passé n'aidant en rien à connaître mon identité. La seule chose sur laquelle il ne faisait aucun doute fut que j'ai du sang bleu. Dragan se posait comme mon protecteur pour le moment mais il était clair que dans ses paroles, il désirait se décharger de cette responsabilité envers l'un de mes paires.
Dragan avait remarqué les nombreux regards que Viktor me portait. J'en avais perçu également quelques uns mais à chaque fois j'avais détourné le regard pour le porter sur mes mains. J'étais très mal à l'aise qu'il me regarde ainsi surtout que j'ignorai la raison de tous ses regards.

Ayant un peu soif, je m'étais emparée de la coupe près du lit que j'avais rempli d'eau. La portant à mes lèvres, j'écoutais toujours ce qui se disait quand soudain la coupe me glissa des mains. J'étais tétanisée en entendant la réponse que le jeune baron venait de donner à Dragan. La coupe en étain tomba sur le sol dans un bruit qui attira forcement l'attention des deux hommes.
Ils purent alors me voir tremblante et totalement tétanisée. Mes yeux étaient rouges comme si je venais de pleurer. J'étais horrifiée devant cette solution. Viktor proposait que l'on me tue immédiatement. Pourquoi cette proposition affreuse alors qu'il n'y a pas quinze minutes il me sauvait du venin d'un serpent.

Viktor tempéra alors sa réponse. Il expliqua que si on avait voulu m'assassiner, m'emmener à Diantra ne ferait que me précipiter vers une mort certaine. Mon passé était ma vie et en m'empêchant de le retrouver c'était me préserver. Comment cela pouvait il être possible ? Quoiqu'il en soit, j'étais à présent effrayée par ce que Viktor venait d'annoncer.
Retrouver la mémoire et mourir ou vivre dans l'oubli ? Je devais choisir. Je ne souhaitais pas mourir. La mort est une chose bien douloureuse. J'étais déjà morte une fois. Ma vie d'avant était morte avec mon réveil morbide et ensanglanté dans ce château. Non, je ne voulais pas revivre ça.

Mon coeur se serra dans ma poitrine. Je lançai alors un regard apeuré à Dragan. Si aller à Diantra allait causer définitivement ma perte alors je ne voulais plus y aller. Une larme se mit à couler le long de ma joue alors que je suppliais Dragan du regard.

L'elfe écouta son interlocuteur sans émettre le moindre commentaire. Ils ne furent interrompus que par la réaction violente de la jeune femme qui avait laissé échappé sa coupe des mains quand le noble humain avait parlé de la tuer tout de suite si on la ramenait à Diantra. Les nerfs de la demoiselle étaient trop à vif pour qu'elle comprenne qu'il ne parlait pas de la tuer vraiment. Mais que, si comme Dragan le supposait, elle était une noble qui avait échappé à un massacre, voire un assassinat, la ramener à Diantra lui permettrait de retrouver ses origines... mais aussi de remettre ceux qui avaient fait cela sur sa piste. Il objecta pourtant :

- "Il ne peut s'agir que d'une banale attaque sur un convoi dont elle faisait partie, ou sur son château par quelques bandits..."

Mais il n'y croyait pas lui-même... Pas vraiment. Pourtant, ses assassins n'étaient pas très doués. Ils l'avaient égorgés, sans réussir à le faire assez fort pour lui trancher la gorge et la tuer. Était-ce vraiment dirigé contre elle? Il observait Viktor, se demandant également si ce jeune homme était aussi innocent qu'il le prétendait. Il tombait peut-être un peu trop bien à pic. Et si jamais il cherchait cette fille et l'avait sauvé pour mieux gagner sa confiance et celle des elfes et la récupérer pour finir le travail? Oui, c'était tortueux comme raisonnement, mais on ne pouvait écarter cette possibilité, aussi déplaisante soit-elle.

Il capta pourtant le regard de la jeune fille, implorant. Influencée par les paroles du baron, elle ne semblait plus du tout tenir à les accompagner jusqu'à Diantra. Et il n'avait pas le temps de jouer les chaperons. Il prit une ample inspiration et reprit calmement :

- "Votre raisonnement se tient. Je n'ai malheureusement pas le temps de m'attarder davantage sur le destin de cette jeune fille. Certains membres de notre petite escorte pensent déjà que je suis trop tendre avec elle et que je ferais mieux de la laisser à son sort, sans me mêler des affaires des humains."

Certains soldats, surtout les plus âgés, ne voyaient pas d'un très bon œil les relations qu'entretenait Dragan avec les humains, jugeant cela comme une perte de temps. Le jeune Seigneur protecteur s'en accommodait, mais il devait reconnaître qu'il valait mieux confier la jeune fille à l'un de ses pairs, le plus rapidement possible.

