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 Cérémonie d'hommage du Baron de Merval

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Jeanne de Sephren
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MessageSujet: Cérémonie d'hommage du Baron de Merval   Cérémonie d'hommage du Baron de Merval I_icon_minitimeSam 28 Jan 2012 - 23:27

Mi-Verimios, an 5 du 11ème cycle.
Environ deux semaines avant que L’Ivrey ne lève ses troupes pour marcher sur Diantra.
Environ un mois après le sacre du nouveau Baron de Merval.

Depuis quelques semaines, la situation dégénérait entre les partisans de l’Ivrey et ses opposants en la cité de Diantra. Malgré son allégeance auprès du Roi, bien qu’elle ne lui ait jamais prêté serment à proprement parler, Jeanne n’avait guère tenter de calmer son vassal. Elle attendait même avec une certaine impatience de le voir lever ses troupes pour marcher sur la Capitale. Tout aussi antipathique lui était ce cher comte de Scylla, elle lui concédait fort volontiers bien plus d’attraits, d’honneur et d’intérêt qu’au Roi Trystan 1er. La duchesse avait par-dessus tout, même au-dessus des libertins libidineux comme Aetius, une sainte-horreur des inactifs et des feignants. Hélas pour lui, le Roi Absent était une des cibles favorites de son ire et de sa croisade contre les oisifs adipeux.

Cependant, la raison pour laquelle la salle du trône de son palais se retrouvait à nouveau bondée d’un florilège de nobles et princes marchands en goguette prenait naissance dans des événements autrement plus réjouissants qu’une nouvelle guerre civile pour laquelle elle devrait tôt ou tard prendre position claire : L’arrivée au pouvoir d’un nouveau baron pour Merval. Certes, Jeanne avait déplorée la tragique disparition d’Eulalie que la connivence féminine avait directement placée dans ses sujets favoris – du moins jusqu’à ce qu’elle se révèle aussi inactive que d’autres -. Pourtant, elle voyait d’un excellent œil l’ascension au pouvoir de Sire Cléophas de Corvall, subtilement et fort à propos, renommé d’Angleroy – utiliser le nom d’un héro de sa lignée pour ériger les fondations de son pouvoir lui paraissait particulièrement judicieux - .

Du seigneur à proprement parler, elle ne savait que peu de chose. On le disait raffiné, élégant et pourtant austère et pieux. Bonne élève, Jeanne se rappelait également des informations sur sa Maison dûment consignés dans les Grandes Archives Langecines. Elle relisait, pour l’occasion, ses notes rassemblées pour rallier, lors de sa propre prise de pouvoir, les seigneurs des terres ducales. Elle cherchait à se rappeler de lui, lorsqu’elle avait dû le rencontrer voilà presque six ans quand elle battait la campagne pour accéder à son trône légitime. Difficile pourtant de remettre un visage sur les nombreux nobles avec lesquels elle avait conversé tant elle avait visité le moindre castel régional qui pouvait prétendre à une certaine noblesse. De guerre lasse, elle abandonna le carnet sur une guérite et s’enfonça plus dans l’eau tiède de son bain.

Une dizaine de minute plus tard, les baigneuses épongeaient en douceur la peau de la jeune femme rougie par la chaleur de l’eau. Puis, elles l’aspergeaient d’une fine vapeur de parfum, une senteur particulière qu’un artisan de la corporation des parfumeurs lui avait offert pour son vingtaine anniversaire. Le subtile mélange des fleurs ensoleillés du pays s’accompagnait d’une note épicé et mystérieuse du lointain Estrévent ou Ithri’Vaan, selon la mode du moment. Ensuite, sur son corps affranchi des dernières rondeurs de l’enfance, une fine couche de poudre de perles pilées fut appliquée afin de nicher, dans le décolleté, quelques étoiles pailletées scintillantes. De là, les caméristes prirent le relai pour couler sur les frêles épaules une longue chemise en soie fine agrémentée de ravissantes dentelles. Pour donner du volume à la parure ostentatoire du jour, une cérémonie d’hommage ne peut se faire sans un certain faste, la victime ducale dut passer jupon de tulle et corset étroitement sanglée. Enfin, Jeanne se vit parer de la robe à proprement parler. Aux couleurs de Langehack, le brocart de soie noire se rehaussait de quelques discrets motifs d’or de saison, semblable à des flocons de neige stylisés. Finalement, elle nicha ses pieds gainés de bas en soie dans les chaussures assorties à la tenue. Elle put ainsi s’asseoir alors qu’on passait à sa coiffure et au choix de ses bijoux.

Habituée au cérémonial, la demoiselle se montrait à présent parfaitement docile sans toutefois paraître spécialement enjouée à toutes les fanfreluches. Les domestiques avaient saisi que leurs babilles incessants ne la dérangeaient pas outre mesure tant qu’elle ne lui demandait point d’y participer. En pensée, Jeanne profitait toujours de ces instants où elle faisait plus office de poupée vivante que de souveraine pour faire ses comptes, faire le tri dans les informations ou mémoriser et ressasser un discours appris par cœur. D’une certaine manière, elle s’était glissée avec réconfort dans ces habitudes routinières d’une haute-noble. Malgré tout, elle songeait toujours avec une certaine nostalgie à l’époque où elle pouvait se laver, se vêtir et se coiffer avec l’aide unique de Michelle.

Une fois prête et satisfaite de sa mise, elle congédia les servantes pour s’accorder une seconde de solitude. Elle profitait de celle-ci pour glisser dans poches aménagées de ses manches, son éventail sur la gauche et un des poignards offerts par la baronne d’Olyssea à sa droite, une demoiselle bien-née n’est jamais assez prudente. Elle appela ensuite Vallès, son chambellan, et le Gardien des Reliques accompagné du Capitaine du Carré, sa garde personnelle, afin de finaliser sa tenue. Couronne et manteau ducal enfilés, en temps en heure, elle se dirigea ainsi escortée vers la salle du trône.

Une fois les deux lourdes portes franchies, elle fendit la foule de courtisans et autres nobliaux jusqu’au lourd trône dans le plus pur style langecin. Jeanne, toute duchesse qu’elle fut, s’inclina légèrement vers les Grands Prêtres de la Cité, présents sur le coté gauche d’estrade du trône. A sa droite, ses suivants prirent place avec les reliques. Gravissant les cinq marches la séparant du siège du pouvoir, elle se retourna ensuite vers sa cour qui se redressait après s’être dûment fendu des révérences d’usage. Sur les douze coups de midi, alors qu’on annonçait l’arrivée du Baron de Merval sans omettre le moindre de ses titres, la rosière ressassait une dernière fois les informations sur son vassal et les questions à lui poser lors de l’entrevue privé qui suivrait la cérémonie. Souriante, elle attendait comme le reste de la cour le regard rivé vers les portes qui s’ouvraient à nouveau.

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MessageSujet: Re: Cérémonie d'hommage du Baron de Merval   Cérémonie d'hommage du Baron de Merval I_icon_minitimeMar 7 Fév 2012 - 21:21



Certaines choses sont immuables. Pourtant, le roc lui-même par le temps se voit terrassé. Plus que le roc sans doute seraient les coutumes, les us et les traditions. Cléophas en était conscient et il était pour lui impossible de devenir Baron sans passer par quelques épreuves, dont l’utilité restait encore à prouver. Le fait est qu’il se voyait dans l’incapacité d’agir à cause de ce deuil. Long, lourd et lent deuil qui se devait de prendre place. Le Baron n’en avait cure et le peuple sans doute s’en fichait tout autant. Pourtant, Cléophas avait accordé aux esprits et aux Dieux tant de respect qu’il lui paraissait impossible de ne pas honorer Eulalie en tant que femme bien qu’il vît l’ancienne Baronne d’un sombre œil. Dans le Palais, les jours s’étiraient tant et si bien que l’on pensait que ces lieux étaient situés hors du temps, comme si une châsse de plomb venait préserver de ce temps si ravageur les figures qui demeuraient sous son ombre. Mais qui voudrait sincèrement régner en un tel royaume ? Le Baron, qui se plaisait à écouter des œuvres chorales se voyait privé de son seul loisir pour ce que nulle musique ne doit être jouée en période de deuil. Pis encore, la salle du trône se devait d’être plongée dans un silence olympien tandis que Cléophas ne pouvait seoir que sur un fauteuil des plus laids et rudimentaires suivant l’adage que l’on répétait couramment dans les dynasties de Merval « Les princes ne s’entretuent pas » et c’était s’ériger en assassin et en usurpateur que de s’asseoir sur un trône vacant de quelques heures. Il n’était pas même question de quitter la salle, afin qu’elle restât sous bonne garde. De cet étouffant protocole, le Baron souhaitait se libérer. Comme tous l’auraient souhaité…

Le trouble pourtant vint s’immiscer en ce havre morbide. Malgré toutes les contraintes que l’on imposait à ces quelques courtisans, l’on entendait ci et là quelques échos de murmures lointains. L’on se frottait les mains, l’on parcourait les grandes salles de long en large mais nul n’osait s’approcher du Baron, qui bien vite se rendit compte de l’étrangeté de la situation. Quittant son trône de bois mort, il demanda ce qui pouvait tant inquiéter sa Cour et il apprit qu’un noble voisin était parti en croisade contre un Roy qui, las de ses dignités, sentait de plus en plus le poids de la Couronne. A l’annonce de cette nouvelle, le Baron resta impassible. Il avait en horreur les êtres qui se dérobaient à leurs responsabilités et détestait plus encore ceux qui manquaient d’ambition. Et voilà que l’on confrontait un homme de force à un Roy dont la mollesse aurait pu surprendre bien des Hommes. Si d’aucuns préféraient rester dans leurs Palais et administrer leurs contrées en de pareils moments, Cléophas quant à lui n’avait plus qu’une obsession. Ecourter un deuil que nul ne respecte et aller rendre ses hommages à la Duchesse de Langehack. Cela lui permettrait de quitter ces lieux flottant entre vie et mort et aller s’entretenir auprès de sa Dame quant à la marche à suivre. Restent que bien des choses sont immuables. Et cela, il le savait…

Parmi les Mervalois, certains portaient Eulalie en leurs cœurs. Etaient-ils nombreux ? Pouvait-on quitter la Baronnie si tôt sans prendre le risque de voir un peuple se soulever ? Le Baron n’en savait rien. Après tout, il avait passé sa vie hors de ces terres et l’on ne pouvait décemment lui demander de connaître son peuple comme un père connaît son enfant. Cléophas ne souhaitait prendre de risques. Lui vint alors une idée. Quitter le Palais sous le couvert de la nuit, muni d’une escorte réduite et de tenues bien simples, puis rejoindre les bois avoisinants. Là, il attendrait que le rejoignent le reste de son escorte ainsi que ses carrosses et ses malles. C’est ainsi que vêtu d’une simple pelisse de laine indigo recouvrant une tunique du même, il rejoint à bord d’une voiture noire et sans insignes les bois baronniaux. Quatre hommes à cheval l’accompagnaient. Les lames de leurs rapières et les cimiers de leurs heaumes étaient couverts d’une matière aussi noire que la poix de sorte qu’ils ne puissent scintiller sous la lueur de la Lune. Une fois les bois atteints, l’on fit apporter l’ancien carrosse de la Baronne. Ce dernier était d’un mauvais goût manifeste. Quelques lourdes ciselures de laiton venaient rehausser une voiture d’un vert d’eau. Quant aux roues et à leurs rayons, ils étaient ocres. Certains voyaient cela comme une réinterprétation des tapisseries qui habillaient la salle du trône bien que lesdites tapisseries soient magnifiques. Préférant voyager à pieds plutôt que de parader dans un tel carrosse, le Baron le fit refaire. Sa voiture fut plus longue, plus haute et allégée des ciselures qui la tenaient au sol. Le bois devint pourpre comme la robe des grands princes tandis que les arêtes étaient d’un noir de suie. Quatre sculptures étaient posées sur les coins, venant décorer la voiture qui, sans elles, aurait paru être celle d’un modeste marchand. A l’avant étaient un soldat en armure de cérémonie, se reposant sur son épée et un érudit en tunique plissée, les mains croisées. Au dos en revanche étaient deux démons, le regard vers le sol, les veines apparentes, le visage effrayant. Lorsque l’on demandait au Baron la raison de ces statues, il répondit : « Je veux qu’en me voyant, le monde sache que je n’aspire qu’au savoir et aux faits d’armes glorieux et que ceux à qui je ferai face voient et ferveur et sagesse ; que je préfère laisser derrière moi les démons du passé et que ceux qui me médisent derrière mon dos n’aient pour autre réponse que celle-ci, pour ce que je ne daignerais les honorer de mon attention ». Sur la porte et sous les fenêtres à croisillons étaient peintes les armoiries du Baron de sable rehaussées d’argent. C’était cela : l’austère élégance. Tiré par un attelage de chevaux d’une robe grise, le carrosse rejoignit promptement les bois. Là, le Baron se défit de sa pelisse et préféra revêtir une tenue seyant plus à son rang. Une longue tunique de velours noir rehaussée de quelques fils d’argent de laquelle tombait un long pan de soie grise que Cléophas laissait pendre sur son bras gauche. Il n’y avait là rien d’ostentatoire et pourtant les tissus étaient si précieux que l’on savait qu’il était de la haute noblesse. Une couronne d’argent, celle des Barons, lui ceignait le front. Il ne voulait point impressionner la Duchesse, comme beaucoup se plaisaient à le faire. Sa seule ambition était de lui apparaître simplement et honnêtement sans pour autant l’outrager par une tenue trop indigne de ses demeures. Car telles sont les manières qui pourraient choquer un Prince, et car elles sont immuables le Baron lui-même ne pouvait y déroger…

Le trajet fut prompt. Près de seize chevaux tiraient la voiture. Escorte en tête, l’on faisait dégager les routes afin que le Baron ne fût point ralentir, de sorte qu’il lui suffit d’une révolution du Soleil pour atteindre le Palais de Langehack. Son arrivée dans la Cité fut marquée par le son de quelques aigres trompettes qu’avaient en mains les gardes baronniaux. Une légère quoique solennelle fanfare fut sonnée jusqu’à son arrivée au Palais. Sur le chemin, la foule amassée cherchait à savoir qui se cachait derrière de si timides richesses. Certains applaudissaient réjouis par la fanfare, d’autres souriaient. Le Baron lui restait caché derrière les vitraux à croisillons de son carrosse. L’index porté entre ses dents, il tentait de dissimuler son anxiété en le mordillant en tous sens, c’était là une de ses manies. La Duchesse restait la Dame de ces contrées, il lui devait allégeance, il se devait en toutes occasions de rester digne et humble face à elle. Ses longues années en Langehack lui permirent de connaître son histoire sans compter que la Duchesse vint rendre visite à sa famille il y a quelques années. Il se souvenait bien d’elle. Elle était frêle, elle était jeune et pourtant son œil semblait pétiller de caractère. Le carrosse sous une grande fanfare reprise par les cors de Langehack. Il est des choses immuables. Ce tel cérémonial l’était et continuerait de l’être…

Le carrosse pénétrait dans la cour du Palais. Les valets sautèrent de leur plateforme et vinrent ouvrir les portes de la voiture. De l’ombre sortit le soulier du Baron, une chaussure de cuir montée sur un talon haut et épais. Quelques arabesques argentées venaient décorer une boucle discrète. Cléophas émergeait discrètement et avec grandeur, simple et majestueux. Sa silhouette imposante était affinée par des tissus moirés et délicats. Venait l’annonce du prince, moment de grande solennité. Les gardes se débarrassaient de leurs capes poussiéreuses et entouraient Cléophas qui était précédé par un héraut. Quelques sons de trompettes et une voix haute portait ce message « Son Honneur Cléophas d’Angleroy, fils de Pancrace le Quatrième, héritier de Philémon le Beau, successeur de feue Eulalie de Merval, de jure et de facto Baron Indéniable et Légitime de Merval, patron de tous ses domaines et châtellenies par-delà les rives et les mers ; et preux, pieux et fervent vassal de Son Altesse Jeanne de Sephren, de jure et de facto Duchesse de Langehack ». Les portes s’ouvrirent en un grand fracas sur une salle plongée dans une lueur feutrée, où se mêlaient les prêtres et les nobles tous plus vêtus les uns que les autres. Tant d’opulence le rendait mal mais face à lui, la jeune Duchesse qui paraissait mal à l’aise sous ses fards, ses corsages et ses tissus. Il comprenait sa situation et, les yeux rivés vers elle, il entra dans la salle…avant que derrière lui ne se refermassent les lourdes portes.
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Jeanne de Sephren
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MessageSujet: Re: Cérémonie d'hommage du Baron de Merval   Cérémonie d'hommage du Baron de Merval I_icon_minitimeVen 17 Fév 2012 - 22:20

Jeanne enjoignit, d’un signe discret de la main, le nouveau baron à s’avancer vers elle. Certes, elle aurait préféré le rencontrer d’abord dans d’autres circonstances : pouvoir le féliciter pour son ascension sur le trône de Merval, se faire une idée sommaire du personnage, en privé. Hélas, le sort en avait décidé autrement. Les prêtres avaient déterminés la date et l’heure la plus adéquate et propice au serment de vassalité. La tradition exigeait une grande précision du moment des différentes cérémonies afin de bénéficier de l’appui des Dieux et de lier terre ou êtres sous les meilleurs auspices. Jusqu’au Voile, tous les grands événements s’étalaient selon le Grand Almanach, rédigé par un Collège de Savants des siècles plutôt. Or, avec l’apparition de la seconde lune, tous les calculs sur le positionnement des astres, les diverses théories quant à ce qu’était cette lune, tout avait été grandement compliqué. Les instants X permettant de satisfaire les caprices des différents clergés, courants de pensées se réduisaient à peau de chagrin et fixer une date précise pour les événements ducaux était devenu le sacerdoce d’un petit groupe d’érudits. De l’avis de Jeanne, la moitié de ceux-ci étaient une bande de charlatans plus intéressés par le fait d’avoir « une position » ou son oreille que par une réelle démarche religieuse ou ésotérique.

