[Esplanade des 9] Retour au Puits :: Amnésie d'une reine | Angwedh

-	Rp suivant >>

Où étais-je ? Cet endroit sombre, cet air âpre et brûlant me rappelaient vaguement quelque chose, mais même en cherchant au plus profond de ma mémoire, rien ne me revenait, pas même le moindre petit flash-back.
M'appuyant sur mon bâton, je me hissai péniblement sur mes jambes abîmées et me redressai de ma station assise. Mon visage était en partie masqué par une grande capuche, et ma peau sombre aux reflets violets était noircie par la crasse accumulée pendant mes errances. J'étais encore à l'entrée du domaine des Elfes Noirs, hésitant à y pénétrer au risque d'en être chassée comme je l'avais été des territoires humains, nains et elfes.
Mettant ma paranoïa de côté, je commençai la longue marche qui me mènerait jusqu'au coeur du volcan, utilisant mon bâton noueux pour assurer mes pas.

Alors que j'avançais, pas vraiment sûre de ce que je faisais, vers les lieux plus animés du Puits, je crus entendre un bruit derrière moi. Je me retournai brusquement, mais ne vis personne.

Etrange... pensai-je alors.

Je pressai le pas et, au bout de quelques heures, je parvins enfin sur une sorte de place remplie d'animation où je pus sans trop de difficultés me fondre dans la masse.
Où aller ? Je n'en savais rien. Mais visiblement, ici personne ne se souciait de cette femme à la peau sombre et aux longs cheveux blancs qui marchait, courbée sur son bâton, et dont les bras à la peau tannée étaient couverts de cicatrices plus ou moins récentes.

Au bout d'un moment à errer sans véritable but parmi la foule, la fatigue se fit sentir. Aussi, je décidai de m'asseoir dans un coin, le dos appuyé contre un mur. Je sortis une petite gourde de sous ma cape et bus avidement de longues gorgées d'eau. Je me sentais vieille, pourtant mon reflet dans l'eau des rivières me montrait le visage d'une femme assez jeune, séduisante sous ses couches de saletés, le visage quelque peu défiguré par une longue cicatrice qui courait sur ma joue.

Après quelques minutes de repos, je me levai de nouveau, mais sans regarder ce que je faisais, et aussi je me heurtai de plein fouet dans quelqu'un, et j'eus un vif mouvement de recul et levai le bras, comme pour me protéger d'un éventuel coup. Paranoïaque ? Oui, probablement, mais vu la manière dont j'avais été traitée par les autres peuples, il était normal que j'ai peur de ce peuple qui, bien que semblable à moi, était visiblement haï de tous les autres...

Quand vont-ils se décider à profiter de l’occasion qui nous est donnée? Quand pourrons-nous revenir terminer ce que nous avons si bien commencer? Ces questions se trainaient et s’entrechoquaient sans cesse dans mon esprit. Je ne comprenais en rien la décision des généraux d’avoir sonné la retraite, alors que deux de nos Osts étaient encore à la surface. Après tout le Voile et la surprise générale que sa longue apparition a suscité n’était-elle pas un évènement en notre faveur? Ne devrions nous pas, plutôt que de revenir au Puy avec la plus grande partie de l’armée Drow, continuer notre avancée en nous enfonçant plus profondément dans les territoires ennemis? Tout ceci était contraire à notre façon de voir les choses, et tout ceci m’intriguais énormément...

Une fois rentrés au Puy d’Elda, et après un retour en triomphe, nos supérieurs nos avaient donné quartier libre dans l’attente des prochaines directives. Je fis de même avec mes propres hommes, tout en leur recommandant de se tenir prêts à repartir à tout moment. Je décidai de mon côté de déambuler un peu dans la cité, comme je n’avais pu le faire depuis un bon moment. Non pas que celle-ci eu encore un quelconque intérêt pour moi, mais marcher à travers les larges avenues et les petites ruelles me permettait de me vider un peu la tête et de penser à autre chose qu’à mon irrésistible envie de remonter à la surface pour en découdre une bonne fois pour toute.

Je me promenais donc dans les allées des niveaux supérieurs, quand au détour d’une ruelle j'aperçus une silhouette encapuchonnée qui s’appuyait sur un bâton. Je fronçai légèrement les sourcils. Il n’était pas si rare que des mendiants du premier niveau réussissent à échapper à l’attention des gardes qui surveillaient la route d’accès aux niveaux inférieurs et se retrouvent dans les niveaux intermédiaires. Ils étaient en général vite dénoncés, et sévèrement remis à leur place. C’est donc avec cette louable intention typiquement Drow que je m’approchai discrètement du pauvre hère qui avait visiblement du mal à avancer. Après une rapide réflexion, je décidais de suivre d'assez loin cette étrange silhouette qui, malgré sa démarche peu assurée, m'intriguais fortement. Après tout, j'avais tout le temps que je voulais avant de lui tomber dessus, alors autant savoir ce qu'il ou elle faisait là.

Je commençais ma filature quand soudain l'étrange personnage se retourna. Mes réflexes me permirent de rester tapie dans l'obscurité d'une petite cavité de la paroi. Mais quelque chose m'avait troublé... Durant le court instant où la femme avait fait volte face, j'ai cru reconnaître certains aspects de ce visage... Et ces yeux... J'étais certaines de l'avoir déjà vu quelque part. N'ayant apparemment pas détecté ma présence, elle repartit bon an mal an en claudicant légèrement.

Je poursuivi ma filature pendant plusieurs heure, taraudée par les questions sur l'identité de cette femme. Enfin elle atteignit une grande place marchande. La foule devenait de plus en plus dense, et je la perdis assez vite de vu. Je décidai alors de rester un peu en retrait, en me disant que le recul et un peu de hauteur me permettrait de l'apercevoir si elle s'écartait de la masse. Je n'eus pas longtemps à attendre, quand je la vis s'éloigner un peu de la place pour se réfugier dans une petite cavité.

-C'est le moment, murmurais-je pour moi même.

Je m'approchai discrètement de l'alcôve pour découvrir l'inconnue en train de regarder le fond de sa gourde. Je commençai à m'approcher quand elle se releva brusquement pour se heurter à moi, avant de tomber par terre, les bras levés au dessus de sa tête, prête à se défendre. Je m'avançais un petit peu. Cette femme m'était vaguement familière, mais je ne me souvenais pas de où ni comment je l'avais déjà vue. Je la regardai avec froideur en posant la main sur la poignée de mon sabre.

-Qui es-tu? fut la première des question que je lui posai.

En me relevant, je m'étais heurtée à une femme. D'après son accoutrement, elle devait être un soldat, un gradé si je me référais à ce qui ressemblait à des écus sur sa tenue.
Sans baisser ma garde, ni mes bras devant mon visage, je répondis à sa question. Bien qu'inquiète, ma voix ne trembla pas lorsque je parlais.