- "Je n'irais pas par 4 chemins. Je l'ai recueillie, vous l'avez sauvé une fois. J'ai peut-être tort de vous la confier, peut-être savez-vous parfaitement ce qui lui est arrivé et désirez-vous finir le travail, votre présence en ces lieux étant due à un hasard un peu trop heureux à mon goût... Mais peut-être êtes-vous un seigneur d'honneur et un homme de parole qui a juste volé au secours d'une demoiselle en danger. Je n'ai aucun moyen de le savoir et ne peux me fier qu'à mon instinct et vos paroles. Sachez pourtant que je ferai sans doute un voyage en Missède dans les prochains mois et qu'il me tiendra à cœur de prendre des nouvelles de cette jeune fille." Seigneur de Missède, vous engageriez-vous à la prendre sous votre aile et à veiller sur sa vie?

Ce n'était pas une menace, mais juste un avertissement qu'il n'abandonnait pas l'inconnue à son sort sans jamais plus s'en préoccuper. Mais encore fallait-il que Viktor accepte cette lourde tâche... Il se tourna vers la jeune muette et reprit :

- "Qu'en penses-tu? Tu accepterais de partir avec lui? Je ne t'oblige à rien, si tu ne le veux pas, tu resteras avec nous, mais tu dois comprendre que j'ai des obligations diplomatiques importantes et que je ne peux pas veiller sur toi au delà de mon voyage à Diantra, ni te chercher un autre protecteur d'ici là..."

- "Il ne peut s'agir que d'une banale attaque sur un convoi dont elle faisait partie, ou sur son château par quelques bandits..."

Mais bien sur. Et le roi Trystan était un espion au service des Drow et devait faciliter l'invasion de la Péninsule. Non, scincèrement, est-ce qu'il en avait beaucoup des idées de ce type le seigneur des elfes? Parce que si c'était le cas, ils n'étaient pas sortit de l'auberge. Viktor ne manqua pas de remarquer que l'étincelle dans les yeux de Dragan avait légèrement changé. Allons donc. Qu'est-ce qui lui était passé par la tête à celui-là?

Il chercha le regard de la jeune femme. Pour sa part, Viktor n'en fit rien. Le sort de la jeune femme, (même s'il la trouvait très séduisante et qu'à chaque fois qu'il croisait son regard il avait envi de la protéger contre le monde entier) n'était pas entre ses mains. Elle était libre de faire se que bon lui semblait. Lui, il n'avait qu'un simple avis consultatif. Rien de plus.

- "Votre raisonnement se tient. Je n'ai malheureusement pas le temps de m'attarder davantage sur le destin de cette jeune fille. Certains membres de notre petite escorte pensent déjà que je suis trop tendre avec elle et que je ferais mieux de la laisser à son sort, sans me mêler des affaires des humains."

Tien tien tien. Pas si gentils que cela les petits elfes. Ils abandonneraient une jeune femme seule, sans souvenir et sans voix dans n'importe quel village où elle serait à la merci du premier malade venu. Et ils ausaient prendre de haut les humains? La seule différence, entre faire directement du mal à cette inconnue et se que les elfes semblaient souhaiter, c'était qu'ils n'avaient aucune raison de se sentir coupable. Après tout, ils n'avaient rien fait.

- "Je n'irais pas par 4 chemins. Je l'ai recueillie, vous l'avez sauvé une fois. J'ai peut-être tort de vous la confier, peut-être savez-vous parfaitement ce qui lui est arrivé et désirez-vous finir le travail, votre présence en ces lieux étant due à un hasard un peu trop heureux à mon goût... Mais peut-être êtes-vous un seigneur d'honneur et un homme de parole qui a juste volé au secours d'une demoiselle en danger. Je n'ai aucun moyen de le savoir et ne peux me fier qu'à mon instinct et vos paroles. Sachez pourtant que je ferai sans doute un voyage en Missède dans les prochains mois et qu'il me tiendra à cœur de prendre des nouvelles de cette jeune fille. Seigneur de Missède, vous engageriez-vous à la prendre sous votre aile et à veiller sur sa vie?"

Bien qu'il n'y ai pas la moindre menace dans les paroles de Dragan, le visage de Viktor s'assombrit soudain. Non mais pour qui il se prenait celui-là. Il n'était pas chez lui perdu dans sa maudite forêt en train de tresser ses poney. Se que Dragan voulut dit à la jeune femme lui était passé complètement au dessus de la tête. Il se souvint juste qu'il avait demandé à la jeune femme se qu'elle pensait du projet de la laisser à Viktor. Une fois que l'elfe eu fini de parler, le jeune homme prit directement la parolle sans laisser le temps à la jeune femme d'esquisser un mouvement.

« Je pense que je vais oublier se que vous venez de me dire seigneur. Non seulement vous mettez en doute se que je vous ai dit, mais c'est également mon intégrité que vous ne croyez pas. Si je faisais partit des hommes qui s'en sont prit à elle, je ne vous l'aurait pas ramené et son corps serait au bord de ce ruisseau. »

Viktor marqua une pose, foudroyant l'elfe du regard.

« Je serais ravi de vous accueillir à Missède si d'aventure vous vous y rendiez. Mais je n'aime pas se que vous sous-entendez. Quant à savoir si j'accepte de la prendre sous ma protection... j'accepte. Mais le choix ne m'appartient pas. »

Alors que la coupe d'eau venait de m'échapper des mains à l'écoute des paroles du baron et que ma réaction fut des plus violentes à cette écoute, Dragan continua sur cette même lancée en nuançant tout de même, penchant pour une attaque banal et non un assassina orchestré dans le simple but de tuer.
La suite tomba comme un couperet et me glaça le sang. Cet elfe qui s'était posé comme mon protecteur face à Viktor annonça clairement la donne. Il ne pouvait s'occuper de moi aussi il voulait croire aux bonnes intentions du baron et me confier à lui. Le fait que je ne veuille plus me rendre à Diantra à cause des dires du baron était le meilleur moyen pour les elfes de m'abandonner aux soins d'un autre, une personne de ma race.

Dragan se tourna alors vers moi et de sa voix posée me demanda si j'acceptais d'être cédée à Viktor. Il m'expliqua ses raisons qui étaient compréhensibles. Je baissais alors les yeux pour fixer mes mains qui se crispaient lentement sur mes genoux. Que faire ? Que choisir ? Qui suivre ?
Le baron s'offusqua des paroles de l'elfe qui remettaient en cause ses dires et l'honneur de celui ci car les sous entendus laissaient entendre que c'était lui le commanditaire de tout cela. Puis après avoir fusillé du regard Dragan, Viktor se tourna vers moi. Il acceptait la proposition de Dragan à condition que je l'accepte également. Le baron attendait alors une réponse de ma part.

Je sentais leur regard posé sur moi. Levant doucement les yeux, je regardai Dragan puis Viktor pour revenir sur l'elfe. Un battement de cils pour lui faire comprendre que j'acceptais. En même temps avais je vraiment le choix dans cette histoire ? Soit Dragan m'abandonnait là maintenant au baron soit il le faisait plus tard à quelqu'un d'autre. Tôt ou tard, je serai livrée à mon destin...

Sujet: Re: Un nouveau départ [Viktor] Mer 6 Oct 2010 - 19:56

[Je conclue, toutes mes confuses >.<]

Un rire bref échappa au seigneur elfe alors que Viktor semblait prendre la mouche tandis qu'il remettait en doute son honneur. Un peu de sérieux, les humains étaient des menteurs et n'avaient pas d'honneur, et il fallait être stupide pour encore attacher de l'importance à cela.

- "Pardonnez-moi si je vous ai offensé Messire. Il se trouve simplement que je ne me fie guère à la parole donnée, je ne sais que trop comme elle est éphémère et facilement oubliée. Ne le prenez pas comme une attaque personnelle."

Mais il marquait un point, s'il était de ceux qui trempaient là dedans, il aurait pu s'en débarrasser cette fois, sans qu'on le retrouve... Quoique, les elfes avaient l'ouïe fine, pas sûr que son crime reste impuni, mais passons. Dragan inclina gracieusement la tête quand Viktor lui répliqua qu'il serait le bienvenu à Missède, malgré ses propos.

- "Je vous en remercie."

Puis, il reprit :

- "En effet, cette décision ne nous appartient pas."

Il tourna son regard de glace vers la jeune fille muette qui n'avait pas perdu une miette de cet échange. Et elle accepta. Elle n'avait pas trop le choix, certes, mais c'était pour son bien.

- "Soit, je vous la confie messire."

Dragan se leva et se dirigea vers la jeune fille, lui prenant la main avant de lui embrasser doucement le front :

- "C'est parmi les tiens que tu réapprendras à vivre. Puissent les dieux guider tes pas et veiller sur toi."

Ainsi en fut-il décidé. Viktor quitta cette tente avec la jeune fille muette et bientôt, les elfes furent de nouveau seuls entre eux. Mais le Seigneur Protecteur d'Ardamir savait qu'il n'oublierait pas cette petite inconnue et que leurs chemins se croiseraient de nouveau.

» [Conseil de Thaar] Un nouveau départ, un nouveau futur
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