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| Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] | |
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Anselme de Bastylle
Humain
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| Sujet: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Dim 26 Juin 2011 - 16:55 | |
| Pamphlets et surins à Serramire – II : L'Evasion Le seigneur Aymeric de Brochant Le valet à la livrée azure s'avança à pas feutrés dans la chambre en écartant les lourds rideaux qui obstruaient les fenêtres. La pièce sombre s'illumina d'un coup, un rayon de soleil matinal la pénétrant, si rare dans cet automne pluvieux.
« -Monseigneur, le jour est levé. »
Le valet s'avança ensuite vers une tablette d'excellente facture et versa de l'eau claire dans une bassine, avant de se saisir d'un rasoir ornementé et à commencer à l'aiguiser avec maîtrise. Ce faisant, il se tourna vers le lit. Un bel homme aux cheveux de jais s'étira dans sa couche confortable. Il bailla puissamment avant de se tourner le sourire aux lèvres vers son domestique :
« -Une journée de plus dans ce merveilleux logis mon cher Jaljen ! -Oui monseigneur, monseigneur le marquis vous offre plaisamment le gîte et le couvert »
Le noble se leva nu en ricanant, passant sa main dans ses cheveux sombres. Avec l'aide du valet, il enfila des sous vêtements, avant de se faire raser de près avec l'aide du même. Il leva un doigt docte :
« - Jamais un gentilhomme ne doit perdre ses habitudes, où que ce soit ! -Assurément monseigneur, acquiesça le valet. »
Le seigneur de Brochant jetta un oeil vers l'extérieur. Les lourds barreaux qui tranchaient le paysage lui rappelaient sa condition de captif. Quoique les conditions n'étaient pas des plus atroces : on lui avait permis la compagnie de son fidèle Jaljen, des promenades sur les remparts et une cuisine des plus correctes. Le soir, il trompait l'ennui en jouant aux cartes avec le lieutenant de la garde, un homme qui s'était révélé incorruptible mais de bonne compagnie. Une prison de luxe sommes toutes ! C'est avec plaisir qu'il apprenait chaque jour que l'agitation allait croissant dans la ville, que l'opposition se renforçait d'heures en heures. Bastylle le boîteux n'en avait plus pour longtemps.
Ce jour là, le temps était particulièrement clément. La pluie les honorait jusque là chaque jour. Cette éclaircie était délicieuse à son goût, aussi il décida d'aller d'ors et déjà faire quelques pas sur les remparts. Vêtu luxueusement, prudemment encadré par deux gardes devant, deux gardes derrière, et le lieutenant Heinrich à son côté, qui lui faisait la conversation, Aymeric savoura ce bol d'air pur ensoleillé, si rare à cette saison. Comme à son habitude, de Brochant échangeait courtoisement avec le lieutenant :
«-Mon pauvre Heinrich, quel triste destin d'être affecté en garnison ici. Vous allez attraper la goutte mon brave dans cette forteresse froide et humide ! -Je m'accommode de ma condition, et si vous êtes mécontent du chauffage je peux demander qu'on livre des bûches supplémentaires pour votre cheminée monseigneur ? -Diable, je ne me plains pas, vous êtes un geôlier charmant. Eh ! Il me semble que vous avez de la visite lieutenant ! »
En effet, après un coup d'œil au delà des merlons de la haute et épaisse muraille, les promeneurs pouvaient apercevoir un homme seul arriver de Serramire par la route. Le seigneur de Brochant se tourna joyeusement vers Heinrich :
« -Oh j'adore qu'on brise la routine ! »
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| | | Hamaÿeb
Humain
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Dim 26 Juin 2011 - 17:46 | |
| Non loin de l’imposante forteresse s’amoncelait un chaos des maisons, d’arcades, de murs lépreux. Bien qu’on était dans les faubourgs, des amas de toiles et de bois à peine travaillé avaient fini par envahir les routes, autrefois dégagées, à présent toujours humides. Les dieux comme les hommes s’amusaient, en cette période de l’année, à pisser dans toutes les venelles et avenues qui serpentaient entre les blocs d’habitations. Malgré la puanteur, malgré les rats et les chiens, de nombreux réfugiés avaient élu domicile dans ces faubourgs déjà populeux. Ils avaient d’abord fui les guerres. Ensuite ce furent les chevaliers dispersés dans les landes et ivres de massacres. Bientôt, ce furent les paysans que la faim avait adoubé brigands.
Bref, dans cette ruche d’homoncules crasseux et misérables, Hamaÿeb, que les gens du pays – ignorants des trémas et autres prononciations exotiques – avaient rebaptisé Aymé, continuait à vider les bocks de cette pisse infecte que le tenancier du rade dans lequel il avait échoué avait l’affront d’appeler de la bière. Le matin débutait à peine, et les badauds n’étaient guère nombreux dans l’honorable établissement. Quelques charretiers passaient dire le bon jour au patron, le temps de rincer un gosier déshydraté par des libations prolongées la veille, puis filaient retourner à leurs bœufs. Hamaÿeb était, à vrai dire, le seul homme à boire depuis que le soleil s’était levé et, vu l’obstination qu’il mettait à enquiller les carafes, on aurait cru qu’on l’avait payé pour ingurgiter le liquide d’un jaune qui tirait étrangement vers le brun. Tout ce que l’on pouvait espérer de mieux de ce poison, c’est qu’il fût coupé avec de l’eau seulement.
Aymé conclut sa beuverie matinale en frappant avec violence le bock sur le bloc de bois qui servait de comptoir. Il émit un rot puissant, se frappa son torse recouvert du tabard du Guet. Un gosse qui, sous la boue qui recouvrait ses habits trop larges, devait être très maigre, apporta alors à Aymé son casque, qu’il s’enfonça sur la tête d’un coup sec. Aymé prononça quelque chose dans sa langue, puis sortit d’un pas décidé. En trois pas, il fut sur la forteresse, qu’il ignorait superbement, se dirigeant avec l’entrain d’un homme ivre et passablement remonté. Il traversait déjà le pont levis lorsque les hommes du corps de garde s’aperçoivent de son arrivée. Quelques-uns des reîtres qui, lorsqu’ils ne jouaient pas en garnison pour tuer le temps, jouaient dans les tavernes pour garder la main, reconnurent tout de suite Petit-Aymé, mais avant qu’ils ne puissent l’interpeller, le grand diable s’était saisi d’un des sergents et, après avoir prononcé quelque chose comme « Snafu ! » se mit à le frapper frénétiquement. Une fois que le reste de la soldatesque s’était remise de l’étonnement, les hommes se jetèrent sur les deux fripons, qui s’échangeaient des mandales à qui mieux-mieux. Une fois qu’on les eut séparé et qu’on demanda à ce démon noir ce qui lui prenait, celui-ci vociféra dans un sabir fait de trois langues au moins, mais où l’on put comprendre, à force d’écoute, des mots comme « Kjall*, » « dettes, » et « casser ses genoux. » Les sergents n’eurent pas beaucoup de mal à comprendre dans quel pétrin s’était mis leur ami, qui pourtant niait avec force serments et insultes les allégations de Petit-Aymé.
