Nom & Prénom : Léandre d'Erac
Âge : 57 ans
Sexe : Mâle
Race : Homme
Particularité : Léandre n'a pas su se prémunir totalement des affres de la vieillesse, sa vue défaillante l'handicape plus qu'il ne se l'avouera jamais.
Alignement : Neutre bon
Métier : Duc légitime d'Erac
Classe d'arme : Corps à corps
Équipement : Léandre est un noble issu d'une tradition guerrière, et cela se voit. Quand il se déplace hors de ses terres, il porte presque toujours une armure, avec lame à son côté. Le reste du temps, il est adepte de vêtements simples et sobres, quoique résolument de très bonne qualité.
Description physique : Léandre est un vieil homme. Né cinquante années avant la terrible Malenuit, il approche désormais de la soixantaine, et cela se voit. Son visage est mangé par une barbre grise, et des cheveux de la même couleur encadre des yeux qui ne voient plus aussi bien qu'avant. S'il n'est pas aveugle, il peinera tout de même à discerner avec certitude ce qui se trouve plus de 10 mètres devant lui. Cette distance doublée, il ne voit guère plus que des formes. Malgré cette infirmité, Léandre garde une condition physique des plus appréciable pour son âge. S'il ne peut plus, comme jadis, galoper sur ses terres ou s'entraîner plusieurs heures durant au maniement de l'épée, il reste un cavalier solide qu'un cheval aura peine à désarçonner. Ses articulations le laissent tranquille, et il ne s'en plaint pas. Cela n'empêche pas ses gestes d'être moins précis et ses doigts plus fébrile : il n'écrit guère plus, par exemple.
Léandre est donc un homme que l'âge a diminué, mais qui a su affronter les vicissitude de la vie avec dignité et force. Malgré son dos légèrement voûté, il reste un homme bien bâti, aux épaules larges et solides, au visage austère et à l'aura bien présente.
Description mentale : Léandre est un homme discipliné et plein de principes. Son enfance, marquée par l'influence de ses deux pères (Clovis d'abord, puis Ulric quand ce dernier l'eut « adopté »), a été très rigide. L'enfant qu'il était a dû faire face à deux volontés opposées, et les concilier. On dit du Vieil homme qu'il est exigeant, envers lui-même tout autant qu'envers son entourage. L'erreur n'est pas permise, et rarement pardonnée. Il n'a jamais réellement éprouvé beaucoup d'affection pour son épouse, avec qui il a pourtant eu cinq enfants, si bien qu'il a pu rapidement faire son deuil. Cela ne l'empêche pas de s'habituer difficilement à sa vie de célibataire. Il se recueille parfois, dans la crypte des seigneurs du Lyron, la saluant comme on salue une vieille amie avec qui on a traversé la majeure partie de sa vie. Parfois, quand il se sait seul, il lui « parle », s'amusant à lui demander quand il ira finalement la rejoindre.
S'il est un lyrion jusqu'au bout des ongles, il garde une affection sincère pour Erac, sa ville natale. Après plusieurs décennies de règne, il est connu et respecté de la noblesse eracienne. Ses qualités de meneur d'hommes sont admises, tout comme son esprit rigide, qui l'empêche parfois de faire des compromis. Le duché a déjà pu voir qu'il ne plaisantait pas avec l'hommage. Bientôt, les grands vassaux d'Erac seront appelés à le reconnaître comme leur légitime suzerain...
Histoire : Le jeune Léandre naquit durant le dixième cycle, lors de la neuf cent cinquantième année exactement. Fils du duc Clovis d'Erac, il vécut ses premières années bien au chaud entre les murs du château d'Erac. Les choses étaient simples, alors. Son frère Charles, trois ans plus vieux que lui, agissait comme tel. Trop jeune pour comprendre ce qui le différenciait de son cadet, ignorant encore de son potentiel magique, il était un garçon agréable qui prenait plaisir à entraîner son frère dans ses escapades. Les choses étaient appelées à changer, malheureusement.
Le nord du territoire ducal avait toujours fait montre de trop d'indépendance, au goût des eraciens. S'ils avaient su mettre au pas Rive, à force de longs efforts, l'hommage du Lyron ressemblait plus à une boutade qu'à un véritable allégeance féodale. Dans les faits, le Lyron agissait selon ses intérêts. Après avoir tenté plusieurs fois la voie des armes - sans succès à long terme - les eraciens mirent en place toute une série de mesures destinées à isoler le Lyron du monde extérieur. Si, lors des premières années, les fiers lyrions subirent sans sourciller, la situation se dégrada après une décennie passée à chercher l'autosuffisance. Devant le regain d'agressivité (pillages) du nord, Erac convoqua le ban, tant sur son domaine qu'à Hautval. Finalement, Ulric de Brendanir accepta de mauvaise grâce les conditions de Clovis. Il fut décidé que Léandre, alors âgé de sept ans, épouserait Cyrielle, deux ans à peine, et que cette dernière amènerait en dot le Lyron. Il fut aussi convenu qu'Ulric jouirait de ses terres jusqu'à sa mort, et que Léandre grandirait au Lyron dès ses neuf ans fêtés, et serait éduqué par son futur beau-père, afin de préserver les traditions locales. Clovis ne voulait pas humilier, il voulait fédérer.
Et pour cela, il avait besoin d'être certain de la droiture de Léandre.
Durant l'année et demie qui les séparaient des fatidiques neuf ans, il se concentra totalement sur son deuxième fils, ne prêtant presque plus attention à Charles. Il lui martela le crâne avec l'histoire d'Erac, de ses ducs, de ses coutumes, afin que le moment venu, il n'oublie pas d'où il venait. Une éducation de choc qui porta ses fruits : si Léandre est aujourd'hui un lyrion convaincu, il demeure avant tout un eracien, attaché à l'unité du duché et surtout, au respect de son duc.
Finalement vinrent les neuf ans.
Le Lyron ne ressemblait à rien de ce que Léandre connaissait. Le domaine ducal d'Erac était un mélange de plaines fertiles et de forêts éparses. Le Lyron, lui, était dévoré en grande partie par une forêt dense, protection naturelle qui venait s'ajouter aux vavasseurs belliqueux, et par une montagne sur lequel il s'appuyait, au niveau de la frontière entre Erac et Hautval. Léandre grandit à Harren. La cité était impressionnante. Au flan de la montagne, son architecture avait été pensée pour composer avec les fréquents éboulements : des toits aux angles impressionnants, et des rues pourvus d'étranges canaux, plein de caillasses. Entourée d'impressionnantes fortifications, la cité s'enfonçait ensuite dans la montagne, faisant d'elle une des rares cités troglodytes de Miradelphia.
Il fallut à Léandre une vie pour saisir la réelle complexité de Harren et de sa culture. Les premiers mois furent difficiles, Ulric ne se faisant pas prier pour le traiter comme un eracien. Pourtant, petit à petit, le petit parvint à gagner le respect (et l'affection) de son « nouveau père ». Il ne revit en effet pas Clovis, Charles ou sa mère avant ses dix-sept ans, âge de son mariage. Les huit années qu'il vécut, en parfaite autarcie, à Harren, le marquèrent très profondément. S'il demeura loyal aux enseignements et volontés de son père, il ne put rester insensible aux charmes de sa terre d'adoption. De sa future épouse, il fut tenu éloigné les premières années. Il fut éduqué comme n'importe quel seigneur du Lyron, quoiqu'avec un mépris initial qu'il ne tarda pas à gommer à force d'efforts. Il se révéla être un garçon plein de jugeote, puis un jeune homme ayant la tête sur les épaules. Il retrouva sa famille lors de son mariage, à dix sept ans. S'il avait espéré ce moment tout en le redoutant, il fut fort déçu. Peut-être pour ne pas froisser son vassal encore orgueilleux, Clovis se concentra surtout sur Ulrik, ne prêtant pas plus d'attention à son fils que s'il eut réellement s'agit du fils du Lyron. Quant à Charles, il ne se gêna pas pour marquer sa supériorité sur son « futur vassal ». Qu'il partageât leur sang ne semblait rien changer, il avait vécu loin d'Erac et cela semblait leur suffire. Avant son départ, Clovis prit pourtant la peine de s'entretenir en privé avec lui ; il le félicita pour son œuvre, affirmant que grâce à lui, une nouvelle ère d'unité s'ouvrait pour le duché. Les choses s'enchaînèrent comme il se devait. Quand il eut vingt deux ans, Charles épousait une diantriaise nommée Melisandre et elle lui donnait un fils huit mois plus tard. La façon dont s'était arrangé le mariage laissait perplexe le jeune Léandre, qui ne comprenait pas pourquoi son frère épousait une noble sans fortune ni réelle influence. Il ne pouvait pas affirmer connaître son frère, à peine se souvenait-il du caractère que l'enfant qu'il avait été possédait alors. Pourtant, il lui avait semblé qu'il était un homme plein d'ambition.
Néanmoins, il s'agissait là des affaires d'Erac, pas des siennes. Et il avait assez à faire pour ne pas s'attarder plus sur des décisions qui ne l'importait pas, au fond. Quand il eut atteint l'âge de trente ans, Léandre possédait déjà un fils, deux filles (jumelles) et un des fiefs les plus puissants d'Erac. Ulric était mort deux ans plus tôt, et c'était donc à l'époux de sa fille qu'était revenu le Lyron. Clovis aussi avait rejoint Tyra, et c'était donc aux deux frères de prendre la relève.
Le reste est affaire de politique. À mesure que l'influence de Clovis se dissipait, Léandre prit à cœur de défendre comme n'importe quel lyrion les intérêts de sa terre. Il maria son aîné, Tibérias, à son principal vassal. Ses deux filles furent elles aussi judicieusement placées, hors du Lyron cette fois-ci, de même que les deux fils qu'il eut ensuite. Grâce à ces mariages, le Lyron renforça son emprise sur le duché auquel il avait mis tant de temps à s'intégrer.
Les choses auraient pu continuer ainsi si, peu après la mort de Charles, Trystan ne s'était pas révélé être un bâtard royal. La colère de Léandre fut terrible et il ne savait pas ce qui était le pire : Charles ignorait-il la généalogie de « fils » ? Les relations entre Erac et le Lyron se refroidirent très nettement. Léandre alla même jusqu'à demandé publiquement à Trystan de renoncer à son titre volé, ce à quoi le désormais Roi de Diantra se refusa. Lors de la guerre civile, Léandre n'envoya que quelques hommes et refusa de se déplacer en personne, envoyant simplement son plus jeune fils, pour « aider son Roi ».
Avec le Voile, le Lyron goûta à la colère de Néera ; nombreux furent ceux qui tentèrent de trouver des réponses à leurs questions au Monastère, qui pâti très nettement des événements. Aveuglée par la crainte du divin, la foule des brebis égarées tenta de trouver les réponses jusqu'au cœur de la roche du bâtiment, mettant à mal des siècles d'héritages jalousement conservés. Afin d'éviter les émeutes, Léandre leva le ban fit fermer les portes des cités. Allant contre la volonté de milliers de pèlerins potentiels, qui n'attendait qu'une excuse pour ne pas partir au devant de la Déesse mais qui ne pouvaient se l'avouer et qui crièrent au scandale. Craignant l'embrasement, et devant l'événement exceptionnel qui était en train de se jouer (la fin du monde ?), il autorisa les gens à quitter les villes, tout en leur interdisant d'y rentrer une fois dehors. Ce fut pendant cette terrible épreuve que son épouse mourut, emportée par l'infection d'une vieille cicatrice qui s'était rouverte sans raison apparente. Un mois durant, le Lyron vécut en autarcie, et quand finalement le Voile se déchira, c'était une royauté affaiblie qui jaillissait des ténèbres. Quand la Reine mourut, Léandre présenta ses condoléances à « sa bien aimée Reine » mais omit sciemment son titre de Duchesse. Cet oubli volontaire aurait sans doute pu provoquer bien des remous, mais Trystan l'Aveugle avait d'autres chats à fouetter.
Le nord eracien, sans renier son Roi, ne prêta plus oreille à son Duc. Léandre se rapprocha de Rive et du jeune Farren de Lockrive. Voulant profiter de la gronde qui régnait à Diantra, il se rendit, accompagné de deux cents chevaliers et hommes d'arme, jusque devant les portes de Nefir, se joignant aux forces locales. Il fallut dix jours à la ville pour tomber, et il en aurait fallu bien plus si ses habitants n'avaient pas reconnu en Farren leur seigneur légitime et se joindre aux forces assaillantes. Le Voile restait dans tous les esprits : la fin du monde avait failli les emporter tous, et cette terrifiante possibilité leur avait fait renouer avec leurs origines. Ils avaient redécouvert une foi encore vivace et « Rendre Rive aux Rivois » étaient désormais sur toutes les lèvres.
La nouvelle de la mort du Roi atteint Nefir quatre jours après sa chute. Dire que Léandre pleura la mort de son « neveu » serait mentir, on dit même qu'il reprit le héraut venu lui annoncer le décès du Roi, quand ce dernier lui apprit que « sa Majesté Trystan Ier, votre neveu. »
On lui expliqua qu'un certain Aetius d'Ivrey briguait la régence, ayant pénétré Diantra dans l'espoir de sauver son Roi, il n'avait pu faire face qu'aux cadavres. Léandre n'avait que peu de chances de savoir ce qui s'était réellement passé, mais qu'importait : il s'en moquait. Ce qui lui importait, c'était qu'une infamie prenait fin. S'il n'avait pu raisonnablement s'opposer à un Roi, duc de fait sinon de sang et de loi, possédant l'amitié du Langecin par dessus le maché - Esidenir puis Kazil avaient été d'une horripilante servitude - et la loyauté de ses grands vassaux, il ne comptait pas laisser à son fils l'opportunité de perpétuer l'offense qu'avait été le règne de son père.
Levant le ban du Lyron et celui de Rive, il entama sa marche vers Erac, se faisant précéder d'un cortège de messagers invitant quiconque se sentait digne du trône d'Erac à venir le lui prendre, et les autres à venir lui prêter hommage, dans la ville ducal. Aux seigneurs stratégiques, il envoya ses fils, porteurs de bonnes nouvelles et de promesses. Très vite, alors qu'il devenait clair que le sud se rallierait à la cause du petit Prince, il promit aux hésitants les terres « félonnes ». Trois semaines après la mort de Trystan, ses quatre cents chevaliers et hommes d'armes derrière lui, ainsi que quelques liasses justifiant ses droits. Les quelques de Erac qui gardaient encore la ville l'accueillirent avec la méfiance des hommes qui voient revenir l'un des leurs plusieurs décennies après son départ. Peu nombreux étaient ceux qui se souvenaient de l'enfant qu'il avait été.
Pourtant, ils furent les premiers à lui rendre l'hommage qui lui revenait de droit. Quelques châtelains, amis de Trystan, se refusèrent à renier son fils. Les partisans du « Vieil Homme », comme on l'appelait déjà, les assaillirent dès lors que Léandre leur confisqua leurs terres et promit aux « gens de bonne foi qui auront le courage de libérer Erac de l'infâme félonie » de garder leur prise et de l'ajouter à leur patrimoine.
Ne restait que la frontière entre Erac et Diantra pour vraiment lui résister. Et, alors que Léandre se préparait à annoncer à son duché de nouvelles confiscations (qu'il comptait bien, cette fois-ci, ajouter à son propre domaine, tout du moins en partie), on se demandait quand Diantra agirait pour préserver l'héritage déjà perdu du petit Prince.