Coup de foudre [PV Shyska]

Enfin ! Shyska s'était mis quelque sous en poche. Ravie, elle s'était dit qu'elle s'achèterait une monture. Mais finalement étant une elfe proche de la nature, elle pensait qu'elle serait sûrement en mesure de pouvoir apprivoiser un meharas, race de cheval particulièrement noble que l'on ne trouve qu'en territoire humain ou nain. Et c'était ce qui l'avait amenée dans le coin alors qu'elle explorait de fond en comble chaque région pour en trouver un.
Mais ça n'était qu'une excuse, en vérité, ses pas l'avait ramenée ici pour une toute autre raison.

Il y avait trois ans de cela déjà :

Alors qu'elle mourait de faim, elle s'était retrouvée à voler chez des gens. Manque de chance, elle s'était faite prendre par un des propriétaires qui depuis, n'avait pas quitté ses pensées.

Enfin elle n'en était pas vraiment consciente et pour elle, si elle était arrivée là, c'était pour ce fichu cheval.

Fatiguée par ses nombreuses pérégrinations et embétée par le soleil radieux de la journée, elle se posa dans le champs de vigne qu'elle trouvait plus sympa que les autres. Certes ils se ressemblaient tous parfaitement mais elle trouvait que celui là avait un truc en plus. Bref, après tout, mis à part l'esprit kikoolol de la chose, ça lui était égal. Donc la voilà, bien dissimulée entre les grappes de raisin en train de se restaurer. Oui elle volait encore mais c'était pour économiser ses provisions et puis peut-être un petit peu par gourmandise. Puis rassasiée, elle se coucha et s'endormit sous la chaleur pesante de l'après-midi tandis que ciel se recouvrait d'une lourde couverture de nuages menaçants.

En milieu d'après-midi, quelques gouttes commencèrent à tomber puis rapidement, une forte pluie se mit en tête de tremper tous les êtres vivants ayant eu la mauvaise idée de sortir.
L'elfe dormait toujours d'un sommeil de plombs, aucunement dérangée par l'eau qui ruisselait sur elle mais lorsqu'un éclair fendit le ciel suivit du son de l'explosion, elle se réveilla en sursaut. Toujours dans les choux, ou les raisins, enfin bref peu importe, elle mit un certain temps à réaliser qu'elle ferait mieux de se mettre à l'abri. Puis, parfaitement réveillée après la deuxième explosion, elle bondit sur ses pieds et s'enfuit à la recherche d'un abri.

D'après ses souvenirs, la ville devrait se trouver quelque part par là-bas (oui c'est très précis). Elle réorienta sa course dans cette direction sans voir qu'un autre individu s'était également fait surprendre par l'orage, le rattrapa vite fait bien fait et au lieu de le doubler, lui rentra dedans sans plus de façon. L'autre vacilla sous le choc tandis que la rôdeuse rebondit sur lui, repartit en arrière et se vautra lamentablement. Sonnée, mais réalisant le manque de noblesse du moment, elle se releva tellement vite que la tête lui tourna et sa vue se voila. Elle chancela mais par un effort suprême de volonté pour ne pas retourner s'étaler au sol, elle rétablit son équilibre et :

Oh excuse-moi, je t'avais pas vu. Faut dire qu'avec cette pluie on voit pas plus loin que le bout de son...

Un éclair déchira à nouveau le ciel, éclairant brèvement le visage de l'homme qu'elle reconnut aussitôt.

nez... acheva-t-elle stupéfaite mais ravie.

Nerëo lui dit peut-être quelque chose, mais elle n'entendit que son invitation à le suivre jusqu'à chez lui, invitation d'ailleurs qu'elle accepta immédiatement, aux anges et le coeur battant à vive allure.

Le ciel se couvrit, et il commença à pleuvoir ; on entendit au loin gronder le tonnerre, et quelques flashs lumineux l’aveuglèrent parfois momentanément, mais il était tellement plongé dans ses pensées qu’il ne le remarqua pas, même si tout le monde autour de lui courrait se mettre à l’abri. Il était très vulnérable au beau milieu des champs (qui devenaient gadoueux, il faut le souligner) ; mais il s’en fichait. Nerëo marcha longtemps, très longtemps. Il courut même. Errant, il cherchait un sens à sa vie.

