L'Auberge et l'écrivain [Varek]

Celiwintesse Mavern marchait rapidement dans la rue sombre, ses cheveux roux dans sa capuche. Revêtue de sa cape à capuche noire, elle s'était bien trop attardée, assise au pied d'un arbre et rédigeant ses poèmes. Il devait être au moins vingt deux heures, et il était trop tard pour rentrer chez elle, c'était bien trop loin. D'autant plus que les rues de Diantra sont parfois mal fréquentées, surtout de nuit. Il faisait sombre, ce qui ne facilitait pas sa recherche d'auberge ; après un laps de temps qui lui parut interminable, elle aperçut enfin une enseigne. Les jambes douloureuse, elle s'approcha, les yeux émeraudes levés sur le nom de l'auberge écrit au dessus de la porte. L'écrivain plissa les yeux : impossible de savoir le titre. Elle poussa donc doucement la porte et entra dans l'auberge. Enfin de la chaleur ! Comme l'humaine s'y attendait, c'était plein d'hommes ivres mort. Elle retira sa capuche, laissant ses cheveux lui tomber jusqu'à la taille. Les hommes parlaient fort, créant un brouhaha qui lui faisait mal aux oreilles après le calme de la nuit. En général, elle évitait ce genre d'auberges : c'était plein d'alcooliques, la nourriture était sèche et la plupart des gens affichaient une mine lugubre et menaçante, enfin, jusqu'à ce qu'ils soient bourrés à bloc. Elle se dirigea lentement vers le patron, un vieil homme à la voix caverneuse. Le sol était jonché de nourriture, et les gros sacs des clients étaient posés à côté des tables. Un vrai parcours pour quelqu'un doté d'autant de maladresse qu'elle ! À son grand soulagement, elle ne trébucha point. Elle était presque arrivée à sa destination quand son sac à bandoulière tapa contre une chope de bière qui se renversa... sur son propriétaire. Horrifiée, l'écrivain regarda l'homme se lever dans un raclement de chaise. Elle devait les yeux très haut pour le regarder. C'était le genre brute, même grande brute. Celiwintesse déglutit. Et voilà, ça devait arriver, dès qu'elle entrait dans ce genre d'endroit, ça se terminait mal. Qu'allait donc lui faire cet homme? Il n'avait pas l'air très commode, mais de toute façon, à quoi s'attendait-elle? Qu'il lui dise "Ce n'est pas grave mademoiselle, je vais nettoyer" avec un grand sourire? Ben voyons. Le silence était tombé soudainement dans l'auberge, lourd et presque inquiétant. Tous les yeux étaient rivés sur l'homme et la rouquine, comme si ils regardaient un spectacle. Personne ne comptait intervenir, de toute évidence. Ca allait sûrement être sa fête, et il était presque certain pour elle que si l'homme lui donnait un seul coup de poing, sa tête allait exploser. C'était poétique, comme image, aussi elle décida de la chasser de son esprit pour le moment angoissé.
"- Vous allez regretter de m'avoir fait cet affront..." gronda l'homme d'une voix tonitruante.
Celiwintesse sursauta et répondit, la voix tremblante :
"Je... Je ne l'ai pas fait exprès, je vous le jure..."

Sa voix se tut. Elle crispa sa main sur son précieux sac, qui contenait tous ses parchemins, et d'autres petites affaires. Elle remercia le ciel de lui avoir offert de l'intelligence, et elle entrouvrit le sac pour y glisser sa main afin de prendre son couteau, ce que l'homme remarqua bien sûr aussitôt. Il la saisit par le bras et lui pris son sac. La jeune femme cria ; ses poèmes, ce dont elle avait besoin pour vivre... Il ouvrait le sac...

"Non ! hurla-t-elle. Pas mes parchemins !"

Du coin de l'oeil, elle aperçut un autre homme se glisser vers elle et la brute... Ami ou ennemi? Cel' retint un frisson et fixa le celui qui arrivait, essayant de dégager son bras de la poigne de fer de l'autre humain, qui allait probablement détruire ses poèmes d'une seconde à l'autre.

Celiwintesse regardait l'autre homme approcher. Il avait une allure assurée, et il était bien armé. Aussi il n'avait pas l'air d'être hostile, au contraire de celui qui détenait son sac et lui tournait le dos.
L'homme tapota l'épaule de la brute, qui se retourna, déserra sa pression sur le bras de la rouquine qui put enfin se dégager.

"Hein quoi !"

"Dit moi l'ami crois tu que c'est comme ça que l'on reçoit une femme dans une auberge ? "

Celwintesse lâcha un soupir de soulagement. De toute évidence, l'inconnu allait lui venir en aide de façon efficace.

"Passe ton chemin avorton, cette garce ma contrarier alors si tu ne veux pas finir en pièce de viande pour les porcs dégage !" répliqua l'autre.

L'homme allié fit alors un petit rire, qui n'avait rien de naturel. C'était un rire qui reflétait sa colère, et l'écrivain ne pu que remarquer ses poings qui se serraient.


"Mauvaise réponse l'ami...Je comptes rester là mais toi tu dégage."

Il frappa alors la brute au ventre d'un poing violent et précis qui torda l'individu de douleur. Cel' écarquilla les yeux tandis que son défenseur enchaînait avec un claquement des mains sur chaque oreilles du grand baraqué et il lui donna un coup de genou puissant dans le visage, l'homme sur une table sous le coup. Cel' resta muette. Celui qui avait défendu sa cause était bien entraîné au combat, même si c'était contre un homme sans armure ni arme elle l'avait remarqué, il lui avait porté des coups précis. Elle détacha son regard de l'ivrogne cloué à sa table pour le reporter sur l'inconnu. Les gens s'étaient rassis et murmuraient de nouveau, de toute évidence elle avait manqué une courte scène au cours de laquelle quelque chose les avaient persuadés de retourner à leurs boissons. L'inconnu prit son sac, jusqu'alors dans les mains de celui qui le lui avait retiré et il le lui rapporta.

"Ceci est à vous je crois...La prochaine garder votre capuche sur votre tête. Il n'est jamais bon de venir ici et d'être une femme surtout quand elles sont jolies comme vous."

Le teint de Cel' rosit légèrement. Il la trouvait jolie? Elle lui répondit avec un sourire, toute en saisissant son sac avec délicatesse :

"Merci beaucoup. Cela aurait eu des conséquences terribles sur moi si cet homme avait détruit mes parchemins et mes poèmes... J'imagine d'ici la tête de mon mécène lorsque je lui aurais annoncé que je n'avais plus de parchemins ni de poèmes"

Elle décida d'éclairer l'homme sur ce qu'elle faisait, même si cela paraissait désormais évident.

"Je suis écrivain. En fait, je viens à peine de rentrer dans cette auberge, je me suis attardée en rédigeant mes textes... D'habitude j'évite ce genre d'endroit, mais ce soir, je dois m'y restaurer et dormir car je n'ai guère d'autres choix. Je me nomme Celiwintesse Mavern. Puis-je savoir votre nom?"

Elle avait envie de faire connaissance avec cet inconnu qui lui avait si habilement sauver la mise. La soirée promettait d'être longue...

"Je me nomme Varek, damoiselle et je comprend parfaitement que l'on puisse être investit par son travail."

Ah, elle connaissait enfin son nom...

"Surtout que le votre doit être passionnant je me trompe?"

"Oui, j'aime beaucoup ce métier, mais on ne peut pas dire que ce soit très sportif." répondit Celiwintesse en souriant.

Varek continua sur sa lancée :

"Je veux dire écrire, imaginer un autre monde que le notre n'est-ce pas merveilleux d'avoir ce don divin ?"

"En fait, j'écris surtout des poèmes... C'est un peu un autre monde, comme si on regardait ce qu'il y avait autour de nous avec des yeux qui n'étaient pas les nôtres... J'ai un mécène qui me laisse beaucoup de liberté dans mes livres, on peut dire que j'ai eu de la chance de tomber sur lui un jour..."

Celiwintesse avait remarqué que Varek était très intéressé par son travail d'écrivain. Aussi, l'homme reprit la parole.

"Oh pardonnez moi avec toutes ses questions vous avez peut être envie de vous reposez ou bien de souper dans votre chambre ?" -L'écrivain acquiesça- "Aubergiste ! Apporte un repars chaud dans ma chambre et prépare une chambre pour la demoiselle je paierais les frais pour sa nuit."


"Merci beaucoup !", s'exclama la rouquine avec chaleur. "En entrant, je ne me serais jamais attendue à rencontrer quelqu'un tel que vous... Comme quoi, ces auberges n'ont pas que du mauvais."

Se faire payer une nuit à l'auberge... Merveilleux.

"Venez nous discuterons dans ma chambre et vous pourrez souffler et surtout manger un morceau. Je préfère vous voir en haut que ici. Car pour être honnête je crois qu'une dizaine de ces gars vous reluques et pas vos charmants yeux je crois..."

Glissant un coup d'oeil aux clients de l'auberge, Cel' remonta sa cape et sa capuche presque par réflexe. Varek avait peut-être raison, et puis, on n'est jamais trop prudente.

"Allez suivez moi Celiwintesse ce soir vous dormirez au chaud et en paix."

Se retournant vers l'homme, l'écrivain sourit à nouveau. Ce n'était pas souvent qu'elle rencontrait des gens qui lui parlait ainsi, qui ne la traitait pas comme si elle était un genre de courtisane difficile, ou qui lui parlait tout simplement comme si elle leur était inférieur. Enfin, on lui témoignait de l'intérêt pour son talent. Elle le suivit avec prudence (car elle avait peur que sa maladresse lui joue encore des tours) et monta l'escalier avec légèreté. Une fois devant la porte de la chambre, elle avisa de nouveau l'armure de Varek et lui demanda quel était sa profession avec curiosité.

Varek ouvrit la porte et ils entrèrent dans la chambre de l'auberge. Cel' regarda autour d'elle tandis que Varek répondait à sa question. Elle se tourna vers lui.

"Je suis mercenaire j'aide les pauvres ou marchands à traverser notre bas monde. Et je me bas le plus souvent pour aider ceux dans le besoin un peu comme ce soir. C'est d'ailleurs pour cela que les prix pour moi ici sont réduits. Comme quoi on croit que être au service des nobles rapports. Je vous répondrais oui mais cela ne rapporte pas de la sympathie et du bon. Ici les gens sont dans le besoin j'essaie de rendre leur détresse plus légère."

C'était donc ça. Si il l'avait défendu, c'était en partie grâce à son métier. L'écrivain vit le repas arriver et sentit la faim resurgir. Elle suivit le plateau des yeux. Du boeuf, des haricots et un morceau de pain...

"Bien et si vous mangiez un peu ?"

Celiwintesse sursauta. Absorbée dans la contemplation de son repas, elle avait totalement oublié le présence de Varek. Celui-ci alla voir l'aubergiste et échangea quelques mots avec lui tandis que la rouquine s'asseyait. Elle avait envie de se jeter sur sa viande mais se força à manger convenablement. Elle goûtait la première bouchée de son repas quand le mercenaire revint. Il lui demanda si le repas était mangeable et elle acquiesça silencieusement, étant donné qu'elle avait la bouche pleine.


"Sinon je tenais à vous dire que je vous laisse mon lit pour la nuit."

Cel' s'apprêtait à rétorquer, mais à peine eut-elle ouvert la bouche que Varek reprit la parole.

"L'auberge est complète ainsi je dormirai demain après midi. Et ne dites rien j'ai l'habitude de dormir à n'importe quels heures."

"A présent (il ferma la porte) Parlez moi un peu de vous votre vie, Vous vivez chez un noble ? Ou bien avez vous une demeure peut être ? Pardonnez moi sur ces questions mais je me demande à quoi ressemble la vie d'un écrivain."

La rouquine avala ses haricots avant de répondre à Varek, qui s'était assis non loin d'elle :

"Non, je ne vis pas chez un noble mais dans une modeste demeure qui doit se trouver à trois heures de marche d'ici. Elle est assez silencieuse, c'est d'ailleurs pourquoi là est mon foyer. Il est difficile d'écrire dans le bruit de la cité, surtout que les voix des gens de la ville n'inspirent guère de poèmes, pour la plupart. Il m'arrive souvent de m'éloigner de la cité afin d'être au grand air, dans le calme, comme cette après-midi. Mais ma vie n'est pas bien différente d'un citoyen normal, j'imagine, ajouta-elle avec un sourire. J'aime aller au marché et discuter avec les gens, en même temps que d'acheter la nourriture. Et vous, vous logez à Diantra ? Est-ce que vous bougez beaucoup? Vous êtes déjà allé dans d'autres villes?

Oui, Celiwintesse posait beaucoup de questions. Mais elle était aussi intéressée par la vie de Varek que lui semblait l'être par sa vie. Il était si gentil avec elle, lui laisser son lit pour la nuit était vraiment quelque chose qui ne ressemblait pas à une action qu'aurait fait bien d'autres personnes fréquentant ces auberges. Elle le fixa et l'écouta tout en retirant de nouveau sa capuche. Il faisait bien plus chaud ici qu'en bas, grâce au feu qui crépitait dans la cheminée, aussi elle retira sa cape entière, se retrouvant en robe bleue clair. Elle voulait en apprendre plus sur ce mercenaire et il semblait qu'elle se coucherait plus tard qu'elle le pensait.

Varek semblait avoir remarqué son malaise, ce qui n'avait en soi rien d'étonnant. Il s'approcha d'elle en en posant ses mains sur les épaules de Cel'. Il lui sourit et lui répondit.

"Vous savez, que vous soyez innocente ou non ce soir je pense que nous pouvons oublier tout cela...Notre monde depuis ces dernières années nous a montrée que nos vies sont si fragiles et sans importances...Bien que chacun nous ayons fait du mal ou du bien...Je pense...Oui je pense que ce soir nous pouvons nous accorder une pause...L'espace d'une nuit soyons juste qui nous sommes en ce moment..."

Cel' le regarda dans les yeux. Il y avait tellement de vrai dans ce qu'il disait... Elle soutint son regard, ne sachant que dire tandis qu'il passait rapidement une main dans ses cheveux roux. Puis il se retourna avec un frisson. À cause du courant d'air venant de la fenêtre ou de quelconques pensées? L'écrivain n'aurait su le dire. Il poursuivit en regardant Diantra sous les étoiles.

"Pour ce qui est de moi...Mes actes passées comme vous dites...Je pense qu'ils sont restés juste tout au le long de ma carrière...Je n'es jamais cherché à faire trahir ou bien penser à moi uniquement...Je reconnais que j'ai tué parfois pour si peu et peut être que je me suis trompé...Mais tout le monde fait des erreurs même nos dieux...alors..."

Lui, il avait tué pour peu? Ce qu'avait fait Celiwintesse était peut-être moins grave que tuer intentionnellement, mais elle n'en restait pas moins pleine de remords.

"Tuer pour peu est sûrement une erreur, mais je ne suis pas dans votre esprit. Peut-être après tout que vous vous en faites pour rien, qu'ils le méritaient"

Pas comme dans mon cas, ajouta Cel' en son for intérieur. Malgré elle, elle se demandait qui avait tué Varek et pourquoi. Mais si elle posait une question, lui voudrait sûrement savoir la vérité sur elle aussi. Mais elle n'était pas prête. Varek soupira et ajouta :

"Pourquoi Celiwintesse vous avez un lourd passé que vous voudriez oublier pour une nuit ? ou bien pour toujours ? Vous savez il n'est pas commun de voir une écrivaine armée d'une arme de protection...Surtout qu'il faut savoir la manier..."

C'était injuste. Elle ne lui demandait pas pourquoi il avait tué ces gens, même si elle aurait bien voulu le savoir. Mais peut-être que... si elle se confiait à quelqu'un... elle se sentirait mieux? Mentir ou être sincère? Ou ne rien dire du tout?

"Eh bien... Disons que maintenant, je suis armée pour me défendre, comme ce soir par exemple... Je devrais garder mon couteau dans une poche, ce serait plus prudent."

Elle avait dit cela avait un sourire légèrement forcé.

"Par le passé j'ai du m'en servir pour survivre. Mais je ne pensais pas que..."

Elle s'interrompit, revoyant le scène se dérouler devant ses yeux comme si elle était en train de la revivre. Ce lac...

"Bref, et si on s'asseyait? On serait mieux pour parler, non?"

[HRP : désolée pour le retard, ma semaine a été (trop) remplie et j'ai pas eu le temps]

Alors qu'elle rouvrit les yeux, Varek la regardait d'un air assez compatissant. Cel' se laissa faire quand il l'a pris dans ses bras. Elle n'avait pas l'énergie de dire quelque chose de toute façon, et encore moins de faire un mouvement.

"Chut chut ne pleurez plus Celiwintesse...Le passée est le passée...C'était un accident vous étiez une enfant...Et votre mère...Ce n'est pas de votre faute. Elle a sombré parce qu'elle ne voyait pas la lumière que vous étiez...Allons ca va allez..."

Cel' ne se rendait même pas compte que ses larmes coulaient sur la chemise du mercenaire. Jamais elle ne s'était confiée à quelqu'un et cela l'avait libérée, mais le chagrin persistait comme la peste. Varek la souleva de sa chaise et la porta jusqu'au lit où il la posa. Il la regarda et prit la parole.

"La soirée a été chargée en émotion je trouve Celiwintesse. Et il serait sage que vous vous reposiez.Le chagrin écrase nos cœurs en permanence et le seul moyen de l'oublier et de faire des rencontres, écrire, se battre et j'en passe. Mais sachez que vous devez vivre pour vous suis je clair Celiwintesse ?"

Cel' murmura son approbation avant de se glisser dans le lit, Varek debout à son côté. Elle se tourna vers le mur et elle entendit faiblement Varek se glisser dans le lit de fortune qu'il avait aménagé par terre. Elle poussa un long soupir, persuadée qu'elle mettrait une heure entière à s'endormir. Mais dès lors qu'elle ferma les yeux, elle sombra dans un profond sommeil sans rêves.

fin

(désolée pas trop d'inspi)