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| Après la tempête | Kassandra | |
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Ajilah
En attente de validation.. Nombre de messages : 101 Âge : 34 Date d'inscription : 31/08/2009 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Après la tempête | Kassandra Lun 6 Sep 2010 - 23:22 | |
| Ah, Eris ! Tumultueuse Eris ! Elle avait bien failli avoir leur peau, tiens, et Ajilah l’en aimait que plus. Son brave Onirique avait essuyé la tempête, avec dignité, subissant les assauts des vagues voraces avec une tranquille assurance… Ou pas. Ca avait été la panique, et le pauvre sang-mêlé n’avait plus de voix. A force de hurler pour couvrir le bruit du tonnerre grondant, il était presque enroué. Dire qu’il avait perdu deux bons matelots dans l’histoire… Mais c’était qu’ils n’étaient pas aussi bons que ça. Ainsi allait la vie sur la terrible Eris, elle sélectionnait soigneusement ses élus et punissaient les fous qui n’étaient pas assez forts pour survivre à ses colères.
Son pont était dans un état… Tranquillement installé à la poupe, assis contre le bastingage, il regardait ses fiers matelots remettre un peu d’ordre. Une corde à virer par-ci, un morceau de bois à jeter à la mer par là… Une Kassandra à reluquer de ce côté ci.
Oui parce qu’il fallait avouer qu’elle était belle, sa jolie mousse. Leur relation avait beau avoir été entachée par le fiel de sa trahison, elle n’en restait pas moins une superbe créature qui méritait d’être louée pour cela. Il l’avait surveillée de loin, s’amusant de ses tentatives pour retrouver ses galons d’or, se gaussant des quelques fois où elle avait essuyé des attaques plus violentes que les autres. Bien entendu, il avait fait en sorte que ça ne dégénère pas. Il aurait été regrettable que sa rouquine amie ne périsse sous les coups de quelques matelots désireux de faire couler le sang. Avec ce qui ressemblait à un soupir, le capitaine se força à se lever et prit la direction du gouvernail… Non sans faire un crocher pour passer près de Kassandra.
« Suis-moi », lui ordonna-t-il en agrémentant sa demande d’une tape sur les fesses.
Il se sentait d’humeur folâtre, ce jour là. Il en allait toujours ainsi, après les épreuves d’Eris. Chaque victoire sur la tempête était une nouvelle preuve qu’il offrait à l’océan. Celle d’être digne d’être un pirate, et rien de moins. Ils avaient quitté Erac, et longeaient la côte, à distance raisonnable cependant pour ne pas se faire repérer. Quelques fois, ils avaient attaqué des villages sans défense. Le bûcher verdâtre d’Ajilah n’avait que trop longtemps été absent des côtes péninsulaires. Une fois arrivé au gouvernail, il dégagea d’un geste le matelot chargé de le maintenir droit et prit place. Il vérifia une énième fois qu’il était toujours en état de guider le vaisseau. Que la tempête l’ait endommagé et, il le savait, l’Onirique était perdu. Heureusement, la chance était de nouveau de son côté.
« Tu as déjà tenu le cap, dis-moi ? » demanda-t-il en se tournant vers sa mousse. Et, sans lui laisser le temps de répondre, il le lâchait. « Allez, au boulot. »
La journée ne faisait que commencer. Enfin, journée… C’était sans compter ce foutu Voile, qui rendait les choses un poil compliqué pour ses hommes. Lui n’avait pas ce genre de problème, il y voyait comme en plein jour. C’était quand même pratique, un papa elfe, des fois. |
| | | Kassandra
Ancien
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| Sujet: Re: Après la tempête | Kassandra Mar 7 Sep 2010 - 0:00 | |
| Le tonnerre grondait encore alors que l'ombre de l'Onirique s'était habilement échappé des griffes de la tempête. Ils en avaient d'ailleurs tous pâti. Le pont du navire était trempé, des cordes gisaient au sol, des seaux avaient été renversés, quelques matelots s'étaient retrouvés blessés, et certains, d'eux d'entre eux à vrai dire, étaient passés par dessus bord au cours d'un roulis maritime beaucoup trop brusque. Deux faiblards emportés par les crocs voraces et affamés d'une Eris insatisfaite ... A l'image de la rouquine qui ramassait çà et là les derniers débris provoqués par le tumulte de lumière et de son des éclairs et les jetait pêle-mêle de l'autre côté du bastingage, veillant à ne pas inverser et à ne pas se débarrasser de deux ou trois couteaux de lancer perdus par des coéquipiers secoués et de leur rendre des algues noircies et poisseuses.
Le Voile était tombé depuis quelques jours, les conditions météorologiques étaient exécrables et la rouquine semblait au diapason d'une telle atmosphère ... Electrique et sauvage. Farouchement décidée à ce que les railleries s'arrêtent et surtout, surtout, à obtenir la paix stable qu'elle avait pu obtenir avec tant d'aisance à son arrivée, Kassandra avait du concéder qu'elle aurait bien plus de difficultés que ce qu'elle avait pu envisager ; certes les quolibets des premiers jours avaient été une partie de rigolade et les coups bas des matelots les moins charitables l'avaient à peine vexé tant elle avait été indifférente. Mais la patience avait ses limites qui commençaient à voir le trait de jauge débordé par un flot régulier de vilenies déversées par un petit troupeau de pirates impotents et mal ... disons, mal aimés d'Arcamenel qui n'avaient jamais pu l'encadrer. Cela avait été si loin que la rouquine avait même sorti son sabre hors de son fourreau, la première fois d'ailleurs qu'elle allait à menacer de sa lame un membre de l'équipage, et même si des rires mauvais avaient fusé, un silence de mort s'était installé quand la rouquine avait vertement fait comprendre que "si ca continuait, c'était lui qui allait savoir ce que ca ferait que d'être sodomite". Ajilah avait eu vent de l'incident, mais Kassandra n'attendait rien de sa part : il devait se marrer, et ca, ca lui était aussi insupportable que tentant : un vrai défi à relever s'imposait, celui de montrer à cet homme aussi prétentieux qu'elle était hautaine, qu'elle n'avait rien perdu de ce qu'elle était pendant sa trahison.
Bref, la tension était palpable, et les petits jeux taquins des Dieux n'étaient pas là de calmer l'assemblée, qui pour le moment jouait à retrouver ses outillages éparpillés. Par chance, quand certains se retrouvaient défroqués, la douce déserteuse avait adapté une tenue bien plus pragmatique et protectrice à son retour qui ne laissait plus l'ombre d'un doute et : la jupe avait été rangée au placard tant qu'elle ne retrouverait pas son ancien statut : le pantalon saillant qui galbait ses cuisses ne faisait que renforcer l'allure sévère d'un corset exigu par dessus une chemise sobre, dévoilant suffisamment de détails pour laisser l'imagination se développer, fertile ... Bougre, les pirates maudissaient Kassandra autant pour sa traîtrise que pour sa beauté détestablement désirable. Une femme comme ça ne pouvait que mettre à sac l'Onirique, forcément, avec toutes les convoitises et les jalousies ...
C'était donc plongée dans ses pensées qu'une main incongrue vint à tâter ce qui n'avait pas à être touché. Elle faillit ressortir la lame - un brin impulsive, la donzelle ? -, pivotant avec brusquerie, mais son regard ne se rasséréna qu'à peine lorsqu'elle reconnut le sourire fier et vainqueur du Capitaine. Ah ... Ajilah ... En voilà un qui l'enquiquinait profondément. Il y avait tellement de choses à penser et à dire à son sujet que c'en était infernal, aussi la diablesse avait adopté le comportement le plus simple : jouer les glaçons. Enfin, les glaçons courtois.
« C'est nouveau, comme façon d'interpeller les mousses ? Je vous ai pas vu faire ça ce matin à Threym, mais bon. »
Il y avait cette pointe de candeur délicieusement fausse, rafraîchissante à souhait, comme si elle l'invitait à jouer avec lui, pour finalement se raviser cinq secondes plus tard, ses iris myosotis s'attardant à peine sur le dos et la chute de reins de son supérieur. Car, hé, après tout, il s'agit de son supérieur !
Ils arrivèrent jusqu'au gouvernail, et le sourcil de la rouquine se leva de lui-même face aux gestes d'Ajilah, qui repoussa un marin grognon qui décocha bien évidemment à l'intéressée un regard en coin peu amène, mais qui n'effleura même pas cette dernière. Elle se fichait bien de l'animosité d'un bleu à peine arrivé ; non, là, toute son attention était attirée par cette pièce maîtresse du bateau, dont Ajilah lâcha soudainement les commandes pour les lui laisser ... Chose qu'elle fit sans broncher, prenant sa place par logique - on ne laisse pas un navire à la dérive trop longtemps, surtout vu cette foutue obscurité - et par envie. Les rares fois où elle avait pu glisser ses mains sur un gouvernail remontaient aux vagues souvenirs de sa vie avec son cher petit faux-papa. Un sourire désabusé s'étiola sur ses lèvres alors qu'elle manœuvrait pour la première fois le navire, non sans ressentir un frisson léger d'exaltation qu'elle se garda bien d'exhiber, et ce même si sa voix qui s'était faite un peu plus chaleureuse la trahissait, elle et ses maudits rêves de gamine !
« Allons bon, qu'est-ce qui se passe, mon Capitaine ? »
Elle aimait bien l'appeler comme ça. Ca installait une certaine ambiguïté qui ne manquait pas de faire jaser, un peu plus loin, mais ça aussi elle s'en foutait. Après tout, il devait bien se languir un peu de leurs anciennes chicaneries, non ?
« C'est pour me redemander l'âge que vous paraissez que vous me mettez ce gouvernail entre les mains ? Méfiez-vous, il paraît que les femmes sur les navires, ca fait du dégât, et encore plus ... les déserteuses. »
Kassandra redressa un peu la barre, replongeant dans le silence avec une petite moue amusante et concentrée dans son travail qui pouvait surprendre. |
| | | Ajilah
En attente de validation.. Nombre de messages : 101 Âge : 34 Date d'inscription : 31/08/2009 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Après la tempête | Kassandra Mar 7 Sep 2010 - 0:21 | |
| « Threym n’a pas tes fesses, ma belle. »
Il n’allait quand même pas flatter le postérieur du premier homme venu, tout de même. Il avait une certaine dignité, et si on pouvait prêter aisément un certain appétit pour la gente féminine au capitaine de l’Onirique, on ne pouvait pas l’accuser de déviances condamnables. Inconsciemment, il était entré dans le jeu de Kassandra, et se rappela en même temps qu’elle se qui les séparait désormais. Situation amusante, lui pouvait très bien décider qu’il s’en souciait comme de sa première babouche – surtout qu’il n’avait jamais eu de babouche – alors qu’elle… Eh bien, disons qu’elle avançait un peu sur des œufs, alors il comprenait sa prudence. Enfin, il se demandait quand même combien de temps elle mettrait pour redevenir elle-même. Parce que s’il l’avait acceptée de nouveau sur l’Onirique, ce n’était pas pour la virer en suite. Mais ça, bien sûr, elle ne pouvait pas le savoir.
Salopard, Ajilah.
En moins de temps qu’il n’en fallait pour le dire, ils avaient déjà pris possession du gouvernail. Enfin, lui surtout, car c’était son bijou après tout. Il n’y avait pas lien plus direct avec son Onirique que ces morceaux de bois, et il ne le lâchait que rarement. D’ordinaire, c’était Haer qui prenait sa suite, mais le pauvre chauve n’avait pas su esquiver la mauvaise écharde qui avait manqué de lui arracher l’oreille. Notez que l’accident, qui aurait pu être mortel, n’avait été qu’impressionnant, et c’était plus que suffisant pour le sang-mêlé qui ne s’était pas gêné, alors, pour se foutre de sa gueule, comme il le disait lui-même.
Enfoiré, Ajilah.
Bref, le capitaine restait égal à lui-même. Et il entendait bien faire une nouvelle fois preuve de sa principale qualité : être imprévisible. Alors il fit l’immense honneur à sa mousse de lui permettre de toucher le gouvernail vénéré. Comme si elle avait fait ça toute sa vie – un bon point pour elle – elle agrippa fermement la barre et la maintenant droite. Eh, c’était qu’elle s’y prenait presque bien, en plus. Laissant de côté sa surprise, il éclata de rire quand elle l’interrogea sur ses motivations. Oserait-il lui répondre la vérité ? Un « J’avais envie » aurait été la réponse la plus appropriée… Mais ça cassait un peu le mythe du capitaine retors qui jamais n’agissait par hasard. Mieux valait garder le silence. Et grand bien lui fit, parce que la suite devait l’amuser encore plus.
« Laisse mon demi-siècle d’existence tranquille et regarde droit devant toi. Déjà que tu dois pas y voir grand-chose. Et fais attention, tu sombres encore dans le mélodrame. Me rappeler sans cesse tes fautes ne servira à rien. »
Sous-entendait-il que lui y voyait quelque chose ? Qu’elle croit ce qu’elle voulait, il se faisait un plaisir de lui démontrer que oui à la première occasion. Avec un certain amusement, il se mit à lui tourner autour, faisant mine d’ausculter jusqu’au moindre de ses mouvements. Il alla même jusqu’à se saisir d’un poignet pour le soulever légèrement.
« Tu t’en sors plutôt bien, tu sais ? » demanda-t-il, esquissant un sourire. Les compliments d’Ajilah étaient bien plus rares que ses sempiternels provocations, Kassandra avait intérêt à apprécié. « Je vais envisager de te redonner cette promotion dont on avait parlé, jadis. »
Le jadis des temps anciens où trahison n’était pas un mot de vocabulaire qu’il convenait de connaître pour cerner la personnalité de la rouquine. |
| | | Kassandra
Ancien
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 ans Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Re: Après la tempête | Kassandra Mar 7 Sep 2010 - 20:42 | |
| Threym était surtout un sacré débile, mais ca évidemment, ca restait entre elle et son subconscient. Maniant la barre avec application, la jeune pirate plissait les yeux, ses iris cherchant le moindre détail alarmant face à elle - car même quand la vigie ne s'assoupissait pas tout là-haut, il pouvait subsister une vague vicieuse prête à refaire chavirer les trois quarts des matelots - dans une obscurité à couper au couteau, pire qu'un brouillard d'un matin de printemps. Le Voile était une source de bien des curiosités de la part des humains qui n'avaient de cesse de fantasmer et de s'inquiéter de cette anormale éclipse, mais pour Kassandra c'était plus un ennui profond qu'autre chose : car dans le noir, à part pour Messieurs et Dames les elfes, on ne distingue pas grand chose. A grand renfort de lanternes et d'éclairages à la bougie, il fallait évoluer avec la plus grande prudence sur la terre ferme ... Et redoubler d'attentions sur le domaine d'Eris.
Un remous plus tard, la rouquine ricana, se voilant à peine, alors qu'elle gardait les yeux rivés sur la surface agitée d'une mer malicieuse, sans pour autant perdre le fil de la conversation, qui une fois de plus méritait qu'on y prête attention - car comme chacun sait, vigilance constante devant le Chef oblige, toujours ! -.