... et voilà qu’il en trouvait un. Totalement plongé dans ses pensées, il fit un énorme saut lorsque quelqu’un (ou quelque chose) le percuta de plein fouet dans le dos. Il bascula par en avant et s’affala de tout son long dans la boue, qui le recouvrit comme s’il eût été dans une porcherie. Sonné, l prit quelques temps pour reprendre ses esprits, s’essayant d’abord le visage, qui heureusement se nettoya rapidement grâce à la pluie. Puis il se retourna…

C’était une femme. Elfe. Très belle, il faut l’avouer. Son visage lui disait vraiment quelque chose. Sa longue chevelure d’ébène cascadait sur ses épaules. Ses yeux profonds étaient brillants. Oui, il se rappelait. Il l’avait déjà hébergée il y avait quelques années, et ils s’étaient battus en duel, et elle s’était révélée une excellente combattante. Il lui semblait même qu’elle l’avait battu. Outre la fatigue apparente qui marquait légèrement ses traits sans les altérer, elle n’avait pas changé.

Elle lui dit quelque chose, mais il n’entendit rien, concentré à la contempler. C’était mi-figue mi-raisin : il était légèrement blessé et couvert de saleté, mais au moins il avait fait une belle rencontre.

Puis, remarquant son manque de civilité, il se ressaisit et dit précipitamment, afin de se faire pardonner, un sourire s’étirant ses lèvres :

- Veux-tu ENCORE que je t’héberge chez moi quelque temps ?

Il avoua :

- Je m’ennuie beaucoup, ces temps-ci. Un peu de compagnie ne me ferait pas de tord.

Il l’invita à la suivre. Ils arrivèrent rapidement chez lui, pressés par la pluie cinglante. Lorsqu’il referma la porte derrière lui, il enleva tout d’abord ses bottes rendues totalement brunes de boue, puis tendit une serviette à Shyska afin qu’elle se sèche, avant d’en prendre une pour lui-même et, en plus de se sécher, enlever la couche superficielle de gadoue qui couvrait son corps entier.

- Je vais aller prendre un bain, informa-t-il son invitée. Je n’en aurai pas pour longtemps. Prends tes aises… malgré que tu doives déjà connaître assez bien la maison, dit-il avec amusement.

Lorsqu’il ressortir de la pièce dans laquelle il s’était lavé, ayant enfilant des vêtement neufs, il invita l’elfe à partager un repas pour le moins luxueux avec elle (normalement, il se contentait de beaucoup moins, mais il voulait bien paraître devant son amphitryon) afin de discuter un peu.

Shyska réfléchissait. Qu'est-ce qui lui était passé par la tête pour qu'elle lui rende visite ? Et cet orage qui tombait mal et l'avait forcée à accepter son invitation. Forcer n'était certe pas le bon mot mais elle préférait se dire que ce n'était pas son choix car elle n'aimait pas le sentiment qui naissait en elle, cela l'affaiblirait, elle serait plus sensible et aurait un point faible en plus comme si un ne suffisait pas déjà.. Elle était déjà transformée, méconnaissable, son regard d'ordinaire impassible débordait désormais de tendresse et de douceur malgré tous ses efforts pour le cacher. Tout son être le hurlait. Seules choses qui n'avait pas changé et que le soldat pouvait reconnaitre depuis leur dernière rencontre était son air sauvage, joueur et malicieux. Son coeur torturé par son esprit de liberté et son instinct solitaire s'apaisa lorsqu'enfin il sortit de la salle de bain, aucun doute n'était plus possible, elle était amoureuse, ne pouvait rien y faire ; c'était une fatalité et elle n'avait plus qu'à prier pour que ses sentiments soient partagés.

Inconscient de son trouble, il l'invita à se mettre à table, l'estomac creusé par leur précédente course et lui offrit un copieux repas soucieux de faire bonne figure et hôte modèle.

ça faisait longtemps hein ? dit-elle d'une voix douce. Comme je passais dans le coin je me suis dis que je pouvais te rendre une petite visite sur les remparts sans que tu t'y attende. heureusement que je t'ai croisé en arrivant parce que sinon je me serai cassé le nez vu quà mon avis t'es en congé ? ça tombe bien d'ailleurs parce que si je suis de passage dans la région c'est parce que je suis à la recherche d'une race particulière de cheval : les meharas. Chevaux uniquement domptable par les elfes, tu comprends donc pourquoi je m'y interesse. Il paraîtrait qu'ils vivent là où les hommes ne sont pas, autrement dit dans un milieu le plus pur et sauvage qu'il soit. Alors si t'aime voyager, si l'envie de liberté t'interesse, j'aurai besoin d'un guide, de quelqu'un qui connait qui connait bien les territoires humains.

Rien qu'à l'idée d'être seule avec lui pendant un certain temps, elle perdit tous ces moyens, rougit et se tut de peur de bafouiller.
Elle constata que durant son monologue il avait finit de manger, saisit l'occasion pour se redonner constance. Elle le défia.

