Favrius de l'An 19:X1
Au lendemain de l’exécution de Griffon de Langehack
Diantra, Palais Royal
Petit matin
La poitrine encore secouée d’une opiniâtre toux sèche, la châtelaine ajuste ses habits de voyage, seule face à l’immense miroir disposé dans sa chambre. Elle avait insisté pour se préparer seule, ainsi qu’elle le fait habituellement, libérant les serviteurs royaux de leurs obligations d’un sourire et de paroles de remerciement respectueux. Debout face à ce haut miroir, mettant la dernière main à son justaucorps de velours marron orné de délicats entrelacs de fils d’argent, la châtelaine songe à tous les événements de ces derniers jours, non sans soupirer.
La guerre a été évitée.
La justice a été rendue.
Sa tâche s’achève ici, en ce palais, après avoir une dernière fois salué Athanase de Cley ainsi que les membres du conseil royal.
En tant que noble dame de Péninsule, elle déplore bien entendu la perte d’un pair de ce royaume, la mort de ces chevaliers langecins mais elle se réjouit aussi de savoir que des millions de vies sont désormais épargnées. Les cauchemars de sang et de feu qui la quittaient plus depuis des ennéades entières n’ont pas resurgi cette nuit, laissant la Dame de Fernel dormir du sommeil du juste pour la première fois depuis bien longtemps. Une nuit salvatrice avant un long, fort long voyage qui la voit – enfin – prendre le chemin de ses terres qu’elle a déserté depuis des mois.
Les bras fins enveloppés dans une robuste chemise de tissu beige se lèvent quelque peu pour ajuster une des nombreuses tresses ornant sa coiffure, libérant son visage. D’un geste conféré par l’habitude, Louise dépose ce cercle de métal martelé qui est le sien, son préféré, sur sa chevelure soigneusement coiffée.
En tant qu’Amie des Nains, elle se réjouit également, bien sûr. La justice péninsulaire a sauvegardé la paix, les conditions ont été respectées, le spectre d’une guerre a été repoussé au loin par le souffle diplomatique. Pourtant, elle sait aussi que tout ceci ne sera jamais oublié, ni pardonné. En fixant sa longue cape de laine bleue sur ses épaules, elle a une pensée pour les Dawis plongés dans le deuil tout autant qu’elle en a une pour le Grand Roi Harald dont elle n’envie guère la situation. Le compromis diplomatique qui a vu la veille un funeste aboutissement pour le Langecin risque bien de lui couter plus cher que prévu. Cela étant, elle n’a pas prévu de retourner au Zagazorn avant longtemps, sauf si la Couronne décide de l’y envoyer ou que Glumtol, voire Harald lui-même, requiert sa présence.
Un dernier regard pour son reflet, puis pour cette chambre royale et déjà elle s’éloigne, ajustant ses mitaines de cuir avant de draper ses épaules d’une épaisse fourrure brune. Dans le couloir l’attend son escorte, composée d’Aldir de Rochefouchart et de trois autres hommes d’Erac.
- Messieurs, nous y allons.
Elle s’éloigne déjà dans le couloir, toute petite silhouette emmitouflée dans les laines, les velours et les fourrures, le bruit du cuir de ses bottes heurtant les dalles du palais royal pour la dernière fois avant longtemps.
Pourtant, avant de prendre la route menant vers Fernel, Louise se rend à pied en la Cathédrale Sainte-Deina. Là, pendant de longues minutes, les fidèles verront la Dame de Fernel à genoux sur un banc de prières, tête baissée, avant de se relever et de déposer une simple bougie blanche parmi les dizaines d’autres déjà allumées. Là aussi un dernier regard et déjà la cape bleue virevolte vers la sortie. Louise tend les mains vers un de ses compagnons de route qui lui tend une ceinture de cuir à laquelle est suspendue une lame puis lui tend la longe d’un beau cheval marron à la crinière d’ébène et au chanfrein blanc. La petite main blanche tapote l’énorme cou avant de monter en selle, d’un geste souple et sûr. Certes, ce cheval n’est pas Lasgalen et il sera sans doute moins rapide que son hongre, elle devra le guider, elle devra obtenir sa confiance, ce qui va considérablement ralentir le retour vers sa seigneurie mais peu importe. Elle a une monture, une arme, une escorte et une furieuse envie de prendre un repos bien mérité. Rien ne pourra l’arrêter.
