[Conseil de Thaar] Un nouveau départ, un nouveau futur

Tahiro, 1ère ennéade de Favrius, An XVIII, Cycle XI
Le Joyau, Les soieries, Thaar, Ithri’Vaan

Khaled s’avança dans le joyau, ses chaussures résonnant sur le marbre du sol, alors que deux miliciens de la maison Irohivrah l’accompagnaient. Il entra finalement dans la salle, saluant de la tête les autres Princes Marchands qui avaient pu répondre à l’appel. C’était toujours un événement marquant lorsque tous se réunissait, et aujourd’hui n’était pas différent. Aujourd’hui, l’histoire s’écrivait. Une nouvelle page dans la courte histoire de la principauté. Khaled avait réellement l’impression que pour une fois, tous les Princes Marchands était sur le même pied. Avait réellement les mêmes peurs et le même point de vue. Les semailles avaient fait trembler la principauté, mais avaient au moins fait en sorte qu’il y avait un respect et un but commun au joyau; celui de mettre la principauté d’abord, et d’arrêter de se sauter à la gorge pour un rien. Khaled embrassa la salle du regard en entrant, un sourire confiant aux lèvres, il salua Marzaban Ambreroc qui était déjà présent, attendant probablement ce moment avec impatience et alla rejoindre le trône de la Princesse d’Uldal’Rhiz, avant de se racler la gorge pour attirer l’attention des Princes. Les grandes portes se refermèrent, et le conseil put finalement commencer.


« Bonsoir à vous tous. Au nom de Maralina Irohivrah, Princesse Marchande d’Uldal’Rhiz, je vous remercie de vous êtres réuni ce soir. La Princesse d’Uldal’Rhiz tient a présenter ses plus plates excuses pour son absence. Mais il est inutile de vous mentionner la raison, puisque vous êtes tous au courant des enjeux qui pèsent sur la principauté. » Il posa sa main droite sur son cœur, avant de baisser légèrement la tête pour saluer respectueusement les innombrables personnages importants qui avait pris la peine de se regrouper. Puis, au bout de quelques secondes, il se redressa, avant de prendre un moment, laissant le silence prendre possession de la pièce pendant qu’il tentait de contrôler sa nervosité. Ce n’était pas la première fois qu’il représentait les intérêts de Maralina, et pourtant, cette session semblait réellement prendre tout son énergie. Ce n’était pas tous les jours que l’on nominait quelqu’un comme Prince Marchand. « De ce fait, il est important que nous puissions avancer. Laissons les problèmes du passé et montrons aux autres nations que nous somme plus unis que jamais devant l’adversité. Le conseil ne peut se permettre de perdre des représentants, et il est vital que nous choisissions les remplaçants de manière calculée, mais aussi juste. »


Il porta son regard sur Marzaban Ambreroc, bien installé au centre du conseil, ayant l’entièreté du conseil qui le dévorait des yeux. « C’est pour cela, que la Princesse d’Uldal’Rhiz s’est permis de proposer une recommandation à ses pairs. Salfaryl le Sombre à léguer sa position de Maître des Milles-Caves à Marzaban Ambreroc et ce dernier a eu une longue discussion avec la Princesse de la chair. » Khaled s’arrêta un moment, retournant son regard vers les Princes Marchands. « Cela fait plusieurs ennéades que ces deux êtres se côtoient. Non seulement pour affaire, mais aussi pour la sécurité de la Principauté. Devant les eldéens, Maître Ambreroc n’a pas hésité une seule seconde à déployer certains de ses atouts pour aider la Princesse d’Uldal’Rhiz dans sa quête, mais aussi l’avertissant de potentielles affaires qui auraient pu être tragique pour Thaar et l’ensemble de nos villes. » Il se retint d’en dire plus. Après tout, Maralina lui avait mentionné de ne rien dire sur l’erreur de la treizième… Du moins, pas pour le moment. « C’est pourquoi, après de nombreuses ennéades à travailler de façon des plus harmonieuses, Maralina Irohivrah recommande Marzaban Ambreroc comme Prince Marchand de Thaar. Un titre qui lui revient en tant que Maître des Milles-Caves. » L’elfe se retourna vers le nain avant de lui lancer un sourire, l’air confiant; « Je suis bien entendue, disponible si vous avez quelconques questions. Mais je voudrais laisser la parole au Maître de Milles-Caves afin que ce dernier puisse se présenter, et aussi expliquer sa vision. Maître Ambreroc, je vous laisse la parole. » L’elfe lui fit un léger mouvement de tête, avant de s’asseoir sur le trône de la Princesse d’Uldal’Rhiz. Il avait fait sa partie, et espérait sincèrement que  la recommandation soit approuvée par l’entièreté du conseil.

