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 [Rues] La robe noire et le marteau (Norman le Terrible)

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Elaine de Latour
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MessageSujet: [Rues] La robe noire et le marteau (Norman le Terrible)   [Rues] La robe noire et le marteau (Norman le Terrible) I_icon_minitimeMar 28 Juin 2011 - 2:37

    Elaine était passablement irritée. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu à parcourir les rues à la recherche d'un nouvel homme à mettre dans son lit. C'était habituellement le travail de Léa et de Marianne, avec leur inexpérience charmante et leurs sourires désarmants. Le menu fretin composé des marins et des marchands n'était plus pour Elaine depuis assez longtemps déjà, et elle répugnait presque à devoir recommencer si bas. Lorsque les deux jeunes filles avaient décidé de s'enfuir, tous les efforts fournis par Elaine depuis les dernières années avaient étés réduits à néant. Elle qui croyait avoir la main mise sur les deux jeunes filles, qui étaient censées la considérer comme une amie et un modèle, avait finalement été prise à son propre jeu lorsqu’elle avait commis l’erreur de s’en vanter auprès de LaRochelle. Les deux jeunes filles prenaient la poudre d’escampette quelques jours plus tard, gratifiant Elaine de reproches salés et d’une augmentation à sa dette qui équivalait à presque cinq mois de salaire.

    La jeune fille poussa un soupir contrit. La mort de Guy n’arrangeait rien à tout cela; elle se retrouvait prise entre les murs de la maison close encore quelques années, voyant ses rêves de devenir courtisane encore une fois repoussés. Si cela se trouvait elle serait trop vielle une fois affranchie, et elle n’aurait plus qu’à se trouver un vieillard riche qui voudrait bien la prendre à son service. La servitude, même si elle n’était pas celle qu’elle aurait espéré, serait toujours une consolation.

    Elaine secoua la tête et reporta son attention sur ce qui se trouvait devant elle. Il serait désastreux de foncer dans un mur ou pire un homme. Elle ne devait pas engager la conversation avant d’avoir repéré un homme convenable, sinon elle en serait quitte pour passer la nuit avec un marin trop bien habillé, qui ne pourrait pas la payer plus qu’une fois. Elaine se surprit à regretter Guy et les filles, qui rendaient sa vie tellement facile. Son amant déboursait une somme considérable pour avoir le droit de la visiter quand il le voulait, réduisant sa dette toujours plus, et il fallait avouer qu’il ne l’aimait pas trop mal. Les filles, Marianne et Léa, lui apportaient toujours plus de clients, et n’en gardaient que très peu pour eux; sûrement à cause de leurs rêves d’évasion. Mais c’était sans importance, tant que cela rapprochait Elaine de son rêve. Elles pouvaient bien avoir fui, jamais elles ne seraient des courtisanes adulées, avec des réputations solides comme armure.

    Elaine continua d’avancer, remuant sans trop le vouloir des pensées de glorieuse servitude, de soupirs étouffés et de robes magnifiques.
    Elle se savait observée par les hommes qui se trouvaient dans les rues malgré la fraîcheur du coucher de soleil, et la chaleur accueillante qui accompagnait la lumière qui semblait couleur au dehors des différentes tavernes et commerces de la rue sur laquelle elle se trouvait. Sa démarche gracile, elle le savait, la rendait différente des autres filles qu’on voyait habituellement passer dans les rues à cette heure. La facture de sa robe noire, vaporeuse et légère, laissant deviner les formes dociles qui se trouvaient en dessous, démontrait qu’elle n’était pas accessible à tous les hommes qui se trouvaient là et qui avaient déjà la bourse trop serrée d’avoir déjà abusé de la boisson. Certains lui lançaient tout de même des œillades, mais elle se refusait à les aborder avant que la nuit soit complètement tombée.

    «Les temps sont durs,
    pensa-t-elle. Toute la journée que je parcours ces rues, et toujours personne pour m’offrir quoi que ce soit. LaRochelle va encore me punir.»

    Elle frissonna en espérant que sa maîtresse lui donnerait le fouet, cette fois-ci, au lieu d’alourdir sa peine. Elle ne le ferait probablement pas, sachant le plaisir qu’Elaine tirerait de cette punition, mais peut-être aurait-t-elle trop bu lorsque sa fille rentrerait, avec un coup de chance…

    «Les coups de chance ne sont pas pour les filles comme moi, pensa-t-elle presque aussitôt, presque honteuse de s’être laissée aller à de telles pensées.»

    Elaine se ravisa pourtant presque aussitôt. Devant elle se trouvait un homme, adossé contre un mur. Il semblait en pleine réflexion, et cela donna tout le loisir à Elaine de l’observer. Dans la lumière chiche qui annonçait que la nuit était en train de finir de remplacer le jour, elle constata qu’il semblait étonnamment grand et bâti, pour un être humain, mais qu’il n’avait pas l’air d’être un bâtard. Il aurait eu du mal à entrer dans la ville, à moins d’être venu caché dans un bateau, si c’était le cas.
    L’homme avait l’air plutôt fortuné, et Elaine se dit que c’était sa chance. Elle reconnut dans sa manière de se tenir l’attitude d’un noble plutôt que celle d’un rustre, et l’autorité qui se dégageait de lui, même à cette distance, l’encouragea à aller vers lui, ne serait-ce que pour se faire donner un ordre qui l’aiderait à passer le reste de la soirée. Profitant du fait qu’il ne regardait pas, Elaine resserra le corsage de cuir blanc qu’elle portait sous sa robe, ajustant ses seins pour faire paraître sa gorge plus invitante.
    Elle prit une grande respiration, et se mit à avancer vers l’homme, dans un bruit voluptueux de tissus et accompagnée du tintement fin des chaines d’argent qui ornaient ses chevilles et ses poignets graciles ce soir là. Elle regarda l’homme avec ses yeux, un sourire désarmant accroché sur ses lèvres et les cheveux dans le vent.

    « - Monseigneur ? »
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MessageSujet: Re: [Rues] La robe noire et le marteau (Norman le Terrible)   [Rues] La robe noire et le marteau (Norman le Terrible) I_icon_minitimeMar 28 Juin 2011 - 23:17

    J’avais quitté Diantra pour Ydril, c’était mon dernier arrêt avant de retourner au Nord pour exercer ma fonction. J’avais sillonné le royaume pour me faire des alliés, dans certain cas je m’en suis bien sorti sachant convaincre mon auditoire, dans d’autres cas beaucoup moins bien. Je franchis les portes de la ville tôt le matin et avait décidé de rendre visites aux nobles de la ville que le lendemain. C’est ainsi que je profitais de ma journée en ville pour la visiter et profiter d’une cité côtière, lorsque le soleil fût à son zénith je fus convié chez une famille de riche commerçant à partagé le plat du déjeuner fait d’un poisson au goût remarquable. Ils me proposèrent de rester passer la nuit chez eux, mais je refusai poliment prétextant avoir d’autres visites à faire le reste de la journée. L’après-midi, je la passai à parcourir les rues en ne manquant pas de me faire remarquer par mon imposante stature.

    En cette journée d’automne fraiche, je portai une fourrure d’un certain animal du Nord, avec une cuirasse recouvrant mon torse mais en laissant toutefois mes bras nu et un simple pantalon, et, le marteau accroché cette fois-ci à la ceinture. La bourse encore pleine, c’est vers ce passage entre jour et nuit que je m’arrêtai respirant l’air frais des contrées du Sud. Adossé à un mur, mes pensées quittèrent la région pour rejoindre Oësgard. Une terre m’attendait, et j’avais à présent une tâche difficile à accomplir. Rehausser la bannière du pays n’était pas chose facile. Je revins vers la réalité lorsqu’une voix féminine m’interpella suivi d’un tintement. Cette voix appartenait à une femme m’arrivant au torse, je baissai le regard vers elle et ne put m’empêcher d’être attiré vers sa gorge invitante. Lui adressant un sourire aimable ayant compris ses intentions et sa fonction dans cette société, un brin de malice brilla dans mes yeux avant de lui demander.

    -Que puis-je faire pour vous ?

    Cette journée avait été plutôt plaisante, autant la finir entre de fins bras et en jolie compagnie.
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