Elle prend la tête de la petite troupe pour quitter l’enceinte du quartier des Mille-Soleils puis s’éloigne enfin de la capitale, son cheval au pas puis un coup de vent vient saluer la cape, la fourrure et la chevelure, charriant toutes ces odeurs de liberté et de grand air qui lui ont tant manqué. Un large sourire souligne des joues rosies de joie et d’un geste, d’un mot, la monture hennit puissamment et Louise s’éloigne au galop, dans un grand rire de joie, de grands nuages de poussière s’élevant sous les sabots de son cheval, sachant que, derrière elle, il y avait une ombre qui allait lui emboiter le pas. Il ne faisait que lui donner de l'avance.
Et, comme de raison, quelques lieues plus loin, le bruit de sabots se fait entendre derrière elle, puissant et léger, se rapprochant rapidement. Un homme, aux habits usés par les voyages, et son compagnon, éclair d'ombre et de feu, saluant joyeusement la monture de Louise d'un hennissement moqueur.
Pendant un moment, Melkor ajuste son galop à celui de l'autre monture et deux regards se croisent. Le noisette et deux étranges yeux dépareillés au dessus d'un foulard remonté. Avant qu'il n'effleure légèrement les flancs de l'animal du talon, lui faisant faire une pointe de vitesse, la devançant sur cette route menant vers le nord, en éclaireur et le grand Fernelois hennissant son bonheur d'être enfin sur les routes de nouveau.
Bàrkios de l'An 19:X1
2ème jour de la deuxième ennéade
Milieu de matinée,
Duché de Serramire, Seigneurie de Fernel
Il aurait pu pleuvoir des calamités par centaines, rien n’aurait pu entamer la farouche détermination de Louise à réintégrer ses terres. Rien, pas même les rencontres hostiles, les déboires de bord de chemin, la pluie, le vent, les orages, et un cheval bien plus lent que Melkor à qui, pour bien faire dépenser son trop plein d'énergie, Dante faisait faire des aller-retour. Rien de tout cela n’a entamé la volonté de la châtelaine dont les yeux ne quittaient que rarement l’horizon. Quand ils s’en détournaient, c’étaient pour envisager des personnes de confiance.
Une escorte réduite composée de chevaliers eraçons.
Aldir de Rochefouchart et son immense chien, Natik.
Dante, qui lui, n'avait pas du tout confiance et qui les évaluait à sa façon, faussement aimable et ne dormant que dans les arbres, en sentinelle.
La sérénité de la châtelaine est tout à fait perceptible, alors même qu’elle chevauche sur des routes détrempées, les cheveux mouillés, les fourrures gorgées d’eau de pluie. Le temps est déplorable, absolument désastreux, ils ont perdu énormément de temps à s’abriter dans les auberges, à curer les sabots des chevaux, et à faire sécher leurs bottes et pourtant, pour rien au monde Louise n'aurait emprunté un carrosse ou profité de son titre pour obtenir un traitement privilégié. Jamais. Bien au contraire. Elle a partagé avec ses compagnons de route cette vie itinérante qui lui plaît, en terrain bien connu, savourant ces odeurs de boue, de vent, d’herbe mouillée, cette fragrance inégalable qui s’élève du sol juste après une ondée.
Elle a peu parlé de tout ce qui l’a occupé ces derniers mois.
Il n'en demeure pas moins que le séjour dans le Langecin, les rumeurs, les conseils au Palais Royal, le voyage vers le Zagazorn, le retour, le procès, l’exécution de Griffon de Langehack, tout cela a été sa vie ces derniers mois et pourtant elle reste discrète.
Evoquer ces horreurs, ces tensions, ces humiliations, ce serait corrompre sa sérénité, son bonheur de rentrer chez elle. Alors lorsqu’une question surgit dans les conversations, elle reste évasive, ne répondant que le strict essentiel sans jamais donner le moindre détail. Plus tard, quand elle sera à Fernel, en ses murs, peut-être pourra-t-elle se confier à Dante, la seule personne en ce monde en qui elle a toute confiance. Il ne lui a rien demandé, mais elle sait qu'il se doute. Il vadrouille depuis trop longtemps pour ne pas connaitre la profondeur de la turpitude humaine. Et pourtant, elle sait que si elle se sent d'humeur à la confidence, il lui prêtera une oreille. En attendant...