- Je suis sûre que depuis la dernière fois, tu t'es beaucoup entrainé de manière à ce que plus personne jamais ne puisse te battre.
Que dirais-tu de tester le fruit de ton travail ?

L'orage à l'extérieur s'était déjà calmé mais le temps restait sombre et noir. De plus la nuit tombait. Shyska aurait un allié de taille : l'ombre.
Mais ce seulement si l'autre ne remettait pas le duel au lendemain.

Shyska sortit à la suite du soldat. Une bourrasque la secoua, ses cheveux et sa cape se soulevèrent lui donnant un air sauvage, transformant sa silhouette d'elfe en celle d'un corbeau. Sans paraître affectée par le froid qui régnait, par ses morsures glacées sur sa peau, grisée par le vent, enivrée par chacune de ses caresses, elle le laissa emporter ses doutes loin d'ici et savoura son sentiment de liberté. Elle vibrait, euphorique, heureuse pour une fois.

Nerëo l'observait et semblait attendre quelque chose, machinalement la rôdeuse se mit en garde. Il se jeta sur elle, assenant coups sur coups sans interruption, l'assaillant sans relache. Elle para maladroitement, puis, enfin tirée de sa torpeur, sa prise sur ses dagues se raffermit et elle esquiva, riposta avec plus d'assurance. A chaque blocage de l'épée, ses bras ressentaient l'onde de choc sur toute leur longueur. Shyska ne s'était pas trompée, il était beaucoup plus fort qu'avant et la puissance émanait de chacun de ses mouvements.

- On ne m’a toujours dit de ne pas faire de mal aux filles. Je vais te laisser des chances.

- Cours toujours ! Comme si tu pouvais me faire du mal... Je suis intouchable.

Et pour lui prouver ses dires, elle esquissa un pas de danse sur le côté pour éviter l'épée, surprit une ouverture dans la défense du bretteur et laissa partir son bras comme une flèche. Sa lame siffla dans la nuit, crissa contre l'acier. Déviée de sa course, elle manqua sa cible. La sylvain sentit la riposte arriver et ramena ses armes près de son corps prête à la recevoir mais à sa grande surprise, Nerëo se rata magistralement, son glaive lui fila entre les doigts, il trébucha et percuta l'elfette de plein fouet. Ils s'étalèrent tous les deux. Shyska laissa son regard errer sur les lèvres du soldat à quelques centimètres seulement des siennes avant qu'une montée d'adrénaline lui clarifia les idées. Elle était en position de force, son regard luisa d'une lueur malicieuse, sa bouche s'étira en un sourire diabolique, elle leva ses dagues pour laisser leur pointe chatouiller la nuque de sa proie mais celle-ci lui échappa. Il avait réagit vite et à peine s'était-elle relevé pour lancer une attaque fulgurante que lui avait déjà son épée à la main pour parer.

Puis ce fut elle qui mena la danse, elle visa les jambes. Elle rata de nouveau sa cible mais parvient à le mettre en difficulté, du moins c'est ce qu'elle croyait. Une lueur victorieuse luisa dans ses pupilles lorsqu'il s'écroula, lueur bien vite remplacée par l'inquiétude en pensant qu'il s'était fait mal. Elle s'approcha pour lui venir en aide et couina d'étonnement lorsqu'il l'attaqua. Elle recula tellement qu'elle se trouva adossée au mur de la maison. Acculée, elle reprit l'initiative et abattit une pluie de coups sur son adversaire à une telle vitesse que ses dagues en devenait floues. Mais bien vite elle s'essoufla, l'espace entre chaque assaut s'agrandissant inexorablement. Elle voulut rompre le combat en s'échappant sur le côté mais rencontra une épée mal intentionnée sur son chemin, elle para le coup qui la désarma de moitié. L'une de ses dagues s'envola et s'en fut choir un peu plus loin.

- d'accord d'accord, c'est toi le plus fort ! geigna-t-elle, faignant la résignation de la défaite.

Le soldat sembla surpris par sa victoire si rapide et fut déconcentré un instant. La rôdeuse plongea sous sa lame, récupéra son arme et se remit en garde, un sourire innocent flottant sur son visage.

- héhé ! Qu'est-ce tu croyais ?! T'as l'espoir de me battre on dirait. Mais crois moi, c'est un rêve inaccessible !

