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 [ Yutar rêve. ] - La Charogne.

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Cesir Eshin
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MessageSujet: [ Yutar rêve. ] - La Charogne.   [ Yutar rêve. ] - La Charogne. I_icon_minitimeLun 23 Avr 2012 - 19:40

En adoptant un point de vue pragmatique et non idéologique, Sol’Dorn était l’idéal lieu de recrutement que recherchait le commandement réuni dans la forteresse de Yutar et cumulait nombre d’avantages que d’autres sites n’auraient su réunir. Tout d’abord, la culture née de la chute de l’empire Nisétien et de l’arrivée massive de migrants venus du Puy avait survécu aux engeances voisines, preuve à la fois de sa résistance et de son autonomie face aux forces armées voisines. Ensuite, la croisée des chemins en faisait un lieu de passage pour nombre de compagnies de mercenaires cherchant fortunes et gloires éphémères au sein de la région agitée qu’était l’Ithri’Vaan. Enfin, la déliquescence du quatrième Ost du Puy rendait possible l’avancée du troisième en ces lieux sans que la rumeur ne soit immédiatement rapportée dans les profondeurs d’Elda.

Avec la disparition du Senger conduisant le quatrième Ost et la chute des plus hautes autorités du Puy, une latence s’était créée dans la surveillance réciproque que les derniers gradés de l’armée et du culte érigeaient les uns envers les autres. Mais la situation ne tarderait pas à être altérée par les désirs d’autorités portés par le sang noirelfique ; le fait semblait aussi inéluctable que l’alternance du jour et de la nuit.

Le Senger consulta une nouvelle fois ses cartes d’un air placide. Tous autour de lui savaient ce qu’il en pensait : si la plaine de Yutar était soumise à une étroite surveillance des territoires entiers de ses cartes restaient composés d’ombres et de brouillards. Des pans entiers des terres stériles et des marais de Faëlia n’étaient connu, au mieux, que de rapports parcellaires et de reconnaissances menées qu’une fois l’an.
En ce sens, Yutar se trouvait amoindrie dans sa mission si elle pouvait être contournée par le grand est.

Cesir replia les cartes en sa possession et les rendit aux étuis de cuir qui en assuraient la conservation. De quelques mouvements, il réunit les rouleaux et les confia à un serviteur qui les rangea dans une ingénieuse de sacoche de voyage, pliable mais possédant pourtant plusieurs bords rigides, permettant à l’ensemble de conserver une portance acceptable une fois monté. Tout comme sa garde, Cesir logeait dans un camp de tente, dressé à la hâte une semaine plus tôt. Les tissus d’un vert sombre et où nulle fioriture ne venait trancher la teinte indiquait la présence de voyageurs peu portés sur l’apparat et le paraitre. La tente du Senger n’était guère plus luxueuse que celle de ses subordonnés et n’avait pour particularisme qu’un axe porteur plus haut, permettant de libérer plus de place au sol ; artifice nécessaire aux réunions d’état-major.

Tirant sur le voile qui tenait lieu de porte, Cesir émergea de son temporaire logis placé au centre du campement. Autour de lui, plusieurs dizaines de tentes similaires formaient un baraquement provisoire, à quelques centaines de pas seulement de la cité. Comme de coutume, les négociations entre les compagnies mercenaires et les recruteurs en mal de sinistres projets se déroulaient dans ou hors des murs, mais dans un calme relatif. Il aurait été de mauvais ton pour les affaires que des soudards assoiffés en viennent à passer par le fil de potentiels employeurs.

Le Général en charge du troisième Ost et de la forteresse de Yutar se trouva rapidement encadré par sa garde. Toutefois, là où ses confrères se seraient certainement affichés en leader de la troupe, Cesir se contenta de se mêler au groupe. De prime abord, il portait le même équipement que ses accompagnants : une armure légère en protection de corps et une épée droite au côté, à la lame longue et forte. Plus loin, sous bonne garde, les montures de l’ensemble des cavaliers présents étaient réunies en trois enclos différents. A dire vrai le principal danger ne résidait pas dans les compagnies mercenaires venues du nord pour chercher quelques fructueux contrats mais bel et bien – et c’était le comble – la menace latente que constituait les bandes éparses héritières du quatrième Ost. Au total cent cinquante drows composaient la troupe du campement alors que le reste d’un demi-régiment, soit trois cent cinquante drows en armes, stationnaient à quelques encablures seulement, en cas de grabuge.

Le Kyorl Sabra’Arin s’installa à la table des négociations alors que le Senger se reculait prestement parmi les hommes placés à l’arrière du gradé. Les consignes confiées par son supérieur étaient claires : recruter des humains pour le projet qu’il était en train de planifier. Ces hommes devraient accepter de voyager plus loin que la plupart de leurs congénères mais leur salaire irait aussi au-delà car si l’argent serait du premier versement, qui sait quels titres et féodalités un seigneur mercenaire ambitieux saurait arracher de l’expédition qui se préparait.
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Le Charognard
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MessageSujet: Re: [ Yutar rêve. ] - La Charogne.   [ Yutar rêve. ] - La Charogne. I_icon_minitimeMar 24 Avr 2012 - 21:10

Vanek plissa les yeux, aveuglé par la poussière soulevée par la bourrasque qui vint fouetter le visage de La Charogne et ses 10 hommes de mains qui avançaient d'un pas tranquille du haut de leurs montures fatiguées dans les plaines d'Ithri'Vaan, entre deux petites collines que Tebryn fixait d'un œil méfiant.

L'elfe noir et Vanek étaient en tête de file tandis que les 8 autres mercenaires bourrus suivaient en silence. Parfois, ils s'échangeaient quelques mots mais l'essentiel du voyage s'était fait dans le silence, pour la bonne raison qu'ils étaient dans des terres qu'ils n'avaient pour la plupart jamais visités, hormis Tebryn, originaire du Puy. Ce dernier, d'ordinaire taquin et méprisait s'était montré extrêmement silencieux durant tout le voyage. Il était certainement soucieux et espérait secrètement ne pas tomber sur une veille connaissance une fois à Sol'Dorn. La plupart des gens qui se souvenaient de lui ne se le remémoraient pas en bien ou ne l'avaient pas oubliés car ils voulaient encore lui faire la peau.

S'ils s'aventuraient aussi loin des terres humaines, c'était que l'appât du gain en valait la peine. En effet, Charogne savait grâce à Tebryn et à divers contacts et rumeurs que les drows, terrés au fin fond du Puy d'Elda et de leurs sombres forteresses usaient par masse de mercenaires pour leurs sombres desseins. Servir des intérêts certainement maléfiques n'étaient pas un problème pour Vanek et ses hommes. Medrioc, le cuisinier, avait certes vaguement évoqué le souhait de ne pas venir, mais Vanek l'avait rapidement convaincu à coup de bourses et de chantage sur sa fille. La récompense serait à la hauteur du voyage, s'était entêté le chef des bersek.

Il leur restait à peine une journée de chevauchée, mais l'ancien pirate ne souhaitait pas voyager de nuit et ordonna à ses hommes de s'arrêter tandis que le crépuscule tombait déjà sur les plaines silencieuses de la région. Ce silence était bien trompeur et chacun d'entre eux savait que beaucoup de choses se jouaient en Ithri'Vaan, et que les drows étaient loin d'être inactifs ici. Tebryn leur avait aussi parlé d'une armée drow qui avait éclatée et des bandes éparses de pillards sans chefs qui écumaient la région depuis. C'était plus la crainte de voir une centaine de drow hors de contrôle leur tomber dessus qui effrayait Vanek que la dureté du voyage. Ils avaient vu pire, et ils touchaient désormais au but, et il était temps : leurs vivres étaient presque épuisés et la chasse n'était guère le don d'aucun des mercena ires. Medrioc faisait ce qu'il pouvait et refusait régulièrement la proposition de Necro qui souhaitait chasser. Faire confiance à ce fêlé était comme dormir dans le lit d'un Obok Senger, avait ricané Tebryn sans qu'aucun ne comprenne la blague. Très peu savaient ce qu'étaient un Senger en réalité, et beaucoup ignoraient tout des drow, dont Vanek, qui ne savaient que quelques détails par Tebryn. La méfiance serait de guise et leur découverte de la race sombre ne serait aucunement épatante mais bel et bien cordiale. Pas question de s'émerveiller : les affaires nécessitaient de rester terre à terre, et l'argent suffisait à Vanek pour couper court à toutes divagations.
Assis autour du feu de leur camp sommaire, Vanek s'approcha de Tebryn, dernier à observer le feu dansant dans ses prunelles, dans un silence presque religieux uniquement brisé par le crépitement du feu.

- Tu m'as l'air soucieux, Tebryn, dit simplement Vanek en le fixant.


Il y eut un léger blanc avant que le drow ne s'humecte les lèvres pour donner un semblant de sourire à l'humain, avant de répondre :

- Je le suis, vieux putride. Cela fait des siècles que je n'ai pas remis les pieds sur les terres de mes compairs, et j'espérais que cela ne dure des siècles encore. Peu m'apprécient là-bas, et c'est bien réciproque. Mes propres frères me tueraient s'ils me savaient en vie. Mais ce n'est pas cela qui préoccupe mon esprit.


- Qu'est-ce donc, alors ? s'entêta Vanek, décidément curieux ce soir.

- Le Puy semble en pleine effervescence, Charogne. Les temps changent pour tout le monde. Regarde-toi, il y a quelques saisons tu croupissais encore dans la cale d'un navire, et il y a quelques années, tu n'aurais jamais imaginé quitter un jour le pont de ton navire. Ici, ce sont des changements bien plus lourds je le crains. Un ost a volé en éclat, et j'ai beau tenté de me renseigner, personne n'est capable de me dire qui dirige au Puy. Méfie-toi bien que les drow que nous allons rencontrer n'essaient pas de nous impliquer dans des affaires qui nous dépassent.

- Les mercenaires peuvent tuer des gens très importants dans des situations qui les dépassent. La faute est toujours au commanditaire, et si le mercenaire saît bien manier sa langue, il le tuera aussi dès le lendemain...

- Les commanditaires sont plus malins que les mercenaires, chez nous. Surtout plus que des humains.

- Je suis loin d'être crédule, Tebryn. Je pensais que tu me connaissais un peu mieux, depuis le temps.

- Oh... Je te connais mieux que ma propre mère. Que je n'ai pas connue, à vrai dire. Mais tu ne connais pas mon peuple. M'enfin, ils nous recrutent peut-être pour une mission banale.


- Tant que ça me rapporte, Tebryn, je me fiche bien de me mettre des oreilles pointues à dos, dès qu'on a finis le boulot, on met les voiles.


Vanek commença à se lever pour aller dormir quelques heures, tandis que Kelyan allait le relever pour monter la garde. Tebryn l'interpela alors qu'il s'en retournait dormir :

- Vanek.
- Oui ?
- Ne te fie pas aux apparences. Je me soucie plutôt de ne pas perdre l'argent qu'on va empocher bêtement, que de votre vie.
- Ne t'en fais pas, Tebryn, je sais bien que les coeurs ne poussent pas en une nuit chez les vieilles raclures dans notre genre ! et il s'esclaffa avant de partir.



***
Torgal s'étira largement alors que le soleil était à peine levé, en effet, seul une lueur orangée à l'horizon indiquait son arrivée. Tout le monde était déjà en train de se mettre en scelle, ainsi se hâta-t-il de rassembler ses dernières affaires et de les jeter sur son cheval avant de monter lourdement dessus. Pauvre bête, il lui aurait fallu une mûle, la masse de l'imposant guerrier allait finir par lui briser le dos ! Heureusement pour lui, ils étaient bientôt arrivés.

Après quelques heures à peine de chevauchée sous le soleil levant, ils distinguaient déjà la cité de Sol'Dorn se découper à l'horizon, et bientôt distinguèrent un petit attroupement de tentes devant les portes de la ville. Ils hâtèrent alors leur course mais durent bientôt ralentir, car des cavaliers venaient à leur rencontre. Instinctivement, Vanek et Tebryn sortirent du lot pour aller à leur encontre.

Ils regardèrent étrangement Tebryn, était-il commun de voir un drow seul parmi une compagnie d'hommes ? Vanek l'ignorait en fait. Il s'écria avant même qu'ils n'ouvrent la bouche :

- Hola messieurs ! Avant que vous nous demandiez, nous sommes des mercenaires venus du Nord, attirés par l'echo de vos besoins, et avons un entretien avec l'un des vôtres qui nous attend.


- Suivez-nous. dirent-ils en faisant demi-tour pour guider la troupe jusqu'au campement.

A l'entrée de l'amas de tente, ils quittèrent leurs montures et les regroupèrent. Vanek ordonna à ses hommes de rester auprès d'elles et de rester aux aguets, ne prenant que Tebryn avec lui.

Les soldats drow les guidèrent dans le petit campement. Vanek ignorait s'ils étaient les seuls mercenaires à avoir répondus à l'appel, mais il avait beau cherché, il ne voyait rien d'autres que des drows ici. Ils étaient sûrement les premiers arrivés... et premiers arrivés, premiers servis.

Ils gagnèrent alors un endroit où il y avait un petit attroupement de soldat derrière un homme assis à une table. Et on les laissa sans autres explications. Drôles de coutumes.

Ne sachant pas trop comment s'y prendre, Vanek fit une légère courbette sous le regard amusé de Tebryn qui ne fit rien de spécial hormis s'asseoir à la table, suivis de l'humain.

- Messires... bien le bonjour !
dit Vanek, un léger sourire gagnant son visage, disparaissant rapidement devant le visage neutre de ses interlocuteurs. Je suis Vanek Kimr, ...
- La Charogne. souffla Tebryn.
- ... venus avec mes meilleurs hommes du Nord pour vous servir !


Citation :
EDIT : Lien vers les résumés des PNJ que j'utilise couramment : https://miradelphia.forumpro.fr/t16508-inventaire-de-la-charogne

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