Ce dernier, cpensant que son obligé voulait profiter de la présence de ses camarades pour effacer son ardoise, rugit de fureur et, d’un coup d’épaule sec, s’extirpa des bras des soldats avant de se jeter sur le malheureux débiteur. [* Le Kjall est un jeu de hasard prisé un peu partout sur le continent. Cf. le bg d'Olyssea si vous voulez en savoir un peu plus.] |
| | | Anselme de Bastylle
Humain
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Dim 26 Juin 2011 - 18:22 | |
| Les deux hommes roulèrent sur les pavés qui couvraient l'entrée de la forteresse, s'échangeant forces horions. Du haut de la muraille, Aymeric de Brochant se pencha pour mieux assister à la scène :
« - De la bataille parfait ! Voilà ce qui manque ici mon bon Friedrich, un peu d'action ! Quoi de mieux que de sentir le souffle chaud de votre adversaire avant de lui écraser les dents ? »
Il se tourna avec entrain vers les deux pugilistes, les encourageant avec un réel enthousiasme. En bas, les autres gardes encadraient les combattants, goguenards, heureux de voir enfin un peu d'action pour briser la morose routine. Plus haut, le front du lieutenant se barra d'un pli soucieux et mécontent. Il se tourna vers les gardes situés non loin d'eux sur la muraille :
« -Soldats, veuillez raccompagner monseigneur de Brochant à sa chambre. Veuillez m'excuser monseigneur, mais votre promenade s'arrête ici pour aujourd'hui. »
Aymeric était sur le point d'exprimer tout son mécontentement d'être privé d'un tel divertissement, mais déjà Heinrich descendait quatre à quatre les marches de l'escalier menant à la cour. Plus bas, les deux hommes avaient les poings et le visage en sang, Hamayeb excité par l'alcool, le sergent ne voulant pas perdre la face devant ses hommes. Le lieutenant Heinrich déboula alors que le sergent s'apprêtait à décocher un crochet fulgurant à son ancien compagnon de jeu. Rouge de fureur, Heinrich rugit :
« - Il suffit ! Qu'on les sépare prestement ! »
Les gardes s'empressèrent d'obéir aux ordres et de retenir les deux combattants ensanglantés et écumants. Heinrich se planta brutalement devant le sergent, avant de commencer d'un ton glacial :
« - Avez vous perdu votre sens commun sergent ? Qu'est ce que cette folie ? Que suis je ? Le gouverneur d'une forteresse ou l'organisateur de combat de coqs ? -Lieutenant je peux vous... -Je ne veux rien savoir !, hurla l'officier sous devenu enragé, postillonnant brutalement, souffletant brutalement son subordonné, qu'on jette ces deux hommes aux geôles, je ne tolère pas les pugilats dans l'enceinte de ma forteresse ! »
Et il en fut ainsi, aucun garde n'osant désobéir dorénavant à leur supérieur qui était vert de rage. On désarma les deux hommes avant de les jeter dans une geôle commune. Avant que la lourde porte de chêne ne se referme sur eux, le lieutenant leur cracha :
«- Battez vous donc de tout votre soûl dorénavant, pauvres fous !»
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| | | Harkaas Val'Ulroa
Drow
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Dim 26 Juin 2011 - 21:58 | |
| Stupides humains, misérables et pitoyables créatures, vers de terres immondes indignes de seulement lever les yeux vers la grandeur de la race drow. Par le Tout-Puissant Tesso, qu’ils étaient… laids. Et leurs maisons ! Des taudis comparés à la noblesse et à l’élégance de l’architecture du Puy. Non, décidément cette race inférieure n’avait qu’une seule chose pour elle : sa capacité à se reproduire comme des lapins et à s’accommoder de tous les lieux pour y bâtir leurs bouges infects.
Harkas Val’Ulroa, le Haut Prêtre de Tesso, n’avait jamais eu une opinion très positive de la race la plus nombreuse de Miradelphia, et il trouvait dans ce mépris mental un certain réconfort au fait de se retrouver seul au beau milieu de ses ennemis. Même lorsque le Divin Menteur marche à vos côtés, vous retrouver isolé en plein cœur de l’un des plus puissants territoires du royaume peut vous donner le cafard. La haine et le mépris constituent alors des boucliers mentaux fort utiles vous permettant de vous concentrer sur votre mission.
Ah oui, sa mission ! Pour un peu il l’aurait oublié, bien que la présence à ses côtés du demi-elfe l’aida à s’en souvenir. Compagnon qui aurait surement fuit en poussant des cris d’orfraie s’il avait seulement pu contempler la vrai nature d’Harkaas. Car vous commencez à vous en doutez, le Haut Prêtre ne se baladait pas dans les rues sous son apparence habituelle mais sous celle d’un humain entre deux âges, au visage assez quelconque et aux tempes déjà grisonnantes.
Comment s’appelait-il déjà ? Ah oui, Hameb Kren, un mercenaire rencontré non loin de Thaar quelques semaines auparavant, proprement égorgé et abandonné dans un endroit discret. Le don du Seigneur aux Multiples Vérités permettait à son premier disciple de voler l’apparence d’un autre, mais Harkaas estimait que se retrouver nez à nez avec le modèle d’origine pouvait entrainer des complications. Pas de risque en l’occurrence, le vrai Hameb Kren devait être bouffé par les vers et les charognards depuis longtemps désormais.
L’expérience lui avait paru troublante les premières fois, car récupérer un corps autre que le sien brouillait toutes les sensations habituelles. Et bien que les années lui ait rendu ces passages moins malaisés, il en gardait toujours une sensation de gène diffuse, comme une démangeaison mentale. Mais que ne ferait-on pas pour que s’accomplissent les desseins du Maître de la Tromperie ? Et ce jour là, en ces lieux, le drow comptait bien commencer à écrire un nouveau chapitre à la gloire de son dieu et il en frétillait d’avance.
Ce jour là justement, il était prévu que le chapelain, le gardien spirituel d‘Aymeric, puisse venir le visiter. Après tout, le marquis de Serramire ne pouvait pas interdire à son… hôte forcé.. de bénéficier d’un appui théologique et de veiller au salut de son âme. L’idée de se faire passer pour un prêtre d’une autre religion amusait beaucoup Harkaas, et ce fut donc d’un pas assuré qu’il se présenta à l’entrée de la forteresse.
Salutations nobles gardes. Je me nomme Ilian, chapelain de monseigneur Aymeric de Brochant à qui je suis venu apporter le réconfort de la religion dans les épreuves qu’il traverse.
En soi ce n’était pas franchement un mensonge, Harkaas comptait réellement apporter le réconfort d’une religion à Aymeric. Qu’il ne s’agisse pas du réconfort de Néera mais de celui de Tesso se classait dans la catégorie des détails mineurs.
Et mon jeune compagnon… est le… [ton réprobateur alors qu'il regardait Eidren]… page... de monseigneur.