Seulement, ses halètements rauques démentaient ses paroles. Il allait la vaincre, c'était une certitude mais elle ne lui accorderait pas la victoire aussi facilement. Elle bondit sur lui, frappa vers sa gorge de sa main droite et de la gauche visa les côtes. Feinte, elle se laissa tomber pour faucher l'ennemi mais celui-ci s'écarta, esquiva puis riposta. Etendue sur le dos, elle ne put que parer de son mieux la série de coups qui s'abattit sur elle, l'empêchant de se relever.

Le soldat parvint à la repousser de nouveau contre le mur de sa demeure ce qui génait un peu la liberté de mouvement de l'elfe et donc l'obligeait à parer chacun de ses coups. Elle avait les bras en feu, était épuisée mais elle puisait dans sa volonté pour tenir encore, sentant que son adversaire commençait également à se fatiguer.

Un nouvelle assaut qu'elle arrêta avec ses dagues croisées, l'épée les repoussa laissant une ouverture dans sa défense où Nerëo s'engouffra pour parvenir à l'embrasser. Stupéfaite, elle stoppa net son mouvement d'attaque et laissa tomber ses bras le long de son corps. Erreur... La lame du bretteur la tira de sa stupeur lorsque l'acier dont elle était faite fut en contact avec sa gorge.

- J’ai gagné ! s’exclama-t-il tout en arborant un sourire espiègle. J’ai fait attention de ne pas couper l’une de tes belles mèches sombres. C’aurait été dommage, non ?

- Et c'est toi qui disait que faire semblant de déclarer forfait était pas juste... souffla-t-elle doucement encore incrédule, ignorant la deuxième remarque.

Elle secoua la tête pour se remettre les idées en place mais en resta encore toute retournée. Elle était sûre que les battements de son coeur rapides et si forts étaient audibles au moins depuis chez le voisin. Mais heureusement, elle entendit le mot bain et sous une envie pressante de se décrasser, son attention fut complète tandis qu'un plan naissait dans son esprit de nouveau lucide.
Elle le suivit à l'intérieur, rangea ses dagues et sortit de sa besace des herbes médicinales et de quoi faire un bandage propre. Toujours devant elle il ne pu voir sa manoeuvre : elle se rapprocha furtivement de lui, l'attrapa par son bras valide et le força à se retourner. Elle le plaqua contre le mur qui séparait la pièce principale de la salle de bain et l'embrassa. Un long moment s'écoula, où tout deux avaient les lèvres jointes, puis enfin Shyska rompit le contact et :

- je t'aime, murmura-t-elle à son oreille d'une voix douce.

Avant de "s'enfuir" dans la salle d'eau.

- Preum's ! J'ai plus besoin d'un bain que toi, j'en ai pas pris toute à l'heure moi ! cria-t-elle depuis là où elle était. Puis elle continua d'une voix malicieuse, Mais si tu peux venir si tu veux.

Elle abandonna ses vêtements et se glissa dans l'eau chaude sans attendre sa réponse, sans crainte qu'il la voit ainsi dénudée. Ses muscles mis à rude épreuve se dénouèrent, Shyska se détendit, ferma les yeux et savoura l'instant, les sens restés aux aguets pour savoir s'il entrait ou non.
Le matériel de soin était posé près d'elle, dissimulé sous une serviette car elle savait depuis la dernière fois qu'elle était venue, qu'il préférait se débrouiller tout seul pour traiter ses blessures.
Elle comptait bien se rapprocher de lui s'il venait, coller son corps contre le sien et l'embrasser encore pour l'immobiliser puis elle en profiterait pour le soigner.

Haha ! quel plan machiavélique. Enfin encore fallait-il qu'il vienne ! Mais peut-être était-il trop pudique...

Spoiler:

Il mit un certain temps à se décider et Shyska faillit s'endormir à plusieurs reprises, son coeur s'emballa même sous un sursaut lorsqu'elle le sentit franchir le pas de la porte. Elle ouvrit les yeux et l'accueillit avec un sourire provocateur. Il lui sembla qu'il rougissait, resta un moment indécis mais finit par se dévêtir et la rejoignit dans l'eau chaude.

Elle voulut mettre son plan à exécution mais n'en eut pas le temps ; il était déjà sur elle pour l'embrasser avec avidité. Sous la surprise, elle eut un mouvement de recul mais ne pu aller bien loin la sous l'emprise des bras du soldat qui l'enserrait avec force. Elle frémit toute entière sous ses baisers tandis que son instinct sauvage se révoltait encore. Que lui arrivait-elle ? Elle se laissait approcher par un humain ?!! Se laissait embrasser ?! Elle se tendit légèrement et peut-être le sentit-il car il s'arrêta et laisser reposer sa tête sur l'épaule de la rôdeuse. Sous un élan de tendresse et d'amour, son esprit s'apaisa et, d'un geste protecteur et rassurant lui caressa les cheveux.
Ils restèrent ainsi un long moment mais les gouttelettes de sang lui rappelèrent l'entaille et elle décida de bouger. D'une humeur particulièrement gamine, elle l'éclaboussa le visage (mais veilla à ne pas mettre de l'eau partout) pour qu'il se recule puis passa les mains sur son corps finement ciselé de muscle pour le nettoyer lui mais surtout sa blessure. Elle se rinça elle même plus rapidement puis sortit du bain gracieusement mais dégoulinante.

viens, fit-elle inquisiteuse.

