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 Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek]

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Dun Eyr
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MessageSujet: Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek]   Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek] I_icon_minitimeDim 27 Mar 2011 - 20:50

Jodir, dont la rude toison avait bien blanchi ces dernière semaines, laissa le pigeon rebondir à son perchoir, et le Nain cracha goulûment sur les fientes du sol.

Lorsque les événements de Kirgan avaient saisi les environs, et que la peuplade des Nains s’était amassée en troupeau grouillant dans les étroites artères de Lante, Jodir avait abandonné là ses outils de forgeron, et s’était comme tous aventuré au-dehors, pour voir ce qu’était cette cohorte de Nains noircis en fumerolles. Rares avaient été les tels bouleversements dans la paisible quiétude du Nain à sa forge qui, paisible, se dorait doucement les poils de barbiche en fumant une bonne pipe de bois-de-roche.
Dun Eyr, le vieux compagnon de Jodir – celui-là même qui avait amené le chevalier crasseux aux Falaises, il y avait une éternité de cela – avait bondi par-devers les ruelles de Lante, esquintant une biquette sous ses éperons pour s’en aller ébouler quelques royaux entrepôts ; et l’on disait que les Ours de Kraka allaient avec lui. De cela, Jodir n’avait eu que maigre connaissance ; il était, à cette heure-là, bien trop occupé à négocier une cargaison de bonnes hachettes, auprès de quelques confrères à la trogne un peu louche, mais rubis sur l’ongle. Toutefois, parmi le grand peuple des Nains soudainement comprimé en une seule petite bourgade achalandée, l’ancestral talent des barbiches babillantes s’était bien vite éveillé d’entre les racontars, et toutes les rumeurs, et toutes les mémoires avaient filé en quelques jours, tandis que naissaient les première fièvres. Jodir, par l’entremise de quelques-uns, qui d’autres le tenaient, et de fil de barbiche en aiguille de parlote, avait bientôt entendu à ses oreilles le clapotement de ceux qui avaient vu filer Dun Eyr. Déjà, le Maître Ciseleur avait fait fuir quelques-uns de ses comparses, il y avait bien longtemps de cela, et on les prétendait réfugiés dans quelques tavernes de la Sorgne, ou bien encore de l’Arétrian – improvisés bouilleurs de crus, brasseurs de poisons, ou quoi encore ; l’imagination est bien fertile sur ces points de légende.
Que le Haut-Prêtre eût disparu depuis des mois ; qu’il n’eût refait surface qu’après les désastres de la Fournaise et de la Malenuit ; qu’il eût aussitôt filé, à bride rabattue, pour s’en aller se terrer dans quelques cales de caravelle, voilà bien qui acheva de porter tout le discrédit des fuyards sur le Lirganique qui – racontait-on – était devenu bien sénile.

Et s’il n’y avait eu le pigonesque messager venu un jour, Jodir s’en serait retourné à ses fourneaux sans autre forme de procès.
Mais voilà, Dun Eyr, des tréfonds de son exil – un jour Arétria, le lendemain sur les flots, et puis encore Soltariel ou d’autres provinces plus Suderones encore – avait catapulté vers ses frères du Nord, et vers Jodir le premier, quelques souvenirs et quelques nouvelles de son odyssée en terre humaine et conquise. Le Haut-Prêtre prétendait avoir trouvé belles contrées, et fières rocailles, pour accueillir les Nains qui eussent voulu s’extirper de la Tourmente du Nord.

Mais las, tout cela n’était bien que paroles – et voici que cette missive-ci, sous cavalcade de son ailé colporteur, annonçait le grand échec de notre Dun Eyr. Que les terres de Sybrondil avaient cessé de lui sourire ; que les Trente Nains n’en pouvaient plus, et déjà grondaient, à s’escrimer sur les flots du Sud.
Que peut-être, queue entre les jambes, tête basse, il allait s’en revenir vers le Nord pour s’entasser, à quelque recoin, sous les frontispices ébréchés des Temples.


Plus défait que Nain chu dans l’Océan, Jodir s’en fila, errant aux abois de la Cité et de l’Enclave, bousculant çà et là quelques Humains indélicats. Ces quartiers-là, expurgés hors de la bourgade, et mal-bâtis par bric et par broc, avaient rapidement acquis une fière apparence d’œuvre piteuse d’un quelconque zélote de Rodmin en mal d’amour de biquette. Tout ceci n’était plus qu’ombres trapézoïdales, longues tentures bariolées, et des ruelles infinies qui en tous sens serpentaient parmi les reliefs et les détritus. Cheminant à l'aveugle, au détour d’un rû de caniveau, sur les placettes improvisées que cinq bâtisses mal ajustées faisaient naître, Jodir tomba alors, au confluent de quelques allées venteuses, sur un petit amas de tonnelets de bière, environnés çà et là d’un petit amas de Nain et d’autres êtres, plus ou moins suspects. C’était désormais la gargote sauvage, que la levée des lois martiales avait fait refleurir à toute force ; et l’on s’y emplissait les gosiers de bière torve, entrecoupée de sang de Gobelin, toujours un regard par-dessus l’épaule pour surveiller les milices clairsemées.
Les comparses d’un soir ou d’une nuitée, autour de grandes tonnelleries bancales, livraient leurs économies aux cruautés d’un hasard du jeu, jetant quelques osselets coniques pour savoir qui raflerait la mise au demeurant bien maigre. Au-delà d’empocher ce maigre pécule, c’était bien plus un vieil art de courtoisie chez les Nains, que celui de tisser autour d’un peu de hasard, et de beaucoup de breuvages, les bonnes amitiés de ces temps troublés. Les billets griffonnés, les murmures soufflés, s’y échangeaient de cape en cape, entre silhouettes diversement grandes, et à la respectabilité variée. Les onces de bon fer de bataille, et les coudées de cognac-de-kobold prétendument scylléens, s’y marchandaient fort joyeusement – mais à la moindre patrouille, les moineaux du complot se dispersaient à tire-d’aile entre les rues mal équarries.

Jetant ses piécettes au fût, Jodir s’adossa à un muret mal étançonné, et laissa les douceurs brumeuses du houblon lui étancher un peu de malheur.
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Hogan Foth
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MessageSujet: Re: Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek]   Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek] I_icon_minitimeLun 28 Mar 2011 - 17:44

Nombreux étaient ceux à connaître l'enclave, de l'intérieur, ou d'un simple bouche à oreille. Hogan, lui, ne connaissait pas. Peut être avait-on oublié de l'informer.

" Qu'es-ce que c'est que ce foutoir ?! " Ainsi furent les premières paroles prononcées par notre héros, qualifiant l'endroit à sa juste valeur.
D'une démarche peu glorieuse, le soldat partit en quête de découverte, déambulant entre les rues putrides de la petite citée.

Des groupes de mendiants se trouvaient prostrés dans différentes ruelles, braillant un semblant de parole autour d'un tonneau où vivait un petit feu. Les murs étaient encadrés d'étals, prestigieux ou non, certains éclatés à terre laissant des cadavres de planches sur le pavé.
Hogan évitait soigneusement les passages peu éclairés, de peur de se faire abuser par un régiment de violeur. Ainsi il se déplaçait uniquement dans les grandes avenues, éclairées par l'astre blanche, contournant les groupes de clochards, et décryptant les enseignes de taverne.
Ce n'était pas génial ici. Encore un coup à jaunir sa couche. Rien de bien intéressant, même les auberges avaient des noms proche de la dyslexie, comme " la Tchau'ss ", ressemblant plus à un nom de chaussette qu'un endroit de beuverie.

La main qui vint lui frapper sèchement l'épaule faillit mettre un terme à sa vessie. N'arrivant à contenir un cri des plus aigüe, Hogan se retourna, hache levée.
" Tu cherches ton chemin, mon petit ?! "
Une vieille femme à l'aspect repoussant tenait en respect le petit être, son visage à quelques centimètres de son interlocuteur.
" Va t-en immonde sorcière ! " Hurla le soldat, abattant le manche de son arme sur le crâne poisseux de la démone. Un craquement sec envoya le corps inerte de la pauvre femme à terre ; laissant un filet de sang s'échapper indubitablement de l'ouverture.

" How bordel ! J'ai tué une sorcière ! " Se méprit Hogan, ne songeant pas que son coup manquait tellement de force qu'il n'était même pas capable de se débarrasser d'une vieille dame, ni même d'un enfant.
Ne pouvant se résoudre à quitter des yeux le filament rougeâtre, la respiration saccadée s'accélérant de plus en plus, le nain n'arrivait à se décrocher du lieu du crime.
Des bruits de pas à quelques mètres le firent sursauter. Gardant la hache en main, le jeune nain s'effaça dans une ruelle adjacente, frappant plusieurs caisses sur son passage des plus discrets.

Il courait pour sa survie, n'espérant pas tomber sur un mendiant assoiffé de sang, ou une autre sorcière folle.
Un sens de l'orientation digne d'un morveux de cinq ans, le soldat s'enfonçait plus profondément dans les dédales sombres de l'Enclave.
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Hardrek Poing-de-Fer
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MessageSujet: Re: Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek]   Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek] I_icon_minitimeMar 29 Mar 2011 - 14:15

Pareil à l’ombre du destin, nous survolons l’Enclave. Sentez-vous les effluves nauséabondes de ce lieu qui vous chatouillent les narines ? Ici se trouvent ce qu’il reste des non-nains de Lante, ceux qui n’ont pas voulus s’en repartir dans le royaume. Tels de fiers pionniers face à la steppe farouche et hostile, ils restèrent, respectant les édits leur interdisant le passage des murs mais ne quittant pas pour autant la région. Ah, quel courage, quelle abnégation, quelle… volonté de continuer leurs petites affaires.

Nous survolons l’Enclave, ai-je dit. Esprits sans chairs, nous traversons murs et portes, nous sondons les cœurs, les envies, les haines de ces habitants. Mais ? Quel est ce bruit ténu ? Là, dans cette ruelle obscure, lieu de toutes les traîtrises et de toutes les infamies. On dirait des chuchotements, des voies qui tentent de se soustraire à la curiosité des autres. Chut… laissons nous flotter par le vent et approchons-nous. Nul ne peut nous voir, nul ne peut nous entendre. Quels secrets infâmes allons-nous mettre à nu en ce jour ? Écoutons…

Ah, par les couilles de Mogar, ca soulage !
Tu l’as dit bouffi, j’avais les dents du fond qui baignaient !

Les deux soldats refermèrent leurs braguettes sous l’œil navré du narrateur qui venait de se rendre compte que pour la ténébreuse affaire machiavélique et cruelle, il lui faudrait repasser.

Nos deux compères, leurs vessies soulagées, ressortirent de l’impasse d’un pas joyeux pour se voir littéralement sauter dessus par un petit groupe d’humains qui soutenaient une vielle femme… enfin cela ressemblait à une femme, ils ne se sentaient pas d’aller vérifier. Les humains paraissaient affolés et se mirent à parler tous en même temps.

Messieurs les gardes, messieurs les gardes !
C’est affreux ! Horrible !
Un criminel rôde dans ces rues ! Écoutez ce qui est arrivé à la vielle Marthe.

La vieille femme, car nous supposerons que c’en est une, avait le visage blême et un filet de sang coulait sur sa tempe. D’une voix faible, elle expliqua l’odieuse agression dont elle venait d’être victime :

J’ai été attaquée par un monstre hideux. Son cri de haine me perce encore l’oreille et son haleine empestait comme un égout. Il était velu, couvert de crasses et brandissant une hache terrifiante qui fumait d’une magie maléfique. Il a du me croire morte et aller chercher d’autres victimes. Vous devez nous protéger, votre général l’a promis !

Les deux soldats se retrouvèrent bien embêtés. Certes le général Ironwrist avait accepté de faire mener des patrouilles dans l’Enclave afin d’y limiter la criminalité, mais l’idée de traquer dans ces ruelles un nain (car la description de la vielle Marthe correspondait assez bien à celle d’un frère des tunnels) dangereux et prêt à tuer quiconque croiserait sa route ne constituait pas la patrouille la plus sereine qui soit. Dans ce genre de cas, une solution s’imposait d’elle-même.

L’un d’entre nous devra retourner au poste de garde afin de prévenir le sergent qu’un fou sanguinaire hante les rues de l’Enclave.
Très bonne idée, j’y vais.
Non, moi.
On joue ca à pile ou face ?

Sortant sa pièce à double face, le soldat le plus rusé des deux la lança, gagna, et s’en alla d’un pas guilleret faire son rapport tandis que Krost restait seul pour traquer le maléfique Hogan. Après avoir tué un enfant innocent (du fait d’un lancer de hache complètement loupé), ce monstre de cruauté s’attaque aux vieilles personnes !

Vous me demanderez peut être pourquoi j’ai attendu aussi longtemps pour donner un nom aux gardes, mais vu que l’un des deux ne réapparaitra pas, je n’allais pas me fatiguer à trouver deux noms. Krost donc, maudissant le destin qui le flanquait dans cette panade pas possible, resserra les sangles de son bouclier, empoigna fermement le manche de sa hache et s’enfonça dans les ruelles obscures.

Vers son destin…
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Dun Eyr
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MessageSujet: Re: Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek]   Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek] I_icon_minitimeMar 29 Mar 2011 - 16:10

Longuement, dans un admirable claquement de langue fort esthétique, Jodir cracha sur le sol bruni – signe auprès des brigands et autres crève-nuques, d’acquiescement et de participation aux petites affaires du jour. C’était ainsi que, au travers de toutes les ruelles crasses de l’Enclave, se formaient pour une nuit de redoutables associations à la morale plutôt lâche.
La transaction du jour, ou plutôt de la mi-nuit, portait sur quelque surplus d’alcool de baies du Septentrion, coupé aux rasades de pus de marmotte, et d’un peu de sang de Gobelin pour le liant. Autrefois abject breuvage dans les fins établissements de Lante la Marchande, c’était aujourd’hui, entre les salissures des quartiers éventrés, un cocktail comme les autres.
Il était saisissant d’apercevoir avec quel talent les Colibris de Lante, car ainsi nommait-on ces bandes éphémères de chapardeurs et de receleurs, avaient su mettre sur pied un matériel de haut-vol, pour transborder toute nature de marchandise au creux de la nuit. Balances de bois, jarres de terre salée, ou bien encore de longues pipettes à vin faites de quelques bambous dérobés à un nobliau de passage, c’était un attirail plus qu’honorable que déployaient là les quelques bandits d’un soir. Toutefois, pour l’heure, c’était un stupéfiant entrelacs de fioles fendues et de débris de laborantin, probablement arrachées aux décombres des entrepôts pillés les premiers jours, que manipulaient quelques silhouettes encapuchonnées. Le génie des Nains, assisté d'une poignée de survivants du Culte de Rodmin broyé sous Kirgan, avait vite su pallier le manque d’ustensiles pour la négoce sauvage, et c’était un authentique alambic de très haute facture que mettaient en place, de trois gestes, les marchands de la capeline. L’un faisait le guet sur le boyau proche.

Cinq outres en peau de bouquetin, encore chaudes, pour les cinq personnages qui ce soir étaient sur la place. Jodir, d’un coup d’œil, vit repasser les coûts du marché de la veille – oh, non pas les petits étals dégarnis du Quartier des Chalands, mais bien la vaste Cave du Sud, où finissaient par s’amasser tous les vivants de Lante, lorsque chasser les chats errants ne suffisait guère plus à nourrir des estomacs de Nain. Le cocktail de baies au Gobelin, ces jours, avait bonne presse, en conséquence de quoi les prix narguaient allègrement les Bières de Belette, et même la Vinasse d’Hautval – ou ce qui en tenait lieu et place, tant les saveurs d’Hautval n’avaient guère atteint Lante depuis bien longtemps.
Jodir, farfouillant les revers de son capuchon – vivre une semaine à Lante vous apprenait à ne guère laisser de piécettes, ou quoi que ce soit, dans le fond de vos poches nécessairement vidées six fois par jour – jeta six lamelles de bronze sur le rebord du tonnelet. Le bronze, allègrement pillé de toutes les forges du Quartier Nord, et même de quelques statuettes ou colifichets divers, était en passe de devenir la monnaie forte de Lante. Du moins pour ces dix jours, avant que tout fût épuisé, et que le marché noir adoptât une nouvelle devise ; fer, opaline, aventurine, l’imagination des trafiquants se trouvait sans borne pour élire un moyen de paiement.

Pour autant, les Colibris nocturnes avaient beau prospérer, quelques accident se produisaient de temps à autre – et que l’un des cinq grognât, qu’il renâclât à cracher au bassinet, et que le coutelas fût tiré pour régler les menus différends ; eh bien, sans figurer une tragédie baroque, c’était bien là un petit accident.
Le mauvais payeur allongea le bras, et envoya une longue giclée de bon sang rouge hors de la gorge d’un comparse ; il ne s’était pas retourné, que sa propre tête, dûment achoppée, roulait aux côtés de la première.
Pas un mot, pas une parole. La douzaine de lamelles de ces deux-là, fut partagée en trois parts égales ; et, repoussant du pied les cadavres entortillés de pourpre, l’on s’affaira à séparer le breuvage en trois outres égales.
Une affaire rondement menée, en somme. Ces trois-là, probablement, se retrouveraient un jour ou l’autre – dans la Lante des jours nouveaux, c’était souvent cela qui se nommait tisser l’amitié.

Les importuns, toutefois, avaient choisi ce soir pour rompre les petites affaires de nos trois. Et Jodir, épaulé de ses deux comparses vaguement humains, fit volte-face pour entendre s’approcher le claquement de pas précipités sur les pierres sales du sol.
Chacun sangla sur son épaule son outre respective, gage de la justesse de la transaction, et l’on s’attela incontinent à la nouvelle besogne de la nuitée : arrêter ce fuyard-là.
Et lui dépecer les besaces, bien sûr. Parfois même les gardes, dotés de royales rations, promenaient pour leur en-cas quelques cuissots de biquette dans leurs bottes.

Embusqués du creux de l’ombre, et maculés de sang depuis le capuchon jusqu'aux chausses, les trois comparses attendirent le bruissement du fuyard décidément bien peu discret ; il recevrait une leçon de savoir-vivre lantesque. D’autant que, du lointain, un claquement bien plus ferme provenait, et venait doubler les remous du premier.

Et, vifs comme vent, les trois Colibris bondirent sur le premier de ces deux malheureux.


[Vous avez bien sûr le droit d'interagir avec mes trois gugusses, ce ne sont que des PNJs. Evitez simplement de les décapiter, dans la mesure du raisonnable \o/]
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MessageSujet: Re: Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek]   Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek] I_icon_minitimeSam 2 Avr 2011 - 10:42

Lui courait-on après, ou courait-il après quelqu'un ?
La question était de savoir s'il arriverait à tenir le rythme de sa débandade encore longtemps. La sueur lui dégoulinait le long du visage, noyant sa barbe, ruisselant sur ses vêtements désormais moulants, avant de terminer au fond de ses bottes. Les bruits de flottes que l'on percevait à chaque pas, n'était pas du à des flaques crasseuses parsemant la ruelle, mais à l'intérieur des bottes du soldat.

Sa respiration devenait de plus en plus saccadée. Croisant un énième groupe de mendiants, ces derniers festoyant autour d'un baril quelques déchets durement acquis, le nain quitta l'alcôve dans laquelle il s'était engouffré contre son gré, pour en rejoindre une plus étroite. Là, s'il ne croisait pas un troupeau de violeurs, l'enclave ne mériterait pas son titre honorifique.

Un type apparut à sa suite dans la mince ruelle. Le démon de la sorcière le poursuivait ! Hogan n'était pas très superstitieux, ni croyant. Mais ses conditions ne lui permettaient pas de réfléchir plus. Donc le plus plus logique qu'il soit, étant que le spectre de la sorcière le poursuivait, armée d'une râpe à fromage.
Une manchette à la gorge surprit le nain, au moment où il tournait la tête pour vérifier ses prémonitions ; l'envoyant, dans un magnifique saut, s'écraser la tête première contre le pavé immonde de l'allée. Son sang vint renforcer l'aspect rougeâtre du sol.
Il se serait bien relever pour fuir, comme lui criait son instinct ; mais son crâne battait comme le clocher le Lante, puissant et grave.

Quelques aboiements au-dessus de lui, et trois énormes sacs s'écrasaient de tout leur poids. Éclatant littéralement le pauvre dos du soldat.

" Mais bordel, barrez-vous de là !"
Gémit Hogan, son corps à la limite de la rupture. On aurait pu l'écarteler à l'aide de trois chevaux, la douleur n'aurait été qu'amoindrie.

Cloîtrée au sol, pendant ce qui lui semblait une éternité, le nain attendait que les trois gars se relèvent, sinon il allait finir par rendre l'âme, ou pire, son foie ou sa vessie. Impossible de boire de la bière sans ça.
Avec cette étonnante prise de conscience, Hogan se relèva dans un effort inhumain. Jamais il n'aurait imaginé posséder une telle force. Hébété, il fit quelques pas en avant, tout en dégainant sa hache.

Se retournant d'un mouvement de hanche, le soldat dévisagea ses agresseurs.
Trois gars en capuche, peut être des violeurs de biquette, une allure pas très net, rictus haineux plaqué sur leur trogne, les muscles saillants. Bref, trois mecs qu'il ne fallait pas emmerder, et si c'était le cas, seul la fuite pouvait être espoir de vie. Mais ce soir, Hogan était un autre. Il se sentait différent. Capable de déplacer des montagnes d'une main, la chope dans l'autre. Il se voyait ainsi, du moins jusqu'après avoir tenté une offensive.

Levant bien haut son arme, le nain poussa un hurlement digne d'une enfant de huit ans, et se lança en avant.
Jetant son bras en une frappe ascendante en direction du premier adversaire, ce dernier n'eut aucun mal à repousser l'attaque d'un chassé de l'avant bras, plantant son genou en plein visage de notre héros.
Dans un drôle de craquement, le nez se mit à ruisseler, faisant perdre conscience à Hogan, mais n'arrêtant en rien sa chute. La pointe de son casque vint se ficher dans l'abdomen du premier violeur. Lui délivrant un cri de souffrance immonde, poursuivit de gargouillis.

Les deux combattants tombèrent ensemble. L'un évanouis, la tête bloqué contre le bide de son adversaire. L'autre crevant lentement, le ventre percé.
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Hardrek Poing-de-Fer
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MessageSujet: Re: Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek]   Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek] I_icon_minitimeMar 5 Avr 2011 - 18:02

Mais par tous les dieux maudits oubliés depuis le premier pandémonium, que fais-je donc en ces lieux de perditions, et surtout à cette heure tardive où seules la lueur de l’astre nocturne et des torches crachotantes peuvent éclairer mes pas ?

Voilà ce que Krost aurait du penser à cet instant pour que le lecteur puisse réussir à saisir toute l’intensité dramatique de la scène. Vous n’avez jamais remarqué que les héros sans peur et sans reproche ont souvent tendance à méditer ainsi sur le sens de la vie et sur la futilité des biens terrestres avant de s’en aller affronter le ténébreux seigneur maléfique enfermé dans sa tour d’où nul ne ressort en vie ? A croire que dans le guide « être un héros en cinq leçons faciles », la dernière leçon était : bon, mon gars, si tu dois mourir, veilles au moins à laisser de belles paroles pour qu’on puisse les graver sur ta tombe.

Et puis indépendamment des tombes et de ce que les bardes pourront chanter dans les tavernes, le narrateur de l’histoire aimerait bien lui aussi avoir de belles phases de vaillance à… narrer. Bon, je crains que pour la vaillance, vous ne deviez repasser. Krost n’est pas franchement un héros téméraire, tout juste un garde légèrement aviné et assez mal à l’aise. Aussi ses pensées peuvent plutôt se résumer ainsi :

Merde, merde, merde… j’y suis jusqu’au cou là !

Oui, tout de suite l’aspect épique se perd. Mais nous ferons avec les moyens du bord.

Ainsi donc Krost avançait d’un pas prudent dans les ruelles miteuses de l’Enclave, à la recherche d’un fou meurtrier ayant sans raison agressé et quasiment tué une vielle dame innocente. Certes, le nain se disait que s’il lui mettait la main dessus, cela favoriserait son avancement. Peut être serait-il nommé sergent ? Et avec un peu de chances se verrait-il affecter à Fort Mithral, autrement dit une vie pépère de garnison. Le rêve quoi !

Mais pour cela, encore fallait-il mettre la main sur un dangereux criminel qui risquait de ne pas se laisser faire. Sans être couard, Krost se sentait effrayé, et pas qu’un peu. Il avait par le passé combattu les gobelins et autres monstres avec son régiment, mais alors il se trouvait au sein d’un groupe de guerriers. Il y a une différence fondamentale entre se ranger en ordre de bataille sur une plaine bien dégagée en plein jour et rôder en pleine nuit dans le quartier le plus mal famé de Lante.

Murmurant une prière à un dieu quelconque qui aurait la bonté de bien vouloir veiller sur les pauvres représentants de l’ordre accomplissant leur devoir, le nain s’avança. Soudain, il entendit non loin un bruit de combat, ou tout du moins quelque chose qui y ressemblait. Un cri à vous glacer les sangs retentit dans les ruelles étroites, une sorte de hululement aigu qui ne pouvait être que deux choses: un petit nain ayant faim ou un maniaque jubilant, le deuxième cas se trouvant bien sur être le plus probable hélas…

Courageusement, le soldat entra dans la ruelle et… il vit.

Le meurtrier était là, à dix pas de lui tout au plus ! Face à ce démon vomit par les enfers se trouvait trois nains, surement des habitants locaux s’en retournant chez eux. Enfin trois… disons deux, l’un se vidait de sa tripaille sur le sol après avoir été proprement empalé par le cruel Hogan. Ce… ce fou ne se contentait pas de tuer, il lui fallait également faire souffrir ses victimes avant de les achever !

Sans oser approcher du combat, Krost se mit en garde. Mais ses jambes semblaient avoir décider de faire lentement de petit pas vers… pardon… loin du combat. L’assassin nain venait de tuer l’un des trois pauvres malheureux qui avait eu le malheur de croiser son chemin, qui savait combien de temps les deux autres allaient le retenir avant qu’il ne tourne sa furie démente vers le soldat ?
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Dun Eyr
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MessageSujet: Re: Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek]   Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek] I_icon_minitimeDim 10 Avr 2011 - 12:34

Nos trois comparses à l’outre se raidirent en un instant, et ce n’était pas peu de le dire, car l’un était même tombé raide mort sur la pavé crasseux.
Quant aux deux traficoteurs de la nuit qui demeuraient accrochés à leur palpitant, ils eurent quelques éclats mauvais dans le regard, et foudroyèrent le fou maculé de sang qui se redressait péniblement. Sa belle cuirasse de Garde Royal de Lante – quoiqu’il n’y eût guère plus de Roi, et plus grand-chose de Lante la Belle… – se trouvait noyée sous les gouttelettes hémorragiques, mais plus encore par les flots pourpres de la Noble-Vinasse Hautvalienne, qui s’en allait filer entre les doublures de la cotte. Il avait fier allure, le bel Hogan, tout ruisselant qu’il était – et imprégné de la rude fragrance du breuvage entrecoupé de sécrétions de la gente Gobeline.
Un ivrogne sanguinaire, en somme – mais un Garde, avant toute chose.
Un fier Soldat de la Cité.

La nuit avait ses codes, entre les murets de l’Enclave. Le négoce avait ses tabous, ses coutumes, ses princes ; ses châtiments, également.
Qu’un gros aviné de la soldatesque s’en vînt pourfendre quelques honnêtes trafiquants dans un coupe-gorge, voilà qui eût valu une vive guérilla depuis les faubourgs les plus crasseux, les plus impavides ; il était en effet malvenu, que ces gros soufflants de Nains de-derrière-le-mur, s’en allassent trucider les chalands du Quartier Sauvage, alors même que le Petit Peuple vivait dans l’opulence de sa solde royale – et, de renommée populaire, que le Fortin des environs fût le plus haut-lieu des plus bas trafics. Quelques Nains belliqueux du Nord, paraît-il, auraient même été livrés dans les chaînes aux mines de l’Ouest, ou même comme casse-croûte aux hordes Gobelines d’Almia – mais cela, bien sûr, c’était des racontars.

Jodir, d’un œil, s’assura que les poternes des environs se trouvaient encore barrées à double-tour. Les Colibris avaient tendance à la méfiance, depuis que quelques-uns d’entre eux avaient éprouvé divers accidents fâcheux – trébucher sur sa hache, pour trois – et il était à parier qu’une telle hécatombe, où le vin se mêlait au sang pour noyer les rues, saurait faire grand’écho dans les alentours.
Mais enfin, les règles silencieuses de l’Enclave connaissaient leurs petits tribunaux nocturnes, leur justice dévoyée – et, d’un revers, Jodir extirpa une courte épée de ses besaces. Forgée de trois jours, qualité Naine expresse.
Un jugement on ne pourrait plus juste.

Pour autant, les entourloupeurs finissaient eux-mêmes entourloupés, et notre brave forgeron de Lante allait connaître les petits cruautés du destin – si Dun Eyr avait été là, il aurait parlé des Caprices du Moqueur ; mais le Lirganique, lui, dormait sur ses deux oreilles, dans les litées de la Péninsule opulente.
L’autre Colibri nocturne, toujours encapuchonné jusqu’au crâne dans ses revers de capeline, eut un étrange trémoussement de la barbe, et ses bras dégagèrent quelques pans de son vaste manteau – une ocre cuirasse brillait d’entre les ombres.
Délaissant d’un haussement sa pelure de mystère, le Nain fit rutiler ses belles armes de la Garde Royale de Lante ; et un gradé, encore ! Un vague Sergent de l’arrière-ban, qui arrondissait ses petites gibernes à renfort de trafic de vinasse – un ordinaire soldat de Lante, en un mot.
Qu’il eût dérobé ses atours de Sergent à un quelconque cadavre des Quartiers Ouest, peu importait ; pour l’heure, il étincelait, et faisait danser sa barbe de quelques paroles, tandis même que sa main potelée s’abattait sur l’épaule de Jodir.

Et, à Hogan, il dit :

– Félicitations, Soldat, vous avez arrêté un dangereux trublion, qui allait rompre la noble-quiétude des bons habitants de l’Enclave.

Et un clin d’œil pour bravo.
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MessageSujet: Re: Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek]   Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek] I_icon_minitimeLun 18 Avr 2011 - 17:19

A peine relevé, voila qu'on lui déposait une main sur l'épaule, lui soufflant des remerciements. Normal après tout. Il venait de tuer un gars, peut être un gentil tavernier, sans en connaître son nom, ni son visage. L'odeur du sang et la couleur de ses entrailles c'était autre chose.

Se retournant, une main sur le casque, Hogan observa le prétentieux qui se fichait de lui. Quelle surprise quand il aperçut le nain qui se tenait à deux pas de lui. Un de ses supérieurs de plus. Peut être n'était-ce pas une plaisanterie ?
Le clin d'œil insistant que lui lança le militaire, dissuada notre héros de rétorquer. Il venait de commettre un meurtre, mais au nom de la justice ! Il venait de laver les rues de l'enclave, et même probablement de sauver Lante ! Des milliers de citadins l'attendaient à l'entrée de la cité pour le féliciter ! Il lui fallait un cheval pour gravir les rues portés par les hurlements de la foule, l'armure étincelante, la barbe propre.

" Bah... Euh... Merci chef ! "
Bafouilla t-il, la bouche pâteuse de morve.

Et non. Il était seulement le petit soldat Foth. Perdu dans l'enclave, probablement un quartier sanguinaire. Debout dans une ruelle où la propreté restait une utopie, et un cadavre à un mètre de lui.
Ceci dit, la situation devenait gênante. Son supérieur n'ajoutait rien. Ils restaient là, les bras ballants, attendant peut être une suite ? Ou bien une taverne ?
Quoi que les comptoirs ne devaient pas s'avérer très accueillant par ici. Le tavernier, un violeur obèse et pas très joli, servant de la bière diluée à l'eau claire des caniveaux.

L'idée d'aller boire un coup avec un supérieur, dans un lieu immonde n'enthousiasmait pas vraiment Hogan, mais les bruits soudains qui résonnèrent dans la rues adjacentes, rappelèrent au nain la fragilité de sa vessie.
Seule, il aurait probablement fuit, mais les personnes présentes dont un frère de race, le forçait à conserver le peu de dignité qu'il possédait. Ainsi ce fût lui qui prit la parole :


" Halte, qui va là ? "

Le fait de porter l'armure, et le rôle stupide de garde l'avait mené à sortir machinalement cette phrase. Parole épique qui remonte les décennies, offrant aux sous rôles une importance impressionnante.
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MessageSujet: Re: Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek]   Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek] I_icon_minitimeLun 25 Avr 2011 - 20:10

Krost s’avança dans la ruelle avec une prudence digne d’un sioux. De fait, sa progression se situait tout en bas de l’échelle dont des actions de type « charge de la brigade légère » occupent le sommet. Le fait que l’un des deux survivants soit un sergent de la garde ne le rassurait qu’à moitié, car entre un gradé et un psychopathe pervers la frontière restait parfois étroite.

Ben ouais…

Voilà voilà…

Poum poum pidou…

Oui, je m’excuse mais Krost avance tellement lentement qu’il faut attendre…

Ah ?

Ca vient…

Ouais, super on peut reprendre.

Donc, Krost arriva à côté du carnage, car un nain avec le bide ouvert peut sans rougir prétendre appartenir à cette catégorie. Pas beau à voir d’ailleurs toute cette tripaille qui se répandait sur le sol, et l’estomac du garde se rebella, menaçant de renvoyer d’où elles venaient les pintes de bière bues un peu plus tôt si ce peu ragoutant spectacle ne disparaissait pas.

Un autre garde, recouvert de sang, lança la sommation d’usage afin de savoir qui est là. Somation à réserver aux cas où l’on se doute que le nouveau venu n’est pas un ennemi, car sinon la meilleure somation reste la hache de jet en pleine poire. Certes la littérature regorge de clichés où de vaillants gardes demandent « qui vive ? » avant de se faire trucider par le héros/méchant/autre (précisez). Mais dans la vraie vie, on ne pose cette question qu’une fois assuré de ses arrières.

Heureusement, Krost ne comptait pas déclencher de bagarre.

Heu, soldat Krost, du guet de nuit. J’étais à la poursuite d’un dangereux criminel qui a failli tué une vieille dame… mais je vois que vous l’avez euh… arrêté.

Oui, ce devait être le macchabé qui avait agressé la vieille. Nul doute là-dessus, et l’esprit de Krost forgea rapidement ses certitudes à ce sujet. L’idée de poursuivre un dangereux criminel ne lui plaisant guère, l’idée de le retrouver mort s’annonçait plus agréable et surtout moins téméraire.
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MessageSujet: Re: Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek]   Par-delà les ombres et les trognes. [PV Hogan & Hardrek] I_icon_minitimeMer 27 Avr 2011 - 16:03

Un Sergent ensanglanté, un meurtrier blanchi bien que rougi, un soldat au souffle aussi court que sa bravoure, et notre Jodir chaînes aux poignets. Car ce traîtreux Sergent n'avait certes pas ménagé les détails de sa filouterie, et il alla même jusqu'à enchaîner le petit forgeron, pour le plaisir de lui faire connaître un pilori nocturne ; les remous de la loi martiale s'attardaient encore à Lante, et il était à craindre que Jodir n'aurait pas même le temps d'être humilié, dès lors que seraient franchies les herses grises de la prison et de la geôle.
Détail qui eût pu être cocasse, en des circonstances plus fanfaronnes : Jodir le forgeron faisait partie de ces artisans de l'acier que la Soldatesque d'Ironwrist avait pillés – réquisitionnés, stipulaient les parchemins griffonnés à la hâte – pour leur extorquer toute leur cargaison de doloires et tranchoirs, selon le bon précepte de toute guerre civile de ce nom, qui veut que le plus juste soit celui qui possède le plus d'instruments pointus aptes à faire des trous un peu partout.
Ainsi donc, la déchéance, la décadence de la lignée des Jodir Barun-Jodir, immémoriaux forgerons des contrées Lantesque ? Et que deviendrait sa forge, sa belle forge, livrée qu'elle serait aux pillards et autres brigands de l'Enclave ? Il ne faudrait pas deux jours pour qu'elle soit ravagée, et par des gueux en uniforme, encore !

Pour autant, c'était méconnaître aussi bien Jodir – n'avait-il donc pas été formé à l'école de Dun Eyr, le renégat devenu soltari ? – que les étraves poisseuses des bas-fonds de l'Enclave, pour croire que d'honnêtes trafiquants de tord-boyaux pussent être étripés et arrêtés par la Garde Royale, sans que la pègre et la faune environnantes ne réagissent.
Une oeillade aux autres encore dégoulinants de sang, les mains sales et la barbe ruisselante, et Jodir bondit ; qu'un Sergent fort hétérodoxe, et deux Nains aussi braves que grands, l'arrêtassent, c'était pure illusion.

Un revers du coude à la Soldatesque gradée, et Jodir fondit sur les deux amphores de contrebande là-abandonnées, et que tous avaient oubliées ; bondissant à pieds joints dans les deux, les outres éclatèrent, et il y eut une marée rougeâtre qui recouvrit murs et pavements – balayant la crasse, empourprant les fissures et lézardes – et noya abondamment le Nain, faisant émerger un Jodir rouge jusqu'à la racine de la barbe. Hagard, comme baigné dans le sang – et auréolé de la peu ragoutante odeur des émanations gobelines qui composaient l'âcre breuvage – le forgeron eut encore quelques enjambées, hésitantes, et vint s'ébouler sur une poterne toute proche. Une longe traînée rouge, comme massacre effroyable, le suivit en un sillage sinistre, et allait éclabousser les parois proches.

Chaînes sur les pognes, maculé de rouge sur tout le corps, Jodir se démena pour ameuter quelques hordes environnantes.
Il était à songer que, que ce fussent des négociants humains ou de bourbeux pirates qui viennent à jaillir des portes proches, les trois hurluberlus de Nains, caparaçonnés d'uniformes de le Fière et Noble Soldatesque rutilante de la ville, allaient assez mal vieillir ; paix pour leurs os.

L'Enclave était toujours pleine de surprises.
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