Particularité : Dans le souci de donner de sa personne une image remarquable, Xalaphas s’est inventé une histoire plus à même de le mettre en valeur que la vérité. Il s’est entre autres inventé des origines dracennes et, dans l’accord de cette revendication, voue un culte aux dragons dont il possède une remarquable collection d’idoles. D’une manière bien moins publique, il participe avec quelques-uns de ses plus proches amis à des orgies doublées de sombres rituels où l’on consomme la chair d’enfants et de nouveaux-nés pour en absorber la jeunesse et prolonger sa vie. Ces pratiques cannibales sont cependant aussi inefficaces qu’elles restent secrètes.
Alignement : chaotique neutre Métier : prince marchand Classe d’arme : corps à corps
Possessions/Equipement : L’homme étant richissime, il possède une garde-robe tout à fait bien remplie. Ses affaires sont nombreuses et variées, de la vente d’essences rares au commerce d’esclaves en passant par l’organisation de combats d’arène. Les détailler serait sans doute trop long pour être intégré à la fiche, mais je peux rédiger un descriptif sous la forme d’un BG si cela s’avère nécessaire. À part ça, comme je l’ai dit plus haut, il a une sacrée collection d’idoles de dragons, peut-être quelques turbans, ou un joli poignard, voilà-voilà.
Description physique : Sans être un colosse, Xalaphas reste assez musclé. Mais sa carrure est effacée par sa grande taille qui affine sa silhouette et la rend plus élancée. Il a la peau basanée des gens du sud-est et garde ses cheveux noirs et soyeux assez longs. Son visage est anguleux, doté d’un nez d’aigle cerné par des yeux bruns que surplombe un front lisse. Ses lèvres fines dissimulent un émail blanc qui s’épanouit relativement souvent, bien qu’il favorise un sourire en coin pour charmer les dames. Au quotidien ses tenues sont d’une élégante simplicité, mais il lui arrive de se vêtir d’habits somptueux et parfois excentriques lors de fêtes ou d’autres évènements semblables.
Description mentale : L’homme est opportuniste, capricieux, dépensier, généreux, galant, charmeur, impitoyable, mystérieux, fougueux, cupide et plutôt narcissique. Il ne s’emporte que rarement, mais c’est plutôt sanguin dans ces cas-là. Il n’est pas téméraire et sais évaluer ses chances. On le dit raffiné, poli mais aussi cruel et calculateur. Il sait nouer rapidement une relation avec quelqu’un mais ne possède que très peu de gens en qui il a véritablement confiance. Très rancunier, mieux vaut éviter de s’en faire un ennemi, derrière ses sourires de façades peut se cacher un mortel complot. Il reste cependant un commerçant, au verbe habile et à l’œil vif et précis.
Histoire : À Thaar, le pouvoir est souvent hérité. Les magistrats sont tous issus de nobles familles et les grands marchands se transmettent leurs richesses de génération en génération. Il arrive cependant que la chance et l’opportunisme hisse des individus communs dans des sphères d’influences apparemment inaccessibles. Ce rêve d’atteindre le sommet à partir de rien, d’aucun réalisé mais partagé par tous contribue largement à la popularité de la cité Estréventine. Xalaphas qui l’illustre tout à fait n’attire pas moins la sympathie. (Bien que les détails les plus sordides aient été remplacés et que le tout soit embelli dès qu’il doit en faire le récit)
Son histoire commence dans les quartiers miséreux de ville. C’est là-bas qu’il est né et qu’il a passé sa petite enfance, vivant dans la boue et les déchets. Il mendiait pour acheter son pain, et volait quand la charité ne suffisait pas. Il tâchait d’éviter les voyous et allait réclamer sa piécette au port, là où tous les marchands passaient. Comme on le sait fort bien, les gens qui faisaient leur commerce là-bas, prenaient souvent un autre nom au large : celui des pirates, des corsaires et autres flibustiers. L’un de ces forbans fut bouleversé par le petit Xalaphas, la beauté fine de son visage et son corps frêle de mal-nourri. Il l’invita donc à prendre le large, lui promettant des tâches plus proches des cuisines que de l’abordage. Le jeune garçon fut séduit par la proposition et saisit l’opportunité de fuir sa vie de va-nu-pieds. Il embarquait le soir même à bord du Jutepoutre et dormait dans un hamac de fortune.
À Thaar, la chance sourit aux audacieux !
Le capitaine qui l’avait arraché à la misère n’était pas avare d’attention. Il le fit manger à sa faim, et veillait à ce que le reste de l’équipage n’en fasse pas un défouloir. Un soir, il lui offrit même de le masser pour évacuer les douleurs qui le tenaillaient après avoir briqué le pont pendant des heures. Xalaphas qui était vraiment endolori – et bien peu méfiant – accepta joyeusement. Il se déshabilla tandis que son protecteur sortait ce qui semblait être une bouteille d’huile. Le garçon s’allongea, imaginant déjà les mains humides délier les muscles de son dos meurtri. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’un chibre chaleureux s’immisça entre ses fesses menues pour lui bourrer le pot allègrement. Xalaphas hurla et se débattit, mais la force du boucanier l’emporta sur ses efforts. Il entrait ainsi dans la piraterie et commençait sa nouvelle vie. Elle fut bien plus sûre que celle du reste de l’équipage puisque la capitaine le tenait dans ses faveurs et lui épargnait les tâches les plus dangereuses. De fait, les seuls abordages que le garçon eut à subir se déroulèrent dans les quartiers de son protecteur, sous forme d’assauts répétés qui lui arrachaient néanmoins quelques cris. Il y trouva son salaire et glana même quelques augmentations. Encouragé par l’affection qu’il lui portait, le capitaine consentit à lui donner une instruction.
L’équipage n’appréciait pas Xalaphas, ce n’était à leurs yeux que la catin de leur capitaine. Ces privilèges qu’on lui accordait ne faisaient que dégrader ce sentiment. Il ne se battait même pas avec eux, et était pourtant mieux traité. L’injustice était là, faisant grandir une juste colère. Et ce sentiment s’affinait peu à peu dans leur esprit, comme un vin qui fermente dans une cave. On sait les conditions de vie des flibustiers bien difficiles, cette rancœur en était le pompon, comme une cerise déposée sur le sommet du gâteau de l’insatisfaction. Aussi quand le capitaine voulu faire de Xalaphas son intendant, après en avoir fait sa pute, son élève et confident, l’équipage protesta vivement. Les graines de la mutinerie étaient plantées.
Leur éclosion eut lieu au moment le plus inopportun qui soit : une attaque. Le navire qu’on avait repéré faisait voile droit dans leur direction. Ce qui semblait être une aubaine se transforma bientôt en drame lorsqu’un carreau long comme un homme s’écrasa sur le pont. Il devînt alors évident que ce bâtiment n’avait d’autre desseins que celui de les couler. Le branle-bas de combat qui en résulta fut une véritable anarchie. Les hommes ne respectaient pas les ordres. On se disputait pour savoir s’il valait mieux fuir ou affronter ces gens qui voulaient leur mort. Dans ce chaos, le navire ennemi n’eut aucun mal à s’approcher et des archers qui s’y tenaient firent pleuvoir des salves de flèches enflammées qui incendièrent voiles et cordage. Le mât lui-même était en feu et un nouveau tir de baliste tiré à sa base le brisa net. Il chuta lourdement ôtant tout espoir de fuite aux forbans et propageant rapidement les flammes. Le boutre se transforma bientôt en un immense brasier flottant que le vent marin ne cessait d’attiser.
Xalaphas était resté caché dans la cabine du capitaine et souffrait de la fumée. Son protecteur arriva finalement le visage ensanglanté. Il intima le garçon de le suivre, mais au moment où ils allaient partir deux pirates bloquèrent l’embrasure de la porte, coutelas à la main et vilain rictus aux lèvres. Le capitaine qui avait fort bien saisi leurs intentions tira son arme et affronta les gredins. Il parvînt à tuer le premier en lui tranchant la gorge tendit qu’il s’avançait trop ardemment, mais l’autre en profita pour lui plonger sa lame dans le ventre. Il grogna, saisit la main qui venait de le frapper pour lui couper toute retraite et leva sa propre arme pour terrasser le mutin d’un grand coup qui lui fendit le crâne. Il s’effondra finalement et Xalaphas l’aida à s’adosser à un mur. Il fit mine de retirer la lame qui était toujours fichée dans son abdomen, mais l’agonisant refusa et articula :
« Dois… Partir… Ils… Te tuer… »
Le garçon se redressa vivement, il n’allait pas se faire prier, mais le capitaine le retint par la manche. Il lui montra du doigt un livre posé sur sa couchette. Xalaphas l’attrapa et le lui tendit. L’homme l’ouvrit à la seconde page et entoura une inscription d’un doigt ensanglanté avant de le rendra à son intime protégé. Ce dernier prit l’ouvrage et cru l’entendre ajouter « Va » sans savoir s’il ne s’agissait pas simplement d’un gémissement de douleur. Quoiqu’il en soit, il ne s’attarda pa s et décida de prendre la poudre d’escampette. Il sortit de la cabine et monta sur le pont en flammes. Des mutins l’aperçurent et s’empressèrent de lui courir après. Peu désireux de tomber entre leurs mains, Xalaphas s’élança et sauta à la mer. Il peina à remonter à la surface, mais parvint à s’approcher d’un débris pour s’en servir de bouée.
Le Jutepoutre n'avait aucune chance !
Il fut finalement pris avec d’autres survivants du raid et parvint à se faire passer pour un prisonnier que les pirates auraient gardé parce qu’il savait lire et écrire. Alibi pour le moins ironique puisque c’était le capitaine de ces pirates qui le lui avait enseigné. Ces mensonges couplé à son apparence qui tranchait fort heureusement avec celle des autres flibustiers parvinrent à convaincre son auditoire qui le débarqua au premier port venu ; démuni, mais libre.
Après quelques semaines, il parvînt à s’embarquer clandestinement dans un bateau en partance pour Thaar. Le voyage se déroula sans encombre, Xalaphas était habitué aux voyages en mer. Mais à leur arrivée, un marin descendu examiner la cale le découvrit. Il tâcha de le maîtriser pour le faire arrêter, mais dans la lutte le fugitif parvint à saisir le couteau du marin et lui planta dans la nuque. Il lui ôta ses vêtements et enfila ceux que le sang n’avait pas tâchés. Ainsi médiocrement déguisé, il se glissa hors du navire et s’enfuit à toute jambe sitôt qu’il eut posé le pied à terre, allant s’égarer dans quelques ruelles où on ne le chercherait pas.
Il avait conservé le livre que lui avait confié le capitaine, et même s’il avait été grandement dégradé depuis, notamment par la baignade qui avait précédé son arrestation, certains feuillets restaient lisibles. La page que le capitaine avait marquée de son sang était de celles que le destin semblait avoir préservée. Si les autres semblaient sans importance – quelques comptes et des rapports journaliers – cette dernière citait plusieurs adresses thaari. Celle qui était entourée précédait une annotation griffonnée à la hâte : sous la huitième.
« Evidemment ! » Songea Xalaphas. Comme tous les capitaines pirates, son ancien protecteur se devait d’avoir dissimulé son trésor dans quelques coffres qu’il aurait enterré avec grand soin. Ces indications n’étaient autres que la carte qui le mènerait jusqu’à ces richesses. Il se rendit donc au lieu indiqué pour trouver un semblant de cabanon habité par une épaisse couche de poussière et des traces de moisissures. Au terme d’heures de recherches il mit enfin le doigt sur un butin, sous la huitième des lattes vermoulues faisant état de parquet. Il ne s’agissait cependant pas d’un coffre, ni même d’un coffret, mais d’un simple sac de toile rêche. Il l’ouvrit en hâte et le retourna pour le vider de son contenu à même le sol : quelques paperasse, une outre de peau et une bourse de velours. Les parchemins semblaient être des titres de propriété marqués de cachets officiels. La bourse contenait quelques pierres précieuses. Quant à l’outre, elle dégageait la même odeur que l’huile qui s’était faite familière des tendres attentions du capitaine.
Désireux d’estimer son bien, Xalaphas s’informa sur les propriétés dont il détenait les titres. La plupart étaient sans valeur – quelques hangars et une porcherie – mais l’une des affaires avait bien marché et son commerce s’élevait à de jolies sommes. Cela dit, ses tenanciers ne laisseraient pas un jeunot la reprendre, même avec les papiers. Il résolut donc à leur revendre au prix fort. Les deux partis y trouvant leur compte, l’affaire fut promptement réglée et Xalaphas reçut un fort beau pactole qui, ajouté aux pierres précieuses, devrait suffire pour lui assurer une existence à l’abri du besoin. Il était cependant pragmatique et savait la Fortune capricieuse, aussi décida-t-il d’investir son or dans différentes affaires. Il fit le commerce de bois exotiques et chassa des animaux rares. Il se porta également sur les arènes et leur marché, vendant les combattants et leurs adversaires avant d’acheter sa propre scène. De la vente de gladiateurs, il glissa sur la vente d’esclaves plus communs et d’autres plus spécialisés ; que ce soit pour le service d’une maison ou pour celui de son maître. Certaines de ses affaires ne percèrent pas mais d’autres fructifièrent et Xalaphas, devenu jeune homme, se hissa bientôt parmi les grandes richesses de la cité.
Les plus influents marchands constituaient un cercle très fermé et on ne pouvait y entrer par le simple fait de fortune ; à moins qu’elle ne fut bien plus importante que la leur, ce qui n’était pas le cas. Il fallait des relations à l’intérieur même de ces sphères, choses que Xalaphas n’avait pas et qu’il ne pouvait acheter aussi facilement qu’il vendait ses marchandises. Une idée germa dans son esprit opportuniste. Il décida d’organiser une somptueuse fête au même jour qu’un de ces hommes de la haute société. Tout était là, hormis les invités qui étaient chez l’autre, mais cela était prévu. Le jeune homme fit introduire dans la soirée concurrente les cochons de sa propriété, enduits de l’huile odorante qu’il tenait du capitaine. On leur avait brûlé l’arrière train et les animaux affolés par la douleur se mirent à courir partout dans la bâtisse, semant la panique parmi les invités. On ordonna aux serviteurs de les saisir, mais l’huile rendait leur peau glissante. Les assauts répétés ne faisaient qu’exciter la peur des bêtes et par conséquent, le désordre qu’ils rependaient.
Ne pas énerver un cochon !
Arrivant dans ce chaos tel un messie inespéré, Xalaphas invita les convives présents à s’abriter en sa demeure et les fit conduire au moyen d’une troupe de palanquins de porteurs et de serviteurs. Là ils purent goûter à tout ce que le luxe avait à offrir. Pareilles festivités coutèrent une fortune au jeune homme, mais elles lui permirent de se faire de nouvelles relations et d’atteindre les cercles tant convoités. À leur contact il trouva des fonds pour certains de ses projets qu’il fit fructifier à leur tour, jusqu’à ce que son trésor puisse tutoyer les plus grandes fortunes de la cité. Son commerce se faisait en grande partie avec des gens de la Péninsule, mais son arène thaari gagna une certaine réputation, et l’homme continua à s’illustrer par des fêtes somptueuses aux places disputées tant on y trouvait de plaisir et d’intérêts. Il était chaque jour plus influent. Chaque jour plus riche. Le petit miséreux était devenu prince marchand.