Un giton, voilà bien le sous entendu ! Et cela répugnait fort au bon prêtre, qui devait s’horrifier de voir son seigneur s’encanailler ainsi. Les moeurs des nobles se révelaient souvent honteuses, et Aymeric ne faisait-il donc pas exception à la règle ? Mais enfin, si le prisonnier politique voulait gouter un peu aux plaisirs défendus, autant qu’il ait également sous la main son chapelain qui pourrait sans tarder lui nettoyer son âme souillée. Voilà en tout cas l’histoire que les deux arrivants espéraient faire gober aux gardes. |
| | | Eidren Alderion Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Lun 27 Juin 2011 - 21:34 | |
| C’était presque à contrecoeur qu’Eidren avait accepté cette mission. D’ordinaire, il évitait de s’immiscer dans les conflits politiques, préférant les contrats provenant de particuliers dont les objectifs nécessitaient étaient réalisables seul. Mais une fois de plus, l’appât du gain avait prit le pas sur ses principes. Plutôt du genre solitaire, le demi elfe ne faisait réellement confiance qu’à une seule personne, à savoir lui-même. Les groupes de mercenaires, quel qu’il soit, l’ennuyait profondément, allant parfois jusqu’à déclencher en lui un certain malaise, comme si les évènements lui échappaient ; à cela s’ajoutait les tensions qui pouvaient naître entre certains individus. Mais ce que le sang mêlé avait ressenti jusqu’à maintenant n’était rien par rapport à la sombre aura de son partenaire. Hameb Kren faisait parti de ces hommes dont la simple présence déclenche en vous un trouble inexplicable. Déstabilisé lors de leur première entrevue, Eidren était finalement parvenu à refouler sa gêne, son visage arborant de nouveau son habituel masque de stoïcisme.
Les deux mercenaires avançaient tout deux d’un pas cérémonieux en direction de Castel Tolbioc. Tandis Hameb arborait la tunique propre aux prêtres de Néréa, Eidren était richement vêtu et avait tout du page modèle. Outre le fait que la tenue soit fort peu confortable, elle lui donnait également l’impression de ressembler plus à un bouffon qu’autre chose…Enfin, si un tel déguisement lui permettait de passer inaperçu…
Enfin, le page et le prêtre arrivèrent au niveau de Castel Telbioc. Hameb se présenta sous le nom d’Ilian puis se tourna vers Eidren.
-Et mon jeune compagnon… est le… page... de monseigneur. Le jeune page s’empourpra légèrement face au regard réprobateur du prêtre, confortant les gardes dans leur illusion.
-Je…je suis Orild Estazia, à votre service monseigneur.
Devoir porter un accoutrement des plus ridicule passait encore, mais en plus être contraint de jouer le rôle d’un page aux mœurs…étranges… Le comble de l'humiliation, songea Eidren. Et au vu du sourire en coin qu’avait Hameb, ce n’était qu’un début…
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| | | Anselme de Bastylle
Humain
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Lun 27 Juin 2011 - 22:40 | |
| HRP : Si vous désiriez agir avant de quelque manière que ce soit, dites le moi, j'éditerai en conséquence. Les gardes à l'entrée de la forteresse considérèrent avec respect et crainte le religieux. Dans ce bouclier du royaume humain, contrée qui générations après générations voyait les invasions et les troubles, le respect des Dieux étaient plus fort qu'autre part : quand la mort vous guette à chaque instant, croire avec ferveur dans une autre vie vous apporte un certain réconfort. Le sergent en faction, main sur le pommeau de sa large épée, salua le prétendu chapelain avec respect :
"- Mes salutations vénérable."
En revanche, un regard teinté de mépris tint lieu de toute politesse pour le page. Ces rudes hommes du Nord considérait avec hauteur ce type d'individu s'abaissant, sans aucun doute vu son apparence, à des pratiques curieuses. Le sergent reporta son attention vers le confesseur du seigneur de Brochant.
« - Vous êtes le bienvenue mon père. Je dois juste noter votre venue sur le registre, et vous serez guidé ensuite. Veuillez me suivre »
Les deux visiteurs emboîtèrent donc le pas du sergent qui entra dans une guérité accotée à l'entrée de la forteresse. Là, il ouvrit un épais registre posé sur une table, trempa sa plume dans un encrier et nota la venue du religieux et du page, après leur avoir redemandé leur identité. Après cela, il se saisit d'un lourd trousseau de clés accroché à un clou et ils ressortirent à l'air libre. Le sergent se campa un instant sur ses jambes et jaugea les deux visiteurs :
« -Vous passerez outre la procédure mon père, néanmoins vous devez comprendre que pour des mesures de sécurité je dois fouiller le sieur Orild. »
Avec la rigueur de celui qui connaît son métier, il palpa habilement le page, avec un certain dégoût néanmoins. Il fronça un sourcil en se relevant :
«-Il faudra vous délester de cette dague que vous portez à la cuisse jeune homme, vous comprenez pour des raisons évidentes que je ne peux vous laisser pénétrer armé dans la forteresse. »
Le page imposteur acquiesça et rendit son arme au sergent, qui grogna d'un air satisfait. Il reprit un air hospitalier avant de faire tourner le trousseau de clés autour de son doigt :
« -Eh bien allons y ! »
Les trois hommes traversèrent donc la cour, voyant quelques gardes en faction, leur casernement et l'écurie qui s'y trouvait, avant d'arriver de l'autre côté, face au donjon. Là, le sergent ouvrit la lourde porte blindée qui en scellait l'entrée avant d'entamer la montée des escaliers, tout en ayant refermé précautionneusement la porte. Alors qu'ils avalaient péniblement les marches, le sergent lança par dessus son épaule :
« - Vous ne pouvez rester plus d'une demi heure mon père, ce sont les consignes. Monseigneur Aymeric de Brochant vous recevra un à un, dans l'ordre de votre préférence. L'un de vous devra patienter un peu. »
Ils arrivèrent enfin sur un palier situé au milieu du donjon, que quatre gardes surveillaient de près. Le sergent désigna l'épaisse porte qui donnait sur la chambre du seigneur.
« -Bien...qui désire y aller en premier ? » |
| | | Hamaÿeb
Humain
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Mar 28 Juin 2011 - 3:39 | |
| « T’m’montres ton dos, le buriné ? T’as pas peur que je finisse c’que ja commençais sur le ponton ? »
Le grincement de la porte qui avait enfermé les deux soldats dans cette geôle empuantie n’était à présent qu’un souvenir. Ils macéraient là, sur la terre humide, dans l’air vicié et une obscurité auxquels leurs yeux s’étaient à peine habitués depuis quelques heures déjà. Des heures ? Rien n’était sûr, car dans la pénombre ambiante, entre ces quatre murs décrépis par l’humidité corrompue, il aurait été bien difficile de s’orienter, et les résidents qui louaient une des cellules de cette forteresse depuis plus longtemps devaient avoir bien du mal à garder le compte des jours, des mois, voire des années.
Comme par ennui ou pour se garder d’une nouvelle colère d’Aymé l’Estréventin, le soldat qu’il avait rossé plus tôt et qui l’avait accompagné dans cette geôle continuait à chanter pouille à notre bien sympathique héros, qui se contentait de se taire et de tourner le dos à son soi-disant débiteur. Le fâcheux, quant à lui, subodorait quelque traquenard dont les étrangers avaient le secret, aussi continuait-il à envoyer des piques à son compagnon de souffrance. Mais Aymé ne réagissait point. S’était-il résigné à son sort, tirant une bonne leçon de tout cet imbroglio ? Peut-être, en tout cas, sa silhouette rendue incertaine par les ombres qui l’entouraient, les mots inintelligibles qu’il psalmodiait sourdement, comme un souffle, et son dos résolument tourné, tout cela faisait fissonner son compagnon le soldat, dont les peurs superstitieuses tenaient la dragée haute à la méfiance xénophobe.
C’est qu’il avait raison d’être sur ses gardes, notre ami du Castel Tolbioc, car son opposant finit par se lever et marcher vers lui. Dans l’obscurité qui les abritait, le grand-diable donnait l’impression qu’il avait gagné deux têtes de plus.
