[Boutique de Ranaghar] C'est pour quoi, Haute Prêtresse ? | Elvanshalee

C’est dans la chambre la plus luxueuse et la plus riche du niveau des artisans, que l’on trouve la boutique des plus modestes et discrètes en comparaison de ses voisines de l’illustre et extravagant - désagréable et dérangé diront certaines mauvaises langues – et surtout renommé Ranaghar Medel’hel, Maître Façonneur, de profession et rang.
Le bâtiment, si il paraît ridicule – digne d’une maison des niveaux supérieurs du Puy, mais cachant en fait tout dans son sous-sols, bibliothèque personnelle, laboratoire et les autres pièces de sa demeure– se situe en fait dans la pure lignée des autres idées du Façonneur qui voulut se détacher de la folie des grandeurs du voisinage, et donc surprendre et attirer les regards avec une approche à l’opposé des autres.
L’enseigne porte le nom des plus sobre et simple de « Euolj lu'Faer Medel’hel » - « Bijoux et Magie Medel’hel » pour les illétrés – le tout sur un fond de pierres précieuses dessinées, et de quelques effets et motifs illustrant le côté « magique » des produits proposés, tout du moins de cette possibilité. Mais rien de plus… Pas de vitrines, juste une porte…

Mais pas n’importe quelle porte, non ! Il n’y a que les idiots pour se parer d’une porte classique, même avec toutes les gravures et les dorures que vous voulez ! Le Maître Façonneur possède, et cela dans presque toute sa maison, les seules portes du Puy d’Elda à deux poignées ! Mais elles ne sont pas juste issue de son obsession de se distinguer, ne poussons pas le vice aussi loin, ça a quand même un intérêt pratique… La poignée à un peu plus d’un mètre, la classique, c’est pour les gens dit de taille standard – c’est là une chose sur laquelle il ne peut malheureusement pas se différencier -, et il y a aussi la poignée à une quarantaine de centimètre, pour Klez, son assistant gobelin.
Et ces fameuses portes ont une histoire ! Celle du Maître Façonneur à l’esprit torturé qui cassa menu les précieux bijoux de famille du viril fabricant de porte par sa demande saugrenue et ses lubies de « foutu mage à la con ! » pour citer le fameux artisan. Car oui, parce qu’installer une seconde poignée, ce n’est pas si facile, suffit pas de la mettre là et voila le travail ! Non ! Il a fallu créer tout un mécanisme juste pour cette « putain de porte » - mais aussi pour la dizaine qu’il commanda en plus de celle-ci… Bah oui, faut en mettre dans toute la maison ou presque.

Enfin, tout ça pour dire que ce n’est pas des portes banales…

Une fois dedans, non sans avoir actionné le très malin système de clochettes disséminées dans toute la maison, pour alerter de la venue de quelqu’un n’importe où, l’on est dans une pièce assez spacieuse et dégagée, décoré par quelques tapisseries, éclairées par des torches mais vide de toutes marchandises, un comptoir derrière lequel se trouve une porte, bloquée d’une étrange façon si vous tentez de la passer, d’où viendra le Maître Façonneur dans l’une de ses extravagantes et colorés tenues, sans doute accompagné de son gobelin, bien qu’on ne le verra pas, trop petit pour le comptoir, quelques instants plus tard, mais pas un seul bijou exposé… Bah oui, faudrait pas qu’un type entre, vole les bijoux et s’en aille… Les modèles d’exposition sont bien cachés et gardés magiquement !

Bienvenue dans la boutique de Medel’hel !

Il est donc temps de rendre visite en toute discrétion à ce cher Façonneur, Ranaghar Medel'hel, car la Haute-Prêtresse a une demande très particulière à lui demander. Sera t-il en mesure de répondre à sa demande. Elle a quelques doutes à ce sujet mais qui ne tente rien n'a rien comme on dit. Elle s'y rendit la nuit ou plutôt au crépuscule bien qu'au sein du Puy, l'obscurité règne en maitre. Les offices s'étaient faites. Elle avait donc le temps de se déplacer. La Voix de Teiweon avait délégué quelques taches à son subalterne, le plus proche. Il se contentera de trier la paperasse pour que sa lecture soit plus aisée plus tard. La Fille de la Mère avait fait dépêché l'un de ses gardes rapprochés et personnels même, le très célèbre, Shar'Alak. Aujourd'hui, l'ordre était de la suivre de loin sans l'accompagner. Elle désirait s'y rendre seule, tout en ayant un atout pas très loin en cas de problème. Quittant son Temple, habillée d'un long manteau bleu nuit, un capuchon en forme de coule recouvrait son minois, le laissant ainsi dans l'ombre. De toute façon, Elvanshalee ne sortait jamais sans se voiler. La Chambre Magmatique abandonné, elle remontait les étages jusqu'à atteindre celui des Artisans et des Bourgeois. Le chemin ne fut pas laborieux car avant d'être ce qu'elle est aujourd'hui, l'Avatar aimait déjouer la surveillance de sa gouvernante ou son tuteur pour s'échapper et aller gambader dans les anneaux supérieurs. A son retour, souvent, cela se soldait pas une réprimande sévère mais qu'importe, elle était enfant et possédait la fougue de la jeunesse. Elle ne craignait pas pour sa vie, encore un peu inconsciente à cette âge. Les galeries arpentées, elle évoluait rapidement sans pour autant l'être trop et éveiller quelconques soupçons. L'œil était aguerri, surveillant malgré l'assistance secrète les uns et les autres. Elle ne rencontra pas d'embûche si ce n'est une bagarre entre deux mâles. Un petit règlement de compte en somme mais elle n'y stagna pas, susurrant seulement une prière à Teiweon qui viendra prendre l'âme du perdant. Quelle tragédie...