Tandis que le baron s’avançait vers elle, la cour babillait sous le couvert des éventails. Il était question de la prise du pouvoir du sieur, de la mort étrange d’Eulalie. On murmurait diverses rumeurs au sujet d’un complot et d’un empoisonnement. Bref, les nobles langecins s’attelaient à ce qu’ils faisaient le mieux : cancaner. Une fois qu’il fut arrivé au pied du trône, après la révérence d’usage, Jeanne étendit une main gracile vers lui pour l’inviter à la rejoindre. D’une voix forte afin d’être entendue de tous et faire taire l’incessant babille de ses gens, Jeanne salua Cléophas.

- Nous sommes ravies de vous accueillir au sein de notre demeure et notre duché, Sire. Malgré les tristes événements vous ayant mené au trône de Merval, nous nous réjouissons de votre ascension.

Plus bas, pour lui seul, elle murmura avec un sourire.

- Je vous prie de m’excuser de vous presser et ne pouvoir converser avec vous tranquillement avant cette cérémonie d’hommage. Mais les prêtres des Cinq Cultes ont déterminés que l’instant le plus propice était celui-ci, aussi nous nous devons de satisfaire à la tradition avant toute chose. Nous aurons le loisir de discuter ensemble une fois celle-ci terminée.

Elle présenta ensuite ses mains vers lui, paumes ouvertes afin d’accueillir les siennes lorsqu'il mettrait genou à terre. Elle reprit ensuite d’une voix plus forte, annonçant la formule consacrée.

- Devant Néera, Mère de tous les Hommes, et cette assemblée, voulez-vous, Cléophas d’Angleroy, devenir notre Homme et servir la Couronne ducale sans réserve ?

Avec une petite pensée agacée au souvenir de l’hommage du comte de Scylla, ce fichu bougre agaçant et inconvenant, elle attendit patiemment sa réponse.
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MessageSujet: Re: Cérémonie d'hommage du Baron de Merval   Cérémonie d'hommage du Baron de Merval I_icon_minitimeSam 25 Fév 2012 - 0:45

    Plus petit sera l’éventail, plus gros sera le mensonge
    Que n’étaient-ils pas tous faux. Leurs regards pervertis par la cancanerie alimentaient les pires rumeurs au sujet du Baron. Mais il était loin d’être sot et il avait même entendu dire qu’il avait fait verser dans le calice de feue Eulalie, quelques larmes d’un poison inodore pour la faire agoniser dans son lit. Ces bêtises le faisaient sourire et Cléophas était de ceux qui allaient autant les alimenter que les détruire. Après tout, ceux qui le croiront assez fourbe pour empoisonner une femme partageant son sang n’essaieraient pas de lui causer du tort. Et c’est ainsi qu’il avançait, fièrement, un petit sourire aux lèvres tandis que les mots d’assassin et de conspirateur étaient ça et là prononcés par une cour de roitelets irrespectueux et déchus, virevoltant autour d’un Soleil naissant et qui allait perdre de ses flammes s’il se laissait approcher par des astres si affamés. Mais Cléophas fut grandement surpris par la fermeté dont fit preuve la vierge Duchesse. De sa voix fluette et fébrile, elle fit taire tous les conspirateurs qui lui vouaient une funeste adoration. Elle avait su imposer son rang, son nom et son personnage et cela ne pouvait que plaire au Baron qui déjà voyait se dessiner les méandres de l’esprit de cette jeune enfant.

    Pour être de fer, n’en sommes-nous pas moins humains ?
    Bien qu’elle ait pu paraître d’une insolente tyrannie, la Duchesse Jeanne rattrapa son zèle en s’adressant avec douceur et courtoisie à Cléophas qui ne put que sourire. Bien des princes se fichent encore de leurs vassaux et pourraient les convoquer aux hautes heures de la nuit s’ils étaient insomniaques. Trop inquiète de ne le pas déranger, elle lui adressa un doux message, auquel il ne put que répondre, d’une douce voix, un sourire au coin de ses lèvres :

    « N’ayez crainte, je sais ce que sont les contraintes astrales et feue ma mère était versée dans l’art des étoiles. L’essentiel reste qu’en ce jour nous sommes tous deux réunis et sans doute est-ce mieux pour ce que le Royaume s’agite et gronde. L’urgence est parfois nécessaire, le plus souvent lorsque l’on ne le pense ».

    Il conclut alors, souriant et charmeur alors qu’elle lui présenta ses paumes. Son œil pétillant de jeunesse et éclatant de confiance ne pouvait qu’inviter son vassal à s’agenouiller, et prenant ses mains comme il était de coutume dans le rituel langecin, il inclina la tête. Retentit alors la grande question, dans un silence religieux. Les regards rivés vers Cléophas n’étaient plus ceux de colporteurs de mots douteux, mais exprimaient le doute et l’appréhension. Après le passage fracassant du Comte de Scylla, allait-il faire preuve d’autant d’extravagance si ce ne fut de l’insolence ? Ou allait-il simplement se complaire au cérémonial comme tout vassal digne de ce nom ? Pis encore, n’allait-il pas la défier d’une dague et l’assassiner comme certains chants disaient qu’il le fit avec Eulalie ? Qui aurait pu croire qu’en un moment d’une pareille banalité, la tension pût être palpable ? Sans compter que cette tension n’était en aucun cas prise en compte par le Baron ni par la Duchesse semblait-il.

    Laissons le peuple s’amuser et trembler
    Rien. Le silence total qui devenait de plus en plus pesant. Cléophas avait l’œil rivé sur la Duchesse, ses mains dans les siennes mais il ne souriait guère. Il ne faisait que la sonder et tentait de lire dans ses yeux toute émotion qu’ils pussent trahir. Les mains du Baron devinrent de glace, son regard devint d’acier, à genoux et droit devant la jeune Jeanne. Sa figure aurait pu être effrayante, comme celle des Princes dévots qui dans la pénombre, à la lueur de quelques candélabres et des rais de la Lune adressent leurs prières aux Dieux des défunts, dans une position figée et statuaire. Ne manquait à ce parangon de dévotion morbide qu’une litanie monotone pour qu’il parût comme envoyé par Tari. Ne lui manquaient que les attributs des morts et qu’un teint cadavérique pour qu’il effrayât l’assemblée. En l’espace d’une minute à peine son visage des plus avenants devint des plus inquiétants. Il paraissait comme en un autre lieu et l’on pût lui annoncer la mort de tous ses frères de sang ou d’épée qu’il n’aurait réagi, trop occupé à tenter de comprendre chaque fait, chaque geste qui trahirait l’inconfort ou l’assurance, la peur ou la confiance de Jeanne. Il allait lui jurer allégeance et c’était loin d’être un acte anodin. N’était-il pas logique pour le Baron que de savoir à qui il allait confier les terres qui lui revinrent par droit ? Et la couronne dont son front était ceint ? Contre toute attente, elle paraissait impassible malgré une faible pointe d’hésitation. L’attente sans doute mêlée à la tension de ses courtisans put l’induire en erreur. Mais elle était droite et sa main était ferme et stable. Le Baron décrispa son visage qui aussitôt parut lumineux comme le Soleil et décrocha son regard qui devint aussi clair que le Ciel d’été. Il souleva sa lèvre supérieure délicatement, montra ses dents galamment puis fit rouler ses doigts dans les paumes de la Duchesse avant de les saisir plus assurément.

    « Devant Néera, mère de tous les Hommes et cette assemblée, moi, Cléophas d’Angleroy, accepte de devenir votre homme et servir la couronne Ducale sans réserve. »

    Un soupir de soulagement s’empara de l’assemblée. Le Baron n’avait sur lui aucun poignard. La Duchesse le releva alors et elle put alors poursuivre la suite du cérémonial selon les lois qui l’établissaient. Cérémonial strict, archaïque, haïssable et poussiéreux mais qui avait un mérite : celui de rendre vassal un homme pétri de mauvaise volonté.
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Jeanne de Sephren
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MessageSujet: Re: Cérémonie d'hommage du Baron de Merval   Cérémonie d'hommage du Baron de Merval I_icon_minitimeSam 25 Fév 2012 - 17:57

L’attente. Entre tous les moments, c’était toujours cette attente interminable qui drainait les forces de la rosière. Rester calme, maitresse d’elle-même, garder le visage avenant et solennel à la fois, ne pas trop ciller pour ne pas paraître faible. Ne pas rougir quand elle devrait s’avancer pour baiser les lèvres de cet inconnu lors de l’osculum. Elle détestait vraiment cette nécessité de théâtralité à chaque instant, chaque passage de sa vie comme une mise en scène bien rôdé. Mais, elle composait avec. Pour le bien de son duché. Après tout, lui seul comptait.