Les soirs de veillée, dans les auberges, elle a observé le grand estreventin, en silence, tout en sachant qu’il en a fait de même. Combien de fois a-t-elle croisé l’émeraude et le sable, brièvement, tandis qu’il mangeait le plat du jour ou ses morceaux de viande séchée du bout de ses longs doigts d'artiste de la mort ? A chaque fois, un sourire en coin s’est dessiné sur les jolies lèvres roses de la chatelaine avant de reprendre la conversation avec Aldir ou un autre membre de son escorte. Elle sait qu’il l’observe, il l’a à l’œil et cette surveillance silencieuse, que d’autres ne remarqueraient sans doute pas, est à ses yeux la plus flagrante démonstration de l’affection du tueur à son égard.
Le voyage de retour s’est donc déroulé dans une ambiance étrange, une ambiance humide et pourtant heureuse, du moins pour la châtelaine, qui voit enfin les paysages du Sud disparaître pour laisser la place à ces vallées brumeuses, ces routes chaotiques, ces feuillus d’un vert soutenu qui se mue pourtant, au fil des jours en de merveilleuses nuances de rouge, de pourpre et d’or. Les plis de son front ont disparu, son attitude générale est plus souple, moins rigide, le sourire revient plus souvent sur ce visage aux joues roses. Et le silencieux compagnon de revêtir, même en ces temps précoces, sa lourde cape de lainage d'hiver. Lui, homme du sud et du feu, n'apprécie visiblement que moyennement la neige et l'hiver mais, jamais elle ne l'entendit se plaindre. Ce stoïcisme est déconcertant.
En cette matinée du deuxième jour de la deuxième ennéade de Bàrkios, la pluie tombe en cette désagréable bruine qui s'insinue entre les tissus des capes et les fourrures, une bruine froide qui rougit les mains et le bout du nez mais Louise n'en a cure. Elle n'en a cure parce que là-bas, au loin, se dessine le majestueux découpé des Monts d'Or. Profitant d'un point de vue exceptionnel, elle prend le temps d'inspirer cet air froid, cet air du matin que le soleil n'a pas encore eu le temps de réchauffer. Des volutes blanches s'échappent de son nez, tout comme des naseaux de sa monture qui attend placidement tandis qu'elle observe ce phénomène sur les sommets, un brouillard intense qui ceint les pics comme le ferait une vaporeuse étole sur les épaules d'une dame. Plus loin, à l'est, des nuages gris dont de fins tentacules touchent le sol encore vert, un sol recouvert de chênes qui ont revêtus leur plus belles couleurs.
- Fernel...
Les yeux mi-clos, le bout des doigts noués sous sa cape, Louise adresse un remerciement silencieux à la Bienveillante qui a permis un retour en ses terres après bien des dangers et des péripéties. Une émotion l'étreint alors qu'elle songe que, dans sa précipitation, elle n'a pas écrit de courrier pour annoncer son retour. Un petit mouvement du talon dans les flancs de son cheval et la voilà de nouveau en route, silencieuse. Et, dans son sillage revient l'étranger qui a disparu depuis deux jours, se placant à ses côtés comme si il ne s'était jamais absenté. Depuis le début du voyage que ca lui arrive, alors personne ne souligne son absence, y étant habitué.
Louise savoure ce moment-là, ce moment béni où l'on rentre chez soi après avoir traversé des ennéades d'incertitudes quant à un retour effectif. La châtelaine a cru, à de nombreuses reprises, que jamais elle ne reverrait ces flancs de montagnes tout de gris et de blanc parés, cette herbe grasse embellie de milliers de perles d'eau, cette route qui mène à Fernel, réparée à ses frais et exempte de boue, soulageant à la fois les cavaliers et les montures. Et ces petites chaumières dont s'échappent une odeur de feu de bois, une odeur qui piquent un peu le nez, presqu'aussi sûrement que le froid! Les champs encore tout retournés par une récolte récente...Et les chênes! Plus ils approchent du château, plus ils sont nombreux.
L'arbre-seigneur, non loin de là, est tout paré de rouge et d'or, un spectacle de toute beauté compte-tenu de l'ancienneté de cet arbre, le symbole même de sa seigneurie. Louise le montre d'ailleurs à Aldir, en expliquant d'une voix douce et paisible à quel point cet arbre est important L'herboriste chevauchant à leur côté ne fait que tourner un oeil terne en la direction du grand arbre mais il écoute attentivement le discours de la châtelaine. Tous les chênes de Fernel proviennent de cet arbre-là. N'a-t-elle pas, d'ailleurs, offert au Grand Roi du Zagazorn un de ces glands précieux, tout autant qu'un berceau remarquablement travaillé dans l'essence de ce bois? Ce qui peut paraître insignifiant et totalement désuet, voire ridicule aux yeux d'autres Péninsulaires, prend une importance capitale pour Louise. Par ce geste, elle a voulu offrir ce qu'elle a de plus précieux.
Deux paysans sortent alors d'une des chaumières longeant les champs, fourche à la main, avant d'apercevoir la petite troupe en train d'avancer vers eux. De sous sa capuche de laine bleue Louise sourit derrière le fin tissu qui protège son nez et sa bouche tandis qu'elle fait arrêter tout le monde près d'eux. Les deux compères reculent d'un pas, les yeux plissés mais le plus âgé d'entre eux retient l'autre par le bras quand Melkor piaffe avec arrogance, commencant à caracoler légèrement de côté pour se montrer sous l'amusement certain de son cavalier qui le rappelle à l'ordre d'un mot estreventin, ce qui ne l'empêche pas d'encenser avec vigueur. Peut-être que les fermiers auraient des glands? Il adore ces trucs.
- Ce cheval...l'est de chez nous!, dit-il en désignant Melkor, puis il regarde Monsieur Claude et enfin le reste de la troupe, comme s'il cherchait quelqu'un, comprenant en une fraction de seconde qui se tient là sur un cheval étranger.
- Crémillard...Jacquot! C'est Dame Louise! Les deux hommes ploient un genou et laissent leur fourche au sol. Louise, elle, enlève son tissu pour parler, réchauffée par l'émotion des deux hommes.
- Ulrik, relevez-vous, moi aussi je suis bien heureuse de vous revoir en santé, ainsi que votre fils.
Le dit Ulrik se relève rapidement et avance vers le cheval de la châtelaine en ôtant son bonnet, un sourire dévoilant quelques chicots bien noirs ainsi que des trous ici et là. Tout vilain qu'il soit, il rayonne pourtant de revoir la chatelaine tant et si bien qu'il tend la main vers elle. Louise ôte sa mitaine et la lui laisse, une fraction de seconde, pour serrer les doigts gourds et rudes du paysan.
- On n'avait pu d'nouvelles...Dame Louise...Je suis heureux de vous r'voir. Vraiment heureux!
- Je suis là. Je vais bien. Rassurez-vous et faites passer le mot aux autres...Je suis de retour. La route a été longue et je reprendrai mes visites dès que je serai remise. Quoiqu'il en soit, cela me fait plaisir de vous avoir vus, tous les deux.
Elle replace sa mitaine et incline la tête pour saluer avant de s'éloigner, au pas. Les deux paysans, eux, se regardent et filent déjà à toute allure malgré la bruine pour annoncer la nouvelle. Jusqu'au château, les deux paysans seront pratiquement les seuls à les remarquer excepté ces gamins toujours à l'extérieur, ceux qui passent leur journée à faire des bêtises sans qu'aucun adulte ne les surveille parce que bien trop occupés: les petits orphelins de Fernel. Louise plisse d'ailleurs les yeux en notant l'apparition de deux ou trois frimousses inconnues, fiers garnements aux cheveux de feu, aux regards effrontés et au nez qui coule. Il faudra qu'elle les rencontre, absolument.
- Tu as beaucoup trop d'orphelins à Fernel... Commente doctement Dante.
Il y en n'avait pas tant lors de la dernière visite.
- Les orphelins sont nombreux mais ils sont sous ma protection...Tout le monde n'a pas la chance d'avoir une famille. Et dans ces cas précis, je m'en occupe, c'est mon devoir.
Au château, sur les remparts extérieurs, il y a une certaine agitation, les gardes courent, il y a du bruit, beaucoup de bruits soudain qui font rabattre les oreilles de l'étalon Fernelois que l'herboriste calme d'un mot et Louise rabat sa capuche afin d'afficher son visage, tout autant que ce cercle de métal qu'elle porte toujours. Il y a des cris, la herse se lève et les gardes s'inclinent. A l'intérieur des remparts, un attroupement se forme, pile devant les cavaliers.
- Bienvenue à Fernel, Messires, dit-elle de son rude accent du Nord à l'adresse de son escorte essentiellement eraçonne.
Dans la foule, une petite fille ouvre de grands yeux. Une flèche rousse au visage tâché de son file alors vers le château, c'est la petite Solange qui relève sa jupe pour ne pas se prendre les pieds dedans en courant.
- Dame Louise! Dame Louise est de retour! Bonne Maman! C'est Dame Louise!!! Et des messieurs qui sont pas d'ici!, claironne la petite rousse au beau milieu du hall principal.
-Ah ben c'est la première fois qu'on ne me reconnait pas à Fernel, ca fait du bien, rigole monsieur Claude.
D'ailleurs, il devrait y avoir de belles surprises aux écuries... Et ailleurs...
Depuis la salle d'armes, un grand bruit de pas précipités se fait entendre. Enguerrand, Aymeric, Philippe, Guillaume, tous sortent du château pour accueillir la châtelaine qui fait à l'instant son entrée dans le grand corral et la cour intérieure. Louise n'attend guère pour mettre pied à terre, aussi souplement qu'un petit chat, puis regarde tous ses hommes, un genou au sol, des hommes qu'elle relève d'un geste tranquille avant de s'approcher d'Enguerrand, regardant le fier homme du Nord et toute son émotion visible sur son visage. Les deux grands yeux de ciel sont remplis de larmes, le menton tremble. Alors Louise a un geste pour celui qui l'a suivie au Zagazorn et qui a du quitter le pays sans elle. Elle sait à quel point il a du être inquiet, à quel point il a du se morfondre loin de celle qu'il s'est juré de protéger. La fidélité et la loyauté de ce grand homme de deux fois son âge, son maître d'armes, n'est plus à démontrer et cela aussi elle le sait.
-Enguerrand mon ami, j'ai hâte de reprendre le combat, dit-elle en posant sa main sur son épaule.
Il n'en fallait pas plus pour illuminer le faciès souvent fermé du Fernelois. L'émotion est contagieuse et parmi l'escorte de Louise, tous les hommes qui la suivent d'ordinaire, nombreux sont ceux qui sourient et qui hochent la tête en approuvant silencieusement.
Un peu en retrait, deux hommes et deux femmes assistent au retour de la Dame des lieux, tous ayant un vague air de parenté, cheveux et yeux noirs, peau hâlée... Dont un qui lui est fichtrement familier. En l'apercevant, Louise plisse les yeux avant d'observer les personnes qui l'acompagnent et enfin Dante, un sourcil levé. Il faudra parler de cela, c'est certain mais...pas maintenant.
- Il y a du sang neuf aux écuries...,dévie-t-il habilement à l'interrogation muette
- Et pas qu'aux écuries, visiblement. Ne crois pas que tu vas t'en sortir comme ça..., dit elle à voix basse en souriant, amusée
Il lève les mains, l'air de dire qu'il n'y est pour rien... Ou si peu...
-Bienvenue chez vous ma dame, les accueille l'intendant avec une profonde révérence.
La voix de vieux grand-père l'oblige à se retourner. D'un geste lent, elle lui tend sa main pour le saluer avant de répondre, cachant son émotion cette fois.
- Je suis heureuse de vous revoir, Elazar.
Avec lui également, il y aura de nombreuses choses à voir et à discuter mais pas de suite. Les salutations passées, elle se fraye un chemin jusqu'à son château et en passe le seuil avec un large sourire content.
Les choses peuvent désormais reprendre leurs cours à Fernel, Louise est de retour.