Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

 

 Le Calvaire !

Aller en bas 
AuteurMessage
Mafraya Dureroche
Nain
Mafraya Dureroche


Nombre de messages : 119
Âge : 38
Date d'inscription : 27/06/2010

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 113
Taille
:
Niveau Magique : Non-Initié
Le Calvaire ! Empty
MessageSujet: Le Calvaire !   Le Calvaire ! I_icon_minitimeDim 30 Oct 2011 - 15:47



Le Calvaire !

Chapitre 1 : Epilogue



« C’est la fin de ces maudites montagnes ! Enfin ! »

« Hein ? Que dis-tu ? »

« Réjouissez-vous, Tef, Farn, Bron, mes amis, nous sommes enfin rentrés chez nous ! C’est la fin des hautes terres et peut-être de cette maudite neige ! »


Un nain couvert de blanc, la barbe et les sourcils pleins de givre, tirait un camarade sur une sorte de luge de fortune accrochée à sa ceinture. Il s’arrêta un instant sur les hauteurs d’un petit plateau en plantant ses deux manches de pioche faisant office de bâton. Heureusement le temps était à peu près dégagé et en dessous de lui, il pouvait distinguer la grande vallée qui allait les ramener chez eux.

Lui s’appelait Mordak Krocfur du clan Krocran, 164 ans et des poussières : un robuste gaillard, bûcheron-ébéniste-sculpteur fils de trappeur, marié à Aldna Galodik, 148 ans, tailleuse de pierreries et sertisseuse. Derrière lui arriva Farn, surnommé le silencieux, on ne sait pas grand-chose de lui car on ne l’a quasiment jamais entendu parler à part pour dire son nom. Puis vint Bron Malgarn, de clan inconnu, dont la respiration était profonde et sifflante, (mais ça faisait des jours qu’il était comme ça, peut-être même depuis le début). Lui vivait à Kirgan avait tout cela. Il était un simple marchand de 94 ans, un négociant pour être exact, qui achetait à faible prix pour revendre plus cher ailleurs après avoir fait le trajet en profitant d’une caravane. Il n’était pas marié. Le dernier nain, celui tiré par Mordak, s’appelait Teffal Dureroche du clan Dureroche, 113 ans forgeron-bijoutier, lui aussi marié… mais vous connaissez sûrement l’histoire…

« Je suis désolé d’avoir été un fardeau pour toi mon ami, surtout que la route est encore longue. J’espère que nous trouverons vite un village où tu pourras te reposer. Je te dois la vie, je ne l’oublierai jamais ! »

« T’inquiète pas, heureusement que mon père m’a tout appris sur les techniques de survie en pleine nature. Ces conditions extrêmes m’ont fait beaucoup travailler la mémoire ! Je me souviens de mon enfance passée avec lui, des jours entiers dans les montagnes à traquer des gibiers et à l’écouter me parler de la nature mais aussi de mon grand père qui était mercenaire et qui nous racontait souvent ses exploits et ses batailles. Ca m’a tellement aidé à surmonter toute cette épreuve que j’ai l’impression d’avoir rajeuni ! »

« Grand bien t’en fasse l’ami ! Moi aussi je me suis raccroché ! Comme si j’allais mourir à 94 ans alors que j’ai encore toute la vie devant moi ? Si seulement nos compagnons avaient tous eu autant de volonté, mais surtout plus de chance malheureusement, peut-être ne serions nous pas que quatre à terminer ce voyage… » Ajouta
Bron entre deux ou trois respirations.

« Leur visage est gravé dans ma mémoire et c’est aussi en leur nom et pour leur sacrifice que nous nous devons de rentrer chez nous en vie ! »

« Hum !
» Acquiesça Farn.

Mordak et Teffal se connaissaient bien, ils étaient originaire du même village et se côtoyaient presque tous les jours, notamment pour les affaires. Tous les deux victimes de la pénurie de matières premières, ils avaient rejoint la caravane en partance pour Kirgan et entrepris le voyage en compagnie d’un grand nombre de compagnons, dont le frère de Mafraya : un simple mais fier soldat. Comme vous le savez sans doute, cette caravane tomba dans une embuscade, mais l’histoire ne nous dit pas ce qu’il s’est passé exactement, ni ce qui est arrivé ensuite…



--------------------------

Chapitre 2 : La Trahison !


La caravane allait bon train, sur une route apparemment sure car patrouillée par l’armée. Les marchandes et autres villageois avaient engagé un groupe de mercenaire qui avait eu vent de leur départ et avait proposé leurs services pour un prix apparemment très raisonnable en ces temps de crises, puisqu’eux aussi voulaient se rendre à Kirgan. Tout se déroula bien en réalité jusqu’à la capitale. Chacun fit ses affaires, puis une fois que la date de la caravane de retour tomba, tout le monde ou presque s’y retrouva, les chariots étaient remplis d’achats en tout genre et un autre groupe de mercenaire se joignit au voyage. Ils étaient un peu plus d’une cinquantaine pour protéger presque le double de personnes, sans compter les quelques soldats dont le frère de Mafraya. Celui-ci, en bon soldat, avait fait son rapport aux gradés de Kirgan.

Le voyage de retour débuta, tout le monde discutait joyeusement, spéculant sur l’avenir et tout semblait se passer à merveille lorsque soudain, un reflet de soleil sur une hauteur attira l’attention du chef des mercenaires, un certain « Gjnar ».

« Ah ! Ca y est, les voilà les gars ! Tenez vous prêt c’est le moment ! »

Un peu confus, les villageois se demandait ce qu’il se passait. Prévoyant une attaque, la plupart s’armèrent de ce qu’ils avaient sous la main ou ce qu’ils avaient emmené en précaution. Parmi les nains de la caravane, il y avait quelques femmes, peut-être cinq ou six sur le total, chacune ayant ses raisons de vouloir partir de Kirgan pour aller au nord, mais nous n’allons pas les détailler ici.