Bientôt, la rue du dit Magasin fut atteinte. Elle ne rata pas l'enseigne bien qu'elle ne fut pas aussi voyante et dégoulinant de breloques ostentatoires comme les autres. C'était même bien mieux ! La Haute-Prêtresse aimait le gout avec classe et élégance. Et parfois l'épuration des éléments étaient plus appréciables que la surcharge accablante. Pas de vitrine, elle n'en s'étonna pas plus que cela par contre elle cala sur la porte à la double poignée. Un sourcil s'arqua d'en l'ombre. Une moue enfantine s'empara de ses traits avant qu'ils ne se détendent aussitôt. Un petit mouvement d'épaule arqua subtilement sa frêle carrure. Elle leva sa jambe et activa la poignée du bas du bout des pieds et de sa main, celle du haut. Il ne faut pas croire qu'elle ne savait pas qu'il suffisait d'activer la première clinche. Elle trouva cela amusant. C'était un petit jeu éphémère. La porte fut poussée, une fois ouverte et les clochettes se mirent à tinter annonçant sa venue. La Fille de la Déesse des Âmes pénétra à l'intérieur de la boutique après un bref regard en direction de son Ombre, Shar'Alak. Les billes vermeilles revinrent au centre d'attention premier : le Magasin. Elles détaillèrent minutieusement le décor, scannant les murs de son regard paradoxalement doux. Sans doute le Maitre façonneur n'allait-il pas tarder à surgir de derrière cette autre porte. Bruissement d'étoffe, le minois se penche de côté et la Voilée s'approche jusqu'au comptoir. Elle s'y campe, glissant ses mains gantés sur le bois du présentoir. Une fois, le Sombre là, sa voix délicate viendra flatter ses oreilles.

- « Vendui, je viens me renseigner sur votre Art et voir si vous êtes à la hauteur de votre réputation car ma demande est quelque peu spéciale. Sauriez-vous me combler ? »

La Haute-Prêtresse se tut à nouveau, guettant une réaction de son interlocuteur avec une certaine impatience. Détailler à noter : elle n'avait pas encore ôter son capuchon , demeurant manteau fermé, gants dissimulant parfaitement ses mains. Silhouette bien mystérieuse mais sans doute devait-il voir cet accoutrement souvent.

Tout à l’étude des précieux parchemins d’antan, possession et écrit d’un des rares individus à être très hautement respecté par l’Excentrique, son mentor, son maître, celui qui lui apprit à se servir du rare et précieux don de l’Imprégnation et fit de lui un Maître Façonneur renommé, il dut pourtant s’en séparer quand tintèrent dans toute la demeure, en chaque pièce importante, les cloches de l’ingénieux réseau que commandait l’ouverture de la porte du magasin. Un client !

Il roula le parchemin qu’il rangea avec soin avec les autres, enfila l’un de ses manteaux aux motifs ne représentant rien que des formes abstraites, des symboles quelconques, colorés comme toutes sa garde robe qui se voulait tout sauf discrète et idéale pour se fondre dans la masse, envoya son pied dans le verdâtre fessier de son hideux et petit acolyte et tout deux allèrent à l’étage, vers la boutique… Le gobelin ouvrait la marche, ouvrant les portes, comme tout serviteur digne de ce nom et finalement, les deux parvinrent à destination, l’un invisible car bien trop petit, et l’autre… Très visible.

Il détailla un instant le client, ou plutôt la cliente, car aucun homme ne venait voiler de la sorte, les femmes peuvent jouer de mystère pour charmer, les hommes eux n’en font pas tant… Sauf lui – mais parce qu’il dévoile ses atouts à sa façon… Sa force, c’est sa magie et son intelligence supérieure, non sa musculature inexistante.

Et là… Un drame se fit ! Un sacrilège ! Un crime de lèse majesté ! Et c’est encore peu dire tant la faute était grave ! Elle doutait ! Elle venait dans sa boutique, le dérangeant dans l’étude d’un parchemin dont elle n’aurait jamais la compréhension pour venir l’insulter en doutant de sa réputation et de ses talents pour une sois disant demande spéciale ! Qu’on lui coupe la tête !
Bon, restons calme, même si elle est idiote et inculte, si elle est venue, c’est quand même une cliente à satisfaire, à contre cœur certes, mais si il peut lui démontrer de façon éclatante l’erreur qu’elle a commise en venant, doutant de son Don, car cela ne faisait aucun doute, elle en parlerait à ses amies et donc, plus de richesse pour lui.

Il prit donc sur lui pour répondre avec toute la courtoisie et toute l’amabilité qu’il sied à l’Excentrique.

- Vendui.

Oui… Pour le coup, dire bonjour sans taper sur la tête à la Voilée par des sobriquets et des mots sévères, ça demande un grand effort et un grand contrôle de soi.

- Vous renseignez sur mon Art ? C’est pourtant simple, je suis Joaillier, je manipule pierres et matériaux pour fabriquer des bijoux d’une qualité supérieure. Je suis également l’un des rares Maître Façonneur, un mage capable d’imprégner ces pierres et bijoux d’enchantements et de sorts divers. Voila tout simplement mon Art.

C’était les mots justes, sans fioritures –parce qu’autrement, il aurait eu le ton de l’adulte qui explique à la gamine, et ça fait pas forcément rentré les valeurs dans ses poches, ça – pour expliquer ce qu’il faisait, à la portée de n’importe quel esprit.

- Mais avant que vous ne remettiez plus en cause ma réputation pourtant faite à force d’un talent et de démonstrations aussi nombreuses que réelles et concrètes et non de tours de passe-passe d’amuseurs de foule comme un certain nombre de mages, parlez moi de cette demande spéciale, je vous dirais si il m’est possible de la combler, ou non.

Mais il ajoutait une énorme touche de scepticisme dans le « ou non » sous entendant qu’il ne croyait guère à la possibilité d’une chose en la matière qu’il ne sache faire… Bon, le plus complexe demande plus de labeur, mais rien n’est impossible pour le grand… le tout puissant Ranaghar !

En effet, cela aurait pu paraître offensant, tout du moins cela l'est pour le Façonneur. Ce dernier maniant parfaitement le contrôle de soi si bien qu'elle ne décela même pas son irritation à travers les traits de son minois. Même si il aurait été désagréable, elle ne s'en serait pas formalisé. L'humeur était plutôt bonne aujourd'hui et avant de s'agacer pour quelques paroles, la Haute-Prêtresse devait d'abord s'assurer qu'il puisse réaliser son désir. Bien que si elle put ouïr ce qu'il pensait, cela ne lui ferait certainement pas plaisir. Aimant les silences, elle le garda, examinant de long en large et en travers le Mage. Ses étoffes, elle les parcourra de ses rubis derrière son voile, soulignant son goût pour l'excentricité. Le faciès se pencha de côté, interloquée, curieuse mais cet intérêt se dissipa bien vite.

Sa main gantée vint chasser sa coupe, le capuchon retombant dans son dos. Il dévoila sa chevelure d'ivoire, tressée ou les perles s'enfilaient ci et là, décorant ainsi ses nattes. Un diadème ornait son front en or blanc ou s'accrochait un voile d'encre. Un petit rubis ornait le centre du bijoux. Elle déboutonna un seul et unique bouton de son manteau. Le décolleté était pour le moins inexistant.

"Vendui. Vous renseignez sur mon Art ? C’est pourtant simple, je suis Joaillier, je manipule pierres et matériaux pour fabriquer des bijoux d’une qualité supérieure. Je suis également l’un des rares Maître Façonneur, un mage capable d’imprégner ces pierres et bijoux d’enchantements et de sorts divers. Voila tout simplement mon Art. "

Enfin, elle décela dans ses paroles un petit ton piquant. La Haute-Prêtresse de Teiweon ne venait pas ici par hasard après. Elle sut qu'elle l'avait sans doute vexé. La Voix de la Mère afficha une moue derrière sa tulle, secouant sa frimousse de gauche à droite en l'écoutant. Elle le laissa poursuivre jusqu'au bout.

"Mais avant que vous ne remettiez plus en cause ma réputation pourtant faite à force d’un talent et de démonstrations aussi nombreuses que réelles et concrètes et non de tours de passe-passe d’amuseurs de foule comme un certain nombre de mages, parlez moi de cette demande spéciale, je vous dirais si il m’est possible de la combler, ou non."

Ses pensées se confirmèrent lorsqu'il employa cette petite touche de scepticisme. Elle se mordilla distraitement la lèvre inférieure. Petit tique de sa part et inspira profondément ensuite en étant tout de même discrète. Le minois hocha positivement du menton et ce fut à son tour de parler. Le timbre était doux, chose étonnante chez les Sombres. Une vraie symphonie pour les oreilles. Soi dit en passant lorsqu'elle se pencha légèrement en avant pour s'approcher mais en respectant la distance de convention, elle aperçut le Gobelin.

"Jamais, je n'aurais l'impertinence de remettre en doute votre art, ne le prenez pas ainsi, je me suis sans doute mal exprimée."

Elle marqua une brève pause, le temps d'examiner l'être à la peau verte puis reprit.

"Votre talent de Façonneur s'étend dans tout le Puy et même au delà, c'est pourquoi, je m'adresse à vous, j'aurais aimé que vous ME façonniez si cela était possible. Mon corps sera la matière première, ma peau sera la surface."

Ainsi était sa fameuse demande, celle qui était si spécial. Elle aurait aimé qu'il y réponde positivement. La Voilée ignorait si il avait déjà réalisé pareille chose auparavant. Si ce n'était pas le cas, il pourrait toujours se fixer ce défi. Un sourire vint ourler ses lippes cérulées.

Euh… Ouais.

C’est précisément la pensée qui traversa l’esprit du Maître Façonneur quand sa cliente exprima son désir, sa demande en définitive, il est vrai, très spécial… Ou folle, c’est selon les points de vue. D’autres suivirent, certaines avec un regard caressant le corps couvert qui s’offrait à ses yeux et qu’elle proposait comme réceptacle de son Art, et si il se força à avoir dans l’œil un professionnalisme apparent, ses pensées n’en étaient pas moins des plus perverses – même d’une intelligence évidemment supérieure, les charmes d’une femme qui lui offre presque son corps, ça ne laisse pas insensible, après tout il faudrait être con pour ne pas vouloir en profiter et con, il ne l’était pas.

Tout ça pour dire qu’après l’avoir détaillé et avoir réfléchit, autant à sa réponse qu’à la façon dont il pourrait davantage tirer avantage de la demande spéciale – et de l’offre du corps -, qu’il savait pourtant irréalisable, ou trop folle, même pour lui. Il soignait son travail, il ne faisait pas n’importe quoi, et un corps d’être vivant n’était pas assez stable pour être une matière première satisfaisante et il ignorait les effets d’une imprégnation, mais il n’imaginait rien de bon là-dedans.

« Mais vous êtes déjà façonnée, divinement bien par ailleurs… »

Pour une fois qu’avec sa franchise, il pouvait faire un compliment, autant l’offrir à la Haute Prêtresse, c’est un bien inestimable, et sans doute ne s’en rendra t’elle pas compte. Mais il reprit son sérieux et son professionnalisme.

« Mais je vois ce que vous voulez dire. Le fait est que c’est là une chose que je n’ai jamais faite, et votre corps, vos chairs, ne sont pas une matière première que j’ai l’habitude d’employer dans mes œuvres et mes créations. Aussi, et à l’instar de chacune des pierres autant que du métal dont j’use à l’accoutumée, il va me falloir inspecter et examiner minutieusement ce réceptacle que vous me proposez afin de savoir si il est propice à exercer mon Art ou bien si il est impropre à satisfaire mes critères de sélection. »

Et il disait cela avec tout son sérieux, semblant sans arrière pensée… Et le mage était connu pour sa rigueur dans le choix des pierres qu’il achetait pour ses créations, la plus haute qualité de matière première pour un résultat qui fait sa réputation et vaut le prix que cela coûte. Aussi, d’un tel individu, cela apparaîtrait comme son habitude… Et il pourrait bien en profiter.

« Mais avant toute chose… Que voulez-vous ? Quel genre d’enchantement devrais-je imprégner ? Je veux le moindre détail de l’idée qui vous a conduit à moi, j’ai vraiment besoin de tout savoir tout au moins du concept, que je puisse réfléchir à comment je vais procéder pour satisfaire votre demande. Cela me permettra de déterminer si votre corps convient, et si non, de quelles pierres j’aurais besoin… Donc, dites moi tout. »

La Haute-Prêtresse patientait, analysant le moindre de ses traits à la suite de sa demande. Elle ne voulait pas manquer l'ombre d'une de ses expressions, espérant l'étonnement, la surprise en son fort intérieur. Elle décela un soupçon de désir dans le regard du Sombre lorsque ses yeux descendaient, roulaient le long de son corps pour l'embrasser d'un regard. Les lèvres se pincèrent l'une contre l'autre comme contrarié mais l'expression du Façonneur se transforma en ce coté professionnel ce qui la radoucit légèrement. Les lippes se détendirent doucement. Les doigts glissèrent sur le bois du comptoir qu'elle tapotait distraitement. Oh, sous son épais manteau, elle n'offrait pas grand chose. A la différence des autres femelles, elle n'aimait pas offrir ses courbes aux uns et aux autres. Elle gardait son grain de peau jalousement, à l’abri des regards indiscrets. Le col était celui des religieuses. Il put déceler sous sa première et épaisse étoffes, une plus noble, de la soie peut-être ou simplement du coton, ou encore un mélange des deux. Elle avait abandonné son cuir et son armure pour une tenue plus décontractée aujourd'hui. Une flatterie vit le jour.

« Mais vous êtes déjà façonnée, divinement bien par ailleurs… »

Elle n'y répondit pas. Pas qu'elle n'appréciait pas mais elle n'était pas venue ici pour recevoir l'éloge de ses courbes ravissantes. Pas politesse, elle fit un bref mouvement de tête. La Voix de la Mère n'était pas de celles qui aimaient être flattées. Elvanshalee préférait avant tout la rigueur, l'utilité.

« Mais je vois ce que vous voulez dire. Le fait est que c’est là une chose que je n’ai jamais faite, et votre corps, vos chairs, ne sont pas une matière première que j’ai l’habitude d’employer dans mes œuvres et mes créations. Aussi, et à l’instar de chacune des pierres autant que du métal dont j’use à l’accoutumée, il va me falloir inspecter et examiner minutieusement ce réceptacle que vous me proposez afin de savoir si il est propice à exercer mon Art ou bien si il est impropre à satisfaire mes critères de sélection. »

A cela, la Haute-Prêtresse de Teiweon répondit, le timbre toujours doux en contraste avec cette apparente froideur.

« Étant donné que vous n'avez jamais pratiqué, il serait dur de dire que vous n'avez pas l'habitude de l'employer... A moins que vous l'utilisez autrement... »

Oh la Vilaine. La Voilée disait simplement la vérité dans un premier temps. Dans le second, elle taquinait et sous-entendait aussi. Tout est dans la finesse. La Saigneur Hune'Baenre se recula d'un pas, laissant seulement le bout de ses doigts flirter avec le bois. Quant à inspecter, elle n'était pas vraiment pour. Une grimace la prit, se déployant sur ses traits bien dissimulés par le voile qu'elle quitte très rarement. Elle le laissa poursuivre, écoutant religieusement le Maître Façonneur.

« Mais avant toute chose… Que voulez-vous ? Quel genre d’enchantement devrais-je imprégner ? Je veux le moindre détail de l’idée qui vous a conduit à moi, j’ai vraiment besoin de tout savoir tout au moins du concept, que je puisse réfléchir à comment je vais procéder pour satisfaire votre demande. Cela me permettra de déterminer si votre corps convient, et si non, de quelles pierres j’aurais besoin… Donc, dites moi tout. »

Durant ce laps de temps, la Haute-Prêtresse déboutonna le reste de son manteau chassant distraitement les pans de ce dernier. D'ailleurs, Nagi ne tarda pas à se dévoiler enrouler autours de sa taille, il oscilla lentement pour remonter le long de son buste entre ses deux seins et poursuivre son ascension jusqu'à son cou pour mieux redescendre langoureusement presque autours de son bras gauche. Il fit claquer sa langue, sembla examiner l'Artisan.

« Et bien, j'aimerai pouvoir manier le Feu dans un premier temps... Cela est-il possible ? L'imprégnation demande t-elle une magie « moins compliquée » pour simplifier, étant donné qu'elle est toujours complexe. Ne vous offensez pas de mes propos. »

La Haute-Prêtresse marqua une maigre pause pour mieux reprendre.

« J'aimerai aussi mis à part cela que vous imprégnez des gemmes de détections d'intrus pour le Temple de notre illustre Déesse Mère, Teiweon Danath'Koor et par dessus tout protéger mes quartiers. »

Sur ces mots, le minois de la Voilée se pencha de coté, tout sourire sadique et cruel aux lèvres.

L’Excentrique ne répondit rien à la première remarque de la Haute Prêtresse, l’ignorant même tout simplement, c’était de ces mots sans intérêt – tout du moins quand c’était les autres qui les prononçaient – aussi les laissa t’il glisser sur lui comme l’eau sur le roc et reprit-il son explication et ses interrogations sur la nature de la demande, avec autant de précisions possibles.

Alors qu’elle se débarrassait de son manteau apparut une créature dont Ranaghar devait admettre qu’il ignorait la nature et l’espèce, en tout cas, ça ne manqua pas de faire couiner le gobelin, inquiet pour sa vie sans doute, ce qu’il ignora pour se concentrer sur la réponse qu’allait lui donner la Haute Prêtresse, ne s’égarant pas davantage en réflexion sur l’origine de l’animal de compagnie que se trimballait la demoiselle qui décidément cachait bien son jeu… Il ne fallait pas tenter d’abuser d’elle sans qu’elle soit d’accord !

La réponse qu’elle offrit ne satisfaisait finalement pas le Maître Façonneur, encore trop imprécis pour exercer son talent… Manier le feu, c’était vaste, surtout en magie. Il y avait tant et tant de possibilités qu’au final, il serait bien contraint à une nouvelle série de questions pour préciser la demande, pour satisfaire au mieux sa cliente et pour lui faciliter la vie.
Elle poursuivit avec une commande plus impersonnelle qui offrit à Ranaghar une idée plus précise de l’identité de la mystérieuse Voilée… Membre du Culte de Teiweon, et sans doute assez haute dans la hiérarchie pour avoir les moyens de faire commande auprès de lui d’outils de détection et ses propres quartiers… Grande Prêtresse ? Haute Prêtresse ? Dans le fond peu importe, mais c’est toujours bon de savoir qui favorisera ses affaires en faisant sa publicité, en un sens, et ce désormais dans les plus hautes instances de la société !
Là encore, c’était trop imprécis pour qu’il puisse visualiser en détail ce qu’il ferait.

Il prit le temps de la réflexion quelques instants. Bon, définitivement pour l’utilisation du corps, ce n’était pas convenable, surtout si elle était aussi haut placée, tout autant qu’essayer d’abuser de la situation, entre son rang et la bestiole, c’était comme qui dirait… dangereux, et le Façonneur si il était considéré comme fou n’était pas suicidaire pour autant, même si il manipulait une magie comportant plus de risque que les autres, mais ça, c’était différent, il était talentueux.

« C’est encore trop imprécis… Qu’entendez-vous par manier le feu ? Je ne peux vous offrir les moyens de prétendre aux mêmes aptitudes, aux mêmes talents et aux mêmes possibilités qu’un Mage qui manierait naturellement cet élément. Vous ne pourrez pas manipuler une panoplie de sorts, pas plus que vous ne pourrez en apprendre et en créer, vous améliorer, comme eux. Je peux vous offrir un contrôle partiel, la maîtrise d’un sort, non pas faire de vous une pyromancienne. »

Il lui laissa un temps de réflexion avant de préciser sa demande.

« Alors quoi ? Des boules de feu ? La manipulation du feu ? J’entends par là l’élément brut qu’est une flamme, et la modeler selon vos envies, avec pourquoi pas les moyens de l’intensifier, dans une certaine mesure, sachant qu’il vous faudra alors beaucoup plus de concentration et d’énergie, même pour une simple boule de feu. J’ai besoin de savoir le plus précisément possible ce que vous avez en tête, sachant cela. »

Un nouveau temps de réflexion, et avant qu’elle ait pu lui répondre, il se pencha sur les deux autres demandes.

« Là encore… Bon, outre le fait qu’il soit étonnant, alors que le Temple de Teiweon Danath’Koor se trouve dans la Chambre Magmatique, le lieu le plus sûr et le plus gardé du Puy, mais ça, ce n’est pas mes oignons. Que devra faire l’objet s’il détecte quelqu’un ? Un son ? Une réaction défensive ? Et il me faudra venir, j’ai besoin de voir l’endroit où je devrais travailler. »

Bien qu’il ignore comment concevoir un détecteur d’intrus… Enfin, se contenter de repérer des gens, dans le principe, c’est pas si difficile à faire, mais comment faire pour que l’objet fasse la différence entre un membre du culte, un fervent en visite et un intrus ? Il doutait pouvoir accéder à l’esprit des gens, à leur pensées et leurs intentions pour que l’objet réagisse en fonction de celle-ci… Il ferait des recherches mais cela prendrait du temps… Beaucoup de temps.

« Quant à vos appartements… Quels genres de protections ? Je vais user d’exemple… Voyez cette porte ? Et il désigna celle qui se trouvait derrière lui. Il n’y a que moi ou mon gobelin qui pouvons l’ouvrir, d’une part, en sécurité d’autre part. Un verrou magique est posé, de même qu’un piège de feu pour qui voudrait tout de même tenter de passer en force, et cela est possible même sur d’autres objets qui nécessiteraient une ouverture. Je pourrais vous créer un système que vous pourrez activer ou non, selon vos envies, qui poserait ce genre de sécurité, avec des effets différents. Vous, vous pourrez passer, même si il est actif, un autre sera bloqué. A moins que vous ne vouliez un piège d’un autre genre, c’est à vous de voir. »

La mention de l’effet du piège sur d’autres objets qu’une porte était volontaire, c’était ses propres sorts, il n’aurait aucun mal à créer de telles gemmes et s’il pouvait donner envie de davantage de dépenses, ça serait tout bénéfice pour lui.
Enfin, après ces quelques explications, il attendit finalement les réponses de sa cliente.

C'était un entretient particulièrement intéressant. Ranaghar était un homme expérimenté, quoiqu'un peu fou mais tout a fait compétent dans son domaine et pourquoi pas le meilleur chez les Sombres. Parfaitement professionnel, il proposait et lui faisait remarquer son manque de profondeur. La Haute-Prêtresse de Teiweon se confrontait pour la première fois à ce genre d'expérience. Certes ses parents avaient fait appel à des Façonneurs pour telle ou telle chose mais elle ne s'était jamais occupée de cela elle-même. De plus, la Saigneur Hune'Baenre avait du mal à saisir le principe, ne sachant pas jusqu’où elle devait aller dans le détail et la précision.

« C’est encore trop imprécis… Qu’entendez-vous par manier le feu ? Je ne peux vous offrir les moyens de prétendre aux mêmes aptitudes, aux mêmes talents et aux mêmes possibilités qu’un Mage qui manierait naturellement cet élément. Vous ne pourrez pas manipuler une panoplie de sorts, pas plus que vous ne pourrez en apprendre et en créer, vous améliorer, comme eux. Je peux vous offrir un contrôle partiel, la maîtrise d’un sort, non pas faire de vous une pyromancienne. »

Temps de réflexion en question.

« Alors quoi ? Des boules de feu ? La manipulation du feu ? J’entends par là l’élément brut qu’est une flamme, et la modeler selon vos envies, avec pourquoi pas les moyens de l’intensifier, dans une certaine mesure, sachant qu’il vous faudra alors beaucoup plus de concentration et d’énergie, même pour une simple boule de feu. J’ai besoin de savoir le plus précisément possible ce que vous avez en tête, sachant cela. »

« Là encore… Bon, outre le fait qu’il soit étonnant, alors que le Temple de Teiweon Danath’Koor se trouve dans la Chambre Magmatique, le lieu le plus sûr et le plus gardé du Puy, mais ça, ce n’est pas mes oignons. Que devra faire l’objet s’il détecte quelqu’un ? Un son ? Une réaction défensive ? Et il me faudra venir, j’ai besoin de voir l’endroit où je devrais travailler. »

Elle prit la parole, exposant ainsi ses envies.

« Et bien, je pensais plutôt à un bouclier de feu ou une aura, c'est possible d'avoir les deux ? Est-il possible si vous ne savez pas façonné ma chair d'utiliser des gemmes qu'on incrusterait dans celle-ci ? Quand je parle de bouclier, je pensais pouvoir me protéger comme un mur de feu pour éviter les flèches, projectiles et cela pourrait être efficace contre un mage de glace... Quant à l'aura, ça serait plutôt pour repousser un assassin ou autre... Vous allez me croire sans doute paranoïaque... Quoique vous devez vous en moquer après tout. »

Elle se rapprocha du comptoir y posant à nouveau les mains, ses doigts flirtant avec le bois. Nagi ne manqua pas de s'aventurer le long et repérer ainsi le gobelin. Il fit siffler sa langue, tout intéressé par la peau verte qu'il verrait bien dans son ventre. Cependant sa Maîtresse calma ses ardeurs d'une petite caresse affectueuse sur le haut de son crâne avant de grattouiller son son menton.

« Certes, la Chambre Magmatique parait impénétrable mais vous savez, nous ne sommes jamais trop prudent, n'est-ce pas ? Je pensais pour le Temple de Teiweon Danath'Koor d'utiliser de placer ce genre de dispositif dans les pièces non accessible aux dévots, chaque membre du clergé posséderait une gemme de reconnaissance afin de prouver son appartenance au culte et pouvoir ainsi pénétrer les dits lieux... Si intru, un son pourquoi pas, vous avez d'autres idées ? Vous serez bien évidemment le bienvenu au sein du Sanctuaire de la Mère. »

Elle se tut, le laissant ainsi poursuivre et exposant son dispositif ingénieux concernant la dite porte. Un petit hochement approbatif du menton, la Haute-Prêtresse eut même un sourire pour elle-même.

« Quant à vos appartements… Quels genres de protections ? Je vais user d’exemple… Voyez cette porte ? Il n’y a que moi ou mon gobelin qui pouvons l’ouvrir, d’une part, en sécurité d’autre part. Un verrou magique est posé, de même qu’un piège de feu pour qui voudrait tout de même tenter de passer en force, et cela est possible même sur d’autres objets qui nécessiteraient une ouverture. Je pourrais vous créer un système que vous pourrez activer ou non, selon vos envies, qui poserait ce genre de sécurité, avec des effets différents. Vous, vous pourrez passer, même si il est actif, un autre sera bloqué. A moins que vous ne vouliez un piège d’un autre genre, c’est à vous de voir. »

- « Vous êtes excellent, sachez le... Votre intelligence est admirable même et votre créativité bien plus encore... Ce genre de piège me convient, je n'ai pas d'autres idées en tête... mais si vous en avez, je suis ouverte aux propositions. Je présume que vous devrez venir aussi sur place ? Vous serez sûrement l'une des rares personnes à voir mes appartements... Peut-être que ce genre d'enchantement pourrait être aussi intéressant sur l'un de mes coffres... Je vais y réfléchir. »

Ce sera tout pour le moment.

La commande enfin prenait forme, des imprécisions « attendus » et inévitable dû à la méconnaissance de la discipline au-delà du « il sait enchanter des objets » - résumé honteux mais bon, comment exiger d’esprit inférieur au sien de tout connaître – réflexion qui provoqua une autre qu’il écarta bien vite puisque l’hypothèse remettait en question tant la supériorité de son esprit que l’exceptionnelle connaissance de l’Imprégnation qu’il possédait.
Tout ça pour dire qu’il sortit de dans le comptoir une tablette de cire et s’arma d’un style pour y graver certaines choses en même temps qu’il écoutait la Haute Prêtresse se servir des informations qu’il lui avait fourni, le cheminement de pensées qui conduisait inexorablement à une commande claire et utilisable pour lui, sans nécessité trop de liberté qu’il trouvait pour sa part malvenue dans ce domaine, il ne manquait qu’un client insatisfait car n’obtenant pas l’effet désiré pour ruiner la réputation sans faille du Maître Façonneur.

« Entendu, pour l’aura et le bouclier de feu… Ce doit pouvait être réalisable. Mais puis-je me permettre une simple question. Non que ce soit irréalisable, mais le choix de l’élément feu est-il essentiel ? Parce que des boucliers, des protections tant contre la magie que contre les attaques physiques, c’est dans mes cordes, mais le feu n’aurait alors qu’une vocation d’effet visuel, c’est ça ?
Pour ce qui est de l’incruster dans la chair, je peux façonner des pierres assez petites pour cet usage, oui, bien entendu. Par contre, ce n’est pas moi qui les incrusterait, comme je vous l’ai dis, je façonne la pierre et le métal, non la chair, d’une manière ou d’une autre, magiquement ou physiquement.»

C’était une réflexion qui lui était venue et il se garderait bien d’en dire la réelle raison, surtout en présence d’une telle personnalité.

« Quant à me moquer de vous… Ce n’est pas que vous êtes venu chercher ici, et vous seriez bien mal tombé. »

C’est tout de même beau ce qu’un rang et une promesse de rentrée d’argent et de gain de réputation fait à un homme, n’est-ce pas ? L’Excentrique demeurait très professionnel, laissant au placard la langue acerbe et ses avis déplacés vis-à-vis du monde, même des puissants, car c’est eux qui font sa richesse, et il tenait à ta tête si pleine, après tout ils ont bien le droit à ce privilège en conséquence.
Puis, quand elle donna plus de matière à réfléchir au mage, il vit et surtout entendit tant les mots que l’or lui tomber dans les mains… Se serait un travail assez colossal en termes de temps et d’énergie à fournir, mais c’était une quantité considérable d’objet, certains complexe, d’autres plus simples, qu’on lui demandait. Rien d’insurmontable bien entendu.

« Il me faudra donc le nombre de personnages qui devront disposer d’une pierre qui permettront d’être reconnu. Quant à l’effet, tout dépend… Si c’est une alarme que vous voulez, un son convient, autrement, selon la quantité de lieux dont on parle, il y a toujours moyens de bloquer des portes et de faire des pierres des clés pour ces verrous, comme pour vos appartements. »

Cela promettait un important chantier, mais ensuite… Les retombées seraient fabuleuses, il aurait contribué à défendre le Temple de Teiweon après tout, lui ! Ranaghar Medel’hel ! Combien de clients ensuite viendraient lui réclamer de comparable dispositif ou auront plus que jamais foi en les compétences de l’Excentrique.
Tout à ces pensées, il n’entendit qu’à peine les flatteries dont, s’il admit le grand sens d’observation de la Haute Prêtresse pour avoir fait ce véridique constat, savait qu’il devait tout de même se montrer modeste face à une telle personnalité.

« C’est trop d’honneurs, Haute Prêtresse, vous me flattez. »

Il a dit que c’était trop ! C’est suffisant pour dire qu’il a fait preuve de modestie face à cette déferlante de vérités. Bref… Il avait du pain sur la planche, ne serait-ce que pour réfléchir à comment il devrait procéder, et surtout, il allait devoir descendre jusqu’à la Chambre Magmatique, où il ne s’était d’ailleurs jamais rendu, ça serait une première.

« Puisque c’est tout, je vous propose de prendre les devants et de retourner à votre Temple, Haute Prêtresse. Je vais préparer le matériel dont j’aurais besoin et je vous y retrouverais. D’ici là, j’aurais sans doute eu un peu plus de temps pour penser aux détails, et vous, de me lister lieux et gens qui devront disposer de verrous et clés, qu’en dites vous ? »

Ainsi donc, le Façonneur avait toute les cartes en main afin de combler au mieux la Haute-Prêtresse qui de temps à autre laissait une grimace flirter sur ses lèvres, tant par le mécontentement passager de quelques remarques qui lui déplurent que l'expression de l'Excentrique. Évidemment, l'inconscient s'exprimait dans ses moues diverses car au final, cela ne la perturbait pas plus que cela. Ranaghar était l'un des meilleurs dans son domaine et la Saigneur Hune'Baenre désirait ce qu'il y'avait de mieux. A ses premiers précisions, elle répondit avec nonchalance.

« Visuel non, mais blesser au corps à corps, en effet... Cependant si vous préférez le bouclier que vous me proposez, faites le... Tout ce que j'espère c'est que cela soit efficace... Si je venais à être blessée, il serait fâcheux que je vienne m'en plaindre. »

Et à en juger par ce sourire sadique, en coin, il regretterait amèrement son échec. Oh elle pouvait déjà imaginer quelques tortures pour commencer par l'émasculation, que sont les mâles drow sans leurs attributs ? Ses doigts, objet de son travail, seraient coupés phalanges par phalanges après qu'elle lui ait ôte les ongles un par un. Sans parler de sa langue qu'elle ferait roussir jusqu'à ce qu'elle gonfle et qu'il s'étouffe pratiquement. Elle avait des projets pour lui si jamais ses enchantements ne fonctionneraient pas comme elle espérait. La Fille de la Mère n'ajouta rien concernant les moqueries. Elle mentionna un nombre approximatif d'ecclésiastiques faisant partie du culte. Il était important après tout.

« Une alerte qui indiquerait qu'un intrus et là, par exemple que la gemme brille, non ? Ce serait possible ? C'est discret et cela n'affolera pas. Et un blocage de portes me parait intéressant. »

Et quel chantier ? Important pour sur, après cela, sans doute connaîtra t-il le moindre recoin du Temple ainsi que sa demeure. Il faudra tacher de le surveiller. Pendant ce temps, Nagi sillonnait le long du bois, ondulant et déployant ses anneaux. Il ne tarda pas à se dresser tel un cobra royal et ondoya de façon hypnotique face à la peau verte qui sans doute aura son regard capté, captivé. Sa langue sifflait doucement. La Voilée ne s'y intéressait pas, laissant ses billes sanguines fixer intensément le façonneur.

« Bien qu'il en soit ainsi, je ferai le nécessaire de mon côté. Je vous y attends »

Elle eut un mouvement de tête, maigre inclinaison de son minois et siffla ensuite. Nagi ne tarda pas à revenir s'enrouler autours de ses formes tandis qu'elle se saisissait de son manteau. Elle enfila les manches à une et rattacha les boutons. D'un mouvement, elle fit demi-tour, tournant les talons. Sans attendre, elle partit en direction de la porte. Il n'avait sans doute rien de plus à lui dire. Ainsi elle retourna auprès de son Temple.

Spoiler:

[Terminé]

» Shyntlara Rilynt'tar Da'Ron de la Haute Prêtresse Dame Elvanshalee
» [boutique de Ranaghar] Livraison au Palais de la Luxure | Ssinssrin
» Ssinssrin [Haute(s) Prêtresse(s) d'Isten]
» Wilwarin [Haute Prêtresse de Teysith]
» Courrier à la Haute Prêtresse de Kÿria (PV)

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