Loin de chez soi [pv blanche]

Seuls les nuages laiteux tapissaient délicatement le ciel bleu baignant d’un soleil délicat les terres de Hautval. Si le chevalier et son écuyer avaient empruntés la Grande Route, cette dernière pavait toute la baronnie, s’érigeant tel un tapis de pierre parmi les vignobles et prairies verdoyantes et s’enfonçant au sein des Monts pour certains aux pics enneigés. La température était douce en ces jours printaniers. Et les fourrures des gens du Nord tiendraient sans doute trop chauds à leurs propriétaires. Hautval était bâtie sur une colline plutôt imposante et rocailleuse. Une première muraille de pierre encerclait la ville et protégeait ainsi ses habitants. Le château de la Baronne culminait sur le plus haut coin de la colline et était enceint d’un second rempart. La ville avait des allures ancestrales comme enracinées dans la roche et construite en cette dernière. Deux portes principales de la Cité étaient ouvertes de jour comme de nuit mais sciemment gardées. Seule l’entrée du château était fermée lorsque la lune s’était installée. Les rues étaient pour la plupart étroites et débouchaient souvent sur une grande place ou évoluaient marchands proposant divers produits de plus exotiques au plus quotidiens. Pour les commerçants de passage les plus fortunés, deux auberges luxueuses existaient. Pour les plus pauvres, deux autres modestes. Et puis, il y avait ce dit logis.

Aujourd’hui fut une journée comme toutes les autres, Blanche s’était levée à l’heure habituelle. Elle avait pris son petit déjeuner auprès de ses gens et s’était enfermée ensuite pour quelques heures dans son boudoir afin de régler la paperasse habituelle. Lorsqu’il fut l’heure du dîner. Elle retrouva une nouvelle fois sa cours. Elle ne s’y attarda que peu de temps puisqu’elle avait décidé de passer un peu de temps avec ses filles malgré que ces dernières fussent confiées à leur horde de nourrices. Vint ensuite l’heure du Conseil qu’elle présida avec son Haut conseiller. Lorsque les affaires les plus urgentes furent réglées, elle put s’octroyer une sortie accompagnée d’une partie de sa garde Obsidienne et de quelques nobles et chevaliers. Ils devaient être tout au plus d’une dizaine, la baronne comptant. Le soleil déclinant, il fut naturellement temps de rentrer et ce avec leur butin qu’ils purent dégotter quelques lièvres et perdrix. Cela relevait plus de l’amusement que d’une chasse organisée en bonne et due forme.

Blanche était fichée d’un corset de cuir sous lequel une chemise blanche protégeait ses bras. Des bottes montantes et crottées renfermaient un pantalon serrant ses fines jambes musclées. Une cape couvrait ses épaules. Elle montait son destrier d’un noir d’ébène assorti aux couleurs de sa Garde d’Obsidienne aux armures d’encre et aux montures de même teinte. Odeline, l’un de ses lieutenants, l’accompagnait, une jeune femme plutôt jolie et assez jeune. Il serait sot de la croire sans expérience, c’était l’un de ses meilleurs éléments. Sous ses airs doux et onctueux, la rose cachait admirablement bien ses épines. En même temps, si elle avait trouvé sa place au sein de la Garde personnelle de la Baronne, c’est que cette dernière devait avoir fait ses preuves.


« Tu peux t’occuper de Sinir, s’il te plait. »



« Je ne suis pas encore votre écuyer personnelle, MaDame. »


Blanche afficha un large sourire en coin.


« Non mais tu risques de le devenir si tu te montres aussi familière. »



« Au moins, cela vous a fait sourire, MaDame. »


Odeline marqua un point. Et les lèvres carmines de la Baronne de Hautval s’étirèrent bien plus encore, l’air sournois. Sa main gantée de cuir tapota la cuisse maillée de la jeune femme qui n’avait pas encore mis pied au sol. Un geste d’attention. Elle fit signe à ses gardes qu’on la laisse. Après tout, elle ne craignait rien au sein de ses propres murs. Et sur ces mots, Odeline emmena Sinir et son propre cheval au sein des écuries. Ses lames aux fourreaux, l’arc et le carquois en son dos, Blanche prit la direction du dit logis afin de s’enquérir du nombre de personnes dormant en ses murs pour cette nuit. Elle aimait tenir ses « comptes ».

Blanche était sur le point d’entrer mais une voix la stoppa net dans son mouvement. Lentement, elle se tourna en direction de l’auteur qu’elle détailla de long en large. A en juger par ses habits fournis en fourrure alors que le printemps laissait aux terres de la Baronnie la douceur du soleil et des vents. Cet homme avait un ton et un air qui déplut à la Dame d’Obsidienne. Elle afficha un port altier et fier et observa le noble de son air froid sans être totalement fermée à toute discussion. Elle devait faire bonne figure vis-à-vis des étrangers aussi déplaisants qu’ils soient. Apparemment, elle n’avait en aucun cas besoin de se présenter puisque son interlocuteur savait qui elle était. Sa voix forte et claire s’imposa aux oreilles du Nordique.


« Salutation et Bienvenue en les terres de Hautval, je constate que vous savez à qui vous vous adressez mais… pardonnez-moi, j’aime aussi savoir qui me parle… A en juger par vos manières et vos atours, vous devez venir du Nord. Je me trompe ? »


Les prochaines paroles de l’Oësgardien lui auraient bien valu une grimace mais elle n’en fit rien. Blanche de Hautval resta de marbre face à ses dires qu’elle qualifierait de provocation gratuite. Mais ce ne l’émouvrait pas pour autant.


« Quel est la cause de ce fiel brûlant qui traverse vos lèvres ? Sachez que cela est du ressort des affaires de Hautval et que cela ne regarde que Hautval, elle-même. »


La Baronne ne laisserait sûrement pas mourir de faim son peuple. Les Terres du Vin sauraient gérer la guerre puisque ces dernières étaient plutôt indépendantes et savaient fournir des richesses en suffisance pour Hautval. Elle était auto-suffisante. Ainsi tant qu’aucun n’ennemis ne fouleraient le sol Hautvalois, personne ne devrait mourir de faim.


« Et serais-je indélicat de ma part de vous demander que faîtes-vous si loin de vos terres ? »

Les pensées du chevalier noir étaient erronées. Blanche ne se croyait pas nécessairement au-dessus de quiconque. Elle avait une condition privilégiée car elle était née de sang bleu. Cependant, il ne fallait pas croire que pour les nobles, le lot de souffrance et de tracas n’existaient pas. Au contraire. Elle avait vécu plus d’une histoire désagréable. La première était le mariage forcé entre Olysséa et Hautval afin de s’emparer de la Baronnie. La seconde fut sa première fausse couche. Croyez-le ou non, la douleur dans le ventre, le sang qui ruisselle le long de vos cuisses et cette petite masse informe dans votre flaque était une épreuve douloureuse. Après cela, elle a été chassée de ses terres par le Seigneur Fergus et fut forcée à l’exil pour mieux revenir et s’emparer de Hautval. Elle avait béni les Cinq de ce présent inestimé. Elle avait enduré, aussi, les coups de gantelets de son ex-mari qui l’avait ensuite jeté prétextant que Néera les avait maudits. Et enfin, elle avait perdu sa troisième fille. Voir son bambin tout droit sorti de vos entrailles à la peau d’un blanc laiteux traversé de quelques éclats bleus avec le cou ligoté par son propre cordon ombilicale était tout sauf une expérience heureuse. Le sang, elle en avait déjà vu. Et elle en avait sur les mains.

La Dame d’Obsidienne allait présenter ses salutations et l’inviter même à se joindre au dîner malgré ses paroles précédentes. Elle changea, néanmoins, d’avis. Blanche tiqua un instant. Elle n’était qu'une femme ? C’était la chose à ne pas dire. Elle avait trop souffert du machisme de son précédent époux. Et elle avait décidé que c’était fini de se laisser mener par le bout du nez par des mâles qui se croient tout permis. Le minois à l’expression froide ne changea pas le moins du monde, accusant le poids des paroles de Hagen. Elle ne se croyait pas hautaine. Elle préférait éviter les médisances en abordant une mine aussi neutre que possible mais malgré cela, il fallait se rendre à l’évidence, les quolibets ne cesseront pas. Dans sa démence, le chevalier noir osa remettre en cause son titre de Baronne qui était-il pour juger de ses compétences ? Elle aurait cherché le mal que lui incombe si cela avait été un de ses vassaux mais il n’en était pas un. Il était un parfait étranger qui parlait sans savoir. Il était de son devoir de lui apprendre les bonnes manières et là où était sa place. Elle maudit un instant son ex-époux pour la réputation de faible qu’il lui avait donné. Il avait causé du tort à son propre sang.

Blanche se détendit lorsqu'il fit mention de sa sœur. Cet homme n’était pas si mauvais et imbu de sa personne que cela puisqu’il accordait du crédit à sa famille et surtout à sa sœur. Ce geste était important. Néanmoins, la clémence qu’il lui avait inspirée, se dissipa aussitôt lorsqu’il remit le tapis sur sa condition de femme. Blanche fronça les sourcils et fit volte-face pour s’éloigner de quelques pas. Sa chevelure fut éprise d’une brise infondée, laissant quelques mèches se soulever.