"Noamuth."

Non, je ne disais pas que j'étais perdue. C'était ainsi que je m'étais rebaptisée suite à ma perte de mémoire : "Perdue". Mais mon interlocutrice allait-elle comprendre ?
En ce qui me concerne, je ne parvenais pas à comprendre pourquoi cette femme me dévisageait, comme si elle m'avait déjà vue par le passé. Inquiète - qui sait, j'étais peut-être recherchée pour méfaits ? - je m'enfonçais un peu plus dans les ombres de l'alcôve tout en rabattant un peu plus ma capuche sur mon visage.
Je ne dis rien de plus, attendant soit qu'elle se présente à son tour, ou bien qu'elle m'attaque comme les soldats des autres peuples l'avaient fait, ou encore, avec plus d'appréhension, qu'elle m'annonce que j'étais recherchée pour un crime quelconque.
La froideur de son regard aurait du me pétrifier, pourtant, malgré ma crainte, je me sentais obligée de la défier des yeux, comme si inconsciemment je savais que j'étais supérieure à elle, hiérarchiquement et intellectuellement.
Je me remis finalement debout, époussetant ma cape et ma tenue avec des gestes hautains, gracieux, bref, des mouvements royaux. En fin de compte, elle allait peut-être me reconnaître et m'aider à me souvenir, du moins je l'espérais. Mais son regard ne sembla pas s'éclairer, et je pensai qu'elle ne savait définitivement pas qui j'étais. Ce n'était sans doute pas aujourd'hui que je pourrai savoir si j'étais...

"Noamuth."

Perdue. Elle se disait perdue ? Pourtant elle devait savoir que sa place était en haut. Aucun habitant du Puy ne l'ignore, les mendiants, les demi-sangs et autres plaies de la cité Drow logeaient au plus près de la Faille. Je commençai à m'impatienter. Avais-je eu un sentiment erroné lorsque j'ai cru avoir souvenance de cette femme? Peut-être, mais en mon for intérieur, je savais que j'étais convaincue du contraire. Je la connaissais. Noamuth... Peut-être était-ce son nom, simplement? Après tout son accent indiquait qu'elle parlait parfaitement le Drow, alors quel intérêt de prononcer seulement "perdue" ?

Je ne sais si c'était par peur ou par mesure de sécurité, mais l'inconnue s'était retranchée un peu plus en arrière dans l'alcôve et s'était à présent relevée. Elle me défiait du regard avec un certitude qui eu pour effet de me déstabiliser quelque peu. J'avais l'habitude que l'on cherche à m'impressionner ainsi, et le plus souvent ces tentatives restaient vaines et étaient sévèrement punies. Mais ce regard ci était de ceux devant lesquels même les Sombres ne peuvent que baisser la tête. Il était plein de force, de dureté mais également de noblesse et de supériorité.
Tout à coup, tout me parut noble chez elle, et plus seulement son regard. Sa manière de se relever, sa posture, ses gestes rien que pour épousseter son vêtement crasseux.

Puis, alors que nos regards se défiaient l'un l'autre, je sus qui elle était. Et ce qu'elle était. Je me souvenais, la fin de ma quatre-vingt dixième année, lorsque nous devions choisir notre Voie. Elle était venue inspecter les élèves qui deviendraient plus tard des sorciers. en tant que Prime Sorcière Elle avait combattu à leur côté. Cette femme n'était autre que...

"Ma Reine !"

Je tombai à genoux, agenouillée devant celle qui était devenue notre Reine et qui avait disparu par un jour de malheur.

"Veuillez me pardonner mon insolence ma Reine, je ne vous avez pas reconnue !"

Je restait prosternée ainsi, priant pour que ma souveraine ait l'indulgence, mot ô combien peu compatible avec la nature Drow, d'excuser mon erreur et ne pas me faire subir son ire.

La Sombre sembla réfléchir au nom que je venais de lui donner. Je me dis qu'elle devait se demander si je disais être perdue ou si je lui avais bien donné mon nom. Puis son regard changea. Un éclair de surprise illumina son regard, puis elle m'appela sa "Reine" avant de s'agenouiller devant moi en implorant mon pardon. Je restai interdite. Avais-je bien entendu ? Moi, une Reine ? C'était impossible...

Je restai silencieuse quelques secondes, plongée dans mes pensées. Si j'en croyais les dires de mon interlocutrice, j'étais donc la Reine du peuple Sombre... Si tel était vraiment le cas, pourquoi n'en avais-je aucun souvenir ? Qu'avait-il donc pu m'arriver pour que ma mémoire occulte un détail d'une telle importance ? Et surtout, comment devais-je réagir face à cette femme ? Devais-je lui faire croire que je savais de quoi elle parlait, ou bien était-il préférable de lui dire la vérité, à savoir que je ne savais plus qui j'étais ?

Je décidai finalement de jouer le rôle de cette "Reine" le temps qu'elle m'apprenne plus en détail qui j'étais.

"Relève-toi et dis moi comment tu t'appelles."

Le ton de ma voix était impérieux, mais pas hostile. J'espérais par là qu'elle pense que je lui pardonnais dans mon immense clémence. Si j'étais réellement Reine, je devais me montrer sévère, mais juste ,non ?
Je sortis enfin de l'ombre mais gardai ma capuche. Ainsi, elle pouvait à loisir contempler mon visage.
J"espérais en mon for intérieur qu'elle ne s'était pas trompée, que j'étais bien Reine et qu'elle était de mon côté. Après tout, si j'étais une Reine disparue, quelqu'un avait du prendre ma place et ne serait sans doute pas ravi de me voir revenir.

Je m'éclairci la gorge et demandai :

"Que s'est-il passé depuis mon départ ? Raconte, et n'omets aucun détail."

Je me prenais déjà pour la Reine. Le seul problème, c'était que je ne connaissais même pas mon véritable prénom...

J'hésitais quelques secondes à me relever, tant j'étais surprise par la soudaine clémence de ma souveraine. Puis reprenant vite mes esprits, je m'exécutais aussi tôt et lui donnais mon nom en prenant soin de garder la tête baissée.

"Je me nomme Angwedh Ornrivvin, Veldruk des Sargtlins du deuxième Ost, ma Reine."

Elle s'approcha de moi. J'implorais encore une fois nos dieux pour que ce ne soit pas dû à une erreur de ma part. Après tout c'était la première fois de ma vie que je parlais à la Reine des Sombres.

Lorsqu'elle me demanda un récit des évènement depuis son "départ", je fus quelque peu étonnée de l'utilisation de ce terme. On avait parlé de lé disparition de la Reine, non d'un départ délibéré. Étrange... D'autant que je ne savais pas pourquoi elle était dans cet état ni ce qui lui était arrivé, et encore moins pourquoi elle était "partie". Je fis rapidement l'inventaire des faits importants qui s'étaient produits depuis sa disparition avant de répondre à sa question.

"Vous n'êtes pas la seule du Triumvirat à avoir disparue ma Reine. Le Gardien de Calymentar Illiv’aere Det’tar a lui aussi disparu, et tout comme pour vous nous ne connaissons pas la raison de cette disparition. Nous sommes donc dirigés par le seul membre restant du Triumvirat, la Maître d'Arme Brylyan Naerth, et c'est sa soeur Alyryne Naerth, Haute Prêtresse d'Uriz, qui l'aide dans sa tâche.
Mais il y a peu s'est produit un évènement inattendu : notre monde est entré dans un nouveau millénaire, et comme à chaque fois, le Voile s'est levé. Toutefois au lieu de disparaître après quelques minutes, il est resté. Et il plane aujourd'hui encore sur la surface, masquant la lumière du Soleil."

Je repris mon souffle et le fil des mes pensées avant de continuer.

"Concernant la guerre que nous portons contre les peuples de la surface, nous sommes vainqueurs sur beaucoup de fronts. À la cinquième semaine de cet été nous sommes partis, vingt-cinq mille Tueurs, avec pour objectif Ellyrion. Après trois semaines de voyage, nous avons investi Yutar. Une semaine après nous sommes partis à l'assaut d'Ellyrion, où nous avons remporté la bataille. Puis trois des Osts, dont le mien, sont rentrés au Puy, sous l'ordre du Maître d'Arme, laissant les deux autres à Yutar."

Mon résumé terminé, je restais la tête baissée, attendant la réaction de ma souveraine.

J'écoutai avec attention ses paroles, essayant de voir si les différents noms évoqués me parlaient. Illiv'aere... Brylyan... Alyryne... Oui, cela me disait vaguement quelque chose, mais il me manquait encore trop d'éléments pour pouvoir les associer entre eux.
Je compris à ses propos pourquoi les autres peuples avaient été si hostiles envers moi lorsque j'avais cherché asile chez eux. Ainsi, nous étions en guerre... Et visiblement, ceux de ma race avaient gagné les derniers combats. Au fond de moi, une vague de fierté pour mon peuple me réchauffa le coeur. Je ne pus m'empêcher de sourire.
Elle avait également évoque un Voile... C'était donc le nom que portait cette éclipse qui assombrissait le ciel ?
Je ne comprenais pas pourquoi ce Brylyan avait rappelé trois des Ost au Puy, mais je retins la question. Je devais d'abord savoir d'autres choses sur moi, sur mon rôle, et sur...
J'eus soudain un flash, je vis une femme qui me ressemblait, mais plus jeune, sans cette fichue cicatrice sur le visage, porter un enfant... Son enfant... Mon enfant. Etais-je en train de me souvenir ? La mémoire me revenait-elle enfin ? Je bénis cette femme devant moi, qui m'aidait sans le vouloir à me rappeler qui j'étais.
Inquiète pour celui que je savais être l chair de ma chair, je décidai d'être honnête avec mon interlocutrice. A mi-voix, afin qu'elle seule puisse m'entendre, je lui avouai :

"Je ne sais ce qui m'est arrivé, ni pourquoi j'ai disparu, ou encore qui a cherché à m'évincer du trône, et je dois te dire la vérité. J'ai quelque peu... Perdu la mémoire."

Je m'arrêtai, m'approchai un peu plus d'elle et murmurai à son oreille, dans un souffle :

"J'ai besoin de toi, si tu m'aides à retrouver les bribes de mémoire qu'il me manque et à récupérer ma place sur le trône, je ferai de toi ma conseillère, chef de ma garde personnelle."

Je m'interrompis, attendant sa réaction qui, je le savais, ne pourrait être que positive. Après tout, quel Drow refuserait le pouvoir et la richesse ?

Je décidai de poursuivre.

"Dis moi mon véritable nom, et surtout ce qu'il est advenu de mon fils après ma disparition."

Je reculai légèrement, restant toutefois très proche d'Angwedh, et posai une main couverte de cicatrices sur son épaule, anxieuse de connaître ses réponses.

Je relevai doucement la tête pour la regarder. Elle avait vraiment beaucoup changé, mais elle restait la même pour qui savait regarder de plus près. Malgré la cicatrice qui lui barrait la joue, et tout le corps par ailleurs, elle conservait un air royal, rien que dans sa façon de m'observer.

Aux premières révélations qu'elle m'a faite, mon esprit tortueux et pervers de Drow s'était mis en marche en imaginant déjà la récompense qu'offrirait le nouveau maître des Sombres lorsque je lui rapporterai le seul obstacle à sa gloire et à son pouvoir total. Mais cette même logique Drow me freina dans mes élans. Premièrement, la récompense n'était pas du tout assurée. Brylyan préfèrerait se débarrasser de témoins qui pouvaient se révéler gênants plus tard que de les installer confortablement en attendant le poignard qui finirait par s'enfoncer dans son dos. Non, il valait mieux taire le secret retour de la Reine légitime pour le moment. D'autant que les récompenses que cette dernière offrirait si je l'aidais étaient eux bien plus probables. Oui, c'était la meilleure solution.

La regardant droit dans les yeux, je commençai à répondre à ses questions :

"Vous vous nommez Aetherya Mirdril. Vous faisiez partie de l'élite du C'nros, et vous avez ensuite été nommée Prime Sorcière. Vous êtes rapidement devenue très proche du Roi Tebryn, et après la mort de sa compagne, vous avez pris la place de Reine à ses côtés. Et concernant votre enfant..."

Je tentais de trouver les mots justes pour exprimer mon ignorance totale de ce qui était arrivé à l'enfant de la Reine.

"... je ne sais pas. Personne, en dehors des nobles haut placés je suppose, ne sait. Nous étions au courant que vous étiez enceinte, la nouvelle avait été annoncée suite à un banquet royal, après une bataille durant laquelle vous aviez été blessée. Mais nous n'en n'avons plus entendu parlé depuis, et votre disparition a vite étouffé le sujet..."

Dès mes premières révélations, j'avais pu lire dans son regard la cupidité typiquement Drow. Allait-elle me dénoncer ? Dans ma tête, je me dis que si elle me dénonçait je risquais de finir aux cachots, ou bien pire...

Nouveau flash. Une réunion entre deux Drows mâles et moi. Je compris qu'il s'agissait d'une réunion importante du Triumvirat dont je faisais partie d'après les dires de la Veldruk. Je me souvenais de cette réunion. C'était lors de ce "sommet" que nous avions décidé de lancer une grande offensive contre les humains. Je me rappelai également que la décision était déjà prise avant même que je ne donne mon avis.
Ce n'était que maintenant que je réalisai qu'en réalité, dès cet instant, les deux hommes avaient commencé à me manipuler. J'aurais du m'emporter à cette idée, et pourtant je ne réagis pas.

Je n'avais pas entendu tout ce que m'avait dit Angwedh, mais mon cerveau en ébullition avait enregistré le principal.

"Aetherya..." murmurai-je pensivement.

Oui, ce nom me disait quelque chose, et je me souvenais maintenant que c'était ainsi que l'on m'appelait avant ma disparition.
Elle me raconta mon ascension sociale, et je ne pus retenir un sourire. L'ambition dont j'avais fait preuve alors ne m'étonnais pas du tout. Toutefois, mon sourire disparut bien vite lorsqu'elle me dit ne rien savoir sur mon fils. Je devais le retrouver. J'exerçai une légère pression de ma main sur l'épaule de la Sombre, le genre de pression presque... Amicale.

"Merci pour ta loyauté, crois-moi je saurai te récompenser comme il se doit."

Je laissai ma main glisser sur son bras avec sensualité. Commençais-je à redevenir telle que je l'étais auparavant ? Au fur et à mesure de la conversation avec la Drow, ma mémoire se réveillait. Je me souvenais de ma réputation sulfureuse, de mes sautes d'humeur impressionnantes, et je me dis qu'il valait mieux pour le moment rester discrète, bien plus qu'à mon habitude. Je priai pour qu'elle accepte ce que j'allais lui demander.

"J'ai besoin de toi pour récupérer le trône. Aurais-tu un endroit où je pourrais me cacher le temps de reprendre des forces et de préparer un plan pour reprendre la place qui me revient de droit ?"

Je regardai autour de moi, inquiète qu'un Drow moins bien intentionné qu'elle ne m'ait repérée, reconnue, et n'aille me vendre à Brylyan. J'avais peut-être retrouvé quelques bribes de mémoire, mais je restais sur la défensive. La paranoïa pouvait sauver une vie...

J'étais un peu... intriguée. Comme si quelque chose de contre nature se produisait en moi. La pression de la Reinne sur mon épaule avait éveillé en moi un sentiment étrange que je n'avais jusqu'à lors jamais ressenti. Une émotion chaude, et pourtant dérangente. Pour la première fois de ma vie je ressentais quelque chose pour quelqu'un qui avait vu sa vie s'effondrer. J'avais beaucoup de respect pour ma souveraine, et c'était pour moi un modèle à suivre en tant que Drow. Mais la voir à présent ainsi...

Je me secouai mentalement et je me mis à réfléchir à quel lieux nous pourrions être dissimulés à la vue de tous. Certes avec son apparence difficile à associer à son ancienne identité, Aetherya pouvait passer inaperçue dans beaucoup d'endroit. Mais mieux vaut prévenir que guérir, et ses anciens proches pouvaient la reconnaître aisément si moi-même j'avais pu le faire. Il fallait donc un endroit loin d'une concentration de gens hauts-placés, mais également loin de toute grande concentration populaire.

Cela réduisait déjà considérablement beaucoup de possibilités. Je pouvais la cacher au premier étage, au plus près de la Faille, là où loge les bas-fonds de la cité. Mais je ne connaissais pas très bien cet endoit, et il était réputé pour ne pas être du tout sûr qui plus est. Sans compter les couvre-feu, les rondes de soldats pour maintenir un semblant d'ordre, et toutes les organisations criminelles et sectaires secrettes... Non le premier étage n'était pas non plus envisageable.

Il ne restait que les niveaux intermédiaires. Et dans cette zone, la seule que je connaissais qui soit assez sécurisée était encore mon propre foyer. Les auberges étaient inexistantes dans le Puy, et aurait de toute façon été incompatibles avec un refuge discret. Non, ma propre maison était la seule solution envisageable. Je poussai un soupir avant de répondre.

"Je ne vois qu'un seul endroit où vous pourriez être cachée aux yeux de vos... ennemis."

C'était amusant de parler d'un supérieur comme de quelqu'un de dangereux et comme d'un adversaire. Mais après tout, dans la société Drow, nous sommes tous adversaires de tous.

"Je peux vous emmener chez moi. Je pense que personne n'ira fouiller par là, surtout que votre retour s'est fait dans le secret le plus total. Et s'ils ont des soupçons, ça m'étonnerai qu'il décident de venir directement me voir. Vous pourrez y rester cachée sans trop de problèmes, et votre nouvelle apparence pourra dissiper les doutes sur votre identité. Quant aux curieux, nous inventerons bien quelque chose pour leur faire omprendre que vous êtes une de mes proches. Mais je ne pense pas qu'il y en ait que ça intéresse."

Elle sembla réfléchir un moment à ma proposition, comme si elle passait mentalement en revue les différents endroits où je pouvais me cacher en toute sécurité.

Il restait encore beaucoup de zones d'ombre dans ma mémoire, et je savais qu'il fallait impérativement que je les éclaircisse avant de pouvoir faire mon grand retour. Par exemple, je savais que j'étais une sorcière, Angwedh m'avais même dit que j'étais la Prime Sorcière, ce qui signifiait que j'étais forcément la plus puissante, mais je ne me souvenais de rien ! Bien sûr, lorsque j'étais traquée il m'est arrivé de terrasser mes adversaires par la magie, mais c'était par pur réflexe, je serais encore aujourd'hui bien incapable de réciter une formule magique de mémoire...

Finalement, après un moment de réflexion, la Drow trouva une solution, sans doute la seule possible, d'ailleurs. Elle me proposa tout simplement de me cacher chez elle, ce qui était à mon avis la seule option possible. Et les curieux ? Elle me présenterait à eux comme un membre de sa famille. J’acquiesçai.

"Tu as raison, c'est la meilleure solution."

Je retins un sourire. Elle me faisait penser à ma fidèle Alrunee... Tiens, mais qui était-ce déjà ? Je me souvenais d'une femme très présente dans ma vie, ma conseillère et sans doute la seule personne que je considérais comme mon amie. Qu'était-elle devenue ? Je décidai de garder la question pour plus tard, si ça se trouve elle ne serait même pas capable de me répondre...

"Si tu es d'accord, allons-y. Je ne tiens pas à rester un moment de plus aussi visible..."

J'avais l'intime conviction qu'à cet instant là, nous étions espionnées... Paranoïa ou sixième sens ? J'espérais vraiment me tromper...

"Bien, alors maintenant il va falloir trouver un moyen de sortir d'ici sans se faire remarquer..."