Une poignée de cavaliers dévalèrent soudain de la butée, ce fut le signal. Contre toute attente, les mercenaires se mirent soudain à frapper et à tuer les soldats. La confusion tourna court dès qu’un soldat hurla : « Traitrise ! C’était un piège ! Les mercenaires étaient dans le coup ! Défendez vos vies ! » Alors c’est ce qu’ils firent… Mais pour un mercenaire blessé voire tué, c’était trois ou quatre innocents qui tombaient. Le combat s’arrêta très vite dès que les cavaliers furent arrivés en renfort. Encerclés, réduits à une moins d’une quarantaine, les villageois furent désarmés de force et ligotés avec violence à l’aide de des cordes glissées en douce dans la marchandise transportée. Les cavaliers avaient amené une grande cage renforcée monté sur roues et tirées par des chevaux. Les rumeurs étaient vraies : ils enlevaient des nains de force ! Mais pour quoi faire ?
Les six femmes avaient été soigneusement épargnées, apparemment elles avaient plus d’importance dans cette affaire. Teffal ne savait pas se battre et faisait parti des épargnés, quant à Mordak, il avait été assommé d’un violent coup dès le début et s’était trainé jusqu’aux chariots. Tous les blessés avaient été achevés sans ménagement, de toute façon la cage ne pouvait contenir qu’une quantité limitée de personnes. Les femmes et les blessés légers auraient droit aux chariots sous la surveillance des mercenaires. Le grand butin rassemblé, les corps en parti rassemblés autour d’un chariot et prêt à être imbibés d’huile, quelqu’un cria de tout laisser tomber et de partir immédiatement : la cavalerie de l’armée arrivait avec ses béliers de guerre !

On ne se le fit pas dire deux fois mais on mit tout de même le feu en vitesse pour laisser le moins de traces possibles. Lorsque l’armée arriva, une bonne partie des corps fut épargnée par les flammes, notamment celui du frère de Mafraya. Mais il était trop tard pour rattraper les bandits qui s’étaient enfuis et dispersés. Mais comment l’armée avait-elle pu arriver aussi vite ? Grace au rapport ! C’était comme d’habitude, l’allé se passait bien mais les problèmes arrivaient sur le retour et le nom du mercenaire « Gjnar » mit la puce à l’oreille des militaires dont les doutes se resserraient autour de cet individu et de sa bande, faisant d’eux plus des bandits que des mercenaires, bien que les preuves manquaient. Le temps que l’information remonte en haut lieu et qu’on déclenche l’alerte, la caravane était déjà partie depuis un moment ! Ce fut encore trop tard ! A cause du bûcher macabre, presque impossible à éteindre avec les moyens du bord, impossible d’identifier la plupart des victimes ni de dire si « Gjnar » en faisait parti, ce qui l’aurait innocenté. Ce groupe était vraiment organisé et minutieux. Aucun survivant, peu d’indices, des silhouettes fuyant à l’horizon… Arriveraient-ils à les avoir un jour ? Mais cette fois ils avaient bâclé le travail et laissé des traces qu’il n’y avait plus qu’à suivre… Un jour ils démantèleraient ce maudit gang ! (Ce qui vous le savez sans doute, n’eut jamais l’occasion de se produire à cause de l’éclipse et de la colère du Dieu.)

Des nains (et des humains si ce n’étaient d’autres races pari les cavaliers) qui enlevaient d’autres nains… Mais où donc les emmenaient-ils et pourquoi ?...



--------------------------

Chapitre 3 : La Déportation !


Assommé d’un bon coup de pommeau sur le crâne puis ligoté, Teffal erra entre conscience et inconscience de longues minutes avant de se réveiller brusquement de douleur : quelque chose lui écrasait le pied. Mais ce n’était pas le principal car il peinait presque à respirer et tout son corps était douloureux, c’était comme s’il était secoué. Il comprit en jetant un regard autour de lui qu’il était coincé contre les barreaux croisés de la cage et comprimé par ses congénères qui avaient été balancé les uns sur les autres à l’intérieur comme du bétail. Des râles de colère, des grognements, des cris d’insultes, des soupirs et un tas de questions sans réponses posées se faisaient entendre régulièrement mais finirent par s’estomper devant le silence de leurs ravisseurs qui continuaient de galoper à toute allure. Un coup d’œil au dehors ne lui donna pas grande indication si ce n’était qu’ils voyageaient à priori vers l’Ouest.

Combien de temps passa ainsi ? Le chariot finit par ralentir, les chevaux ne pouvaient probablement pas tenir l’allure trop longtemps mais lorsque la nuit tomba, ils ne s’arrêtèrent pas avant longtemps. Mais la pause fut de courte durée, juste le temps que les cavaliers échangent leur monture avec celles qui tiraient la cage, puis les laissent continuer avec une escorte réduite. Ils devaient s’assurer d’être suffisamment loin de la capitale. Bien plus tard, après presque 24h sans boire ni manger ni satisfaire leurs besoins naturels, le chariot s’arrêta enfin et les nains furent priés, chacun leur tour sous peine de mort, de descendre pour boire et se soulager. Quelqu’un cria et invita les autre à faire une percée mais il presque immédiatement abattu après avoir tout de même réussi à courir avec ses mains liées sur quelques mètres de liberté. « Boire »… Que leur avaient-ils donné ? Ca n’avait pas de goût ! Etait-ce de l’eau, pure (on en douterait tout de même) et simple ? En tout cas ce n’était sûrement pas de la bière… après cette humiliation, les nains durent se débrouiller pour dormir en se blottissant les uns contre les autres dans leur cage tandis que les chevaux récupéraient. Le lendemain, ils seraient arrivés sur la côte… La côté ? Bof, ils ne se posaient même plus de questions, tout cela n’avait aucun sens.

Effectivement, le lendemain en milieu de journée, ils arrivèrent sur la côte et la longèrent un moment jusqu’à atteindre leur destination. En contrebas de la falaise, un peu plus au large tout de même, un navire avait jeté l’ancre. Les nains comprirent tout de suite le problème. Un par un, encadrés par deux brigands, ils furent menés par un petit passage sinueux en contrebas jusqu’à une cache à l’intérieur d’une grotte. L’opération fit une victime de plus : un nain tomba à l’eau et se noya, faut de pouvoir nager. Personne ne vit ce qu’il s’était passé à part ses deux accompagnateurs qui firent presque comme s’il ne s’était rien passé. Les nains furent ensuite transportés jusqu’à navire par des allez-retours en barque. Encore là, un nain, alors que la barque était à mi chemin, tenta de se rebeller et parvint à pousser un bandit à l’eau avant de se faire assommer par le second qui sauva ensuite son partenaire en s’aidant d’une rame. Tout cela prit beaucoup de temps mais l’endroit était complètement désert. De toute façon il fallait attendre l’arrivée du groupe chargé de ramener la caravane volée et sa marchandise. Ils arrivèrent dans la nuit. Les nains avaient tous été parqués dans la cale après avoir coupé leurs liens puis leur avoir donné un morceau de pain à chacun. Ils avaient un tonneau de « bouillon » et une louche en bois à leur disposition.
Teffal n’avait jamais vu de bateau et n’eut pas le temps d’entrevoir grand-chose d’autre qu’au moins un mat et le fait que tout ou presque était en bois ou en cordage sur un navire. L’équipage ? Des nains pour la plupart. Mais qui étaient-ils donc ? Il n’en verrait ni n’en saurait pas plus. On attendit quelques retardataires parmi les bandits avant de lever l’ancre vers une destination encore lointaine et inconnue…



--------------------------

Chapitre 3 : l'Ile Inconnue !

Le voyage dura plusieurs jours. Combien ? Difficile à dire. La seule chose sure : ils se dirigeaient vers le nord, et il commençait à faire très froid alors qu’on était en automne. Il faisait même tellement froid que les nains, tous en état de sobriété à présent, se résignèrent à se blottir et à dormir les uns contre les autres pour se tenir chaud. Tous les jours le même bouillon infect, de plus en plus même, ainsi qu’un morceau de pain qui finit dans les derniers jours par être moisi, un indicatif approximatif sur les jours passés en mer. C’était presque un enfer. Dès les premiers jours, le mal de mer, suivit et accentué par l’état de sobriété désigna un coin, comme les latrines officielles. Est-ce que ce sentiment de tristesse, de honte et d’oppression était ce que ressentait le bétail parqué, se sachant prédestiné à l’abatage ? La peur de l’inconnu dominait les esprits des nains qui, sous l’état de sobriété, se mettaient à réfléchir un peu trop à un tas de choses. Les discussions étaient des plus limitées et personne si au début les idées fleurissaient pour s’enfuir et prendre le contrôle du navire, ces sujets furent vite abandonnés par des regrets et des histoires nostalgiques. Il fallait dire qu’aucun n’était un combattant de métier que chacun avait de la famille, et que la plupart se connaissait.

Un jour enfin, la porte de la cale s’ouvrit et un nain bien habillé, qui devait être le capitaine ou du moins le chef de la troupe, les invita à sortir. On leur rattacha les mains et on les lias les uns aux autres. Les quelques femmes furent mises à part. Dehors il faisait très froid et il y avait de la glace visible à l’horizon… une banquise, mais ça les nains ne le savaient pas. Ils étaient arrivés à destination. Le navire se rapprochait de se qui semblait être une île d’origine volcanique et apparemment assez grande. Mais où pouvaient-ils bien être ? Une île au nord ? Certes les nains n’étaient pas réputé pour savoir naviguer mais tout le monde savait pourtant que les mers du nord étaient très dangereuses, non seulement à cause des courants et du vent glacial qui vous ramenait vers le sud et vers les montagnes, mais surtout à cause du froid et des montagnes de glace flottantes et imprévisibles qui surgissaient au milieu des tempêtes de neige… Apparemment ces nains là, non seulement savaient naviguer et ce qu’ils faisaient, mais en plus ils avaient trouvé un passage vers une île inconnue… Mais depuis quand ?

Il y avait un port rudimentaire mais tout de même remplis de petites embarcations, probablement pour la pêche… Les nains savaient pêcher en mer ? Ceux-là oui apparemment. Un vieux nain à la longue barbe, qui n’avait pas besoin du givre pour se la blanchir, vint accueillir en héro le capitaine à la tête d’une petite troupe d’autres nains. Bien sûr tous le monde parlait nain, mais son langage à lui, du moins les mots qu’il employait, semblait plus ancien. Qu’est-ce que tout cela voulait dire ?... Les prisonniers furent menés à travers la foule et les femmes restèrent en arrière. Teffal ne sut jamais ce qu’elles devinrent mais il apprit un peu plus tard qu’elles avaient beaucoup plus de valeur qu’eux car elles devaient servir à enfanter pour renouveler la population. Plus ici que chez eux apparemment, les femmes naines se faisaient rares… Était-ce seulement pour cela qu’ils les enlevaient ? Mais alors à quoi les hommes allaient-ils servir ?