Puis ravie de le voir sortir à son tour, elle ne put résister à lui coller un baiser léger comme le vent sur ses lèvres, puis s'approcha doucement, colla son corps contre le sien tandis qu'elle sortait de sous la serviette une gourde emplit d'eau tiède mélangée à de la poudre des racines d'une herbe médicinale pour la cicatrisation et contre les infections. Lorsqu'elle appuya dessus il en sortit une pâte verdâtre qu'elle appliqua de la main sur la plaie. Plante efficace mais relativement acide qui pouvait faire sauter au plafond n'importe qui. L'elfe serra Nerëo contre elle avant qu'il ne bronche l'embrassa encore, langoureusement, très longtemps tout en gardant la main appuyée sur son épaule blessée.
Puis elle se déplaça dans son dos, le banda de façon à ce que le bandage n'entrave pas ses mouvements et lorsqu'elle eut finit, l'enlaça, l'embrassa dans le cou à plusieurs reprises et lui murmura des excuses à l'oreille avant de retourner dans la salle principale avec ses affaires à la main.

Il suivit l'elfe en dehors de la pièce mais seulement pour aller se coucher lui faisant signe de le rejoindre. Bien, ça lui évitait au moins de faire la rustique et de s'inviter toute seule dans le lit du soldat. Il avait déjà la voix pleine de sommeil lorsqu'il lui adressa la parole, plein d'espoir lui demandant s'il pouvait être son guide dans les contrées humaines. Et, en voulant plus encore, il lui proposa d'aller plus loin que la limite de ses terres pour la garder un maximum auprès de lui.

Sans l'interrompre, elle l'écouta et lui répondit moqueuse :

primo, non tu ne seras pas mon guide.

Elle laissa un léger blanc histoire de faire la sérieuse puis continua :

Je plaisante. C'est tout ce que j'attendais car moi aussi je ne peux me passer de toi. On ira où tu voudras, je te suivrai où tu voudras. Mais n'oublies-tu pas ta fonction de soldat ?

Il ne lui répondit pas et désireux qu'elle lui vende du rêve, lança un sujet sur ceux de sa race.

à quoi ressemble une de leurs cités ?! feula-t-elle d'une voix agressive et douloureuse. à un tas de cendre formé de bois et de cadavres brulés... Et l'environnement ? Une simple forêt écumée par les drows qui massacrent le moindre malchanceux croisant leur sombre route...

Elle se tut pleine d'amertume mais il attendait patient. Alors elle se reprit plus orgueilleuse :

C'est simple, tu t'imagine la plus belle ville au monde et ça sera les nôtres. Les cités sont perdues au milieu d'une forêt dense aux arbres immenses d'une vieillesse comparable à celle de la terre. Seuls ceux qui savent s'ouvrir à la nature trouvent leur chemin dans ces bois. Et un jour, ils auront la chance de tomber sur Alëandir, notre capitale ou bien le lac d'uraal. Dans les deux cas, que ce soit une ville aux batiments blancs à l'architecture légère et élancée vers le ciel ou l'immensité d'un lac serein au milieu de nul part, reflétant le ciel dans un silence perturbé seulement par une gigantesque cascade, leur vision restera à jamais gravée dans leur mémoire.
A' la seule différence de leur magnificence, dans l'un de ces lieux, tu seras accueilli pour un troupeau d'elfex souriants et naïfs, qui t'accepteront tel que tu es sans te poser de questions tandis que dans l'autre, tu es certes accepté comme tu es mais tu es perdu au milieu d'une nature sauvage, indomptée et hostile.

Elle laissa couler une pause, réfléchissant à comment compléter sa description puis finalement renonça et souffla doucement

En fait je sais paspourquoi je m'acharne à tenter de te décrire tout ça, la beauté que tu pourrais imaginer pour ces lieux n'est même pas égale à leur splendeur véritable. On ne peut comprendre que lorsqu'on les a déjà vu. Je t'y emmenerai puisque c'est ton souhait mais je ne suis pas sûre de retrouver le chemin

Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire, heureusement qu'elle lui tournait le dos car c'était pas super sexy...

On attendra demain si ça t'ennuie pas, pis nous faut des montures !Je tiens pas à rester 10ans chez les elfes le temps de sortir d'Anaëh...

Sur ces derniers mots, elle lui fit face, l'embrassa pour la énième fois avant de se blottir plus confortablement contre lui et de fermer les yeux.

Elle dormit particulièrement bien cette nuit là mais se réveilla tôt avec le chant du coq. Ah bon y'en a pas ? bon bref, elle se leva à pas feutrés pour ne pas réveiller le soldat qui ronflait toujours paisiblement puis revint de temps à autres regarder s'il émergeait. Lorsque le soleil se leva enfin, elle l'entendit s'agiter et retourna lui rendre visite et fut presque aussi contente que lui de le voir. L'air encore un peu dans le coltar, il se leva, s'étira tandis que Shyska le reluquait avec adoration puis passa à coté d'elle, l'embrassa machinalement au passage et s'en alla se restaurer. Morfal !

Elle s'assit en face de lui et le dévisagea tout le long de son petit déjeuner sans se soucier le moins du monde de si elle le génait ou non mais sa contemplation fut brisée par un visiteur intempestif qui frappa à la porte menaçant de l'enfoncer sous ses coups de boutoir.

En voilà un à qui l'on a pas apprit la délicatesse, ricana Shyska esquissant un mouvement pour aller ouvrir. Nerëo l'arrêta et, boudeuse, l'elfette se rassit.

Elle ne pouvait même pas faire sa comère car il lui masquait l'encadrement de la porte de son corps massif. Bouillonnant de curiosité et mourant d'envie de le rejoindre, elle écouta. Une voix bourrue et grognon s'éleva signalant qu'on avait besoin de son chéri pour faire le garde avec une offre de salaire des plus tentantes. Bien que ce soit la profession du bretteur et qu'il ne pouvait que difficilement refuser, la rôdeuse désapprouva fortement et voulut donner son avis lorsqu'il se retourna vers elle mais le nouveau venu la devança, monopolisant la conversation une nouvelle fois ce qui finit sur un claquage de porte au nez qui enchanta la sylvain.

Les prunelles de Shyska étincelèrent de colère lorsqu'elle comprit que son compagnon lui échapperait le temps de la journée lui assurant qu'il lui rendrait de brèves visites. Non seulement il l'abandonnait mais en plus il l'affectait à la préparation du voyage.

Je t'accompagnerai mais pas de 10mètres derrière d'une, de deux je prépare le voyage et de trois, quand j'aurai fini je te rejoindrai. lui répondit-elle d'une voix interdisant toute tentative de négociation.

Elle se leva, sortit de la maison renforçant encore l'impossibilité de discuter, passa la tête à l'intérieur et avec impatience :

Bon y on va ?!!

Et elle disparut définitivement à l'extérieur, s'en allant dans une direction choisie au hasard. Lorsqu'il sortit à son tour et qu'il lui précisa moqueur que son lieu de boulot était à l'opposé de là où elle allait, elle fit immédiatement demi-tour tentant de garder un semblant de dignité.

Elle l'avait accompagné jusqu'à son travail puis était rentré en courant pour préparer le voyage. Toute la journée elle s'affaira dans la maison, fouinant dans toutes les caches, tous les placards et tiroirs pour ne rien oublier. Grâce à son entrainement de voleuse, elle savait où les humains en général plaçaient les choses et trouva pratiquement tout ce qu'elle cherchait. Elle s'activa toute la journée, galopant à droite et à gauche, sillonnant la demeure de long en large et finit même par la connaître par coeur dans tous ses recoins jusqu'au moindre grain de poussière.

Enfin ! Elle avait terminé ! Cartes de chaque régions, vivres, nécéssaire de soin, tout y était. Un peu fracassée, elle s'assit dans le fauteuil préféré de son propriétaire et s'accorda une pause bien méritée. Elle alla même jusqu'à chiper de quoi manger dans la cuisine avant de se décider à aller rendre visite au soldat. Mais elle n'en eut pas besoin, le voilà qui rentrait déjà.
L'apercevant depuis une fenêtre, elle jaillit hors de la maison comme une fusée et lui sauta au cou l'embrassant sauvagement sans interruption. Il aurait eu un chien, ça aurait été la même : elle lui faisait la fête.

