Il n'était écrit nul part qu'un tel évènement devait se produire. Personne n'aurait jamais osé s'aventurer à le prédire. Certains s'en moquaient, d'autres l'avaient espéré, quelques uns s'étaient même démenés toute leur vie pour le favoriser, mais même les principaux concernés ne pouvaient imaginer la tournure que prendrait leur retour. Car il n'y a plus de doutes, désormais, les premières manifestations sont... transcendantes. Les Dieux ont pris possession de leur Gardien, comme jamais auparavant. La puissance irradie des êtres ainsi élevés, et l'influence des Cinq se fait, soudainement, exacerbée. Alors que le Voile s'installe durablement sur Miradelphia, les Divinités qui sont à son origine déchaînent leur puissance. Volontairement, pense-t-on, si bien que beaucoup croient la fin du monde proche. A moins qu'ils ne soient plutôt en train de lui donner un nouveau visage ? Le secret demeure.
Même pour les Dieux eux-mêmes, qui malgré leur immense savoir ne comprennent pas la raison qui les enchaînent désormais à leur Gardien.
déchaîne sa colère. Il est la guerre tumultueuse, en cette triste époque plus que jamais.
retourne dans sa forêt, en ce qui est devenu son coeur.
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goûte aux joies de la liberté là où les fruits défendus de ses chants ont le plus proliféré.
tente de retrouver la quiétude de son Royaume.
Que ferons les mortels, face à une telle présence ? Fuir ? Prier ? Le choix est leur, mais ils ne pourront ignorer ce qui les attend.
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« Le Roc est fendu, la Porte est ouverte et sous le Sommet du Monde, en la Première Cité, le Roi attend. »
Les mots se propagent, et bien vite, ils sont là, à l’esprit et dans la bouche de chacun des Prêtres du Dieu de la Guerre, se répétant encore, et encore aux oreilles attentives, à ceux sensible à l’appel lancé.
Une image est projetée, le chemin et le roc, la fissure menant en dessous du monde, s’achevant en une vague image dont n’apparaissent que les contours du Roi trônant dans les entrailles d’une montagne.
En les Terres du Nord, où reposent et prospèrent le Petit Peuple, l’influence du Roi déjà se ressent… La chaleur est présente, plus pesante qu’en aucun été, accablant les êtres, canicule se répandant, se dégradant néanmoins à mesure que le trône s’éloigne. Et en les villes et villages, en les foyers enterrés et les mines où sont absent les nains à l’occasion des fêtes… En chaque lieu où vit l’un de ses premiers enfants, la colère gronde, grandissante, dans les cœurs, sournoise elle s’infiltre, chuchotant avec malice et succès… La violence est là, dressant lentement les nains les uns contre les autres… Bientôt, oui, bientôt, une guerre éclatera dans le Royaume du Nord, où l’on verra les nains s’entredéchirés.
A proximité de Kirgan, le cracheur de feu s’éveille, soumis à la même tension, faisant trembler la terre violement, crachant des nuées de cendres, prélude d’une catastrophe à venir.
La roche se brise à Almia, et approchent, mus par une férocité immense, fouettés par la volonté d’un Dieu, une nuée de gobelins, venus jouir et achever l’œuvre commencée.
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« La Forêt possède un nouveau coeur qui bat, qui bat... »
Telles des veines zébrant la peau, d'étranges racines ont surgi dans toute l'Anaëh. Elles se ramifient à l'infini, et pourtant, disparaissent parfois sous la terre pour mieux resurgir quelques lieues plus loin. Et il est clair, quand on y regarde bien, qu'elles proviennent toutes d'un même arbre : l'Estel. Ce don de la Déesse, livré par Myrhyarmen, la précédente Gardienne de Kÿria. On murmure que la Forêt, déjà si vivante, brille d'une nouvelle magie. Comme si elle avait retrouvé sa première vigueur. La Symphonie des Arbres ravit l'âme de ce qui peuvent l'entendre. Déjà, les vestiges d'Ellyrion se perdent sous les lierres et la mousse, déjà, certaines maisons des cités de pierres se font engloutir par l'appétit vorace de la Prime Création.
Mais le plus étonnant reste l'Estel lui-même. On dit qu'il parle à ceux qui s'approchent de lui. Sa taille aurait triplé, et l'Harma Laica aurait été pris de folie. Devenu un véritable labyrinthe de plante, il change, se transforme. Le Culte de Kÿria exulte, il affirme que la Déesse est de retour, réincarnée en sa plus belle création, en la seule chose qui jamais ne cesse de s'élever. En l'arbre qu'elle offrit jadis. Mais les plus empathiques auront compris qu'elle est comme en sommeil, et que le jardin d'Alëandir est devenu le théâtre de ses rêves.
« Lumière vengeresse portée par une Mère bafouée, le jugement s'approche de la Cité des Hommes. »
Les murmures se lèvent, de vagues ébauches de silhouettes de dessinent au loin...
Au coeur de la Plaine, une lueur blanche, surnaturelle, baigne tout chose... A celui qui la regarde, un murmure... a celui qui y pénètre, les tourments. Les tourments de mille voix illusoires, voix tourmentées épuisant nerfs et volonté. D'abord les voix, qui maintiennent à distance de ce lieu les âmes les moins courageuses.
Rares sont ceux à poursuivre plus loin... mais de tous ceux qui ont osé, nul n'est jamais revenu.
L'étrangeté elle même n'est pas suffisamment proche de la ville pour inquiéter ceux qui restent sagement entre ses murs, mais déjà la Lumière s'étend. Prière pour les fidèles, dernier outrage des infidèles, mais tous sentent l'influence de la Mère... ici et là, une blessure se referme, l'enfant impossible vient à naître, la Vie se répand... mais aux mêmes endroits, la Vie fuit, les blessures se rouvrent, la faiblesse s'accroît, l'éclair inattendu frappe au hasard. L'égaré entend un murmure, voix vengeresse qui lui offre pourtant une dernière chance, dernier espoir avant que la folie frappe.
Le chaos s'installe lentement, au gré des conflits entre les deux facettes de la Mère, au gré de la folie. Une seule chose reste immuable : le calme ne reviendra pas sans aide.
Avec l'éloignement ne vient pas la tranquillité ou la sécurité, mais l'influence se fait moins virulente loin du coeur de la Lumière. Si les conséquences se font sentir pleinement dans la zone secondaire, s'en éloigner épargne les manifestations les plus vives.
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« N'oublie jamais, ce qu'il donne, il sait le reprendre. Mais la joie bercera le monde sans compter. »Il a élu domicile là où dort ses Oeuvres. Là où sommeil le métissage. Il s'est assit, tel un roi et a ouvert la bouche. Son chant se propage, ondulant dans l'air, exprimant la joie de voir le monde s'offrir enfin. Les notes valsent et nul ne peu les ignorer. L'air s'enflamme et attise. Sentiments interdits. Carcans de volonté. Bouclier inutile. Explose donc les affres de ce que l'homme veut cacher. Son désir le plus intime, son coeur révélé a la lumière. Nul rênes ne pourraient y être apposé car le maitre des Illusions a décidé que le monde ne serait que déchainement. Dans sa danse ce mêle ses soeurs et son frère, car de lui sont nés leur liens a tous. Egoiste, généreux, il déverse sur l'âme les tourments des sentiments exacerbés, démultipliés, façonnés entre ses lèvres avec maestria...Vouloir aller contre le vent ne fera qu'aggraver les choses, se laisser aller a ce qui nous tourmente ne saurait qu'émouvoir.
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« Il est un Royaume où ne siège nul Roi, un Royaume d'un autre Monde où Sa volonté fait Loi. »
Les steppes arides du Désert Stérile ont changé de visage. D'abord progressivement, puis de plus en plus vite, des détails troublants sont venus troubler la vie "paisible" des rares habitants de la région. Mais quand l'Eclipse a débuté, l'Enfer s'est littéralement déchainé sur Terre. Pourquoi ? Comment ? Personne ne le sait... Mais d'étranges colonnes sont sorties de terres, sur lesquelles sont suspendues de tout autant étranges boules de pouvoir. Quiconque s'en approche trop est pris d'un malaise dont l'origine ne fait aucun doute, et il faut alors s'éloigner le plus vite possible. Heureusement, les colonnes honnies sont assez dispersées pour permettre à un groupe de se déplacer, mais qui aurait envie de s'aventurer dans tel endroit ?
Mais ce n'est pas le pire, non... Car entre les colonnes errent les âmes des morts. Ayant retrouvé le Monde des Vivants, mais sans avoir totalement quitté Tyra, elles attendent la fin du phénomène. Certaines espèrent pouvoir s'échapper, d'autres attendent simplement un retour à la normale, mais toutes sont influencées par leur présence involontaire. On voit ça et là des cadavres sortir de terres, alors que les âmes retrouvent les sensations de posséder un corps. Les dépouilles ne tiennent pas plus de quelques heures avant de reprendre l'état de cendre, ne supportant pas la présence d'un esprit étranger, mais cela reste bien suffisant pour traumatiser quiconque tentera de s'opposer à elle.
Mais encore une fois, qui voudrait ?
Non loin des Ruines de Nisetia, les colonnes sont plus nombreuses, le chemin est donc plus difficile. Il existe même un endroit où une douzaine d'entre elles forment un cercle parfait, et en son centre... Elle attend.
Désormais, le Royaume des Morts ne progresse plus, mais son influence, elle, s'étend sans répits. La faille n'est plus sûre, On dit qu'elle est envahie par les corps des drows dont l'âme est revenue à Teweion. Vengeance des Cinq ? Peut-être, mais comment en être persuadé ? Les nuits au Puy sont chargées de mystères, et les plus réceptifs affirment entendre le gémissement des spectres. Il y a même eut... des morts ! Des drows très âgés, ayant souvent dépassé le millénaire, se sont simplement éteints dans leur sommeil, comme ça, sans raison. Le phénomène est marginal, on peut compter les cas sur les doigts d'une main. Mais pour un peuple éternel, c'est toujours trop. On murmure à la vengeance de Tyra, la Déesse Reniée, ou au contraire au courroux de Teweion, qui ne serait plus assez honorée.
Certains lorgnent vers les terres stériles... La réponse s'y trouve, tous en sont sûrs. La question est de savoir s'ils oseront s'y rendre, histoire de l'arracher au sable.