--------------------------

Chapitre 4 : La Folie !

« Rejoignez ma cause ou choyez châtié pour vos pêchés ! Moi, Thordok Kradoc, parle au nom de notre seul et unique Dieu Mogar ! »

Ainsi leur parla celui qui semblait être le chef de cette communauté étrange.

Après avoir reçu un peu de nourriture saine et l’occasion de se débarbouiller, les prisonniers avait été menée dans des galeries souterraines, probablement une mine, au niveau dans la montagne centrale après plusieurs longs kilomètres de marche. En fait il s’agissait bien d’un volcan, et probablement toujours actif, car à mesure qu’ils s’enfoncèrent sous terre, la chaleur augmenta. Il faisait très sombre malgré une ou deux torches portées par leurs gardes, mais il y à mesure qu’ils avançaient, des reflets brillants reflétaient par endroit la lumière. Assurément, il devait y avoir, ou avoir eu, un bon filon, de pierres précieuses par ici. Peut-être même des diamants… Il y avait également un bruit sourd très fréquent et de plus en plus audible, comme un grondement, et de la poussière tombait sans cesse. Une lourde porte fut ouverte et ils arrivèrent enfin dans une grande cavité. De la fumée blanchâtre, soufrée vu l’odeur, s’échappait du sol par endroit bien qu’il ne semblait pas y avoir de raison particulière, tandis qu’à d’autres endroit de minuscules cheminée de concrétion libéraient une fumée noirâtre. Au plafond, de nombreuses stalactites laissaient tomber par moment des gouttelettes d’acide corrosif. C’était un endroit étouffant et dangereux… et pourtant, il y avait de nombreuses torches pour éclairer les lieux qui semblaient être fréquemment visité. Mais qu’avaient-ils en tête ? Cet endroit était asphyxiant et irritant, très toxique même… En dépit de cela, il était là, au centre : celui qu’ils avaient plus tôt. Il avait enfilé une sorte de costume de cérémonie, ce devait assurément être une sorte de prêtre de Mogar. De l’autre côté de la cavité, d’autres prisonniers sans doute, avaient été ramenés pour subir (une nouvelle fois ?) le jugement de ce Thordok…

Parmi les nouveaux arrivés, les protestations fusèrent immédiatement. Non mais il y avait des limites tout de même !

« Non mais pour qui tu te prends toi ?! Et puis c’est quoi cet endroit ?! » Parvint à crier quelqu’un plus fort que les autres malgré une voix déjà cassée par les vapeurs toxiques.

« SILENCE VERMINE DECADENTE ! »

Et l’incroyable se produisit ! Le prêtre, qui ne semblait pas atteint par les vapeurs toxiques, tenait une tablette gravée (de runes) à la main. Il désigna l’individu qui avait osé l’interrompre et celui-ci tomba brusquement à la renverse en s’attrapant la gorge comme si on venait de lui faire le coup de la corde à linge.

« Mogar est sans pitié envers les impertinents et les fous qui le renient ! Rejoignez son combat contre les faibles ! Rejoignez-nous dans notre lutte pour reconquérir notre royaume déchu ! Travaillez de bonne volonté et vous serez épargné ainsi que votre famille, nous la ramèneront pour vous ici avant notre grand assaut et vous vivrez prospère ! Ou bien renoncez, renoncez à la vie et nous vous agoniserez lentement dans la demeure de Mogar sous son œil impitoyable ! Votre famille sera détruite par la colère de Mogar, ou bien nous irons nous même la massacrer ! Je vous le dis ou le redis, l’eclipse approche à grand pas ! Notre Dieu Mogar descendra alors parmi nous et fera tomber sa colère sur tous ceux qui l’auront oublié et déçu ! Et nous, nous iront à sa rencontre ! Nous rejoindrons notre ancienne patrie pour accompagner la colère de notre dieu et reprendre de nos mains notre royaume corrompu dans l’ivresse de l’alcool et la paresse ! Alors rejoignez notre cause ou mourrez ! Choisissez ! »

Un silence s’installa, coupé par la toux et les murmures difficiles à prononcer, finalement quelqu’un parla pour les autres :

« C’est pas -kof kof- !... C’est pas tes jérémiades ni tes élucubrations qui nous ferons renier le fait que nous soyons des nains ! Et jamais on ne dicte à un nain ce qu’il doit faire ou croire ! -Kof kof- ! Alors pour moi, c’est non ! Je refuse ! »

« Il a raison ! »
ajouta un autre.

« Ouai, on se laissera pas berné si facilement ! Comme si vous pouvez toucher à nos familles de là où vous êtes ! C’est pas tes tours de passe-passe qui vont nous impressionner ! »

« TU OSES DEFIER TON DIEU ? REGARDE ! »


De nouveau, il usa de magie et celui qui venait de le défier sembla s’enfoncer dans le sol qui devint comme meuble sous ses pieds. Tout le monde s’écarta de surprise sans penser à l’aider. Il se mit soudain à hurler de douleur. Lorsque quelqu’un songea à lui attraper le bras pour le tirer, ce fut sans effet et il dû soudain s’écarter car le nain, dont les genoux s’enfonçait dans un sol devenu visqueux, rougeâtre et presque lumineux, s’embrasa soudain, hurlant d’avantage encore jusqu’à ce que ses yeux se retournent dans ses orbites. Il s’était évanoui de douleur et heureusement pour lui car il continua de brûler au point de cuire dans une odeur encore plus atroce que celle ambiante.