Après le serment, elle le releva donc et s’avança vers lui. Se hissant un peu sur la pointe des pieds, il restait plus grand qu’elle, elle posa ses lèvres sur les siennes pour le baiser de vassalité rituel. Cela faisait longtemps qu’elle ne ressentait plus rien lors d’un échange aussi dénué de sentiments ou de chaleur véritable. Pas de papillon dans le ventre, pas de cœur battant la chamade. Rien qu’un simple effleurement de leurs lèvres. Elle veilla à ne pas le faire durer, ni à trop l’abréger. L’un comme l’autre aurait pu faire naître des rumeurs quant à leur relation – entre le futur mariage, une future bataille, un lien de luxure, seuls les Cinq savaient ce que la cour langecine serait capable d’inventer. –

Une fois l’acte terminé, elle recula d’un pas et fit venir les reliques langecines. L’épée d’Arren de Sephren et la trique d’Augustin de Langehack – un sceptre donc fortement ouvragé – furent portés aux cotés du baron. Il ne lui restait plus qu’à prêter son serment avant qu’elle ne le reconnaisse officiellement baron.
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MessageSujet: Re: Cérémonie d'hommage du Baron de Merval   Cérémonie d'hommage du Baron de Merval I_icon_minitimeMer 7 Mar 2012 - 22:10

    La fierté doit mourir devant l’intérêt.
    Le protocole et les cérémonies n’avaient aucun sens. Que lui restait-il à faire désormais ? Prêter un serment qu’il pourrait casser dès qu’il le souhaiterait. Après tout, qui allait l’empêcher de respecter son vœu ? La Duchesse, si elle était postée sur son piédestal n’en demeurait pas moins jeune et inexpérimentée. L’indulgence restait de mise pour ce que Jeanne n’avait eu de réelle occasion de montrer son autorité ou sa sagesse ou quelque autre vertu qu’elle cacherait. Son visage hâve, comme tous ceux de ses ancêtres, reflétait une singulière ingénuité. Qu’il était triste de voir que Langehack allait demeurer dans l’ombre de ses tissus. Tant de potentiel ainsi gâché par l’assurance de certaines qui crurent bénéfique de faire de cette terre naturellement prospère, un atelier de tisserand. Le Sud n’était plus aussi fier que jadis…pensez qu’en Soltariel l’on s’inquiète plus des bals, des roses et des poissons que l’on pêche que des guerres et qu’en Langehack l’on ne fait que penser à la guerre sans vouloir s’engager. Et lorsque l’on avait le malheur de lever une armée…l’on se révélait si incompétent que l’on en perdait des terres entières. Le nom d’Eulalie revenait sans cesse à l’esprit du Baron lorsqu’il songeait à l’échec et il souhaitait que la Duchesse ne fût pas semblable à feue la baronne. Ce serait forcer la trahison. Rien de bien étonnant que les rustres nordiques se soient rebellés. Le Roy, s’il se targuait de pouvoir créer des étincelles dans les paumes de sa main n’en était pas moins aveugle. Qu’avaient les Hommes à suivre des suzerains impotents ? Cléophas ne le savait aucunement. S’il connaissait les méandres de la politique et de sa stratégie, il avait bien du mal à comprendre l’aveuglement des peuples. Du moins, c’est ce qu’il prétendait.

    Tout œil convoite.
    Il ne faut aucunement être dupe, les prêtres ne le sont que parce qu’ils en tirent des pouvoirs et des bénéfices, les nobles ne le sont que parce que leur sang est pur et ne le restent que parce qu’ils se font forger d’assez lourdes armures. Quant aux nobliaux, ils le sont car ils craignent de n’être rien moins que des gueux et le restent car nul autre qu’eux ne s’intéresse à leur sort. Il n’est pas aisé de trouver un intérêt en tout, encore moins de le satisfaire. La sempiternelle quête qui consistait à flatter l’égo d’un puissant pour s’attirer ses faveurs n’était pas achevée. Bien au contraire. Le Baron allait être confronté aux réalités. Sa terre était peuplée mais n’avait aucune richesse. Ses ports étaient grands mais vides de navires. Ses landes étaient infinies mais couvertes de marais et de tourbières. Quant à ses cités, elles étaient aussi majestueuses que des capitales mais étaient couvertes de suie et ne couvraient que des vilains. Les moyens d’un Baron ne sont pas illimités, encore moins lorsque l’on hérite d’une terre aussi maudite que celle de la laide Morgause. Grâce aux Dieux, elle ne vécut pas assez longtemps pour répandre son venin et rendre stérile le pays Mervalois, pourtant bien ravagé par son horrible règne. La tâche était simple : persuader la Duchesse. Il serait malvenu de la convaincre. Si le Baron ne manquait pas de bons arguments, ces derniers devaient rester secrets au risque de les voir retournés contre lui. Ces arguments étaient résumés en un seul : Merval doit retrouver son faste d’antan. Rien de plus.

    Qu’importe l’intention tant que l’on obtient l’action.
    Un serment attendait-on de sa part. Ce serment. On ne savait pas même pourquoi l’on souhaitait l’entendre, une simple sécurité. C’était après tout un très bon moyen de se protéger des révoltes éventuelles. Rendons à la meute ce qui lui appartient, pensait le Baron et c’est la raison pour laquelle il prit la parole, fortement et s’adressa à l’audience plus qu’à la duchesse elle-même

    « Je vois que vous attendez ce moment. Messieurs qui restez tapis dans l’ombre de ce trône, n’ayez crainte. Sachez que cette rapière, brillant dans mon fourreau n’ira point vous ôter la vie à moins que vous n’eussiez commis un crime envers la personne de notre duchesse. Car il est certain que ma lame n’aura d’autre but que d’assurer la justice au nom du duché, que ma voix n’aura d’autre vocation que de prêcher la parole de la couronne ducale et que ma vie sera dévouée à sa protection. Tant que Merval aura un seigneur, Langehack ne sera jamais dirigée par un félon ou un cupide passionné. Messieurs dont les yeux brillent lorsque le trône est évoquée et dont le cœur palpite lorsque résonne le terme trahison : restez tapis dans l’ombre la plus profonde et élisez-y demeure, nous ne vous y chercherons point. Mais si l’éclat de vos poignards venait à éblouir mon œil, sachez que la pointe de mon épée ne ratera vos cœurs. Par la présente, je jure de protéger le Duché, de lui consacrer ma vie et jure d’en protéger la couronne et le sceptre. Je jure d’y appliquer la justice ducale et de défendre ses intérêts avant les miens. Puissent dans ma tâche, Néera et Tari m’être d’un grand secours. »

    La main tâchée de sang tremble devant tout corps sans vie.
    Son discours eut l’effet escompté. Le silence était encore plus pesant qu’avant et Cléophas ne put s’empêcher d’esquisser un mince sourire. Ces traits de patriotisme et de vertu avaient le pouvoir d’embarrasser ceux qui voyaient en eux un ennemi. Et bien des visages blêmirent dans l’assemblée, bien des mains se cachèrent, bien des regards se baissèrent. Les prêtres présents dans la salle et dont les mains étaient alourdies par l’or de leurs chevalières voyaient l’homme d’un œil mauvais. Mais Cléophas n’en avait cure pour ce que les prêtres n’avaient d’autre vocation que de distribuer aux princes une bonne conscience moyennant quelques souverains. Quant aux princes, ils ne leur accordaient de réelle importance : ils étaient relégués au même rang que les protocoles et cérémonials. Sous leurs robes et leurs coiffes, ils respiraient la vétusté et l’ordre immuable et l’on parlait d’eux comme l’on parle des traditions ancestrales dont on ne comprend guère l’utilité mais que l’on observe scrupuleusement. Les Hommes n’étaient pas des théocrates et les langecins, malgré leurs inclinations à la paix n’avaient rien de dévots. Le Baron le savait. Le Baron en riait bien qu’il gardât en mémoire ce frappant constat. Après tout, les campagnes inconscientes foncent dans les temples. Et ceux-ci pourraient révéler leur utilité bien assez tôt…
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Jeanne de Sephren
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MessageSujet: Re: Cérémonie d'hommage du Baron de Merval   Cérémonie d'hommage du Baron de Merval I_icon_minitimeMer 28 Mar 2012 - 16:33

Jeanne ne tergiversa que peu sur le contenu du sermon, il n’était plus l’heure à se pâmer pour l’irrévérence de certains propos, plus temps de s’offusquer qu’on s’en prenne à certains pique-assiette de sa cour. Au-délà de cela, il y avait un certain accord avec les dires qui la poussait à ne pas réagir autrement que par un simple sourire et geste autoritaire afin de faire taire le babille naissant.

Vallès recula d’un pas avec les reliques, les déposa sur un coussin de soie dans les mains du Grand Trésorier. Sur un autre, il prit l’anneau d’or baronnial serti d’une émeraude, un ouvrage résolument fait pour être porter par un homme, commandé à un joaillier prestigieux de la place. Tandis que la duchesse passait l’anneau à la main du baron, toujours selon la coutume, il s’empara d’un coffret de bois sombre frappé des armoiries des Sephren et de celles d’Angleroy. Au creux du coffret, la tradition plaçait un peu de terre que le suzerain offrait à son vassal. Cependant, seul entorse réelle à la tradition, le baron trouvera un produit typique de Merval niché sur la soie. Dans un flacon ouvragé et veinuré d’or, une eau-de-vie de pomme mervalloise prenait place. Personnaliser ce genre de détail tenait tout simplement à un coté maniaque et féminin de la duchesse qui aimait à faire chaque chose méticuleusement.

Une fois Cléophas présenté comme baron de Merval à la cour, les courbettes d’usage faites, la duchesse au bras de celui-ci fendit la foule. Après quelques détours dans les couloirs du palais, le « couple » gagna le bureau de la jeune rosière.

*****

Contrairement à la salle du trône naturellement doté d’un faste somptueux, la pièce avait regagné un visage certes confortable, mais résolument plus pratique. Sur le bureau de bois massif trônait quelques livres de loi. Au mur, les bibliothèques garnis d’ouvrages constituaient la majorité de l’ornementation. Malgré tout du luxe langecin persistait une merveilleuse tapisserie et un vitrail proche du chef-d’œuvre. La fenêtre multicolore égrainait l’histoire victorieuse du Duché Langecin boutant hors de leurs terres les Pharétans tandis que la tapisserie récente représentait simplement l’arbre de la double-lignée Sephren-Langehack.

D’un geste courtois, Jeanne invita Cléophas à prendre place sur un siège rembourré et confortable. Avant de disposer le Chambellan, le Grand Trésorier et le Capitaine de la garde libérèrent la demoiselle du fardeau de la couronne, du manteau et différents apparats du pouvoir. Un domestique apporta du vin et servit les deux nobles avant de disposer avec le reste de la clique de suivants. Désormais seuls, la duchesse adressa un sourire à son vassal avant de prendre une gorgée de vin et s’installer à son tour. Pour la petite anecdote, la carafe n’était évidemment pas empoisonnée. Ceci dit, suite à sa mésaventure avec le porcin Ivrey, une seconde additionnée d’un gentil somnifère n’attendait plus qu’un ordre pour être servi. Pas question de se taper une seconde fois tout un monologue de plusieurs heures ! Après un peu de silence bienvenue après l’éreintante épreuve de la cérémonie d’hommage, la jeune femme reprit finalement la parole.

- Je vous prie encore une fois de m’excuser de vous avoir directement jeté en pâture au cérémonial d’usage. Hélas, comme dit tout à l’heure, les prêtres et les autres oracles ont leur raison que nous ne pouvons pas toujours ignorées. J’espère que vous avez fait bon voyage. Peut-être voudriez-vous prendre quelques nourritures pendant que nous discutons. Un seul mot de votre part et quelques victuailles vous seront servies afin de patienter jusqu’au banquet en votre honneur.

Selon la réponse du sieur, Jeanne sonnera ou non un domestique afin de faire mander un plateau couvert par quelques tranches de viandes, pain et fruits. Elle enchaîna toutefois sur la raison la plus intéressante de leur présence ici.

- Nous aurons le loisir de faire plus ample connaissance tout à l’heure, alors passons directement à la question importante : Quels sont vos projets pour Merval et vos aspirations en tant que baron ?
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MessageSujet: Re: Cérémonie d'hommage du Baron de Merval   Cérémonie d'hommage du Baron de Merval I_icon_minitimeSam 31 Mar 2012 - 19:09

    Les trompettes sonnent aigres.
    La petite tirade du Baron était restée au travers de la gorge de bien des hommes dans l’audience. Cléophas n’y portait pas d’intérêt, il se focalisait sur la Duchesse, la douce Jeanne. Elle n’avait rien de doux pour dire vrai et elle ne manqua pas de rasseoir son autorité. Faisant taire d’un geste les hululements des loups, elle décida d’accélérer le cérémonial. En hâte l’on apporta les reliques et l’on passa à la main du Baron une chevalière de plus qui vint recouvrir les autres de son éclat. Puis l’on amena la traditionnelle motte de terre et Cléophas découvrit dans le coffret une petite fiole mervaloise remplie d’alcool de pomme. Si le Baron reconnaissait aux Merval une utilité, ce fut sans doute cette eau de vie dont la présentation délicate tranchait avec sa force. Devant ce présent, pourtant issu des terres mêmes du Baron, Cléophas resta sans voix. Son regard se figea sur le présent qu’il fut le seul à remarquer puis leva les yeux vers la Duchesse qui arborait un charmant sourire. Son visage se crispa soudain et le cérémonial continua en maints usages archaïques. Avant ce jour, Cléophas n’était Baron que de jure. A partir de ce moment, il l’était de facto et avec sa nomination venaient la richesse de la terre et la force de ses armées. Il ne pensait pas les utiliser mais les malebouches n’en savaient rien et le Baron ne comptait pas les soulager de ce doute.

    Le fardeau des Rois.
    Cléophas fut conduit dans les appartements ducaux. Là, il put admirer la discrète splendeur qui avait fait de Langehack un duché si admirable. Cette beauté si secrète qui faisait que l’on appréciait des lieux sans en savoir la raison. Les souvenirs de son enfance en pays langecin lui revinrent…Ses parents avaient toujours apprécié la famille régnante et il n’était pas un Sephren qui n’avait reçu l’approbation des Corvall. Kazil, Aaran, Ashénie et Esidenir, tous avaient préservé leur pays du tumulte de la guerre. Sans doute car ce sanctuaire qui n’était qu’un simple bureau appelait à l’élévation et vous plaçait sous le poids des aïeux. Quelconque prince ici paraissait dérisoire sous l’immense tapisserie généalogique qui s’étendait sur de larges murs et dont les noms étaient éclairés par les chaudes couleurs du vitrail, plus monumental encore. La duchesse avait sans doute entendu la réputation de ses aïeux après tout, son éducation était basée sur icelle. Tout cet apparat lui pesait…tant d’ailleurs qu’elle fit venir ses conseillers pour la décharger de ce fardeau. Cléophas, encore debout et en retrait observait la cérémonie, fasciné et amusé par elle. L’enfant se sentait des ailes alors que l’on lui ôtait sa fourrure et le rouge de ses joues pâlissait à mesure que l’air qui ondulait sous les voûtes la rafraichissait. Il attendit par courtoisie qu’elle s’assît avant de prendre place sur le fauteuil amarante qu’elle lui proposa. D’un geste discret, elle fit venir un page qui s’empressa de remplir deux coupes d’un vin plus rouge que le sang. Si en d’autres terres il aurait préféré s’abstenir et boire son propre vin, il n’avait rien à craindre des Sephren. La remerciant d’un signe de la tête, il se saisit de la coupe et la porta doucement à ses lèvres, lesquelles, à peine entrouvertes, laissèrent couler une gorgée de l’élixir. Là où d’autres auraient bruyamment dégluti, Cléophas ne se fit pas remarquer. Reposant délicatement le calice, il entendit la Duchesse, soucieuse, lui proposer quelques mets. Que n’aimait-il pas cette délicate maladresse propre aux femmes qui régnaient. Manger devant une princesse était irrespectueux et de fait, il déclina poliment l’offre de la Duchesse.

    « J’apprécie votre souci mais n’ayez cas de ma faim. Celle-ci ne se manifeste qu’en des lieux propices à la fête et aux banquets, le nectar me contente amplement aux autres moments. Quant à ces cérémonials, je comprends le protocole qui vous enserre et que bien des nobles doivent subir. C’est là le prix à payer pour tant de richesse et de pouvoir. La religion a toujours été sacrée en nos terres et je ne la renierais pas, fût-ce pour apaiser mon tempérament. Il n’aura qu’à s’y habituer. »

    Dans l’intimité les langues se délient.
    Ceci dit, l’on pouvait aborder de choses plus intéressantes ou du moins plus importantes. La politique du Duché et de la Baronnie. La question de Jeanne était dénuée de toute ambiguïté et était teintée d’un certain académisme. Elle s’essoufflait à mesure que l’on la répétait et elle portait avec elle l’épreuve de tous les autres seigneurs qui y furent soumis. Les projets pour Merval n’étaient pas plus clairs que ne l’était sa création et le Baron ne comptait pas déroger à la règle tacite qui avait imposé aux Mervalois de se retirer dans la torpeur et le silence. Cléophas avait besoin du soutien de sa Duchesse, en hommes et en or et la transparence était nécessaire à cela.

    « Sachez, votre Altesse, que je n’ai que deux grands projets de vie. Œuvrer pour le bien du Royaume et du Duché et rendre à Merval son ancienne beauté. Les archives qui mourraient dans nos étagères nous ont informés de son lustre du temps des Pharétans. Plans, dessins, esquisses s’accolaient aux montants divers. Avec le temps et les princesses successives, l’on en oublia jusque les richesses de nos sols, de nos champs et de nos montagnes. J’ai déjà rouvert bien des chantiers laissés à l’abandon et nos ouvriers reprennent les projets colossaux qu’avaient entrepris nos ancêtres. Merval brillera à nouveau. En cela j’aurais éventuellement besoin de votre soutien. Mes chantiers s’engorgent et d’autres sont vides...Pour ce que je sais que le pays langecin est calme, j’aurais voulu savoir si certaines de vos ouailles pourraient éventuellement traverser les rivières et forêts qui nous séparent afin que plus de mains travaillassent au renforcement de Merval. Vous n’aurez qu’à y gagner…jadis, devant les armées qui envahissaient nos terres, nos seigneurs servirent de défenseurs et nos terres étaient une égide contre laquelle se brisaient les légions hostiles. Voilà mes projets, en espérant que vous les approuverez ».

    Gardons le secret.
    Rien à dire de plus. Cela était grandement suffisant et suffisamment vrai pour que l’on vît le Baron d’un bon œil. Ce n’est pas que l’on avait à le voir d’une triste façon mais beaucoup auraient imputé à Cléophas de terribles faits, la mort d’Eulalie étant le premier. Si depuis son investiture il avait redonné son souffle à Merval, il espérait lui offrir plus qu’une respiration…un air neuf.
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MessageSujet: Re: Cérémonie d'hommage du Baron de Merval   Cérémonie d'hommage du Baron de Merval I_icon_minitimeJeu 5 Avr 2012 - 3:39

Confortablement installée sur son siège, la rosière écouta chaque mot avec attention. Sirotant son verre de vin, elle hochait parfois la tête très légèrement pour approuver certains passages de la diatribe. Finalement, elle prit la parole à son tour.

- Me voilà fort ravie de constater que la voie choisie correspond à mes propres désirs. En ce qui concerne la main d’œuvre non-qualifiée, laissons-en nos chambellans discuter entre eux. Certaines conséquences du Voile se faisant encore ressentir, ils devraient rapidement trouver quelques serfs pour mener à bien vos constructions.

Elle marqua une pause rapide.

- Nous n’avions jamais eu la chance de vous recevoir au palais. De fait, vous n’avez guère eu le loisir d’admirer les différents changements que nous y avons apportés. Nous vous conseillons toutefois de faire appel aux artisans que nous avons employés. Nous les avons soigneusement sélectionnés et chacun d’eux est un maître en son domaine. Les travaux ici seront terminés sous vingtaine et ces braves artisans seront sans doute ravis de venir renforcer vos propres équipes. Encore une fois, laissons nos chambellans régler les détails d’ordres pratiques. Malgré tout, je serais ravie d’avoir l’occasion de lire un rapport plus détaillés sur ces différents projets.

Après une nouvelle gorgée de vin, elle enchaîna.

- Vous n’êtes naturellement pas sans connaître l’accroissement du brigandage sur les diverses routes du Royaume. Cette situation inquiétante n’a que trop perturbé la circulation des marchandises et le commerce. Aussi, nous souhaiterions mettre en place différents plans pour diminuer les risques encourus par les voyageurs sur les terres de notre Duché. Nous souhaiterions que Merval, ainsi que nos autres terres vassales naturellement, alloue quelques soldats supplémentaires à la surveillance des routes.

Presque machinalement, elle haussa légèrement une main comme pour arrêter une éventuelle répartie ou simplement pour marquer son intention à nuancer son propos.

- Nous savons évidemment que cela ne suffira pas à endiguer la menace et qu’il serait très difficile de surveiller toutes les routes. Pour palier à cela, nous avons pensé à encourager l’échange via voie maritime. Dans les prochains mois, nous avons prévu de nous rendre dans les principaux ports du Bassin olien, plus particulièrement autour du Golfe du Médian, afin de négocier l’ouverture de différents comptoirs langecins pour faciliter celui-ci, ainsi que d’autres traités inhérents à notre désir de voir refleurir le commerce avec des partenaires depuis trop longtemps mis de coté.

Elle esquissa un vague sourire.

- Naturellement, nous n’oublions pas le risque d’une attaque par un navire pirate. Toutefois, comparativement au risque lié aux pertes par une attaque de convoi terrestre, celui-ci est moindre.

Dévisageant son interlocuteur, avec le regard de l’habituée à traiter avec l’un ou l’autre prince-marchand ou gérant d’une grande corporation, elle posa « ses exigences » sur le tapis.

- De fait, nous souhaiterions, tout d’abord, ouvrir un comptoir marchand dans votre plus grand port. Là, les corporations langecines pourraient travailler main dans la main avec les établissements locaux ou ouvrir une branche mervalloise selon les domaines concernées. Réciproquement, nous souhaiterions voir s’épanouir un comptoir mervallois à Leliande. Afin de faciliter l’entreprise, nous souhaiterions que vous nommiez un émissaire de votre choix afin de coopérer avec le notre pour les détails plus triviaux.

Deux doigts posés sur le pied de sa coupe, elle la replaça avec un soupçon de maniaquerie, en face d’elle et, d’un nouveau sourire, lui céda la parole.
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MessageSujet: Re: Cérémonie d'hommage du Baron de Merval   Cérémonie d'hommage du Baron de Merval I_icon_minitimeMar 17 Avr 2012 - 2:54

    Les femmes savent rugir.
    Le Baron avait plaisir à écouter la Duchesse. Cette dernière avait en elle la grâce des princesses de Langehack, les plus raffinées de tout le royaume et qui outrepassaient en toutes choses les reines qui siégeaient à la capitale. La dame était autoritaire et ne souffrait guère qu’on tentât de l’interrompre et ainsi, alors que la lumière se déplaçait lentement dans la salle et créait un halo autour de la Duchesse, elle lui exposa ses plans. Claire et précise elle était et sa diction alors suave devint aussi mécanique que ses idées. Le Baron croyait entendre à chacune de ses phrases une épée frappant le marbre d’une colonne, un marteau frappant l’acier chaud, un maillet frappant l’ébène d’un bureau. Elle savait l’art d’exposer, connaissait encore mieux la portée de son bras et chaque idée qu’elle exposait, elle l’appuyait d’une gorgée de liqueur. Cléophas était souriant en la regardant et il étudiait chacun de ses mouvements : ses yeux ne papillonnaient guère et son regard ne changea que lorsqu’elle récita du ton qu’adoptent les négociants dans les ports un texte qu’elle avait sans doute appris ; son poing serrait plus ou moins fort le calice qu’elle tenait ; ses gorgées plus ou moins difficilement avalées. La Duchesse avait beau être jeune, elle savait exactement où elle allait et rares étaient les princes qui étaient dotés de cette qualité…si tant est que c’en soit une. Nul n’aurait pu dire toutefois si la direction qu’elle choisissait était la bonne et si les Dieux le savaient, leurs oracles se tairaient.

    Les routes se croisent.
    Elle avait fini par se taire, attendant la réponse de son vassal. D’un lent mouvement, Cléophas saisit entre ses doigts un souverain qui dépassait d’une bourse de cuir entrouverte, jetée sur le bureau avec hâte. Il la faisait rouler entre ses doigts et regardait la Duchesse, un sourire accroché aux lèvres et, arborant une assurance digne des rois il répondit à sa requête, prolongeant chacun de ses mots.

    « J’entends…votre Altesse que vous ayez besoin d’hommes. Le voyage fut serein pourtant mes gardes me firent part de leurs inquiétudes et je crains que les routes de Langehack ne soient plus aussi sûres qu’elles ne l’étaient. Le…brigandage…est en effet un fléau et il est bien plus dangereux pour nos terres que les sauterelles ne le sont aux blés. Toutefois, les temps ne sont pas propices à la paix et je ne puis laisser mon fief sans défense…les murs et les marais ne suffisent pas à anéantir une armée. Pour autant, je suis d’accord de vous laisser une centaine de mes hommes, ils suffiront sans doute à patrouiller entre votre capitale et la mienne. Je ne me méprends pas quant à la situation, ces…efforts ne seront pas suffisants. La menace ne saurait être endiguée qu’aux moyens de chevauchées efficaces. Ces bandits doivent bien vivre quelque part… »

    Fixant sa pièce, il la fit disparaître et réapparaitre dans son autre main par quelque astuce dont il avait le secret. Il leva alors les yeux et regarda la Duchesse, toujours en souriant. Ce fut alors qu’il laissa rouler la pièce sur le bureau massif et qu’il soupira largement tandis qu’il se levait. Le Baron fit quelque pas dans la salle, caressa une des colonnes et regarda longtemps le vitrail ouvragé, image de la grandeur des langecins. Le Baron laissa ses yeux tomber sur une grande étoffe de soie, coulant d’un guéridon de bois noir. Posant dessus sa coupe, il tâta le tissu : il était lourd mais paraissait d’une grande finesse et les reflets du Soleil ondulaient sur sa surface comme les danseuses de l’Estrévent.

    « Vos soieries sont belles…en Merval ce sont des voiles que nous produisons. Nos chantiers navals voient se dresser des mâts et des coques et nos quais ne désemplissent guère. Le petit port doit accueillir de temps à autres des navires marchands qui ne trouvent dans le grand de place disponible. Cela doit faire grand temps que vous n’avez pas mis les pieds dans ma cité. Le port sent la naphte et le chanvre ; les épices et le bois ; l’iode et le vin. J’avais pensé comme vous…les Dieux nous ont offert un océan calme seulement ridé par les alizés. Mon ambassadeur devait lui-aussi rejoindre les cités qui s’ouvrent sur le Golfe…et cela me donne une idée. N’embarrassons guère nos futurs partenaires de mille émissaires et je doute que leurs quais soient assez larges pour accueillir autant d’ambassades, de comptoirs, de halles. Ne pensez-vous guère qu’il serait préférable de nos négociants qu’ils arborassent une commune bannière ? »

    Il laissa tomber l’étoffe et se rassit auprès de sa souveraine tout en sommant une page cachée dans l’ombre de remplir sa coupe d’un peu de ce vin si doux que la Duchesse avait sans doute fait venir du pays hautvalois. Le Baron la regardait, fixement et rajoutait à son discours les réponses qui furent laissées en suspens en gardant l’assurance dont il avait fait preuve.

    « Mes émissaires ont bien des choses à dire et ils négocieront certainement ces quelques affaires bien que je sois certain que nous gagnerions tout à avoir nos navires ralliés sous la même bannière. Nos partenaires le souhaiteront cela me paraît évident quant aux pirates, j’en connais bien peu qui naviguent dans le Golfe. Ces vermines rôdent autour de Meca et s’y cantonnent, les mers qu’on ne connaît guère sont traîtresses et ils le savent. Les seuls qui battraient un pavillon noir sur ces flots seraient de simples benêts et la simple vue de mille vaisseaux identiques suffirait à les faire rejoindre leurs congénères de l’autre côté de la péninsule. Laissons aux Ydrilotes le soin de s’occuper de ceux avec qui ils partagent leurs rives. Nous avons assez des bandits écumant nos champs et les Dieux furent assez cléments pour reconnaître la justice de notre cause et je sais qu’ils feront faillir les ennemis qui se trouveraient sur notre voie. Ne les craignons guère votre Altesse…nous avons Néera, nous avons l’or, nous avons le vin…qu’importent les malfrats. »

    Cléophas conclut en riant et vida sa coupe qu’il reposa aussitôt avec autant de manières que le fit la Duchesse.

    L’horizon maritime est infini.
    Le Baron avait exposé son plan et n’attendait de la Duchesse que son approbation. La jeune enfant aurait-elle pu décemment refuser ce qui paraissait aussi sensé ? Le cœur du royaume. Langehack était l’organe qui injectait en chaque fief assez d’or pour le faire subsister et chaque route, chaque caravane, chaque marchand, négociant, comptoir ou caravansérail servait d’artère comme de veine, vaisseaux fins et presque invisibles qui étaient tous dépendants de cet organe dont la mort aurait suffi à étouffer le royaume dans son entièreté.


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Jeanne de Sephren
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MessageSujet: Re: Cérémonie d'hommage du Baron de Merval   Cérémonie d'hommage du Baron de Merval I_icon_minitimeMar 8 Mai 2012 - 0:25

- Nous ne parlions pas d’allouer de vos soldats sur nos terres. Grâce à notre réforme d’il y a quatre ans, nos armées ne sont jamais aussi bien portés. Nous sous-entendions de vous voir allouer une partie de vos troupes à une surveillance plus assidus de nos routes commerciales sur vos propres terres.

Le temps d’une pause, elle esquissa un sourire avant de reprendre le masque sérieux qui seyait le mieux à cette discussion.

- Toutefois, vous avez également raison. Trouver la source des maux serait le plus efficace. Nous allons mandater des hommes en ce sens. Seriez-vous disposé à fournir quelques lettres de gage qui permettront aux hommes choisis d’également enquêter sur vos terres sans être indisposés de trop de… paperasserie ?

Du regard, elle fixait tour à tour la pièce qu’il faisait disparaître et réapparaître avant de remonter vers les prunelles du sieur. Un moyen de focaliser son attention et ne pas laisser transparaître ses émotions ? Ou un moyen de détourner son attention à elle d’autre chose ? Difficile de cerner l’exacte utilité. Toutefois, cela avait-il une réelle importance.

- Nous souhaitions également limiter au maximum les différents partenaires dans cette entreprise. Une bannière commune… mmh…

Elle tapota lentement le bois du bout des ongles, le temps de réfléchir une minute.

- Nous aurions pu nous servir des cendres de la Corporation Marchande. Cependant, le modèle a montré quelques faiblesses, contrairement aux Comptoirs Noblegriffon. Certes, depuis la « disparition » de Katalina Noblegriffon, le lustre de ceux-ci s’est quelque peu affadi, mais nous pourrions nous servir des enseignements tirés. Les Comptoirs du Golfe, régi par les émissaires directs des Seigneurs adhérant à ce traité commercial ou siégeant eux-mêmes lors de décisions plus importantes et conflictuelles. Oui, cela peut fonctionner ainsi.

Si tout semblait se dérouler sans le moindre accroc jusque là, il fallut qu’il pose à nouveau sur le tapis la question pirate. Etonnée par la « naïveté » de son vassal, Jeanne en fronça très légèrement les sourcils avant de le gourmander d’un ton badin.

- Croire que les pirates se cantonnent à Meca est similaire à prétendre que les tempêtes sur une terre voisine s’arrêteront à nos frontières. Qui plus est, outre les célèbres pirates de l’Ile, vous omettez ceux de Thaar. Certes, le nid de vermines est moins imposant mais reste une menace constante. Quant aux milles navires pour cette entreprise, cela relève d’une douce utopie. Nous pourrons déjà nous estimer satisfaits si nous gagnons une cinquante de navires en convainquant tous les seigneurs du Golfe.

Levant son verre toutefois, elle conclut.

- L’affaire est donc réglée. Mandons nos conseillers de finaliser l’accord et préparer rapidement l’ouverture de nos comptoirs régionaux respectifs. D’ici deux mois, nous souhaitons que les premiers navires sillonnent le long de nos côtes. Nous devons nous rendre dans le nord, à Odélian afin de régler la querelle avec Missède au sujet d’Isgaard. Nous en profiterons pour obtenir l’accord du baron d’Etherna pour Seram et également celui de la Comtesse Clélia d’Olyssea pour Sharas. Pourriez-vous vous charger du Baron d’Ancenis pour Berdes ? Une fois, les traités préalables signés, nous donnerons ici-même conseil pour finaliser la création de cette « union » commerciale. Cela vous semble-il convenable ?
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Cléophas d'Angleroy
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MessageSujet: Re: Cérémonie d'hommage du Baron de Merval   Cérémonie d'hommage du Baron de Merval I_icon_minitimeMer 9 Mai 2012 - 1:36

    Les frontières n’existent que pour être traversées.
    Lorsque la Duchesse apprit à Cléophas qu’il avait mal compris sa pensée, ce dernier ne sourcilla guère. Là où d’aucuns verraient une atteinte à leur honneur et se feraient les ambassadeurs d’une ire puérile et inconsciente, le Baron resta simple et se contenta d’esquisser un mince sourire en gage de réponse. Qui était-il à la brusquer dans ses raisonnements, cette jeune Duchesse qui paraissait une brindille lorsqu’elle seyait sur le trône ? Alors il ne dit rien et écouta longuement ses dires, acquiesçant souvent, approuvant parfois. A dire vrai, ses pensées étaient bien enclines à s’évader et les discussions tantôt intéressantes se révélèrent fort hypnagogiques ; n’étaient ces volumes empilés qui éveillaient l’intérêt du Baron. Une tranche de maroquin concentra ses pensées et il fut lire le mot « potions » inscrit en lettres dorées. Les langecins s’étaient faits maîtres dans l’art de tisser mais il fut étrange aux yeux de Cléophas de trouver un tel ouvrage dans les appartements d’une si jeune suzeraine. Que n’était-elle pas jeune et candide…que l’on croyait du moins ! Déjà parlait-elle de frontières et d’investigations en tous genres. Il était vrai que le pays langecin avait récemment été la proie de troupes de bandits, qui n’avaient pas l’air d’être unis sous la même bannière tant leurs méthodes étaient hasardeuses. Le Baron lui-même, alors qu’il se rendait dans la capitale, dut faire face à quelques-uns de ces hallefessiers qui, devant la surenchère d’épées, de flamberges et d’écus préférèrent disparaître dans les bois plutôt que de passer aux armes. Des couards qu’ils étaient et sans doute était-ce là bien suffisant. Les lâches sont peu enclins à oser attaquer les grandes demeures, les grandes lignées et se contentant de maigres butins ne devaient sans doute pas errer longuement. Les plus braves d’entre eux se risquaient à quelques rapines mais qu’a-t-o-n à dérober à un paysan dont la seule rente est celle qu’il reçoit du châtelain ? Ce n’est pas tant qu’ils étaient un danger qu’ils étaient dérangeants et bien des marchands hésitaient en ces heures à progresser le long des routes langecines. Cela n’aurait pas intéressé le Baron si ce n’était que ses routes étaient pour la plupart dirigées vers la cité marchande et qu’elles se vidaient à leur tour. La flamme langecine commençait à s’affaiblir et toutes les phalènes qui autour volaient en nuées, désormais allaient trouver une autre torche à lécher.