Tu m'as manqué chéri ! s'exclama-t-elle bouillonnante tout en le défaisant à la hâte de son armure et de son épée avant de l'inviter à l'intérieur pour lui montrer d'un geste de la main quelques sacs paraissant minables à côté de l'ampleur du voyage qui s'apprêtait. Tu vois ? Tout est prêt ! On part quand tu veux ! Je sais ça ne fait pas beaucoup de bagages mais c'est toujours plus agréable de voyager léger ! Mais ne t'inquiète pas on manquera de rien.

Qu'est-ce qu'elle en avait ch*** pour faire si peu de bagage ! Elle avait mis moins de temps à tout trouver dans la maison qu'à faire le tri dans ce qu'ils devaient emmener et à jouer au tétris pour réussir à rentrer le plus de choses possibles dans le moins de sacs possibles. Et après pour ranger, on en parle même pas ! C'était plus le jeu du mémoris là pour retrouver la véritable place de chaque objet.

Tu as un cheval ? Oui sûrement t'es un guerrier toi ! Un beau guerrier d'ailleurs et particulièrement désirable je dois dire !! ronronna-t-elle emportée par son excitation grandissante à l'approche du départ et à l'idée d'avoir une chance de trouver des meharas.

Sur ce elle l'embrassa et sortit dans sa cour à la recherche d'une quelconque monture. Il était vrai qu'elle ne l'avait pas cherchée pour la mettre à côté des bagages. Son exploration ne dura pas bien longtemps étant donné qu'il n'en avait pas. Avant même qu'il n'ai eu le temps de bouger, elle rentrait dans l'habitation comme un boulet de canon, manquant de glisser sur le tapis emportée par son élan et par la même occasion de lui rentrer dedans. Il ne fallait pas que cela devienne une habitude depuis l'orage tout de même !

D'où t'as pas de destrier toi ?! ça ne va pas du tout ! Allé on va t'en chercher un ! Sinon comment tu vas faire pour me suivre quand j'aurai trouvé le mien hein ?!

Pauvre Nerëo... Elle était particulièrement fatiguante en cette fin d'après midi. Elle sortit pour la énième fois dehors.

Tu viens ?! on va pas attendre le déluge ! Surtout avec ce qu'il est tombé hier, risque pas d'en avoir avant un bon moment !!

Vraiment intenable ! on avait qu'une envie c'était de l'assommer pour avoir un peu de calme. Mais allez assommer une elfe déchainée vous ! Ce n'est pas une mince affaire croyez-moi ! Plutôt vous qui finirez par terre si vous vous y risquiez d'ailleurs...

Voyant qu'il ne la suivait pas, elle fit demi tour et le trouva juste derrière la porte et freina des quatres enfin deux fers pour ne pas le percuter (eh oui encore !) Elle se calma un peu lorsqu'elle réalisa qu'il était peut-être un petit peu fatigué. C'est que ça devait être érintant de ne rien faire. Elle l'embrassa une nouvelle fois mais avec beaucoup plus de douceur et d'amour que lorsqu'il venait de rentrer puis s'échappa de son étreinte et l'invita dans la chambre. Elle lui retira sa tunique et lui ordonna de s'allonger.

Vas-y couche toi ! Mais non pas par terre !! Sur le lit voyons rhooo ! Et sur le ventre de préférence.

Elle fouilla dans sa besace, tira des herbes différentes de celles qu'elle avait utilisée la veille pour le soigner et un bol en bois dans lequel elle les fit brûler ; un peu comme de l'encens mais avec une odeur plus douce et moins entêtante. Elles venaient de la forêt elfique où les senteurs étaient particulièrement agréable.

Spécialité de mon village natal Fit-elle d'une voix caressante.

Elle s'assit sur lui et entreprit de lui masser le dos avec une telle douceur qu'elle ne serait pas étonnée de le voir s'endormir. Au bout d'un très long moment, elle le délaissa, sortit en silence de la pièce puis de la demeure. Le soleil disparaissait déjà à l'horizon. Elle devait se dépêcher. Elle fila comme une flèche vers le centre de la ville et frappa à la porte de l'une de ses connaissances qui avait une dette envers elle.

Tiens donc. Cela faisait longtemps rôdeuse. Entre ! fit une voix rauque lorsque la porte s'ouvrit.

Je ne reste pas longtemps. J'aimerai juste t'emprunter ton cheval pour un trèèès long voyage ! lui répondit-elle charmeuse.

Et puis quoi encore ? Comme si j'allais te le laisser comme ça ! Même si je me doute bien que tu es la première personne qui prendra le plus soin de lui, je n'ai aucune envie de me séparer de ce petit bijou !

Allons ! Allons ! Dois-je te rappeler que tu as une dette envers moi l'ami ? souffla-t-elle doucement d'une voix menaçante tout en caressant le pommeau de l'une de ses dagues.

L'autre soupira :

Qu'est-ce que tu peux savoir te montrer persuasive parfois. Mais tu ne me l'arracheras pas comme cela ! Je te le vend...

Sur l'accord de la rôdeuse, la transaction s'effectua sans anicroche ; une grosse somme d'argent changea de main et la sylvain repartit avec une monture sublime. Elle avait payé plus que nécessaire mais ne voulait pas non plus détruire son ancien propriétaire de par cette séparation. Et elle savait qu'elle n'avait pas de la camelotte entre les mains. Elle galopa sur son dos jusqu'à chez son amant et à l'arrivée, son destrier ne semblait même pas essouflé. Elle l'attacha dans la cour et rentra.
Il était réveillé et l'attendait. Sa "magie" n'avait pas durée assez longtemps hélas.

Elle lui offrit un sourire des plus doux, l'air un peu désolé de s'être absentée de la sorte puis, le regard mystérieux, elle lui demanda de sortir pour lui montrer son achat.

Voilà ! Tu es un vrai guerrier maintenant. Il est à toi.

Elle ne se moquait pas de lui. Le cheval était plutôt massif et le porterait sans mal avec son armure. Aux poils noirs tirant un peu sur le roux, il avait une longue crinière noire et ondulante, le regard doux et emplit d'intelligence. Sans aucun doute, on ne pouvait avoir monture plus fidèle.

Nerëo semblait fou de joie. Son sourire rayonnant s'étirait jusqu'aux oreilles tandis que ses yeux exprimaient une rélfexion profonde sur une chose posant toujours problème : trouver un nom.

- Puisque ses poils sont noirs comme tes cheveux et qu’il semble aussi fringant que toi, je pourrais l’appeler Shyska !

L'elfe faillit crier de protestation mais fort heureusement le soldat précisa vite qu'il plaisantait lui tirant un soupir de soulagement. Décidemment l'amour la rendait terriblement crédule. Un temps passa encore puis le silence fut rompu.

Cendrefeu

Prénom nikel qui correspondait parfaitement au destrier. La rôdeuse manifesta son approbation d'un hochement de tête et d'un sourire satisfait. Puis sous la supplique de son amant, elle le laissa partager un moment avec sa monture et rentra dans la demeure.

Elle l'attendit patiemment malgré le bouillonnement de fierté qui l'emplissait à cause de sa surprise réussie. Enfin il revint et ils purent se coucher. Elle s'endormit rapidement mais se réveilla légèrement quand Nerëo quitta le lit pour finalement ressombrer dans les bras de morphée, inconsciente de ce que préparait le soldat.

Peu de temps avant le lever du soleil, elle fut tirée du sommeil par les hennissements de Cendrefeu et choisit de le rejoindre dans la cour pour le préparer au voyage, remplissant les bâts des fournitures nécessaires au périple. Quelle ne fut pas sa stupéfaction lorsqu'elle vit un deuxième cheval aux cotés de la jument ! Elle s'en fut vérifier le portail qui était soigneusement fermé et en conclut difficilement que l'animal blanc n'était pas venu tout seul.

une phrase lui revint en mémoire :


"Maintenant, il faudrait te trouver une monture à toi aussi"

Et alors elle comprit. Débordante de bonheur et d'amour elle fonça dans la chambre, y déboula en trombe puis se stoppa net en voyant le soldat dormir paisiblement. Un doux sourire attendrit flotta sur les lèvres de Shyska tandis qu'elle s'en retournait faire plus ample connaissance avec la bête immaculée.

Elle s'approcha d'elle en murmurant des mots rassurants en langage elfique. L'étalon (car c'en était un) lui même fit quelque pas en avant sans aucune crainte, un lien d'amitié teinté d'un respect mutuel se tissant presque instantanément entre eux sous les premiers rayons du soleil.

Murmure...

Elle sella Cendrefeu, le chargea d'une partie des équipements plaçant l'autre partie sur sa propre monture qu'elle monterait s'en selle ni bride.

Elle se retourna, son amant était là et l'observait. Depuis quand ? Elle n'en savait rien mais cela ne l'empêcha pas de lui sauter au cou (le renversant comme lui avec elle la veille) parvenant à le faire chuter (s'aidant d'un croche-pied bien placé) et le couvrit de baisers. Elle se releva, se jucha sur Murmure, le lança au galop en direction du muret qui délimitait le jardin du soldat et lui fit franchir d'un bond.

Et bien alors tu viens ? On est tous prêt et Cendrefeu à grand hâte de partir ! Et il faut que tu passes devant ! Moi je connais rien des territoires humains !