Où l'on s'intéresse aux Pouvoirs : Déclin du culte d'Uriz

      Toujours, Teiweon et Uriz devaient régner sur le cœur des sangs-noirs et leurs plus hauts représentants influencer la vie du Puy. Souvent, il y en eut pour parler d'équilibre, d'égalité et de pouvoirs partagés ; ceux là étaient des menteurs ou étaient des fous. Rarement les hauts-prêtres marchèrent main dans la main, le regard posé sur un objectif commun. L'âme des sombres brûle au son des luttes, qu'elles fussent sanglantes ou, au contraire, frappées de velours. Ainsi, fils et filles d'Uriz et de Teiweon luttèrent-ils, comme tout à chacun, et l'équilibre venait du fait que jamais, l'un ne prenait le pas sur l'autre à jamais et toujours, la société drow subissait l'alternance. Les Naerth avaient constitué l'apogée des années fastes du Dieu Guerrier ; Alyryne avait porté son frère jusqu'au pouvoir suprême sans que rien ne l'en empêchât, pas même la Mère des Âmes et ses filles adorées. Les temps, alors, étaient à la guerre. Quand de l'or, un sang-noir voulait donner, il le faisait au temple du Père. Quand de l'aide, un sang-noir voulait quêter, il le faisait au temple du Père. Quand une foi, un sang-noir voulait embrasser, là encore il se tournait vers le temple du Père.
      Et la roue, doucement, avait continué de tourner. Un nouveau Gardien s'était élevé et une tête avait roulé. D'Alyryne, on avait perdu la trace et du Gardien aussi. Alors, les regards avaient délaissé l'autel rutilante d'offrande du Guerrier. D'Uriz, on craignait toujours la fureur et on respectait les volontés. Mais de ses représentants ? Ça, comment ne pas douter, quand l'Incarné lui-même désavouait leurs choix ?
      Un culte déclinait, un culte s'épanouissait ; telle était la réalité d'Uriz et Teiweon, condamnés à ne briller ensemble qu'à de trop rares occasions.
      C'était une nouvelle ère qui s'ouvrait aux prêtres de la Mère, une ère où tout semblait possible mais où tout demeurait fragile. L'important, désormais, était de rayonner, d'impressionner, d'éblouir, d'assujettir, d'aider, de dominer. La roue tournerait à nouveau, pour voir un nouveau déclin et un nouvel envol, mais il appartenait à ceux qui le pouvaient d'en ralentir la révolution. Les Hautes Prêtresses de Teiweon avaient assez attendu leur heure. Il leur appartenait, désormais, de damner les pions.