« Cette femme, comme vous le dites si bien, fait partie des familles illustres de Hautval et de Ancenis. Je me vois contrainte de… »


Finalement, Blanche fit face à Hagen d’un mouvement de la main, il put se sentir décollé et s’écraser lourdement contre le mur de la seconde muraille, celle gardant son château, avant de retomber au sol. En effet, une bourrasque suffisamment puissante sans pour autant être mortelle pour lui avait percuté le chevalier. Cette simple action attira l’attention sur les deux protagonistes et plus particulièrement des gardes qui s’approchèrent bien vite de leur Baronne. Evidemment, un homme de la Garde Obsidienne n’était jamais bien loin. Elle fit un signe de la main à ses hommes afin de leur faire comprendre qu’elle n’avait pas fini. Les talons claquèrent avec minutie contre le sol. Les battements de son cœur s’accélèrent puisqu’elle usait des vents. Une brise légère tourbillonnait autours de sa silhouette, soulevant sa chevelure d’ébène et quelques étoffes par ci par là sans jamais rien dévoiler. Elle ajouta avec autorité.


« J’exige vos excuses immédiatement pour ses paroles insensées. Sachez que si vous le faites et avec sincérité, j’oublierai ce petit accident de parcours. Faites encore un seul faux pas et ma bonté s’évaporera.»


En effet, plus d’un noble l’aurait déjà envoyé au trou, trainé dans la boue, dépouillé pour le rejeter bien loin de la ville. Un sourire doux étira la commissure de ses lèvres tandis qu’elle agitait distraitement ses phalanges dans le vide. Il put sentir les vents s’agiter autours de lui. Il avait tout intérêt à se plier à ses exigences.

Hrp:

Citation :

HRP: pas de soucis

Ses yeux firent le tour de leurs orbites avec une moue dérangée. Blanche maîtrisait parfaitement ses sorts et pouvait ajuster la puissance de ceux-ci avec une certaine précision. Elle s’était jurée de ne pas le blesser via ses talents ésotériques. Elle avait surestimé l’endurance de ce nordique à la carrure assez imposante. Sa résistance se révéla piètre. En effet, le sang tachait déjà ses étoffes. A moins qu’il ait été blessé d’une quelconque façon auparavant. Elle était en droit de se demander si les hommes du Nord étaient tous aussi frêle. La Dame de Hautval avait été pourvue de ce don, cette affinité avec l’air. En soi, pour les plus superstitieux, ce talent pouvait être considéré comme une bénédiction de Néera. Et ce simple fait contre argumentait les propos d’Hagen. Elle suivit l’échange entre l’écuyer et le chevalier, attendant une réponse de la part du Seigneur de Mizar. Les derniers mots échangés à cet Éric, annonçaient déjà les couleurs de cette tapisserie. Il n’avait pas compris. Il ne comprendrait pas. Blanche eut la bonté d’écouter son discours jusqu’à sa dernière syllabe. Elle se demanda dans un premier temps s’il était idiot. Elle rejeta cette opinion et opta pour un avis plus tempéré. Il le faisait peut-être exprès. A moins qu’il était d’un machisme frôlant les monts les plus hauts comme l’était son ex-époux, à la différence près qu’il était d’un rang inférieur. Les filaments d’air soulevant sa chevelure d’ébène s’intensifièrent tandis qu’elle croisait ses bras sous sa poitrine. Deux doigts rejoignirent sa joue. Lèvres closes, ses yeux dévièrent un instant en direction des rumeurs dans son dos. Ses gardes s’outrèrent et s’échauffèrent à sa place. La tension était palpable et ils n’avaient qu’une envie : l’empoigner. Le bleu de ses iris se fixa à nouveau sur Hagen. Ce chevalier était totalement hors propos. Là n’était pas la question de sa place face à la mort. Là n’était pas le débat. Elle n’était pas là pour philosopher. Nous sommes dans une société dans laquelle s’articulent des règles. Une hiérarchie s’organise autour de ses règles bien définies. Un code de conduite existe en fonction de notre place au sein cette société. Soit on rejetait cette dernière et l’on devenait marginal, soit l’on acceptait et l’on se pliait à ses mœurs qu’elles plaisent ou non. C’était un code intrinsèque que tous respectaient s’ils ne voulaient pas courir face à de conséquences peu agréables. La Baronne était hiérarchiquement plus élevée que le Seigneur de Mizar et ce même si cette dernière n’était qu’une femme comme il aime à le souligner sans cesse. Plus tard, lorsqu'il deviendra Seigneur de Krahof, il acceptera intrinsèquement ses règles. Du moins, était-ce dans son intérêt. En tant que Baronne de Hautval, Blanche devait aussi suivre ce code : laver l’affront et savoir recadrer ces personnes qui se croyaient au-dessus de ses «lois », si elle ne voulait pas perdre toute crédulité face aux hautvalois. Qu’elle apprécie ou non cette société n’était pas la question mais puisqu’elle appartenait à cette communauté hiérarchisée, elle devait appliquer les « lois ».

L’entêtement de Hagen l’embêta. Ne pouvait-il pas s’excuser et s’en arrêter là ? Non, il persistait et s’embourbait davantage. Il savait ce qu’il risquait pourquoi prendre un tel risque ? Pourquoi ? Il le crut fou une seconde. La Baronne ne voulait absolument pas en arriver là mais avec son refus et cette verve de plus en plus offensante, elle ne pouvait pas agir autrement. Au fin fond de son cœur, elle fut peinée. Une seconde bourrasque moins violente que la précédente le jeta à terre. Elle fit un signe de tête donnant le feu vert à ses gardes qui se ruèrent sur Hagen. Ils le désarmèrent, le rouèrent de coups tandis que deux hommes vinrent maitriser l’écuyer. C’était dans son intérêt de ne pas protester ou il subirait le même sort que son Maitre et Blanche n’avait pas l’envie de faire subir quelques sévices à un innocent qui par devoir devait défendre son Sire. D’ailleurs, on le bâillonna avant qu’un mot de trop ne gravit sa jeune bouche.


« Cette leçon, je l’espère, vous apprendra à vous tenir en société et à tenir votre langue, Sire Hagen de Mizar. »


Une voix dure et puissante jaillit de la gorge de la Baronne


« Qu’on le fouette sur la Grande Place pour son insolence irraisonnée. »


Les soldats exultèrent tandis qu’Hagen fut saisi et maitrisé si il tenta de résister. On le traina sans attendre jusqu’à la Grande Place. Un homme fut chargé d’aller chercher le bourreau. Les villageois de Hautval présents se chargèrent du bouche à oreille et une petite foule ne tarda pas à se former. Le Chevalier se vit attacher au pilier de bois de la potence. Blanche accompagnée de son escorte suivit le mouvement. Un héraut fut appelé et la Baronne échangea quelques mots avec ce dernier. Il monta sur l’estrade et annonça la sentence.


« Le Seigneur Hagen de Mizar est condamné à neuf coups de fouet pour son offense envers la Baronne de Hautval, Blanche d’Ancenis. »


Le chiffre neuf était symbolique. Il désignait les neuf jours de la semaine et surtout cette neuvième journée à la Déesse de la Mort, Tyra. Un peu d’ironie ne lui ferait pas de mal. On défit son armure si il en portait une, arracha son haut pour découvrir la peau de son dos.

Hrp:

Citation :

C'est du rp Blanche XD je vais aps t'en vouloir de faire respecter ton personnage. Edit vu que sa jase sur la CB quand je me défend XD

La Baronne était de marbre ou d’obsidienne. Elle demeura le minois fermé. Aucune émotion ne trahissait pas même une de ses jolies courbes. Les provocations n’avaient, désormais, plus aucun effet sur elle. Elle était enfermée dans un écrin d’impassibilité et attendait patiemment que justice soit faite. Le bourreau surgit peu de temps après et se munissait dés lors de son instrument de torture. Les paroles de l’accusé étaient fréquentes pour lui et il n’en se soucia pas. Il était payé et cela le contentait. Cela lui permettait de manger et boire à sa faim. Il n’en demandait pas plus et jouait les sourdes oreilles dans la plupart des cas. Le bourreau ajouta simplement dans un petit rire gras « Un chevalier ayant offensé une Haute Dame, semble-t-il. » Même si le Sire complétait ses paroles, il garderait le silence.

Hagen pourrait ajouter de nouvelles cicatrices à son palmarès. Le silence du scélérat déçut profondément la petite foule qui s’attendait à quelques cris de sa part. Ils se contentèrent de ce sang ayant éclaboussé le bois de l’estrade et coulant peu à peu dans ce dos musclé. Blanche la Dame d’Obsidienne ne put s’empêcher de trouver ce carmin se mêlait avec ravissement à la couleur de la peau d’Hagen. Elle chassa ses sombres pensées et constata que tout ceci était terminé. Durant la sentence, elle avait fait demander à ce qu’on rassemble les affaires du Chevalier et de son écuyer et qu’on les jette au loin. On amena leurs chevaux dénués de leur selle mais auxquels on avait laissé leur bride, au dehors et d’un rude coup fourreau on les fit galoper. Ils pourraient ainsi toujours les retrouver. Enfin après une dizaine de minutes de répit pour le Chevalier d’Oësgard, celui-ci fut détaché et l’on jeta en dehors des murailles de Hautval avec son écuyer en leur indiquant qu’il n’était désormais plus les bienvenus autant qu’au sein de Hautval que de la baronnie.

Ainsi donc s’acheva le malencontreux périple du Sire Hagen.

Hrp: