La plume est-elle plus forte que l'épée.

11ème jour de Favrius, 7ème année du 11ème Cycle

La rencontre avec Brochant s'était passé de façon totalement différente de ce à quoi s'était attendu Jérôme. Un accord avait été trouvé, chose qu'il avait pensé impossible lorsqu'il avait reçu la lettre du châtelain. Le baron était ensuite allé à Versmilia pour lever le siège et il était revenu ce jour dans la capitale du marquisat. Les réunions et explications l'avaient accaparées de longues heures et il était à présent tranquillement dans sa tente, à réfléchir comme il était de coutume depuis pas mal de temps. Un garde ouvrit un pan de la tente et il dit au baron qu'un émissaire d'Odélian était arrivé. Jérôme s'y attendait et il était même surprit que cela ait prit autant de temps mais au final il avait tout cela à profit et la situation n'était pas la pire que ce qu'elle aurait pu être. Il se doutait bien que le marquis ne serait pas enchanté par l'initiative prise par le baron mais il fallait bien que quelqu'un fasse quelque chose pour sortir Serramire de la déchéance dans laquelle la région s'empêtrait.

L'homme qui pénétra dans la tente fut une surprise pour Jérôme, il s'agissait de Romain Ferrois, un chevalier réputé aussi bien pour son talent de bretteur que par le sens de l'honneur qui était chevillé à sa personne. Le baron le connaissait et il l'appréciait, partageant ses valeurs, aussi les mots qui sortirent de sa bouche furent tel un couteau lacérant sa proie. Il n'y alla pas par quatre chemins, choses qui était la bienvenue et il tendit un parchemin qui émanait du marquis. Jérôme se leva et il s'avança vers l'un des exemples qu'il avait suivit lors de sa jeunesse à Odélian, il lui tendit la main. Le ton ne souffrait d'aucun sous-entendu et le baron avait bien compris la situation mais il prit le parti de faire comme il l'entendait, ce à quoi il était un habitué dans la franchise.

"Votre Seigneurie, je suis content de vous voir malgré les évènements, comment vous portez vous ? et le marquis et sa famille ?"

Les échanges d'usage, mais non feint, échangés, Jérôme prit le parchemin qu'il descella et parcouru. Devant le chevalier, il tenta de ne pas montrer son désarroi mais l'homme était vif et érudit en la matière. De plus Jérôme comme déjà dit s'attendait à une réaction du marquis, toutefois il n'aurait pas pensé que cela serait aussi virulent dès le premier échange. De plus qu'il était déçu à son tour que son mentor pense qu'il courait après la gloire, chose que le baron n'avait jamais ardemment désiré outre en duel et donc en gagnant une réputation de bretteur. Une fois terminé sa lecture, il regarda dans les yeux son interlocuteur

"Je vous prie de m'excuser mais je vais répondre immédiatement à la missive du marquis. Nous aurons loisir de discuter ensuite sauf si vous voulez partir sur le champ. Une nuit de repos serait la bienvenue pour que vous portiez la réponse dans de bonnes conditions."

Jérôme s'installa au petit bureau de fortune qui se trouvait dans sa tente et qui bougeait dans tous les sens vu le sol irrégulier afin de rédiger sa réponse

Citation :

A Grégoire Berdevin, Marquis d’Odélian, suzerain d’Etherna et seigneur de Dens, seigneur protecteur des marches du nord

Je suis bien en peine de lire la lettre que vous m'avez envoyé et les aspirations que vous pensez être les miennes. Par cette lettre, je vais donc tout vous expliquer et prier les cinq pour que vous compreniez les motivations qui ont guidé mes choix et mes actes.

Il est vrai que j'ai réunis l'ost d'Etherna et que j'ai franchis les frontières de Serramire, toutefois cela n'a rien de furtif, je vous l'affirme. Si je ne vous ai pas avertis, c'est afin de ne pas vous engager dans cette histoire, surtout que je n'en connaissais pas l'issue. Même si je me doutais pertinemment que vous seriez au courant de mon entreprise, l'ignorance est un bon bouclier. Je vous demande de pardonner mémoire, à moins que ce ne soit les nombreuses conversations sur la situation de Serramire mais je n'ai malheureusement gardé aucun souvenir d'une interdiction d'intervention dans le marquisat.

Quand à ce qui m'a amené à envisager un déploiement de troupes, c'est justement en rapport à nos multiples conversations au sujet de la décadence et de la déchéance qui embourbait toujours plus profondément le marquisat de Serramire, terre si importante à la défense de la péninsule. J'en avais assez de voir cela sans rien faire pour endiguer la route que prenait les seigneurs. j'ai donc pris sur moi d'agir afin de mettre tout ce beau monde au pied du mur et les forcer à l'action, les obligeant à sortir de leur torpeur et à prendre en main la destinée de leurs terres. Je suis à mon tour déçu de voir que vous pensez que c'est la quête de gloire qui m'a poussé à l'action, je sais que vous me connaissez mieux que cela.

Je vous avoue que j'ai crains pour le marquisat car en voyant le manque de réaction de ses seigneurs, j'ai bien cru que c'en était terminé. Preuve est que j'ai poussé jusque Serramire-la-ville et que je m'en suis emparé sans la moindre opposition des châtelains qui lui devaient allégeance et protection. Les jours passaient et rien n'arrivait, à mon grand désarroi. Toutefois, la graine que j'ai semé en pénétrant les frontières du marquisat à germé et aujourd'hui je vous annonce qu'un seigneur est sortit du lot. Le sire de Brochant à réussit à réunir son ost et sous sa bannière, il a rassemblé les châtellenies de Versmilia et de Lourmel. Comme preuve que la conquête n'était nullement mon désir, je vous annonce que j'ai cessé toute hostilité envers Serramire. Dès que le seigneur à prouvé qu'il était digne et volontaire, je me suis immédiatement joints à lui afin de l'aider à obtenir la reddition de Bastylle, seule enclave qui a refusé cela et s'enferme toujours dans un cocon d'individualisme. J'ai aussi obtenu du seigneur qu'il accepte la suzeraineté du roi et de son régent, ramenant ainsi le marquisat dans le giron de la péninsule.

Je pense que mes actes et le fait que je me sois rangé derrière celui qui a montré le plus d'intérêt pour le marquisat est une preuve que je n'agis nullement comme le comte d'Aretria ou son épouse, la baronne d'Olyssea. Je ne me serais pas non plus engagé en la présence d'un marquis mais le fait que le dame D'outremont ait abdiqué, laissant vacante la place tant convoitée, m'a permit l'audace de l'action que j'ai entreprise.

J'espère que maintenant que vous détenez toutes les éléments du canevas, vous verrez d'un autre œil mon entreprise et que vous jugerez de façon moins virulente mon intervention. Si je vous ai déçu, vous m'en voyez navré et j'escompte que nos liens d'amitiés perdureront dans le temps. Je n'ai jamais eu l'intention de vous embarrasser.

Puisse les cinq veiller sur vous et votre famille,

Jérôme de Clairssac, baron d'Etherna, seigneur d'Hiviène, vassal du marquis d'Odélian

Jérôme ferma ensuite le parchemin, le scellant de son emblème, la licorne et il le présenta à l'émissaire.

"Alors, quelles nouvelles m'apportez vous d'Odélian ? le marquis était dans une si grande fureur que cela ?"