« Cinquante ans, hein ? Vous êtes quoi au juste ? Un demi ... pirate ? »
Taquine, elle provoqua un peu l'esprit de virilité puissante qui sommeillait en Ajilah mais elle ne cilla cependant pas face à ses remarques peu anodines, se contentant d'enregistrer la bizarrerie sur laquelle elle méditerait plus tard, quand elle n'aurait plus les mains occupées par ce gouvernail béni. Avec un soupir dédaigneux, la rouquine balaya l'air d'un hochement de menton moqueur, niant avec évidence la tendance mélodramatique que lui imputait à tort son capitaine, non sans lui couler un regard en biais rapide et lourd de sens.
Il était assez culotté de lui faire remarquer qu'elle n'avait de cesse de toujours mettre en exergue sa faute alors que lui-même ne se privait pas de laisser ses petits toutous à bord lui mener une vie d'enfer pour lui faire comprendre son erreur grave. Face à eux, elle n'avait qu'une envie, les faire pleurnicher jusqu'à ce qu'ils rampent et se confondent en excuses. Mais avec Ajilah, c'était bien simple : elle avait envie de le voir totalement à ses pieds, et il n'était pas question qu'elle le laisse croire qu'il ferait d'elle ce que bon lui semblait. Elle l'appréciait mais jamais ne se laissait dominer, et confiance ne rimait pas avec obéissance aveugle comme le penserait peut-être avec trop de naïveté Ajilah. Cynique, elle répliqua sans mâcher ses mots, avec une pointe d'onctuosité acidulée.
« Je ne tombe dans rien du tout, j'essaye juste de vous remettre au goût du jour, au cas où vos bons petits samaritains de sous-fifres ne vous le répètent pas assez. Voyez ma graaaaande générosité d'âme. »
Le trait d'humour - car oui, il devait forcément plaisanter pour balancer pareille idée de manière totalement dégagée et pensive après ce que Kassandra avait fait - jeté dans la mare comme un pavé par son lanceur fit à nouveau bien rire la vipère, qui ne laissa paraître aucune surprise, aucun étonnement. Elle semblait totalement indifférente à une proposition pourtant terriblement alléchant que lui susurrait là cet éphèbe sournois et cachottier. Caressant du bout des doigts le précieux bois d'un geste distrait, elle songea un instant qu'elle aurait en effet été plus que ravie d'atteindre une telle promotion aussi ... "rapidement", et tout juste après son retour houleux ! C'était tellement beau que c'en était trop, aussi doutait-elle de la véracité de la chose, mais elle continua dans son jeu, poursuivant avec une douce ingénuité.
« Vous êtes vraiment sans scrupules, mon Capitaine, vous seriez prêt à me mentir sur pareille idée pour me déstabiliser ? »
Elle rajusta quelque peu la position du gouvernail vers la droite, évitant ainsi une dérive inutile et une perte de temps certaine, avant d'humecter ses lèvres asséchées par l'air marin salé. Ainsi campée sur le ponton de l'Onirique, la rouquine ne pouvait s'empêcher de trouver la vue belle et de se sentir vivante, beaucoup plus vivante qu'engoncée dans les jolies robes, errant dans les couloirs vastes du domaine de Noah.
« Envisager. Ca veut dire que je suis mise sur liste d'attente ? Ou qu'on va en parler sérieusement, et que je serai en période d'essai sous conditions strictes et listées ? »
Douceâtre ironie qui parfumait sa mélopée, alors que quelques matelots ne manquaient pas de commenter la scène au loin, couvant d'un regard suspicieux le "couple". |
| | | Ajilah
En attente de validation.. Nombre de messages : 101 Âge : 34 Date d'inscription : 31/08/2009 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Après la tempête | Kassandra Sam 18 Sep 2010 - 20:14 | |
| « Je suis ton capitaine », se contenta-t-il de répondre avec un sourire, ravi de son petit tour. C'était là un plaisir bien innocent, mais intriguer avant de rabrouer était, aussi futile soit-il, un plaisir dont il ne se lassait pas. Au fond, Ajilah était un grand gamin, du genre mal élevé, vulgaire, bagarreur. Heureusement, il sauvait l'ensemble en sachant devenir mortellement sérieux quand la situation l'exigeait. Pendant la tempête, il avait tenu vaille que vaille la barre, afin de ne pas se retrouver précipiter sur les récifs, par exemple. « Mais dis-moi, qu'es-tu, toi ? Avec ton sang bleu. » Bon, ça, c'était un brin mesquin, mais il n'avait pas pu s'en empêcher. Si Kassandra avait cru qu'il pourrait oublier ses origines, elle s'était trompée lourdement. Y attacher de l'importance, non, mais s'en servir contre elle, il n'allait pas se priver. Surtout que la chose était trop belle pour être délaissée. Kassandra, fille de noble, héritière de ce qui se faisait de pire sur la Péninsule. Kassandra qui ne rêvait de rien d'autre – enfin, ça lui faisait plaisir de le penser – que de se faire une place de choix sur l'Onirique. Autant dire, mieux valait pour son bien que les pirates qui composaient l'équipage du fier vaisseau ne l'apprenne pas. Tous n'étaient pas aussi philosophique qu'Ajiah. Elle le savait, et c'était sûrement ce qui la poussait à autant de prudence. Mais sa mousse, celle qu'il avait connu et apprécié du temps où elle n'était « que » la fille d'un vieux pirate, celle-la ne réfléchissait pas tant. Mais le sang-mêlé n'allait pas se plaindre, il pouvait à loisir la pousser dans ses retranchements. Il pensait la connaître suffisamment pour savoir qu'elle finirait tôt ou tard – plutôt tôt que tard, d'ailleurs – par faire une erreur. Pourtant, Ajilah n'était pas que roublardise et perfidie, il pouvait parfois se montrer amical et, même, agréable. Si bien que, remarquant les dons que laissaient entrevoir Kassandra, il laissa planer l'idée qu'elle pourrait, peut-être, s'occuper plus souvent de tenir la barre. Bien entendu, il n'aurait pas été Ajilah s'il s'était contenté de l'affirmer. Le supposer sans s'engager était bien plus amusant, il n'y avait qu'à voir la façon dont la rouquine fonçait. Il était visible qu'elle appréciait l'idée, qu'elle tente de le cacher était d'autant plus révélateur. « Envisager, répéta-t-il, veut dire que ça dépendra de mon humeur le jour où l'occasion se présentera. » L'océan s'étendait là à perte de vue. Plissant les yeux, il tenta de trouver un détail qui saurait tromper la monotonie du paysage, mais il n'y avait rien. Force était donc de constater qu'à part l'Onirique, il n'y avait pas grand chose d'intéressant dans ce coin d'Eris, et que sur l'Onirique, Kassandra était de loin la plus belle chose à regarder. Haer était chauve, et une nouvelle cicatrice s'ajouterait bientôt à celles, trop nombreux, qu'il possédait déjà. Les autres aussi avaient leur lot de défauts, et surtout, ils n'avaient pas un physique à la hauteur de celui de Kassandra. Car, oui, Ajilah était un homme, et un homme qui aimait les bonnes choses. Reportant son regard sur sa mousse, il put à loisir la détailler alors qu'elle s'évertuait à le convaincre qu'elle était capable de tenir une barre. Encore une fois, quelques sagaces pensées l'assaillirent. Dire qu'il n'avait jamais pensé à ce qu'ils auraient pu faire. Il n'était pas le capitaine le plus chaste de Meca, loin de là, mais il y avait pourtant quelque chose qui l'avait empêché, jusqu'alors, d'orienter sa relation avec la malicieuse rouquine vers un terrain plus... charnel. D'une certaine façon, Kassandra et lui étaient plus ou moins en conflit, amical dans l'ensemble, mais en conflit tout de même. C'était à celui qui sortirait le meilleur trait d'esprit, qui surprendrait, etc. C'était à elle, forcément, de venir à lui, et non l'inverse. Le pire étant qu'à tous les cours, la concernée pensait exactement la même chose. Elle avait, en effet, un désavantage des plus injustes : elle n'était que mousse. Elle devait rester à sa place, d'une certaine façon. Dommage. « Bon, mets le cap sur la côte, Kass. Il est grand temps de remonter le moral des hommes », ordonna-t-il, alors que ses esprits s'éclaircissaient. Un raid, voilà qui confluerait merveilleusement cette tempête. |
| | | Kassandra
Ancien
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| Sujet: Re: Après la tempête | Kassandra Lun 27 Sep 2010 - 18:53 | |
| « Ca alors. La bonne nouvelle. »
Mordante, car il le fallait bien, Kassandra ne pouvait pas tout brimer en elle, et il était des piques qu'elle s'autorisait sans pouvoir réfréner l'envie perpétuelle de jouer, de concurrencer, de dépasser le Capitaine, ou tout du moins, de l'égaler assez largement pour l'inquiéter. Ces joutes étaient une véritable perte de temps pour quiconque observait d'un oeil distrait, et pourtant, la rouquine y prenait un plaisir aussi coupable que manifeste : elle ne pouvait pas nier avec quelle satisfaction elle aimait remarquer l'approche d'Ajilah, qui, l'air de rien, cherchait à trouver le meilleur angle d'attaque pour blesser ou affaiblir, tandis qu'elle parait et à son tour devinait les maux et les zones d'ombres du demi avec difficulté. C'était d'ailleurs l'activité à laquelle il s'adonnait une fois de plus, non sans que cela fasse rire avec une amertume bien masquée la demoiselle, qui concéda avec indifférence.
« Capitaine, voyons, on pourrait croire que vous sombrez dans le mélodrame. Me rappeler sans cesse mes fautes, tout ça ... »
Ca n'avait rien de fatigant, et pourtant, cette drôle de complicité décalée avait des ambiguïtés que la vipère ne saurait expliquer clairement. Elle n'oubliait rien, ou du moins, aucun détail trop enrichissant pour que sa mémoire se décide à l'oublier volontairement, et le souvenir délicat de leur premier entretien avait une saveur toute particulière que Kassandra se serait bien plu à remémorer. Mais il semblait qu'Ajilah n'était pas très réceptif, ou alors le cachait-il, ou alors cherchait-il avant tout à ce que ca soit elle qui le provoque, qui le pousse dans ses retranchements. Soit. La rouquine aurait tout le temps d'y songer et de remédier à ce début d'hostilités qu'ils n'avaient jamais entrepris clairement ... Ca promettait d'être drôle, si tant est qu'Ajilah se prête au jeu. De toute façon, il n'aurait pas le choix. On ne résiste pas bien longtemps à Kassandra, c'était évident pour elle-même et pour tous ceux tombés dans le filet.
Et puis sa patience avait des limites. Son charmant capitaine avait l'air d'être un brin flemmard, à moins qu'il ne dissimulât derrière cette apparente paresse une timidité quelconque et incroyable ou une simple conception bien plus chaste des choses de la vie qu'elle ne l'imaginait. Non, Ajilah avait sa fierté et ne réclamerait rien, même s'il en mourrait d'envie. Il voulait qu'elle le courtise ? Soit, elle s'amuserait avec joie de l'idée, même s'il fallait pour cela le pousser à la faute par les moyens les plus viciés. Après tout, on n'impose pas de règles à une pirate, et encore moins quand il s'agit de jouer la carte de la séduction. C'était chercher à apprivoiser un cheval fou et farouche.
« Bon, eh bien, vous me ferez signe quand vous aurez une réponse concrète, mon cher capitaine. »
Pointe de douceur sensuelle dans la voix, la rouquine fit tournoyer la barre avec lenteur et concision entre ses mains, redressant la barre de manière à diriger la flotte en direction des côtes, suivant les instructions à la lettre comme une bonne petite élève savante aimant les excès de zèle. La perspective d'une petite excursion dans une contrée tranquille à déranger la réjouissait, et le tapotement de satisfaction ainsi que le sourire qui se borda sur sa bouche pulpeuse trahissaient d'ailleurs l'impatience frivole de la demoiselle. Ca faisait assez longtemps qu'elle avait laissé son sabre s'assoupir dans son fourreau, et seuls les Cinq pouvaient deviner que la lame s'était ennuyée trop longtemps sans pouvoir toucher au délicat contact de la chair du pauvre hère coincé par trois pirates assoifés et cupides.
Le débarquement se fit un peu plus tard non sans un peu de difficulté : car même si Kassandra maniait à merveille la barre - et avec tout ce que cela impliquait de sous-entendus troublants, l'auteur ne peut que confirmer tous les sens possibles de l'expression -, la rouquine faisait son premier essai avec l'Onirique, et la pression infime du regard attentif d'Ajilah exigeait de sa part une certaine adresse qu'elle sut gérer avec plus de facilité que le débutant moyen.
« Ai-je oublié de mentionner que je serais ravie d'avoir quelques cours ... ? Il faudra que vous me montriez comment tenir la barre un de ces quatre, Capitaine. »
Amusante réflexion qui laisserait perplexe le premier des esprits masculins. Je ne m'étendrai pas davantage, Ajilah avait d'ailleurs peut-être compris l'idée ... Ou alors il n'y avait rien à comprendre ? Qui sait.
La flamboyante diablesse daigna enfin accorder un regard myosotis chargé d'interrogations pressées en direction du demi.
« Je vais avoir le droit de descendre cette fois-ci ? »
La mauvaise humeur d'un souvenir grossier perça dans sa voix veloutée. Haer lui avait fait la mauvaise blague plutôt explicite et bourrue de l'interdire de sortir du navire lors de la dernière escapade. Apparemment, elle avait été consignée, comme une vulgaire gosse maladroite et désobéissante pouvait être enfermée dans un placard à balais sous prétexte qu'elle n'était pas sage. |
| | | Ajilah
En attente de validation.. Nombre de messages : 101 Âge : 34 Date d'inscription : 31/08/2009 Personnage:.: MANUSCRIT :.: Âge : Taille : Niveau Magique : Non-Initié | Sujet: Re: Après la tempête | Kassandra Jeu 28 Oct 2010 - 23:11 | |
| « On dirait que tu me connais encore bien mal », remarqua-t-il avec légèreté, sans rien dire de plus.
Mélodrame, Ajilah ne l’était pas. Mordant et cynique, peut-être, mais rien d’autre. Et surtout, il ne jugeait – presque – pas quelqu’un sur sa naissance… Pas de sa faute, si tous les fils de nobles étaient des femmelettes tout juste bonnes à tenir une épée bien protégées derrière leurs armures. Après, qu’un sang bleu se distingue en s’élevant au dessus de sa condition – oui, il pensait bien à Kassandra – et il l’adoptait sans autres formalités.
La discussion, déjà, dérivait sur les perspectives d’avenir de la rouquine. Elle ne pourrait pas rester éternellement mousse, et même si le sang-mêlé pouvait parfois être cruel, il n’en demeurait pas moins que quand cela concernait son équipage, il tâchait de faire les choses à peu près bien. Bien entendu, il restait le risque de voir la belle s’envoler une nouvelle fois. Il n’y croyait pas, cependant, son histoire était trop abracadabrante pour qu’elle l’ait invité, et sa quête de ses origines achevée, pourquoi lui fausserait-elle compagnie une nouvelle fois ? Joueur, Ajilah avait décidé de parier sur sa fidélité à son navire, sinon à sa personne – il ne fallait pas trop en demander. Qu’elle le trompât encore et… Eh bien, avoir été trompé une fois était déjà plus qu’il ne supportait d’ordinaire, alors mieux valait à la mousse de ne jamais recroiser son chemin le cas échéant.
« Ca marche », promit-il finalement alors qu’elle rendait les armes.
Elle avait bien compris : il ne lui donnerait pas sa réponse définitive sur l’instant. Il avait, de fait, quelque chose de bien plus palpitant en tête. Tournant son regard vers la côte, il sourit, repérant très exactement où ils étaient… et vers quelle cible ils se dirigeaient. Il allait dire quelque chose, mais la diablesse le coupa… de la plus étonnante des façons. Il fut surpris, en réalité, car si elle n’avait pas la langue dans sa poche, du moins plaisantait-elle rarement sur ce genre de sujets, même de loin. Il éclata de rire sans rien répondre, et quand il eut repris son calme, lui ordonna de faire cap vers la côte. Il la fit rire de nouveau, alors qu’elle réclamait sous couvert d’interrogation le droit de débarquer aussi.
« Tu serais capable de te faire tuer, la rabroua-t-il. Mais ça serait encore pire de te laisser en arrière, j’imagine. »
Il fit mine de réfléchir, avant de sourire largement… de ce sourire qui ferait forcément se méfier Kassandra. Elle commençait à le connaître, maintenant, et savait que quand ses lèvres se plissaient de cette manière là, il préparait un mauvais coup.
« Allez… Si tu me ramènes un cadeau satisfaisant, tu auras ta promotion. Quelque chose de bien, classe, sobre, onéreux mais pas vulgaire… Enfin, tu es une femme, tu sauras choisir. »
Et il lui donna une claque dans l’épaule. Sans réellement lui laisser le temps de répondre, il redescendit sur le pont, ne laissant à Kassandra que ses dents à serrer. Prenant sa respiration, il commença à donner ses ordres.
« Les gars, ce soir, les flammes brûleront vertes ! »
Tous comprirent, et commencèrent à se préparer. |
| | | Kassandra
Ancien
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 ans Taille : Niveau Magique : Eveillé / Néophyte.
| Sujet: Re: Après la tempête | Kassandra Dim 13 Fév 2011 - 23:24 | |
| A tout ceci, elle ne répliqua rien d’autre qu’un énigmatique sourire convaincu. Elle savait quoi faire et quoi dire pour qu’Ajilah n’ait plus rien à objecter de tangible, mais après tout, qu’il mijote dans ses doutes et ses certitudes erronées, il n’y avait rien de mieux pour le prendre au dépourvu. Maintenant le cap, la rouquine songea un instant qu’il y avait bien longtemps qu’elle ne s’était pas délassée. Tout son corps réclamait un peu d’action.
L’urgence de la situation et l’atmosphère électrifiante rendit la masse masculine un peu plus trépignante d’impatience. Les couteaux se rangeaient sagement dans les poches, on replaçait ça et là une corde à la taille ou un sabre à la ceinture, on crachait un dernier souffle de fumée, le regard portant sur l’horizon qui promettait d’être menacé. Le capitaine assénait ses derniers conseils, sa voix portant jusqu’au gouvernail où la sulfureuse déserteuse plissait les yeux. Lui trouver un cadeau décent, voilà qui n’allait pas faciliter la tâche. Bien qu’elle avait déjà une petite idée en tête, qui allait rapidement mettre du piment dans le self-contrôle épatant de l’Amiral.
« Les gars, ce soir, les flammes brûleront vertes ! »
Ils accostèrent alors.
Passé le quai simplet où florissaient joyeusement quelques barques de pêcheurs et rien de bien intéressant pour un pirate ambitieux, le village s’étendait, avec flegme et sérénité, au beau milieu de collines éclatées et de forêts obscurcies par l’anormale noirceur atmosphérique. Les maisons de familles de roturiers sobres et décorées chichement se succédaient dans une nuée de lanternons jusqu’à une petite place du marché qu’on devinait au loin, encombrée par le passage des paysans et des marchands vociférant devant cette anormale obscurité. La forge se manifestait par des tintements étouffés, quelque part dans une de ces ruelles à peine dessinées où naissaient les derniers quartiers, tandis qu’à l’opposé, un modeste temple accueillait offrandes et religieux de passage. Tout semblait reposant malgré la nuit divine. Tout avait l’odeur du bonheur et de la sagesse, du sens de la raison savamment dépensé et de la piécette cachée dans un recoin, derrière une statuette, sous la couche de feuilles d’or des statuettes divines ... Le genre de villages trompeurs qui met en jambe une troupe de pirates avides.
Le bruit du flot barbare qui se déversa alors dans le petit village au nom si tordu et si peu important aux yeux de nos héros des temps Mecaniens – pour les trois quarts illettrés – résonna alors comme un charmant chant annonciateur de bien des malheurs.
Tout en bondissant avec ses camarades d’infortune, Kassandra songea une fois de plus qu’elle n’aurait pas aimé être à la place de ces gens. Plutôt eux qu’elle, en quelque sorte. Et si l’égoïsme touchant d’honnêteté de la rouquine était déplacé, il avait le mérite d’être partiellement assumé ; soit on subit, soit on attaque. Un choix dont l’évidente logique laissait transpirer une réponse simple. Il valait ainsi mieux être dans le camp de ceux qui récupéraient le dû des autres à la pointe d’un sabre plutôt que de périr en voulant épargner un chiard ou trois grains de blé.
Et puis, mieux que ça, mieux que toutes les excuses rationnelles et égocentriques, il y avait l’action inconsidérée du risque. C’était bougrement jouissif, et plus que tout satisfaisant de se sentir vibrer sous l’effet de la violence et des effusions écarlates. On pouvait aimer la subtilité et demeurer sanguine et bagarreuse et il fallait avouer que cela faisait si longtemps que la pirate n’avait pas pu prendre part à un assaut même mineur. Les bottes claquèrent le long du trottoir, alors que sous les directives précédemment balancées par Ajilah, chacun y allait de sa petite agression. La sérénade des cris commença alors, et bientôt démarrerait le chant en canon des renforts face à ces brutes épaisses de marins hors-la-loi.
Il fallait faire vite. Plus que la lueur maussade qui aidait les pirates à attaquer et à commencer leur pillage inexorable, c’était le temps qui leur était compté. N’importe quel joli collier doré, n’importe quelles bourses et n’importe quel butin en espèces sonnantes et trébuchantes valait la peine qu’on s’y arrête, tant qu’on n’y prenait pas trop de temps. Efficacité et concision. Au pas de course, la rouquine dévala les rues sabre en main, dissuadant les quelques passants de s’interposer, jusqu’à ce qu’on œil aperçoive, oh misère, des complications armées au loin. Pas le temps de réfléchir, elle s’engouffra dans la première échoppe venue, et claqua la porte au nez, pointant du bout de la lame émoussée le gérant, pétrifié de stupéfaction.
« Bonjour ! .. Ou bonsoir, quel temps de chien, c’est à se méfier de qui rentre dans votre magasin, hein ? »
~~~~ Les pirates battaient retraite tour à tour, soit par suffisance d’une récolte plus qu’excellente, soit parce qu’il n’y avait tout simplement plus rien à voler ou à tuer là où ils s’étaient engagés. Le vent de la générosité tournerait bientôt en leur défaveur, et les voiles tempêtaient, sifflant le retour imminent des matelots illégaux. Ils revenaient par grappes, plus ou moins blessés, plus ou moins tâchés de sang et les bras chargés de ce qui pouvait être récupérable et qui avait de la valeur. Les cris rauques et les rires gras et tonitruants achevaient leur parade dans le doux microcosme tout chamboulé qu’il était du continent. Rues mises à sac, vitrines pillées et victimes pullulant venaient s’ajouter au dégradant cliché d’une masse de truands complètement fous à lier. On les décrivait déjà comme des monstres, des laideurs, des informes personnages, certains juraient même qu’ils contraignaient des femmes respectables et prises au piège de leurs sévices écoeurants à voler pour eux ! Un comble véritable.
Alors que les derniers mousses revenaient bredouilles sous le regard goguenard des plus expérimentés – et aussi des plus balafrés, bizarrement -, on nota l’absence d’une certaine rouquine. Tiens, elle avait encore déserté ? C’aurait pas été étonnant, pour sûr, elle avait mieux à faire, grognait-on mesquinement, certains riant à quelques remarques à la pensée si odieusement placée que je ne jugerai pas utile de les rapporter. Et pourtant .. Quelques minutes plus tard, la plaidée coupable revenait Un sac en toile de jute au bras, la miraculeuse peste revenait sans véritables encombres ... Si ce n’est un corset lacéré de quelques éraflures et une manche rouge. L’espoir peu amical que ce fut son propre sang fut bien vite douché quand la damoiselle passa fièrement au nez de ces messieurs qui faisaient mine de lever l’ancre, un regard vipérin pour toute réponse à leurs sarcasmes puant la testostérone surdosée.
Prenant la direction des cales en compagnie des autres mousses de l’Onirique qui déjà repartait fendre les flots obscurs sans un remord quelconque pour ce qu’ils venaient de saccager, la rouquine chercha du regard le capitaine, qui se trouvait non loin d’eux. Passant devant lui sans tourner d’un pouce le menton, la diablesse se contenta de murmurer du bout des lèvres une éloquente et néanmoins surprenante parole qui le laisserait pensif pendant suffisamment longtemps.
« Votre cadeau vous attendra dans vos appartements, mon Capitaine. Je me ferai un plaisir de vous le donner en mains propres. »
Et sans plus de cérémonies, la vilenie disparut dans les profondeurs du navire. |
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