« ALORS ? Quel est votre décision ? Si cela ne vous suffit pas, j’ai encore d’autres ‘tours de passe-passe’ encore plus terrifiants que celui-ci ! La puissance de Mogar est sans limite ! »

Les prisonniers d’en face, recroquevillés sur eux-mêmes, terrorisés, rampèrent en suppliant de les épargner. Ils étaient trois, dont un corps immobile, probablement sans vie qui demeura adossé à la paroi. Ils avaient les yeux injectés de sang, les joues creusées, et pouvaient à peine parler. Intoxiqués par les vapeurs, probablement depuis un bon moment, les obligeait à réclamer la vie ou la mort, peu importe laquelle, mais quitte à choisir autant que ce soit la vie… Leur vue inquiétante rajouta à l’ambiance morbide et contraignit les prisonniers à accepter sans y croire un instant, les conditions de Thordok.

« Et les autres ? »

Teffal ne s’était pas prononcé. Certains refusèrent, préférant mourir. Une main se posa sur l’épaule de Teffal : c’était son ami Mordak. Il lui chuchota de penser à sa femme et d’accepter, pour avoir la vie sauve le temps de trouver le moyen de s’enfuir d’ici. De toute façon, c’était mourir ou travailler. Il était connu que l’état de sobriété aidait à réfléchir, trop même, et pouvait aussi vous rendre fou, ce qui devait être le cas de cet individu. Mordak leva sa main pour accepter et Teffal en fit autant…

Une trentaine de nouvelles recrues pour la mine de fer et la fonderie, (sous bonne surveillance bien sûr), c’était un bon lot ! Les autres, resteraient enfermés dans cette cavité jusqu’au lendemain, s’ils finissent par accepter, ou jusqu’à la mort…



--------------------------

Chapitre 5 : La Fuite !


Ils étaient en vie et travaillaient sous bonne surveillance. Au moins 150 nains prisonniers dans un camp fortifié gardé par une poignée de gardes armés jusqu’aux dents et prêt à tirer à l’arbalète sur le premier suspect. Ils ne pouvaient pas faire semblant de travailler car ils avaient un rendement à fournir. Le premier jour évidemment, les nouveaux venus ne se prêtèrent pas vraiment au jeu et le rendement demandé ne fut pas atteint. Tous sans exception, subirent un coup de fouet pour chaque kilo de minerais en moins et chaque hache non forgée. Teffal, ayant dit qu’il était forgeron, avait été mis à la fonderie et à la forge. Mordak avait été envoyé à la mine de fer. Avant l’éclipse ils devaient fournir un total d’au moins 2000 haches et ils en avaient pour l’instant 1274 exactement. Vous me direz : mais pourquoi ne pas s’en servir pour éliminer les gardes et s’enfuir ? Pourquoi pas… Mais avec des haches non aiguisées, c’est moins facile ! Surtout qu’elles étaient récupérées au fur et à mesure pour être aiguisées ailleurs, donc ils ne les avaient que peu de temps entre les mains…

Une armée de plus de 2000 nains pour reconquérir le royaume ? Personne n’y croyait parmi les prisonniers, cela semblait tellement ridicule. Mais bon… Apparemment leur calvaire prendrait fin d’une manière ou d’une autre le jour de l’éclipse. D’ici là, ils trouveraient un moyen de s’enfuir ! D’ailleurs il faisait de plus en plus froid et le travail leur permettait de se réchauffer et de tenir toute la journée. Ils avaient eu le droit à des vêtements plus chauds mais ceux qui travaillaient en extérieur durent s’improviser des gants pour que leurs mains et leurs doigts ne s’abîment pas.

Le jour de l’éclipse approchait de plus en plus et comme ils avaient pris du retard sur le rendement demandé, ils durent redoubler d’effort. Même s’ils travaillaient sans arrêt, ils avaient eu l’occasion de faire circuler des informations les uns aux autres et ainsi concocter une stratégie. Finalement, la rumeur était vraie : l’état de sobriété, -après la période atroce de désaccoutumance faite de crises de nerfs, de douleurs psychiques et de tremblements, que tous heureusement ne subirent pas aussi violemment-, aide grandement à réfléchir quand il ne rend pas dépressif ! L’espoir permettait aux nains de garder un moral solide. Ils tenteraient le tout pour le tout et ils verraient bien ensuite, il ne fallait pas s’avouer vaincu avant l’heure !

Le jour de l’éclipse arriva enfin ! Ils avaient tous travaillé très durement, et un grand groupe d’entre eux était mort dans l’effondrement d’une galerie à cause de tremblements de terre de plus en plus fréquents et violents, soi-disant dus à la colère de Mogar qui allait bientôt se réveiller… Le compte en arme y était, ils avaient terminé en avance et avait eu le droit à des félicitations du « grand manitou » ainsi qu’à du repos bien mérité. Ce repos bien mérité fut mis à profits pour préparer leur évasion. La glace de la banquise s’était avancé presque jusqu’à l’île, bien que la couche de glace tout autour ne soit qu’une fine croute fragile. Les navires avaient été équipés à la proue d’une lame métallique et les longues rames avaient été renforcées : avec ça ils pourraient briser la glace fine et partir en mer, tout était prévu de longue date, à moins que ce ne soit pas la première fois qu’ils se servent de tels équipements…

L’armée embarqua sur plusieurs navires avec la bénédiction de Thordok qui retourna prier Mogar dans la cavité du volcan alors que les tremblements s’intensifiaient. Lorsque les navires furent suffisamment éloignés, ce fut le moment de s’enfuir ! Mordak avait tout organisé, c’était le meneur, il avait prévu que le voyage se rait très long et très difficile mais tout le monde avait accepté, préférant tenter le coup et essayer de revoir leur famille plutôt que de mourir ici lorsque le volcan se réveillerait, ce qui était plus que certain !