« T’as mis le temps, métèque, » cracha le soldat en levant ses poings tremblants dans sa direction, prêt à lui faire bouffer le mensonge dudit métèque et le séjour en tôle qu’il avait provoqué. Les deux adversaires, dans un temps de flottement, se fixèrent en chien de faïence, et, si la pénombre de la pièce ne l’avait pas interdit, on eut pu dire qu’ils se jetèrent leur regard le moins amène. Oppressé par cette aura de noirceur que sa peur (ou autre chose) semblait faire tourbillonner autour de Petit-Aymé, le soldat brisa ce duel de regards en se jetant sur l’autre. Il balança son poing en direction de ce qui semblait être la mâchoire de l’ennemi, mais ce dernier, étrangement agile dans la noirceur de la cellule, esquiva le coup d’un pas latéral.
Et c’en fut fini du combat. Le soldat tenta de jeter son bras vers les côtes de la silhouette, puis se paralysa. Le souffle coupé, il essaya de comprendre pourquoi du sang poissait son poitrail. Comment l’Estréventin avait trouvé une dague et pourquoi cette dernière dessina un large sourire dans sa gorge. Il n’eût pas le temps de répondre à toutes ces questions, ni même de crier. Le sang qui s’échappait à gros bouillons de son cou rendait tout plus flou, plus vague. Bientôt, il perdit le fil de ses pensées, puis connaissance, puis la vie.
Le sort du geôlier n’en fut pas moins malheureux. Ce dernier, comme il venait prévenir, plus tard dans la journée, Aymé que monsieur le lieutenant lui avait gracieusement offert son congé et le faire décamper à grand coup de pieds dans le cul, sentit la main, large et tannée, du basané se poser sur ses lèvres et son nez tandis que la pointe d’une chose piquante et froide transperça sa jaque et son bide. La surprise passée, il tenta de crier et de dégainer. Mais dans un grand geste ample, le couteau remonta jusque dans le torse du malheureux, qui s’effondra pour souffler son dernier râle.
Quelques temps plus tard, les autres portes de chênes de l’aile avaient été ouvertes. Les habitants de ces appartements frais avaient vidé les lieux pour rejoindre le Zurthan dans sa tentative d’évasion, à part quelques tièdes, qui commençaient déjà à refroidir dans leurs cellules. Aussi, avec la demi-douzaine de meurtriers et de voleurs de chevaux qu’on avait empilé dans ces cachots en attendant qu’on les pende ou qu’on les jette dans des habitations moins temporaires, Aymé exécuta un plan fort simple que ses collègues de fortune, rendus passablement dociles par la taille de leur meneur et le sort qu’il réservait aux réticents, suivirent à la lettre : il s’agissait, ni plus ni moins, de prendre les cachots d’assaut et de libérer toute la racaille que les entrailles de Tolbioc pouvait héberger. |
| | | Harkaas Val'Ulroa
Drow
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Mar 28 Juin 2011 - 9:47 | |
| Bien, ils se trouvaient à pied d’œuvre désormais. Enfin presque à pied d’œuvre. Dans le coin de l’œuvre dirons-nous en tout cas pour satisfaire les puristes. Bref les deux mercenaires avaient pu entrer dans la citadelle. Il leur restait l’essentiel de leur mission d’infiltration à mener à bien, mais tout commençait bien. L’espace d’un instant, le Haut Prêtre se demanda si le culte de Tesso aurait des chances de prospérer parmi les humains. Après tout ils cultivaient avec amour l’art de la trahison et du mensonge, quand bien même ils ne pouvaient et ne pourraient jamais prétendre égaler les seigneurs drows en ce domaine.
Le demi-elfe et le faux-humain-vrai-drow suivirent le sergent dans les interminables entrelacs de couloirs humides mal éclairés et arrivèrent finalement sur le palier où résidait l’hôte forcé du marquis de Serramire. Harkaas jeta un coup d’œil rapide aux quatre gardes en charge de la surveillance des lieux… avec le sergent cela ferait cinq. Enthousiasmé par la puissance de son calcul mental, le héraut du Menteur faillit louper la question du sergent qui leur demandait lequel des deux désirait rendre visite en premier au seigneur de Brochant.
Décidément les consignes de sécurité se révélaient fort strictes, le commandant de la place avait du recevoir des directives très strictes afin d’éviter tout risque d’évasion. Au fond, cela n’étonnait pas outre mesure le drow qui savait fort bien que le marquisat tout entier serait secoué par une telle nouvelle. Mais une telle déstabilisation ne pouvait que servir la cause du Puy, raison pour laquelle il se trouvait là à aider un noble humain corrompu qu’il ne connaissait pas et dont au fond il se fichait complètement.
D’une voix ferme, le « prêtre » répondit :
Je vais y aller.
Non mais ! Si le seigneur voulait faire des galipettes, il attendrait un peu, la religion passait avant tout et l’âme gardait la prédominance sur l’entrejambes. Pour un peu le prophète des traîtrises s’en serait roulé par terre de rire tant l’ironie de la situation l’amusait. Mais il s’en garda bien, car là arrivait la partie compliquée qui allait nécessiter la subtilité d’un vieux rhinocéros mâle souffrant d’une rage de dents carabinée, alliée à l’astuce du nain cherchant à entrer dans une taverne. Tesso, tu seras fier de tes disciples ! |
| | | Anselme de Bastylle
Humain
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Mer 29 Juin 2011 - 1:12 | |
| Le sergent hocha de la tête avant de glisser une clé dans une première serrure dans la porte, à laquelle il tourna deux tours. Puis il se saisit d'une autre clé et débloqua une seconde serrure. La porte s'entrouvrit. Il saisit alors fermement la poignée et la tira vers lui, dévoila aux occupants leurs visiteurs. Le seigneur de Brochant était assis dans un fauteuil, en train de lire un livre, alors que son valet s'occupait de mettre en place le couvert pour une collation. Avec un air solennel, le sergent s'éclaircit la gorge :
« -Arhm...votre confesseur le père Ilian est là monseigneur. »
Aymeric referma son livre avant de lever les yeux vers son prétendu chapelain, qui attendait sur le pas de la porte. Son visage fut un instant interloqué :
« - Mon chap...? »
Mais très vite, avec une maîtrise professionnelle, il se reprit naturellement :
« -Oh mais bien entendu, je désespérais de pouvoir confesser mes vils pêchés. Entrez donc mon père, entrez ! ».
Le valet du seigneur traversa alors la pièce en quelques pas, hocha de la tête en direction du sergent et referma la porte. Le soldat referma consciencieusement les deux serrures avant de s'assoir sur un tabouret en attendant la fin de l'entretien, pour que le giton puisse avoir son tour. Le seigneur de Brochant se laissa aller au jeu et reprit d'une voix claire, pour être entendu de l'extérieur :
« - Soyez le bienvenu vénérable ! Puis je vous offrir quelques rafraîchissements ? »
Les deux hommes s'avancèrent vers la table apprêtée, alors que le domestique avançait un autre siège devant elle. Le charismatique aristocrate s'y enfonça confortablement en jaugeant l'arrivant. Il murmura alors :
« -Je vois que cette chère Victoire ne perd pas son temps. »
Puis d'une voix plus claire :
« -Votre venue m'enchante, on me prive du pain spirituel depuis deux longues semaines en ces lieux ! »
Le valet versa aux deux hommes un verre de vin, qui devait s'avérer délicieux. Le seigneur le remercia et se pencha alors vers l'imposteur :
« -M'apportez vous quelque billet ou mots de la délicieuse De Lourmel ? »
Alors qu'Harkaas s'apprêtait à lui répondre, un tumulte venant de l'extérieur l'interrompit dans sa lancée. En effet, beaucoup plus bas, le chaos commençait à régner. Hamaÿeb et ses dix compagnons de fortune s'étaient rués sur le corps de geôles principales par surprise, y massacrant les gardes pris au dépourvu, avant de délivrer ce qu'il y avait de plus infâmes comme racaille dans Serramire. L'alerte avait alors été donné, et les gardes s'assemblaient en armes dans la cour, sous les ordres d'un Heinrich martial et qui tentait tant bien que mal de garder son calme.
