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 Mais où sont-ils ? (Le Calvaire, suite)

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Mafraya Dureroche
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MessageSujet: Mais où sont-ils ? (Le Calvaire, suite)   Mais où sont-ils ? (Le Calvaire, suite) I_icon_minitimeSam 10 Déc 2011 - 2:29

Mais où sont-ils ?

Chapitre premier : Fuyons l’hiver



« Regardez ! On dirait une bâtisse ! Allons voir ! »

Mordak avait repéré une chaumière couverte de neige à flanc de montagne près d’un cours d’eau gelé et au milieu des bois. Cette habitation leur prouvait qu’ils étaient enfin de retour chez eux. Teffal et Bron soupirèrent de soulagement, mais Farn arrêta son compagnon de route en lui mettant la main devant la poitrine. Il était suspicieux et il avait décidé d’aller y faire un tour en premier.

Avec puissance et agilité, comme si le calvaire qu’ils avaient subit n’avait eu aucun impact sur son organisme, il bondit à proximité de la masure et se cacha derrière un conifère. Discrètement, il s’approcha d’une fenêtre et y jeta un œil. Il avait vu juste, l’endroit était peu éclairé car il n’y avait pas de feu dans la cheminée, (c’était ce qui l’avait tout de suite alerté) et semblait désert. Un coup d’œil plus approfondit révéla un bazar ambiant. Farn fit tout le tour mais la neige avait recouvert toute trace qu’il ait pu chercher à repérer, ce qui indiquait qu’il n’y avait pas eu d’activité récente. L’endroit devait être abandonné, la porte était même entrouverte. Farn fit signe aux autres de venir. Ils pourraient au moins se reposer à l’abri du vent et de la neige, profiter d’un feu et s’occuper des blessures de chacun.

C’était à la fois une désillusion et un soulagement de trouver cette chaumière abandonnée. Tout avait été mis en vrac voire brisé à l’intérieur mais ça ne datait pas d’hier vu la poussière et la neige entrée à l’intérieur. Mordak amena Teffal en le transportant sur son dos puis l’installa sur le lit étrangement intact par rapport au reste de la pièce. Bron fit un brin de ménage et redressa table et chaises tandis que Farn ressortit. Ce dernier revint peu de temps après avec des rondins de bois qui avaient été empilés le long d’un mur de la bâtisse. Ils n’étaient pas complètement secs mais ils finiraient bien par prendre. Il en enfila quelque uns dans la cheminée de pierre et compléta avec des débris et autres bouts de tissus qu’il dénicha. En fouillant un peu, Farn dénicha une trappe dans le plancher qui ouvrait sur une minuscule cave (un grand trou dans le sol).

« J’ai trouvé le trésor ! »

Il y avait là un tonneau, probablement rempli de bière et conservé ici pour rester au frais.

« Je me demande bien qui pouvait vivre ici et pourquoi avoir abandonné l’endroit ? » Demanda Teffal

« Un berger, je dirais, il sera redescendu dans la vallée à la fin de l’automne avec son troupeau de chèvres, parce que l’hivers il fait trop froid même pour ces bêtes et il y a plus assez de nourriture. Mais pourquoi tout ce bazar en revanche ? » Lui répondit Mordak.

« Des gobelins. »

Farn avait parlé, c’était assez rare, et en général c’était pour dire quelque chose de sensé.

« Depuis le temps que je voyage, j’en ai jamais vu de ces bestioles sournoises. Le peu que j’en connais remonte aux contes que j’ai entendus dans mon enfance. Mais rien que cela me permet de dire que ça ne m’étonnerait pas que ce soit leur œuvre. Profiter de l’absence du berger pour venir farfouiller et piller ses affaires… » Déclara Bron tout en essayant de trouver le moyen de sortir ou d’ouvrir le tonneau.

« Comment vont tes jambes mon ami ? » Demanda Mordak à Teffal

« Tant que je les bouge pas ça va. »

« Je devrais trouver le moyen de te refaire de meilleures attèles. Tu as toute ta sensibilité ?

« Oh ça oui ! Bouger le moindre doigt de pied me fait un mal de chien ! »

« On va regarder ça tout à l’heure. Farn ? Tu arrives à allumer le feu ? »


Le nain secoua la tête. Il n’avait pas de comburant pour déclencher correctement l’allumage, et son briquet de silex n’était plus très efficace. Peut-être que… ? Bron avait sorti le tonnelet et était toujours à la recherche d’un moyen de l’ouvrir, le robinet semblait coincé. Farn vint à sa rescousse. Il attrapa un récipient en bois, le glissa dessous et força le robinet en s’aidant d’un morceau de tissu. Le robinet s’ouvrit et rien n’en sortit qu’une forte vapeur âcre. Si c’était de la bière qu’il y avait là dedans, elle devait avoir tourné ou moisi depuis le temps qu’elle trainait. Farn renversa le tonnelet (incroyablement léger car entièrement vide, l’alcool restant s’étant probablement évaporé) et parvint à récupérer quelques centilitres d’un liquide brunâtre peu engageant. Il rendit le tonneau à Bron qui se retrouva incrédule en le tenant dans ses bras, puis utilisa le liquide et ses vapeurs comme déclencheur pour allumer le feu. Il fut satisfait lorsqu’il y parvint et Bron oublia immédiatement sa déception pour se rapprocher du feu, un grand sourire aux lèvres.

Farn vérifia les fractures de Teffal et de Bron tendis que Mordak partait en quête de nourriture. Ils resteraient là se reposer plusieurs bonnes heures au moins.

--------------

Chapitre deux : Abandonnons le village



Finalement, ils étaient resté plus longtemps que prévu dans cette petite masure, le temps que tout le monde prenne un bon repos bien mérité, se nourrisse d’eau fraiche, de racines, d’écorce et de viande peu comestible de rapaces charognards en tout genre dénichés à l’occasion. Farn avait fait du bon boulot de rebouteux, les fractures de Teffal n’étaient pas si grave, elles mettraient le temps qu’il faut à se réparer mais ne devrait pas lui laisser de séquelles. Bron, malgré son attèle et la douleur, bougeait son bras tout le temps et faisait donc travailler ses muscles, ce qui n’était pas plus mal en soi et lui permettait de faire circuler le sang.

Ils avaient l’intention de rejoindre Kirgan, après quoi ils pourraient sûrement trouver une caravane qui les ramènerait chez eux après s’être reposés, soignés et avoir fait le plein de nourriture (quoi qu’ils n’aient pas un sou en poche). D’après Mordak, ça devrait leur prendre environ huit jours si les conditions météo restaient au « beau temps ». Durant son exploration des environs de la cabane, il avait pu repérer les traces d’un chemin qui descendait vers le sud. Ils allaient l’emprunter pour continuer leur voyage. Leur corps s’était renforcé et avec les vêtements qu’ils avaient récupérés sur leurs camarades et accumulés en couches protectrices, ils ne craignaient pas le froid. Il faisait même meilleur à cette latitude, ils sentaient la différence en allant vers le sud. En effet, les montagnes arrêtaient les grands vents du nord et le soleil bas semblait réchauffer un minimum… A présent, ils n’avaient plus qu’à contourner les monts de moins en moins haut et de plus en plus espacés pour descendre jusqu’à Kirgan, mais la route zigzagante restait longue. Toutefois, au détour d’un virage, ils finiraient bien par tomber sur un village des leurs.
« Là ! Un hameau ! Enfin ! »

Bron ouvrait la marche. Ils se levaient bien avant l’aube pour gagner des heures de trajets sur les courtes journées d’hiver. Très haut dans le ciel ensoleillé, un aigle géant volait d’un sommet montagneux à l’autre. C’était leur second jour de marche et, bien qu’habitués au manque de nourriture, l’espoir d’une taverne et de sa bonne pitance brouillait leur esprit et torturait leur corps. Ils se rapprochèrent encore mais Farn, qui fermait la marche, rejoignit son camarade qui commençait à presser le pas :

« Il n’y a pas de feu. »

« Comment ça ‘y a pas le feu’ ? Bien sûr qu’il y a le feu ! Tu n’as pas hâte ?! J’t’en foutrais moi des ‘Y a pas l’feu’ ! Y a pas… ! Eh mais c’est vrai ça ! Pourquoi ils font pas de feu ? Pourquoi y a pas de fumée ? Ooooh noooon ! Me dites pas que c’est un village abandonné ! Mais pourquoi ? Où est-ce qu’il seraient tous partis ?! »

« Allons vérifier. De toute façon ce sera mieux que de dormir à la belle étoile comme hier. »
Déclara Mordak.

« Ouai, ça commence à bien faire à force ! »

Après un bon quart d’heure de marche, ils arrivèrent aux portes du village. De plus prêt, non seulement il avait l’air désert, mais en plus il était clairement détruit dans sa majeure partie. Une faible odeur flottait dans l’air, un relent clairement nauséabond mais indescriptible qui donnait au lieu une atmosphère de désolation morbide et insufflait l’envie de passer son chemin.

« Par Mogar, qu’a-t-il bien pu se passer ici ?! » S’écria Bron.

« Je commence à croire que le fou de l’île volcanique avait raison : Mogar est revenu et a mis notre terre à feu et à sang. » Avoua Teffal.

« Dis pas pareille bêtise ! Je ne vois pas ce que Mogar vient faire là-dedans ! » Le réprimanda Mordak.

« Fouillons les lieux. » Proposa Farn.

Ils se séparèrent pour explorer le village abandonné. Se frayer un chemin dans la neige qui s’était accumulée depuis plusieurs jours commençait à être fatiguant à force. Bron trébucha sur quelque chose d’invisible sous la neige et jura. Il fouilla avec sa main pour savoir ce que c’était puis soudain arrêta de jurer dans sa barbe avant de pousser un petit cri d’exclamation.

« Par ma barbe, c’est un cadavre ! »

« Il y a dû avoir des affrontements ici, mais pourquoi dans un endroit aussi reculé ? »
S’interrogea Mordak

Farn défonça la porte récalcitrante d’une petite maison encore entière mais ce fut pour constater qu’elle était vide. Au moins, ils pourraient y passer la nuit en cas de besoin.

Après un moment, Bron les invita à le rejoindre, il avait découvert une immense grange qui devait servir à rassembler les chèvres ou tout autre bétail. Tiens, d’ailleurs, pourquoi n’avaient-ils toujours pas vu de chèvres depuis le temps ? Où étaient donc passées les biquettes ?? En tout cas, il devait y avoir du foin à l’intérieur, il n’y avait plus qu’à ouvrir, ce qui fut difficile qu’à cause de la masse de neige qui en gênait l’accès et du givre glissant sur les poignées.

« Oooh Hisse ! Humph ! Et voilà ! Voyons voir ça !»

Les portes furent seulement entrouvertes mais cela suffisait pour entrer. Après quelques pas, Bron aperçut quelque chose d’extraordinaire et s’apprêta à crier sa surprise quand Farn lui mit la main devant la bouche pour l’empêcher de faire une terrible erreur. En effet, de l’autre côté de l’entrée se trouvait un trou béant dans le mur. Mais ce n’était pas le pire ! Dans un nid de foin et de débris divers de poutres d’anciens box, de pierres et de tissus récoltés on de sait où, gisait une masse immense de plusieurs mètres de long entourée ça et là de squelettes de chèvres et de déjections séchées.

« Mais bon sang qu’est-ce que c’est que ce truc ! » Chuchota Teffal, que Mordak avait hissé sur son dos.

« Je sais ce que c’est ! C’est un Makragnos ! Fichtre ce que ces bêtes sont terrifiantes ! J’en déjà vu une un jour s’attaquer à un troupeau. Il a fallut au moins dix nains pour en venir à bout, et encore, ce n’était pas un adulte ! »

« Mais que fait un monstre pareil ici ? »

« Ca se voit non ? Il hiberne ! »


Farn regardait le reptile fixement, tendis que de la bave commençait à dégouliner du coin de la bouche grande ouverte de Bron.

« Trouvons une hache, il doit bien en avoir une ici ou là dans ce village ! »

Tendis que Mordak et Teffal restèrent à surveiller la bête, les deux autres partirent en quête d’une arme adéquate. Un monstre pareil leur permettrait de se nourrir durant plusieurs jours, de faire des réserves de viande et le plein d’énergie pour la route ! Espérons juste que cette viande ait bon goût !... Enfin peu importe en fait. Une fois l’arme dénichée par Bron, un immense sourire triomphant aux lèvres, l’animal fut sacrifié d’un puissant coup en pleine nuque assené par Mordak, bucheron de métier. Le reste de la journée fut passée à faire rôtir d’animal découpé en morceau dans un immense brasier/feu-de-joie formé par la grange en elle-même. Avec ça ils auraient de la viande pour tout le trajet jusqu’à Kirgan. Vraiment, ce coup du sort leur redonna un moral d’acier. Comme quoi, le monde peut s’écrouler, quand l’estomac criant famine d’un nain est satisfait (et encore, ceux-là ne sont pas imbibés d’alcool en plus), leur cœur s’emplit d’espoir et de bonne humeur au point qu’ils pourraient mourir en paix. Oui car il faut le rappeler, mourir au combat ou mourir en festoyant sont deux façons honorables de mourir pour un nain…

--------------

Chapitre trois : Fuyons les ennuis !



« T’avais pas dit huit jours ? Ca fait combien de temps qu’on marche là ? » Bron était grognon ce jour là.

« J’ai dit s’il se remet pas à neiger, or il a fait beau durant seulement deux jours je te rappelle. De plus, on n’a pas cessé de s’arrêter dans chaque hameau. » Le raisonna Mordak.

« Mais bon sang où sont-ils tous partis ? Tous les villages qu’on a croisés étaient déserts et dévastés. » S’inquiéta Teffal.

« Il y a eu beaucoup de tremblements de terre, et les gobelins sont sortis de leurs tanières. »

« Tu as raison Farn, je pense que c’est ce qu’il s’est passé. Quand on était sur cette île, on a bien ressentit les violents tremblements de terre, et si Mogar a fait bouger les montagnes, alors il y a dû en avoir ici aussi, et probablement encore plus. »

« Admettons mais Mordak, pourquoi les gens auraient fui vers Kirgan ? Cette citée souterraine aurait été très dangereuse dans ce cas tu ne crois pas ? » Demanda Teffal.

« Oui, c’est vrai ça ! … Mais ils auront sûrement consolidé les voutes ou que sais-je… De toutes façon, des milliers de nains, ça ne peut pas disparaître pas comme ça, si ? Fit remarquer Bron.

« Silence ! »

Farn avait remarqué quelque chose… En réalité cela faisait plusieurs heures qu’ils étaient suivis par un groupe de loup caméléon. Il était pourtant connu que ces animaux ne s’attaquaient pas aux nains, mais l’hiver, la faim, ce petit groupe sans défense et ses kilos de viande transportés sur leur dos leur mettaient l’eau à la gueule…

« Ils nous suivent toujours ? Je les avais oubliés… Tu penses qu’ils vont nous attaquer ? » Demanda Mordak.

« De qui, de quoi ? S’inquiéta Bron qui n’avait rien vu.

« Pas encore. »

« Ah ça, ça veut dire qu’ils vont le faire ! » Paniqua Bron.
« Mais qui ça à la fin ? » Demanda Teffal.

« Des camés, une petite meute probablement. Lui souffla Mordak qui le trainait comme d’habitude sur un traineau, se relayant parfois avec Farn.

« Faut pas s’arrêter. » Clonclut Farn.

« Des camés ? Mais c’est quoi ça ?... Oh ! Ouh là là, on est dans de sales draps !

Après réflexion Bron avait apparemment compris la situation. Mordak repéra un chemin de traverse qui montait raide vers un plateau. Apparemment il y avait quelque chose par là-bas, probablement un autre village. Ils se rapprochaient de Kirgan à présent, ils étaient assez proche des falaises, bien qu’ils ne puissent pas les voir, mais à n’en point douter ils allaient bientôt rencontrer des leurs…

La pente était raide, ils se mirent à deux pour tirer Teffal tendis que Bron courrait presque devant, ayant hâte d’échapper aux loups et attiré par une faible lumière vacillante au cœur de la grisaille et de la neige tombante… Les loups semblaient de plus en plus près, il pouvait presque sentir leur souffle sur sa nuque, à moins que ce ne soit que le vent ?

Bron, s’apprêtant à crier à l’intention de potentiels habitants, fut surpris en se précipitant vers la lumière car il arriva sur un faux-plat et glissa pour dégringoler en avant, s’étalant de tout son long. Avant qu’il n’ait le temps de se relever des petits cris de panique surgirent autour de lui comme s’il en provenait de partout.

« C’tun-nain-f’yons ! » « S’cour-nain-f’yons ! »

Mais qu’est-ce que c’était que ce langage incompréhensible ? C’était pas du langage nain ça ! Avant même d’avoir eu le temps d’ouvrir un œil, les grognements des loups se firent clairement entendre alors même que d’autres charabias aigus les accompagnait.

« S’cour-leu-f’yons ! » « Sauv’q’peu ! » « Iiiiiiik ! »

Les trois autres avaient rejoint Born et constatèrent l’étendue du problème : une grotte, des loups caméléons qui les encerclaient à présent, et une dizaine de petites créatures chétives courant dans tous les sens avec leur ridicule accoutrement qui ne devait pas beaucoup les protéger du froid en dehors du petit feu de camp qui les réchauffait juste avant.

« Des kobolds ! » S’écria Farn.

« Manquait plus que ça ! Mais d’où ils viennent ? » S’énerva Mordak

« Qu’est-ce qu’on fait ? » Demanda Teffal tandis que Bron finissait de se relever en maugréant.

Soudain, un loup posté au dessus de l’entrée de la grotte, plongea sur un kobold qui tentait d’y rentrer, lui broyant la tête avec ses crocs.

« Vite ! A l’intérieur ! Maintenant ! »

Farn se précipita pour ouvrir la route et frapper le loup d’un coup de hache pour le dégager de là et permettre aux autres de rentrer tendis qu’il gardait l’entrée. Les kobolds n’avaient pas attendu et avaient déjà fuis dans cette direction alors que le reste de la meute de loup resserrait son cercle. L’un d’eux se jeta sur Teffal, assis sur son espèce de luge-traineau. Le nain se protégea de son avant-bras et frappa de son poing libre le museau de la bête de toutes ses forces à plusieurs reprises, la faisant rapidement lâcher prise. Mordak, qui avait été dévié dans sa course par cette attaque surprise, se retourna et alla flanquer un magistral coup de pied dans le flanc de la bête qui s’était mis la patte sur le groin meurtri avant de se mettre à grogner de frustration mais n’eut donc pas le temps de réattaquer. Les nains reculèrent dans la grotte, Farn posté en garde avec sa hache, venant d’éventrer un animal qui lui avait bondit dessus. Méfiante, la petite meute hésita devant l’entrée assez étroite de la grotte, laissant ainsi le temps aux nains de se mettre suffisamment à l’abri. Mordak abandonna ses camarades pour revenir soutenir Farn avec son manche de pioche, le seul des deux ayant résisté depuis le début de leur calvaire. Finalement, les loups changèrent de stratégie. Ils s’emparèrent du cadavre de leurs deux camarades et du kobold et se retirèrent.

« Bon bah, voilà qui est réglé ! Et maintenant ? Ca vous dit d’explorer cette grotte ? Il doit s’agir de tunnels sous le plateau qui devraient nous mener de l’autre côté. Au moins là dedans, on sera protégé de la neige ! » Déclara Mordak.

« Et que fais-tu de ces machins, là ? Les kobolds ? » Demanda Bron.

« Inoffensif, mon amis ! Tu vas pas me faire croire que tu as peur de simples kobolds après avoir survécu à tout un tas d’animaux féroces ? »

« Allons bon ! Ce n’était qu’une simple question ! »

Farn ressortit prudemment pour récupérer des morceaux de bois enflammés pour faire des torches puis les quatre nains se tournèrent vers les tunnels obscurs.

--------------

Chapitre quatre : Fuyons la colère divine !



Comme Mordak l’avait préssentit, il s’agissait de tunnels abandonnés creusés dans le calcaire, un vrai gruyère qui servait de nouvelle demeure à un bon groupe de kobolds qui fuirent systématiquement en voyant les nains arriver avec parfois un petit temps de réflexion le temps de comprendre.

« Je les croyais cantonnés dans les falaises ces bestioles. Qu’est-ce qu’elles font par ici ? » Demanda Bron.

« Ce sont des opportunistes. Si la mine était abandonnée les Kobolds en on profité, mais quant-à savoir comment ils sont arrivés jusqu’ici, ça c’est un mystère. » Expliqua Mordak

« Ah, je crois que c’est la sortie ! »[b] Déclara Teffal hissé sur le dos de Farn tandis que Mordak portait le mini-traineau au dessus de sa tête.

Effectivement, après une bonne de déambulation plus ou moins rectiligne dans les galeries sans jamais tomber sur un cus-de-sac, ils finirent par atteindre une sortie de l’autre côté du plateau. Ils avaient une belle vue sur la vallée et sa petite rivière tout en bas, quoi qu’avec l’obscurité de la nuit qui tombait derrière les nuages, on ne voyait plus grand-chose déjà. Ce n’était pas la Virné qui était un vrai fleuve, mais une petite rivière à part entière qui allait se jeter plus au nord de Kirgan.

[b] « Ah ! On arrive les amis ! Je reconnais ce cours d’eau ! Kirgan est derrière le plateau qu’on ne voit pas mais qui se trouve de l’autre côté par là-bas ! »


« Ah ! Pas trop tôt ! J’ai si hâte ! » S’exclama Bron après un soupir de soulagement.

Mais les nains n’étaient pas au bout de leurs peines. Ils passèrent la nuit dans la grotte puis repartirent pour un nouveau bout de chemin le matin, ils devraient arriver à Kirgan dans journée.

« Dites… C’est moi où il y a beaucoup plus de végétation qu’avant par ici ? Avec toute cette neige en plus, je ne reconnais plus rien moi, vous êtes bien sûr que c’est par ici ? » S’inquiéta Bron.

« Je t’avoue que j’ai aussi du mal à reconnaître le paysage mais, si toi qui est un grand voyageur le dis, c’est que ça doit être vrai, il a dû changer en peu de temps, mais ça ce n’est pas à cause des tremblements de terre c’est autre chose… » dit Mordak.

« Quoi ? De la magie ? » Demanda Teffal.

« Pff… Ce genre de magie des salades aux longues jambes ou des druides, y en a pas chez nous ! » Le contredit Bron.

« Pourtant la végétation ne pousse pas autant en automne normalement… Plus on se rapproche des nôtres et plus j’ai l’impression qu’on s’en éloigne… Comment se fait-il qu’on n’ait encore croisé personne ? »

[b] « Teffal a raison : des relents de puissante magie sont dans l’air, des réminiscences, je ne saurais dire s’il s’agit d’une catastrophe ou d’autre chose… »

[b] « Quoi ? Tu t’y connais en magie Farn ? Tu peux sentir ces choses là ?!
S’étonna Bron et il avait de quoi, tellement Farn parlait peu et que son passé était un mystère.

« Une catastrophe comme ce qu’on nous raconte à propos des terres stériles ? » Demanda Teffal.

« Ouai mais si c’était ça, pourquoi qu’il y aurait une forêt par ici alors que je m’en souviens pas ? »

« Ca c’est juste que ta mémoire te joue des tours Bron ! Ha ha ! »
Le rabroua Mordak pour cacher son pessimisme face aux paroles de Farn.

Après avoir grimpé une nouvelle pente forestière sans rencontrer de danger, ils parcoururent la forêt jusqu’à atterrir dans une petite clairière étrange formant un creux au centre duquel trônait un énorme rocher.

« Bin dites-donc, c’est quoi ce truc ? On dirait que c’est tombé là comme par magie ! » Décrivit Bron.

« C’est peut-être tombé du ciel ? Un fragment d’étoile ? Un météore sans doute ? » Suggéra Mordak.

« Et bien si c’est la cas je serais bien curieux de connaître la composition de cette roche et de m’en servir pour forger quelque chose… c’est que ça commence à me manquer tout ça moi ! –Déclara Teffal.– Tiens d’ailleurs pourquoi personne n’est encore venu le sortir d’ici ?

[b] « Peut-être que ce n’est pas le seul à être tombé ? »
Se demanda Mordak.

« Une pluie d’étoile ? Ca pourrait être ça la catastrophe dont tu nous parlais Farn ? »

« Non… »

La réponse toute simple, calma les ardeurs de tout le monde.

« Ah… bon. Peu importe, moi j’ai trop hâte d’arriver ! » Déclama Bron avant de se remettre en route sans attendre.

Les quatre compagnons continuèrent dans la forêt jusqu’à atteindre le versant opposé du plateau. Les nains s’arrêtèrent au niveau d’un ravin qui devait leur offrir en théorie un belle vue lointaine sur le « Mont Kirgan ».

« Fait encore tout gris, vous voyez quelque chose depuis ici ? » Demanda Bron.

« Oh non par la barbe de mes aïeux !! » S’écria Mordak.

« Quoi, quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Faites-moi voir ! » Les pressa Teffal, qui ne voyait rien assis derrière le groupe sur sa luge.

« Tu vois ! Tu vois ! Je te l’avais dis ! C’est pas Kirgan ! On s’est complètement trompé de direction ! J’avais raison : y avait pas de forêt comme celle-là aux alentours de la capitale ! Donc ça : c’est pas le Mont Kirgan ! Ça : c’est… En fait je sais pas ce que c’est Fichtre tonneau vide ! Dites-moi les gars !

« Ca te rappelle rien crétin ?! » Hurla presque Mordak sous la colère et la déception.

« Te fiche pas de moi ! Et m’insulte pas par dessus le marché ! Comment veux-tu que ça me rappelle quelque chose ?! » Lui rétorqua Bron en élevant la voix à son tour.

Trop occupés à survivre et à s’entraider jusque là, c’était la première fois qu’une dispute sans fondement se déclenchait ainsi entre eux. Trop inquiet, Teffal parvint à trainer sa luge sur un ou deux mètres afin de se rapprocher de la falaise et de constater le problème à son tour.

« Teffal, qu’est-ce que tu fous imbécile ? Tu vas te faire mal ! »

[b] « Et bien montrez-moi le problème au lieu de vous engueuler et d’insulter tout le monde ! »


« Le problème : c’est que Kirgan n’est plus… –La voix lourde mais neutre de Fran calma tout le monde sur le coup.– Le volcan qui sommeillait sous la ville s’est réveillé, c’est là l’œuvre de Mogar en personne, sans aucun doute. »

Après un silence de stupéfaction, Bron ne voulut pas y croire :

« Foutaises ! Tu crois aux paroles que nous a raconté ce vieux fou ? »

« Ouvres les yeux Bron ! Que ce soit vrai ou pas, ce que tu vois ce n’est plus qu’un tas de débris de montagne recouvert de lave jusque dans la vallée tout autour avec des blocs de roche gigantesques eparpillés un peu partout ! Et ce le météore qu’on a vu tout à l’heure n’était qu’un morceau projeté au loin comme un vulgaire caillou ! »

« Non ! Non ! C’est faux ! Dites-moi que c’est faux ! Nan ! J’veux pas ! J’veux rentrer chez moi ! Tu nous avais promis Mordak ! Tu nous avais promis Mer** ! »

Et Born craqua… De toutes les épreuves qu’ils avaient subits, celle-ci était la pire de toutes, la cerise sur le gâteau, la touche finale du tableau, que dis-je : la carotte qui disparaît soudainement du nez de l’âne quand le trajet est terminé, le laissant déprimé comme jamais, encore plus abattu et renfrogné que jamais, un rêve brisé, une vraie torture !

Avez-vous déjà vu un nain pleurer à chaude larme ? Peut-être un jour dans une taverne avez vous croisé un vieux nain l’air complètement perdu et saoul, tentant de vous raconter la triste histoire de sa vie passant de la colère à la passion les larmes aux yeux pour finir en torrent de larmes ? Et bien vous êtes bien loin de la réalité d’un petit être sobre et sincère dont la tristesse est telle et les plaintes tant déchirantes que vous ne pouvez pas ne pas en être ému au point de l’accompagner dans sa peine sans même en connaître la raison. Ajoutez à cela l’accumulation de courage pour contenir les larmes non versées pour tous les camarades morts durant le calvaire… Mordak serrait fortement Bron dans ses bras en tentant vainement de le consoler sans y parvenir lui-même tellement les larmes coulaient d’elles-mêmes. Teffal n’était pas en reste, recroquevillé sur lui-même. Farn, tournant le dos à la terrible vue et à la triste scène de ses compagnons, regardait à travers les cimes enneigées, le ciel avec ses yeux fermés, lui aussi, on ne l’aurait cru, pleurait en silence, bien que ses larmes restent précieuses aux coins de ses paupières…

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Mais où sont-ils ? (Le Calvaire, suite)
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