La rébellion surprit les gardes mais fit tout de même plusieurs morts parmi les prisonniers. Les pauvres seraient laissés sans sépulture, ils n’avaient pas de temps à perdre… On s’équipa de toute sorte d’outils et de vêtements, des sacs à dos avaient été bricolés et on emporta un maximum de rations de pain, la principale nourriture disponible. Pour boire, ils se conteraient de la neige. Mordak pensa à emmener de quoi allumer du feu, c’était très important ! Par contre ce serait moins évident de trouver du bois en route… Mordak le savait : la nourriture serait le problème majeur durant ce voyage. Avec son état de sobriété, il y avait réfléchit et il lui semblait évident qu’un jour, s’ils voulaient survire, ils devraient se nourrir des morts qui tomberont en cours de route…

Tout était prêt ! Ils étaient plus d’une centaine de nains à partir de la sorte. Ils franchirent le portail du camp et suivirent Mordak en marchant à bonne allure. Mieux valait ne pas courir maintenant et garder des forces en cas de besoin. Comme prévu, en coupant à travers les bois ils ne rencontrèrent aucun autochtone et parvinrent sur la côte gelée sans problème, ou presque. Ils avaient tout de même été repérés et une vingtaine de nains armés d’arbalètes leur courut après alors que des grondements très inquiétant et des secousses les faisait trébucher ! La glace, déjà fragile et fissurée par endroit, serait très dangereuse ! Ils s’engagèrent dessus et Mordak leur ordonna de se disperser et de ne surtout pas restés groupés à plus de deux ou trois au même endroit. Le leader avait emporté un curieux équipement qu’il avait glissé dans son sac à dos : des planches de bois pointues clouées à un cordage qu’il attacha à ses pieds. Avec ça il parvint à glisser sur la glace et à prendre de l’avance. Il n’avait pas l’intention de les distancer et avait conseillé les autres de s’équiper de la sorte avant de partir bien qu’il sache que personne ne saurait s’en servir, et par conséquent, pratiquement personne ne l’avait écouté. C’était une invention de son père pour se déplacer facilement dans la neige de la montagne… sauf qu’il lui manquait des bâtons pour que son équipement soit complet (mais deux manches de pioche feraient l’affaire).

Pendant ce temps Thordok priait au milieu des violentes secousses, des blocs de roche tombant aléatoirement du plafond de la cavité :

« Ô grand Mogar, mon Dieu, il est temps ! Temps pour toi de revenir parmi les tiens et de faire déferler ta colère sur ceux de notre peuple qui t’ont déçu, trahis, renié ! »

Alors qu’ils s’étaient éloignés sans trop de difficulté à quelques kilomètres de l’île, une très violente secousse les surprit et la glace se rompit par endroit, l’eau jaillissant sous la pression. C’est là que le volcan explosa littéralement. Le chapeau vola en éclat, projetant des projectiles gigantesque dans les airs qui retombèrent lourdement dans l’eau en traversant la pellicule de glace et en projetant des gerbes d’eau et de vapeur sublimées à l’impact. Les pauvres fuyards furent pris de panique et un grand nombre, la moitié au moins, glissa tomba ou sombra soudainement dans l’eau en passant à travers la glace. C’était très triste mais on ne pouvait pas les sauver : ils ne savaient pas nager, le poids de leurs vêtement et de leurs affaires les entraina presqu’immédiatement en profondeur et l’eau gelée n’arrangea rien au problème… Teffal rampa pour se rapprocher de Mordak qui était revenu pour essayer d’en aider quelques uns à se relever et à s’éloigner de là. Une grosse sphère noire nuageuse gros nuage noir s’éleva dans le ciel avant de recouvrir de brume brûlante les flancs du volcan : des cendres. Il fallait absolument d’éloigner de là au plus vite avant qu’elles ne retombent sur eux !

Après un temps qui dura une éternité sous la panique, les rescapés parvinrent à s’éloigner vers une surface apparemment plus solide. Le volcan n’était que le début d’une série de phénomènes tectoniques qui allaient se produire… Peut-être que le vieux fou avait raison, que c’était là l’œuvre de Mogar, le doute n’était pratiquement plus de mise, mais alors pourquoi avoir fait exploser ce volcan alors que les habitants semblaient tellement le vénérer ? Peu importe les réflexions inutiles, bientôt il n’y aurait pas de survivants, étouffés par la brume toxique de cendres. Mordak invita tout le monde à continuer de marcher sans s’arrêter jusqu’à ce qu’ils soient hors de portée des cendres et sûr de se trouver sur un terrain moins dangereux. Une énorme boule au ventre, mais en même temps soulagés d’être encore en vie loin de cet enfer, chacun avança ainsi des heures durant sans se retourner, en regardant le dos de celui de devant pour s’assurer d’être toujours dans le groupe. De temps à autre quelqu’un glissait et un camarade l’aidait à se relever mais personne ne s’arrêta d’avancer. Le problème, c’était l’éclipse : il faisait nuit en plein jour et cela semblait durer des heures et des heures. Quelqu’un avait-il jamais connu une éclipse aussi longue ? Quelque chose clochait…

Il faisait froid, si froid ! Mordak avait déjà connu cette rigueur dans sommets des hautes terres quoi que, peut-être pas à ce point. Il y en avait beaucoup qui en souffraient, qui grelottaient. Mordak leur avait dit de rentrer leurs mains dans bras dans leurs vêtements et leurs vêtements dans leur pantalon bien serré et le pantalon dans les chausses, sans oublier de se couvrir les oreilles avec quelque chose, au moins un bandeau de tissu, pour les garder collées au chaud contre la tête. Heureusement que les nains étaient généralement aussi chevelus que barbus, ils auraient vite attrapé un « rhume de cerveau » autrement, même avec une capuche peu étanche au vent glacé… Ils les avaient prévenu que ça serait difficile, mais il leur avait donné confiance en lui et leur avait donné l’espoir de revoir leurs familles, c’était tout de même la meilleure motivation pour rester en vie !... Il avait vraiment des capacités de leader ce Mordak, pourtant ce n’était qu’un bucheron fils de trappeur. Il leur avait dit avant de partir tout ce qu’il envisageait : le meilleur comme le pire, surtout le pire, et le pire n’étant pas de devoir abandonner ceux qui tomberaient, mais de devoir se nourrir et se réchauffer avec leur sang tant qu’il serait encore chaud. Tous prirent ça au départ par la rigolade en disant que jamais une situation aussi extrême ne se présenterait, du cannibalisme ? Et puis quoi encore ?! Mais à mesure qu’ils progressaient dans le froid, ils se rendirent compte à quel point cela risquait d’être vrai, car ils n’avaient aucune idée du temps que leur prendrait ce voyage. Au final, combien y parviendraient ? Reverraient-ils un jour leur famille ? N’aurait-il pas mieux valut mourir sur place que d’agoniser dans le froid en marchant en quête d’un espoir improbable ? Plusieurs se le dirent dans les pires moments, dans leurs derniers moments même, quand leurs yeux se fermaient et qu’ils s’évanouissaient dans la neige. Mordak et quelques autres parvinrent à en « ressusciter » plusieurs à bon coup de gifles et de frottage rustre de la poitrine en plus de mots « d’encouragement » (ou presque) ressemblant plus à des insultes qu’à autre chose. Mais cela allait-il suffire ? Ils étaient toujours sur la banquise, dans la pénombre de l’éclipse, le froid glacial, et il n’y avait toujours aucune terre à l’horizon…



--------------------------

Chapitre 6 : Blanc Espoir / Blanche Mort !


La troupe dormit en formant un cercle et en se blottissant les uns contre les autres à l’abri d’un ridicule monticule de neige et de glace fabriqué dans le seul but de les protéger du vent. Mais ce n’était pas peine perdue car ça avait le mérite de servir à quelque chose. Au début ce fut dur mais tout le monde survécut. Puis à force, le matin au réveil, c’était un, ou deux, voire plus qui ne revirent jamais le jour, complètement gelé. On les dépouilla de leurs affaires et on les laissa ainsi, de toute façon c’était inutile de creuser une tombe dans la glace et la neige car celles-ci auraient vite fait de les recouvrir. On se souviendrait de leurs noms, pour leur famille, du moins si quelqu’un survivait à ce calvaire.

Un jour enfin, ils aperçurent les montagnes au loin : les hautes terres ! Leur royaume, c’était certain ! Ils avaient fait confiance à Mordak, le fils de trappeur, et aux sens d’un certain Farn pour se repérer avec les étoiles. Combien étaient-ils à présent ? A peu près un tiers seulement de ce qu’ils étaient au départ… Mais à vrai dire, comme la moitié avait sombré dans la glace aux abords de l’île, ils étaient tout de même nombreux à avoir survécus à cette longue marche !... Sauf que le plus dur restait à faire : la traversée des hautes montagnes et de leurs glaciers, car là dedans : pas de vallées, c’était le royaume des glaces, surtout en automne alors que l’hiver approchait. Ils ne savaient même plus combien de temps ils avaient marché ainsi… Des semaines ? Des mois ? Peut-être pas tant… En fait, tout le monde avait perdu la notion du temps, surtout à cause de l’éclipse, et lorsqu’un beau matin ils furent réveillés par le soleil, ce fut comme un miracle ! La joie et l’espoir revint à tous !... Mais pas les forces pour autant. La faim commençait à les trahir et s’ils n’avaient pas autre chose que de la neige à manger (en dehors d’une oreille ou d’un orteil dévitalisée perdu) des envies refoulées de cannibalismes risquaient bien de leur venir à l’esprit… L’heure n’était donc pas aux réjouissances, les montagnes annonçaient un calvaire encore pire que celui qu’ils avaient vécu jusque là.

Direction : plein sud ! Après avoir affronté le vent et le froid glacial sur une étendue désertique mais relativement plane, ils devaient à présent affronter les mêmes conditions dans un relief très accentué et surtout très dangereux. Ce serait la partie la plus longue et la plus difficile de leur voyage. Tous étaient déjà épuisés et affamés. Si par chance ils trouvaient un arbre ou n’importe quoi, ils seraient prêts à se battre pour quelques bouts d’écorce ou de racines, qu’importe que ce ne soit pas comestible, ça calmerait leur estomac ! Mordak avait toujours des mots rassurants à la bouche, du genre :
« Les gars, patience ! Maintenant nous allons pouvoir trouver du gibier ! C’est pas ce qui manque dans les montagnes ! Et puis on pourra trouver des grottes où dormir et faire du feu ! Oui : du feu mes amis ! »Mais encore fallait-il le traquer au lien de marcher toute la journée, et encore fallait-il trouver du bois qui ne soit pas complètement gelé et qui soit coupable avec les moyens du bord, car ils n’avaient plus de hache, ceux qui en avait prises sur les garde étaient tombés à l’eau avec...

La traversée des montagnes fut longue, très longue, pleine de pièges : ravins, avalanches, crevasses dans les glaciers et puis les baerogs et les snilowfant ! Un jour ils sont tombés sur un troupeau d’une dizaine de ses derniers : une aubaine ! Un seul les nourrirait tous assez pour reprendre un maximum de forces pour repartir… C’était sans compter sur le groupe de cinq baerogs qui les guettait. Les nains se sont tout de suite fait repérer et ce fut l’aubaine des carnivores qui virent là des proies plus nombreuses, plus petites, plus faibles donc et plus faciles à abattre et à dévorer !