Je jetais un coup d'œil à la place qui se trouvait derrière nous. Il y avait encore pas mal de monde, mais elle commençait déjà à se vider de la masse grouillante d'activité diverses qui nous avait jusque là permis de rester un minimum dissimulées. Je me tournai vers Aetherya.

"Vous devriez remettre votre capuche. À la vue de vos... vêtements, je pense que personne ne s'étonnera de voir un officier de l'armée escorter une mendiante vers les étages supérieurs. Sauf votre respect. La maison est au troisième niveau, nous devrions y arriver sans trop de difficultés. Mais mieux vaut être prudentes."

Je ressenti tout un coup un sentiment familier. Comme un léger picotement derrière la nuque. Posant la main sur la garde de ma lame, je regardai furtivement du coin de l'œil les environs. Nous étions seules dans la petite alcôve, mais j'aurai pourtant juré que quelqu'un nous observait. Mais il n'y avait rien de suspect, et personne pour l'instant ne nous prêtait la moindre attention. Je mis cela sur le compte de la tension que je ressentais vis-à-vis la situation.

Je relâchai un peu mon attention et, priant ma Reine pour qu'elle prenne les devants, nous commençâmes à remonter les étages jusqu'à mon foyer familial.

La foule qui un peu plus tôt grouillait sur la place commençait à disparaître, et mon interlocutrice m'invita à remonter vers ses appartements. Je remis ma capuche en acquiesçant. Elle avait raison, mes vêtements dissimulaient ma véritable identité aux yeux des autres. Soudain, alors que nous allions nous mettre en route, je la vis poser sa main sur la garde de son épée, aux aguets. Avait-elle aperçu quelqu'un qui nous espionnait ? Je fronçai les sourcils, inquiète, mais elle mit sans doute ça sur le compte de la paranoïa et m'invita à la précéder vers les étages supérieurs.

Je fendis la foule sans mot dire, la tête baissée, suivie de près par ma protectrice. Soudain, je sentis un poignard s'enfoncer dans la chair de mon ventre et tombai à genoux en poussant un cri de douleur. Qui venait de m'attaquer ? Je n'en avais aucune idée, et regardant autour de moi avec affolement, je repérais un Drow encapuchonné lui aussi qui s'enfuyait d'un pas pressé à l'opposé de ma direction. Je pressai mes mains sur la blessure à travers mes habits et levai un regard suppliant vers Angwedh.

"Vite, aide-moi à me relever !"

L'odeur du sang attirait déjà la curiosité des autres passants, qui commençaient à s'attarder un peu trop à mon goût. Ma blessure n'était pas mortelle, mais je me fis la promesse de retrouver mon agresseur et de lui faire payer au centuple l'agression qu'il venait de commettre...

Spoiler:

Spoiler:

Alors que nous avancions sans trop de difficulté, je regardai aux alentours avec une pointe de suspicion sur la scène banale qui se déroulait sou mes yeux. J'étais dérangée par l'impression d'avoir été observée, et foi d'ancienne membre de la Doktha, je ne laissais pas ce genre de pré-sentiment au hasard.

Mes soupçons furent vite confirmés, quand du coin de l'œil j'aperçus un jeune Drow se précipiter sur ma protégée, poignard à la main. Avant que je ne puisse réagir, il asséna un coup violent de sa lame à Aetherya avant de déguerpir aussi vite qu'il était apparu, se noyant dans la foule qui à présent nous observait. Alors que je tentais de le repérer mon sabre à moitié dégainé, j'entendis ma souveraine me demander de l'aide pour se relever. Tant pis pour la chasse, je retrouverai ce truand.

J'aidai donc ma Reine à se relever, et tandis qu'elle vérifiait la gravité de sa blessure, j'entrepris de disperser la troupe de badauds qui restaient là à nous regarder.

"Qu'est-ce que vous regardez? Occupez-vous de ce qui vous regarde ou vous aurez à faire à moi !"

La plupart détourna e regard de la scène et continua à faire ce qu'il faisait avant l'accident. Les autres ne me résistèrent pas bien longtemps, la vue des écus de gradé que je portait sur mon plastron suffisant à les faire partir sans demander leur reste. J'espérai que cette histoire ne remonterai pas trop haut et ne ferait pas naître de rumeurs. Je soupirai intérieurement. Pour la discrétion c'était raté. Alors qu'Aetherya réajustait son vêtement, je lui glissai quelques mots.

"Ne m'en veuillez pas pour ce que je vais être obligée de faire."

Puis sans plus d'explications, je lui empoignait violemment le bras et la poussai en avant en l'exhortant d'avancer sur un ton dur et autoritaire.

Une fois éloignées de la place, après un bon quart d'heure de marche, je décidai par prudence de changer notre itinéraire. Je ne savais pas ce que voulait cet homme, mais s'il avait des complices ils devaient sévir dans les environs. La route principales étaient donc certainement surveillée. J'entrepris de passer par des petites rues, que seuls les gens familiers de ces étages connaissaient. Je nous fis faire plusieurs boucles et retours, si bien que nous n'arrivâmes chez moi qu'au bout d'une bonne heure. J'ouvris rapidement la porte, et après une rapide inspection pour voir si tout était en ordre et qu'il n'y avait pas de danger immédiat, j'invitai ma souveraine à entrer. Je l'installai sur le seul divan de ma modeste demeure.

"Comment va votre blessure?"

Angwedh avait été prête à me venger. Je pensais en mon for intérieur qu'elle faisait un bon garde du corps, même si elle n'avait pas pu me protéger de cette attaque. Après tout, ni elle ni moi n'aurions pu prévoir ce qui venait de se passer. Tandis que je me relevais tant bien que mal, songeant à ajouter une énième cicatrice au compte que je faisais de ces marques nouvelles, la Sombre dispersait les badauds qui s'étaient attroupés, curieux.

Je rajustai ma capuche et lui jetai un regard inquiet. Ma blessure n'était pas grave, à condition de la recoudre rapidement. Je perdais beaucoup de sang...

Alors qu'époussetais ma cape poussiéreuse, elle me murmura de l'excuser pour ce qu'elle allait faire. Avant que je n'ai eu le temps de comprendre, elle m'agrippa avec une violence contenue et m’entraîna de force vers les étages supérieurs.

Nous marchâmes ainsi pendant un bon moment. J'avais par prudence déchiré un morceau de ma robe et l'avais pressé fortement contre ma blessure, qui avait presque arrêté de saigner. L'itinéraire que nous prîmes me parut une éternité, surtout que ma compagne, inquiète sans doute, sembla le rallonger considérablement. Au bout d'une heure qui m'en parut dix, nous finîmes par arriver chez Angwedh. La Drow m'ouvrit la porte et me fit entrer avant de demander de mes nouvelles. Je n'étais pas du genre à m'apitoyer sur mon sort, pourtant je ne pus retenir un gémissement de douleur.

"Il faut suturer la plaie. Sais-tu recoudre les blessures ?"

Je sentis mon front couvert de sueur. La douleur, maintenant que la peur s'estompait, était plus forte. Je m'installai le plus confortablement possible sur le divan et fermai les yeux, tentant de calmer le mal de tête qui montait. Les yeux clos, je lançai :

"Merci pour tout, Angwedh. Vraiment."

J'ouvrai les yeux au moment où elle revenait vers moi, les bras chargés de lambeaux de tissus, de compresses et tout le matériel qu'il fallait pour me recoudre. En voulant me redresser, je rouvrais la plaie, accompagnant ce regain de douleur d'une grimace.

Alors que Aetherya s'allongeait, je partis chercher de quoi suturer la plaie. La blessure n'était pas bien grave, mais elle semblait profonde, assez en tout cas pour rendre ma Reine aussi pâle qu'un Drow puisse l'être. Elle semblait exténuée, et la longueur du chemin que nous avions emprunter pour arriver à mes appartements n'avait rien fait pour arranger son état. Je m'approchai pour commencer les soins, les bras chargés d'étoffes, de fil propre, d'alcool et d'une aiguille.

Alors que je commençai à observer la plaie, qui n'était pas bien belle à voir et avait sûrement déjà cracher tout le sang qu'elle avait pu vider du corps de Aetherya, j'entendis cette dernière m'adresser des remerciements. Je marquais un temps d'arrêt, etonnée une fois encore par l'intrusion de l'idée de gratitude qu'un supérieur Drow pouvait éprouver envers quelqu'un qui lui devait obéissance. Puis je me dis que je devais être fière de recevoir de pareils remerciements de la part de ma souveraine et m'empressai de lui répondre d'un ton déterminé et on ne peut plus militaire.

"Vous n'avez pas à me remercier ma Reine, c'est mon devoir. J'ai déjà assez failli en laissant cet individu vous estoquer de la sorte... Soyez sûre que ça ne se reproduira pas. Quant à celui là, si je mets la main sur lui il va regretter toute son agonie d'avoir osé lever la main sur vous."

Je jetais un bref regard à son visage. Elle semblait fiévreuse, et son état m'inquiétait fortement.

"Allongez-vous s'il-vous-plaît. Je vais désinfecter, ça risque de piquer..."

J'appliquai alors directement la compresse fraîchement imbibée d'alcool sur la plaie. Je sentis un raidissement dans e corps de ma souveraine, mais elle ne pipa mot. Je souris intérieurement. Elle avait peut-être perdu la mémoire, mais elle n'avait rien perdu de sa fierté.

Ensuite je me suis appliquée à recoudre la plaie le plus rapidement et le plus délicatement possible. Bien que je ne sois en rien une bonne infirmière, j'avais vu assez de plaies en train d'être recousues pour savoir comment il fallait s'y prendre. Une fois ma tâche achevée, je rassemblai le reste de mes bouts de tissus.

"Voilà. Maintenant, vous avez besoin de récupérer. Dormez un peu pendant que je vais préparer à manger."

Puis je repartis ranger tout mon matériel et me dirigeai ensuite vers la cuisine pour essayer de trouver quelques denrées qui seraient profitables au rétablissement de mon invitée.

Spoiler:

Elle sembla surprise que je la remercie. Sur le coup, je ne compris pas vraiment pourquoi, puis je me dis que ce ne devait pas être dans mes habitudes avant ma perte de mémoire. Cette expérience m'avait véritablement changée...
Elle m'assura que je n'avais pas à la remercier, puis elle ajouta que celui qui m'avait attaquée le paierait de sa vie. Je souris malgré la douleur à mon ventre, me disant que je n'aimerais pas me trouver à la place de cet impudent lorsqu'elle lui tombera dessus. Je me réjouissais à l'idée qu'il endure mille souffrances.
Elle s'agenouilla à côté de moi et me prévins qu'elle allait désinfecter la plaie. Je me préparai mentalement à la douleur, aussi lorsque l'alcool coula sur ma blessure, je ne criai pas, me contentant de serrer les dents. Avant qu'elle ne revienne, j'avais rapidement déchiré ma robe de toutes façons déjà en lambeaux, libérant ainsi la plaie de la pression du tissu imbibé de sang.

Je me raidis sous la brûlure de l'alcool mais retins le cri qui voulait forcer mes lèvres. Si une Reine ne remerciait pas, elle devait encore moins crier...
Puis elle s'attela à la couture de ma blessure. A chaque fois que l'aiguille s'enfonçait dans ma chair, je mordais mes lèvres. J'endurai la souffrance sans mot dire, et lorsque tout fut terminé, elle ramassa rapidement les linges tâchés de sang et les instruments médicaux en me conseillant de me reposer un moment pendant qu'elle préparait à manger. Je hochai la tête et fermai les yeux, m'enfonçant doucement mais sûrement dans le monde des rêves...

Une maison en ruine... Je regardai autour de moi sans comprendre où j'étais. Des ruines à perte de vue. Une ville fantôme ? J'avançai de quelques pas, puis j'entendis au loin des cris et un bruit de combat. Intriguée, je me dirigeai dans la direction d'où semblaient venir ces bruits...
Ce fut d'abord le vieillard qui attira mon attention. Un homme qui semblait trop âgé pour pouvoir se tenir debout qui se battait à grand renfort de magie contre une Drow qui semblait aussi puissante que lui. J'observai un peu plus la Sombre et me rendis compte avec stupeur que cette femme, c'était moi ! Excepté qu'elle n'arborait aucune cicatrice et qu'elle se mouvait avec la grâce féline d'un Feirn dans la force de l'âge...

Avant que je n'ai pu comprendre ce que je voyais, une vague de magie fonça vers moi, et je me réveillai en sursaut avant qu'elle ne m'atteigne.
Mon mouvement brusque tirait sur les fils qui retenaient ma blessure, et je grimaçai en poussant un gémissement de douleur. J'étais en sueur, frigorifiée, j'étais fiévreuse et je le savais. J'attendis qu'Angwedh revienne pour lui demander une infusion d'écorce de saule, si elle en avait...

Spoiler:

Alors que je commençai à préparer un repas qui pourrait reemettre ma Reine sur pied le plus promptement possible, je crus entendre cette dernière pousser un bref gémissement de douleur avant de se mettre à respirer profondément et bruyamment. Je terminais de mettre la nourriture que j'avais préparé dans un plat et me dépêchai d'aller voir ce qui se passait. Je découvris Aetherya haletante sur le divan, les yeux mi clos, haletante et le visage couvert de gouttes de sueurs. Je remarquai par la même occasion qu'elle tenait sa main fortement appuyée sur sa blessure, laquelle s'était mise à saigner légèrement de nouveau malgré la couture. Elle leva les yeux vers moi et me demanda dans un murmure quasiment inaudible de lui préparer une infusion d'écorce de saule. Inquiète, je repartis vers ma cuisine après l'avoir priée de se rallonger pendant que je préparais la décoction.

Je revins quelques instants plus tard, avec un plat sur lequel se trouvait une assiette de viande rouge eaggrémentée de quelques légumes, ainsi qu'une tasse fumante de la boisson demandée. Je posai le plat sur une table basse à côté du divan, en jetant un oeil vers Aetherya, qui semblait plongée dans des somnolences agitées. Je secouais la tête un poussant un bref soupr. La santé de ma souveraine me préoccupait fortement. Je devis peut-être aller voir un apothicaire pour lui demander quelques remèdes afin d'améliorer son état, mais j'avais bien trop peur de la laisser seule; même chez moi. l'exemple de ce qui s'était produit sur la place ne me laissait guère le choix, je devais rester au chevet de ma Reine et veiller sur elle le temps qu'elle se remette de sa blessure et de son arrivée au Puy. D'après ce que j'avais compris, elle avait eu l'air d'avoir effectué un long voyage pour y parvenir, et les cicatrices qu'elle avait reçu au cours de celui-ci indiquaient qu'il n'avait pas été de tout repos.

N'osant pas la réveiller et estimant qu'elle devait profiter du court demi sommeil qui lui été accordé, je m'installai sur un fauteuil près d'elle et entrepris d'attendre son réveil en réfléchissant à la situation, et surtout au moyen d'aider ma Reine à revenir à la place qui lui revenait de droit...

Je lui demandai du bout des lèvres la décoction avant de replonger dans un sommeil agité.

De nouveau des ruines. Le même mage humain, et moi-même, plus jeune et en bonne santé, en train de nous battre avec violence. Cette fois-ci, j'observai la scène de loin. Je vis mon autre "moi" courir vers lui, le toucher, et visiblement lui envoyer un puissant sortilège après avoir esquivé un dragon de feu. Puis le mage avait répliqué en me brûlant le bras. J'avais plongé dans les ombres pour ressortir plus loin.

Le silence. Lui et moi nous observions en silence, reprenant chacun nos forces. Puis tout s'accéléra. Je me vis plonger dans l'ombre et ressortir derrière lui, sauter sur lui... Mais trop loin. J'écarquillai les yeux en voyant mon "moi" ancien s'empaler sur une racine avec violence. Je pus toutefois le blesser avec un tentacule d'ombre avant de sombrer...

Je gémis dans mon sommeil et eut un sursaut qui dû inquiéter Angwedh. Mais mon rêve ne s'arrêta pas là...

"J'enferme tes souvenirs, je les bloques et les caches, je les effaces complètement! Tu oublieras tout de ta vie, de ta magie et de ton passé ... quand tu te réveilleras, si tu survie, alors tu ne seras plus rien, ni plus personne ni dans mon monde, ni dans le tiens! Je te soustrais toute ta puissance Aetherya ! A jamais !"

C'était le mage qui avait parlé. et je compris que si j'avais perdu la mémoire, c'était à cause de lui : il m'avait jeté un sort !
J'ouvrai les yeux, me réveillant en sursaut, et dans un cri je nommai celui qui était responsable de mon état.

"Nakor !"

Je respirai fortement. Il me fallut un temps pour me réveiller complètement, et je constatai qu'Angwedh me regardait avec inquiétude. Aussi, je lui expliquai.

"J'ai fait un rêve... Enfin, pas vraiment un rêve, plutôt une réminiscence... C'était lui... Nakor... Sa faute... Il m'a... Jeté un sort... J'ai perdu la mémoire... A cause de lui !"

J'avait presque crié la fin de ma phrase. Mes paroles pouvaient paraître incohérentes, mais je savais maintenant ce qui m'était arrivé ! Ma mémoire reviendrait certainement plus vite maintenant que j'avais compris pourquoi je l'avais perdue...
Je bus la tasse d'infusion d'une traite, espérant que ma fièvre tombe rapidement. J'avais de nombreuses choses à faire maintenant, notamment récupérer mes compétences magiques au plus vite.
Je me tournai vers Angwedh.

"As-tu une salle d'entrainement ? Dès que ma blessure aura cicatrisé, il faudra que je reprenne des forces pour reprendre mon trône et me venger de ce satané humain."

L'état de ma Reine semblait aller de mal en pis, et je m'inquiétais vraiment beaucoup. Son sommeil semblait agité de rêves violents, et je la voyais se tordre dans tous les sens sur sa couche improvisée en murmurant des paroles incompréhensibles et en poussant parfois des gémissements. Ne parvenant pas à rester en place, je me remis à penser à tout ce qui s'était passé ce jour là. Le retour au Puy suite à la décision pour le moins étonnante du Maître d'armes, puis le congé, avant de rencontrer miraculeusement notre Reine disparue, réduite à poursuivre son errance prisonnière de son amnésie... Enfin la demande de ma souveraine, l'attaque du vagabond sur la place, et notre "fuite" à travers les niveaux intermédiaires de la cité. Le journée avait été longue, mais je sentais qu'elle n'allait pas se terminer de si tôt.
Je regardais Aetherya s'agitant dans son sommeil paradoxal, se retournant brusquement, murmurant des cris inaudibles et des paroles incompréhensible. Je sentais un sentiment étrange naître en moi, étrangé à ma nature. Comme... de l'attachement... Et aussi une pointe d'inquiétude... Non pas que je ne m'étais jamais attachée, après tout je l'étais à mon père, et l'inquiétude ne m'était pas non plus étrangère. Mais c'était la première fois en l'espace de presque deux siècles que je ressentais cette inquiétude pour quelqu'un d'autre. J'entendis un bruissement venant du divan où ma Reine était allongée.Je secouai vivement la tête et retrouvai mes esprits.

Elle semblait de plus en plus agitée, et commençai à pencher dangereusement hors de son lit improvisé. Je m'approchai pour la revlever quand dans un sursaut elle s'assit brusquement en criant.

"Nakor !"

Je la regardai intriguée par ce soudain réveil. Elle semblait avoir du mal à respirer, aussi lui laissais-je le temps de reprendre son souffle et de s'appaiser. Elle tourna la tête vers moi et commença à articuler assez fastidieusement un phrase que je ne compris pas entièrement. Mais je compris qu'il était question d'un certain Nakor, apparement magicien ou sorcier, puisque ma Reine, qui semblait avoir retrouvé la clarté de ses souvenirs, le désignait comme étant responsable de son amnésie. Je fronçai les sourcils.

J'allai lui demander des précisions quand emme posa sur moi un regard qui, je le savais, l'avait rendue célèbre pour son inflexibilité.

"As-tu une salle d'entrainement ? Dès que ma blessure aura cicatrisé, il faudra que je reprenne des forces pour reprendre mon trône et me venger de ce satané humain."

Je souris autant que je le pus, heureuse de revoir ma souveraine dans un état déjà meilleur et... plus Drow qu'auparavant. Je m'inclinai brièvement avant de lui répondre.

"J'ai une petite salle d'arme personnelle. Elle n'est pas bien grande, mais elle est parfaite pour un entrainement ma Reine. Elle est à votre entière disposition, et si vous avez besoin de quelque chose, je serai comblée de pouvoir vous être utile."

Spoiler:

Elle me répondit qu'elle avait bien une petite salle d'armes personnelle dans laquelle je pourrais m'entraîner. Je souris.

"Très bien, enfin une bonne nouvelle."

Je tentai maladroitement de me redresser pour me sustenter un peu, la faim commençant à me tirailler le ventre.
Angwedh se précipita pour m'aider à me mettre sur mon séant, et je pris l'assiette qui était posée devant moi. A la vue de la nourriture, mon ventre gargouilla bruyamment. Je pris une première bouchée de viande, qui passa difficilement dans ma gorge encore sèche, puis une seconde, et une troisième suivit rapidement.
En moins de dix minutes, le plat était terminé, et je reposai l'assiette avec satisfaction. Il était maintenant temps de parler sérieusement.

Je reportai mon regard mauve vers mon hôtesse, une main posée sur ma blessure pour m'assurer de ne pas la rouvrir en bougeant. Après un bref silence, je pris enfin la parole.

"Ma mémoire reste encore confuse, mais je me souviens d'un sorcier, bien plus âgé que moi, qui m'a souvent aidée par le passé. Il me semble qu'il s'appelait... Cham je-ne-sais-plus-quoi... Cela te dit-il quelque chose ?"

Je ne savais pas encore à cet instant que ce Drow avait eu une promotion après mon départ. Il était donc connu de toute la population. Je poursuivis sans même attendre sa réponse.

"Il faut que je le vois. Je ne peux pas sortir, du moins pas pour le moment. Il faudra que tu le ramènes ici. Ne lui dis pas la raison pour laquelle tu as besoin de lui, mais simplement que c'est une question de la plus haute importance. Peux-tu faire ça pour moi ?"

Je toussai, puis m'éclaircis la gorge, attendant cette fois sa réponse.

Spoiler:

Je fus quelque peu surprise par les paroles de ma Reine. Certes, dans la Cité, tout le monde ou presque avait entendu parlé de Cham Sh'rap'wyz, récemment nommé responsable des recherches magiques de l'Etude Noire. Mais je m'étonnais que ma souveraine le connaisse, alors que nous n'avons commencé à entendre parler de lui bien après sa disparition, mais le fait qu'elle désire le rencontrer sa mémoire à peine recouvrée du mons partiellement, m'intriguait encore davantage. Je finis par me dire que mon "invitée" avait sûrement des raisons bien à elle de faire appel à ce mage, et qu'après tout, c'était elle la Prime Sorcière. Par conséquent elle savait ce qu'elle faisait, et aussi sur qui elle pouvait compter. Sans compter qu'à la vue de l'entreprise qu'il allait falloir mettre en place pour reconquérir le trône qui lui revenait de droit, l'aide d'un personnage haut-placé serait plus que bienvenue.

Sur ces réflexions, je m'adressai à ma souveraine une fois qu'elle eût fini son repas:

"Cham Sh'rap'wyz ma Reine? Le responsable des recherches de l'Etude Noire? Oui, je pense pouvoir vous l'amener ici. L'approcher ne sera pas chose aisée mais je le ferai venir dès que possible. Mais il va falloir sûrement que je le contacte discrètement, car l'arrivée d'une Veldruk au département des recherches magiques pour une entre-vue avec le plus haut responsable du dit département ne risque pas de passer inaperçue... Je pourrai aussi essayer de le trouver dans la Cité, pas nécessairement dans le batiment même. Mais pour cela je devrai surveiller l'entrée de l'Etude pour pouvoir l'approcher au bon moment. Et cela implique que je vous laisse seule un moment. Mise à part cela, je pourrai sans nul doute le faire venir ici."

Je regardai rapidement ma Reine avant de poser la question que je retenais depuis sa demande.

"Est-ce un allié de confiance ma Reine? Je ne voudrai pas que l'opération délicate que nous devons entreprendre soit compromise par 'lindiscrétion de certains. Non pas que je mette en doute vos demande, mais je ne pardonnerai pas d'échouer pour une quelconque raison..."

Angwedh me donna le nom exact du sorcier, et j'acquiesçai. Oui, c'était bien lui. Je ne pouvais que me réjouir de la réaction de la Sombre, qui commençait déjà à chercher un moyen de l'aborder. Je souris à la Drow.

"Ne t'en fais pas, je sais que tu trouveras un moyen de lui parler..."

Puis, sur ses gardes, elle me demanda si le sorcier était un homme digne de confiance. Je haussai les épaules.

"Je ne peux pas te l'affirmer avec certitude, mais je pense que oui. Après tout, il m'a été fidèle lorsque j'étais au pouvoir, et je pense qu'il sera surpris de me revoir... Mais il ne me trahira pas. D'après ce que j'ai entendu lors de mon errance dans les bas-fonds, la garce qui me remplace n'est guère populaire, puisque tout le travail de reconnaissance des sorciers est le fruit de mon labeur..."

Cette longue tirade m'avait épuisée. Je me rallongeai et fermai les yeux, une main posée sur le bandage entourant ma blessure.

"Ne t'en fais pas pour moi, dans mon état je ne bougerai pas. Va chercher Cham Sh'rap'wyz et ne reviens pas sans lui."

Je laissai un blanc, puis conclus sur un ton amusé :

"De toute façon, il sera bien trop intrigué pour refuser de te suivre..."

Sur ces belles paroles pleines d'espoir, je retournai à mes rêves...

Spoiler:

» [Esplanade des 9] Le retour de quelques héros
» [Esplanade des 9] Trame de l'hydre :: L'Ordalie des Flammes
» [Esplanade des 9] Aux Armes !!! (996:X, signature code drow)
» [Esplanade des 9] Trame de l'Hydre :: Ordalie & Braises • À qui de drow !
» Sous le regard du puits | Flourens

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée