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 Le rodomont et la duchesse

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Inès de Soltariel
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MessageSujet: Le rodomont et la duchesse   Le rodomont et la duchesse I_icon_minitimeLun 18 Juil 2011 - 15:01

Et l’impudent
Des voix aigues
Ne fut plus friand
Une fois perdues.


Byzantinisme et logomachie embuèrent la matinée de la Sérénissime. Cette dernière s’était vue gratifiée d’une visite des patriciennes du clan Bastaggia, des armateurs renommés, qui avaient cherché à la sonder sur leur ancestrale querelle avec une autre grande famille de Soltariel. Les palabres s’étaient déroulées dans les Bains Ducaux avec l’espoir, un peu fou, que la vapeur viendrait à bout de la hargne des harpies, ce qui était mésestimer gravement une animosité pluricentenaire. Ensuite, ce fut au tour d’une délégation des potiers de la Via Argilla, d’authentiques pleure-misères, qui récriminaient contre les concurrents d’un quartier-pont, dépendant d’une maison dont ils n’étaient pas clients, qui bénéficiaient d’un accès privilégié à un pigment qui…baste ! Autant dire que la Dame n’était pas enchantée de son début de journée.

Elle décida, pour le bien de ses nerfs à vif, de s’offrir un instant de repos dans son Boudoir des Glaces. Sur son chemin, dans les allées bordées de colonnades, auxquelles glycines et bignones partaient à l’assaut tels des condottieri poussant la porte d’un lupanar, elle croisa plusieurs peintres de grand renom occupés sur les voûtes du palais. Tout pour magnifier la Dame. Le phare, la défense d’Aphel, la Grande Expédition – restait à espérer qu’elle soit fructueuse, sans quoi la fresque devrait être repeinte – tout lui rendait grâce. Un fin sourire naquit sur ses lèvres pleines.

Une fois allongée sur une ottomane, littéralement recouverte de coussins et autres tissus précieux, elle se laissa aller entre les mains experte de son masseur tandis qu’une camériste entreprenait de la recoiffer et qu’une autre la parfumait. Tout ce petit monde qui bourdonnait autour d’elle la plongeait dans une délicieuse langueur. Cependant, comme bien souvent, le Destin en décida autrement : on cognait à la porte. Cette dernière ne tarda pas à s’ouvrir sur l’un des eunuques rattaché à la sécurité de la Pythonisse des Destinées Soltari, splendide sous sa barbute dorée à plumes d’autruche. Un jeune patricien désirait rencontrer la Dame, pas un paltoquet de la région, celui-ci avait fait de la route. Fallait-il l’introduire ?
Elle regretta l’absence du Babouin, qui n’aurait pas manqué de clabauder sur le capitan, ce qui contribue toujours à donner un peu de couleur à ce type d’entrevue. Qu’importe ! Il faudrait s’en passer. D’un geste vague elle donna son assentiment en même temps que congé au garde.

Un instant plus tard, le jeune matamore pénétrait dans le Boudoir des Glaces, escorté par un eunuque en demi-armure et haut-de-chausse rayé aux couleurs ducales. La salle devait son nom aux multiples miroirs qui en tapissaient murs et cloisons – lorsqu’il ne s’agissait pas de moucharabiehs réels ou en trompe-l’œil–, rendant les proportions de la pièce incertaine. Une lumière paresseuse s’écoulait de vitraux, situés au sommet du boudoir, à laquelle venait se joindre celle distribuée par quelques lampions accrochés aux rares pans de la pièce à ne pas être couverts par des glaces.

Caméristes et masseur s’éclipsèrent par une entrée latérale, tout du moins c’est l’impression qui prédominait, l’architecture rendant difficile d’affirmer quoique ce soit avec certitude, tandis qu’un échanson, portant amphore et canthares s’approchait.

« Soyez le bienvenue à Soltariel, messer. Le Soleil Blanc vous salue ! J’ai ouï dire que vous aviez fait une longue route, nulle doute que notre cité vous fera oublier, sous peu, les désagréments du voyage. Goûtez donc à notre vin et découvrez l’éden. Mais dites-moi, messer du Médian, quel bon vent vous à porté jusqu’à nous ? »


Dernière édition par Inès de Soltariel le Ven 29 Juil 2011 - 22:39, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le rodomont et la duchesse   Le rodomont et la duchesse I_icon_minitimeLun 18 Juil 2011 - 18:37

Aarnis était sur le cul, littéralement. Il s'attendait à quelque chose de grandiose, voire légèrement pompeux mais là il devait bien admettre que c'était somptueux. On lui avait dit que, la ville vouant un culte particulier au soleil, elle s'était efforcée de retranscrire sa beauté et sa magnificence dans son bâtiment principal à savoir le château des Soltariels actuelle famille régnante sur le Duché. Aarnis n'était pas du genre impressionnable mais là il était mouché.

Arrivé sur le parvis du palais il demanda à ce qu'on l'introduise auprès de la maîtresse des lieux comme étant un jeune noble en voyage souhaitant s'instruire en matière d'architecture. Bien sûr ce n'était qu'un prétexte mais bluffé comme il était ce fut le seul qu'il trouva à peu près valable. Il n'avait, au départ, pas de but vraiment précis, mais il voulait voir de ses propres yeux la merveille de raffinement qu'était ce palais. Il était loin de se douter que le plus formidable des joyaux n'était pas le château lui même mais bien celle qui le dirigeait.

Lorsqu'Inès se présenta à lui il écouta à peine ses yeux ayant tellement de mal à se concentrer que tout ses autres sens devaient être occultés afin qu'il puisse contempler la magnifique beauté qu'était son hôte. lorsque les lèvres teintées d'un rouge cerise profond cessèrent de bouger, Aarnis crut bon de s'exprimer à son tour :


- Bien le bonjour mademoiselle Inès de Soltariel, déclara-t-il d'un ton officiel mettant un genou à terre. On m'avait souvent décrit votre demeure comme étant superbe mais, comme la plupart des écrins, le bijou qu'il conserve se révèle souvent de bien plus belle facture et de bien plus grande beauté. Je dois avouer que j'ai du mal à me remettre du choc que la vue de votre personne a provoqué chez moi, aussi pardonnez moi si je bafouille, conclut-il voix parfaitement assurée.

Il osa alors enfin regarder son hôte droit dans les yeux, yeux qui étrangement, paraissaient absents mais qui vous poignardaient l'âme sitôt que vous croisiez leur regard. Ce regard dur froid contrastait avec le teint légèrement halé de sa propriétaire, chose qui intriguait autant que plaisait Aarnis. de plus un pendentif qu'on ne pouvait qualifier que de beau ornait un cou gracile qui donnait de drôles d'envies au rodomont qu'était notre bellâtre châtelain. Pour le reste une apparence frêle, limite discrète complétait un tableau quasi parfait.


- Bon sang ça c'est un femme, se dit Aarnis au plus profond de lui même.

Aarnis se frappa alors le front avec la paume de sa main et se releva :


- Veuillez me pardonner belle duchesse je ne me suis pas présenté : Aarnis d'Ack ou du Nord si vous préférez... En effet le chemin est long de chez moi jusqu'ici mais croyez moi il en vaut le détour, ajouta-t-il avec un clin d'oeil impudent.

Le premier état de choc passé Aarnis reprenait de l'assurance et retrouvait sa personnalité première : à savoir un incorrigible séducteur... Arriverait-il a ses fins? Il l'ignorait et il en doutait même. Mais il espérait que l'esprit de cette demoiselle serait au moins aussi raffiné que le reste de son corps et qu'enfin il puisse découvrir ce qu'était l'Amour avec un grand "A".
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MessageSujet: Re: Le rodomont et la duchesse   Le rodomont et la duchesse I_icon_minitimeMar 19 Juil 2011 - 17:22

Les yeux de la Rayonnante se plissèrent de façon vénéneuse tandis que l’échanson esquissait une moue outragée de circonstance. C’est que l’affranchi, sous des allures solennelles, venait de commettre un véritable crime de lèse-majesté ! « Mademoiselle Inès », autant essuyer ses bottes sur de saintes reliques ! A Soltariel, le protocole avait son importance, on ne saluait pas le Soleil de l’Etat, Celle-qui-Eclaire-le-Monde, la Maîtresse de la Sauge et du Laurier comme un sigisbée salue sa pimbêche. Aussi, les compliments et fanfaronnade du butor se trouvaient vilainement teintés de l’outrage commis.

« Vous vous adressez à… ! » n’eut que le temps de commencer le garde avant que la Flamine de la magnificence ne lui intime, d’un geste, le silence. « Une longue route…assurément vous n’êtes guère de nos contrées. » siffla la Dame. C'était non sans raison que la maison de Soltariel arborait, comme blason, un soleil blanc sur fond noir. Ils étaient la lumière dans les ténèbres, la civilisation qui prodigue ses lumières aux barbares et autres peuplades aux modes de vie archaïques. La condescendance n’avait plus de secret pour eux. « D’Ack, dites-vous ? » elle passa négligemment sa dextre dans ses cheveux tout en poursuivant « D’Ack dans la baronnie d’Etherna…toujours une province du Bélier, si je ne m’abuse, n’est-il pas ? Malgré la disparition du comte Gaucelm …» l’espace d’un instant, quelque chose, comme un brasier, sembla passer dans le regard de la duchesse.

Tandis qu’elle devisait, Un valet, venu à la suite de l’échanson, installait une pierre ouvragée, suffisamment plate pour servir de table, soutenue par une armature de bois précieux en X. Dessus, il déposa un plateau d’argent couvert de nèfles, d’oublies et de tuiles pendant qu’un canthare de vin de miel était servi au rodomont. « Quel motif de honte permanente ce doit être pour la marquise… » murmura-t-elle, l’air marrie. Son regard se perdit un instant sur une paroi de bois sombre avant de revenir à son vis-à-vis.

« Je suis persuadée qu’un séjour au sein de notre cité bénie des dieux vous sera agréable et…profitable. D’autant plus que le froid doit commencer à montrer ses crocs, dans votre Nord. » Elle eut une pensée pour Cosimo, qui faisait voile pour une terre au climat bien plus hostile que celui de Soltariel, et se fit la réflexion qu’elle lui ferait trancher puis dévorer ses propres gonades s’il avançait un motif aussi futile que le froid dans le cas d’un échec. Elle tenait les échecs en horreur.

Adressant un sourire équivoque au gentillâtre, Inès lui demanda, l’air faussement indécise : « Mais dites-moi…serait-ce donc l’architecture, ô combien auguste, de Soltariel qui vous aurait poussée à demander audience ? Afin d’admirer les ineffables bas-reliefs d’Alrizzi, de Falci voire de l’étrange Siguedela ? Je m’interroge, messer le vavasseur du Bélier… »
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MessageSujet: Re: Le rodomont et la duchesse   Le rodomont et la duchesse I_icon_minitimeMar 19 Juil 2011 - 19:45

A première vue il ne s'en était pas trop mal sortit.... A première vue seulement. Lorsque la Duchesse plissa les yeux et lui lança un regard qui eut refroidi un cadavre il SUT qu'il avait fait une bourde quelque part... Mais où? Peut être était-ce sa familiarité qui avait choqué? Il est vrai que les us et coutumes pouvaient changer du tout au tout à quelques kilomètres de distance... Alors là autant oublier la bonhomie qu'il affectait tant et repasser à un ton plus protocolaire (ce qui, il faut bien le dire, le fâchait quelque peu). Après avoir entendu la dernière question de la Duchesse, Aarnis sut aux différentes contractions des muscles de son visage qu'elle était aussi indécise que lui intimidé... C'est à dire pas le moins du monde. Si elle voulait jouer à ce jeu là elle en aurait pour son argent : Aarnis n'appréciait pas vraiment la cour mais il raffolait de ces jeux d'esprits. C'est donc ainsi qu'il entama son petit discours :

- Veuillez tout d'abord Mademoiselle la Duchesse, puisque c'est ainsi que le protocole en vigueur ici semble vous appeler, excuser un simple rustre du Nord pour ses habitudes un peu plus... Hmm disons, dit-il en faisant mine de chercher ses mots menton pris entre le pouce et l'index regard au plafond, libres et libérées pour le moins. Pour ce qui est de la mort de feu mon seigneur je n'en ai été informé que très récemment. Néanmoins bien que cet évènement soit tragique je me dois de saisir cette occasion. Votre Altesse me semble disposer d'un fort bon réseau d'information, aussi est elle au courant de la situation de ma province. Car avant d'être vassal je suis un Ethernien. L'occasion qui se présente est unique aussi ai-je quelques plans et projets dont j'aimerais vous faire part en privé, ajouta-t-il en désignant du regard les serviteurs. Néanmoins si Mademoiselle la Duchesse ne désire pas recevoir quelqu'un aussi peu important que moi et préfère vaquer à d'autres occupations plus graves je comprendrais aisément. Le titre de Duchesse ne doit pas être facile à porter seule, mais permettez moi de vous demander de l'aide dans cette entreprise que je souhaite mener à bien.

Satisfait de son soliloque Aarnis regarda alors le serviteur qui se tenait derrière Inès, celui là même qui s'était offusqué de sa façon de s'adresser à la Duchesse qu'il servait et lui parla alors directement :

- Et sachez que si je me suis adressé à votre maîtresse de la sorte c'est que je ne suis, ainsi que je l'ai expliqué précédemment, pas très au fait de vos usages linguistiques.

Aarnis tira alors lentement son épée de cour, faisant durer la note due au raclement de la lame contre le fourreau, provoquant un branle bas de combat tout à fait justifié chez les gardes. Le châtelain les ignora et continua de s'adresser au serviteur :

- Sachez bonhomme, que si vous me donnez quelque leçon de courtoisie je ne puis m'empêcher, étant quelqu'un qui déteste les injustices, de vous en donner une aussi. Mais à défaut de la vôtre la mienne risque de mal tourner si vous n'êtes pas à la hauteur.

Toutes les personnes ici présentes purent alors voir (et admirer) le feu qui brûlait au fond des pupilles glacées du jeune seigneur.

- Si jamais vous êtes trop pleutre pour venir vous même vous défendre je vous laisse le droit de choisir la personne de votre choix pour m'affronter...

Puis Aarnis eut un regard pour la Duchesse qui n'avait, jusque là, pas pipé mot.

- Si votre Altesse nous le permet bien sûr, dit il en s'inclinant. Sinon je me rangerais au choix de Mademoiselle la Duchesse quant au vainqueur de cette joute, jusque là, verbale.

Il se redressa et se tint droit comme un "i". Puis il salua la Duchesse à la manière de tous les duellistes : plat de la lame contre le front et mouvement sec en diagonale. Mouvement qui provoqua un son dont l'écho se prolongea longtemps, comme attendant la réponse de la maîtresse des lieux.
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MessageSujet: Re: Le rodomont et la duchesse   Le rodomont et la duchesse I_icon_minitimeJeu 21 Juil 2011 - 10:17

« Suffit ! » le ton était sec, cassant.

La Dame braquait un regard féroce sur le hobereau, un de ces regards qui paraissait sonder le fond des êtres afin de juger leur âme. L’espace d’un instant, le temps parut se figer. Puis, d’une voix glaciale qui fit onduler l’océan de silence ambiant, elle égrena : « Ne. Proférez. Jamais. De. Menaces. Sous. Mon. Toit.» Peut-être y eut-il un geste vague, un signal, mais le plus probable fut que le garde eut agit par lui-même, durant les quelques secondes de flottement. La vision d’Aarnis chavira tandis qu’une douleur explosait à l’arrière de son crâne, où le reître l’avait frappé du pommeau de son arme.

Puis ce fut les ténèbres.



L’urine, ça empestait l’urine.

A en juger par l’irritation de ses poignets, ça faisait un moment que l’aristocrate était ainsi enchaîné dans cet ergastule suintant. L’air puait, poisseux, usé par des dizaines de poumons malades. Aucune fenêtre, pas la moindre grille ne venait aérer la pièce, obscure, que seules quelques torches, plantées çà et là, éclairaient d’une luminosité souffreteuse. Parfois, au loin, étouffés par les parois, retentissait des pleurs, des prières et autres litanies dépourvues de signification.

« Alors, t’réveillé le bellâtre ? » La voix venait de quelque part dans le dos d’Aarnis. On reposa un objet, apparemment métallique sur ce qui devait être une table, puis une silhouette émergea devant lui. L’homme était trapu, noueux et, pour le peu de son visage que sa cagoule ne masquait pas, n’avait pas été épargné par la petite vérole. Il eut un sourire, découvrant ses chicots. « T’sais pourquoi t’là, hein mon joli ? Jouer d’la lame, juste d’vant la duchesse, dame t’es un sacré cave ! Et beugler qu’tu vas percer l’petit rupin qui fait l’service ! Aharh…» il cracha une horreur visqueuse sur son prisonnier avant de reprendre « …pour sûr t’vas dérouiller, oui-da, dégobiller du sang et après…si tu veux vivre…faudra penser à remercier la Sérénissime pour sa clémence. » Autre sourire. Puis, comme pour donner du poids à ses mots, il envoya un poing bâti comme une brique dans le ventre du châtelain avant de réitérer, du genou, cette fois.

Il jubilait.

« T’vois, là haut, ils dégoisent d’pas trop t’esquinter, qu’t’on sang s’rait un peu bleu…moi j’dis qu’rupin ou pas, t’vas morfler comme les aut’…d’autant qu’le gamin a d’mandé qu’j’ajoute un pt’it extra. » Son poing s’écrasa sur le visage d’Aarnis, une fois, deux fois, trois…c’était une véritable grêle de coups qui s’abattait sur le jeune d’Ack et l’ordure qui l’infligeait, à n’en pas douter, prenait son pied. Il allait jusqu’à badiner, tandis qu’il reprenait son souffle « s’rait con que j’me blesse et qu’ça nous interrompe avant l’orgasme, hein l’freluquet ? C’est qu’m’seigneur est habitué au service grand’classe !» lança-t-il, un vilain rictus sur la figure, en enfilant des gants de cuirs aux extrémités piquées de fer.

« La nuit est à nous, mon mignon… »

Peut-être que, cette fois, le nez du chevalier craqua d’une vilaine manière et que des langues de feu lui caressèrent la mâchoire mais pour le nobliau cela n’était déjà plus de son ressort, ses esprits préférant quitter la fête avant sa fin. Histoire d’éviter le malaise qui survient lorsqu’on effectue un état des lieux après une orgie, sans doute.



C’est la douleur, lancinante, qui le réveilla. Elle lui mordait chaque centimètre carré de son visage et de son ventre malmenés. Un liquide, poisseux, épais lui recouvrait la face. Ouvrir les yeux releva du défis, un immense œuf de pigeon ayant pris place sur ce qu’il pouvait être tenté de nommer feu le côté droit de son visage. Lorsqu’enfin il put voir, malgré ses cocards, ce fut pour découvrir une geôle aussi sordide que la précédente, l’étroitesse en plus. On le laissa là, croupir dans sa crasse et assailli par la vermine, des jours durant. Tout du moins ce fut l’impression qu’il eut, des hommes venant déposer un brouet infâme ainsi qu’un pichet d’eau trouble de temps à autre. Trop peu pour ses besoins. Se faire la belle en leur écrasant le récipient au visage ? La douleur avait par trop bien fait son œuvre pour rendre la chose envisageable.

Puis, un jour, un groupe de reîtres se présenta à la porte de sa cellule. « Debout » fut la seule explication qu’ils consentirent à lui fournir.

Il fut enchaîné, comme une bête féroce, ses geôliers singeant de se pincer le nez à son passage. Là, on le mena à l’air libre ce qui, après des jours passés dans l’air croupi des cachots, passait pour une bénédiction. « La foule attend de voir celui qui a voulu commettre un attentat au palais…tu sais te faire des amis, depuis des jours, dans les tripots et les tavernes, des types clabaudent sur ton compte. » lui souffla l’un des gardes, la mine salement enjouée.

Dans les rues de Soltariel, la foule crachait sur le prisonnier, l’insultait voire le menaçait. Le trajet jusqu’à la Plazza Septima, où étaient exécutées les sentences, parut durer une éternité au terme de laquelle le nobliau découvrit que l’on avait monté une estrade - autour de laquelle on se pressait - . On venait d’y pendre des gens. Encore une fois, on laissait le rodomont s’interroger sur son sort.

« …menacé le Soleil de l’Etat, la Grande Protectrice des Suderons, détentrice du Thyrse d’Argent, gardienne du Très-Saint-Hanap, éternel phare des drongaires, flamine de la magnificence, Celle Qui Enfante Les Lois : son Altesse Sérénissime Inès de Soltariel ! » beuglait un héraut à une foule excitée par l’odeur du sang. Certains, parmi la populace, s’improvisaient juges, toujours pour réclamer la tête de l’impudent. Payés par la famille de l’échanson menacé ? Impossible de le dire au sein d’une pareille marée humaine.

On poussa le châtelain, comme un vulgaire sac de fret, jusqu’au bord de l’estrade où l’attendait un billot. On lui attacha fermement les poignets. Là, un exécuteur vint lui souffler à l’oreille : « T’as deux choix gamin…le premier tu r’dis ton nom, confesses tes crimes : d’avoir bafoué l’hospitalité de la Candace, cherché à faire couler le sang sous son toit – Non ! Ne cherches pas à m’expliquer. Crois-moi, contente-toi d’admettre – tu présentes tes plus humbles excuses à la Divine et la remercie pour sa clémence. Que ça soit convaincant ! Le second…t’auras plus jamais à t’inquiéter de « l’après », même pas dans les galères. Décide. »
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MessageSujet: Re: Le rodomont et la duchesse   Le rodomont et la duchesse I_icon_minitimeJeu 28 Juil 2011 - 11:56

Aarnis en avait bavé, voire même chié comme un rameur... Mais il n'en avait que faire : il avait déjà pris des raclées et il en prendrait d'autres. Là n'était pas le problème. Le problème venait plus du fait que le châtelain devait se rabattre plus bas que terre et lécher les bottes de cette duchesse qui jouait les impératrices.

Aarnis répéta donc les paroles que le bourreau lui avait susurré... Et il passa à l'action.

Il envoya son coude dans la tempe du bourreau le mettant KO sur le coup. Les gardes pris au dépourvu s’emmêlèrent dans leurs armes et Aarnis, bien que blessé en profita. Il se rua sur le premier garde et le renversa avec une charge digne d'un taureau. Leur chute entraîna les autres et le rodomont pu en profiter pour couper ses liens à l'aide de l'épée du garde qui ne se relèverait pas de si tôt. Maintenant armé d'une épée la donne était quelque peu rééquilibrée... Il fallait la faire tourner à son avantage.

Il couru alors droit sur le Héraut et lui mit son épée sous la gorge. Ce faisant il clama :


- Arrière marauds! Si vous voulez que cet homme continue de clamer la beauté et la grandeur de cette ville ne tentez pas d'action héroïque!

Il se retourna et aperçut le bord de la potence. Il recula donc pas à pas en tenant les gardes à distance respectable.

- Bonnes gens je m'en veux d'avoir abusé de votre hospitalité, commença-t-il. Aussi je me dois de vous dédommager pour le désagrément occasionné. Permettez? demanda-t-il en fouillant sans vergogne son otage. Lorsqu'il eu trouvé ce qu'il cherchait il reprit : Messieurs dames, bien que votre compagnie me soit des plus agréables, je me dois de vous quitter, fit il avec une moue de regret. Sur ce la Bonne après midi!

Il poussa le malheureux héraut (non sans apposer une claque retentissante sur l’arrière train du bonhomme) sur les gardes qui, pris au dépourvu, ne purent engager tout de suite la poursuite. Aarnis tout en courant vidait quelque peu le contenu de la bourse qu'il avait subtilisé au pauvre homme, provoquant ainsi un chaos monumental dans la foule présente pour l'occasion. Profitant du bordel occasionné Aarnis pu semer ses poursuivants et c'est devant un garde médusé qu'il sortit de la cité. Il se dirigea alors vers l'endroit où il avait caché son cheval mais la poursuite l'ayant quelque peu désorienté il mit plusieurs heures avant de retrouver ledit endroit.

Il prit le luxe de reprendre son souffle quelques minutes et il repartit en entendant sonner derrière lui les trompettes qui annonçaient la battue. Cette fois-ci c'était lui le gibier, et allez savoir pourquoi mais il adorait ça. Il se mit alors a glousser, puis le gloussement devint rire, le rire devint éclat et au bout de quelques minutes il riait à gorge déployée parcourant à toute allure les campagnes du duché, faisant route vers le Nord et sa patrie d'origine, Etherna.
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MessageSujet: Re: Le rodomont et la duchesse   Le rodomont et la duchesse I_icon_minitimeVen 29 Juil 2011 - 22:13

D’ordinaire, lorsqu’un prisonnier parvenait s’échapper, ce qui n’était pas l’ordinaire, certes, il cherchait refuge dans les bas-quartiers, dans les venelles obscures, surplombées d’antiques arches, comme celles que l’on trouvait derrière la Via Argilla. Pour celui qui ne craignait pas la crasse, les lieux offraient mille et un recoins où se terrer. Une autre possibilité, qui demandait de savoir nager, celle-là, consistait à plonger dans le Tyrion. De là, on pouvait se rendre sous les quartiers-ponts ou dans des dédales de canaux bâtis en dépit du bon sens.

Fort heureusement pour le dizenier Ludovico Spalda, leur homme n’était pas un tire-laine soltari. Le châtelain d’Ack avait couru droit aux portes de la ville, où son allure n’était pas passée inaperçue. Il avait même conservé ses vêtements croûtés de sang ! « Qué embrouillamini dans sa pomme, l’a même pas barboté un ch’val, le drôlet ! » s’exclama Polodino, l’un des agents du Guet accompagnant Ludovico.

Le fugitif bénéficiait d’une légère avance, qui ne tarderait pas souffrir de l’écart de moyens avec ses poursuivants. C’est accompagné de dogues hargneux et montés sur de fiers bucéphales, eux, qu’ils franchirent les portes de la cité. Des groupes avaient été formés afin de ne couvrir toutes les voies. La troupe du dizainier, elle, avait pris la route du Nord. Messer d’Ack avait, jusqu’ici, couru sans paraître réfléchir. Aussi paraissait-il peu probable qu’il cherche à gagner Ydril afin d’embarquer sur un navire.

S’il avait laissé un destrier dans une auberge, en peu en dehors des murs de Soltariel, la traque en aurait souffert. Fort heureusement il n’en était rien. Aarnis avait passé des heures, non loin, à chercher un cheval qui patientait, sans soin, depuis des jours. Nulle besoin de préciser que son avance avait fondue comme neige au Soleil. Le Soleil, justement, frappait de tabard de nombre des hommes lancés aux trousses du rodomont ; il avait cherché à humilier la justice soltarie et à travers elle c’était la Sérénissime qu’il attaquait. Elle se devait de le lui faire payer. D’autres, ne portant aucune enseigne, poursuivaient également l’échappé : des reîtres du clan Acciano, dont Aarnis avait menacé l’un des héritiers, dans le palais de la Divine. Eux avaient en tête un programme bien plus expéditif.

Un homme, en fuite, le visage encore tuméfié : c’était le type de signalement qui ne demandait pas trop d’efforts de mémoire et les routes du Sud jouissaient d’une fréquentation supérieure à celles des Marches du royaume. On ne manquait pas de voyageurs à interroger. Les heures perdues à trouver une monture à la fraicheur discutable coutèrent cher au châtelain, la garde avait été, dans un premier temps, surprise mais on avait immédiatement envoyé des hommes aux portes de la cité, où l’on avait appris sa fuite. Par quelque miracle, il était demeuré invisible alors qu’il errait, à moins d’une lieue de la ville. Cependant, même les miracles ont une fin, même de fiers destriers finissent par s’épuiser, tout comme un cavalier qui a connu de dures journées.

« Soit c’est l’amant d’une Dame et il a le cornard au cul, soit c’est notre homme » nota Polodino en avisant un cavalier dont la volonté de mettre le plus de distance possible entre lui et Soltariel sautait aux yeux. Le dizenier lança ses hommes au galop, les dogues partant en chasse. « Giuliano, Pico percez-moi son bidet ! » grogna Spalda. Bientôt, deux carreaux fendirent l’air. De petits projectiles, les arbalètes que l’on pouvait utiliser à dos de cheval n’ayant pas la puissance de celles des piétons. Il n’en demeurait pas moins qu’ils pouvaient s’avérer mortels.

Blessée, la bête du châtelain, contre toute attente, continua à galoper quelques temps, le temps que, de guerre lasse, le dizenier Spalda envoie sa lance. « C’t’une perte, l’aurait valu bin quelques sous » se lamenta Polodino tandis que destrier et cavalier chutaient de concert. Bientôt, Aarnis fut entouré par une horde de dogues aux babines retroussées sur des crocs aux proportions démesurées.

« En vous rendant tout de suite, vous vous seriez évité une bien vilaine chute, hey » nota, goguenard, Ludovico. Puis la corde d’une arbalète claqua.

Messire d’Ack s’effondra.

A croire que ça allait devenir une habitude : ce fut à nouveau une douleur, lancinante, à l’arrière du crâne, qui le réveilla. On lui avait tiré dessus avec l’un de ces carreaux destinés à assommer. Cette fois, il était pieds et poings liés, ses geôliers avaient bricolé un brancard que tirait un cavalier. «Bienvenue à Soltariel, messer ! » lancèrent, narquois, les agents du Guet tandis qu’ils repassaient les portes.
Un magistrat échangea quelques mots avec le dizenier, qui ouvrit de grands yeux, avant de lancer à ses gens « Par tous les lares ! Notre petit veinard du Médian ne manquera pas le Carnassier Duveté, cette fois. Il est de retour en ville ! Aller, à la Plazza Septima ! »

Attaché comme il l’était, Aarnis ne pouvait voir de quelle étrangeté il était question. Il dut attendre que, sous bonne garde, cette fois, on lui retire certains de ses liens afin de l’attacher, à nouveau, debout, les membres écartés, sur l’estrade.
Cela devait être humain si l’on procédait par élimination. Cependant, un doute persistait. On aurait dit qu’une créature venue des jungles de l’Est s’était mise en tête d’enfiler un élégant pourpoint. Le résultat pouvait laisser songeur.

« Que tous sachent que la Lumière ira chercher jusqu’aux confins du Monde ceux qui ont l’audace d’enfreindre ses lois ! Aujourd’hui, justice sera rendue par le détenteur de la Verge d’Airain des Chevaliers de la Rectitude en personne ! » entama un héraut rubicond, respirant une joie mauvaise « Commandant Urr, commandant Urr, commandant Urr ! » scanda-t-il, bientôt repris par une foule de plus en plus nombreuse à mesure que la nouvelle se propageait…
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MessageSujet: Re: Le rodomont et la duchesse   Le rodomont et la duchesse I_icon_minitimeVen 29 Juil 2011 - 22:14

Piazzolo Gandolfini, valet le plus fat qui se trouvât dans les terres suderonnes fit irruption dans le boudoir du rayonnant navarque.

"Commandant Urr, on vous mande sur la piazza Septima séance tenante afin de procéder à la géhenne publique" fit-il de son odieuse voix de gandin pédant comme un phoque.

Le Duveteux Carnassier, occupé à faire la cour à un délicat assortiment d'andouillettes de toutes formes quitta à regret sa mangeoire, non sans fourrer quelques pièces de charcuteries dans les plis de son pourpoint mordoré.

"A tantôt mes mignardes..." soupira-t-il.

Tout primate qu'il était, Verjus possédait un sens du devoir zélé et étonnant en matière de tortures. Il saisit son attrape-coquin à ressort scintillant et descendit les marches de son hôtel particulier. La clameur monta à ses oreilles et, soucieux de son éclat auprès de la plèbe, il ne put s'empêcher de remettre en place son petit noeud rouge au col, afin de paraître bien biquet auprès de ces dames. Il apparut enfin, sous les vivas de ses plus fervents admirateurs et les cris de singes des plus fétichistes qui, pour l'occasion, ne manquaient pas de grimper aux maisons et de singer par d'habiles sauteries les joies des primates dont le Commandant s'octroyait l'honneur de faire partie.

Le héraut, comme à l'accoutumée, égrainait les fabuleux titres du quadrumane fait homme. "Sérénissime commandeur des marinas commerciales, Rayonnant navarque des escadres maritimes du Ponant, détenteur de la verge d'airin des chevaliers de la rectitude, Grand Drongaire de Soltariel, Archichancelier de la guilde des conchiliculteurs soltaris unifiés, Directeur honoraire des hanses armées mineures et intermédiaires, Grand-Croix des bourreaux ardents, avec mention au tableau d'horreur de l'ordre des questionnaires béquillards, invité d'honneur permanent en 29 auberges et tavernes en la seule cité de..."

Verjus leva ses mains et le héraut s'interrompit, bien que n'étant parvenu qu'au tiers de sa dithyrambe. La foule se tut, crispée. Le drongaire observa l'homme humilié et sortit de sa poche une andouillette qu'il fit mine de tremper dans la chevelure dorée d'Aarnis, ce qui ne manqua pas de susciter l'hilarité générale, dans un tonnerre de rire, de gloussements et de gens qui se roulent à terre.

"Mais n'dirait on point quelque sauce bien poivrée et acide? URH URH URH URH" Le commentaire sur les attributs capillaires blondâtre déclancha à nouveau les ricanements.

Déjà, d'aucuns s'impatientaient, et hurlaient "Allez y donc, bon gorille, coupez'y les rognons!" juchés sur des toits. Le toisonneux adressa un clin d'oeil à ces honnêtes gens et leur offrit un sourire de circonstance.

"Par les 700 rois-tortues d'Eris! Mais c'est qu'y m'a l'air ben bêcheur! qu'est ce qu'on y fait? Hein? REPONDS INFECTE POPULACE! QU'EST CE QU'ON Y FAIT ???"

Ravis de se voir proposer un rôle important dans la géhenne, certains commencèrent à s'égosiller, jetant des "ignominia seigneur singe, IGNOMINIA!!!" et les autres soltaris de reprendre en choeur et en rythme "IGNOMINIA, IGNOMINIA, IGNOMINIA"

Verjus, espiègle, mit la main à son oreille, mimant le sourd.

Lorsque les cris atteignirent leur paroxysme et que l'on frisa l'émeute, le navarque se dressa de toute sa hauteur et donna son impitoyable verdict dans un cri rauque et terrible qui fit trembler la place Septima.

"IGNOMINIA"

La nouvelle fut accueillie par une clameur barbare et déchaînée.

Verjus termina son andouillette en écoutant les bravos, puis essuya ses pattes graisseuse de jus de panse sur le torse d'aarnis. Lassé de tant d'attentions délicates, il lui adressa un poli mais viril coup de genoux dans les testicules puis cracha sur son visage de bellâtre un paquet si épais, que les spectateurs les plus lointains purent en déterminer la composition. chaque mouvement de Verjus était acclamé. Un enfant apporta les "instruments".

Pour faire bref et peu glauque, le détenteur de la verge d'airin des chevalier de la rectitude mit en place des pinces sur les têtons du ladre auquel pendaient des poids suffisants pour donner la sensation de les arracher sans pourtant menacer l'intégrité physique de l'individu. il donna de violents coups de bâtons sur chaque membres du ladre, en chantant "le rondeau de Caliniari Bergonzolino", une pièce de 7 minute, dont il battait la mesure avec son instrument de bois, choisissant pour chaque coup un muscle différent à mettre à vif. Une connaissance aussi encyclopédique de l'anatomie humaine relevait du miracle.

Ceci fait, on en vint au clou du spectacle. Le fer rouge fut donné à Verjus qui, le sourire mauvais sur ses lèvres crapoussines, demanda :

" Est-ce qu'y faut en rester là, bonne plèbe?"

La réponse fut celle qu'il attendait, sans demander son reste et avec une férocité innomable, il marqua Aarnis du sceau de son infâmie.

" Heurter la bonne dame du soleil, c'est prendre le risque que le soleil vienne vous mordre bellement..." sembla regretter Verjus, tentant d'améliorer son jeu de comédien religieux. Il marqua si fort le bougre qu'il l'aurait transpercé si le bourreau auxiliaire ne l'avait pas retenu à temps alors que les vertèbres commençaient à se rompre.

Les lettres IGNOMINIA étaient désormais inscrites à vie sur le dos nu du gredin, au niveau des omoplates.

Son office terminé, le commandant attacha lui-même avec forces chaînesle prisonnier à un âne sur l'estrade, pour le plus grand bonheur de la foule. Il prit l'animal par la bride et l'emmena, escorté de tous les curieux et de la garde vers la porte nord de la cité, permettant un défilé fameux, où les soltaris demeurés chez eux ne furent pas avares de tomates, pommes et même citrouilles lancées par les fenêtres à l'attention du châtelain d'Ack, n'hésitant pas à se fendre d'un "un en cas pour la route, sieur desgoutant!".

Une fois arrivé, Verjus, un peu triste de devoir en rester là, reprit la parole.

" Ct'avorton là, belles dames et délicieux messieurs, méritait cruel et terrible châtiment, il a eut belle pitié du peuple Soltari! Enfin, t'peux louer not' bonne clémence à nous, larve, qu'on aurait pu t'faire des choses autrement plus salaces..."

On acquiesça autour de lui, entendant même ça et là des jurons à mi-voix, se lamentant de la mollesse de coeur de Verjus, à qui l'on prêtait un don de faiseur de martyr sans égal. Comme pour se dédouanner de cet excès de bonté, le gorille s'expliqua enfin tout en se saisissant d'un tison tenu ardent par le bourreau auxiliaire.

"C'est sa première offense! On est pas si barbares nous aut'"

Dit il enfin en enfonçant son tison loin dans la croupe de la bête qui partit droit et au galop vers le nord.
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