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Sujet: Au-delà des cendres Ven 22 Sep 2023 - 20:00
Karfïas de l'An 21:XI~ Été Cinquième ennéade.
T’sisra suit la cadence, marchant au rythme de son compagnon remontant d'un pas sûr les couloirs de l’Académie. Elle s’accroche à son bras et se laisse guider, il lui semble qu'il connaît tous les coins et recoins, les escaliers et les corridors menant aux appartements de ce Celebrand. La noirelfe fait de son mieux se faire la plus petite possible, mais elle ne peut s’empêcher de répondre par un sourire aussi amical que discret aux regards curieux et craintifs, tout en tâchant d’éviter ceux recelant un dégoût certain. Sa prise sur le bras d’Ithìliur se resserre à l’angle d’un couloir, elle réfléchit à ce qui va bientôt se passer et, quand bien même elle n’apprécie guère l’idée, elle se surprend à avoir hâte que sa psyché soit visitée, intimement convaincue qu’une fois sa vérité éprouvée, ils sauront voir ce qu’elle est vraiment. Qui elle est et ô combien elle est différente de ceux qui vivent sous le volcan des terres stériles.
- Ton nom va être sur toutes les lèvres pendant un moment,souffle la daedhelle en levant les yeux vers son compagnon,tout le monde nous regarde.Un sourire taquin se dessine sur son visage, mais elle reprend bien vite son sérieux, ou du moins elle essaye.Tu voudras bien rester près de moi pendant que Celebrand fera son rituel ? Je dois bien avouer que j’ai un peu peur là tout de suite, même si… Même si j’ai hâte qu’il puisse voir qui je suis réellement. Enfin.... Je n’ai pas envie d’être seule.Elle laisse un instant de silence s'installer.Tu sais s’il parle l’oliyan ? J’aimerais bien pouvoir discuter un peu avec lui avant de commencer. Autant pour lui que pour moi, je n’aimerais pas qu’il se sente prisonnier d’un souvenir qui lui est trop… Insupportable. Et il y a certaines limites que je ne veux pas franchir. Enfin, tu vois ce que je veux dire ?
T'sisra relève le regard, réalisant qu'ils se trouvent tous deux devant une porte. La porte. Elle déglutit et hoche la tête pour elle-même. Le moment est venu, elle l'a pensé des jours durant et rêvé des nuits entières. Elle est prête, elle le sait.
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Ithìliur Telperiën
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Sam 23 Sep 2023 - 1:03
Tu essaies de ne pas le montrer, mais tu es tout aussi nerveux qu’elle. La réputation de Celebrand a beau le précéder, les conditions d’aujourd’hui sont… particulières. Cette fois-ci il ne s’agit pas d’explorer les mémoires d’un elfe à la recherche d’un souvenir perdu, ou d’aider un Souffle en peine à traverser un traumatisme. Il s’agissait de se positionner en juge. De se faire juge de la psyché d’une personne. À cause de cela, tu craignais fort pour la suite.
Comment exactement comptait-il prendre une décision ? Sous quel critères Celebrand pourrait-il juger de l’esprit de quelqu’un ? À quoi pouvait bien ressembler l’expérience de la traversée du monde intérieur de quelqu’un de son point de vue ? Ressentait-il quoi que ce soit de particulier ? Partageait-il les émotions de celui dont il touchait les mémoires, ou alors ne faisait-il que les voir ? Autant de questions dont tu avais – en réalité – les réponses, mais dont les réponses ne te plaisaient pas, car ces réponses n’étaient jamais que ce que les ouvrages théoriques t’avaient appris, et en tant que mage toi-même, tu sais très bien la réalité de la pratique toujours en être au moins un brin différente. Et dans un cas comme ça, un brin faisait toute la différence.
- Celebrand est un mage exceptionnel. À moins que tu ne luttes de toutes tes forces contre lui, je doute fort que ton esprit lui pose le moindre problème.et cette réalité était aussi rassurante que terrifianteEt aussi horribles que soient tes souvenirs, je doute fort qu’ils le désarçonnent.tu te permets un sourire moitié contritIl en a vu d’autres.
Si la réputation de Celebrand n’est plus à refaire, c’est qu’il est celui à qui l’on attribue les cas désespérés. Les spirites piégés dans leur propre monde intérieur, les Souffles brisés par la vie, les Elfes hantés par la nature… il avait fait face à nombre de situations qu’aucun appelleraient sans espoir, et s’en était presque toujours sorti pour les démêler. Celebrand est un mage exceptionnel, et en réalité, à y repenser, tu ne sais pas vraiment quoi faire de cette déclaration. Car après tout, le fait que tu peux l’affirmer avec autant de certitude n’est que témoignage de la souffrance qui existe chez les tiens.
- Mais je traduirai ce qu’il faut pour toi, si ça te va.tu poses la main contre la fameuse porte, t’apprêtant à en pousser le battantJ’aurais aimé pouvoir t’accompagner, ne serait-ce que pour te rassurer.tu te fends d’un sourire un peu plus jovialEt puis ça aurait été drôle de savoir à quoi ça ressemble, dans ta tête...tu penches la tête sur le côté, et tes oreilles se dressent...mais sache que je resterai là tout du long. Même si tu ne le vois pas.
Tu pousses la porte, et vous êtes accueilli par un regard interloqué, mais finalement pas surpris. Celebrand s’approche de vous et vous salue avec politesse, vous invitant à prendre place face à lui à son bureau après avoir refermé derrière vous.
- J’imagine qu’il s’agit de la fameuse T’sisra Do’ath ? son ton est neutre, sinon empreint de curiosité On m’a parlé de vous. Le Roi semble vous avoir en affection.
Par automatisme, tu traduis à ta compagne dans votre dialecte, prenant le temps au passage de rapidement lui commenter ton et tournures de phrases, de manière à ce qu’elle ait le maximum d’outils pour répondre.
- Si tu veux lui demander quelque chose, tu peux le faire maintenant.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Sam 23 Sep 2023 - 2:12
Les portes sont déjà poussées. La daedhelle se rassure par la présence d’Ithilìur, et maintenant plus question de faire machine arrière. D'autant que Celebrand referme d’ores et déjà les portes derrière eux. La noirelfe saisit peu ou prou les premiers mots franchissant ses lèvres et lorsqu’elle entend son nom, elle incline poliment la tête en se fendant d’un sourire réservé.
Son attention se trouve vite partagée entre Ithìliur et ce Celebrand qu’elle observe et étudie d’un œil curieux. Aussi « talentueux » puisse-t-il être, la noirelfe ne doutait pas non plus un seul instant des talents des runistes en charge de la protection des secrets.
- Je suis heureuse de vous rencontrer, Celebrand. Artiön m’a conseillé de passer par votre… Expertise ? Il a dit que cela pourrait nous aider.Elle désigne Ithìliur puis elle-même de l’index.Je ne vous cacherai pas que l’expérience à venir… Ne m'enchante guère. Tout du moins sur certains points.Elle jette un regard à son compagnon alors que ses joues s’empourprent légèrement.Il y a certains... Moments de ma vie que je tiens à garder pour moi.Ses yeux se posent à nouveau sur le spirite.Et, en tant qu’Ongrumthrong au Zagazorn, il y a certains souvenirs que je ne peux vous révéler. Je suis liée par un serment au peuple nain et je ne compte pas le trahir. J’aimerais que ces limites soient respectées. Du reste, je ne crains rien. J’ai toujours vécu ma vie comme je l’entendais et je l’assume entièrement.
Sa main libre vient machinalement triturer sa tresse, tandis que le l'autre se resserre sur la main d'Ithìliur, qu'elle observe du coin de l’œil pendant qu’il traduit ses paroles.
- Ce n’est pas la première fois que je laisse quelqu’un entrer dans mes souvenirs.Rajoute-t-elle avec un brin de tristesse dans la voix.Loin de moi l’idée de mettre en doute votre expérience, mais s'il devait arriver que certains souvenirs vous soient insupportables, comment fait-on pour se le dire ?
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Sam 23 Sep 2023 - 3:00
Une fois assis face à vous, le regard du spirite se fait soudainement plus dur. Point de jugement dans son expression, seulement la démonstration des inquiétudes d’un mage sachant la délicatesse de l’entreprise à venir, et craignant lui-même ce qu’il pourrait en découler. Celebrand se prépare en pensées autant qu’il espère que vous serez prêts au moment opportun. En attendant cependant, il fait mine d’écouter la Daedhelle avec attention. Certes, il ne comprend pas votre langage, mais à force de lire les esprits, Celebrand est devenu un assez fin lecteur de visages. Ainsi avant que tu traduises les mots, il essaie de comprendre la prosodie, de faire ce premier pas métaphorique vers T’sisra, cherchant en cela quelques indices quant à la nature de celle qu’il doit « ausculter ».
- Je ne suis pas ici pour envahir votre intimité, ne vous inquiétez pas. son faciès s’adoucit légèrement Je suis maître du sortilège, mais vous êtes maîtresse de votre monde intérieur. À vous de me guider à travers ce que vous voulez me montrer. Si quelque chose vous est insupportable, parlez il te désigne de la paume de la main il vous entendra, et vous l’entendrez. Quant à si quelque chose m’est insupportable, je vous le ferai savoir. il finit par sourire Et dans le pire des cas, si je le dois, je briserai le sortilège. L’esprit a cela de pratique qu’il n’est pas limité par le langage.
Le mage inspire longuement, et t’invite d’un signe du nez à prendre la main folle de la Daedhelle dans la tienne. Tu te tournes face à elle, l’invite à se tourner vers toi, et les yeux dans ses yeux, la peur au ventre mais un sourire aux lèvres, te contentes d’opiner du chef. Tes pouces caressent les paumes de ses mains, et ton rythme cardiaque ralentit.
- Si vous le voulez bien, je deviendrai vous avec vous, alors que vous vous observez vous-même. Vous me ferez part de vos sentiments, et vous sentirez les miens y faire écho. Ayez une pensée et je la comprendrai, prononcez quelque parole et Ithìliur vous entendra. son attention se porte vers toi Quant à toi Ithìliur, si tu es inquiet, parle-nous. Nous devrions pouvoir te répondre. Et si aucun de nous deux ne le fait, alors va chercher le Doyen.
- D’accord. tu répètes à T’sisra les recommandations du mage avec autant de précision que possibleTu es prête?
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Sam 23 Sep 2023 - 22:43
Cette plongée dans le tourbillon du passé ne manque pas de la rappeler aux sensations vécues à l’Aurore, cette fameuse nuit où la jeune noblionne s’était enfoncée dans ses souvenirs. Une expérience dont elle était ressortie méfiante, où elle s’était souvenue d’instants qui n’avaient jamais été siens. Mais cette fois, la sensation diffère, elle se sent plus sûre, plus forte et elle discerne les contours de ce qui n’a pas lieu d’être ici, cet esprit étranger qui observe par ses yeux les tréfonds de l’Elda du siècle dernier. Un Elda sombre, trop sombre pour les yeux d’une petite fille à la peau cendrée dont les yeux bleus ne percent pas les ombres autant que les pupilles rougeoyantes de ses congénères.
T’sisra s’enfonce dans ses propres souvenirs et se surprend à en redécouvrir certains qu’elle avait presque oubliés. Elle baisse les yeux sur la petite tête brune déambulant dans les couloirs du domaine Do’ath, insouciante, naïve, frêle, délicate. La noirelfe suit le fil de sa mémoire, remonte les couloirs du temps aux côtés de son soi d’antan, fascinée par ce qu’elle a perdu pour ne jamais retrouver : l’innocence.
L’innocence. Fragile et pure qui, bien trop tôt, a subi les coups du père, le rejet de ses congénères et appris la brutalité régissant le monde sous le volcan. La gamine esseulée qu’elle était se réfugiait chaque fois qu’il lui était possible dans les bras de cet esclave nain qui, au fil du temps, lui avait appris les mots de sa langue. Le parler du peuple du nord, l’essence de son échappatoire lorsque Balir lui contait parmi les plus connues des légendes naines, lui décrivait d’improbables paysages l’arrachant à la réalité de son quotidien, lui portrayait des héros de légendes originaires des contrées au-delà du désert. Des souvenirs allégeant le cœur de la noirelfe qui en oublie presque la présence de Celebrand, car ce qu’elle regarde au travers de ces visions, c’est son père. Celui qui l’a toujours réconfortée quelque fut la situation, soignée après les entraînements, soutenue lors de ses pires traumatismes. C’est lui qui l’a façonnée au travers de sa bienveillance, qui lui a donné le goût de l’honneur et a forgé ce que la noirelfe estime être sa plus grande force : une détermination à toute épreuve.
D’instants en moments, la daedhelle emmène le mage elfe au travers d’un quotidien guère plaisant, chaque jour plus antagonisé. Elle se construit en opposition avec le reste de son monde, rejette en bloc les dogmes et les valeurs du Puy comme ses habitants la rejettent, l’ostracisent et la raillent pour sa peau trop claire, ses cheveux trop sombres ou ses yeux bleus.
Tout s’efface un bref instant. La daedhelle reprend pied avec ce pourquoi elle est venue ici. Elle revoit ce que Cécilie a vu quelques années auparavant. Les outils du graveur de peau, la fierté sur son visage et l’indifférence qu’il accorde aux cris de douleurs et aux pleurs de la noirelfe. Son géniteur, admiratif du travail qui s’accomplit sous ses yeux, se redressant après avoir cloué la main de sa progéniture allongée sur cette longue table de bois poisseuse de sang et de larmes.
C’est à ce moment que le feu du conflit est né en elle. Revivre ces instants accélère les battements de son cœur, elle sent le dégoût monter en elle comme un poison. Elle lui en voulait tellement encore aujourd’hui. Même s’il n’était plus là. Et pourtant, au fond d’elle, elle s’en veut de lui en vouloir parce que malgré tout, elle sait que c’était l’expression viciée de son amour. Elle l’a toujours su.
- Ce jour-là, j’ai compris à quel point cette société était malade et que je n’y resterai pas.Souffle la noirelfe en ravalant un sanglot.J’ai enduré en silence et attendu patiemment le bon moment.
Leurs pérégrinations dans le temps s’accélèrent, elles y survolent son train de vie empreint de solitude. On lui trouve un talent certain, d’entraînement physiques en études de la mort, on la façonne pour la guerre, sans se douter qu’elle avait fait défection voilà déjà bien longtemps. Puisque le jour où sa tante est venue prendre de force le domaine Do’ath, la nécromancienne s’est empressée d’emmener Balir avec elle au travers des passages secrets creusés dans la roche, délaissant son géniteur à une mort certaine. Et malgré toute la rancœur qu’elle pouvait lui porter, ça lui avait fait mal de l’abandonner. Sa décision de partir fut prise longtemps avant, là n’étaient plus que les conséquences des choix qui furent.
T’sisra s’extirpe des mémoires du Puy. Elle découvre le monde à l’extérieur. Le désert dans son infini, l’Ithri’Vaan et ses couleurs vives. Elle et Balir finissent par se séparer, elle part de son côté afin de brouiller les pistes pour leurs potentiels poursuivants, car les familles drows ne font pas dans la demi-mesure lors de leurs luttes intestines. Sa route finit par croiser celles de marchands et de mercenaires sur une barge remontant l’Oliya. Ralof et ses hommes, rien que de s’en souvenir, elle esquisse un sourire. Le bonhomme, s’il est encore en vie, doit être fatigué par l’âge aujourd’hui. C’est au combat qu’ils avaient noué des liens, en retour, ils l’avaient aidé à quitter Oësgard. Et la jeune aventurière en devenir avait continué vers le Nord, jusqu’à un village portuaire à la frontière avec les Wandres.
Ses premiers souvenirs de Gallen, Garrick et Dagobert surviennent. Elle se dérobait encore à leurs regards, de peur de leur réaction en découvrant son origine. La dernière ligne droite d’un voyage pour traverser le monde connu du Sud au Nord. Ou presque. Car dans l’embarcation s’est glissé un seigneur nordien dont l’attitude a suscité une certaine hilarité ainsi qu’un dégoût indubitable chez la noirelfe. La barge échouée par sa faute, le noble compte désormais abandonner les rescapés à leur sort, estimant qu’ils feront une diversion adéquate pour que lui puisse s’enfoncer dans les forêts des Hortles. Et quand bien même il lui propose de le suivre, elle tourne les talons et refuse d’abandonner les pauvres hères à un sort qu’ils n’ont pas mérité. Leur troupe s’organise, les dangers vivant dans ces forêts finissent par rapprocher les étrangers. Et bientôt, ils sont rejoints par deux elfes. Elle s’en souvient comme si tout ceci s’était déroulé la veille. Pour la première fois de sa vie, la daedhelle découvre ce que les siens ont toujours désigné comme l’ennemi. Fenris et Arãva, en qui le spirite reconnaîtra sans doute Halyalindë l’ancienne protectrice d’Ardamir. Une première rencontre qui se fait dans le feu du combat contre les nigromanciens des Hortles et qui permettra aux uns et aux autres d’apprécier leur rencontre malgré des divergences profondes et les craintes solidement ancrées.
La psychée de la puysarde butine alors ci et là dans sa mémoire. Elle se souvient du nécromancien dans le Lörn, des soirées passées avec la fée, Mortecouille, Gallen, Garrick, Dagobert et Balir dans cette petite maisonnée perdue au milieu de la forêt, de la fondation de la Guilde au coin du feu. Elle se remémore son voyage jusqu’en Apreplaine, une terre paisible de Péninsule, dans laquelle elle avait ramené le cadavre du nécromancien. De sa rencontre avec Nerdhanel, une jeune noss partie voir le monde et de leurs pérégrinations sur les terres des hommes.
- Je l’ai revue. Plus tard. Je me souviens...
T’sisra s’observe depuis l’orée de l’Aduram. Son soi du passé longe la berge jusqu’à tomber sur un petit être étrange tout fait de bois et aux yeux luminescents. Il n’a plus ni la volonté ni la force de retourner d’où il vient. Alors, elle pousse un bout de bois à l’eau, y arnache sa besace et prend l’être végétal sur ses épaules avant de se laisser dériver jusqu’en Anaëh.
- Je l’ai surnommé « Tête de Souche ».Souffle-t-elle dans un sourire.
De l’autre côté de la berge, elle marche dans les pas de son passé qui, en son temps, avait accepté de suivre la créature, de remonter la piste suintante de la mort, de s’aventurer dans les méandres de ce mal à l’origine du bourdonnement. L’écorce des arbres est couverte de cloques, la terre noirâtre et pourrie se nourrit de cadavres. La daedhelle se rappelle la peur qui lui a pris les tripes ce jour-là, alors que se dévoilent devant ses yeux les conséquences de ce que d’aucun aurait appelé de la grande nécromancie. Elle progresse lentement, avec ce petit être sur son épaule, s’accrochant à ses cheveux pour ne pas chuter. Il commande aux lianes et aux racines, tandis qu’elle découpe les chairs des créatures déjà mortes fondant sur eux. Tous deux sont bientôt rejoints par un puissant allié, un elfe accompagné de ses comparses ailées. Son aide est d’un grand soulagement, car les morts se déchainent toujours plus. Puis c’est à son tour de réapparaître, Nerdhanel. Elle débarque hurlant leurs noms à tous les deux. C’est ainsi qu’elle apprend comment se nomme l'élémentaliste. Estiam. Les combats se brouillent dans son esprit. Le feu et la glace, la terre et le vent les accompagnent dans une puissante déferlante, les flèches fusent et percent les chairs ennemies et la nécromancienne fait plier la mort à sa volonté. La source du mal finit vaincue au cœur de la dévastation. D’autres elfes se sont joint à la bataille, et tandis que retombe l’agitation, l'eldéenne s’éloigne, consciente que sa présence n’est la bienvenue. Elle suit son guide qui lui trouve un refuge entre les racines d’un arbre où elle y perd la notion du temps, mais y trouve la tranquillité nécessaire pour panser ses plaies. Le calme est revenu dans la forêt.
La suite de son voyage la mène aux abords de la Sirilya. Elle y constate la présence de Souffles prsionnier du plan matériel. Alors, elle se met en route pour Naélis avec la ferme intention d’aller plus au Sud encore. Les visages des compagnons qu’elle rencontre à l’Aurore défilent sous yeux. Et parmi eux, il y en a bien trop qu’elle ne reverra jamais. Ce jour-là, tant d’entre eux se sont perdus ou ont simplement péris, emporté par la colère divine. Son cœur se serre et le souvenir des Portes de la Mort prend le pas sur tout le reste. Elle se voit là-bas, ses compagnons prostrés et pris de sanglots, alors qu’elle refuse de ployer le genou et tient tête à la Mort. Qu’elle s’engueule avec la Mort, qui elle, en revanche, se rit du temps, se déplace en un battement de cil, disparaît et reparaît ou bon lui semble tout en empêchant quiconque de se mouvoir. La noirelfe trésaille en entendant à nouveau la malédiction lui ayant pris sa voix, car elle sait ce qui vient après. La terre qui se déchire, l’immense créature ailée qui s’en extirpe et ferait pâlir un dragon. Elle revoit les visages de ceux qui tombent dans le gouffre, revit le chaos où s’entraident ceux qui le peuvent pour s’enfuir. Et repense au soir venu, alors qu’ils n’étaient plus que trois survivants.
- Il n’y a que la naine et moi-même qui nous en soyons sorties presque indemne. La jeune femme est… Elle s’est perdue.Sa voix tremble un instant.Elle est… Devenue autre chose. Quelque chose de mauvais et destructeur.
La daedhelle ne pense plus à rien, se concentre seulement sur sa respiration et apaise sa colère et tristesse. Elle emmène Celebrand plus avant, à une époque où elle a retrouvé sa voix. Où elle est perdue avec Balir dans les montagnes enneigées du Septentrion, à grimper des falaises à coup de piolets, à braver les intempéries et les dangers du Zagazorn. Elle secoue doucement la tête et fronce les sourcils. La roche glacée disparaît au profit de murs de pierres éclairés par des brasiers. Elle observe une salle remplie de barbes et de tresses acclamant la décision de leur roi Hardrek Poing-de-Fer. Grimeldha est là, elle qui avait survécu aux Portes de la Mort. T’sisra est souriante, heureuse, emplie de félicité. On l’accueille, on la reconnaît. Harald, qui lui aussi revient tout juste de l’expédition, est à ses côtés. Balir dont les paumes des mains sont brûlées, brandit la hache du Grand-Roi. Pour la première fois de sa vie, elle le sentiment de faire partie de quelque chose de plus grand, d’y avoir le droit. Et on se souviendra d’elle comme de celle qui a retrouvé la cité perdue des nains.
- Je ne peux m’épancher sur cette période-là mais… Sachez qu’elle a été heureuse. Plus que je n’aurais pu l’espérer.
La daedhelle se décide à dévoiler sa rencontre avec Artiön, durant cette chaude journée d’été en plein cœur de Thaar. Cette cité aux rues bondées où l’argent est maître de tout. Un concept qui doit lui paraître bien au étrange, à ce spectateur, toutes ces poignées de mains et ces bouts de métal qu’on échange contre tout et n’importe quoi. Elle l’approche pour son livre, même si en réalité son cœur se pince pour l’animal qui vient de lui être arraché. Mais elle ne ment pas, son livre l’intéresse bel et bien. Pourtant, très vite, ce livre n’est plus qu’un prétexte, car l’aventure l’appelle. Et il faut bien reconnaître que ses talents de négociatrice ne sont pas aussi affutés que sa lame. Cette histoire se termine bien vite en eau de boudin et c’est finalement au prix d’un effort difficile de tous les protagonistes en présence que le situation ne dégénèrent pas. Car si la tension est montée bien vite, les perspectives violentes ne sont jamais bien accueillies par les marchands, aussi retors soient-ils. La fin de cette journée, elle la passe avec ce livre entre les mains, en compagnie de l’elfe et de Vìrin. Mais elle passe moins de temps à lire et plus à discuter avec son cousin des forêts qu’elle croit encore s’appeler Noruì.
« Noruì ». Ce souvenir s’efface pour laisser place à une éponge gorgée d’eau traverser le hall de l’Aurore et s’écraser mollement contre le torse de cet elfe. Et si dans son souvenir elle est furieuse de se rendre compte qu’il lui a menti, un rire lui échappe dans la pièce à l’Académie.
- Nous nous sommes retrouvés plus tard. Lors des conflits qui ont opposé Naélis à l’Elda.Elle se mordille la lèvre.Je ne rechigne pas à la guerre, mais je ne l’apprécie pas pour autant. Est-il nécessaire de… Revivre ça ?
La noirelfe grimace. Elle repense à son enfance et, finalement, elle se dit que son innocence n'est pas perdue, seulement enfouie loin quelque part.
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Dernière édition par T'sisra Do'ath le Dim 24 Sep 2023 - 12:21, édité 1 fois
Ithìliur Telperiën
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Dim 24 Sep 2023 - 1:27
Tu continues de lui caresser les paumes avec amour, tes yeux plongés dans le bleu des siens, tentant de ne pas t’inquiéter des spasmes qui les agitent. Tu l’écoutes, avec attention. Tu essaies de deviner les souvenirs qu’elle revit, te remémorant les histoires qu’elle t’a conté au cours de votre longue errance à travers les ombres. Tu souris, quand elle mentionne le fameux « Tête-de-Souche », en tentant de t’imaginer ce que devait bien penser Celebrand de la première escapade de ta compagne en Anaëh.
- Celebrand ! On peut s’arrêter maintenant non ?
- Je… derrière ses yeux fermés, le mage répond d’une voix presque robotique Je… je ne sais pas quoi en penser.
- Comment ça tu ne sais pas quoi en penser ? Qu’est-ce que ça veut dire exactement ?
- Je m’attendais à autre chose.
Tu pestes intérieurement, te retenant d’arracher le mage à un sortilège qui – à tes yeux – a déjà rempli son rôle. T’sisra quant à elle, parce qu’il est ses yeux et qu’elle l’accueille en son monde, sait la confusion qui habite le coeur du mage. Celebrand a traversé les peines et les joies d’assez de Souffles pour être capable d’en reconnaître l’authenticité. Il a traversé les peines et les joies d’assez de Souffles pour en reconnaître un qui ne lui fasse pas obstacle, et se livre à lui comme un livre ouvert. Et probablement T’sisra lui a-t-elle rendu la tâche trop aisée, trop simple, car il peine à faire confiance au coeur qu’il lui emprunte. Celebrand a peur. Celebrand se sent presque coupable. Car Celebrand en partageant les souvenirs de la Daedhelle se retrouve mis face à l’évidence.
La Drow est une personne.
Elle n’est pas juste une Drow. Elle n’est pas une simple créature détournée et transfigurée par Calimenthar. Elle est une personne. Une personne ayant vécu une vie, et fait des choix. Et si elle était une personne… alors… c’est qu’il en était pareil de tous les Sombres.
- Celebrand, elle essaie de te dire qu’elle ne veut pas avoir à revivre la guerre. Vous devriez vous en arrêter là.
- Je… Est-ce qu’elle est sûre d’en être incapable ? J’aimerais… j’aimerais la voir à la guerre.
Tu pestes encore une fois, et prends ton aimée transie dans tes bras. Tu la serres contre toi, lui offrant ton soutien là où elle ne peut le sentir.
- Il veut savoir qui tu étais pendant les combats.
Pas besoin de le lui dire, elle le sait déjà. Elle sait la curiosité animant Celebrand. Elle sent le mélange de peur, d’appréhension et d’espoir qui l’anime alors que les mémoires lui promettent du sang. Le sang de Daedhels versés par l’une des leurs.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Dim 24 Sep 2023 - 4:04
La daedhelle n’est pas étonnée. Elle s’y attendait déjà, elle avait senti son intérêt, cette curiosité à la limite de la décence. Elle aurait préféré éviter, mais elle s’y était préparée.
- S’il se sent mal, il n’aura qu’à le dire.
Le soleil brille haut dans le ciel vaani, la chaleur est intense, mais l’hiver la rend soutenable. Elle marche, trotte, court, sans s’arrêter, sans s’essouffler. Elle avance, portée par des forces qui ne sont pas naturelles. Tirant la bride d’un âne sur lequel est juchée Haradwen, une jeune elfe au bras tatoué. Voilà peu de temps qu’elle a appris la nouvelle, mais le Puy vomit ses armées à nouveau. Et elle sait où ils vont, elle en avait discuté une année auparavant avec Artiön et Nakor. Elle était certaine qu’après Sol’Dorn, ils viendraient pour Naélis.
Leur première véritable nuit de repos en ces quelques jours de voyage se fait à l’Auberge des Douze Poussins. L’établissement est vide, froid, complètement abandonné. Les nouvelles vont vite. Et ça la soulage. Au lendemain, Haradwen retrouve les siens pour la première fois depuis la chute d’Eraïson, depuis sa fuite puis sa capture par les esclavagistes thaaris. T’sisra en est plus qu'heureuse, elle lui avait promis de la ramener à temps parmi les siens pour sa cérémonie du Choix. Mais, contre toute attente, la jeune elfe fait montre de beaucoup de courage et affirme sa volonté de rester et d’aider. T’sisra retrouve Artiön et Vìrin, fait la rencontre d’Aegden et des elfes venus se battre aux côtés de Naélis. Elle y voit là un brin d’espoir, car même si elle se doute qu’ils ne sont pas venus par simple charité, elle ne peut s’empêcher de penser que la population y verra là un geste de solidarité. Et c’est bien tout ce qui compte. Le moral est trop important en temps de guerre.
Et très vite, la daedhelle se met en marche. Elle a des idées, des contacts. Elle emmène Nakor dans une boutique dont le propriétaire est en réalité un faussaire de grand talent, elle y fait faire des pavillons péninsulaires. Et lorsqu’elle ne rencontre pas les criminels de la cité en compagnie de Nakor et d'Aegden, elle s’occupe des plans de bataille en compagnie des chefs de guerre humains et elfes. Elle connaît les eldéens. Surtout après Sol’Dorn, elle les sait bouillonnant, avide de sang et de gloire. La journée, elle est implacable, souligne toutes les faiblesses de l’ennemi, cherche le meilleur moyen de l’induire en erreur, d’exciter sa folie. Elle fait le compte des possibles pertes ennemies comme alliés en centaines, comme si ces chiffres ne représentent pas autant de vie qu’ils sont censés le faire. Le soir venu, elle se promène seule le long des remparts de la ville haute. Elle observe les préparations qui ne souffrent aucune interruption, son regard se perd dans les plaines. La noirelfe pense à la cité, à ce qu’elle représente, ces murs qui accueillent tout le monde, que leur peau soit claire ou sombre, qu’ils soient grands ou petits. Elle se refuse à voir Naélis tomber. Et en même temps, elle pense aux eldéens qui vont venir mourir en s'empêtrant dans des plans qu’elle a participé à mettre en place. Même s’ils ont essayé de se débarrasser d’elle, elle espère ne pas croiser un cousin, une tante ou un oncle. Ainsi va le monde, la guerre ne se soucie pas des individus. T’sisra ravale ses sanglots et puise sa force dans ce qu’elle tient à voir survivre. On l’avait élevé pour la guerre et, tôt ou tard, le Puy s’en souviendra.
Les cris et les hurlements résonnent le long de la côte. Les armées drows sont passées là où on les avait imaginées aller. La bataille d’aujourd’hui est bien engagée. Les elfes venaient de semer la mort sur le camp eldéen depuis la forêt, les mages sur les bateaux rendaient leur position intenable et les puisards criaient vengeance. Le regard de la noiraude, juchée sur un cheval de guerre aux côtés de l’un des généraux naélisien, observait le goulet. Et elle pensait à tous ces soldats, vaillant et valeureux, qu’elle et les autres chefs de guerre avaient décidé d’envoyer à la mort dans ce bourbier. Tous ces pères, ces fils, ces frères partis affronter la folie furieuse de l’Elda pour la survie de leurs familles et de leur cité. Les premiers cors retentissent. La noirelfe a un regard pour le général, elle opine du chef. Les hommes dans le goulet ont sonné la retraite, une retraite ordonnée, millimétrée, conçue pour pousser les drows à tenter une manœuvre de débordement. Le général talonne sa monture, il fait face aux cavaliers de naélis, il galvanise leurs cœurs et sonne la charge. Une charge salvatrice qui couvrirait la retraite contre les armées du Puy sortant à peine du goulet. Dans ces moments, plus rien ne compte vraiment, mis à part la mission. T’sisra dispense la mort et la souffrance sans l'ombre d'une hésitation. Elle fait le plus de ravage possible, profite de l’étonnement des eldéens de voir une peau cendrée les attaquer. Elle tranche, coupe, fait éclater des yeux, pourrir des soldats. L’aube est rouge. Au ciel comme au sol. Et pourtant, après la bataille, elle exulte comme les autres. Parce que c’est une victoire. Parce qu’elle a survécu. Parce que Naélis tiendra un jour de plus. Parce qu’ils parvenaient à attiser la colère des drows à chaque bataille et que cela les rendait aveugles à leur stratégie.
Ce matin-là, les cœurs sont lourds. Le moral est à un cheveu de basculer. Aujourd’hui, c’est la fin. La dernière bataille, le point d’orgue de cette guerre. La daedhelle observe les plaines noircies par les armées d'Elda depuis ce rempart qu’elle affectionne tant. Elle déjeune en essayant de compter les soldats. Et si avant les batailles, elle s’inquiétait encore de qui elle trouverait face à elle, aujourd’hui, elle n’avait plus de larmes à offrir. Aujourd’hui, elle prend sa part de responsabilité dans les milliers de morts à venir. Parce que cette cité, ils avaient décidé de la perdre, morceau par morceau. D’utiliser les ruelles pour contrer l’avantage du nombre, de transformer chaque quartier en véritable guet-apens. Elle a confiance en leurs ennemis pour se comporter comme ils le font dans ces situations et s'engouffrer dans cette sourcière. Durant tout le début de la bataille, T’sisra est dans les hauteurs de la ville. Elle participe à la coordination des attaques et à la transmission des informations. Ce n’est qu’après que le pont permettant d’entrer dans la cité ait été saboté et que Nakor ait arraché la moitié du Colisée dans une démonstration de force manquant de déchirer la trame, qu’elle descend prendre part aux combats. Car dès lors, toutes les forces sont nécessaires pour achever les eldéens pris au piège dans la cité. Elle se revoit marcher au milieu des décombres, enjamber les corps et dispenser la mort d’une main trop sûre.
Les doigts de la noirelfe se referment sur ceux d’Ithìliur. Ses paupières se closent, elle laisse les larmes qui lui embuent les yeux rouler sur ses joues. Ses souvenirs sont à la fois heureux et terribles. Elle déambule dans les rues, presque perdue. Parfois on vient lui hurler de joie dans les oreilles, on la secoue et en se félicitant d’avoir une eldéenne de son côté. Elle rend des sourires et des tapes amicales. Mais ses yeux parcourent le pavé rouge de tripes et de viscères, les corps entassés des naélisiens, des puysards, des hommes et des femmes, dont les yeux vitreux attirent déjà les mouches. La victoire est leur, mais la responsabilité lourde à porter. Toutes ces vies gâchées, perdues et bientôt oubliées. Les seuls noms dont on se souviendra seront ceux des chefs de guerre et de la poignée de soldats qui ont réussi à s’illustrer. Désormais, elle sait tout ce qu’on ne lui a jamais appris. La guerre est compliquée. Elle est formidable, parce qu’on meurt ou on survit tous ensemble. Et paradoxalement, c’est une solitude incomparable puisqu’on se retrouve seul face à ses peurs, face à la mort, face à ses dieux. La guerre délivre son ultime enseignement une fois que la poussière retombe. Elle enseigne l’humilité. Maintenant la daedhelle sait que la même personne peut être courageuse un jour durant et, au lendemain, être un véritable couard. Elle sait que le courage dépend parfois de choses infimes et que le savoir intime la prudence quant à ses propres certitudes. Et que, si la guerre est toujours une tragédie, elle est malheureusement un mal nécessaire.
T’sisra n’éprouve ni regret ni remord d’aucune sorte. En son for intérieur, elle sait qu’elle ne changerait rien si cela était à refaire. Parce que la guerre enseigne aussi que la mortalité est quelque chose qui vaut la peine d’être dépassée, qu’il n’est jamais vain de risquer sa vie pour quelque chose de plus grand que soit. Et pour ça, elle n'oubliera jamais ces hommes qui ont fait de leur mort l’accomplissement de toute une vie.
- Je veux arrêter, maintenant. Au moins pour un moment. J’ai besoin de… De respirer.
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Dim 24 Sep 2023 - 4:52
Les fils de la Trame se délient. L’illusion s’efface. Les esprits retournent à la réalité de leurs corps. Celebrand ouvre les yeux sur une Daedhelle en pleurs, blottie dans les bras d’un Elfe dont il a connu la mère et l’oncle. Le spirite laisse un instant peser le silence sur la pièce, soudainement respectueux de votre espace, de vos sentiments, des blessures qu’il venait de mettre à nu.
- Fais-lui savoir qu’elle m’en a montré bien assez. il se racle la gorge, gêné Et que je suis désolé.
Les jambes branlantes, il se rapproche de vous. Ton regard, méfiant, glisse, par-dessus l’épaule de T’sisra, vers le mage. Si ses mots sont une quelconque indication de ce qu’elle lui a dévoilé, alors il n’a rien vu qui justifie de tels états. Pas après avoir eu à gérer la folie de Neraën, et les étranges humeurs d’Anorndellon. À l’instant, tu détestes Celebrand. Tu détestes Celebrand du plus profond de ton Souffle, parce que tu sais exactement ce qui l’émeut de cette manière. Tu le détestes parce que chaque fois que tu vois un elfe s’émouvoir de cette manière, tu ne peux t’empêcher de penser que si les choses avaient été autrement, tu aurais probablement agi de la même manière avec celle que tu aimes.
- Je prendrai son parti s’il le faut. Elle peut compter sur moi. il sourit Dis-le lui. S’il te plaît.
Tu te mords la lèvre inférieure, fermes les yeux, et inspires. Tu te ressaisis. Écartant la daedhelle juste assez pour pouvoir la regarder dans les yeux, tu passes une main amoureuse contre sa tempe, rangeant au passage une mèche de cheveux perdue. Tu n’aimes pas la voir dans cet état, car tu sais à quel point il est difficile de la mettre dans cet état… mais si c’était là le prix de sa liberté… de sa liberté… de la tienne plutôt. C’est pour toi qu’elle s’infligeait tout ça. C’est pour être près de toi qu’elle était ici. Valais-tu vraiment la peine qu’elle se fasse tant de mal ?
- Il dit qu’il est désolé. Et que tu peux compter sur lui si tu as besoin d’aide. C’est fini.tu cherches quoi dire pour l’arracher aux souvenirs douloureux et l’amener à des choses plus légèresC’est que la grande Mapel Tsisra est une chouineuse, qui l’eût cru!tu ris de toi-même, à moitié convaincu par la plaisanterieAllons manger un bout, tu veux ?tu te lèves, et lui prends à nouveau les mainsAprès tout ça ça te fera du bien.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Dim 24 Sep 2023 - 5:43
Ses oreilles se redressent en entendant les mots de son compagnon. C’est un immense soulagement, son cœur se libère d’un poids terriblement lourd qu’elle n’en pouvait plus de porter. Elle finit par sourire et laisse même un éclat de rire lui échapper à la plaisanterie d’Ithìliur. Elle ravale un sanglot et se lève lorsqu’il l’invite à le faire. Après une longue et profonde inspiration, elle daigne enfin croiser son regard.
- J’espère que tu as un plat typique à me faire goûter !
T’sisra s’écarte de son compagnon et se tourne vers Celebrand. Elle pose une main sur son avant-bras en lui offrant un sourire plein de tendresse. Elle balbutie quelques bribes de paroles sans réussir à mettre les syllabes dans l’ordre, et puis finalement…
- Tu vas bien ?Demande-t-elle dans un elfique peu assuré en serrant doucement ses doigts sur la manche de sa robe.
La daedhelle s’essuie les yeux, elle regarde ses doigts et constate que ses larmes ont emporté le khôl autour de ses yeux jusque sur ses joues. La gêne s’empare de son visage dans la seconde qui suit.
- Oh non...Elle s’affaire à effacer le noir de ses joues en riant doucement.J’aurais pas dû en mettre aujourd’hui !Son regard file en direction d’Ithìliur.Dis-lui que je ne lui en veux pas et que… Que je comprends. Et que je serai ravie de discuter avec lui lorsque je serai capable d’aligner plus de trois mots en elfique.
T’sisra renfile une dernière fois, vérifie que ses joues ne soient plus humides et, comme si elle n’avait pas versé une seule larme dans ce bureau, elle vient enrouler son bras autour de celui d’Ithìliur. Elle se sent fin prête à affronter le regard des autres maintenant.
- Je ne crois pas me tromper si je dis que vous n’avez pas d’auberge ici, non ? Où est-ce qu’on va quand on veut manger quelque chose de très bon pour une occasion particulière ?
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Il s’en sortira. Le temps de digérer le simple fait que la Drow n’est pas plus dangereuse que lui, et tout ira bien. Toi tu veux juste t’en aller d’ici, alors tu es laconique dans tes traductions, allant au plus rapide pour faire passer les messages de l’un et de l’autre. Tu aurais tout le temps plus tard de t’entretenir plus longuement avec Celebrand quant à ce dont T’sisra avait besoin. Pour l’instant, le Teluïme vous attendait.
- Alors si, nous aussi on a des auberges et des tavernes ! On n’est pas des sauvages !tu roules d’avance des yeuxBien que fine bouche comme tu es, en voyant nos plats traditionnels, tu me diras que c’est du pareil au même.
Tu plaisantes, tu ris, mais à peine l’enceinte de l’Académie quittée, qu’entre deux sourires, ton regard darde à gauche et à droite, à la recherche de ce qui est trop loin pour qu’elle le voie, prêt à l’en protéger avant qu’elle ait à le voir. Ce rôle, tu as beau le prendre au sérieux, tu es vite forcé de te résoudre à complètement y faillir. T’sisra comme au premier jour continue d’attirer les regards, curieux, effrayés, douteux, dégoûtés ou emplis de pitié, et il n’y a rien que tu puisses faire pour l’en empêcher. Tu ne peux finalement qu’être toi, rester avec elle, et lui offrir au moins cette bulle agréable, cet îlot de paix au sein de la tempête.
Machinalement, sans savoir pour quelle raison, tu prends la direction du Nord de la Cité. Tu veux manger près du palais. Comme s’il s’agissait là d’une quelconque forme de sécurité pour vous deux. Vous deux… vous n’étiez que vous deux. Tu n’y as pas réfléchi, tu n’as pas pris le temps d’y penser, mais vous n’êtes que deux. La supervision de la Daedhelle t’a été confiée, ou du moins en est-il ainsi en apparence. Parmi les innombrables regards se posant sur vous, il en est certains plus importants que d’autres. Des Elfes d’apparence sans histoire, débonnaires habitants de la Cité parmi d’autres, mais autant d’yeux caressant tout ce qu’il y a d’important à savoir derrière la muraille. Si d’apparence vous êtes deux, les Eperviers veillent, de nuit comme de jour, cachés derrière leur habit d’innocence.
- Ici ! On mangera bien, ici !
Un lourd silence s’empare de l’auberge alors que vous en passez les larges portes. Les yeux quittent leurs plats pour se lever vers vous, et le tintamarre des couverts contre les assiettes s’arrête brusquement. Puis vous trouvez une place, discrète, dans un recoin de l’établissement, et un brouhaha de murmures se soulève. Tu soupires, quelques peu dépité, avant d’attraper le regard de T’sisra, et de l’attirer en direction des cuisines.
- Je suis désolé pour ça. Maintenant il faut espérer qu’ils veuillent bien nous servir.
Le temps passe. D’autres Elfes arrivés plus tard que vous sont abordés et servis alors que vous attendez encore. L’établissement se vide lentement, et il n’y a déjà presque deux fois moins de monde lorsqu’une Elfe au visage rongé par le temps et par les vapeurs chaudes vient finalement à votre table.
- Ce sera quoi pour vous ?
- Fricassée de phalènes pour moi, et pour elle… tu réfléchis un instant …une galette saisonnière. tu fronces les sourcils Ah ! Et deux Leöras !
- Tout de suite !
Le ton est pincé, mais voyant que vous ne quitterez pas l’auberge autrement, et craignant probablement quelconque forme d’esclandre, la serveuse finit par s’obliger et rapporter votre demande aux cuisines.
- Je t’ai pris quelque chose de facile à digérer pour ton estomac de fragile, mais je te conseille d’au moins essayer les phalènes. Je te garantis que tu ne seras pas déçue.
T'sisra Do'ath
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T’sisra est heureuse que cette première épreuve auprès des taledhels, et surtout en plein au cœur de leur cité cycléenne, soit enfin passée. Même si au fond, elle sait que le plus dur reste à faire, et qu’il ne se fera pas en quelques jours, comme à chaque fois. Son cœur est léger de laisser Celebrand avec des pensées dont elle imagine bien la nature, car elle sait ce qui le travaille en son for intérieur.
Dès qu’ils sortent des bureaux de Celebrand, Non qui n’a eu d’autre choix de que d’attendre à la porte, se met à sautiller dans tous les sens et japper de bonheur. Leur trio bien étrange quitte l’Académie. Le regard de la noirelfe se perd dans les constructions démesurées de la cité. Parfois uniquement de pierres, parfois mêlées à la nature, aux racines et aux branchages. Si elle avait attentivement écouté les elfes lui conter les paysages de leurs terres natales, les voir pour de vrai ne manque pas l’impressionner. Elle y retrouve la grandeur des constructions des nains, mais à défaut d’une présence puissante et force, elle y voit plutôt une grâce qui n’appartient à aucune autre peuplade. Elle ne le découvre que maintenant. Maintenant qu'elle est avec lui.
- C’est vraiment incroyable...Souffle-t-elle, le visage tourné vers les hauteurs.C’est probablement la plus vieille cité du monde et pourtant, elle a quelque chose d’intemporel. Ou plutôt... D’éternel.
Mais lui n'est pas avec elle. La daedhelle soupire en voyant Ithìliur plus alerte qu’un chien ours en pleine saison du faisan. Elle laisse sa tête tomber contre son épaule et resserre un peu plus sa prise autour de son bras. Son regard s’attarde de dépit sur Non qui fait des allers et des retours entre eux et chaque nouveau passant croisant leur route. Lui au moins ne se soucie de rien tant qu'il peut gambader à sa guise et garder T'sisra à portée de vue.
Bientôt, ils franchissent les portes de l’auberge, un très joli bâtiment dont les arcades sculptées épousent la progression des racines d'un arbre assurément plus vieux que tout le quartier. T’sisra se fend d’un sourire et d’un signe de main pour l’assemblée qui se tait. Elle joue des sourcils et finit par regarder en direction du fond de la pièce, là où Ithìliur l’emmène. Et là encore, comme elle s’y attendait déjà, l’ambiance en prend un sacré coup.
Et, évidemment, il est désolé. Lui. Pour eux. Elle retient un soupir. La noirelfe hausse les épaules et s’occupe de Non, elle le prend sur ses genoux et le caresse doucement jusqu’à ce qu’il finisse par se calmer et trouver une position confortable. L’eldéenne ne dit rien, elle se contente d’essayer d’accrocher le regard d’un serveur et finalement... C’est une serveuse qui viendra s’occuper d’eux. Alors qu’elle ouvre la bouche pour dire... N’importe quoi, l’ombromancien s’occupe des commandes.
- Ithìliur.Finit-elle par dire en saisissant son visage inquiet entre ses mains pour qu’il ne puisse regarder nulle part ailleurs que dans ses yeux à elle.Il faut que tu te calmes. Tu es plus difficile à tenir que Non !Elle libère ses mâchoires et désigne le chien qui s’est endormi sur ses genoux en riant tendrement.Tu sais, j'aime que tu veuilles me protèger... Vraiment, ce n’est pas désagréable. Pas du tout. En réalité, je trouve ça même très... Séduisant.Elle souffle le dernier mot avec une légère gêne, puis ses mains viennent chercher celles d’Ithìliur.Mais quand on déambule dans les rues, je veux que tu sois avec moi, pas seulement à côté de moi. Et si tu ne leur fais pas confiance,elle désigne le reste de la pièce d’un signe de tête plutôt discret, aie au moins confiance en moi. Je t’en prie.
Elle se mordille la lèvre, son regard fuit vers le sol quelques instants. Elle ouvre la bouche plusieurs fois d’affilée, mais rien n’en sort. Elle cherche les mots justes. Les bons mots pour… Elle abandonne. La daedhelle finit par sourire alors que son regard remonte se perdre dans les yeux d’Ithìliur.
- Je pense que je courais un bien plus grand risque le jour où j’ai pénétré le Royaume des Nains, bafoué toutes leurs lois et que je suis allée arracher à l’oubli des secrets qu’ils ne veulent pas voir tomber dans les mains de qui que ce soit. J’ai défié la Mort, littéralement, je me suis engueulée avec ta déesse au milieu des Terres Stériles et j’ai dû rassembler une foule de croyants suderons pour lui prouver mon point, en plein milieu de leur territoire.Ses doigts tapotent l’un après l’autre la paume de l’une des mains de son compagnon.Ce n’est pas la première fois que je fais ça. Et je peux t’assurer que la seule façon de s’en sortir, c’est de briser la glace en agissant comme... Comme une personne normale. C’est comme ça que les gens se rendent que compte que... Qu’on n'est pas si différents, même si notre couleur de peau l’est ou qu’on a les jambes trop longues. Et puis de toute manière, il ne va rien m’arriver. Quatre tables sur ta gauche, ne les regarde pas. Le couple qui est entré tout à l’heure, je les ai croisés ce matin en arrivant dans la cité, ils sont « tombés »,elle insiste sur le mot avec une ironie bien sentie,sur moi et le diplomate qui m’accompagnait s’est occupé de les « rassurer ». Et je suis quasiment certaine que c’est lui dont j’entends le cœur battre de l’autre côté de la rue, il est sans doute planqué à une fenêtre ou que sais-je… Alors… Dis-toi que si c’était vraiment si mortel pour moi, Artiön ne m’aurait pas laissée venir. C’est mon ami et je ne crois pas une seule seconde qu’il me veuille du mal. Bien au contraire.
Le visage de la daedhelle se crispe légèrement. Elle semble retenir un sourire qui commence à la faire souffrir.
- C’est moi qui choisirai et commanderai le dessert. Et maintenant faisons les vomir dans leurs assiettes avec un joli bisou.
Elle tire sur le col de la robe de son compagnon sans prévenir et dépose un baiser passionné sur ses lèvres. Si le silence était déjà pesant, il ne parait être plus que seul client de l’auberge. Le tintement d’une assiette qui tombe au sol retentit, elle tourne sur elle-même, longuement, dans un bruit de métal qui s’allonge lentement, encore et encore. T’sisra pouffe bêtement et enfouit sa tête dans ses mains en faisant tout son possible pour ne pas se laisser submerger par un fou rire.
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Elle refuse de comprendre ce qui te fait peur. Certes, de la même manière, tu ne comprendras jamais ce qu’elle a vécu au Puy, au Zagazorn, ou dans les Terres Stériles, comme elle le comprend elle-même, mais qu’elle ait eu de la chance, qu’elle ait survécu jusque-là ne voulait pas dire qu’elle continuerait d’en avoir jusqu’à la fin des temps. Et quoi qu’elle veuille bien en penser, aussi magnifique puissent être vos Cités, aussi pure puisse être la pierre blanche qui s’étend loin à l’horizon, aussi luxuriantes et grandioses puissent être vos forêts, l’Anaëh n’est en rien moins dangereuse que ce qu’elle a connu jusqu’ici.
Tu en fais peut-être trop. Tu veux bien l’entendre. T’agiter comme tu le fais est peut-être contre-productif. Tu veux bien le lui accorder. Essayer de se fondre dans le décor, aussi difficile que cela puisse être est certainement la meilleure chose à faire… mais elle prend les choses trop à la légère. Elle prend trop ses aises… et tu as peur qu’à terme, ça puisse la perdre. Elle ne pourra pas toujours se cacher derrière l’Aran. Et qui sait si l’Aran lui-même continuerait de prendre le risque de se porter garant pour elle ?
- Je veux bien essayer de me détendre un peu.
Tu lui souris, et baisses les yeux. Fort d’affection, mais empreint de craintes, d’appréhensions et d’une pudeur nouvelle, ce dernier baiser n’aura pas été ton meilleur. Tu manques déjà à ta promesse, et tu t’en veux un peu, mais tu te rattraperas. Tu te promets à toi-même que tu te rattraperas.
- Mais toi, de ton côté, tu devrais te méfier juste un tout petit peu plus.tu plisses les yeux et lui fais signe du pouce et de l’indexSi tu te méfies un peu plus, ce sera plus facile pour moi de me méfier un peu moins.l’une de tes oreilles se soulève à l’opposé de ton sourcilEt d’accord, à toi l’honneur pour les desserts, mais tu ne te plains pas si tu rates les meilleurs alors.
Vos plats finissent par arriver, et comme en réponse à leur fumet, ton estomac proteste d’un grondement sonore. Tes oreilles se dressent, et tu recules dans ta chaise, tes yeux gênés cherchant à gauche à droite des visages semblant l’avoir remarqué… comme si quelques gargouillis pouvaient plus attirer l’attention que votre dernier baiser.
- Bon appétit.tu te saisis de ta pinte de Leöras et invite T’sisra à faire de mêmeEt Santé ! À l’éternité qui nous lie !
Attendant qu’elle trinque, tu la dévisages, une expression mutine au visage. Combien de mots a-t-elle attrapé ?
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Mar 26 Sep 2023 - 0:06
La daedhelle pince les lèvres, ses doigts tapotent contre le bois de la table. Elle ouvre la bouche, mais la serveuse s’immisce entre eux et dépose les plats commandés sur la table sans plus de cérémonie.
- Merci !Lui lance l’eldéenne alors que l’elfe tourne déjà les talons pour filer aux cuisines en faisant mine de rien avoir entendu. Ses doigts s'enroulent autour de son verre de Leöras et elle répond à l'invitation en trinquant dans un sourire.Appétitsanté !
La noirelfe tourne son assiette petit à petit en observant les couleurs et les textures de son plat d’un œil curieux. Force est de reconnaître que le dressage est particulièrement agréable à l'œil, et les fumets gourmands aussi alléchants qu'enchanteurs ! Plus que la fricassée d’en face, dont l’aspect ne lui semble pas aussi ragoûtant. Et de loin !
- Tu me crois naïve à ce point ?Demande-t-elle en se saisissant de sa fourchette et son couteau.Je suis bien consciente qu’aujourd’hui n’était pas le plus dur à faire, tu sais. Que ma situation est complexe, qu'elle l'est tout autant pour toi et ceux que je peux considérer comme des amis ici. Mais... Je viens d’arriver. J’ai rencontré deux personnes, à peine. Je me méfie toujours, c’est ce que je fais en règle générale, c'est comme ça que j'ai appris à survivre. Et je veux bien me méfier encore plus, laisse-moi seulement le temps de prendre mes marques. Je te promets que je ferai attention à ne pas relâcher ma garde. Je te le jure.
Un sourire en coin se dessine sur son visage, puis elle goûte à son plat. La concentration laisse place à la surprise et à un petit cri contenu entre ses lèvres closes tandis que se dressent ses oreilles.
- La dernière fois que j’ai mangé quelque chose d’aussi raffiné… Mmmh…Elle tapote ses lèvres du bout de la fourchette en plissant les yeux.Je crois bien que c’était à Syriac. C'est en Péninsule, à l'Ouest de la capitale.Ses sourcils s’arquent l’espace d’une seconde.Ça fait un sacré bout de temps ! Tiens, on fait un échange.
Elle dépose délicatement un bout de sa tarte sur le bord de l’assiette de son compagnon et prend le temps de sortir une seule petite larve cuite du plat. Elle porte le couteau à l’horizontal au niveau de ses yeux et observe avec attention l’insecte cuit qui n’attend que d’être mangé.
- C’est pas... Enfin c’est… Si je ne savais pas ce que c’était, je pense que j’aurais moins de mal avec ça.Elle glisse la lame entre ses lèvres et croque dans la phalène. Elle affiche une expression relativement neutre et hausse les épaules. Mmh... Oui. Bon. Je préfère ma tarte. Même si ça manque un peu de viande. Mais bon, j’ai été élevée par nain qui passé son temps à marteler que la vie sans bière et bidoche ne vaut pas le coup d’être vécue alors...
Elle se fend d’un sourire en mâchant, se demandant ce que pourrait bien éprouver son père de la voir ici, attablée avec Ithìliur au milieu des siens. Sans doute qu'il serait terrifié mais tout aussi fier et comblé.
- D’ailleurs,elle pointe sa fourchette en direction de l’ombromancien avec l’air de celle qui ne sait trop comment aborder le sujet,pour ce soir... Enfin... Je sais que vous avez des dortoirs à l’Académie, même des chambres, mais... Enfin j’en sais rien...Son regard file au plafond, puis dans son assiette et enfin en direction de la fenêtre.S’il y a bien une chose à laquelle je tiens, c'est la sécurité de l’intimité et je me demandais si, à tout hasard, il n’y aurait pas une pièce de libre chez ton oncle ?Elle plonge le regard dans celui d’Ithìliur.Un endroit rien qu’à nous, loin du reste du monde. Ce serait possible, tu penses ?La noirelfe rentre légèrement la tête dans les épaules en attendant la réponse de son compagnon.
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Mar 26 Sep 2023 - 16:56
Tu glousses, amusé par la tentative de T’sisra de te rendre les politesses, et puis tu commences à manger. Ceux qui disent que la nourriture est le plus grand des remèdes ont mis le doigt sur l’une des plus grandes vérités de ce monde. Parce qu’après quelques bouchées de ton plat, les déclarations de ta compagne sont d’un coup bien plus faciles à accepter pour argent comptant. Tes épaules retombent, et tu te rends seulement compte à ce moment d’à quel point ton dos était resté tendu jusque-là.
Un soupire d’aise t’échappe alors que T’sisra échange vos plats, rapidement remplacé par un regard curieux, attendant de voir ce qu’elle penserait de celui des deux plats qui – en réalité – était le plus typique de la culture Lëandrine. Au fur et à mesure qu’elle approche les couverts de sa bouche ton front se plisse, tes yeux s’étriquent et tes lèvres se pincent… tout ça pour qu’elle n’en dise finalement pas grand-chose. Soulagement et déception à la fois. Une réaction plus grandiloquente qu’elle soit positive ou négative aurait probablement été plus amusante.
- C’est vrai qu’on ne mange pas beaucoup de gibier à Alëandir. Il faut dire que ce ne serait pas évident de chasser de quoi en offrir régulièrement à tout le monde.tu maries une part de sa tarte avec une bouchée de fricasséeDu coup les insectes remplacent.tu prends une bouchée de plusOn mange beaucoup plus de viande hors des murs. Que ce soit dans les clans ou quand on part en expédition entre Citadins. La logistique est plus facile à faire dans ces moments-là.ton regard se porte dans la direction des montagnesLes territoires hors du Coeur mangent beaucoup de poisson et de crustacés aussi. D’ailleurs j’avoue que je ne sais pas trop pourquoi on en mange si peu en Alëandir et Ardamir alors que l’Elorëa traverse les deux Cités. C’est la culture qui veut ça j’imagine.
Toi que la nourriture avait réussi à détendre un brin, voilà qu’elle se retourne contre toi et que tu manques de t’étrangler. La suite de la conversation te fait monter le pourpre aux joues et au bout des oreilles, t’obligeant à te forcer des airs calmes pour répondre.
- Ça va faire un moment déjà que le domicile qu’habitait mon oncle a été réattribué. Surtout que même quand il l’occupait, c’est bien parce qu’il disséminait son fatras partout qu’on ne l’en a pas chassé plus tôt. Il passait plus de temps à l’Académie que chez lui.tu réfléchis un instantAvec les migrations de l’an 15, quasi toutes les grandes maisons ont été réquisitionnées, mais maintenant que la situation s’est un peu tassée, il doit bien rester quelques habitations dans les branches de l’étoile.le coin gauche de tes lèvres se soulève en un rictus taquinOn peut toujours aller au Trône Blanc demander s’ils peuvent nous en attribuer une.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Mar 26 Sep 2023 - 20:06
Ainsi, on allait et venait au gré du temps et des événements dans les habitations des taledhels... T’sisra se pare d’une moue de déception, mais la question de la propriété surgissant de nouveau dans son esprit, c’est le front plissé qu’elle enfourne un bout de tarte dans sa bouche. Si elle a bien compris que le principe de propriété leur est, pour beaucoup de choses, étranger, elle a bien du mal saisir la limite de ce que l'un peut considérer sien ou non.
- Mmh...Elle déglutit, puis en voyant la gêne qu’Ithìliur s’attèle à cacher sous un masque de sérieux, elle ne peut s’empêcher de sourire en tout esquivant son regard.On devrait demander à mon amie Haradwen, elle travaille avec les diplomates. Et je gage qu’elle sera plus que ravie de nous aider. En plus,elle pointe la fourchette en direction de son compagnon tout en se fendant d’un sourire taquin,quand je l’ai croisée à Naélis, tu étais à Thaar à ce moment-là, elle m’a tannée toute une après-midi pour que je lui parle de toi. Elle va être tellement heureuse de te rencontrer, tu n’imagines même pas ! Elle doit traîner prêt du trône blanc, ou alors elle a déjà entendu parler de ma venue et elle me cherche dans toute la cité en ce moment même. L'un ou l'autre.
T’sisra est secouée d’un rire rien qu’à l’idée d’imaginer la rencontre. Puis, après avoir repris un brin son sérieux, elle se lèche le bout de l’index et commence à attraper les miettes de la pâte au fond de son assiette. Un mets aussi délicat mérite des couverts propre à la fin du repas.
- Quels choix a-t-on en matière desserts ? Dis-moi que vous avez des choses pleines de sucre et qui croustillent sous la dent.Elle dresse l’index en faisant les gros yeux.Sans être des insectes.Elle joint les mains comme si elle priait.Si vous mettez des insectes dans vos desserts, je...Elle secoue la tête en surdramatisant de son mieux avant de rire doucement.Tu sais déjà ce que tu veux toi ?
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Ithìliur Telperiën
Elfe
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Jeu 28 Sep 2023 - 22:34
- À cette époque de l’année on doit avoir pas mal de pains de fruits. Tu pourrais demander qu’on t’en découpe un peu de plusieurs pour découvrir un peu.tu poses ton pouce et ton index sur ton menton et réfléchisSi tu veux un truc un peu plus « épicé » le sorbet de feu c’est pas mal.tes yeux cherchent dans le videEt si tu as vraiment de la chance, y’a moyen qu’ils fassent le gâteau à l’Ardamirie. Il sera probablement moins bon qu’en Ardamir mais même comme ça ça vaut largement le coup.
Tu laisses retomber le silence un instant, en regardant ton ventre. Tu fermes les yeux quelques secondes, et te relèves brusquement, avant de t’étirer un coup.
- De mon côté ce sera probablement sorbet de feu.
Tu rends ton attention à T’sisra, repensant à ce dont elle parlait juste avant de te demander tes conseils. Haradwen… tu en avais un peu entendu parler de la fameuse Haradwen. Encore une elfe avec laquelle la daedhelle s’est acoquinée. Comme quoi ils se cachent bien, mais il y a finalement beaucoup plus de gens entre ces murs qui ne soient pas si facilement rebutés par les apparences.
- Mais dis-moi, histoire que je sache à quoi m’attendre : qu’est-ce que tu lui as raconté sur moi exactement à ton amie Haradwen ?
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Ven 29 Sep 2023 - 0:38
T’sisra croise les bras et penche la tête sur le côté. Sa mémoire se raccroche aux pâtisseries que son estomac a eu le plaisir de digérer au cours de sa vie. Et quand bien même, elle trouve difficile d’imaginer à quoi ressemble un sorbet de feu. Un sorbet tout court même. Elle fait bouger le bout de son nez en tordant ses lèvres et finalement, se rabat sur le choix de la sécurité. Le gâteau.
- Je vais me laisser tenter par le gâteau, normalement, ça ne peut pas se rater un gâteau. C’est sûr. Et un sorbet de feu.Elle opine du chef dans un sourire.Je vais prendre deux leöras en plus aussi.
Elle le regarde se lever et s’étirer, elle se lève son tour et met son assiette dans la sienne puis les couverts et se saisit du tout à deux mains.
- Je lui ai raconté comment on s’est rencontrés. Comment on s’en est sortis, tous les deux.Elle repose les assiettes sur la table et lève les yeux pour croiser son regard.Je lui ai dit qu’on s’était embrassés, dans le port.Un rire la secoue quand elle y repense.Après ça elle m’a écrasé les joues tellement fort que j’arrivais plus parler ! Elle connaît ton prénom aussi. Elle m’a promis de garder ça pour elle et nous laisser, à nous, le choix de faire les choses comme on l’entendait. Alors, aujourd’hui, je peux t’assurer qu’elle doit être excitée comme une puce et qu’elle n’attend plus que de te rencontrer, en grande partie pour pouvoir raconter à tout le monde qu'elle nous a connu avant... Et bien avant tout le monde !
T’sisra soulève à nouveau les assiettes et quitte la table, fait trois pas et se retourne.
- Je lui ai aussi dit que tu es très beau avec tes jolies taches de rousseurs !
L'eldéenne a un sourire plein de tendresse, puis elle reprend sa route en direction des cuisines jusqu’à finalement tomber sur la serveuse, pour qui elle se pare de ses traits les plus avenants en lui tendant les couverts.
- Mange bon ! Je... Aime... Très bien !La daedhelle incline légèrement la tête tandis que l’elfe récupère les assiettes et les couverts qu’on lui tend.Mmh... Sorbetfeu ? Sorbet. De. Feu.Son index désigne Ithìliur, puis elle se désigne elle-même.Gâteau Ardamir, oui ? Leöras.Elle dresse l’index et le majeur en pliant les autres doigts.S'ilteplaitmerci. Oui ?
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Sam 30 Sep 2023 - 1:44
Tu l’accueilles à table avec un tonnerre d’applaudissements… ou plutôt un léger grondement quelques peu ironique, mais très amusé. Pour les efforts de patience qu’elle avait déployé à t’aider à t’acclimater et à apprendre la langue d’Ithri’Vaan, tu ne le lui rendais décidément pas très bien. Mais c’était de bonne guerre. De bonne guerre à sens unique, mais de bonne guerre tout de même.
- Tu parler Darthiiri si sensuelle… c’est vrai !
Tu la regardes d’un air chafouin, le coin gauche des lèvres relevé, tes iris d’or illuminant un regard aussi suave que ton Eldéen est ridicule. Et tu en es conscient. Seulement, si te voir massacrer sa langue natale fait le même effet à T’sisra que de la voir massacrer la tienne, alors il valait mieux pour Haradwen qu’elle vous trouve effectivement de quoi vous loger loin de la foule et des regards et oreilles indiscrets.
- J’espère ton hanche délicieux comme ton bouche.
Tu te penches au-dessus de la table et t’approches lentement d’elle, faisant durer le plaisir. Tu attends le plus longtemps possible avant de lui tendre tes lèvres… à tel point qu’avant que tu aies pu tenter quoi que ce soit, la serveuse vous aura séparé en posant – plus vigoureusement que de raison – sur la table les plats contenant votre commande. Tu te rassieds en vitesse, et détournes ton regard en direction de l’elfe pour à son air patibulaire opposer une mine contrite et gênée, les joues et le bout des oreilles rouges comme les cheveux de ta tête.
- J’espère que le gâteau te plairatu lui dis, la voix légèrement étranglée, peinant à retrouver le rythme de la conversationJe ne sais pas ce qu’il en est pour les Sombres, mais nous on a du mal avec le sucre, donc attends-toi à ce que ce soit beaucoup moins sucré que ce que tu as pu manger en Ithri’Vaan ou au Zagazorntu plonges ta cuiller dans ton propre dessertEt puis n’hésite pas à me piquer dans le mien si tu veux.
Le sorbet de feu… à celui qui a eu l’idée de concasser des graines explosives pour ajouter un peu de piquant à une purée de fruit froide, tu tires ton chapeau. D’ailleurs tu t’attendais un peu à ce que T’sisra – même amatrice de sucreries – le choisisse plutôt qu’autre chose. Elle a eu le temps, après tout, d’avoir le palais indélébilement marqué par la cuisine Eldéenne.
T'sisra Do'ath
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Sujet: Re: Au-delà des cendres Sam 30 Sep 2023 - 2:57
La daedhelle pouffe d’entendre un si honteux phrasé, tout en se devant d’admettre la réalité incontestable que le sien n’est pas plus agréable à entendre en elfique. Qu'il est probablement même pire, puisqu’elle peine à réciter les phrases qu’elle s'est pourtant répétées en boucle soirs après soirs. La tentation qu’il lui impose lui arrache un sourire. Alors qu’elle s’apprête à succomber, ils sont tous deux brusquement interrompus. T’sisra se racle la gorge et remercie la serveuse tout en tirant son gâteau jusqu'à elle. Son regard file vers Ithìliur, elle retient un rire et s’intéresse finalement à son dessert.
Sa fourchette tranche dans le moelleux de sa part de gâteau, elle goûte, restant perplexe un instant puis, opinant lentement du chef pour nul autre personne qu’elle-même, elle avale et passe la langue sur ses lèvres.
- Pour ce qui du sucre,elle pointe une fourchette accusatrice en direction de l’ombromancien,vous manquez quelque chose. C’est terrible ! Et très honnêtement, je ne sais pas si on le digère bien ou pas.La daedhelle hausse les épaules en continuant de savourer l’arrière-goût sucré de sa pâtisserie.Il faut dire que je digère à peu près n’importe quoi. Une fois, mon cousin a essayé de m’empoisonner. J’en ai repris deux fois.Un léger rire lui échappe, un rire qui disparait tout aussi vite qu’il est apparu alors qu’elle se demande si on peut vraiment considérer cela comme une histoire drôle.
L’eldéenne se délecte de la recette ardamirie jusqu'à s'arrêter brusquement, se rendant compte qu’elle mange trop vite puisqu’il ne reste déjà qu’un maigre bout de gâteau au fond de son assiette. Ses doigts se referment sur sa coupe de leöras, puis elle pousse son assiette du côté d’Ithìliur.
- Un échange. Un petit bout, contre une cuillerée.Souffle-t-elle plongeant son couvert dans le sorbet de feu.Mmh...Elle arque un sourcil, l’autre imite le premier, ses yeux sont ronds de surprise.Mais c’est trop bon !Elle plonge sa cuillère une seconde fois dans le dessert de son compagnon.Mais mon bout de gâteau vaut bien deux bouchées de ton sorbet.
Le bout de son pied vient effleurer la jambe de l’elfe. Son regard se plante dans le sien tandis qu'elle joue des sourcils avec un sourire en coin somme toute assez discret.
- Je gage que mes lèvres seront plus délicieuses encore après ça, tu y gagnes au change.
Sa cuillère déposée sur la table, elle penche la tête sur le côté et commence à défaire sa tresse tandis que lui finit son dessert. Ses yeux parcourent rapidement la salle, elle croise des regards qui essayent de l’éviter tout étant malade de curiosité et de méfiance. Elle n'a désormais plus qu'une hâte : retrouver Haradwen, espérant, par son concours, dénicher un endroit confortable, un lieu rien qu'à eux, loin des curieux.