« -Qu'on isole l'aile des cachots ! Ne laissez pas un seul de ces chiens sortir ! »
Sur le palier du donjon où se trouvait Eidren et les quatre autres gardes, ces derniers ne savaient pas trop quelle conduite tenir, déboussolés. |
| | | Eidren Alderion Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Dim 3 Juil 2011 - 16:40 | |
| Alors que le « père » Ilian s’entretenait avec De Brochant, un furieux vacarme dans lequel se mêlaient des cris de rage et de panique firent sursauter les quatre gardes. Hamaÿeb était passé à l’action. Autour du demi elfe, les gardes lançaient des regards inquiets autour d'eux. Quelque chose clochait, mais ils n’avaient pas encore identifié quoi. Utiliser l’effet de surprise pour diviser leur force et faciliter la fuite de Hameb ou attendre que la garde se divise d’elle-même et éliminer ceux qui resteraient devant la chambre…? Non, attendre que l’ennemi agisse était rarement la meilleure solution. Autant conforter les soldats dans l’idée qu’il se faisait du page : un giton peureux et coincé…Voilà qui aurait plut à Hameb…
-Que se passe-t-il ?! demanda Eidren prit d’un accès de panique des plus convaincant. Il fixa tour un tour les gardes, et fixa son attention sur un en particulier: celui qui semblait être le plus jeune. Face à la mine du page, le soldat ferma les yeux et resserra l'étreinte de sa hallebarde, cherchant vainement à fuir la vérité qu'il redoutait tant. Eidren s'écarta lentement du jeunot, devinant en lui une peur qu'il avait peine à dissimuler.
-La forteresse est...attaquée ?...C'est ça ? Je…je refuse de rester ici plus longtemps !
Sur ces mots, le faux page pleurnichard prit ses jambes à son cou et monta quatre à quatre les marches de l’escalier qui menait à l’étage supérieur. Il déboucha dans un hall similaire à celui qui menait à la chambre d’Aymeric de Brochant. Le demi elfe se plaça rapidement dans un coin de l’antichambre afin d’avoir toutes les entrées et sorties du niveau dans son champ de vision. Il tira alors ses deux poignards qu’il avait camouflés dans ses bottes, il resta un court instant à cette position, au cas ou quelqu’un descendait les escaliers. Par précaution, il alors ouvrit lentement la porte de la pièce qui constituait l’étage : personne ne se trouvait à l’intérieur. Ouf ! Un problème potentiel en moins. Il s’agissait d’un simple entrepôt dans lequel étaient entassées d’innombrables caisses qui, au « vue » des odeurs contenaient de la nourriture. Eidren s’engouffra à l’intérieur de la pièce et se plaqua contre un des murs après avoir laissé la porte entrebâillée. Il inspira un grand coup puis cria :
-Aaah !! A l’aiide !!
Un hurlement parfaitement adapté à son statut de giton… Des pas dans les escaliers indiquaient qu’au moins un garde de l’étage inférieur venait à sa rencontre. C’était toujours ça de moins pour Hameb…
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| | | Anselme de Bastylle
Humain
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Sam 30 Juil 2011 - 13:04 | |
| « - Holà page ! Halte-là ! », vociféra le sergent en dégainant son épée.
Il fit alors signe à un des gardes de la suivre, hallebarde fermement serrée entre les mains. Ils commencèrent à monter prudemment les escaliers vers l'étage, tout en intimant avec forces hurlements au page de redescendre.
« - Foutredidiou ça panique à la moindre alerte ces petites choses là, » grogna le militaire. C'est alors qu'ils entendirent le hurlement de détresse de l'intéressé. Les deux hommes se raidirent, circonspects. Ils arrivèrent sur le palier en pointant leurs lames vers la porte, la longue hampe de la hallebarde mettant une distance suffisante entre eux et toute menace qui pourrait en sortir. Le sergent, tout en assurant sa prise sur son épée, gueula à l'intention d'Eidren :
« - Qu'est ce qu'il y a gamin ? Sors d'ici immédiatement ! »
Les gardes étaient pour le moins dubitatifs : l'appel à l'aide s'était suivi d'un silence glaçant, aucun tumulte d'affrontement à l'intérieur de l'entrepôt. L'hallebardier ricana :
« -Le petiot a du voir un rat qu'je pense. »
Le sergent lui intima par une bourrade du coude de se taire, avant qu'il ne reprenne :
« - Gamin, sors d'ici immédiatement et lentement, où on vient te chercher et tu vas passer un sale quart d'heure ! »
L'autre garde se saisit d'une torche avec détermination, et attendit les ordres de son supérieur.
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| | | Hamaÿeb
Humain
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Lun 1 Aoû 2011 - 16:14 | |
| Les forteresses du nord n’avaient jamais vraiment sacrifié l’utilité à l’élégance. Les longues de fenêtres de vitraux colorés, ça n’avait jamais été le propre d’un donjon. Aussi, il n’était pas étonnant qu’une épaisse porte cloutée séparait le corridor sinueux et souterrain qui donnait sur les geôles, les cellules. Tenue par un corps de gardes modeste, la dite porte permettait de fermer le seul accès qui auraient permis aux forçats de se répandre dans le reste du château, laissant ainsi le temps à la soldatesque de se regrouper pour écraser d’un coup sec et brutal une tentative de passage en force des évadés. Hélas, la porte était branlante, et les sbires d’Aymé avaient déjà fait leur entrer, et si l’on eût voulu refermer le puissant huis renforcé, il aurait fallu déplacer les cadavres des trois gardes gisant dans l’embrasure.
L’attaque avait été fulgurante, d’une rare violence mais, pis encore, elle avait été précédé par un sortilège étrange. Les gardes en charge de la porte jouaient tranquillement au Kjall lorsque, soudainement, trois d’entre eux portèrent les mains aux yeux et crièrent, pris par une peur terrible, qu’ils étaient aveugles. Les deux autres soldats, inquiétés puis paniqués, prirent rapidement leur distance des trois pestiférés de la vue et devant le spectacle des trois aveuglés, l’un d’entre eux, persuadé que cela était quelque punition divine, se frappa le front avec ses mains en psalmodiant une prière rituelle mêlée de promesses de sacrifice à Othar l’Aveugle. Ils croyaient la panique à son comble lorsque les cris d’une dizaine de ladres leur parvinrent. Surpris par la succession des événements, les soldats ne surent que faire, et malgré la supériorité évidente de leur équipement, ces hommes en jaque tombèrent sous le nombre de ces hères à moitié nus et, pour certains, sans arme.
On en était là, à présent. L’un des gardes, plus vif que les autres (qui étaient, pour la plupart aveugles, certes), avait dégainé sans poser de question mais, après deux mauvais coups de tranche sur les filous qui le chargeaient, fut poinçonné aux côtes et à la tête. Il avait ainsi laissé le temps à notre prieur transi de crier l’alerte avant que celui-ci ne tombe à son tour, assommé par un coup de tabouret qu’avait ramassé l’un des malandrins. A présent, on dépeçait les cadavres du corps de garde, se saisissait des armes et prenait ce qui pourrait protéger, tandis qu’on entendait remonter de l’escalier à colimaçon (qui devait donner sur d’autres cellules) des bruits de bottes et des cris des geôliers.
« Allez ! » rugit Aymé en jetant un regard mauvais à sa troupe de fortune et un large trousseau de clefs à l’allure grossière qui trônait sur la table, à côté de dés, de cornes et d’un morceau de cochonnaille. On commença à ouvrir les portes du corridor humide, et, sous les ordres de l’Estréventin, on se préparait à recevoir comme il se devait les geôliers dont le bruit des lourdes bottes remontait vers eux. |
| | | Harkaas Val'Ulroa
Drow
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Lun 1 Aoû 2011 - 20:02 | |
| Alors que le sergent ouvrait les différentes serrures qui verrouillaient la prison dorée d’Aymeric de Brochant, le Haut Prêtre se drapa dans la confiance que Tesso pouvait faire rejaillir autour de lui. Un sortilège fort discret mais fort utile qui rendait le lanceur immédiatement sympathique aux yeux de son entourage, un peu comme un vieil ami enfin retrouvé après une longue séparation. Vu que la suite du plan allait nécessiter doigté et finesse, mieux valait que personne ne réagisse trop brusquement.
Impossible de savoir si la maîtrise dont fit preuve le prisonnier venait des effets du sortilège ou de sa capacité politique à gérer les surprises… probablement un peu des deux… mais tout se passa correctement, et les deux hommes s’assirent afin de pouvoir parler, tandis que le valet leur servait du vin et que le sergent s’asseyait à l’écart afin de les surveiller discrètement. A voix basse, comme s’il écoutait les péchés du seigneur de Brochant, Harkaas murmura :
Je suis ici pour vous libérer monseigneur. Dame Victoire a loué mes services, fort cher d’ailleurs, à cette fin. Des alliés vont déclencher une émeute dans le quartier des prisonniers, nous en profiterons pour sortir. Fiez vous à moi, j’ai dans ma manche certains atouts pour que les gardes ne nous gênent pas. Si jamais nous étions séparés, vous trouverez au bout du palier un jeune demi-elfe portant la tenue d’un de vos pages. Il est des notres.
A sa décharge, le prisonnier ne tiqua pas. Sans doute s’attendait-il à une action de ce genre de la part de ses partisans. De toute façon, un homme venant le jour prévu de la visite du véritable chapelain ne pouvait qu’être du bon côté. Précisons que nous appellerons le bon côté celui des conspirateurs et rebelles, non pas tant du fait de leurs opinions politiques et de leur volonté de renverser Anselme, mais surtout car ils payent nos héros.
Harkaas eut un léger sourire en entant le tumulte qui commençait justement à retentir au dehors. Ses acolytes semblaient eux aussi être passés à l’action, et si tout se passait comme prévu les gardes allaient avoir de qui s’occuper. En tout cas le vacarme indiquait qu’il allait pouvoir passer à la phase V du plan. V pour… vendetta ? Non. V pour… viol ? Non ! V pour… violence ? Oui, voilà, nous y sommes, la partie sanglante ou l’hémoglobine allait couler à flot et recouvrir les murs ! Mais non, rassurez vous, nous allons faire cela en douceur.
Sergent, nous aurions besoin de votre avis sur un point d’honneur. Monseigneur n’est pas de mon avis aussi je vais vous demander de trancher.
Curieux, le sergent se leva et s’approcha d’un pas tranquille. Au cœur d’une citadelle loyaliste et avec plusieurs soldats de l’autre côté de la porte, il ne craignait pas grand-chose. Certes le boucan qui retentissait dans la cour ne pouvait que l’inquiéter, mais le danger ne pouvait pas venir de cette chambre même, non ? Cette appréciation constituait une erreur, car en regardant Aymeric, il perdit du vue le soi-disant prêtre l’espace d’une seconde. Parfois, une seconde d’inattention est de trop.
D’un geste preste, le drow dégaina la lame cachée dans sa manche et l’enfonça de bas en haut à l’arrière du crâne du soldat. Bien que n’étant pas un militaire, Harkaas avait pu durant ses trois siècles d’existence apprendre les techniques de base pour se débarrasser d’un adversaire ayant baissé sa garde. Fort heureusement la plupart des adversaires que rencontrait le seigneur de la tromperie ne se méfiaient pas de lui, gloire en soit rendue au Menteur !
Le coup porté directement au cerveau présentait un double avantage : d’une part le client n’avait même pas le temps de crier, d’autre part cela évitait de faire gicler du sang un peu partout. Pour la suite du programme, mieux valait éviter de se balader avec de grandes tâches rouges sur sa tenue. Allongeant doucement le cadavre au sol pour éviter que le bruit de chute n’attire les gardes, Harkaas se tourna vers Aymeric qui s’était levé de son siège.
Monseigneur, vous allez enfiler ma bure et en rabattre le capuchon. Moi je vais me faire passer pour lui.
Tout en ôtant sa bure, le drow désigna du doigt le corps étendu à ses pieds.
Vous faire passer pour lui ? Regardez… et admirez, monseigneur.
Posant la main sur le visage du mort, le Haut Prêtre laissa la magie du divin Tesso couler librement à travers lui, l’enrobant de sa douce chaleur et de sa bienfaisante étreinte. Devant les yeux écarquillés d’Aymeric et de son valet, le visage et le corps du soi-disant Hameb se transformèrent lentement, comme de l’argile entre les mains du potier. La transformation s’accompagnait toujours d’une sourde douleur tandis que les os changeaient un peu de place et que les traits du visage se remodelaient. Mais le prix à payer restait faible au vu des gains escomptés.
Le sergent se releva, jeta un regard méprisant à son double décédé, et commença à ôter sa tenue au cadavre afin de s’en revêtir.
Vite monseigneur, habillez vous. |
| | | Eidren Alderion Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Mer 10 Aoû 2011 - 23:19 | |
| Au son des pas, il devait y avoir deux gardes au plus, par conséquent Ameb avait le champs libre pour agir, le sergent étant son ultime obstacle, pour l’instant du moins. Revenant à sa propre situation, Eidren étudia les possibilités qui se présentaient à lui. Dans un premier temps, il entreprit de se débarrasser des deux soldats vu comme l’occasion était tentante, mais se ravisa très vite en se remémorant la réputation de la garde serraminoise. Et puis, s’il ne parvenait pas à s’en défaire, le sergent risquerait d’entendre des bruits de lutte et d’être encore plus sur la défensive.
« - Gamin, sors d'ici immédiatement et lentement, où on vient te chercher et tu vas passer un sale quart d'heure ! »
L’esprit vif du demi elfe était sous pression, il réfléchissait à toute vitesse. L’écho des pas des gardes était pareil au roulement de tambour qui précède l’exécution d’un condamné. Il fallait trouver une excuse pertinente pour justifier sa fuite et endormir leur vigilance. Une idée germa soudainement dans l’esprit du mercenaire, elle était un peu saugrenue certes, mais il n’allait pas tarder à être découvert : l’heure n’était plus à la réflexion, il fallait agir maintenant. Il rengaina un de ses poignards et se planta la lame du second dans le bras de façon à faire naître deux auréoles de sang sur ses manchettes. Il compressa la plaie de sa main valide tout en maintenant son couteau sous son avant bras meurtri. -Je suis là…dit-il d’une voix tremblante tout en se levant. Lentement, il avança en direction des deux hommes qui lui lançaient des regards à la fois réprobateurs en interrogatoires. - Un rat m’a…mordu, expliqua le giton tout penaud. L’un des gardes eux un soupir agacé tandis que son acolyte se frappa le front pour montrer son exaspération.
-Nous refait pas un coup pareil p’tit... Allez, on y retourne.
Le demi elfe quitta la réserve et prit la direction des escaliers, encadré par les deux gardes qui, bien que tendu par les évènements n’étaient plus sur la défensive et semblaient plutôt « rassurés ». Le stratagème avait fonctionné, Eidren n’avait plus qu’à attendre une ouverture et agir. Neutraliser ses gardiens rejoindre Ameb puis livrer De Brochant à Dame Victoire pour enfin toucher cette fameuse prime.
Ce fut avec un effroi non dissimulé que les soldats découvrirent le corps nu et inanimé de leur sergent dans la chambre de De Brochant. Ils s’étaient tout d’abord étonné de trouver la porte non gardé, et après quelques appels vains à l’adresse de leur supérieur avaient décidé d’enfoncer la porte. L’un des deux hommes s’était précipité vers le corps tandis que le second restait dans l’entrebâillement de la porte. Affranchi de sa surveillance, Eidren avait lentement fait glisser son poignard dans sa main et avançait à pas de loup vers sa première victime. D’un coup violent et précis, il trancha la gorge du premier garde qui plaqua instinctivement ses mains sur son cou, essayant vainement de stopper le flot de sang. Pris dans son élan, Eidren s’élança vers le second garde qui venait tout juste de comprendre la traîtrise dont son camarade avait été la cible. Le demi elfe lança son poignard et celui-ci ricocha sur les protège-bas métalliques de son ennemi qui s’était instinctivement couvert le visage. N’ayant pas le temps de sortir sa deuxième lame, Eidren saisit le premier objet qui passa à sa portée – un magnifique vase en faïence- et l’envoya en plein dans le visage du miraculé quand celui-ci eut le malheur de baisser sa garde. Haletant et couvert de sang, Eidren passa un rapide regard dans la pièce et aperçut le fameux cadavre, totalement nu. Quelque soit l’idée d’Ameb, Eidren lui faisait « confiance » et ne se posa pas plus de question, il ramassa néanmoins le trousseau de clefs qui se trouvait près du sergent. A son tour, il dépouilla un des soldats, troquant ses nobles frusques poisseuses contre une armure légère de laquelle émanait une douce odeur de sueur… Lorsqu’il fut enfin prêt, le sang mêlé sortit de la chambre, en ayant au préalable vérifié que personne ne risquait de venir, et verrouilla la porte derrière lui. Il descendit ensuite les marches qui menaient à la cour de Castel Tolbioc où la garde essayait tant bien que mal de mater l’émeute
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| | | Anselme de Bastylle
Humain
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Ven 19 Aoû 2011 - 14:31 | |
| Les gardes des geôles situées plus profondément sous terre remontèrent prestement vers la surface pour comprendre ce qui se passait. Néanmoins, les hurlements des blessés et les chocs de la mêlée les renseignaient bien sur ce qui se passait : un soulèvement des prisonniers ! Cinq gardes armés de gourdins surgirent face à la marée de racailles armée de bric et de broc. Les deux partis se jaugèrent l'espace d'un battement de cils, avant que les geôliers ne prennent leurs jambes à leur cou, talonnés par une marée vociférante qu'Hamaÿeb ne pouvait retenir. Un geôlier obèse fut bientôt taillé en pièces par ses précédents locataires, alors que la course poursuite se continuait sur quelques couloirs. Mais une mauvaise surprise attendait les poursuivants : à un tournant, ils virent leurs victimes se jeter au sol. Prostrées, implorant grâce...quoique. Une volée meurtrière de carreaux cueillit les premiers gredins, les clouant au sol sans pitié, déchirant leurs chairs mal protégées. Le barrage de la garde du fort avait été solidement établi : un rang de hallebardes couvert par des arbalétriers agenouillés devant leurs camarades.
La racaille survivante reflua en désordre vers le quartier des geôles, paniquée. Du côté des gardes, le lieutenant Heinrich rugit férocement des ordres de marche, et le mur de chair et d'acier s'ébranla à travers le couloir, les bottes cloutés des gardes écrasant sans ménagement les victimes des arbalétriers. Quelques prisonniers hardis tentèrent de stopper leur marche implacable, mais sans succès : les volées de carreaux se suivaient sans relâche, tandis que les faisceaux de hallebardes ne laissait aucune chance à un rebelle isolé, éventré professionnellement. La troupe s'arrêta non loin de la grande porte des geôles, où se trouvait Hamaÿeb et le gros des prisonniers. Le moral de ces derniers avait été considérablement douché depuis la contre-attaque de la garde. Heinrich fit quelques pas en avant, son épée pleine de sang au poing. Il vociféra en direction du réduit des révoltés :
« - Putride racaille ! Déposez vos armes et sortez d'ici un par un, ou je fais donner l'assaut et pas un seul d'entre vous n'en sortira vivant ! »
A l'intérieur, les prisonniers ne savaient que trop faire...ils se tournèrent alors comme un seul homme vers Hamaÿeb, comme si celui ci avait la solution à leurs problèmes.
Mais plus haut dans le donjon, la manœuvre des deux comparses d'Hamaÿeb avait parfaitement fonctionné. Les gardes et le sergent gisaient mort ou inconscients, tandis que les comploteurs redescendaient les marches du donjon. Les trois hommes arrivèrent dans la cour, passablement déserte : la garde s'occupait à réduire le soulèvement du quartier des geôles. Seuls quatre gardes restaient à la porte, de l'autre côté de la cour. |
| | | Hamaÿeb
Humain
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Mar 23 Aoû 2011 - 0:58 | |
| On s’était massé contre la lourde porte qui barrait encore le passage aux hallebardes et aux dondaines. La poignée de rescapés aspiraient à grande goulée l’air nauséabond qui se dégageait des cachots tandis que le reste des bougres se contentaient de fixer, en chien de faïence, leur chef d’aventure, l’imposant Aymé. Celui-ci, accablé par les regards dubitatifs de ces criminels faits comparses le temps d’une évasion, ne perdit rien de son expressivité et de sa verve. Ainsi, se contentant d’expectorer un intraduisible « Snafu ! » à l’adresse de la coterie, il attrapa le cadavre d’un geôlier avant de poser son chef sur la table comme on l’aurait fait d’une vulgaire pièce de viande. Et, sous les regards éberlués de l’assemblée, il commença à séparer la tête par le col et ce à grand coup d’épée. Son visage, fermé et impavide, ne laissait rien transparaître, sinon quelques gouttes de sueur (de la peur ? se demandèrent certains avant de se rassurer : la chaleur des combats !). Une fois le malheureux macchabée décapité, il saisit son trophée par le cheveu (car un ladre l’avait décoiffé de sa barbutte, qu’il portait, risiblement, en guise de protection) et le montra à tous. Ses doigts poissés de sang vinrent asperger les brigands, comme si, par le sang, ils renaissaient. Drôle de manœuvre, quand on savait qu’on allait mourir quelques instants plus tard. Et puis, une fois n’est pas coutume, le Zurthan ouvrit la gueule. « Vous avez tué ces chiens. Vous êtes déjà morts. Il faut tuer pour ne pas être tué. »
La harangue avait été laconique, prononcée sur un ton égal, presque didactique, mais cela remonta un peu le moral des plus enragés et des plus lucides. Personne n’ignorait ce qu’il arrivait aux malandrins qui s’essayaient à la mutinerie. Cependant, dans ce silence qui flottait, où chacun, finalement, se tournait vers son compagnon pour essayer d’y quémander un conseil, une réaction, l’un des mutins s’écarta du groupe et finit par courir vers sa geôle, où il crut, sûrement, pouvoir survivre à l’assaut qui se préparait. Hélas, le lâche n’eut pas le temps d’influencer la meute, car Aymé, en un bon terrifiant, fut sur lui et enfonça son épée au milieu de son dos. La proie accusa le coup, cracha ce qui lui restait d’air puis tomba au sol pour ne plus se relever. Les tremblements que provoquaient ses nerfs paniqués donnaient au cadavre encore chaud un aspect terriblement humain, vivant, comme si son âme, avant de partir de ce corps brisé, devait trembler tout son soûl.
Cela n’était pas très bon augure, mais au moins, on savait à quoi s’attendre. Grognant quelque chose de tout à fait inintelligible, Aymé reprit la tête, entrouvrit la porte et la jeta vers Heinrich avant de crier un « Va te faire enfoirer par ton père ! » Car oui, le malheureux, s’il savait tirer de l’épée, n’avait guère suivi ses cours d’apophtegmes. |
| | | Harkaas Val'Ulroa
Drow
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| Sujet: Re: Pamphlets et surins à Serramire - II : L'évasion [PV] Mar 23 Aoû 2011 - 11:29 | |
| Tout se déroulait selon le plan prévu. Enfin pour le moment, car la suite risquait d’être une partie assez malaisée à jouer. Pour l’instant, les conspirateurs devaient encore réussir à quitter la cellule sans se faire arrêter, et ensuite il leur faudrait passer la grande porte de la citadelle. Mais dans un premier temps, le Haut Prêtre n’en avait pas encore fini. Il venait de jouer la partition des conspirateurs, il lui restait à jouer sa propre partition… celle du Divin Menteur.
Tandis que le prisonnier, aidé par son valet, revêtait la bure qui devait lui permettre de quitter discrètement les lieux, le drow s’approcha de la cheminée et sous couvert de placer le cadavre du sergent dans un recoin un peu sombre, enfoui discrètement sous les cendres un parchemin, ne laissant dépasser qu’un coin à peine visible pour qui ne le chercherait pas attentivement.
Préparer ce petit bout de parchemin noirci et carbonisé lui avait pris de longues heures et plusieurs tentatives lamentablement ratées avant de produire ce qu’il désirait. On aurait juré, à le voir, qu’il s’agissait d’une lettre jetée aux flammes mais qui n’avait pas entièrement brulée, laissant intacts quelques morceaux de phrases qui distillaient suffisamment d’indices pour qu’un lecteur intelligent puisse reconstituer le sens général du texte.
A ce stade, le narrateur met l’histoire en pause afin de laisser chacun lire cette fameuse missive laissée par Harkaas à l’intention du marquis de Serramire. Voici ce que l’on pouvait y lire :
[…] entretenir la guerre civile à Serramire nécessite […] agitateurs publics et mercenaires à payer […] écus par mois minimum […] une fois libre je lancerai des […] fermer votre frontière avec Serramire lorsque l’œil de l’oracle brulera […] vos armées […] mener des raids qui monopoliseront l’attention de ce bâtard d’Anselme […] vous concéderai des fiefs frontaliers une fois qu’Anselme sera mort et que je serai le nouveau marquis […]
Par Tesso, qu’il aimait ajouter ainsi un nouveau tour de vis à l’angoisse ! Si la chance était avec lui, la cellule serait soigneusement fouillée suite à l’évasion d’Aymeric afin d’y rechercher des indices permettant de remonter aux complices du noble. Les gardes du marquis trouveraient ce reste de parchemin et le porteraient à leur maître. Ce cher Anselme aurait alors encore plus de raisons de s’inquiéter, de voir des trahisons tout autour de lui, et jusqu’au-delà de ses frontières.
Décidément, se dit le drow en ricanant intérieurement, ce cher imbécile d’Aymeric devrait faire un peu plus attention lorsqu’il écrit une missive aussi tendancieuse aux voisins d’Anselme. Il lui fallait maintenant espérer que les gardes savaient mener une fouille soigneuse et n’oublieraient pas la cheminée. Évidement, avec ces idiots d’humains puants et incompétents, on ne pouvait jurer de rien et il fallait se recommander au destin. Mais après tout, Tesso aimait l’incertitude, même pour les plans de ses fidèles.
Alors qu’ils s’apprêtaient à quitter la cellule, le faux sergent ordonna :
Rabattez votre capuchon monseigneur, et surtout ne dites rien. Contentez vous de marcher à mes côtés. Je vous laisserai au bout du couloir, descendez l’escalier, vous trouverez en bas un page portant votre livrée, il vous guidera jusqu’à dehors. Je vous suivrai de loin, prêt à intervenir si nécessaire.
Oh, les gardes allaient les regarder lorsqu’ils sortiraient bien sur, mais ils ne verraient rien de plus que leur sergent escortant le prêtre… et Harkaas disposait encore d’un atout dans sa manche qu’il comptait jouer. Bien qu’en partie caché par la capuche, sortir ainsi restait risqué, car un garde trop attentif pourrait réussir à voir le visage du prêtre, et tout le stratagème tomberait alors à l’eau. Mais que peut un pathétique humain contre le sublime art du glorieux peuple sombre ?
Lorsque les deux compagnons sortirent de la cellule, le Haut Prêtre invoqua son art pour déformer la réalité. Plus précisément, ce don de Tesso permettait de modifier non pas la réalité, mais la vision de la réalité perçue par les autres. Bien sur, plus la modification désirée était importante, plus elle risquait d’échouer, mais le drow ne comptait pas faire une modification importante. Un simple détail lié à la présence d’un officier suffirait.
Modelant dans son esprit la tête encapuchonnée de son compagnon, le drow la tourna dans un sens, la tourna dans un autre, et projeta les images vers les gardes. Une tête réelle sous l’illusion, une tête qui se tournait à droite pour les uns, une tête qui se tournait à gauche pour les autres, et à l’arrivée personne ne verrait le prêtre de face*.
Ayant inspiré profondément, le Haut Prêtre sortit en compagnie du prisonnier… ou disons que le sergent sortit compagnie du prêtre. Restait à espérer qu’Eidren se trouvait vraiment en bas de l’escalier et qu’Hamaÿeb réussirait à occuper le reste de la soldatesque encore quelques minutes..
[* hrp : Harkaas utilise le sort de vision erronée pour faire croire aux gardes à sa droite qu’Aymeric regarde vers la gauche (ils ne voient donc que l’arrière du capuchon et non pas le visage), et vice-versa.] |
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