« Mettez vous en cercle et défendez votre vie ! Surtout ne fuyez pas où ils vous pourchasseront tous ! » Cria Mordak en se souvenant des conseils de son père.
Le combat fut très déloyal mais les nains y mirent toutes leurs trippes pour survivre. Cinq furent salement touchés et un mort décapité sur un puissant coup de patte. La victime fut tirée par son assassin pour être dévorée à l’écart tandis que les quatre autres créatures continuaient d’encercler le groupe et à les harasser. Lorsque l’un d’entre eux trouva finalement la mort suite à un assaut combiné, les autres prédateurs revirent leur jugement et fuirent en emportant une des victimes encore vivante… Le sacrifice fut lourd pour cette nourriture à consommer crue sur place tant qu’elle était encore chaude. Un nain à ce point affamé je ne vous raconte pas ! On aurait pu les prendre pour des nains préhistoriques, si jamais Mogar avait créée une telle race un jour, car de mémoire de nain, leur historie et les runes avaient toujours existé…

Aube après aube ils marchèrent, chaque jour présentant son lot de surprise, son lot d’accidents voire de tragédies. Les blessures, les gelures, les difficultés respiratoires, la jaunisse terrassa les nains les uns après les autres. Ils se portèrent les uns les autres, s’aidèrent comme jamais, mais l’espoir s’amenuisait de plus en plus. Malgré les précautions de Mordak et de Farn, ce qui ravagea le groupe de survivant fut l’avalanche imprévue durant une tempête de neige, causée par on ne sait quoi, sans doute un poids trop lourd sur une couche de poudreuse gelée qui se rompit. Mordak, avec ses planches glissantes sur la neige, parvint à se mettre hors de portée du gros de l’avalanche mais les autres durent se débrouiller. Il n’y avait pas de falaise béante sur laquelle la neige allait se jeter, juste un interminable glacier plein de pièges et de crevasses. Mordak parvint à redescendre et chercha ses compagnons. Ils n’étaient déjà plus très nombreux… Mordak chercha durant des heures. Farn, on ne sait comment, était parvenu à se sortir tout seul du pétrin et le rejoignit dans ses recherches. Teffal était en vie quelque part, on l’entendait faiblement appeler à l’aide. Il était parvenu à dégager sa tête de la neige mais ne pouvait guère faire mieux : ses deux jambes avaient été brisées. Tendis que Farn le dégagea, Mordak continua à appeler ses compagnons. Le bruit du vent couvrait les sons, Mordak repéra une main hors de la neige. Il commença à creuser et dégagea le corps. Son camarade ne respirait plus, il était déjà livide, sa nuque avait semblait-il été brisée. Grâce à ses manches de pioches, Mordak pouvait sonder la neige et durant les heures qui suivirent, il parvint à retrouver quatre autres corps et un camarade encore vivant qui répondit à son appel : c’était Bron ! Il avait eu une sacrée chance, il avait avalé son lot de neige mais il n’avait qu’un bras cassé parce qu’il s’en était servit instinctivement pour se protéger. Mordak déneigea un sixième individu nommé Nodj qu’il trouva presque par hasard. Il était apparemment encore en vie mais celle-ci ne tenait qu’à un fil. Le soir était là et ils ne pouvaient pas continuer les recherches. Mordak s’occupa des blessés tendis que Farn emprunta les planches pour parcourir une dernière fois le vallon. Il ne revint que longtemps après la nuit tombée. Il transportait un corps sur son dos. Un survivant qu’il avait « ranimé » mais qui n’avait plus longtemps à vivre : son torse avait malmené et il crachait du sang plus qu’il ne respirait, il n’était même pas conscient… Mordak était en proie à un profond désespoir qu’il tentait de cacher à son ami Teffal. En effet, il le savait, ils étaient tout près de leur but, ils étaient tout près de revoir leurs terres, mais combien étaient-ils à présent… six, dont deux qui ne passeraient pas la nuit ? Mordak et Farn aménagèrent un abri dans la neige et rassemblèrent les rescapés. Farn, qui semblait s’y connaître matière de fractures et de soins divers, remis les jambes de Teffal et le bras de Bron en place. Une attèle de fortune formée des moyens du bord suffirait amplement. Ils passèrent la nuit blottis les uns contre les autres à se tenir chaud pour découvrir au matin qu’ils n’étaient effectivement plus que quatre de vivant.

Le réveil avec le déjeuné de racines et de viande congelée sembla durer une éternité, comme s’il leur fallait du temps pour se rendre compte que l’accident de la veille n’était pas un rêve. Se retrouvé soudainement à moins de dix leur rappela en mémoire tout leur périple. Farn se leva le premier pour regarder dans le lointain. Mordak le regarda un moment puis alla confectionner une espèce de traineau pour pouvoir transporter Teffal. Bron récupéra un souvenir des victimes puis les recouvrit de neige en détruisant leur abri. Aujourd’hui était un nouveau jour et ils avaient encore du chemin à faire avant de rentrer chez eux. Ils ne devaient surtout pas perdre espoir sinon, à quoi tout cela aurait-il servit ? De plus Mordak était confiant, il reconnaissait les crêtes : dans quelques jours, ils franchiraient la limite de leur royaume et ils seraient enfin de retour chez eux ! …


FIN
Revenir en haut Aller en bas
 
Le Calvaire !
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: ZAGAZORN :: Monts du Septentrion :: Hautes Terres-
Sauter vers: