Une rencontre pas comme les autres [PV Nakor] (finit)

Nakor était revenu d'un petit voyage qu'il avait entreprit. En effet dés la naissance de cette étrange éclipse, le vieux sorcier était retourné rapidement chez lui, dans sa propre maison, au beau milieu des ruines de Nisetia. Il s'était assuré que les barrières de protections étaient encore en place et il avait prit le temps de faire quelques essais. Au loin là bas, dans les terres stériles, le vieux fou avait put lancer de puissants sortilèges pour voir jusqu'où l'entropie s'était étendue. Il avait senti une perturbation puissante dans la manipulation de la magie, et selon les endroits du monde, la perturbation n'était pas la même. En tout cas Nakor pouvait toujours faire de la magie, et devait même faire attention, car certains sortilèges, parmi les plus simples, devenaient des armes presque terrifiantes si elles étaient lâchés sans prendre garde. Nakor revint donc au château de Diantra, se disant qu'on aurait certainement besoin de lui si jamais certains petits mages se prenaient soudainement pour des dieux. Il arriva au château quand un jeune garde, un brin anxieux, s'inclina et interpella le magicien

"Monseigneur, le corps d'un homme vous attend dans le vestibule de votre tour, il n'est pas seule."

Nakor souleva le sourcil droit et planta son regard dans celui du garde. Le visage du vieil homme exprimait différentes choses. Mais c'était finalement un visage indéchiffrable qu'affichait Nakor. Il pouvait signifier le choc de voir un jeune homme oser lui adresser ainsi la parole. Il pouvait aussi vouloir dire qu'il était un brin surpris d'apprendre qu'un corps, et non quelqu'un, l'attendait. Mais surtout, il pouvait vouloir dire simplement qu'il était étonnant qu'un garde du palais ait laissé passé un étranger, sans qu'il ne lui donne ni son nom, ni son identité ... quand bien même, au dire du garde, l'homme était inerte. Le mage dit donc simplement, en parlant presque dans sa barbe, ou plutôt en croissant dans sa barbe

"Ha oui ... bien ... merci!"

Puis Nakor partit donc, faisant marteler son bâton sur le sol du palace et des jardins pavés. Il arriva enfin dans le fameux vestibule et ouvrit la porte avec beaucoup de tranquillité. Il senti alors une magie présente dans l'air, diffuse, comme si quelque chose était doublement présent. Nakor se méfia donc instantanément et avança dans la pièce. Il entendit un hibou pousser un cri léger mais presque douloureux. Il approcha du corps posé là, à moitié dissipé par un sortilège étrange. Le vieillard passa sa main libre au dessus du corps du jeune homme et déploya son esprit tout autour, afin de sentir la magie, de voir comment elle était tissée autour de ce corps et s'il y avait un quelconque danger. Au fur et à mesure qu'il scannait le corps du jeune homme, Nakor arqua un sourcil et termina son petit manège en disant simplement, les yeux plantés dans ceux du hibou

"Mais qu'est ce que c'est que ça hein? Et toi, que fais-tu là?"

Nakor était maintenant sûr d'une chose : il n'y avait pas de danger, le corps amené ici n'était pas un piège. Il faudrait donc maintenant décider de la marche à suivre et voir déjà comment lever la dissipation qui agissait sur le corps à moitié invisible. Puis ensuite essayer de comprendre ce qui s'était passé et pourquoi le jeune homme était là ... ou avait demandé à venir ici!

[Attention, vulgarité dans ce post]

Nakor observa la bête au fond des yeux, sentant une sorte de lien existant entre le corps inerte et presque invisible du jeune homme et ce volatile! Le hiboux poussa un petit cri puis alla fouiller le corps du jeune homme. Nakor fronça un sourcil, le gauche, et observa la scène sans bouger. L'oiseau revint et se posa sur le chapeau de Nakor. Le vieux mage resta là, sans bouger et arqua encore plus fortement son sourcil gauche. Et il allait donner un violent coup de bâton au hibou, tout en vociférant comme un véritable démon des mondes inférieurs quand un petit parchemin tomba sur le dit bâton. Nakor tendit la main, attrapa le parchemin et le déroula, sans bouger, sans que le hibou s'envole non plus. Il parcouru le parchemin rapidement puis donna un petit coup de tête, comme surpris par ce qu'il venait d'apprendre. Il relut encore le parchemin, releva un peu la tête et se mit à parler

"Non mais ... foutu bon sang de nondidiou! Mais c'est pas possible ça, n'as-tu donc rien dans la tête que tu envoie ton âme presque toute entière dans le corps d'un animal! Ton vieux fou de professeur ne t'a-t-il rien apprit? Ou alors c'est que tu n'as pas écouté! Haaaaaaaaaa fichu, fichu, fichu jeune imbécile qui se prend pour un sorcier dés qu'il sent la moindre petite anomalie au fond de ses tripailles!"

Nakor avança en direction du corps inerte du jeune homme, gardant l'oiseau sur le sommet de son solide chapeau et, toujours aussi bougon, passa la main au dessus du corps du jeune homme. Il fit cela simplement pour vérifier qu'il n'y avait vraiment aucun piège, aucun danger! Mais non! Rien! La lettre devait donc dire vraie, sinon qui irait imaginer une histoire aussi extravagante. Nakor posa alors la main, paume bien ouverte, sur le torse du jeune homme. Il écarta les vêtements du garçon et posa sa main sur la peau presque disparue! Le contact fut froid et presque vide. Le vieillard sonda l'intérieur de cet Arcavius et déploya sa magie à l'intérieur. Il chercha longuement, avec douceur et tranquillité. Et enfin, à force de tourner dans tous les sens, Nakor retrouva ce qu'il cherchait, la trace d'une présence humaine, d'un esprit habitant encore un peu ce corps, le seul morceau d'âme encore présent qui permettrait à Nakor de relier les deux choses séparés pour sortir Arcavius du corps du hibou. En effet, si toute l'âme du jeune mage avait été transportée dans le corps du hibou, c'est, avec le temps, tout le corps du jeune homme qui aurait disparu. Nakor garda alors le contact avec le dernier petit morceau d'âme d'Arcavius, qui était resté dans le corps du pauvre expérimentateur. Le vieux fou s'adressa alors au hibou.

"Bon, petit, tu vas bien m'écouter, puisque tu sembles comprendre ce que je raconte. Il reste au fond de toi, un petit morceau de ce que l'on pourrait appeler l'âme, ce qui fait de toi qui tu es! Heureusement que tu as raté ton sort de transport d'esprit, sinon, depuis le temps que tu en es parti, je n'aurai rien pus faire, ton corps aurait complètement disparu! Mais là, il restait un petit morceau, ce qui va me permettre de te sauver ... bien que je n'en ai pas une folle envie! Après tout, remettre toute ton âme dans ce corps là, c'est comme permettre de nouveau à un enfant de jouer avec le feu! Si je m'écoutais je te laisserai dans ce corps de hiboux, en espérant que tu y gagne un peu de sa légendaire sagesse! Enfin ... je suis trop bon!"

Nakor n'y allait pas avec le dos de la cuillère, mais au moins il mettait un peu de plombs dans la cervelle! Pour lui, seul un abruti se servait de la magie sans savoir exactement ce qu'il faisait! Et voilà où cela menait les gens : à venir l'ennuyer et lui demander de réparer les bêtises et les inepties des néophytes qui se prenaient pour des dieux! Mais maintenant que la leçon avait été donnée, Nakor termina

"Vient donc te poser sur ton propre crâne ... ça facilitera les choses! Et je vais te demander de faire une unique et simple tache! Tu vas profondément penser à ton corps! Es-tu prêt, jeune hiboux?"

Nakor attendit une réponse de la petite bête volante qui lui faisait désormais face. Il lui laissa un peu de temps, pour être sur qu'il pensait bien à son corps, au point de le visualiser totalement. Puis Nakor se mit en branle, il posa sa deuxième main sur la tête du hibou et déploya sa magie. Avec les perturbations et la présence du voile, il était actuellement dangereux de faire de la magie, mais pour un expert, un tout petit effort permettait de faire un sortilège terrifiant. Nakor plongea au fond de lui même et se concentra en profondeur pour garder le contrôle de sa magie. Il fouilla dans le hibou en plongeant son propre esprit dans celui de l'animal, et trouva rapidement l'âme du jeune Arcavius. Elle occupait presque tout l'espace mental disponible. Il engloba de sa propre magie, l'âme entière et utilisa ses puissants pouvoirs pour l'absorber en lui afin de la renvoyer dans le corps du jeune homme et de l'attacher de nouveau solidement. Nakor sentit alors les effets du voile, et en essayant de n'absorber que l'âme du garçon, il tira avec l'âme du hibou. Tout passa dans le corps de Nakor, avant de repartir vers le corps d'Arcavius. Avant de faire une bêtise, le vieux fou se concentra pour évacuer rapidement l'âme du hibou vers l'extérieur, tant pis, il était trop tard, le hibou venait de mourir et son âme était rendue aux limbes et au néant. Très mécontent, d'avoir du tuer le hibou pour sauver le jeune homme, Nakor déploya un peu plus de magie que prévue, ce qui eut un effet d'emballement! En plus de rattacher fortement l'âme d'Arcavius dans son corps, le pauvre jeune homme partit violement dans les airs, jusqu'à l'autre bout de la pièce et s'écrasa contre le mur opposé. Puis il retomba au sol et Nakor coupa le lien totalement.

"Rhaaaaaaa foutu bon sang! Ca vous apprendra jeune homme! Regardez moi ça, vous êtes content? Par votre faute, j'ai tué cette bête! Merde!"

Nakor tapa de son bâton sur le sol et alla ramasser le cadavre vidé de son âme! Il le souleva et incanta pour mettre le feu au corps de l'animal. Ainsi purifié par le feu, la pauvre bête trouverait peut-être le repos éternel. Nakor fit cesser les flammes et se tourna enfin vers le jeune homme encore au sol, sonné par sa projection mais redevenu entier, et physiquement visible. Nakor demanda alors, avec un petit sourire de politesse sur les lèvres!

"Tout va bien jeune homme?"

Et il attendit une réponse, afin aussi de savoir s'il avait retrouvé toutes ses sensations ou s'il était encore un hibou.

Nakor écouta les propos du jeune homme et se mit à réfléchir! Il posa ses mains sur ses vieilles hanches multi centenaires et commença à former un début de réponse. Il se passa la main sur la barbe à plusieurs reprises et commença son discours sans même regarder Arcavius, qui venait de s'endormir et qui donc, ne l'entendrait pas!

"Et bien vois tu jeune homme ... c'est compliqué ce que tu me demandes, parce qu'avec tout ce qui se passe avec ce maudit voile ... et tout ce qui va avec, et bien inhiber ton pouvoir risquerait de l'inhiber à jamais ... je peux peut être et bien ... t'apprendre à ...!"

Puis Nakor posa son regard dans celui d'Arcavius ... qui était endormi! Il s'exclama alors, avec un geste de recul et un mouvement de choc terrible tant le jeune homme avait l'audace de lui manquer de respect. C'est donc une sorte d'épouvantail incroyable, les bras vers le ciel qui hurla presque

"Comment!"

Et dans un même mouvement, Nakor avança avec vivacité et allure, sa main gauche et tendit son index! Il en sortit un rayon ressemblant à un éclair, mais d'une couleur verte très brillante. L'éclair frappa de plein fouet le jeune Arcavius! Mais cet éclair n'était pas là pour faire souffrir le jeune garçon, simplement pour l'aider à reprendre des forces. L'éclair entoura le jeune homme qui fut alors soulevé dans les airs. Nakor suivit le mouvement de son index et intensifia un peu son rayon, puis il abaissa son bras, Arcavius redescendit vers le sol et Nakor s'approcha. Au moment où le vieillard arriva pile devant lui, il se réveilla sous l'effet du sortilège de soin. Nakor se pencha alors et dit simplement, d'une voix plus profonde et enfin un peu plus chaude!

"Venez jeune homme, il n'est pas très confortable de rester au sol! Allons boire une tasse de thé citronné, cela vous redonnera suffisamment d'énergie et de force pour repartir de ce château le cœur léger, enfin de retour dans votre corps d'origine!"

Puis Nakor se retourna et avança droit vers les escaliers, il avait redonné juste assez de force à Arcavius pour le suivre jusqu'en haut, dans son bureau et d'aller s'assoir sans s'endormir. Nakor monta donc d'un pas étonnamment vif pour un vieillard. Il arriva dans son bureau, laissa la porte ouverte, prit place dans son confortable fauteuil et invita d'un geste simple, le jeune homme à prendre place et glissa simplement

"Alors dites moi Arcavius ... qui vous a enseigné la magie et sous quelle forme?"

Nakor claqua alors des doigts et une théière surréaliste, multicolore et semblant millénaire, apparu dans la pièce, en lévitation, elle se pencha sur le vide et des tasses apparurent avant que la table soit trempée. Les verres se remplirent d'un thé odorant et fumant puis la théière disparue et Nakor attendit qu'Arcavius réponde, tout en tournant son thé, qui redonnerait encore un peu d'énergie au jeune homme! Une fois de plus, Nakor était passé du stade de vieux bougon au grade de papy gâteau.

Le jeune homme sembla rester bouche bée devant le petit spectacle du magicien. Bien sur, avec son style légendaire, Nakor fit comme si de rien n'était et que absolument tout dans la pièce était d'une normalité sans faille! Il but une bonne gorgée et fut heureux de voir que le jeune magicien en herbe fit de même! L'énergie reviendrait petit à petit dans le corps d'Arcavius. Il prit enfin la parole et débita son histoire avec pas mal de détails! Nakor laissa tout le discours de son jeune compagnon, se dérouler. Puis il passa sa main sur sa longue et soyeuse barbe blanche et prit enfin la parole, en plantant un regard centenaire dans celui du très jeune Arcavius

"Un vieux fou, à barbe, qui divague autant qu'il raconte des choses intéressantes ... des tatouages sur les bras hein?"

Nakor avait parlé de cela comme s'il connaissait le vieillard qui avait, l'espace de quelques années, le maitre d'Arcavius et le magicien du roi continua alors sur une lancée tout à fait contraire!

"Ca ne me dit striiiiiiiiiiictement rien!"

Puis Nakor explosa de rire, content d'une bonne blague qu'il était le seul à comprendre! Cette petite crise de folie passagère dura quelques secondes, voir quelques dizaines de secondes puis Nakor donna un grand coup avec la paume de sa main droite sur sa table et reprit son discours avec une vivacité nouvelle

"En tout cas ce n'était rien d'autre qu'un fou! Commencer par t'apprendre l'épée alors qu'il pouvait t'apprendre la magie ... et finalement laisser ton apprentissage aussi peu développé ... ça ne va pas du tout ça! En tout cas Arcavius, tu me donnes l'impression de quelqu'un qui ne réfléchit pas beaucoup par lui même ... foutu jeunesse hein!"

Puis Nakor gloussa encore un peu mais ne laissa pas de temps mort cette fois

"Tu dois bien être conscient d'une chose : ressentir la présence de magie autour de soit est bien loin de faire de nous un mage! Cela fait six cents vingt quatre ans que je foule le sol de cette terre et j'ai eu sous ma coupe un très grand nombre d'apprentie. Certains sont devenus de grands mages en leurs temps, d'autres, des inconnus de l’histoire, mais tous ont mené une vie complète ... dans l'intelligence et le caractère! Ce que je veux dire par là, c'est que ton vieux maitre a dû t'enseigner, sans que tu t'en rendes compte peut-être, à vivre selon un certain style, avec un esprit bien développé ... et s'il ne t'a pas transmis cela directement, sa façon de se comporter était la pour que tu crée inconsciemment une sorte de mimétisme. Ce qui est important chez un mage, ce n'est pas seulement le nombre de sortilège qu'il connait, c'est aussi sa façon de vivre, de se comporter, sa liberté d'action ... tout ce qui fait ce que j'appelle le style! Le style Arcavius! Si tu veux devenir un mage, pense déjà à développer une personnalité forte, un style à toi, reconnaissable de tous!"

Nakor put précipitamment une gorgée énorme de son thé, au point qu'il vida sa tasse tout en donnant l'impression que c'était la dernière fois de sa vie qu'il en buvait un! Il ajouta encore, comme un bon vieux professeur qu'il était

"Je voudrai aussi te faire réfléchir à quelque chose Arcavius ... si ton maitre a ouvert en toi une porte ... à ton avis, que peux-tu faire? Ne penses-tu pas que tu peux la refermer! Aucun sorcier ne doit être prisonnier de ses capacités, et avoir constamment la tête envahit par une sensation de présence légère ... cela peut mener à une grande déconcentration, ce qui est dangereux, surtout si tu es du genre à être une espèce de noble, épée à la hanche, qui va au combat à tout va! Il te faut toute ta tête pour ça ... et il faut donc que tu apprennes à refermer ton esprit, pas définitivement, mais simplement, comme tu remets ton épée au fourreau, un magicien peut remettre sa magie en veille forcé pour rester un peu tranquille et ne pas être assaillie constamment par des sensations étranges! Et puis cela te permettra de te reposer réellement, puisque si tu laisses la porte ouverte, comme le vent qui s'y échappe, ton énergie quittera ton corps, lentement mais surement!"

Puis Nakor se cala confortablement au fond de son fauteuil et attendit qu'Arcavius prenne la parole une fois qu'il aurait digéré tout ce que le vieux fou avait dit! Il y avait là quelques petits conseils, rapidement donnés, mais qui seraient une sorte de marche à suivre pour progresser seul dans un chemin tortueux et donc éviter certains pièges de jeunesse et d'inexpérience.

Nakor qui avait eut le temps de porter sa tasse de thé presque vide à la bouche, bloqua son mouvement précisément au moment ou le haut de la tasse masqué sa bouche. Il resta là, sans bouger, écoutant le jeune Arcavius prendre la parole. Une fois qu'il eut finit et après un effort surhumain pour Nakor, qui parvint, ce qui est remarquable, à ne pas exploser sur place ou faire bruler la pièce, le vieux mage posa sa tasse très lentement sur son bureau. Il fit une moue répété et se racla la gorge avant de prendre la parole sur un ton, le plus neutre possible

"Vous savez jeune homme ... justement, la magie n'est pas du tout, mais alors pas du tout comme l'épée!"

Nakor étrécit son regard et parla sur un ton presque menaçant, pressant voir féroce tant il était passionné

"L'épée est en effet un art qui peut être utile lorsqu'il est un brin connu, quelques mouvements de bases ne peuvent pas faire de mal! En magie c'est absolument l'inverse, soit on étudie la magie complètement, à fond, afin de la maitriser, lentement mais surement après des années d'études ... soit on ne l'apprend pas mon enfant! Le problème avec la magie c'est qu'il faut justement plusieurs années pour pouvoir en faire quelque chose de concret, surtout quand on part de rien du tout et qu'on a votre âge. Je peux vous apprendre à ouvrir ou fermer votre esprit, mais je ne peux certainement pas vous apprendre a être un magicien si c'est juste "comme ça" pour vous en servir de temps à autre, pour amuser la galerie ou chasser de mauvais payeurs Arcavius!"

Puis Nakor se recala au fond de sa chaise et se calma, après tout, le jeune noble voulait au moins comprendre, si ce n'est apprendre! Nakor parla d'un ton beaucoup plus posé.

"Ce n'est pas votre faute bien sur, mais en effet, comme je vous le disais, la magie ne peut pas être prise comme ça, à la légère ... cela prend beaucoup de temps! Ma méthode d'apprentissage demande encore plus de temps que les autres, je n'aime pas les formules idiotes et les gesticulations absurdes que d'autres professeurs veulent apprendre à leurs élèves ... et entre nous, la direction de l'orphelinat royal, l'apprentissage d'une elfe et d'une baronne humain, le conseil au roi Trystan et tout ce qui va avec ... je n'ai que peu de temps, très peu de tems à t'accorder! Mais je peux au moins te mettre sur la voie! Pour fermer son esprit, il faut déjà avoir conscience de comment l'ouvrir! Pour se faire, je te conseille la méthode suivante! Il faut fermer les yeux et s'oublier, se concentrer, écouter les bruits autours de soi, et tenter de se mettre en accord avec la nature, avec sa propre nature. Il faut sentir le vent souffler sur son corps, il faut entendre les bruissements de l'herbe foulé en bas de la tour, il faut s'ouvrir au monde pour pouvoir s'oublier! Il faut ensuite sentir en soi, les forces internes qui sont tapis dans ton corps ... un exercice de visualisation peut t'aider! Imagine un espace noir, vide de tout, imagine ensuite que cet espace là n'est rien d'autre que ta silhouette, le contour de ton corps. Il n'y a donc que toi, et rien d'autre, que ton contour, en noir, plein de rien du tout! Du noir. Si tu parviens à pousser ta concentration assez loin, tu pourras voir au cœur de ton être, ton énergie interne, ta magie, sous forme d'une sphère lumineuse, qui vibrera à l'unisson de ton esprit et de ton cœur! C'est en entrant en contact avec cette énergie que tu parviens à utiliser ta magie ... et donc c'est en enfermant cette énergie dans une sorte de sphère plus grande, que ton esprit modèlerait, que tu pourras fermer ton esprit aux flux de magie naturelle du monde."

Nakor frappa alors dans ses mains pour ramener la concentration d'Arcavius à l'état d'écoute forte et intense!

"Mais il ne faut pas précipiter les choses ... tu t'entraineras d'abord à visualiser cette énergie magique en toi, puis à toucher ton énergie ... et quand tu feras ça sur commande et à ta guise, tu pourras passer à l'étape inverse."

Puis Nakor planta un regard sans âge dans celui du noble et attendit une question, une réaction, quelque chose!

Le jeune Arcavius semblant gêné par des choses auxquelles Nakor n'apportait aucune importance, prit le temps de réfléchir un peu à ce que venait de dire le vieux fou. Il posa alors de très bonnes questions. Nakor, un sourire bonhomme sur les lèvres, prit une voix claire et franche, fraiche et sincère

"Mais bien sur, tu sais où me trouver mon enfant! Je ne suis pas forcément toujours présent, mais tu finiras bien par tomber sur moi à force d'insister ... je finis toujours par trouver un peu de temps pour aider de jeunes débutant en magie! Sinon, non, il n'y a aucune heure spécifique ... au début je te conseille de le faire au calme, tôt le matin ou tard le soir. Quand ta concentration sera plus grande, plus forte et moins perturbable, fait le alors en pleine journée, tout en marchant dans le centre de la ville, là où s'échauffe les esprits et où le bruit et les perturbations sont comme une seconde nature du monde ... quand tu réussiras à faire cela sur demande alors tu seras prêt à passer à l'étape suivante!"

Puis Nakor vit le jeune homme se lever, se diriger vers la porte, le nommer seigneur et s'incliner maladroitement en posant une dernière question. Nakor se leva alors, restant derrière son bureau, il avança sa main droite devant lui, tout en la secouant et en disant

"Nakor, simplement Nakor ... pas de seigneur, ça fait trop pour moi ... je me moque du protocole, du rang et de toutes ces fadaises! Et oui bien sur, si tu en ressens vraiment le besoin revient vers moi! Insiste un peu avant, mais n'hésite pas trop longtemps! Aller, maintenant va! Au revoir Arcavius!"

Nakor reprit place sur son siège, et tout en souriant, se mit à rédiger un courrier à la Baronne de Merval, qu'il n'avait pas vu depuis un bon moment!