Être au centre de l’attention, ne me sied guère, en général. S’il y a bien une chose que le Sombre m’a apprise durant toutes ces années à son service, c’est que l’ombre, est la meilleure des couvertures. L’ombre, le silence, la discrétion, et les secrets. L’on est riche que des secrets que l’on possède, car les secrets font mauvais hôte, lorsqu’ils sont exposés en place publique.

Et pourtant, en cet instant, être au centre de l’attention, était plutôt logique, et non moins plaisant. J’oserais bien esquisser une légère angulation de la tête, en signe d’appréciation face aux propos du bras droit de Maralina, mais cela serait sans aucun doute nuire à ma réputation : le marbre d’Ambreroc. Après tout, on ne m’appelle point « Sa Stoïcité » pour rien ! Toutefois, rester de marbre n’était point toujours chose utile, ni recommandable. Surtout lorsqu’une alliée bien venue, s’est échinée à organiser ce conseil, malgré son absence, malgré le contexte. S’il était un moment où le nombre de mots ne devait point être calculé, c’était bien celui-ci.

- Mille-et-uns remerciements à vous, digne représentant de la Princesse d’Uldal'Rhiz. Chers princes et princesses marchandes, estimés représentants du joyau de l’Est, permettez-moi de me présenter : je suis Marzaban, du clan Ambreroc, et maître des Mille-Caves, et seigneur des Nains des Dunes. Nombreux sont les faciès qui, ici, ne me sont point inconnus, et pour cause, vous m’avez déjà rencontré lorsque secondais Salfaryl le Sombre. Je me lève, et arpente la salle en décrivant un cercle autour de mon assise centrale. Mes mains sont enfouies dans les manches de la main opposée, venant ceinturer mon abdomen, dans une posture tout à fait neutre. Mon faciès, de marbre, mes petits yeux à moitié clos, et mon contrôle de chaque mouvement, aident à assurer cette représentation de roc imperturbable. Mais je ne suis pas Salfaryl. Et l’avenir de notre cité, m’est important, autant que l’avenir des miens. C’est avec cet état d’esprit, que j’ai contacté son altesse Irohivrah, afin que nous puissions œuvrer ensemble. Et c’est ce que nous avons fait, faisons, et ferons encore. Aujourd’hui, je suis là, pour obtenir la place qui fut laissée vacante par mon prédécesseur, et pour porter notre regard plus loin. Ensemble.

Et je me rassois.

J’aurais préféré être partout ailleurs qu’ici. Comme souvent. Le conseil c’était toujours d’un ennui profond et en général la voix de mes pairs n’y étaient pas étrangères. Pourtant aujourd’hui il semblait y avoir une animation. Enfin si on pouvait appeler la présence d’un nouveau nain une animation…

Depuis qu’il était apparu je ne l’avais que peu lâché des yeux. Son visage ne pouvait m’être que familier puisqu’il avait auparavant servit de larbin au vieux Salfaryl. Un rictus discret était apparu au coin de mes lèvres lorsque qu’un pantin de Maralina annonça enfin la raison de sa présence : il voulait sa place le petit homme.

Maralina et ce Marzaban avaient des plans en tête c’était certain et cela en revanche m’agaçait. Je n’aimais pas apprendre ce genre de chose et être pris au dépourvu. Il faudrait que je rattrape vite mon retard dorénavant.

Mon menton posé sur mes doigts entrecroisés, j’écoutais sans plus réagir le discours du nouveau maitre des milles caves et je ne bougeais pas non plus lorsque le prince du Quiryah déboula et déclama son adhésion sans plus de réflexion. Trop hâtif comme toujours.

Et puis je fini par me reculer sur ma chaise, mes doigts tapotant toujours contre le marbre de la table qui nous réunissait tous.

-J’aimerais partager votre enthousiasme. Fit-je alors d’une voix tout à fait neutre. Comme j’aimerais voir la grâce d’un nouveau membre dans ce cercle unis que nous formons. Unis quand ça arrangeait les uns ou les autre aurait été plus exact... Mais...il suffit qu’un maillon soit rouillé pour que les autres soient vite abimés à leur tour et que la chaine finisse par se briser.

Je levais les yeux au ciel l’espace d’un instant avant de les reposer sur l’éventuel futur prince marchand. Je m’étais probablement mis à dos les milles caves une fois. Je ne devais pas recommencer si elle se trouvaient à nouveau à leur apogée.

-Il est indéniable que les milles caves sont un élément indétournable du paysage vaani et pour cela j’approuve sans doute son retour au sein de notre conseil. Malgré tout, je levais un doigt, mon amour de Thaar me pousse à me demander en quoi notre nouvel ami sera-t-il différent de son prédécesseur...Somme nous réellement à l’abri de la rouille en sa compagnie? Au delà de ses visibles...disons... affinités avec notre chère Maralina, que nous apporte-il en guise de bonne foi ?

Diolando Vega, le Prince-Marchand Qiryah et âme semblant être si tourmentée, si orgueilleuse, si volubile, si changeante et si excessive, m’approuve. Voilà quelque chose de peu étonnant, quand bien-même cela reste bien venu. Nos précédents contacts, et accords commerciaux, s’étaient toujours bien passés – peut-être moins quant il fut question du fameux dragon sévissant du côté de l’Archipel. Toutefois, cet autre Prince-Marchands, Ethirëlon, semble ne pas être aussi compréhensif.

Oh, j’ai compris dès ces premiers mots, le pourquoi de cette image d’un maillon rouillé. Les jardiniers, les Semailles, l’acte de Salfaryl lors du conseil de punition, demeurent visiblement dans toutes les têtes, dans tous les esprits. Comment leur en vouloir ? Il est vrai que les Semailles ont eu de nombreux effets, comme elles eurent de nombreuses causes, et de nombreux actes. Beaucoup de sang, beaucoup de morts, plusieurs trahisons, bref, un traumatisme. Mais un traumatisme surtout pour les civils, qui n’avaient rien demandé.

En quoi serais-je différent de mon prédécesseur ? Cette question, je me la suis également posée maintes fois. Salfaryl avait le don de modeler les siens à son image, et d’en faire des sujets fidèles, des petites mains dévouées. Non pas que sa façon de faire soit différente de la mienne, mais, à la différence de l’ancien maître, je ne suis motivé que par l’or et la construction. Je veux construire, et je veux devenir riche, et je veux doubler, que dis-je, décupler, la puissance et la fortune des Mille-Caves. Et si ces ambitions se mêlent à des approches politiques – puisqu’appartenir au conseil signifie devenir un politicien de ce même conseil – je n’en suis que moins belliqueux. Et la menace Drow subsiste, et comme la Princesse Maralina et moi-même en avons discuté plus d’une fois, s’en prendre aux Drows, nécessite des actions moins directes, plus discrètes et non moins violentes.

Alors qu’aurais-je à lui offrir ? A leur offrir ? Sinon la garantie d’un retour sur investissement ? Sinon une augmentation conséquente des ventes, des achats, des flux et des taxes ? Sinon une part pour chacun, calculée au prorata des apports et des machinations, des accords et des traités ? Serait-il plus prince que marchand, pour ne point voir tout cela ?

- Rien. Je ne vous apporte rien. Sinon les témoignages de ceux qui partagent déjà accords et traités avec moi-même, ou les Mille-Caves depuis mon avènement. Une chaîne se trouve d’ores-et-déjà rouillée, si un maillon se défit de l’autre avant même qu’elle ne se mette à travailler. Faites votre choix. Moi, je l’ai fait, pour Thaar.

C’est dans ces moments que Khaled aurait voulu que Maralina soit présente. C’était la reine de la manipulation, toujours là, pour charmer d’une façon ou d’une autre les autres Princes, sachant toujours sur quel aspect miser pour avoir ce qu’elle voulait. Néanmoins, cette dernière avait prévu les réactions de ses pairs, et avait bien avisé son bras droit. Après tout, elle était toujours préparée à la moindre situation, mais cela n’empêchait pas l’elfe d’être nerveux. Il savait trop bien ce qui se passerait s’il échouait. Il ne se mettrait pas un seul Prince Marchand à dos, mais deux puissantes personnalités de Thaar. Ce n’était pas le moment d’échouer. Khaled souffla discrètement pendant une seconde alors que Marzaban commençait son discours. Il était définitivement calculateur. Chaque mot semblait pesé, calculé, pas une seule erreur dans un discours qui se voulait rassurant, tout en étant professionnel. Il lui fit un discret signe de la tête une fois qu’il se fut rassis et l’elfe tourna la tête vers les autres Princes, attendant que ces derniers prennent la parole, ou posent les questions qui leur trottaient dans la tête. Comme à son habitude, l’exubérant Diolando se jeta à peine perdue sur une solution toute préparée. La Princesse de la Chair ignorait si ce dernier faisait des affaires avec les Milles- Caves, mais à voir comment ce dernier avait agi au procès il était certain qu’il ne serait pas la personne la plus difficile à convaincre. Ethirëlon Nas'olen, par contre, était une toute autre paire de manche, et le Prince suivit exactement ce que la Princesse de la Chair avait prévu.


La réponse de Marzaban à sa question lui arracha un discret sourire. Khaled connaissait trop bien le conseil pour ne pas approuver. Les Princes Marchands étaient un regroupement de fourbes, tous tiraient la couverture dans leur sens pour avoir le plus d’avantage, le plus de pouvoir. Survivre au conseil était une toute autre histoire, et personne n’était réellement à l’abri d’une chute vers le néant…Suffisait de penser aux événements qui s’étaient passé dans les derniers mois… Voyant que personne d’autre ne prenait la parole, Khaled renchérit; « D’autres questions? Ou pouvons-nous passer au vote? »

Khaled n’eut aucune réaction alors que Diolando faisait ses simagrées. Cela n’aidait en rien l’image que la Princesse d’Uldal’Rhiz avait relevé du curieux personnage qu’était la voix de Qyriah. Si les badauds aimaient bien le spectacle qu’il offrait aux pauvres gens, l’elfe avait des doutes que cela faisait l’unanimité chez la haute-société. M’enfin… qui était-il pour juger? Puis lorsque la question sur l’héritière de Geresh fit surface, Khaled ne put s’empêcher de cacher sa surprise. Disons, que cette dernière avait été légèrement mit à l’écart de ses calculs. Qui plus est, la pauvre âme n’était pas là pour défendre son honneur, ou la position que le conseil pourrait lui accorder. L’elfe se releva de son siège, fixant de ses prunelles émeraude Diolando avant de prendre la parole; « Alors cela sera à vous d’organiser la prochaine séance et de la recommander au conseil, Diolando. Mais vu que cette dernière n’est pas là pour présenter ses arguments, je ne vois pas en quoi cela aurait un quelconque impact sur Marzaban Ambreroc. » Déplaçant à nouveau son regard sur les autres Princes Marchands, Khaled reprit de nouveau la parole; « Je suggère que l’on passe au vote. » Il avala sa salive, l’elfe se retourna vers le Maître des Milles-Caves avant de s’exprimer d’une voix assurée; « Uldal’Rhiz est favorable à la nomination de Marzaban Ambreroc, maitre des Milles-Caves, comme Prince Marchand de Thaar. »

Si n’écoutait attentivement la réponse du maitre des Milles-Caves et pesait chacun de ses mots comme il avait du lui même les peser, j’ignorais en revanche pourquoi Diolando amenait Aerianna sur le tapis de cette façon.

Cela aurait peut-être dû me faire réagir mais je n’eus que le temps de penser qu’elle n’avait qu’à être là si elle voulait sa part du gâteau que l’elfe de Maralina repris la parole. Il avait bien raison le gentil pantin, qu’on en finisse.

-Baaz’hima sait écouter l’avis de ses pairs, fit-je comme s’il s’agissait d’une décision tout à fait banale. Ainsi est-elle aussi favorable à la nomination de notre ami en tant que membre de ce conseil. Je lui offris un sourire bien différent de la froideur de mes mots précédents. Pour Thaar.

Bon il n’avait pas intérêt à me mettre des couteaux dans le dos plus tard ce nain-ci maintenant que je lui avait donné ma voix. Peut-être devrais-je au plus vite tenter de m'en faire un allié autrement qu'en lui permettant un simple siège parmi nous...

Le regard de la main droite de Maralina Irohivrah passa son regard de Prince à Prince. Cela ne prit que quelques minutes avant que les Princes eurent terminé de s’exprimer et leur réponse ne surprit personne. Il y a deux passions qui marquent les actions des gens, l’amour du pouvoir et l’amour de l’argent. Marzaban avait les deux, il semblait tout à fait naturel qu’il fasse partie du conseil. Il avait une place toute assignée, et des relations déjà très puissantes avec certaines hautes personnalités. Une fois que la dernière voix se fit entendre, l’elfe se redressa, sourire aux lèvres, portant ses prunelles émeraude vers le Durgazdawi, avant de se relever de sa chaise. « Bienvenue au conseil de Thaar, Marzaban Ambreroc. » C’était officiel. Une promesse tenue pour la Princesse d’Uldal’Rhiz. Le début d’une toute nouvelle era, où, tout le monde l’espérait, mettrait fin aux violences ainsi qu’au complot de toutes sortes. Quoique…

Cette petite mascarade, propre au Prince-Marchand de Qiryah, ne m’étonne point, encore une fois. Je ne le connais pas autant que certains ici présents, mais j’ai eu le temps de calculer ses réactions, et de le cerner. Je m’attendais bien à ce qu’il dise quelque chose, mais je ne m’attendais pas à ce que cela concerne Aerianna, l’héritière de l’entière corporation d’argent.

Je l’avais rencontrée elle aussi, voilà plusieurs ennéades. J’avais racheté son palais secondaire, au sein du quartier de Thaar le plus riche et le plus luxueux de tous : le joyau. D’un palais, j’étais en train d’en faire un lieu de luxe et de débauche financière : un bâtiment de jeu de hasard, où les plus grandes fortunes, les plus influents personnages, dilapideraient leurs fortunes pour tenter d’en accumuler plus encore, alors que moi, la banque, le dépôt, serait le réel gagnant, 80% du temps. Aussi, bien qu’Aerianna soit une personnalité puissante et ô combien intéressante, ce n’était point son heure, ici, tout de suite : c’était la mienne.

Et le verdict tomba. Les uns après les autres, les dirigeants de cette noble cité du Sud se prononcèrent en faveur de ma nomination. Et le bras droit de Maralina, fidèle à son poste, sonna la conclusion de ce conseil : j’étais, dorénavant, maître des Mille-Caves et Prince-Marchand de Thaar, et membre du conseil. Le monopôle de l’importation et le négoce des denrées et produits du Grand Nord, était officiellement, et pleinement, entre mes mains. Il était temps pour moi de faire officiellement parti des puissants. J’aimais bien l’ombre, elle permet d’obtenir tous les secrets. Mais l’ombre grandit bien plus quand une grande lumière se focalise sur un point important. Et plus ledit point est important, plus il est mis en valeur, et plus l’ombre, derrière lui, s’élargit. Et dans cette ombre, ma poigne de fer saurait agir. La loge d’Onyx allait avoir du travail.

Je me levais alors, droit comme un « i », les yeux mi-clos, les mains dans les manches opposées – bien au chaud donc – alors que les bols d’or pendant de mes oreilles, étaient les seules choses douées de mouvement chez moi, en cet instant. Faisant demi-tour, je me dirigeais vers l’assise, le siège, et la portion de table, qui appartenait jusqu’ici, au Sombre, ancien maître des Caves. J’y plaçais mon richissime postérieur, drapé dans une toge de soie brodé d’or. Et joignant mes deux mains sur ladite table, les sortant de mes manches, je pris la liberté de dire quelques mots :

- Je vous remercie, estimés collègues. La cité de Thaar n’en sera que plus embellie. Puissions travailler ensemble dans l’entente et la collaboration, pour les décennies à venir.

Sa majesté Maralina avait tenue parole, et ce, malgré ses occupations plus que prenantes. Elle était dans une position plus que difficile, plus que dangereuse. Et toutefois, elle avait tenue parole. J’avoue être quelque peu désarçonné. La politique étant ce qu’elle est, je ne pensais pas qu’une parole, provenant d’une demi-Elfe, soit tenue jusqu’à ce que l’enjeux soit réalisé. Ainsi, confiance il pouvait y avoir. Et confiance il y avait déjà. Et confiance, est renforcée maintenant.