Après la bataille (libre)

[hrp : ce topic se situe après que les elfes aient fuit le Fort par les souterrains. Tout le monde est le bienvenu, pour ma part, Ethel se fera un plaisir de répondre à qui s'adressera à elle.]

Etheldred s’éloigna un peu sous le regard méfiant de quelques elfes. Cela faisait des heures qu’elle continuait à soigner les blessés et là, elle était à bout. Déjà, le temps passé au Fort avait été éprouvant. Concentrée sur sa tâche, elle avait finalement trouvé les conditions pires qu’à Alonna, même si cela avait duré beaucoup moins longtemps et qu’elle ne ressentait pas le même découragement dû à l’épuisement. Mais là-bas, au moins, elle comprenait tout ce qui se disait, alors qu’ici elle devait faire des efforts considérables pour appréhender la langue elfique. Et puis, elle avait cru comprendre qu’il y avait eu trahison au sein du Fort et on ne demandait pas mieux que de regarder une humaine de travers, quand bien même elle avait passé tout son temps à faire son possible pour guérir ceux du Fort. Enfin, son amnésie partielle lui causait pas mal de soucis et elle devait redoubler de vigilance pour éviter de faire des bêtises lorsqu’elle soignait les blessés. Pour couronner le tout, elle n’avait aucune nouvelle de Mëgilen et les gens avaient bien mieux à faire que de répondre à ses questions mal formulées. Elle avait tenté de retrouver au moins les jumeaux qui se trouvaient également au service de l’elfe, mais n’avait pas eu plus de succès. Ainsi, depuis que les sylvains avaient fuit par les souterrains pour rejoindre la forêt, elle commençait à se demander ce qu’elle allait devenir.

La jeune femme s’assit légèrement à l’écart et s’adossa à un arbre en fermant les yeux un instant, appréciant de souffler un peu. Que faire, maintenant ? Chercher éternellement Mëgilen dans ce chaos ? Elle ne savait même pas si elle pouvait espérer le trouver vivant. A vrai dire, elle aurait pu savoir ce qu’il était devenu si seulement elle avait compris ce que l’elfe qui avait débarqué un peu plus tôt au milieu des guérisseurs avait baragouiné, étant donné qu’il cherchait justement de l’aide pour le capitaine de cavalerie. Mais non seulement le débit ne lui avait pas permis de suivre la demande mais en plus elle y avait à peine prêté attention dans le chaos ambiant. Donc, pour elle, pas de trace de Mëgilen, ce qui pouvait aussi bien signifier que l’elfe était resté sous les décombres du Fort. Triste perspective, en vérité et elle aurait bien aimé être capable de prier avec autant de ferveur que lui, pour lui donner une chance de s’en être sorti vivant.

Elle soupira et rouvrit les yeux en se demandant où tout cela allait la mener. Elle avait l’impression désagréable d’avoir un don pour se trouver là où il ne fallait pas et plus précisément là où se déclenchaient les guerres. Elle l’avait peut-être cherché la première fois, mais il fallait quand même reconnaître que ça commençait à faire beaucoup ! Elle s’essuya machinalement les mains, tachées de sang, au large tissu qu’elle avait coincé dans sa ceinture et qui lui servait de tablier. Cela ne lui avait pas empêché de souiller aussi les manches de sa robe bien qu’elle les ait remontées pour les préserver. Robe à la coupe elfique mais qui ne l’empêchait pas de ressembler à une humaine. Humaine complètement perdue, songea-t-elle, les yeux dans le vague.

Dyarque était épuisé. Jamais jusqu’alors il n’avait tiré aussi longtemps sur la corde. Jamais il n’avait pris autant de risques. Jamais il n’était passé aussi près de la mort. La vilaine balafre qui barrait sa joue gauche en témoignait. Ses deux bras en écharpe, il avançait lentement, sans attirer le regard. Ses vêtements étaient sobres et d’excellentes factures, mais la soie et le lin qui les composaient étaient saturés de poussières et de terres. Ses épaules ployaient sous le poids de la fatigue, et il était légèrement vouté. Il était bien éloigné de l’austère figure qu’il présentait en temps normal. Il marchait au hasard, plus pour se vider l’esprit que dans un réel but. Comme à son habitude, il avait délaissé le cercle d’or blanc qui annonçait sa royauté. Dans un camp militaire, il n’avait aucun ordre à donner, son rôle s’était arrêté au moment où l’attaque avait pris fin. Désormais, le commandement de l’armée était retourné à qui de droit, et il pouvait enfin souffler. Aurait du pouvoir, car il était encore dans l’incapacité de passer à autre chose.

Il avait trop vu en trop peu de temps. Trop de morts, trop d’horreur, mais plus que tout, il avait vu la folie en face. Le nœud en était un enfant éternel, qui jamais plus ne se délierait. Par la même occasion, plus jamais Dyarque ne mettrait les pieds aussi loin au sud. Il n’avait effleuré que la toute grande complexité du nœud, mais il en avait saisi la nature première, et il ne désirait pas se voir, encore et encore, effectuer les mêmes gestes. La guerre était finie, nul besoin de s’y replonger. Fort heureusement, Daranovar n’avait pas pu intervenir à temps. Heureusement, car dans le cas contraire, il aurait du accepter l’idée de voir sa fille descendre vers Ellyrion. Il pensait connaître assez Nyrlae pour affirmer que si elle aurait laissé à meilleur qu’elle le commandement de ses forces, cela ne l’aurait pas empêchait de s’y joindre. Rien que l’idée de l’imaginer face à cette marée sombre qui avait déferlé sur le Fort le rendait malade.

Un regard vers le ciel lui apprit qu’encore une fois, le calendrier elfique n’avait pas menti. Malgré la cascade d’événements qui s’étaient enchaînés depuis cinq ou six semaines, il n’avait pas perdu de vue que le dixième cycle touchait à sa fin. Et, pour l’avoir déjà vécu une fois, bien qu’alors très jeune, il n’avait pas oublié. Baissant les yeux, il eut juste le temps d’apercevoir une robe alors qu’elle disparaissait derrière un arbre. Surpris, il s’arrêta, et prit le temps de la détailler quand elle réapparut. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour froncer légèrement des sourcils.

Sous la robe, une jeune femme semblait elle aussi souffrir de la fatigue. Elle était épuisée, c’était visible. Mais surtout, elle était humaine. L’amour que portait le Doyen du Conseil d’Alëandir à la race éphémère était célèbre, aussi personne n’aurait été étonné de le voir montrer sa réprobation. Que faisait donc une fille de Néera aussi loin à l’Est ? Venait-elle de ce qu’ils appelaient l’Ithri’Vaan ? Peu probable, au vu de ses vêtements. En d’autres circonstances, il aurait surement passé son chemin. Une humaine seule ne pouvait pas grand-chose, elle n’était donc pas un danger. Mais il arrivait à grand pas, et étrangement, il ne voulait pas être seul à ce moment là. Il aurait pu faire demi-tour et rejoindre les elfes, mais il n’en fit rien. A la place, il parcourut la distance qui les séparait.

« J’imagine, commença-t-il en usant d’un parlé humain vieux de plusieurs siècles, que ta race oublie ce qu’est réellement un cycle. »

Portant son regard glacial sur la pauvre infortunée, il n’esquissa pas un sourire ni un geste pour la mettre à l’aise. Ne disant rien de plus, il leva légèrement les yeux, juste assez pour vérifier s’il avait commencé.

Le Voile était pour midi, et midi approchait.

Etheldred vit l'elfe s'approcher d'un œil indifférent, mais se leva rapidement lorsqu'il finit par s'adresser à elle, s'inclinant légèrement pour le saluer comme lui avait appris à le faire Mëgilen. Certes, si elle avait eu la moindre idée de la personne à qui elle avait affaire elle se serait penchée bien plus, mais là, il s'agissait d'un homme qui paraissait comme tous les autres, épuisé par la bataille.

Il lui avait parlé de façon étrange, à tel point qu'elle faillit ne pas comprendre ce qu'il disait, s'attendant d'ailleurs à entendre de l'elfique. Mais non, c'était bien de l'humain, même si elle avait du mal à bien le saisir tant le langage était ancien. Un cycle ? Elle resta quelque peu perplexe, pensant spontanément au cycle lunaire, mais se doutant qu'il ne parlait pas de cela. Les elfes prenaient souvent les humains pour des idiots ignorant les manifestations de la nature, mais il y avait des limites. Elle suivit un instant son regard qui montait vers le ciel, mais ne vit rien qui l'éclairait, si ce n'était le soleil.

Reportant son attention sur l'elfe, elle l'observa un instant en essayant de ne pas trop le dévisager. Il semblait impassible et l'avait détaillée également avec une évidente froideur. Pour autant, la jeune femme ne s'en formalisa pas : elle était trop fatiguée pour s'inquiéter encore de ce genre de détail et de toute façon, aux yeux d'une humaine, la plupart des elfes n'étaient pas très avenants. Elle alla même jusqu'à demander :

" De quoi parlez-vous, messire ? De quel cycle s'agit-il ? "

Elle avait utilisé le "messire" elfique par respect. Elle remarqua au passage la qualité des vêtements qu'il portait, même si ceux-ci disparaissaient sous la poussière. Sans doute quelqu'un de relativement important, supposa-t-elle, même si l'absence d'escorte la laissa bien loin de la vérité. En tous cas, elle garda cette information dans un coin de sa tête, bien décidée à demander s'il avait par hasard vu Mëgilen. S'il était noble ou quelque chose comme ça, peut-être pourrait-il la renseigner. En plus, il était le premier qui lui adressait volontairement la parole et qui parlait plus ou moins sa langue.

Un nouveau coup d'œil au soleil surveillé par l'elfe, lui apporta une réponse à sa question, bien qu'elle ne fasse pas réellement le lien sur le moment. L'astre semblait légèrement mangé par l'obscurité sur l'un de ses bords, ce qui fit froncer les sourcils à Etheldred. Elle n'avait encore jamais vu cela. Détournant le regard pour ne pas se brûler les yeux, elle se demanda ce qui se passait. Quelque chose qui passait devant le soleil et le cachait ou bien disparaissait-il au contraire peu à peu ? Cette seconde option était plutôt angoissante. Enfin, pour le moment, ce n'était rien de terrible, il faisait encore grand jour.

Suivi d'autres elfes, Lyriel avait enfin rejoint le reste des troupes. L'énergie du désespoir, l'excessive animosité de la guerre et l'explosion d'adrénaline lui avaient permis de ne pas ressentir la déchirante douleur qui brûlait son corps. Néanmoins son impétuosité ainsi que celle de tous les guerriers qui avaient survécu commençait à s'estomper et même le simple fait de marcher était devenu une périlleuse démarche. Malgré tout, ils étaient revenus vivants et plusieurs s'évanouirent, conscient que leur vie n'était plus en danger. Il y en avait également quelques-uns qui étaient revenus presque sans blessures, mais le commandant n'était pas de ceux-là ; garder les yeux ouverts était une lutte de chaque seconde et il semblait qu'un simple courant d'air aurait pu le faire flancher. Pourtant il continuait d'avancer, d'un pas lent mais régulier, jusqu'à ce qu'il s'agenouille près d'un elfe blessé.
Sous le poids de la fatigue, la réminiscence le frappait tel un fouet, lui remémorant les atrocités qu'ils venait d'affronter. Des vaillants soldats avaient péri, la forteresse ancestrale était tombée et jamais il n'avait vu un tel déchaînement de rage et de haine mêlées si bien qu'il en avait encore la nausée. Par ailleurs, il n'avait pas la moindre idée d'où pouvaient être les trois capitaines qui défendaient le fort avec lui.

«Vous allez bien ?
-Où puis-je trouver le roi ?
-Il est parti marcher par là-bas, mais vous devriez allez vous faire soigner...
-Tu demandes à un homme... à moitié-mort comment il va... Et c'est moi qui devrais me faire soigner ?»

Le jeune soldat ne répliqua pas et confus, il se tut. Lyriel s'éloigna alors dans un état de semi-conscience. Il n'entendait aucun son, ne percevait pas les regards posés sur ses pas et il lui semblait s'enfoncer dans un brouillard de plus en plus sombre à mesure qu'il continuait, néanmoins il devait rejoindre son roi avant de sombrer. Puisqu'il n'avait pas pu préserver la forteresse, il était de son devoir de le retrouver pour lui annoncer ce qu'il était advenu, même si tel drame avait été convenu auparavant. Serrant les dents, contractant tous les muscles qui répondaient encore, il se redressa pour arborer une allure plus digne. Une démarche qui était en forte opposition avec son visage vidé de sa vitalité quoiqu'encore ridé de volonté. Lorsque son souverain fut assez proche, il s'agenouilla.

«Ellyrion est tombé, nous n'avons pu les arrêter. Jusques au fond du coeur accablé de douleur, je demeure perclus et mon âme abattue cède au coup qui me tue.»

Dans un dernier soupir, Lyriel referma les yeux. Agenouillé devant son roi, il venait de perdre conscience ; toutefois, même inconscient, il ne tomberait pas.

Perdu. C’était ce qu’il pensait être à ce moment. Sans un élan d’inconscience, il avait joint un groupe qui était tout à faire contraire à ses idéaux. Choisissant de poursuivre son chemin au lieu de retourner à la forteresse, le jeune homme prit les cheveux aventureux du territoire elfique, ainsi pourrait-il lié de nouveau lien avec le sang qui coulait dans ses veines. Il avait été entraîné malgré lui dans la bataille, sachant pertinemment que les elfes étaient en nombre inférieur face à l’armée sombre qui commençait à marcher sur leurs murs. Il c’était battu auprès des gens qu’il considérait être son peuple, puisqu’il avait des origines elfique, mais ils devaient tous se rendre à l’évidence, tout ce qu’ils pouvaient arriver à faire, c’était ralentir l’avancer des drows. Lorsque l’appel fut lancée afin que les troupes se repli dans la forêt, le rôdeur fut malgré lui entraîner dans une course effréné dans un dédale de couloirs qui menait jusqu’à l’endroit où il devait se replier. Seulement, alors que le petit groupe se trouvait à l’un des carrefours, une explosion retentit, provoquant un léger éboulement. Hellyor où le malheur de recevoir une pierre d’assez grosse envergure pour l’assommer quelques instants.

Les autres n’avaient guère le temps de réfléchir à ce qu’ils devaient faire et ils ne pouvaient laisser l’un des leurs en arrière, sachant qu’il n’était qu’assommer. Ils le traînèrent donc jusqu'au moment où il reprit finalement conscience et tout ce qui l’entourait, n’était que chaos. Il entendait des ordres crier et des gens courir dans un sens comme dans l’autre. Se redressant doucement sur le flanc, il senti une vive douleur au niveau du crâne, ce qui le força à se remettre en position coucher, afin de ne pas sombrer de nouveau dû à la douleur. Après un temps, il vit un homme qui ressemblait à un guérisseur, faisant donc un effort, le rôdeur se mit sur son séant et agrippa la jambe de l’elfe avec une main ferme. L’autre homme posa un instant le regard sur lui et rapidement, il lui mit un linge sur la tête et dit à Hellyor de le maintenir ainsi et lorsqu’il serait suffisamment près, il devrait se diriger vers la femme que l’homme pointait du doigt. Celle-ci ce trouvait un peu à l’écart et était en compagnie d’un elfe à forte stature qui imposait le respect malgré ses vêtements en lambeau.

Finalement, il prit son courage à deux main et se hissa sur ses jambes tant bien que mal et se dirigea à petite enjamber vers la demoiselle. À première vue, celle-ci semblait en tout point à une humaine, mais on ne savait jamais les origines véritables des gens sur ce continent. Grimaçant de douleur, l’archer s’approcha lentement, mais surment vers le petit groupe qui s’était formé. Entre temps, il avait aperçu un elfe tomber, inconscient, près de l’elfe à forte stature. Arriver à leur hauteur, le jeune homme se mit doucement devant la jeune femme et posa son regard sur elle.

- Un guérisseur vous à recommander pour soigner ma blessure, semble t-il.

La voix était un peu enrouer, mais il parlait parfaitement la langue des humains. Il espérait que la jeune femme puisse soigner la blessure qu’il portait à la tête, mais surtout, il espérait pouvoir se souvenir de qui il était. Ses souvenirs étaient comme embrumer, cacher par un voile indistinct qu’il était incapable de percer. De nouveau la douleur le fit grimacer et lorsqu’il retira le linge pour voir s’il saignait, celui-ci était imbiber de sang, ce qui montrait clairement qu’il avait besoin de soin et ça, rapidement, sinon l’hémorragie pouvait s’avérer fatale pour lui.

[hrp : Dyarque m'a dit qu'il passait son tour, j'enchaine donc]

Lorsqu'un elfe visiblement épuisé, mais encore debout, vint se prosterner aux pieds de son interlocuteur, Etheldred commença sérieusement à se demander à qui elle était en train de parler.

" Ellyrion ... nous ... arrêter... cœur... douleur, je ... et mon ... ... tue. "

Ce fut à peu près tout ce que la jeune femme compris du discours, le reste du vocabulaire lui étant inconnu, mais le désespoir qui en émanait la toucha malgré tout. Il y avait eu beaucoup de morts et quantité de blessés qui ne survivraient pas forcément à leurs blessures. Un désastre, surtout chez ce peuple si lent à enfanter. Il y eut un bref instant de silence pendant lequel elle observa l'elfe, désolée, avant de se rendre compte que quelque chose n'allait pas : il n'attendait pas, c'était plus profond que ça, comme un sommeil. Sauf qu'à ce stade, c'était de l'inconscience.

Sans réfléchir davantage, elle s'agenouilla rapidement près de lui et l'allongea sur le côté en lui maintenant la tête doucement. Il lui avait suffit de le toucher pour que les muscles relâchés de l'elfe le laissent glisser au sol.

" Messire ? Ouvrir les yeux ! " s'exclama-t-elle dans un elfique franchement massacré.

L'essentiel était qu'il la comprenne, en cet instant. Qu'il soit épuisé était une chose, mais il avait besoin d'un sommeil réparateur, pas de sombrer dans une inconscience qui risquait d'être fatale. Elle se retourna vers l'autre elfe et lui demanda, cette fois en humain :

" Quel est son nom ? "

Elle s'était adressée à lui en langue humaine et sans aucune réserve, cette fois, tout à ce qu'elle faisait. Que ce sylvain soit un personnage important était devenu le dernier de ses soucis, et cela le resterait tant que l'autre serait à terre sans connaissance. Elle voulait pouvoir s'adresser à ce dernier par son nom, façon plus rapide de le faire revenir à lui.

Sans attendre la réponse, elle entreprit de dégager l'elfe inconscient, au niveau du cou notamment, afin de le laisser respirer librement, le tout en continuant à lui parler. Ce fut fait en quelques secondes car elle commençait à être habituée aux divers accoutrements des militaires. Les Cinq en soient remerciés, celui-ci n'était pas engoncé dans une énorme armure de plates sous laquelle se cachaient sournoisement les petites lanières de cuir maintenant le tout ! Une fois fait, elle alla chercher sa sacoche laissée au pied de l'arbre et en sortit un flacon de sels.

Ce fut à ce moment qu'un autre elfe débarqua, lui parlant - encore merci aux Cinq ! - de façon compréhensible. Elle leva les yeux vers lui, remarqua sa pâleur, puis le linge imbibé de sang. Elle l'attrapa aussitôt par un bras et l'aida à s'asseoir sans discuter, lançant à celui qu'elle surnommerait le Roi en attendant de trouver mieux, vu qu'il en avait l'allure tout compte fait :

" Prenez ça et faites-le lui respirer, elle lui tendit le flacon de sels avec autorité, et parlez-lui jusqu'à ce qu'il ouvre les yeux. Ensuite, je lui ferai boire un petit remontant. "

Elle jeta un coup d'œil inquiet au Roi, voyant très bien que lui non plus n'était pas en grande forme. Mais qui l'était, ici ? Elle-même ne réagissait plus très bien et ses gestes devenaient parfois mécaniques. Heureusement que ce genre de réaction était revenues parmi ses premiers souvenir. Inutile d'avoir un second inconscient sur les bras. Elle réalisa seulement à ce moment qu'avec deux bras en écharpe, il n'allait pas faire grand chose. Quoique... Il pouvait tenir le flacon, non ? Elle l'ouvrit et alla le lui mettre dans la main.

" Si ça ne va pas, respirez aussi le flacon un peu et puis je vous aiderai à boire après. "

Tout en parlant, elle avait donc assis l'autre elfe et entreprit de l'examiner. Elle ne tarda pas à reposer à sa place le tampon déjà bien imbibé de sang et posa la main du jeune homme dessus pour qu'il le maintienne alors qu'elle cherchait autre chose dans sa sacoche. Le fait que le soleil disparaisse progressivement, dévoré par l'ombre, lui passait au-dessus de la tête (quel jeu de mot lumineux).

" Ne lâchez pas, appuyez bien fort. Ne bougez pas et gardez bien les yeux ouverts si vous ne voulez pas finir comme votre camarade. "

Elle le traitait comme un elfe : après tout même s'il paraissait plus musclé que la moyenne des sylvains, il ne paraissait pas vraiment humain. Et puis, la question en elle-même la laissait indifférente, il s'agissait plutôt de soigner au plus vite cette plaie qui allait finir par le vider de son énergie. Prenant une poudre dans sa main, elle en saupoudra finalement la blessure, jusqu'à ce qu'elle coagule. Puis elle la nettoya au calendula, estima que des points de sutures étaient inutiles et après avoir appliqué un emplâtre cicatrisant, conclut en entourant la tête de l'elfe d'une large bande.

" Ne bougez pas, attendez un peu assis. "

Enfin, elle souffla, se retournant vers le pseudo roi et son nouveau patient pour voir ce que ça donnait. Quand même, elle espérait que cet elfe, aussi important soit-il, n'allait pas mal prendre sa façon de diriger les opérations. Il était vrai qu'elle passait facilement d'une jeune femme un peu timide à une organisatrice autoritaire pour laquelle seul l'état du blessé comptait.

Elle se leva aussitôt, constata qu'elle avait la tête qui lui tournait légèrement, et alla chercher du côté des autres guérisseurs le fameux breuvage qui remettait sur pied. Tout le monde y eut droit, y comprit elle, et elle s'accorda enfin une petite pause, ou du moins, le fait de tout voir trouble la força à cesser de bouger un instant.

[hrp : Lyriel, je n'ai pas dit si tu te réveillais, ni l'état de Dyarque, je ne voulais pas vous forcer la main. ]

[J'ai honte, mais chut, vous ne m'en voulez pas è_é]

Dyarque n’avait pas bougé, quand Lyriel s’était approché. Il avait certes remarqué l’état assez pitoyable dans lequel se trouvait le chef des armées elfiques. Si le militaire était venu, c’était qu’il s’en sentait capable. Il n’avait pas esquissé un mouvement quand il s’était agenouillé, se contentant de le regarder en attendant qu’il parle, ce qu’il fit assez rapidement. Des excuses, assez surnaturelles quand on savait que le gradé avait du faire face à des troupes vingt fois supérieures en nombres. Pourtant, d’une certaine façon, le Seigneur d’Alëandir pensait comprendre. Lui-même ne pouvait que se mortifier pour la tournure des événements. Immobile, toujours, il scruta l’homme qui s’était agenouillé face à lui. Il s’en sentait proche, mais pourtant si éloigné. Lui n’avait personne à qui présenter des excuses, sinon à un peuple.

« Ellyrion meurt, pas vous », finit-il pourtant par répondre.

Juste à temps, car aurait-il patienté une seconde de plus qu’il n’aurait pu ouvrir la bouge. Alors qu’il l’avait complètement oubliée, la jeune humaine pénétrait subitement dans son champ de vision. Fronçant les sourcils, d’autant plus qu’elle massacrait sa langue natale, il l’observa pourtant faire. Ainsi, il avait affaire à une guérisseuse. Enfin, à ce qui pouvait se rapprocher d’une guérisseuse chez un peuple aussi fragile que les hommes. Tant de maux les affligeaient au quotidien, c’était à se demander où il trouvait le courage de les affronter. Mais c’était peut-être ce qu’avait voulu Néera, en leur donnant naissance. Cruelle, ou aimante ? Subitement, devant tant d’énergie, Dyarque ne savait plus.

Le tirant de ses réflexions, la jeune femme lui demanda presque agressivement le nom de son patient. D’abord surpris d’être ainsi pris à parti, il comprit soudainement qu’elle ne savait pas qui il était. Pourquoi était-il surpris ? Sans que nul amusement ne vienne trahir la froideur de son regard, il lui répondit.

« Lyriel Amrénor. »

Epuisé physiquement et mentalement, Dyarque se trouvait dans une position inédite. A en juger parce qu’il voyait, il estimait que si les blessures de Lyriel étaient certes importantes, elles n’étaient pas mortelles, et il avait surtout besoin de repos. Bien entendu, il n’était pas guérisseur, et avouait sans peine s’y connaître moins que la jeune femme. Néanmoins, il ne pouvait s’empêcher de trouver sa… passion, car telle était le mot, impressionnante. Ce fut sans doute pour cela qu’il se laissa faire, obéissant aux injonctions prononcées sans chercher à les contourner. Faisant garde à ne pas tomber, il s’agenouilla aux côtés du général et tendit – très – gauchement le flacon sous son nez.

« Il n’est pas encore l’heure de se reposer, Lyriel », affirma-t-il sans témoigner de la moindre émotion.

Il n’était pas encore temps, non. Il fallait d’abord le soigner.

Sujet: Re: Après la bataille (libre) Mar 7 Sep 2010 - 18:09

Le jeune homme voyait bien que la demoiselle était occuper avec l’elfe qui venait de sombrer dans l’inscience et il craignait qu’elle ne puisse s’occuper de son cas. Il s’appêtait à partir, mais il attendit encore un moment, elle semblait faire tout son possible pour s’occuper des cas les plus urgents et celui qui était insconcient, était le plus urgent. Lorsqu’elle vint finalement s’occuper de lui, il grimaça au moment où elle observa la plaie. Ce n’était en rien agréable de sentir le sang jaillir d’une plaie ouverte. Il jeta un bref regard vers le guerrier étendu sur le sol et garda les yeux bien ouvert lorsque la jeune femme le soigna. Il ne voulait pas tomber inconscient, surtout qu’il avait l’impression d’avoir oublier une grande partie de qui il était. Quand sa plaie fut nettoyer et bander, il laissa son regard courir sur la silhouette tout de même imposante de l’elfe qui se trouvait accroupit près du guerrier. Il semblait imposant autant par sa posture que par son caractère.

Quand la demoiselle se leva, il la suivit du regard, désorienté. Il ne savait plus du tout où il se trouvait, tout ce qu’il pouvait dire, c’était qu’il se trouvait en territoire elfique au vus du nombre d’elfe qui l’entourait. Se levant, il prit soin de ne pas y aller trop brusquement et il arpenta lentement le camp, à la recherche de la femme herboriste. Le fait de ne même pas se souvenir de son nom, le troublait. Il rageait contre ce qui lui avait provoquer une telle amnésie! Finalement, il aperçu la silhouette de la jeune femme tout près d’un malade. S’approchant doucement, il attendit qu’elle eut terminer de le soigner et s’approcha pour être dans son champs de vision.

- Pardonner moi, mais pourriez-vous m’expliquer ce qui se passe ici?

Le jeune homme croisa finalement le regard de la jeune femme, cherchant un quelconque point de repère. Il ne savait plus du tout qui il était et encore moins ce qu’il faisait entourer de ses hommes blessés. C’est comme s’il venait à peine de commencer à se souvenir de tout. Soupirant finalement, il attendit que la demoiselle veulent bien répondre à ses intérrogations et surtout, si elle pouvait avoir ne serais-ce qu’une explication à ce qui lui arrive, il lui en serait reconnaisant.

Seulement, alors que les explications semblaient venir, un homme accourus vers la demoiselle, lui demandant de l’aide et attira même le rôdeur avec lui. Ça devait être urgent si une dizaine de personne était réuni autour du corps du souffrant. De plus, le voile n’était rien pour aider à la panique qui semblait se trouver tout autour d’eux. Le ciel commençait à s’assombrir de façon significative, inquiétant d’avantage ceux qui connaissait la signification de se présage.

Sujet: Re: Après la bataille (libre) Dim 10 Oct 2010 - 19:06

[Je suis sincèrement et profondément désolé pour un retard si extrême, néanmoins j'ai toujours cru - et le pense même toujours =s - que je n'ai rien à développer malheureusement... Mais puisque j'ai un bref répit ce soir, je vais toutefois essayer d'y remédier... Encore désolé du retard !]

Tout était sombre. Dans la pénombre régnait un glas funèbre, l'écho des ténèbres dont les vrilles infinies striaient l'anarchie des cris aigris. Aussi chaotiques que son esprit, les figures dansaient dangereusement devant ses prunelles d'elfe éternel bien qu'ils se crût perdu dans cette étendue nuageuse. Des flocons rougeoyants tournoyaient comme une neige carminée, tandis que scintillait l'exsangue pâleur de la rage du carnage.
L'arrachant à ce cauchemar, un écho familier calmait ces troubles. Après un temps qui lui parut infini, il commença à dissiper la tension qui animait encore son corps et émerger de cette purge qui le submergeait. Avec une faible énergie, il sortit ainsi de sa léthargie.

«Couvrir les pieux !»

Alors que Lyriel oscillait encore entre éveil et inconscience, il entendit cette phrase, ne la comprenant d'abord pas puis tenta de la replacer en contexte. Le vacarme s'était tu, les armes s'étaient rabattues, le jour était paru. Pourtant il faisait nuit, il n'y avait plus un bruit. Des hommes s'agitaient, une aura froide l'enveloppait et la lumière se dérobait. Il ouvrit les yeux mais ne vit pas : il faisait noir...
Si la fatigue semblait s'être évaporée, son corps était encore douloureux et il ne parvint à relever que ses paupières. Le voile lui faisait face, impressionnant et menaçant, mais un mauvais pressentiment accompagnait cet évènement. Un susurrement, au creux de la tempe, lui disait que ce temps était inquiétant, toutefois il n'écouta pas tout comme il tenta de faire la sourde oreille à son corps pour se relever ; en vain. D'un regard hagard il s'adressa à la femme qui l'avait soigné.

«Je... Merci.»

Aussi sommaire que sincère, il s'en voulait de n'avoir aucun autre moyen de la remercier mais ce n'était pas non plus le moment idéal. L'elfe vit ensuite son roi, froid comme les bois, qui le rassuraient cependant. Une nouvelle fois il tenta de se relever et parvint à se redresser, en lui arrachant un gémissement affligeant. C'est peut-être alors et seulement à ce moment-là, en proie à un lourd désarroi, qu'il comprit l'ampleur de la défaite et le danger que représentait cette obscurité prolongée. Même ici, tout était sombre. Cette pensée le fit sourire puis il essaya de s'endormir.

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