    « Ma dame, soyez assurée que mes routes sont sûres. Peu nombreuses qu’elles sont, elles voient les soldats en mailles se substituer aux arbres qui les bordent ; et les Dieux m’ont présenté une terre riche de murailles que je n’ai pas à bâtir. Au Nord les monts me protègent de mes ennemis quant à l’Ouest, c’est une bande d’étangs profonds et de tourbes qui retardent tout mécréant cherchant à heurter mes gens. De crainte je ne suis pas investi et déjà les budgets que j’alloue à la protection de mes routes est grand ; sans qu’il ne soit encore grossi inutilement. C’est de vigilance dont il faudra redoubler et de cela je ne manque point. J’ai mille yeux et mille oreilles qui voient et entendent là où je ne le puis. Du reste, les hommes qui porteront les couleurs de votre maison n’auront pas à être inquiétés, il leur suffira de présenter mes lettres aux fortins qui contrôlent mes routes et aux gardes qui veillent sur mes bourgs. Sachez cependant qu’en cas d’excès inappropriés, ils seront immédiatement portés devant votre justice. Bien que j’éprouve un grand respect vis-à-vis de votre personne, je ne tolèrerai d’écart dans mes terres, fussent-ils proférés par les princes les plus vantés qu’aient pu engendrer les cieux. »

    Richesse et discrétion souvent se querellent.
    De toutes les vertus que l’on dota la duchesse, la prudence fut sans doute celle qui aurait pu la mener à sa perte. Du moins, certains pourraient le penser mais il s’avère qu’elle fut maîtresse dans l’art de changer de pensée aussi prestement que s’élèvent les scélérates dans l’onde océane. Et d’océan il était question, cette immensité indomptable qui n’attendait qu’à l’être. Les plus grandes routes n’étaient pas pavées de marbre mais étaient sans cesse ridées par le souffle du vent et caressées par la crayeuse écume. Les bardes et les troubadours chantaient sans répit les grandeurs de l’empire pharétan et des montagnes entières qui furent aplanies sous le poids des armées. Nuls doutes que ce ne furent qu’exagérations artistiques pourtant la simple image de ces légions étincelantes suffisait à éveiller dans le cœur du Baron une sensation de bien-être. Ces temps étaient ceux du mythe plus que de l’histoire et peut-être ces colonnes n’étaient-elles faites que de simples miliciens armées de lances et de scythes. Mais l’océan était lui infini et les chants qui vantaient son immensité jamais n’auraient pu se fourvoyer. L’Eris grondait de l’autre côté de la péninsule et son inhospitalité le rendait aussi effrayant qu’un désert aride où rien ni nul ne survivait. L’Olien cachait une puissance imperscrutable, dissimulée sous ses flots d’encre immobile. Les voiles avaient beau parcourir ses côtes, l’on ne dépassait guère le simple cabotage et l’immensité que formait le Golfe était vide de tout bâtiment. La méfiance n’était pas de mise et les krakens –que certains purent craindre- n’étaient rien à menacer une pareille entreprise.

    « J’entends votre scepticisme, toutefois je crains que seuls nous ne puissions redonner à ce Golfe l’importance qu’il eut il y a d’autres temps. Quant à ces comptoirs, ils ont en effet sombré dans l’oubli ce que, je regrette hélas, tant leur importance était grande. Vous souvient-il de ce temps où les caravanes allaient toutes s’approvisionner aux comptoirs ? Il n’était pas un marchand qui n’y soit pas allé et chacun qui y laissait ses marchandises était certain de voir ses gains doubler sinon plus tant les comptoirs étaient nombreux. Peut-être étiez-vous encore jeune et ne vous souciiez guère des commerces et des routes. Je m’en souviens pour ma part et ce temps était beau. Le prestige des comptoirs ne s’est pas qu’affadi ma dame, il est agonisant et sur les routes bien des marchands préfèrent s’arrêter dans quelque auberge et installer leurs étals ci et là plutôt que de faire confiance aux Noblegriffon. J’entends, avec votre accord, redorer le blason de cette ancienne institution et j’ai eu vent de bien des choses tant et si bien que je compte laisser quelques-uns de mes hommes dans votre cité afin de régler quelques détails à ce sujet. Soyez certaine qu’ils ne feront rien de préjudiciable et quand bien même vous douteriez de leurs vœux, alors laissez-moi leur confisquer leurs lames et leurs potions. Ils n’auront pour seule mission que de retrouver un certain homme latitant dont le nom et les liens suffiraient à rebâtir chaque comptoir qui est tombé. Nos comptoirs porteront nos couleurs, toutes réunies sans distinction de titre ou de richesse. Nous aurons nos sièges et chacune de nos voix comptera pour elle-même. L’épée sera prohibée et quiconque viendrait à la tirer contre un autre se verrait éconduit et laissé à son destin. Cela fonctionnera ainsi, votre Altesse, car cela ne peut fonctionner autrement. »

    Le rire est autorité.
    La jeune enfant continuait dans son discours et elle semblait sans cesse étonnée des réponses du Baron. Lorsqu’elle sourit légèrement et fronça son sourcil et que son ton se fit ironique sinon teinté d’un rire moqueur, le Baron resta une fois de plus stoïque et ne manqua pas de balancer la mine enjouée de sa suzeraine par une gravité marquée. Malgré tout, elle restait consciente des enjeux politiques de son fief, à un âge pourtant si jeune. Elle n’avait rien d’une jeune enfant candide mais était bien à l’aube de sa féminité et jaçoit que ses traits fussent ceux d’une grande enfant, son esprit était d’une ingéniosité incroyable. Et il semblait que dans son élan elle souhaitât sceller l’union et les décrets sur une gorgée de liqueur. Le Baron était autrement plus suspicieux après s’être souvenu de cet ouvrage qu’il vit auparavant mais il n’y prêta plus d’attention et abandonna son austère solennité, il se saisit de sa coupe et but avec la Duchesse avant que de conclure à son tour, pour ce qu’il n’était pas un homme à laisser une dame sans réponse.

    « Je ne suis pas dupe ma Dame, et il est vrai que j’ai pu par quelques occasions voir depuis le sommet de ma tour, quelques pavillons de sable hissés au sommet de quelques mâts. Mais ce ne sont que quelques pirates éparpillés bien loin d’égaler l’immense organisation qui s’est établie à Meca et l’on devrait veiller à ce qu’ils ne prissent pas Nelen pour siège. Quant à Thaar, ce ne sont que quelques marauds, des rats des mers sachant naviguer aussi longtemps qu’ils aperçoivent une côte. L’Estrévent est une terre en mal de bien de choses et leur pays est rongé par la sécheresse et l’infamie. Leurs armes n’égalent en rien les nôtres et devant nous ils ne sont que de piètres navigateurs. Le gain les attire et en cela, il serait sans doute aisé de s’en faire des alliés plutôt que des ennemis. Promettons leur de l’or et de quoi subsister sans connaître l’agonie et nous aurons là des alliés…peu loyaux et douteux certes mais si cupides qu’ils sont, ils n’oseraient pas nous attaquer de peur de voir tant de richesses leur être retirées. Votre Altesse, mille navires vous paraissent un idéal que l’on ne saurait atteindre et pourtant les chroniques datant du règne de Clavel Ier, premier prince de mes terres, parlent d’une flotte au moins aussi grande que celle que j’ose imaginer. Ce furent d’autres temps sans doute et peut être des légendes, mais le bois et le chanvre en Merval et une armada au moins grosse d’un dixième de celle dont nous parlions pourrait nous suffire et nous offrir la sécurité que nous cherchons. Mais ce sont là d’autres considérations que je préfère laisser à mes ingénieurs. Je veillerai à ce que mon Maître des plumes se charge de rédiger ces lettres dont vos hommes auront besoin. Quant à cet Ancenois, je m’y rendrai personnellement, pour ce que l’on m’a vanté les mérites de ses terres et que j’ai grande nécessité à lui parler. La seule chose qui ne me paraisse point convenable votre Altesse, serait de vous devoir quitter aussi brusquement et après une journée si courte, si éprouvante et pourtant si magnifique. Je connus par le passé vos aïeules et vos grâces n’ont rien à envier à leurs beautés. Il est difficile pour un vassal que de pouvoir se concentrer sur ses devoirs lorsque sa raison s’efface au profit de sa passion. Mais plus rude encore serait-ce de ma part que de vous souhaiter retenir lorsque votre volonté vous ordonne de partir. Je vous adresse mes respects et j’espère promptement vous pouvoir revoir, votre Altesse »

    Votre Altesse…le titre n’était-il pas beau ?
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